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Le 29 septembre (a.s), [[Lénine|Lénine]] écrit (de sa clandestinité) un article intitulé ''La crise est mûre'', qui reconnaît ce moment historique&nbsp;: ''«&nbsp;Que nous ayons maintenant avec les socialistes-révolutionnaires de gauche la majorité à la fois dans les Soviets, dans l'armée et dans le pays, cela ne fait pas l'ombre d'un doute&nbsp;»''<ref name="CriseMure">Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/10/vil19171029.htm La crise est mûre]'', 29 septembre 1917</ref>. Il souligne que l'ensemble des couches populaires, y compris petite-bourgeoises, sont en révolte. Il ajoute que des mutineries viennent d'éclater parmi les matelots de la flotte allemande en août, et replace la Russie dans un processus mondial de transformation de la [[Première_Guerre_mondiale|guerre mondiale]] en [[Révolution_internationale|révolution internationale]]. Pour être des [[Internationalistes|internationalistes]] en acte, il faut que les révolutionnaires russes allument l'étincelle de leur côté. Il faut qu'ils renversent le [[Gouvernement_provisoire_(Russie)|gouvernement provisoire]], sans attendre le [[Deuxième_congrès_des_soviets|congrès des soviets]] ni l'[[Assemblée_constituante_russe|Assemblée constituante]], car ce serait lui laisser le temps de réprimer les paysans, de truquer les élections, de préparer une [[Putsch_de_Kornilov|contre-offensive type Kornilov]], et donc ce serait laisser se refermer la [[Situation_révolutionnaire|situation révolutionnaire]]. ''«&nbsp; Tout l'avenir de la révolution ouvrière internationale pour le socialisme est en jeu.&nbsp;»<ref name="CriseMure" />''
 
Le 29 septembre (a.s), [[Lénine|Lénine]] écrit (de sa clandestinité) un article intitulé ''La crise est mûre'', qui reconnaît ce moment historique&nbsp;: ''«&nbsp;Que nous ayons maintenant avec les socialistes-révolutionnaires de gauche la majorité à la fois dans les Soviets, dans l'armée et dans le pays, cela ne fait pas l'ombre d'un doute&nbsp;»''<ref name="CriseMure">Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/10/vil19171029.htm La crise est mûre]'', 29 septembre 1917</ref>. Il souligne que l'ensemble des couches populaires, y compris petite-bourgeoises, sont en révolte. Il ajoute que des mutineries viennent d'éclater parmi les matelots de la flotte allemande en août, et replace la Russie dans un processus mondial de transformation de la [[Première_Guerre_mondiale|guerre mondiale]] en [[Révolution_internationale|révolution internationale]]. Pour être des [[Internationalistes|internationalistes]] en acte, il faut que les révolutionnaires russes allument l'étincelle de leur côté. Il faut qu'ils renversent le [[Gouvernement_provisoire_(Russie)|gouvernement provisoire]], sans attendre le [[Deuxième_congrès_des_soviets|congrès des soviets]] ni l'[[Assemblée_constituante_russe|Assemblée constituante]], car ce serait lui laisser le temps de réprimer les paysans, de truquer les élections, de préparer une [[Putsch_de_Kornilov|contre-offensive type Kornilov]], et donc ce serait laisser se refermer la [[Situation_révolutionnaire|situation révolutionnaire]]. ''«&nbsp; Tout l'avenir de la révolution ouvrière internationale pour le socialisme est en jeu.&nbsp;»<ref name="CriseMure" />''
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Paradoxalement, de sa retraite clandestine, Lénine est peut-être plus sensible à la situation intenable des masses, étant loin des cercles conciliateurs petit-bourgeois. ''«&nbsp;A quoi bon tolérer encore trois semaines de guerre&nbsp;?&nbsp;»''<ref name="Smilga" /> Il faisait venir dans son refuge divers bolcheviks, les interrogeait à fond, envoyait des lettres à des militants plus près de la base pour susciter des pressions sur les sommets. Il s'appuie sur [[Ivar_Smilga|Smilga]], qui dirige les soviets de Finlande et qui est à l'extrême gauche du parti<ref name="Smilga">Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/09/vil19170927.htm Lettre à  I. Smilga, président du comité régional de l'armée, de la flotte et des ouvriers de Finlande]'', 27 septembre 1917</ref>. Fin septembre, le Bureau régional de Moscou prit une résolution accusant le Comité central d'irrésolution et de confusionnisme, lui demandant de prendre ''«&nbsp;une ligne claire et déterminée vers l'insurrection&nbsp;»''.
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Paradoxalement, de sa retraite clandestine, Lénine est peut-être plus sensible à la situation intenable des masses, étant loin des cercles conciliateurs petit-bourgeois. ''«&nbsp;A quoi bon tolérer encore trois semaines de guerre&nbsp;?&nbsp;»''<ref name="Smilga" /> Il faisait venir dans son refuge divers bolcheviks, les interrogeait à fond, envoyait des lettres à des militants plus près de la base<ref name="LenLettre11017">Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/10/vil19171001b.htm Lettre au comité central, au comité de Moscou, au comité de Pétrograd, aux membres bolchéviks des Soviets de Pétrograd et de Moscou]'', écrit le 1er  octobre 1917</ref><ref name="LenLettrePetro">Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/10/vil19171007.htm Lettre à la conférence de la ville de Pétrograd]'', écrit le 7 octobre 1917</ref> pour susciter des pressions sur les sommets. Il s'appuie sur [[Ivar_Smilga|Smilga]], qui dirige les soviets de Finlande et qui est à l'extrême gauche du parti<ref name="Smilga">Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/09/vil19170927.htm Lettre à  I. Smilga, président du comité régional de l'armée, de la flotte et des ouvriers de Finlande]'', 27 septembre 1917</ref>. Fin septembre, le Bureau régional de Moscou prit une résolution accusant le Comité central d'irrésolution et de confusionnisme, lui demandant de prendre ''«&nbsp;une ligne claire et déterminée vers l'insurrection&nbsp;»''.
    
Dans une partie privée de sa lettre du 29 destinée au Comité central, [[Lénine|Lénine]] dénonçait le courant ''«&nbsp; en faveur de l'attente du Congrès des Soviets et hostile à la prise immédiate du pouvoir, hostile à l'insurrection immédiate&nbsp;»''. Il conclut en menaçant de démissionner pour être libre de faire de la propagande dans le parti. En effet il y avait de fortes réticences. [[Zinoviev|Zinoviev]] et [[Kamenev|Kamenev]] renouvelaient leur opposition aux [[Thèses_d'avril|thèses d'avril]], affirmant que la prise du pouvoir par la classe ouvrière était impossible. [[Trotsky|Trotsky]] était pour l'insurrection mais préconisait d'attendre le [[Deuxième_congrès_des_soviets|Congrès des soviets]], alors prévu le 20 octobre. Lénine répondait qu'attendre officiellement le Congrès pour décider de la question du pouvoir revenait à annoncer publiquement la date de l'insurrection. ''«&nbsp;On réunira les cosaques pour le jour sottement "fixé" (...) On peut prendre le pouvoir aujourd'hui, mais du 20 au 29 octobre, on ne vous le laissera pas prendre&nbsp;»''.
 
Dans une partie privée de sa lettre du 29 destinée au Comité central, [[Lénine|Lénine]] dénonçait le courant ''«&nbsp; en faveur de l'attente du Congrès des Soviets et hostile à la prise immédiate du pouvoir, hostile à l'insurrection immédiate&nbsp;»''. Il conclut en menaçant de démissionner pour être libre de faire de la propagande dans le parti. En effet il y avait de fortes réticences. [[Zinoviev|Zinoviev]] et [[Kamenev|Kamenev]] renouvelaient leur opposition aux [[Thèses_d'avril|thèses d'avril]], affirmant que la prise du pouvoir par la classe ouvrière était impossible. [[Trotsky|Trotsky]] était pour l'insurrection mais préconisait d'attendre le [[Deuxième_congrès_des_soviets|Congrès des soviets]], alors prévu le 20 octobre. Lénine répondait qu'attendre officiellement le Congrès pour décider de la question du pouvoir revenait à annoncer publiquement la date de l'insurrection. ''«&nbsp;On réunira les cosaques pour le jour sottement "fixé" (...) On peut prendre le pouvoir aujourd'hui, mais du 20 au 29 octobre, on ne vous le laissera pas prendre&nbsp;»''.
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=== Prise de Moscou ===
 
=== Prise de Moscou ===
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Lénine avait envisagé de commencer l'insurrection par Moscou<ref name="CriseMure" /><ref>Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/10/vil19171001b.htm Lettre au comité central, au comité de Moscou, au comité de Pétrograd, aux membres bolchéviks des Soviets de Pétrograd et de Moscou]'', écrit le 1er  octobre 1917</ref><ref>Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/10/vil19171007.htm Lettre à la conférence de la ville de Pétrograd]'', écrit le 7 octobre 1917</ref> (moins défendue), pour porter un coup imprévu. Mais il s'agissait de l'avis de beaucoup d'une mauvaise idée.
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Lénine avait envisagé de commencer l'insurrection par Moscou<ref name="CriseMure" /><ref name="LenLettre11017" /><ref name="LenLettrePetro" /> (moins défendue), pour porter un coup imprévu. Mais il s'agissait de l'avis de beaucoup d'une mauvaise idée.
    
La prise de Moscou fut plus violente, et dura du 28 octobre au 2 novembre. Les bolchéviks occupent le Kremlin puis la direction locale hésite et signe une trêve avec les autorités [[Socialistes-révolutionnaires|SR]] locales avant d’évacuer le bâtiment. Les troupes gouvernementales en profitent alors pour abattre à la mitrailleuse 300 [[Gardes_rouges|gardes rouges]] désarmés, sous les ordres du maire [[Socialistes-révolutionnaires|SR]] [[Vadim_Roudnev|Roudnev]]. Les SR s'associent à des monarchistes pour mener une sanglante répression. Il faudra une semaine de combats acharnés avant que les bolcheviks, conduits par [[Boukharine|Boukharine]], ne s’emparent finalement de la ville. Cela était en partie dû à des différences sociologiques et politiques objectives entre Petrograd et Moscou, mais aussi au manque de résolution de la direction locale. Ce ne fut que le 25 octobre qu'un Comité militaire révolutionnaire fut établi par le [[Soviet_de_Moscou|Soviet de Moscou]].
 
La prise de Moscou fut plus violente, et dura du 28 octobre au 2 novembre. Les bolchéviks occupent le Kremlin puis la direction locale hésite et signe une trêve avec les autorités [[Socialistes-révolutionnaires|SR]] locales avant d’évacuer le bâtiment. Les troupes gouvernementales en profitent alors pour abattre à la mitrailleuse 300 [[Gardes_rouges|gardes rouges]] désarmés, sous les ordres du maire [[Socialistes-révolutionnaires|SR]] [[Vadim_Roudnev|Roudnev]]. Les SR s'associent à des monarchistes pour mener une sanglante répression. Il faudra une semaine de combats acharnés avant que les bolcheviks, conduits par [[Boukharine|Boukharine]], ne s’emparent finalement de la ville. Cela était en partie dû à des différences sociologiques et politiques objectives entre Petrograd et Moscou, mais aussi au manque de résolution de la direction locale. Ce ne fut que le 25 octobre qu'un Comité militaire révolutionnaire fut établi par le [[Soviet_de_Moscou|Soviet de Moscou]].

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