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[[File:Titelblatt 12 Artikel.jpg|right|290x322px]]La '''guerre des Paysans allemands''' (en langue allemande : ''Deutscher Bauernkrieg'') est un [[Guerre|conflit]] qui a eu lieu dans le Saint-Empire romain germanique entre 1524 et 1526 dans des régions de l’Allemagne du Sud, de la Suisse, de la Lorraine allemande et de l’Alsace.
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[[File:Titelblatt 12 Artikel.jpg|right|290x322px|Titelblatt 12 Artikel.jpg]]La '''guerre des Paysans allemands''' (en langue allemande : ''Deutscher Bauernkrieg'') est un [[Guerre|conflit]] qui a eu lieu dans le Saint-Empire romain germanique entre 1524 et 1526 dans des régions de l’Allemagne du Sud, de la Suisse, de la Lorraine allemande et de l’Alsace.
    
== Déroulement ==
 
== Déroulement ==
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=== Révolution religieuse... et sociale ===
 
=== Révolution religieuse... et sociale ===
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Cette révolution a été préparée par des révoltes ponctuelles à partir des dernières décennies du 15<sup>ème</sup> siècle, principalement dans le sud-ouest de l’Empire et dans l’ouest de l’Autriche, où les [[paysans|paysans]], relativement favorisés par rapport à d’autres régions, se [[Paupérisation|paupérisaient]] parce que les seigneurs essayaient de s’approprier des communaux (terres communes) malgré une forte pression démographique.
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Cette [[révolution|révolution]] a été préparée par des révoltes ponctuelles à partir des dernières décennies du 15<sup>ème</sup> siècle, principalement dans le sud-ouest de l’Empire et dans l’ouest de l’Autriche, où les [[Paysans|paysans]], relativement favorisés par rapport à d’autres régions, se [[Paupérisation|paupérisaient]] parce que les seigneurs essayaient de s’approprier des communaux (terres communes) malgré une forte pression démographique.
    
Des conspirations avaient déjà vu le jour en Alsace entre 1483 et 1517, sous l’égide du Bundschuh (soulier à lacet des paysans, par opposition à la botte des nobles) et, au début du 16<sup>ème</sup> siècle, sous l’impulsion d’un ancien lansquenet Jost Fritz.
 
Des conspirations avaient déjà vu le jour en Alsace entre 1483 et 1517, sous l’égide du Bundschuh (soulier à lacet des paysans, par opposition à la botte des nobles) et, au début du 16<sup>ème</sup> siècle, sous l’impulsion d’un ancien lansquenet Jost Fritz.
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Les conjurés réclamaient la suppression des tribunaux ecclésiastiques et le partage des biens de l’[[Église|Église]], ainsi que la fin de la domination des [[Noblesse|nobles]]. Mais ces révoltes avaient été étouffées dans l’œuf par trahison ou assez facilement réprimées par manque de coordination dans le temps, et entre les territoires. Ce sera d’ailleurs une des raisons principales de l’écrasement des révolutionnaires dans la guerre des Paysans, car les troubles commencèrent dès 1524 en Forêt noire, pour se généraliser en 1525 et subsister jusqu’en 1526 au Tyrol.
 
Les conjurés réclamaient la suppression des tribunaux ecclésiastiques et le partage des biens de l’[[Église|Église]], ainsi que la fin de la domination des [[Noblesse|nobles]]. Mais ces révoltes avaient été étouffées dans l’œuf par trahison ou assez facilement réprimées par manque de coordination dans le temps, et entre les territoires. Ce sera d’ailleurs une des raisons principales de l’écrasement des révolutionnaires dans la guerre des Paysans, car les troubles commencèrent dès 1524 en Forêt noire, pour se généraliser en 1525 et subsister jusqu’en 1526 au Tyrol.
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L’[[égalitarisme|égalitarisme]] et l’[[anticléricalisme|anticléricalisme]] virulent des conjurations du Bundschuh se retrouvent dans les revendications des insurgés de 1524-1526, d’autant qu’on se trouve encore dans les premières années des bouleversements induits par la [[Réforme_protestante|Réforme]].
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L’[[Égalitarisme|égalitarisme]] et l’[[Anticléricalisme|anticléricalisme]] virulent des conjurations du Bundschuh se retrouvent dans les revendications des insurgés de 1524-1526, d’autant qu’on se trouve encore dans les premières années des bouleversements induits par la [[Réforme_protestante|Réforme]].
    
Les ''Douze Articles de Souabe'', souvent réédités et dont s’inspirent d’autres textes, synthétisaient leurs conceptions réformistes-révolutionnaires, en combinant des revendications sociales paysannes et des slogans politico-religieux comme le droit d'élire et de révoquer les pasteurs, la suppression de la "petite dîme" (un impôt du clergé), l'utilisation de la "grande dîme" (un autre impôt du clergé) pour des buts d'utilité publique, l'abolition du servage, la restitution des terres communales accaparées par les nobles et la suppression de l'arbitraire dans la justice et l'administration.
 
Les ''Douze Articles de Souabe'', souvent réédités et dont s’inspirent d’autres textes, synthétisaient leurs conceptions réformistes-révolutionnaires, en combinant des revendications sociales paysannes et des slogans politico-religieux comme le droit d'élire et de révoquer les pasteurs, la suppression de la "petite dîme" (un impôt du clergé), l'utilisation de la "grande dîme" (un autre impôt du clergé) pour des buts d'utilité publique, l'abolition du servage, la restitution des terres communales accaparées par les nobles et la suppression de l'arbitraire dans la justice et l'administration.
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La Réforme et les paysans
 
La Réforme et les paysans
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Après des essais de conciliation, Luther condamna violemment le soulèvement, incitant les princes à la [[répression|répression]]. Pourtant, ses discours des années précédentes eut un impact certain sur les revendications paysannes. Il avait en effet mené un combat ambigu contre les autorités traditionnelles&nbsp;: l’Église, mais aussi les princes et les nobles. Il ne les ménageait pas, tout en prônant l’obéissance aux autorités terrestres, certes injustes, mais voulues par Dieu.
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Après des essais de conciliation, Luther condamna violemment le soulèvement, incitant les princes à la [[Répression|répression]]. Pourtant, ses discours des années précédentes eut un impact certain sur les revendications paysannes. Il avait en effet mené un combat ambigu contre les autorités traditionnelles&nbsp;: l’Église, mais aussi les princes et les nobles. Il ne les ménageait pas, tout en prônant l’obéissance aux autorités terrestres, certes injustes, mais voulues par Dieu.
    
Sa référence constante à la Bible comme «&nbsp;parole de Dieu&nbsp;» avait fortement marqué les esprits. En effet, les paysans s’appuyaient sur l’Évangile, arguant que le Christ était mort pour libérer tous les hommes, qu’il avait institué l’amour du prochain et que Dieu par sa création avait institué un ordre naturel, tout ceci formant ce qu’ils appelaient le «&nbsp;droit divin&nbsp;» (à ne pas confondre avec les prétentions des rois&nbsp;!).
 
Sa référence constante à la Bible comme «&nbsp;parole de Dieu&nbsp;» avait fortement marqué les esprits. En effet, les paysans s’appuyaient sur l’Évangile, arguant que le Christ était mort pour libérer tous les hommes, qu’il avait institué l’amour du prochain et que Dieu par sa création avait institué un ordre naturel, tout ceci formant ce qu’ils appelaient le «&nbsp;droit divin&nbsp;» (à ne pas confondre avec les prétentions des rois&nbsp;!).
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Ces arguments peuvent aujourd’hui paraître bizarres, mais à l’époque, on raisonnait à l’intérieur d’une religion et donc avec un vocabulaire religieux. Cependant, il suffit de les transposer dans un langage contemporain pour comprendre qu’il y avait là une puissante volonté de liberté terrestre.
 
Ces arguments peuvent aujourd’hui paraître bizarres, mais à l’époque, on raisonnait à l’intérieur d’une religion et donc avec un vocabulaire religieux. Cependant, il suffit de les transposer dans un langage contemporain pour comprendre qu’il y avait là une puissante volonté de liberté terrestre.
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À ce propos, on a souvent remarqué que les conceptions de Luther concernant la «&nbsp;liberté chrétienne&nbsp;», qu’il voyait comme [[liberté|liberté]] intérieure, spirituelle, avaient été «&nbsp;mal&nbsp;» interprétées par les insurgés, puisqu’ils voulaient fait redescendre la liberté sur terre&nbsp;!
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À ce propos, on a souvent remarqué que les conceptions de Luther concernant la «&nbsp;liberté chrétienne&nbsp;», qu’il voyait comme [[Liberté|liberté]] intérieure, spirituelle, avaient été «&nbsp;mal&nbsp;» interprétées par les insurgés, puisqu’ils voulaient fait redescendre la liberté sur terre&nbsp;!
    
Il faut ici souligner l’importance de la Réforme «&nbsp;suisse&nbsp;», c’est-à-dire républicaine, inspirée par le réformateur de Zurich, Zwingli. Non que les républiques urbaines telles que Zurich, Bâle ou Strasbourg aient été des modèles de démocratie égalitaire, dominées qu’elles étaient par des élites urbaines, mais l’air de liberté, même relative, qu’on y respirait contrastait fortement avec la sujétion imposée au peuple des campagnes par la noblesse et les princes.
 
Il faut ici souligner l’importance de la Réforme «&nbsp;suisse&nbsp;», c’est-à-dire républicaine, inspirée par le réformateur de Zurich, Zwingli. Non que les républiques urbaines telles que Zurich, Bâle ou Strasbourg aient été des modèles de démocratie égalitaire, dominées qu’elles étaient par des élites urbaines, mais l’air de liberté, même relative, qu’on y respirait contrastait fortement avec la sujétion imposée au peuple des campagnes par la noblesse et les princes.
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Une [[Collégialité|direction collégiale]] était la norme, même si au fur et à mesure se détachaient des chefs qui étaient souvent des artisans, des aubergistes, plus que des paysans. De petits fonctionnaires, parfois même des ecclésiastiques, servaient de scribes et de nombreux messages étaient échangés avec les bandes voisines&nbsp;; de même l’intendance semble avoir été assez efficace, d’autant que les villages environnants et parfois les villes contribuaient à la fourniture des vivres, complétées par le vin et la nourriture saisis dans les couvents.
 
Une [[Collégialité|direction collégiale]] était la norme, même si au fur et à mesure se détachaient des chefs qui étaient souvent des artisans, des aubergistes, plus que des paysans. De petits fonctionnaires, parfois même des ecclésiastiques, servaient de scribes et de nombreux messages étaient échangés avec les bandes voisines&nbsp;; de même l’intendance semble avoir été assez efficace, d’autant que les villages environnants et parfois les villes contribuaient à la fourniture des vivres, complétées par le vin et la nourriture saisis dans les couvents.
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Si le temps n’avait été compté, on s’acheminait dans plusieurs régions vers des assemblées qu’on pourrait qualifier de constituantes, destinées à régler le passage vers une autre [[société|société]].
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Si le temps n’avait été compté, on s’acheminait dans plusieurs régions vers des assemblées qu’on pourrait qualifier de constituantes, destinées à régler le passage vers une autre [[Société|société]].
    
=== Un projet révolutionnaire ===
 
=== Un projet révolutionnaire ===
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C’est dans les premiers mois de 1526 que Michael Gaismair rédigea sa Landesordnung, projet de constitution très élaboré d’une république paysanne fondée sur la justice et l’égalité devant la loi de chacun.
 
C’est dans les premiers mois de 1526 que Michael Gaismair rédigea sa Landesordnung, projet de constitution très élaboré d’une république paysanne fondée sur la justice et l’égalité devant la loi de chacun.
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Les propriétés de l’Église devaient être sécularisées au profit des hôpitaux et autres institutions sociales et les murs des villes abattus, pour instaurer l’[[égalité|égalité]] entre villes et campagnes. Outre l’introduction d’une monnaie stable et de poids et mesures unitaires et des idées très précises sur l’amélioration de l’agriculture et de la vigne, deux projets retiennent surtout l’attention&nbsp;: d’abord Gaismair envisageait une sorte de collectivisation de l’artisanat et du commerce, avec des ateliers et des magasins concentrés dans différents endroits du pays, vendant à prix coûtant&nbsp;; ensuite les mines, forges et fonderies, déjà assez développées en Tyrol, devaient être confisquées aux grandes compagnies et à la noblesse («&nbsp;ils ont acquis ces richesses par des profits injustes et en versant le sang humain&nbsp;») et rendues à la communauté, l’auteur esquissant en quelque lignes une analyse pertinente du mécanisme de la plus-value.
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Les propriétés de l’Église devaient être sécularisées au profit des hôpitaux et autres institutions sociales et les murs des villes abattus, pour instaurer l’[[Égalité|égalité]] entre villes et campagnes. Outre l’introduction d’une monnaie stable et de poids et mesures unitaires et des idées très précises sur l’amélioration de l’agriculture et de la vigne, deux projets retiennent surtout l’attention&nbsp;: d’abord Gaismair envisageait une sorte de collectivisation de l’artisanat et du commerce, avec des ateliers et des magasins concentrés dans différents endroits du pays, vendant à prix coûtant&nbsp;; ensuite les mines, forges et fonderies, déjà assez développées en Tyrol, devaient être confisquées aux grandes compagnies et à la noblesse («&nbsp;ils ont acquis ces richesses par des profits injustes et en versant le sang humain&nbsp;») et rendues à la communauté, l’auteur esquissant en quelque lignes une analyse pertinente du mécanisme de la plus-value.
    
Avec quelques troupes, il réussit à rentrer au Tyrol en mai 1526, mais les paysans, durement réprimés par Ferdinand de Habsbourg, ne se joignirent pas à lui et, malgré des succès notables, il fut vaincu en juillet 1526 et dut se réfugier sur le territoire de la République de Venise, ennemie des Habsbourg.
 
Avec quelques troupes, il réussit à rentrer au Tyrol en mai 1526, mais les paysans, durement réprimés par Ferdinand de Habsbourg, ne se joignirent pas à lui et, malgré des succès notables, il fut vaincu en juillet 1526 et dut se réfugier sur le territoire de la République de Venise, ennemie des Habsbourg.
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