Différences entre les versions de « Impérialisme en Côte d'Ivoire »

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Comprendre l''''histoire de la Côte d'Ivoire''', notamment à travers le [[colonialisme|colonialisme]] et le [[néocolonialisme|néocolonialisme]], est essentiel pour comprendre la [[crise ivoirienne|crise ivoirienne]] actuelle.
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Comprendre l''''histoire de la Côte d'Ivoire''', notamment à travers le [[Colonialisme|colonialisme]] et le [[Néocolonialisme|néocolonialisme]], est essentiel pour comprendre la [[Crise ivoirienne|crise ivoirienne]] actuelle.  
  
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== Colonisation portuguaise et française<br>  ==
  
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À l’époque moderne, les premiers Européens à se rendre dans la région sont les Portugais qui lui donnent son nom actuel. Le commerce de l’ivoire, des fusils et la [[Traite des noirs|traite des noirs]] se mettent vite en place. Les Français arrivent en 1637 et s’installent surtout sur la côte. Ce n'est que durant l'ère [[Impérialiste|impérialiste]] que tout le pays, comme tant d'autres, est mis en coupe réglée&nbsp;: la Côte d'Ivoire devient [[Colonie|colonie]] en 1893. Ils doivent cependant faire face à des résistances locales importantes comme celle du marabout Samory Touré. Bien qu’inclus dans l’Afrique occidentale française (AOF), les populations de la Côte d’Ivoire sont alors considérées comme de simples sujets sans droits de représentation contrairement aux habitantEs des Quatre communes du Sénégal qui disposent de la citoyenneté française. Ce n’est qu’à partir de 1946 que les IvoirienNEs obtiennent la citoyenneté française et, en 1958, la loi cadre permet le transfert de nombreux pouvoirs de la métropole vers les autorités locales.<br>
  
L’histoire ancienne de la Côte d’Ivoire remonte au moins au début de l’ère chrétienne et voit se succéder chefferies et royaumes divers. À l’époque moderne, les premiers Européens à se rendre dans la région sont les Portugais qui lui donnent son nom actuel. Le commerce de l’ivoire, des fusils et la traite des noirs se mettent vite en place. Les Français arrivent en 1637 et s’installent surtout sur la côte, avant d’en faire une colonie en 1893. Ils doivent cependant faire face à des résistances locales importantes comme celle du marabout Samory Touré. Bien qu’inclus dans l’Afrique occidentale française (AOF), les populations de la Côte d’Ivoire sont alors considérées comme de simples sujets sans droits de représentation contrairement aux habitantEs des Quatre communes du Sénégal qui disposent de la citoyenneté française. Ce n’est qu’à partir de 1946 que les IvoirienNEs obtiennent la citoyenneté française et, en 1958, la loi cadre permet le transfert de nombreux pouvoirs de la métropole vers les autorités locales.<br> Le pays accède à l’indépendance le 7 août 1960 avec à sa tête Félix Houphouët-Boigny. Issu d’une famille de haut rang propriétaire de riches plantations, ce dernier a commencé sa carrière politique en 1944 en fondant le Syndicat agricole africain et est l’un des fondateurs du Rassemblement démocratique africain (RDA) qui recouvre l’ensemble de l’AOF (à l’exception de la Mauritanie). Après la Seconde Guerre mondiale, Houphouët est élu à la première assemblée constituante. Il représente par la suite la Côte d’Ivoire à l’Assemblée nationale française de 1946 à 1959, se consacrant essentiellement aux organisations politiques inter-territoriales au sein de l’AOF. Il est également ministre de la République trois ans durant. Il devient Premier ministre de la Côte d’Ivoire en avril 1959 et est élu président en 1960. Constamment réélu à partir de 1965, son parti, le PDCI-RDA, occupe alors tous les sièges de l’Assemblée nationale.<br> Les 30 premières années de son « règne » sont souvent présentées comme une période faste, celle du « miracle ivoirien ». Le système colonial a irrémédiablement transformé les divers espaces autochtones de commerce et d’échanges et réorienté l’économie vers l’exportation de produits agricoles non transformés et l’importation de produits européens manufacturés. Dès le début des années 1960, le pays axe sa politique de développement sur l’expansion des exportations de matières premières et la substitution aux importations reposant sur quelques industries. Tout en accordant à l’État un rôle central, le pouvoir favorise également très activement les investissements privés et les capitaux étrangers. Le pays affiche alors des taux de croissance record, et connaît un développement économique et social prometteur. D’environ 4 millions en 1960, la population atteint les 12 millions d’habitants en 1980. Cette augmentation est due à l’amélioration des conditions de vie mais aussi à l’immigration, encouragée par Houphouët-Boigny. De nombreux Maliens, Burkinabés et Sénégalais s’installent dans le pays en quête d’une vie meilleure, fournissant une main-d’œuvre bon marché à l’économie rentière de plantation et contribuant à la production de richesses dont ils ne seront par contre que très peu à bénéficier largement. Les fruits de ce travail sont en effet entièrement détournés à la fois par la classe dirigeante nationale et par ses alliés internationaux aux premiers rangs desquels la France dont les entreprises forment l’essentiel du tissu économique et rapatrient 90 % de leurs bénéfices.<br> Peu diversifiée, l’économie souffre structurellement d’une forte dépendance extérieure et de déséquilibres importants entre ses différents secteurs d’activités. Et lorsque les termes de l’échange lui sont défavorables, elle vacille et s’effondre. La chute des cours des produits agricoles de base survenue à la fin des années 1970 a ainsi provoqué une dépression d’autant plus grave qu’à la faveur du « boum du café et du cacao », la Côte d’Ivoire s’était engagée dans une politique monétaire et fiscale expansionniste appuyée sur les revenus des exportations en forte croissance. L’augmentation de l’endettement extérieur a alors été immédiate autant que la montée de l’inflation. Confronté à une croissance économique fortement ralentie, le pays s’engage dans un Programme d’ajustement structurel (PAS).<br> Au début des années 1990, quand le vieil Houphouët-Boigny meurt, le pays en est à son quatrième PAS qui n’a pas plus de succès que les précédents. La crise a profondément érodé les bases socio-économiques du régime. Une période d’instabilité politique s’ouvre alors, ponctuée par un coup d’État (1999) et une rébellion (2002) militaires laissant un pays déchiré et exsangue, et qui a abouti à l’impasse constitutionnelle que l’on connaît actuellement.
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== Indépendance...<br> ==
  
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Dans le grand mouvement [[Décolonisation|décolonisateur]] qui d'après la [[Seconde Guerre mondiale|Seconde Guerre mondiale]], la figure ivoirienne a été Félix Houphouët-Boigny. Issu d’une famille de haut rang propriétaire de riches plantations, ce dernier commence sa carrière politique en 1944 en fondant le [[Syndicat agricole africain|Syndicat agricole africain]] (SAA).&nbsp;Le SAA se pose comme champion de la lutte anti-coloniale et antiraciste, revendique la fin du travail forcé et la hausse des salaires. En près d'un an il regroupe 20 000 planteurs mécontents, et son influence s'accroît rapidement. Très tôt, Houphouët cherche au maximum la conciliation avec les autorités, comme témoignent bien ses paroles elles-mêmes&nbsp;: "Devant la détresse des cultivateurs de l’Indénié, je me suis permis, avec l’accord du Gouverneur d’alors, Bourgine, d’inviter mes compatriotes à faire la grève de la vente du cacao."<ref>[http://pdcirda.org/?page_id=31 Cri d'indignation de Felix Houphouët-Boigny], Site officiel du PDCI-RDA.</ref>
  
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À la fin de la Seconde Guerre mondiale, la France lance des élections dans ses colonies pour la première [[Assemblée constituante|assemblée constituante]], avec un représentant des colons, et un représentant des colonisés. Houphouët se présente et est largement élu. Il représente par la suite la Côte d’Ivoire à l’Assemblée nationale française de 1946 à 1959, se consacrant essentiellement à promouvoir docilement les intérêts français au sein de l’AOF (Union française, Communauté...). Il est également ministre de la République française à de nombreuses reprises jusqu'en 1961.
  
Depuis le calamiteux scrutin présidentiel en Côte d’Ivoire, menaces et médiations extérieures se succèdent pour tenter d’obtenir le retrait de Gbagbo au profit de Ouattara. Après la visite de pas moins de cinq autres chefs ou anciens chefs d’État africains, la médiation de Raila Odinga, Premier ministre kenyan, à nouveau missionné par l’Union africaine (UA), vient d’échouer. Le contenu des discussions reste secret, mais il semble que Gbagbo se soit vu proposer l’impunité, un exil doré, voire la participation de certains de ses proches au pouvoir, pour reconnaître Ouattara vainqueur (résultat probable des élections, mais difficilement vérifiable), ce que ce dernier exige comme préalable à toute discussion. Un partage de l’exécutif (présidence pour l’un et primature pour l’autre), solution qui a prévalu au Kenya et au Zimbabwe après les violences post-électorales, ne semble envisagé par personne, ni les protagonistes ni leurs soutiens extérieurs. Quant à l’hypothèse de revoter dans les bureaux litigieux, comme le demande la société civile, ou de réorganiser totalement les élections, ce que prévoit théoriquement la Constitution, elle a été soigneusement ignorée.<br> Depuis la reconnaissance de la victoire de Ouattara par les États-Unis, suivis par la France, l’Union européenne (UE), et les différentes institutions africaines, le camp Ouattara fait de la surenchère tandis que celui de Gbagbo joue la montre, soufflant le chaud et le froid, rendant tous deux inaudibles les appels à l’apaisement lancés par certains milieux (religieux, intellectuels, ONG...). Les USA puis l’UE ont commencé par décider un gel des avoirs privés et des visas pour certains membres du régime Gbagbo, mesure sans grande portée. Les pressions se sont ensuite exercées sur les pays africains de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA), où les discussions ont été très vives, pour que le contrôle du compte ivoirien à la Banque centrale de cette zone CFA, soit retiré à Gbagbo. Il s’agit d’une tentative pour asphyxier financièrement l’État ivoirien, susciter le mécontentement des fonctionnaires, et surtout le retournement des militaires, dont les officiers sont pour l’instant restés fidèles à Gbagbo malgré diverses sollicitations. Mais des moyens de contourner la Banque centrale existent pour le régime en place.<br> Enfin, Ouattara et Soro, dont la rébellion contrôle toujours le nord du pays, ne cessent d’appeler à un renfort militaire extérieur pour déloger Gbagbo. La France et les USA ne peuvent se permettre d’intervenir unilatéralement et ne peuvent compter sur une résolution du Conseil de sécurité, pour cause de vétos chinois et russe. Ils s’efforcent d’obtenir une opération africaine, appuyés en cela par le président nigérian Goodluck Jonathan qui dirige la Communauté économique des États d’Afrique de l’ouest (Cédéao). Réunis le 18 janvier à Bamako (Mali), les chefs d’état-major des pays de cette institution ont affirmé être techniquement prêts pour une telle intervention, mais la réalité paraît plus nuancée. Gbagbo peut compter sur le soutien militaire de l’Angola, allié de longue date, auprès duquel il se réarme en ce moment, et sur la neutralité de certains chefs d’États africains, aux motivations diverses. Certains se refusent à couper complètement les ponts avec lui ; d’autres, tout aussi mal élus, voire plus, redoutent un précédent qui pourrait compromettre à l’avenir leur maintien au pouvoir ; enfin des craintes légitimes existent quant aux représailles probables contre les très nombreux ressortissants étrangers présents sur le sol ivoirien.<br> La répression orchestrée par les forces fidèles à Gbagbo a déjà fait plus de 250 morts parmi les militants pro-Ouattara réels ou supposés, selon l’ONU, qui reste en revanche silencieuse sur les exactions commises en zone rebelle contre les Ivoiriens pro-Gbagbo, lesquels viennent pourtant grossir les rangs des 25 000 Ivoiriens déjà exilés au Libéria. L’ONU, dont les forces sur place sont harcelées par les partisans de Gbagbo, a décidé l’envoi de 2 000 nouveaux casques bleus sur place, en plus des 8 500 déjà présents, et des 900 militaires français. Les semaines (jours ?) qui viennent diront s’il s’agit bien de maintenir la paix, ou d’emboîter le pas à une intervention militaire au profit de Ouattara...
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En 1946, les staliniens<ref>Le [[PCF]] est alors le seul parti métropolitain présent en Côte d'Ivoire.</ref> l'aident à créer le [[Parti démocratique de Côte d'ivoire|Parti démocratique de Côte d'ivoire]] (PDCI), et son regroupement qui recouvre l’ensemble de l’AOF<ref>À l’exception de la Mauritanie.</ref>, le [[Rassemblement démocratique africain|Rassemblement démocratique africain]] (RDA). Le RDA est alors affilié au PCF, ce qui en pleine guerre froide pose des problèmes au niveau des autorités coloniales. Le 8 mai 1950, le RDA quitte alors le PCF pour l'[[Union démocratique et socialiste de la Résistance|USDR]], notamment sous l'influence de [[François Mitterrand|Mitterrand]]. Cette posture "raisonnable" sera alors un tremplin pour lui dans les institutions bourgeoises.<br>  
  
== Notes et sources ==
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Réticent à la fin de l'Empire français, [[De Gaulle|De Gaulle]] lance en 1958 un référendum pour une "Communauté franco-africaine", accordant plus d'autonomie aux États africains pour éviter l'indépendance. Houphouët mène campagne en ce sens, et entraîne avec lui tout les pays du RDA, à l'exception de la Guinée d'Ahmed Sékou Touré (celui-ci sera écarté du RDA sous l'influence de la France).&nbsp;Houphouët devient alors Premier ministre de la Côte d’Ivoire en avril 1959. Suite à la pression de la Fédération du Mali, le mouvement de décolonisation touche aussi la Côte d'Ivoire. Houphouët proclame à contre-coeur l'[[Indépendance|indépendance]] le 7 août 1960 et devient Président.<br>
  
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== ...sous domination impérialiste<br> ==
  
[http://www.npa2009.org/content/comprendre-la-crise-ivoirienne Comprendre la crise ivoirienne], Tout est à nous n°<span class="only-vocabulary-12"><span class="term-2091" /></span>87 (journal du [[NPA|NPA]]), 27 janvier 2011
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Félix Houphouët-Boigny va rapidement s'assurer un pouvoir sans partage, et jusqu'en 1990, sa dictature servira fidèlement la France.<br>  
  
[[Category:Analyse_historique]][[Category:Côte d'Ivoire]]
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=== Le parti unique<br>  ===
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Dès 1957, le PDCI avait neutralisé tous les partis d'opposition. Une des plus fortes oppositions à son pouvoir est venu des nationalistes radicaux à l'intérieur de son parti, avec Jean-Baptiste Mockey comme chef de file. Houphouët l'écarte en 1959, c'est le "complot du chat noir". Par sa constitution de 1960, il s'assure de rendre le parlement fantoche, et transforme son parti en courroi de transmission entre les masses et l'État. En 1963, Houphouët utilisera encore des procédés staliniens pour incarcérer des "comploteurs communistes", notamment dans la jeunesse, et montera une milice à son service.<br>
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=== "Miracle ivoirien"<br>  ===
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Les 30 premières années de son « règne » sont souvent présentées comme une période faste, celle du « miracle ivoirien ». Le [[Colonialisme|système colonial]] a irrémédiablement transformé les divers espaces autochtones de commerce et d’échanges et réorienté l’économie vers l’exportation de produits agricoles non transformés et l’importation de produits européens manufacturés. Dès le début des années 1960, le pays axe sa politique de développement sur l’expansion des exportations de matières premières et la substitution aux importations reposant sur quelques industries. Tout en accordant à l’[[État|État]] un rôle central, le pouvoir favorise également très activement les investissements privés et les [[Capital|capitaux]] étrangers. Le pays affiche alors des [[Taux de croissance|taux de croissance]] record, avec une [[Industrialisation|industrialisation]] et une [[Prolétarisation|prolétarisation]] assez forte.<br>
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D’environ 4 millions en 1960, la population atteint les 12 millions d’habitants en 1980. Cette augmentation est due à l’amélioration des conditions de vie mais aussi à l’[[Immigration|immigration]], encouragée par Houphouët-Boigny. De nombreux Maliens, Sénégalais, et surtout Burkinabés s’installent dans le pays en quête d’une vie meilleure, fournissant une main-d’œuvre bon marché à l’économie rentière de plantation et contribuant à la production de richesses dont ils ne seront par contre que très peu à bénéficier largement. Les fruits de ce travail sont en effet entièrement détournés à la fois par la [[Bourgeoisie comprador|bourgeoisie comprador]] et par ses alliés internationaux aux premiers rangs desquels la France dont les entreprises forment l’essentiel du tissu économique et rapatrient 90 % de leurs bénéfices. Pour cette raison, certains parleront de «&nbsp;croissance sans développement&nbsp;».
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=== Dictature débonnaire et francophile<br>  ===
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Ces résultats économiques apaisent les tensions et la contestation de son régime autoritaire. En 1967, il libère les prisonniers politiques. Houphouët "laissera alors parler" les opposants, qui durant une décennie n'eurent que peu d'audiance. Il sera "réélu" chaque année sans adversaire.
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Les Forces Armées Nationales de Côte d'Ivoire (FANCI) sont réduites au strict minimum, et la "sécurité" -la défense des intérêts français- est directement remise à l'armée française, qui ont un camp permanent à Port-Bouët, toujours en place. Celle-ci interviendra à plusieurs reprises (1959, 1969, 1970) pour mater des velléités sécessionistes.<br>
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== Montée des tensions  ==
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=== Chute rapide d'une économie dominée<br>  ===
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Peu diversifiée, l’économie souffre structurellement d’une forte dépendance extérieure et de déséquilibres importants entre ses différents secteurs d’activités. Et lorsque les termes de l’échange lui sont défavorables, elle vacille et s’effondre. La chute des cours des produits agricoles de base survenue à la fin des années 1970 a ainsi provoqué une dépression d’autant plus grave qu’à la faveur du « boum du café et du cacao », la Côte d’Ivoire s’était engagée dans une politique monétaire et fiscale expansionniste appuyée sur les revenus des exportations en forte croissance.
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Houphouët tente vainement de s'opposer à la pression du capitalisme mondial. Il tentera d'abord de distribuer de fortes aides d'État, puis de négocier des cours des matières premières plus favorables, mais les impérialistes occidentaux le lâchent, étant eux-mêmes menacés par une baisse de leur taux de profit. L’augmentation de l’[[Dette extérieure|endettement extérieur]] a alors été immédiate autant que la montée de l’[[Inflation|inflation]]. Confronté à une croissance économique fortement ralentie et à la méfiance des créanciers, le pays est contraint à des politiques d'austérité. En 1990 un premier [[Programme d’ajustement structurel|Programme d’ajustement structurel]] (PAS) est lancé, dont Alassane Ouattara, alors premier ministre, a la charge. La population vivant en deçà du seuil de pauvreté passe de 11&nbsp;% en 1985 à 31&nbsp;% en 1993.<ref>Selon la Banque Mondiale.</ref>
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=== Gbagbo en leader d'opposition<br>  ===
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Comme Houphouët, Laurent Koudou Gbagbo fait d'abord parler de lui comme syndicaliste. Il est actif dans le milieu étudiant, et sera emprisonné de 1971 à 1973 pour "subversion". En 1982 il fonde dans la clandestinité avec sa femme le Front Populaire Ivoirien (FPI), et s'exile en France. Il cherche à s'y créer un réseau de relations, notamment avec le [[Parti Socialiste (France)|Parti Socialiste]], puisque son parti se veut "[[Social-démocrate|social-démocrate]]". Mais celui-ci essaie de l'ignorer, préférant garder de bonnes relations avec Houphouët.
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En 1988, Gbagbo retourne en Côte d'Ivoire, "grâcié" par le dictateur. Le multipartisme est finalement concédé et en 1990, Gbagbo est le premier opposant à Houphouët à l'élection présidentielle. En 1991 et 1992, suite un regain des manifestations étudiantes, Alassane Dramane Ouattara fait arrêter le leader du PFI pour 6 mois.<br>
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=== Scandales du régime corrompu  ===
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De nombreuses affaires éclatent à propos de l'accaparation des richesses du pays par le dictateur, et ce d'autant plus que la crise s'approfondit&nbsp;: affaires de détournements de fond avec la surfacturation de 3 sucreries, l'argent de la LOGEMAD, une grande porosité entre fonds publics et personnels... sans compter de très nombreuses constructions pharaoniques controversées, qui font le bonheur des entreprises françaises.
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Parmi quelques célèbres réparties du vieux dictateur&nbsp;:
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<blockquote>«&nbsp;Les gens s’étonnent que j’aime l’or. C’est parce que je suis né dedans&nbsp;»<ref>Bernard Nantet. Félix Houphouët-Boigny. In Encyclopédie Universalis. Edition 1999.</ref><br>«&nbsp;Quel est l’homme sérieux dans le monde qui ne place pas une partie de ses biens en Suisse&nbsp;?&nbsp;»<ref>[http://www.ivoirediaspo.net/livres/rapport-ccfd.pdf Biens mal acquis… profitent trop souvent. Document de travail d’Antoine Dulin sous la direction de Jean Merckaert (CCFD), mars 2007. p.48-49]</ref> </blockquote>
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== Évolutions récentes  ==
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Quand le vieil Houphouët-Boigny meurt en 1994, le pays en est à son quatrième PAS qui n’a pas plus de succès que les précédents. La crise a profondément érodé les bases socio-économiques du régime. Une période d’instabilité politique s’ouvre alors, ponctuée par un coup d’État (1999) et une rébellion (2002) militaires laissant un pays déchiré et exsangue, et qui a abouti à la [[Crise ivoirienne|crise actuelle]].
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=== L'Ivoirité et les querelles de prétendants  ===
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Les prétendants à la mangeoire d'État sont nombreux et entrent très vite dans des conflits claniques. Outtara sera d'abord écarté par Henri Konan Bédié, qui était le protégé de feu Houphouët. Face au rival que constitue Ouattara, et qui vient du Nord musulman du pays, Bédié décide de s'appuyer sur un concept nauséabond et [[Racisme|raciste]] d'Ivoirité&nbsp;: il lance une réforme du code électoral en décembre 1994, demandant aux candidats de prouver leur ascendance ivoirienne.
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Gbagbo et Outtara, écartés de l'élection, appellent au boycott de l'élection consécutive de 1995, et Bédié, seul, est élu à 96,44&nbsp;%. Gbagbo se renforce néanmoins dans ses bastions lors de l'élection législative de 1996, et Outtara dans le Nord du pays.
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=== Coup d'État de 1999  ===
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Robert Guéi, général de l'armée (FANCI) renverse le gouvernement par un coup d'État en 1999, ce qui constituera la première intervention de l'armée sur la scène politique. Il s'adresse aux partis d'opposition (RDC de Ouattara, FPI de Gbagbo principalement) pour former un gouvernement d'union nationale excluant l'ancien parti unique PDCI. D'abord majoritaire, le RDC de Outtara quitte le gouvernement suite au refus de revenir sur la condition d'ivoirité, qui est au contraire reprise par Gbagbo. Les partisans de Ouattara sont victimes de dures violences et de meurtres. En 2000, Laurent Gbgabo est élu Président.
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=== Rébellion militaire de 2002<br>  ===
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La rébellion militaire de 2002 plonge le pays dans [[Crise ivoirienne|une crise dont il n'est toujours pas sorti]].
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== Articles connexes  ==
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[[Crise ivoirienne|Crise ivoirienne depuis 2002]]
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== Notes et sources  ==
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<references />
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[http://www.npa2009.org/content/comprendre-la-crise-ivoirienne Comprendre la crise ivoirienne], Tout est à nous n°87 (journal du [[NPA|NPA]]), 27 janvier 2011
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[http://orta.dynalias.org/inprecor/article-inprecor?id=398 Une guerre civile… néocoloniale et française], Jean Nanga pour [[Inprecor|Inprecor]], 2005<br>
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Houphouët-Boigny: l'homme de la France en Afrique, Pierre Nandjui, 1995<br>
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[[Category:Analyse_historique]] [[Category:Côte_d'Ivoire]]

Version du 5 février 2011 à 22:13

Comprendre l'histoire de la Côte d'Ivoire, notamment à travers le colonialisme et le néocolonialisme, est essentiel pour comprendre la crise ivoirienne actuelle.

1 Colonisation portuguaise et française

À l’époque moderne, les premiers Européens à se rendre dans la région sont les Portugais qui lui donnent son nom actuel. Le commerce de l’ivoire, des fusils et la traite des noirs se mettent vite en place. Les Français arrivent en 1637 et s’installent surtout sur la côte. Ce n'est que durant l'ère impérialiste que tout le pays, comme tant d'autres, est mis en coupe réglée : la Côte d'Ivoire devient colonie en 1893. Ils doivent cependant faire face à des résistances locales importantes comme celle du marabout Samory Touré. Bien qu’inclus dans l’Afrique occidentale française (AOF), les populations de la Côte d’Ivoire sont alors considérées comme de simples sujets sans droits de représentation contrairement aux habitantEs des Quatre communes du Sénégal qui disposent de la citoyenneté française. Ce n’est qu’à partir de 1946 que les IvoirienNEs obtiennent la citoyenneté française et, en 1958, la loi cadre permet le transfert de nombreux pouvoirs de la métropole vers les autorités locales.

2 Indépendance...

Dans le grand mouvement décolonisateur qui d'après la Seconde Guerre mondiale, la figure ivoirienne a été Félix Houphouët-Boigny. Issu d’une famille de haut rang propriétaire de riches plantations, ce dernier commence sa carrière politique en 1944 en fondant le Syndicat agricole africain (SAA). Le SAA se pose comme champion de la lutte anti-coloniale et antiraciste, revendique la fin du travail forcé et la hausse des salaires. En près d'un an il regroupe 20 000 planteurs mécontents, et son influence s'accroît rapidement. Très tôt, Houphouët cherche au maximum la conciliation avec les autorités, comme témoignent bien ses paroles elles-mêmes : "Devant la détresse des cultivateurs de l’Indénié, je me suis permis, avec l’accord du Gouverneur d’alors, Bourgine, d’inviter mes compatriotes à faire la grève de la vente du cacao."[1]

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, la France lance des élections dans ses colonies pour la première assemblée constituante, avec un représentant des colons, et un représentant des colonisés. Houphouët se présente et est largement élu. Il représente par la suite la Côte d’Ivoire à l’Assemblée nationale française de 1946 à 1959, se consacrant essentiellement à promouvoir docilement les intérêts français au sein de l’AOF (Union française, Communauté...). Il est également ministre de la République française à de nombreuses reprises jusqu'en 1961.

En 1946, les staliniens[2] l'aident à créer le Parti démocratique de Côte d'ivoire (PDCI), et son regroupement qui recouvre l’ensemble de l’AOF[3], le Rassemblement démocratique africain (RDA). Le RDA est alors affilié au PCF, ce qui en pleine guerre froide pose des problèmes au niveau des autorités coloniales. Le 8 mai 1950, le RDA quitte alors le PCF pour l'USDR, notamment sous l'influence de Mitterrand. Cette posture "raisonnable" sera alors un tremplin pour lui dans les institutions bourgeoises.

Réticent à la fin de l'Empire français, De Gaulle lance en 1958 un référendum pour une "Communauté franco-africaine", accordant plus d'autonomie aux États africains pour éviter l'indépendance. Houphouët mène campagne en ce sens, et entraîne avec lui tout les pays du RDA, à l'exception de la Guinée d'Ahmed Sékou Touré (celui-ci sera écarté du RDA sous l'influence de la France). Houphouët devient alors Premier ministre de la Côte d’Ivoire en avril 1959. Suite à la pression de la Fédération du Mali, le mouvement de décolonisation touche aussi la Côte d'Ivoire. Houphouët proclame à contre-coeur l'indépendance le 7 août 1960 et devient Président.

3 ...sous domination impérialiste

Félix Houphouët-Boigny va rapidement s'assurer un pouvoir sans partage, et jusqu'en 1990, sa dictature servira fidèlement la France.

3.1 Le parti unique

Dès 1957, le PDCI avait neutralisé tous les partis d'opposition. Une des plus fortes oppositions à son pouvoir est venu des nationalistes radicaux à l'intérieur de son parti, avec Jean-Baptiste Mockey comme chef de file. Houphouët l'écarte en 1959, c'est le "complot du chat noir". Par sa constitution de 1960, il s'assure de rendre le parlement fantoche, et transforme son parti en courroi de transmission entre les masses et l'État. En 1963, Houphouët utilisera encore des procédés staliniens pour incarcérer des "comploteurs communistes", notamment dans la jeunesse, et montera une milice à son service.

3.2 "Miracle ivoirien"

Les 30 premières années de son « règne » sont souvent présentées comme une période faste, celle du « miracle ivoirien ». Le système colonial a irrémédiablement transformé les divers espaces autochtones de commerce et d’échanges et réorienté l’économie vers l’exportation de produits agricoles non transformés et l’importation de produits européens manufacturés. Dès le début des années 1960, le pays axe sa politique de développement sur l’expansion des exportations de matières premières et la substitution aux importations reposant sur quelques industries. Tout en accordant à l’État un rôle central, le pouvoir favorise également très activement les investissements privés et les capitaux étrangers. Le pays affiche alors des taux de croissance record, avec une industrialisation et une prolétarisation assez forte.

D’environ 4 millions en 1960, la population atteint les 12 millions d’habitants en 1980. Cette augmentation est due à l’amélioration des conditions de vie mais aussi à l’immigration, encouragée par Houphouët-Boigny. De nombreux Maliens, Sénégalais, et surtout Burkinabés s’installent dans le pays en quête d’une vie meilleure, fournissant une main-d’œuvre bon marché à l’économie rentière de plantation et contribuant à la production de richesses dont ils ne seront par contre que très peu à bénéficier largement. Les fruits de ce travail sont en effet entièrement détournés à la fois par la bourgeoisie comprador et par ses alliés internationaux aux premiers rangs desquels la France dont les entreprises forment l’essentiel du tissu économique et rapatrient 90 % de leurs bénéfices. Pour cette raison, certains parleront de « croissance sans développement ».

3.3 Dictature débonnaire et francophile

Ces résultats économiques apaisent les tensions et la contestation de son régime autoritaire. En 1967, il libère les prisonniers politiques. Houphouët "laissera alors parler" les opposants, qui durant une décennie n'eurent que peu d'audiance. Il sera "réélu" chaque année sans adversaire.

Les Forces Armées Nationales de Côte d'Ivoire (FANCI) sont réduites au strict minimum, et la "sécurité" -la défense des intérêts français- est directement remise à l'armée française, qui ont un camp permanent à Port-Bouët, toujours en place. Celle-ci interviendra à plusieurs reprises (1959, 1969, 1970) pour mater des velléités sécessionistes.

4 Montée des tensions

4.1 Chute rapide d'une économie dominée

Peu diversifiée, l’économie souffre structurellement d’une forte dépendance extérieure et de déséquilibres importants entre ses différents secteurs d’activités. Et lorsque les termes de l’échange lui sont défavorables, elle vacille et s’effondre. La chute des cours des produits agricoles de base survenue à la fin des années 1970 a ainsi provoqué une dépression d’autant plus grave qu’à la faveur du « boum du café et du cacao », la Côte d’Ivoire s’était engagée dans une politique monétaire et fiscale expansionniste appuyée sur les revenus des exportations en forte croissance.

Houphouët tente vainement de s'opposer à la pression du capitalisme mondial. Il tentera d'abord de distribuer de fortes aides d'État, puis de négocier des cours des matières premières plus favorables, mais les impérialistes occidentaux le lâchent, étant eux-mêmes menacés par une baisse de leur taux de profit. L’augmentation de l’endettement extérieur a alors été immédiate autant que la montée de l’inflation. Confronté à une croissance économique fortement ralentie et à la méfiance des créanciers, le pays est contraint à des politiques d'austérité. En 1990 un premier Programme d’ajustement structurel (PAS) est lancé, dont Alassane Ouattara, alors premier ministre, a la charge. La population vivant en deçà du seuil de pauvreté passe de 11 % en 1985 à 31 % en 1993.[4]

4.2 Gbagbo en leader d'opposition

Comme Houphouët, Laurent Koudou Gbagbo fait d'abord parler de lui comme syndicaliste. Il est actif dans le milieu étudiant, et sera emprisonné de 1971 à 1973 pour "subversion". En 1982 il fonde dans la clandestinité avec sa femme le Front Populaire Ivoirien (FPI), et s'exile en France. Il cherche à s'y créer un réseau de relations, notamment avec le Parti Socialiste, puisque son parti se veut "social-démocrate". Mais celui-ci essaie de l'ignorer, préférant garder de bonnes relations avec Houphouët.

En 1988, Gbagbo retourne en Côte d'Ivoire, "grâcié" par le dictateur. Le multipartisme est finalement concédé et en 1990, Gbagbo est le premier opposant à Houphouët à l'élection présidentielle. En 1991 et 1992, suite un regain des manifestations étudiantes, Alassane Dramane Ouattara fait arrêter le leader du PFI pour 6 mois.

4.3 Scandales du régime corrompu

De nombreuses affaires éclatent à propos de l'accaparation des richesses du pays par le dictateur, et ce d'autant plus que la crise s'approfondit : affaires de détournements de fond avec la surfacturation de 3 sucreries, l'argent de la LOGEMAD, une grande porosité entre fonds publics et personnels... sans compter de très nombreuses constructions pharaoniques controversées, qui font le bonheur des entreprises françaises.

Parmi quelques célèbres réparties du vieux dictateur :

« Les gens s’étonnent que j’aime l’or. C’est parce que je suis né dedans »[5]
« Quel est l’homme sérieux dans le monde qui ne place pas une partie de ses biens en Suisse ? »[6]

5 Évolutions récentes

Quand le vieil Houphouët-Boigny meurt en 1994, le pays en est à son quatrième PAS qui n’a pas plus de succès que les précédents. La crise a profondément érodé les bases socio-économiques du régime. Une période d’instabilité politique s’ouvre alors, ponctuée par un coup d’État (1999) et une rébellion (2002) militaires laissant un pays déchiré et exsangue, et qui a abouti à la crise actuelle.

5.1 L'Ivoirité et les querelles de prétendants

Les prétendants à la mangeoire d'État sont nombreux et entrent très vite dans des conflits claniques. Outtara sera d'abord écarté par Henri Konan Bédié, qui était le protégé de feu Houphouët. Face au rival que constitue Ouattara, et qui vient du Nord musulman du pays, Bédié décide de s'appuyer sur un concept nauséabond et raciste d'Ivoirité : il lance une réforme du code électoral en décembre 1994, demandant aux candidats de prouver leur ascendance ivoirienne.

Gbagbo et Outtara, écartés de l'élection, appellent au boycott de l'élection consécutive de 1995, et Bédié, seul, est élu à 96,44 %. Gbagbo se renforce néanmoins dans ses bastions lors de l'élection législative de 1996, et Outtara dans le Nord du pays.


5.2 Coup d'État de 1999

Robert Guéi, général de l'armée (FANCI) renverse le gouvernement par un coup d'État en 1999, ce qui constituera la première intervention de l'armée sur la scène politique. Il s'adresse aux partis d'opposition (RDC de Ouattara, FPI de Gbagbo principalement) pour former un gouvernement d'union nationale excluant l'ancien parti unique PDCI. D'abord majoritaire, le RDC de Outtara quitte le gouvernement suite au refus de revenir sur la condition d'ivoirité, qui est au contraire reprise par Gbagbo. Les partisans de Ouattara sont victimes de dures violences et de meurtres. En 2000, Laurent Gbgabo est élu Président.

5.3 Rébellion militaire de 2002

La rébellion militaire de 2002 plonge le pays dans une crise dont il n'est toujours pas sorti.

6 Articles connexes

Crise ivoirienne depuis 2002

7 Notes et sources

  1. Cri d'indignation de Felix Houphouët-Boigny, Site officiel du PDCI-RDA.
  2. Le PCF est alors le seul parti métropolitain présent en Côte d'Ivoire.
  3. À l’exception de la Mauritanie.
  4. Selon la Banque Mondiale.
  5. Bernard Nantet. Félix Houphouët-Boigny. In Encyclopédie Universalis. Edition 1999.
  6. Biens mal acquis… profitent trop souvent. Document de travail d’Antoine Dulin sous la direction de Jean Merckaert (CCFD), mars 2007. p.48-49

Comprendre la crise ivoirienne, Tout est à nous n°87 (journal du NPA), 27 janvier 2011

Une guerre civile… néocoloniale et française, Jean Nanga pour Inprecor, 2005

Houphouët-Boigny: l'homme de la France en Afrique, Pierre Nandjui, 1995