Différences entre les versions de « Impérialisme »

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L'impérialisme, en tant qu'expansionnisme par les conquêtes d'une nation sur d'autres est un trait très ancient des sociétés humaines. Depuis que des [[Classe dominante|classes dominantes]] existent, organisées en différents [[États|États]], elles sont sans cesse engagées dans des rivalités pour l'obtention de [[Richesse|richesses]], le contrôle de ressources naturelles ou d'esclaves.
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« L'histoire a connu l'impérialisme de l'Etat romain fondé sur le travail des esclaves; l'impérialisme de la propriété terrienne féodale; l'impérialisme du capital commercial et industriel; l'impérialisme de la monarchie tsariste, etc. »<ref name="EncoreUneFois">Trotsky, [http://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/defmarx/dma4.htm Encore et encore une fois sur la nature de l'URSS], 1939</ref>
 
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== L'impérialisme comme aboutissement du capitalisme ==
 
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Cette concentration a engendré une interpénétration toujours plus grande entre [[Capital bancaire|capital bancaire]] et [[Capital industriel|capital industriel]]. De grandes banques possèdent désormais un capital mondial colossal, qu'elles investissent dans les entreprises industrielles qui leurs sont liées, tout en gardant les yeux rivés sur leur [[Taux de profit|taux de profits]]. On donne le nom de [[Capital financier|capital financier]] à cette forme achevée du capital.
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«&nbsp;Le XXe siècle marque le tournant où l'ancien capitalisme fait place au nouveau, où la domination du capital financier se substitue à la domination du capital en général.&nbsp;» <ref name="LenineImperialisme">[http://www.marxists.org/francais/lenin/works/1916/vlimperi/vlimp.htm L'impérialisme, stade suprême du capitalisme], [[Lénine]], 1916</ref>
 
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=== Aristocratie ouvrière ===
 
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Dans le sillage de la [[Décolonisation|décolonisation]], les luttes contre l'impérialisme ont été nombreuses. Elles se sont aussi inscrites dans un contexte de [[Guerre froide|guerre froide]]&nbsp;: beaucoup de pays ont reçu le soutien intéressé de l'[[URSS|URSS]] qui tentait également de pérenniser sa sphère d'influence. C'est pourquoi de nombreux mouvements (petits-)bourgeois nationalistes ont pris le paravant idéologique du "communisme" dans l'Après-guerre ([[Castrisme|castrisme]], [[Socialisme arabe|socialisme arabe]]...). Qu'ils aient l'intention de réaliser une plannification dictatoriale ou simplement un timide réformisme social, ces courants gênaient l'impérialisme, qui a bien souvent réussi à les déstabiliser.
  
 
La plupart des pays d'Afrique, d'Asie et d'Amérique du Sud, qu'ils aient ou non connus des gouvernements anti-impérialistes, sont rapidement repassés sous la coupe des occidentaux dans l'Après-guerre. Même si leurs gouvernements sont formellement indépendants, ils sont en réalité sous la domination des multinationales étrangères et de leurs Etats. Ainsi, il y a une forme de domination impérialiste qui perdure, que l'on peut appeler [[Néocolonialisme|néocolonialisme]] ou [[Semi-colonisation|semi-colonisation]].
 
La plupart des pays d'Afrique, d'Asie et d'Amérique du Sud, qu'ils aient ou non connus des gouvernements anti-impérialistes, sont rapidement repassés sous la coupe des occidentaux dans l'Après-guerre. Même si leurs gouvernements sont formellement indépendants, ils sont en réalité sous la domination des multinationales étrangères et de leurs Etats. Ainsi, il y a une forme de domination impérialiste qui perdure, que l'on peut appeler [[Néocolonialisme|néocolonialisme]] ou [[Semi-colonisation|semi-colonisation]].
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=== Impérialisme soviétique ===
 
=== Impérialisme soviétique ===
  
Face aux agissements de la bureaucratie stalinienne, de nombreux marxistes (et non-marxistes) ont dénoncé un impérialisme soviétique. Trotski n'était pas absolument opposé à parler d'une certaine forme d'impérialisme, mais il ne voulait pas que soit tiré de trait d'égalité entre l'impérialisme soviétique et l'impérialisme des pays capitalistes.
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Face aux agissements de la bureaucratie stalinienne, de nombreux marxistes (et non-marxistes) ont dénoncé un [[impérialisme soviétique|impérialisme soviétique]]. Trotski n'était pas absolument opposé à parler d'une certaine forme d'impérialisme, mais il ne voulait pas que soit tiré de trait d'égalité entre l'impérialisme soviétique et l'impérialisme des pays capitalistes.
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<blockquote>«&nbsp;Peut-on qualifier d'impérialisme la politique d'expansion actuelle du Kremlin? Avant tout il faudrait s'entendre sur le contenu social que nous conférons à ce terme. L'histoire a connu l'impérialisme de l'Etat romain fondé sur le travail des esclaves; l'impérialisme de la propriété terrienne féodale; l'impérialisme du capital commercial et industriel; l'impérialisme de la monarchie tsariste, etc. La force motrice de la bureaucratie soviétique réside, sans aucun doute, dans sa volonté d'accroître son pouvoir, son prestige, ses revenus. C'est ce même élément d'impérialisme - pris dans le sens le plus large du terme - qui fut dans le passé la marque spécifique de toutes les monarchies, oligarchies, castes dirigeantes, classes et milieux divers. Pourtant, dans la littérature politique contemporaine, du moins dans la littérature marxiste, par "impérialisme" on entend la ''politique d'expansion du capital financier ''qui a un contenu économique bien défini. Appliquer à la politique du Kremlin le terme d'impérialisme sans expliquer en fait ce que l'on entend par-là, cela revient tout simplement à identifier la politique de la bureaucratie bonapartiste avec la politique du capitalisme monopoliste, en se fondant sur le fait que l'un et l'autre utilisent la force militaire à des fins d'expansion. Une telle identification, propre seulement à semer la confusion, convient à des démocrates petits-bourgeois plutôt qu'à des marxistes.&nbsp;»<ref name="EncoreUneFois">_</ref></blockquote>
« Peut-on qualifier d'impérialisme la politique d'expansion actuelle du Kremlin? Avant tout il faudrait s'entendre sur le contenu social que nous conférons à ce terme. L'histoire a connu l'impérialisme de l'Etat romain fondé sur le travail des esclaves; l'impérialisme de la propriété terrienne féodale; l'impérialisme du capital commercial et industriel; l'impérialisme de la monarchie tsariste, etc. La force motrice de la bureaucratie soviétique réside, sans aucun doute, dans sa volonté d'accroître son pouvoir, son prestige, ses revenus. C'est ce même élément d'impérialisme - pris dans le sens le plus large du terme - qui fut dans le passé la marque spécifique de toutes les monarchies, oligarchies, castes dirigeantes, classes et milieux divers. Pourtant, dans la littérature politique contemporaine, du moins dans la littérature marxiste, par "impérialisme" on entend la ''politique d'expansion du capital financier ''qui a un contenu économique bien défini. Appliquer à la politique du Kremlin le terme d'impérialisme sans expliquer en fait ce que l'on entend par-là, cela revient tout simplement à identifier la politique de la bureaucratie bonapartiste avec la politique du capitalisme monopoliste, en se fondant sur le fait que l'un et l'autre utilisent la force militaire à des fins d'expansion. Une telle identification, propre seulement à semer la confusion, convient à des démocrates petits-bourgeois plutôt qu'à des marxistes. »<ref name="EncoreUneFois">_</ref>
 
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Version du 9 juin 2014 à 22:54

L'impérialisme a un sens général, de domination et d'expansionnisme de la part d'un pays sur d'autres, et un sens particulier pour les communistes.

1 L'impérialisme, en général

L'impérialisme, en tant qu'expansionnisme par les conquêtes d'une nation sur d'autres est un trait très ancient des sociétés humaines. Depuis que des classes dominantes existent, organisées en différents États, elles sont sans cesse engagées dans des rivalités pour l'obtention de richesses, le contrôle de ressources naturelles ou d'esclaves.

« L'histoire a connu l'impérialisme de l'Etat romain fondé sur le travail des esclaves; l'impérialisme de la propriété terrienne féodale; l'impérialisme du capital commercial et industriel; l'impérialisme de la monarchie tsariste, etc. »[1]

2 L'impérialisme comme aboutissement du capitalisme

2.1 Centralisation du capital

Au tournant du XXème siècle, le capitalisme n'a plus la structure qu'il avait au XIXème. Au sein du règne de la libre-concurrence, de grandes entreprises se sont fortifiées jusqu'à absorber leurs rivales et à étendre leur influence sur le monde. De grands conglomérats ont commencé à voir le jour, ainsi que des ententes et des cartels entre eux, créant de plus en plus de situations de quasi-monopoles. C'est ce que l'on appelle la centralisation du capital.

2.2 Naissance du capital financier

Cette concentration a engendré une interpénétration toujours plus grande entre capital bancaire et capital industriel. De grandes banques possèdent désormais un capital mondial colossal, qu'elles investissent dans les entreprises industrielles qui leurs sont liées, tout en gardant les yeux rivés sur leur taux de profits. On donne le nom de capital financier à cette forme achevée du capital.

« Le XXe siècle marque le tournant où l'ancien capitalisme fait place au nouveau, où la domination du capital financier se substitue à la domination du capital en général. » [2]

2.3 Aristocratie ouvrière

Le capitalisme impérialiste a un double effet sur la lutte des classes. L'accentuation de la concentration des travailleurs sur de grandes unités de travail, l'uniformisation mondiale des méthodes d'exploitation ou encore la concentration du pouvoir économique et politique tendent à aiguiser la conscience de classe. Dans le même temps, les taux de profits sans précédant permettent aux capitalistes d'aller relativement loin dans les concessions face aux luttes des travailleurs. Notamment, la frange la plus organisée au travers des grands syndicats (cas historique de la social-démocratie allemande) s'est peu à peu désolidarisée de la grande masse du prolétariat. Cette aristocratie ouvrière ayant l'inconvénient de faire pencher l'ensemble des organisations ouvrières dans le réformisme...

2.4 Colonisation directe et indirecte

La colonisation n'est pas le fait du capitalisme : les puissances européennes notamment avaient déjà formé des empires coloniaux aux XVIIème et XVIIIème siècles. Mais au sein du capitalisme, posséder des colonies devient soudain bien plus important. Cela permettait d'avoir des matières premières et des sources d'énergie peu chères à disposition, ce qui permet de diminuer le coût du capital constant (et contrebalancer la baisse du taux de profit). Cela permet aussi d'avoir des débouchés pour l'investissement des capitaux.

« Si on exporte des capitaux, ce n’est pas qu’on ne puisse absolument les faire travailler dans le pays. C’est qu’on peut les faire travailler à l’étranger à un taux de profit plus élevé »[3]

D'où le regain de rivalité entre puissances européennes. Mais la colonisation n'est qu'une des formes de domination impérialiste. Plus généralement, la plupart des pays du monde sont des semi-colonies partagées entre grandes puissances, que ce soit des pays qui sont toujours restés officiellement indépendants (Chine, Turquie, Amérique Latine...) ou des ex-colonies où l'ex Métropole exerce souvent un néocolonialisme.

En France, la période qui est souvent appelée "la colonisation" a eu lieu sous la Troisième République, de 1871 à 1914. Ses motivations sont bien expliquées par des bourgeois comme Jules Ferry :

« L’Europe peut être considérée comme une maison de commerce qui voit depuis un certain nombre d’années décroître son chiffre d’affaires. La consommation européenne est saturée ; il faut faire surgir des autres parties du globe de nouvelles couches de consommateurs sous peine de mettre la société européenne en faillite et de préparer pour l’aurore du XXème siècle une liquidation sociale par voie de cataclysme dont on ne saurait calculer les conséquences. »

Pour appuyer cette domination d'autres peuples, les bourgeoisies occidentales ont développé des idéologies réactionnaires et oppressives comme le racialisme. Il est symptomatique qu'un dirigeant européen (Berlusconi) puisse s'exprimer ainsi :

« On ne peut pas mettre sur le même plan toutes les civilisations. Il faut être conscient de notre supériorité, de la supériorité de la civilisation occidentale. L'Occident continuera à occidentaliser et à s'imposer aux peuples. »[4]

2.5 Guerres pour le repartage du monde

Avec l'incomparable avantage que conférait aux conquérants la technologie moderne en constant développement, le monde fut vite quasi-entièrement englobé dans les sphères d'influence de telle ou telle métropole, que ce soit par occupation directe ou par tutelle économique. Pour les capitalistes, le passage obligé pour changer la donne était alors la guerre entre puissances. L'Allemagne, qui connaissait la plus forte croissance d'Europe, n'avait pas de colonies et bouillonnait à l'intérieur de ses frontières. Le jeu des alliances diplomatiques en fonction des intérêts de chaque puissance a tôt eu fait d'entraîner la première guerre mondiale.

3 Evolutions des formes de l'impérialisme

Depuis le début du XXème siècle, ce schéma mondial avec des centres impérialistes (Europe, États-Unis, Japon) et des périphéries dominées est dans les grandes lignes resté valable. Mais l'impérialisme a varié dans sa forme, et certains pays ont connu des émancipations partielles.

3.1 Variation du dynamisme des métropoles

La grande dépression des années 1930 a affaibli les métropoles occidentales, et l'accentuation de la lutte des classes en leur sein a contribué à rendre l'impérialisme moins agressif. Puis la seconde guerre mondiale a pour un temps créé un repli de l'Europe sur elle-même, tout en propulsant l'impérialisme états-unien au rang de superpuissance mondiale. Dès lors, celui-ci allait mener une politique étrangère de plus en plus agressive, qui avait déjà commencé dès la fin du XIXème (domination sur Cuba, l'annexion des Philippines...), mais qui faisait maintenant de l'Amérique Latine sa chasse gardée, et s'étendait toujours plus.

3.2 Décolonisation et néocolonialisme

Dans le sillage de la décolonisation, les luttes contre l'impérialisme ont été nombreuses. Elles se sont aussi inscrites dans un contexte de guerre froide : beaucoup de pays ont reçu le soutien intéressé de l'URSS qui tentait également de pérenniser sa sphère d'influence. C'est pourquoi de nombreux mouvements (petits-)bourgeois nationalistes ont pris le paravant idéologique du "communisme" dans l'Après-guerre (castrisme, socialisme arabe...). Qu'ils aient l'intention de réaliser une plannification dictatoriale ou simplement un timide réformisme social, ces courants gênaient l'impérialisme, qui a bien souvent réussi à les déstabiliser.

La plupart des pays d'Afrique, d'Asie et d'Amérique du Sud, qu'ils aient ou non connus des gouvernements anti-impérialistes, sont rapidement repassés sous la coupe des occidentaux dans l'Après-guerre. Même si leurs gouvernements sont formellement indépendants, ils sont en réalité sous la domination des multinationales étrangères et de leurs Etats. Ainsi, il y a une forme de domination impérialiste qui perdure, que l'on peut appeler néocolonialisme ou semi-colonisation.

Le discours dominant actuel de la bourgeoisie reconnaît que chaque peuple a la droit à disposer de lui-même, que chaque Etat doit être indépendant, etc... reléguant la domination a la sphère économique. Le passé colonial est alors présenté globalement comme "une erreur regrettable". Néanmoins, la fierté du dominant est conservée par les forces d'extrême droite, et la droite tend à glisser dans ce registre. Par exemple au cours de son mandat, le président Sarkozy a affirmé "son refus de toute repentance", en clamant que la France n'avait jamais commis de crime contre l'humanité, passant sous silence la torture en Algérie, l'esclavage, le régime de Vichy, les Kanaks, les zoo humains...

3.3 Émancipations ?

Certains grands pays d'Amérique Latine ont pu au début du XXème siècle acquérir une autonomie relative et s'industrialiser partiellement.

A la fin du XXème siècle, de nombreux pays qui étaient devenus relativement indépendants de l'impérialisme ont donné des signes d'allégeance pragmatiques au capital étranger (Libye, Syrie, Iran, Yémen...).

Enfin, il faut aussi penser que même les pays qui refusent tout lien avec l'impérialisme sont tout de même largement affectés, notamment par les politiques d'embargo (Cuba, Corée du Nord, Chine sous Mao...).

La Chine ou plus généralement les "BRICS" (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) sont l'objet de nombreux débats parmi les marxistes. Sont-ils devenus des pays impérialistes ? Sont-ils toujours dominés ?

4 Vieillissement du capitalisme

Le fait que le capitalisme ait au moins connu ce changement qualitatif majeur qu'a été la formation de l'impérialisme pose la question du vieillissement de ce système. Des premiers élans progressistes de cette classe montante, aux premiers pas de l'industrialisation, jusqu'aux transformations profondes de l'ère impérialiste, la bourgeoisie a changé de rôle historique. Elle est désormais clairement réactionnaire, et c'est pourquoi depuis le XXème siècle, ses deux Grandes boucheries mondiales et autres guerres, c'est une course de vitesse entre socialisme et barbarie.

5 Débats sur l'impérialisme

5.1 Super-impérialisme

Au début du XXème siècle, le marxiste Karl Kautsky défend l'idée que le capitalisme va vers un super-impérialisme, qui entre autre a pour effet d'éloigner la perspective de guerres entre puissances (ceci à la veille de la Première guerre mondiale...). Lénine et Boukharine ont combattu sa théorie.

5.2 Impérialisme soviétique

Face aux agissements de la bureaucratie stalinienne, de nombreux marxistes (et non-marxistes) ont dénoncé un impérialisme soviétique. Trotski n'était pas absolument opposé à parler d'une certaine forme d'impérialisme, mais il ne voulait pas que soit tiré de trait d'égalité entre l'impérialisme soviétique et l'impérialisme des pays capitalistes.

« Peut-on qualifier d'impérialisme la politique d'expansion actuelle du Kremlin? Avant tout il faudrait s'entendre sur le contenu social que nous conférons à ce terme. L'histoire a connu l'impérialisme de l'Etat romain fondé sur le travail des esclaves; l'impérialisme de la propriété terrienne féodale; l'impérialisme du capital commercial et industriel; l'impérialisme de la monarchie tsariste, etc. La force motrice de la bureaucratie soviétique réside, sans aucun doute, dans sa volonté d'accroître son pouvoir, son prestige, ses revenus. C'est ce même élément d'impérialisme - pris dans le sens le plus large du terme - qui fut dans le passé la marque spécifique de toutes les monarchies, oligarchies, castes dirigeantes, classes et milieux divers. Pourtant, dans la littérature politique contemporaine, du moins dans la littérature marxiste, par "impérialisme" on entend la politique d'expansion du capital financier qui a un contenu économique bien défini. Appliquer à la politique du Kremlin le terme d'impérialisme sans expliquer en fait ce que l'on entend par-là, cela revient tout simplement à identifier la politique de la bureaucratie bonapartiste avec la politique du capitalisme monopoliste, en se fondant sur le fait que l'un et l'autre utilisent la force militaire à des fins d'expansion. Une telle identification, propre seulement à semer la confusion, convient à des démocrates petits-bourgeois plutôt qu'à des marxistes. »[1]

6 Notes et sources

  1. 1,0 et 1,1 Trotsky, Encore et encore une fois sur la nature de l'URSS, 1939 Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : le nom « EncoreUneFois » est défini plusieurs fois avec des contenus différents.
  2. L'impérialisme, stade suprême du capitalisme, Lénine, 1916
  3. Karl Marx, Le Capital, Livre III, Tome 1, Chapitre XV
  4. Silvio Berlusconi, Le Figraro, 28 septembre 2001