Insurrection

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Une insurrection est un soulèvement armé ou une révolte contre le pouvoir en place.

L'insurrection correspond au moment dans un processus révolutionnaire où le pouvoir bascule.

1 Révolutions bourgeoises

Parmi les mouvements révolutionnaires bourgeois, les insurrections ont été admises et utilisées, même si bien souvent les Etats issus de ces insurrections ont aussitôt délégitimé toute autre volonté d'insurrection.

Pendant la révolution française, la rhétorique des jacobins a valorisé le droit à l'insurrection contre les oppresseurs d'une façon inédite dans l'histoire à cette échelle. Les déclarations successives des droits de l'homme sont le reflet du processus révolutionnaire :

  • La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 énonce en son article 2 le droit de résistance à l'oppression parmi les quatre « droits naturels et imprescriptibles de l'homme ».
  • La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1793 énonce en son article 35 : « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs ».
  • En revanche, la Déclaration des droits et des devoirs de l'homme et du citoyen de 1795 n'intègre plus cette notion, jugée trop favorable aux sans-culottes durant la Terreur.

2 Révolutions socialistes

Les socialistes révolutionnaires ont hérité des démocrates révolutionnaires l'objectif d'une insurrection permettant de changer de régime. Néanmoins cela ne suffit pas à trancher toutes les questions stratégiques. En particulier, la principale question est de savoir au nom de qui l'insurrection est réalisée, ce qu'elle représente comme forces réelles dans la société, ce qui détermine le type de régime qu'elle est susceptible d'instaurer (ainsi que ses chances de constituer un progrès durable ou non).

Par exemple la Conjuration des Egaux de Babeuf, et plus tard les conspirations des blanquistes, reposaient sur une organisation secrète capable de mettre en place une dictature éclairée. Le courant marxiste s'est formé notamment en critiquant ces conceptions, au nom de la lutte de classe et de l'idée d'une révolution réellement populaire.

Ainsi Engels écrivait :

« De l'idée blanquiste que toute révolution est l'œuvre d'une petite minorité dérive automatiquement la nécessité d'une dictature après le succès de l'insurrection, d'une dictature que n'exerce naturellement pas toute la classe révolutionnaire, le prolétariat, mais le petit nombre de ceux qui ont effectué le coup de main et qui, à leur tour, sont soumis d'avance à la dictature d'une ou de plusieurs personnes. »[1]

Sur un plan plus technique, Blanqui était révolutionnaire à une époque où l'on pouvait facilement réaliser des insurrections par des barricades dans les rues étroites des capitales. A la fin du 19e siècle, les rues principales des villes modernes rendent pratiquement impossible ce type d'insurrection à l'ancienne.

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Ce que Trotsky résume : « En principe, l'erreur du blanquisme consistait à identifier la révolution avec l'insurrection. L'erreur technique du blanquisme consistait à identifier l'insurrection avec la barricade. ».[2]

Lénine a par ailleurs écrit à la veille de la révolution d'Octobre une lettre sur la question de l'insurrection, qui était alors une tâche concrète : Le marxisme et l'insurrection.[3] Il écrit également :

« L'insurrection armée est une forme particulière de la lutte politique ; elle est soumise à des lois particulières, qu'il faut étudier attentivement. Cette vérité, Karl Marx l'a exprimée avec un relief remarquable, quand il écrivait que « l'insurrection armée, comme la guerre, est un art ». Voici les règles principales de cet art que Marx a exposées : 1) Ne jamais jouer avec l'insurrection, et lorsqu'on la commence, être bien pénétré de l'idée qu'il faut la mener jusqu'au bout. 2) Rassembler à tout prix une grande supériorité de forces à l'endroit décisif, au moment décisif, faute de quoi l'ennemi, possédant une meilleure préparation et une meilleure organisation, anéantira les insurgés. 3) Une fois l'insurrection commencée, il faut agir avec la plus grande décision et passer coûte que coûte à l'attaque. « La défensive est la mort de l'insurrection armée. » 4) Il faut s'efforcer de prendre l'ennemi par surprise, saisir le moment où ses troupes sont encore dispersées. 5) Il faut remporter chaque jour ne fût-ce que de petits succès (on peut dire à chaque heure, s'il s'agit d'une ville), et maintenir à tout prix la « supériorité morale ». »[4]

Kautsky a beaucoup attaqué les bolchéviks après la révolution d'Octobre. Il sous-entend quasiment que la révolution socialiste peut être faite dans les institutions démocratiques bourgeoises, et comme méthodes extra-parlementaires il reconnaît tout au plus la grève générale. Trotsky lui répond en 1920 :« La grève générale ne peut avoir d'influence décisive que si elle est le prélude d'un conflit entre le prolétariat et la force armée de l'ennemi, c'est-à-dire d'une insurrection.  »[5]

2.1 Organes de l'insurrection

Après l'expérience de la révolution russe, les soviets ont été présentés par les communistes comme l'instrument de la révolution, et les organes du pouvoir après la révolution. Par conséquent, ce sont idéalement les soviets qui doivent être les lieux d'organisation de l'insurrection, comme cela a été le cas dans l'insurrection d'octobre, organisée par le Comité militaire révolutionnaire du Soviet de Petrograd.

Néanmoins « malgré l'im­mense avantage que présentent les soviets comme organisation de lutte pour le pouvoir, il est parfaitement possible que l'insur­rection se développe sur la base d'autre forme d'organisation (comités d'usines, syndicats) et que les soviets ne surgissent comme organe du pouvoir qu'au moment de l'insurrection ou même après sa victoire. »[6]

3 Exemples

3.1 Principales insurrections armées

4 Bibliographie

  • Emilio Lussu : Théorie de l’insurrection, Paris, François Maspero, coll. « Cahiers libres », 1970.
  • A. Neuberg : L'Insurrection armée, Paris, François Maspero, 1970, 284 p.