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[[File:Trotsky et l'Armée Rouge.jpg|right|398x253px|Trotsky et l'Armée Rouge]]La '''guerre civile russe''', successive à la [[Révolution_d’Octobre|Révolution d’Octobre]] a duré exactement cinq ans, du 29 octobre 1917 au 25 octobre 1922. Causant entre 8 et 20 millions, elle s'est conclue par la victoire de l'[[Armée_rouge|Armée rouge]], sur les [[Armées_blanches|armées blanches]] (soutenues par des forces impérialistes) et les [[Armées_vertes|armées vertes]], mais au prix d'une [[Bureaucratisation_soviétique|bureaucratisation]] très forte du régime.{{#set:Date=29-10-1917|Date fin=25-10-1922}}
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[[File:Trotsky et l'Armée Rouge.jpg|right|398x253px|Trotsky et l'Armée Rouge]]  
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La '''guerre civile russe''', successive à la [[Révolution_d’Octobre|Révolution d’Octobre]] a duré exactement cinq ans, du 29 octobre 1917 au 25 octobre 1922. Causant entre 8 et 20 millions, elle s'est conclue par la victoire de l'[[Armée_rouge|Armée rouge]], sur les [[Armées_blanches|armées blanches]] (soutenues par des forces impérialistes) et les [[Armées_vertes|armées vertes]], mais au prix d'une [[Bureaucratisation_soviétique|bureaucratisation]] très forte du régime.{{#set:Date=29-10-1917|Date fin=25-10-1922}}
    
Le plus fort des combats a eu lieu de l'été 1918 à 1920. Après 1920, l'Armée rouge contrôle une grande partie du territoire et les Blancs sont cantonnés à la Sibérie. Sur le plan économique, la guerre civile a engendré la politique du ''« [[Communisme_de_guerre|communisme de guerre]] »''.
 
Le plus fort des combats a eu lieu de l'été 1918 à 1920. Après 1920, l'Armée rouge contrôle une grande partie du territoire et les Blancs sont cantonnés à la Sibérie. Sur le plan économique, la guerre civile a engendré la politique du ''« [[Communisme_de_guerre|communisme de guerre]] »''.
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La haine du régime tyrannique des tsars dans les classes populaires russes était également très forte. Elle avait déjà conduit à la [[Révolution_de_février_1917|révolution de février 1917]]. Mais le [[Gouvernement_provisoire_russe|gouvernement provisoire bourgeois]] ne prenait aucune mesure radicale, ne répondait pas aux besoins sociaux, et surtout, prolongeait la guerre. Dans cette situation d'entre-deux, le camp des révolutionnaires ([[Bolchéviks|bolchéviks]]) se renforçait, en parallèle du renforcement de la [[Contre-révolution|contre-révolution]]. Comme le souligne [[Trotsky|Trotsky]] :
 
La haine du régime tyrannique des tsars dans les classes populaires russes était également très forte. Elle avait déjà conduit à la [[Révolution_de_février_1917|révolution de février 1917]]. Mais le [[Gouvernement_provisoire_russe|gouvernement provisoire bourgeois]] ne prenait aucune mesure radicale, ne répondait pas aux besoins sociaux, et surtout, prolongeait la guerre. Dans cette situation d'entre-deux, le camp des révolutionnaires ([[Bolchéviks|bolchéviks]]) se renforçait, en parallèle du renforcement de la [[Contre-révolution|contre-révolution]]. Comme le souligne [[Trotsky|Trotsky]] :
 
<blockquote>"Ou bien Kornilov, ou bien Lénine" - c'est ainsi que Milioukov posait l'alternative. Lénine, de son côté, écrivait&nbsp;: "Ou bien le pouvoir des soviets, ou bien le kornilovisme. Il n'y a pas de milieu." C'est à ce point que Milioukov et Lénine coïncidaient dans leur jugement sur la situation, et non point par hasard&nbsp;: en contrepoids aux héros de la phrase conciliatrice c'étaient deux représentants sérieux des classes fondamentales de la société. Déjà la Conférence d'État de Moscou avait clairement montré, d'après les termes mêmes de Milioukov, que "le pays se partageait en deux camps entre lesquels il ne pouvait y avoir de conciliation ni d'accord sur le fond". Mais là où, entre deux camps de la société, il ne peut y avoir d'accord, l'affaire se résout par la guerre civile. <ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr38.htm Histoire de la révolution russe - 38. La dernière coalition]'', 1930</ref></blockquote>  
 
<blockquote>"Ou bien Kornilov, ou bien Lénine" - c'est ainsi que Milioukov posait l'alternative. Lénine, de son côté, écrivait&nbsp;: "Ou bien le pouvoir des soviets, ou bien le kornilovisme. Il n'y a pas de milieu." C'est à ce point que Milioukov et Lénine coïncidaient dans leur jugement sur la situation, et non point par hasard&nbsp;: en contrepoids aux héros de la phrase conciliatrice c'étaient deux représentants sérieux des classes fondamentales de la société. Déjà la Conférence d'État de Moscou avait clairement montré, d'après les termes mêmes de Milioukov, que "le pays se partageait en deux camps entre lesquels il ne pouvait y avoir de conciliation ni d'accord sur le fond". Mais là où, entre deux camps de la société, il ne peut y avoir d'accord, l'affaire se résout par la guerre civile. <ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr38.htm Histoire de la révolution russe - 38. La dernière coalition]'', 1930</ref></blockquote>  
Néanmoins presque personne ne «&nbsp;souhaitait&nbsp;» la guerre civile au sens de conflit sanglant. Les [[Conciliateurs|conciliateurs]] agitaient ce spectre jusqu'au dernier moment pour condamner toute rupture franche avec la bourgeoisie. Les bolchéviks insistaient au contraire sur le fait que plus le camp révolutionnaire serait résolu, moins il y aurait de violence. A de nombreuses reprises ils ont [[interpellation|interpellé]] les [[Menchéviks|menchéviks]] et les [[Parti_SR|SR]] dans ce sens.
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Néanmoins presque personne ne «&nbsp;souhaitait&nbsp;» la guerre civile au sens de conflit sanglant. Les [[Conciliateurs|conciliateurs]] agitaient ce spectre jusqu'au dernier moment pour condamner toute rupture franche avec la bourgeoisie. Les bolchéviks insistaient au contraire sur le fait que plus le camp révolutionnaire serait résolu, moins il y aurait de violence. A de nombreuses reprises ils ont [[Interpellation|interpellé]] les [[Menchéviks|menchéviks]] et les [[Parti_SR|SR]] dans ce sens.
    
[[Lénine|Lénine]] écrivait en septembre que ''«&nbsp;seule la transmission immédiate de tout le pouvoir aux soviets rendrait la guerre civile impossible en Russie&nbsp;»''<ref>Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/09/vil19170929.htm La révolution russe et la guerre civile]'', 9 septembre 1917</ref>. Il parlait d'une transmission du pouvoir aux soviets qui serait soutenue par l'ensemble des socialistes, c'est-à-dire une très large majorité du peuple. La nuit même de l'[[Insurrection_d'Octobre_1917|insurrection bolchévique]] (24-25 octobre a.s), [[Trotsky|Trotsky]] lançait devant des délégués du [[Deuxième_congrès_des_soviets|Congrès des soviets]]&nbsp;: ''«&nbsp;Si vous ne tremblez pas il n'y aura pas de guerre civile, les ennemis capituleront sur-le-champ, et vous occuperez la place qui vous appartient de droit, celle de maîtres de la terre russe.&nbsp;»<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr45.htm Histoire de la révolution russe - 45. La prise de la capitale]'', 1930</ref>''
 
[[Lénine|Lénine]] écrivait en septembre que ''«&nbsp;seule la transmission immédiate de tout le pouvoir aux soviets rendrait la guerre civile impossible en Russie&nbsp;»''<ref>Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/09/vil19170929.htm La révolution russe et la guerre civile]'', 9 septembre 1917</ref>. Il parlait d'une transmission du pouvoir aux soviets qui serait soutenue par l'ensemble des socialistes, c'est-à-dire une très large majorité du peuple. La nuit même de l'[[Insurrection_d'Octobre_1917|insurrection bolchévique]] (24-25 octobre a.s), [[Trotsky|Trotsky]] lançait devant des délégués du [[Deuxième_congrès_des_soviets|Congrès des soviets]]&nbsp;: ''«&nbsp;Si vous ne tremblez pas il n'y aura pas de guerre civile, les ennemis capituleront sur-le-champ, et vous occuperez la place qui vous appartient de droit, celle de maîtres de la terre russe.&nbsp;»<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr45.htm Histoire de la révolution russe - 45. La prise de la capitale]'', 1930</ref>''
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=== Fin 1917&nbsp;: Premiers combats sporadiques ===
 
=== Fin 1917&nbsp;: Premiers combats sporadiques ===
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Quelques combats sporadiques ont eu lieu dès les jours qui suivent la nuit de l'insurrection du 6-7 novembre 1917 (n.s). Ainsi dès le 12 novembre, [[Kerensky|Kerensky]] tente une contre-attaque à l'aide des [[Cosaques|Cosaques]] du général <span class="mw-disambig">Krasnov</span>. Ces derniers sont appuyés à Petrograd même par une mutinerie des [[Junkers|junkers]], avec des [[Parti_SR|SR]] à leur tête. Les junkers sont rapidement défaits par les [[Gardes_rouges|gardes rouges]]. Arrivés à <span class="nowrap">20 km</span> de la capitale, les cosaques se heurtent à leur tour aux gardes rouges et subissent de lourdes pertes. Le 13 novembre, le grand Quartier général (''stavka'') de l’armée russe annonce marcher sur Petrograd «&nbsp;afin d’y rétablir l’ordre&nbsp;». Rejoint par les chefs du parti SR, [[Tchernov|Tchernov]] et [[Mikhail_Gots|Gots]], il propose la création d’un «&nbsp;gouvernement de l’ordre&nbsp;». Cependant, la masse des soldats passe peu à peu aux bolcheviks, arrêtant les officiers. Le 18 novembre, l’état-major doit fuir dans le sud, le généralissime Doukhonine étant massacré par ses propres soldats.
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Quelques combats sporadiques ont eu lieu dès les jours qui suivent la [[Insurrection_d'Octobre_1917|nuit de l'insurrection du 6-7 novembre]] 1917 (n.s). Ainsi dès le 12 novembre, [[Kerensky|Kerensky]] tente une contre-attaque à l'aide des [[Cosaques|Cosaques]] du général <span class="mw-disambig">Krasnov</span>. Ces derniers sont appuyés à Petrograd même par une mutinerie des [[Junkers|junkers]], avec des [[Parti_SR|SR]] à leur tête. Les junkers sont rapidement défaits par les [[Gardes_rouges|gardes rouges]]. Arrivés à <span class="nowrap">20 km</span> de la capitale, les cosaques se heurtent à leur tour aux gardes rouges et subissent de lourdes pertes. Le 13 novembre, le grand Quartier général (''stavka'') de l’armée russe annonce marcher sur Petrograd «&nbsp;afin d’y rétablir l’ordre&nbsp;». Rejoint par les chefs du parti SR, [[Tchernov|Tchernov]] et [[Mikhail_Gots|Gots]], il propose la création d’un «&nbsp;gouvernement de l’ordre&nbsp;». Cependant, la masse des soldats passe peu à peu aux bolcheviks, arrêtant les officiers. Le 18 novembre, l’état-major doit fuir dans le sud, le généralissime Doukhonine étant massacré par ses propres soldats.
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Les frictions entre les [[Bolchéviks|bolchéviks]] et leurs alliés [[SR_de_gauche|SR de gauche]] ne tardent pas à apparaître. Par exemple lorsque le [[Comité_militaire_révolutionnaire|Comité militaire révolutionnaire]] publie sans en référer à personne un décret qui entérine et encourage la « justice de rue », c’est-à-dire le lynchage de contre-révolutionnaires avérés ou supposés. Sur ce point et d’autres, les instances soviétiques donnent raison aux SR de gauche.<ref>NPA, [https://npa2009.org/idees/histoire/revolution-russe-il-y-cent-ans-la-dissolution-de-lassemblee-constituante ''Il y a cent ans, la dissolution de l’Assemblée constituante''], 2018</ref>
    
Dans les villes et régions où les bolcheviks peuvent compter sur de fortes concentrations ouvrières (Ivanovo, Kostroma, centre miniers de l'Oural), ils ont généralement déjà le contrôle&nbsp;; dans d'autres régions, ils doivent composer avec diverses forces de gauche et triomphent parfois au terme d'une confrontation armée assez brève (Kazan, Samara, Saratov, Nijni Novgorod, etc.)&nbsp;; dans les bourgs et les régions agricoles, où les bolcheviks sont très minoritaires (Koursk, Voronej, Orel, dans les villes de Sibérie, etc.), la prise de pouvoir entraîne souvent des conflits sanglants. Cependant dans un premier temps les bolchéviks, ayant pris l'initiative, semblent facilement victorieux. Ils dirigent le coeur urbain et industrialisé de la Russie.
 
Dans les villes et régions où les bolcheviks peuvent compter sur de fortes concentrations ouvrières (Ivanovo, Kostroma, centre miniers de l'Oural), ils ont généralement déjà le contrôle&nbsp;; dans d'autres régions, ils doivent composer avec diverses forces de gauche et triomphent parfois au terme d'une confrontation armée assez brève (Kazan, Samara, Saratov, Nijni Novgorod, etc.)&nbsp;; dans les bourgs et les régions agricoles, où les bolcheviks sont très minoritaires (Koursk, Voronej, Orel, dans les villes de Sibérie, etc.), la prise de pouvoir entraîne souvent des conflits sanglants. Cependant dans un premier temps les bolchéviks, ayant pris l'initiative, semblent facilement victorieux. Ils dirigent le coeur urbain et industrialisé de la Russie.
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Ce sont des Américains qui prennent en Russie les premiers contacts avec les groupes opposés à la Révolution, en particulier par Maddin Summers, leur consul général à Moscou, qui a épousé la fille d’un grand seigneur. Leur activité consiste particulièrement à obtenir des subsides pour les armées blanches.
 
Ce sont des Américains qui prennent en Russie les premiers contacts avec les groupes opposés à la Révolution, en particulier par Maddin Summers, leur consul général à Moscou, qui a épousé la fille d’un grand seigneur. Leur activité consiste particulièrement à obtenir des subsides pour les armées blanches.
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Au départ, le gouvernement bolchévique est particulièrement inquiet et prêt à de grandes concessions. Le 4 février 1919, il annonce par radio à tous les gouvernements capitalistes les propositions suivantes s'ils cessent leur [[Intervention_alliée_pendant_la_guerre_civile_russe|intervention militaire]]&nbsp;:<ref>Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1922/11/lt19221114.htm La nouvelle politique économique des Soviets et la révolution mondiale]'', 14 novembre 1922</ref>
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#Reconnaissance des dettes contractées par les précédents gouvernements de la Russie.
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#Engagement de nos matières premières comme garantie du paiement des emprunts et des intérêts.
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#Concessions à leur goût.
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#Cession de territoire sous forme d´occupation militaire de certains districts par les forces armées de l´Entente ou de ses agents russes.
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A ce moment-là les impérialistes estiment pouvoir vaincre totalement et n'acceptent pas.
    
=== Les différents fronts ===
 
=== Les différents fronts ===
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Trois fronts principaux se constituent&nbsp;:
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Au cours de la guerre civile, il y eut 16 armées rouges. Trois fronts principaux se constituent&nbsp;:
    
*au sud (l'armée des Volontaires et celle des cosaques dans la région du Don, commandée par le général <span class="mw-redirect">Dénikine</span>)&nbsp;;  
 
*au sud (l'armée des Volontaires et celle des cosaques dans la région du Don, commandée par le général <span class="mw-redirect">Dénikine</span>)&nbsp;;  
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A l'été 1918,&nbsp;les bolcheviks ne contrôlent plus qu'un territoire encerclé et réduit en gros à l'ancien grand-duché de Moscovie. Mais ils ont l'avantage d'un bloc territorial cohérent, bien pourvu en routes et en voies ferrées stratégiques, face à des armées blanches dispersées et qui ne seront jamais capables de coordonner leurs offensives. Ils restent toujours maîtres des deux capitales.
 
A l'été 1918,&nbsp;les bolcheviks ne contrôlent plus qu'un territoire encerclé et réduit en gros à l'ancien grand-duché de Moscovie. Mais ils ont l'avantage d'un bloc territorial cohérent, bien pourvu en routes et en voies ferrées stratégiques, face à des armées blanches dispersées et qui ne seront jamais capables de coordonner leurs offensives. Ils restent toujours maîtres des deux capitales.
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Sillonnant le pays à bord de son [[Train_blindé|train blindé]] devenu vite légendaire, [[Trotsky|Trotsky]] va d'un front à l'autre redresser la situation militaire, organiser les troupes et galvaniser les énergies. Dès l'été 1918, Trotsky reprend l'important nœud de Kazan. Puis l'Armée rouge défait une à une les armées blanches en commençant par Ioudenitch qui échoue dans sa marche sur Pétrograd en octobre 1919, puis presque simultanément à la mi-novembre Koltchak et Denikine.
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Sillonnant le pays à bord de son [[Train_blindé_de_Trotski|train blindé]] devenu vite légendaire, [[Trotsky|Trotsky]] va d'un front à l'autre redresser la situation militaire, organiser les troupes et galvaniser les énergies. Dès l'été 1918, Trotsky reprend l'important nœud de Kazan. Puis l'Armée rouge défait une à une les armées blanches en commençant par Ioudenitch qui échoue dans sa marche sur Pétrograd en octobre 1919, puis presque simultanément à la mi-novembre Koltchak et Denikine.
    
Les rouges devaient également faire face à des révoltes de paysans contre les réquisitions et la conscription (''«&nbsp;[[Armées_vertes|armées vertes]]&nbsp;»''). Enfin, au milieu d'un pays en plein chaos, de nombreux groupes se livraient à des actes de banditisme et de pillage hors de tout contrôle et de toute idéologie.
 
Les rouges devaient également faire face à des révoltes de paysans contre les réquisitions et la conscription (''«&nbsp;[[Armées_vertes|armées vertes]]&nbsp;»''). Enfin, au milieu d'un pays en plein chaos, de nombreux groupes se livraient à des actes de banditisme et de pillage hors de tout contrôle et de toute idéologie.
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La situation compliquée de la guerre civile souleva de nombreux débats dans le parti bolchévik. Trotski cite dans Ma vie quatre épisodes dans lequel il s'est retrouvé en désaccord avec Lénine :
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*au sujet de la situation sur le front de l'Est (été 1919)<ref name="MaVie37">Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/mavie/mv39.htm Ma vie - 37. Dissensions sur la stratégie de la guerre]'', 1930</ref>
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*au sujet de la situation sur le front du Sud (été 1919)<ref name="MaVie37" />
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*au sujet de l'abandon de Petrograd (été 1919)<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/mavie/mv37.htm Ma vie - 35. La défense de Petrograd]'', 1930</ref>
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*au sujet de la guerre avec la Pologne (été 1920)
    
=== Guerre avec la Pologne ===
 
=== Guerre avec la Pologne ===
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{{Article détaillé|Guerre russo-polonaise}}
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{{Article détaillé|Guerre soviéto-polonaise}}
    
En 1920, la Pologne, mécontente de la ligne Curzon qui fixe ses limites à l'est, envahit la Russie bolchevique. La contre-attaque de l'Armée rouge conduit le général [[Mikhaïl_Toukhatchevski|Toukhatchevski]] jusqu'aux portes de Varsovie. Les bolcheviks sont soulevés par un immense espoir&nbsp;: la prise de Varsovie ouvrirait le chemin de Berlin, et permettrait l'exportation de la révolution par les armes.
 
En 1920, la Pologne, mécontente de la ligne Curzon qui fixe ses limites à l'est, envahit la Russie bolchevique. La contre-attaque de l'Armée rouge conduit le général [[Mikhaïl_Toukhatchevski|Toukhatchevski]] jusqu'aux portes de Varsovie. Les bolcheviks sont soulevés par un immense espoir&nbsp;: la prise de Varsovie ouvrirait le chemin de Berlin, et permettrait l'exportation de la révolution par les armes.
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La période finale de la guerre fut le long siège des dernières [[Armées_blanches|forces blanches]] en Crimée. Piotr Wrangel y avait rassemblé les restes des troupes de Dénikine qui s'étaient fortifiés. Ils tinrent jusqu'à l'arrivée des [[Makhnovchtchina|Anarchistes ukrainiens de Makhno]] et de l'[[Armée_rouge|Armée rouge]], après la guerre contre la Pologne. Alors les blancs furent débordés et leurs dernières troupes évacuées vers Constantinople en novembre 1920.
 
La période finale de la guerre fut le long siège des dernières [[Armées_blanches|forces blanches]] en Crimée. Piotr Wrangel y avait rassemblé les restes des troupes de Dénikine qui s'étaient fortifiés. Ils tinrent jusqu'à l'arrivée des [[Makhnovchtchina|Anarchistes ukrainiens de Makhno]] et de l'[[Armée_rouge|Armée rouge]], après la guerre contre la Pologne. Alors les blancs furent débordés et leurs dernières troupes évacuées vers Constantinople en novembre 1920.
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Le philosophe anglais [[Bertrand_Russel|Bertrand Russel]] décrit après son son voyage en 1920 un Etat stabilisé, n'étant plus vraiment menancé «&nbsp;de l'extérieur&nbsp;»&nbsp;:
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''«&nbsp;Je crois que tous ceux qui sont allés en Russie ces temps derniers sont convaincus que le gouvernement actuel est stable. Il pourra subir des modifications internes et pourrait facilement, sans Lénine, devenir une autocratie militaire bonapartiste. Mais ce serait là un changement émanant de l’intérieur – changement qui peut-être ne serait pas très grand – et qui ne ferait sans doute pas grand-chose pour modifier le système économique.&nbsp;»'' <span>​</span>''<ref name="Russel1920">Bertrand Russell, [https://bibdig.biblioteca.unesp.br/bitstream/handle/10/6534/la-pratique-et-la-theorie-du-bolchevisme.pdf ''Pratique et théorie du bolchevisme''], 1920</ref>''<span>​</span>
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=== Derniers combats ===
 
=== Derniers combats ===
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{{Article détaillé|Armées vertes}}
 
{{Article détaillé|Armées vertes}}
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Les [[Armées_vertes|Armées vertes]], essentiellement rurales, combattaient à la fois contre l’Armée rouge et contre les armées blanches, refusaient les [[Réquisitions_dans_les_campagnes|réquisitions]] et la conscription. On dénombre&nbsp;113 révoltes durant la guerre civile.
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Les [[Armées_vertes|Armées vertes]], essentiellement rurales, combattaient à la fois contre l’Armée rouge et contre les armées blanches, refusaient les [[Réquisitions_dans_les_campagnes|réquisitions]] et la conscription. La démobilisation de près de la moitié des effectifs de l’Armée rouge renvoie 2,5 millions d’hommes au village, qui grossissent parfois les rangs de certaines de ces guérillas. En février 1921, la [[Tchéka|Tchéka]] dénombre 118 mouvements distincts en divers endroits du pays.
    
Ces armées vertes comptaient parfois seulement 500 à 1000 hommes mais elles atteignaient parfois aussi des effectifs bien plus importants&nbsp;: 100 000 pour "l’armée populaire de Sibérie", 40 000 pour celle de Tambov avec [[Alexandre_Antonov|Antonov]], jusqu’à 50 000 en Ukraine avec [[Makhno|Makhno]]... Pour réprimer la [[Révolte_de_Tambov|<span class="new">Révolte de Tambov</span>]],&nbsp;[[Toukhatchevski|Toukhatchevski]] utilisera des armes chimiques.
 
Ces armées vertes comptaient parfois seulement 500 à 1000 hommes mais elles atteignaient parfois aussi des effectifs bien plus importants&nbsp;: 100 000 pour "l’armée populaire de Sibérie", 40 000 pour celle de Tambov avec [[Alexandre_Antonov|Antonov]], jusqu’à 50 000 en Ukraine avec [[Makhno|Makhno]]... Pour réprimer la [[Révolte_de_Tambov|<span class="new">Révolte de Tambov</span>]],&nbsp;[[Toukhatchevski|Toukhatchevski]] utilisera des armes chimiques.
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=== Terreur rouge ===
 
=== Terreur rouge ===
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Pour faire face aux difficultés, le gouvernement bolchévik prend de plus en plus de mesures de centralisation du pouvoir, et de restriction des libertés publiques.
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Pour faire face aux difficultés, le gouvernement bolchévik prend de plus en plus de mesures de centralisation du pouvoir, de restriction des libertés publiques, de surveillance et de répression, regroupées sous le terme de [[Terreur_rouge|terreur rouge]].
    
Il organise d'abord la fusion des groupes de [[Gardes_rouges|gardes rouges]] largement spontanés en une puissante [[Armée_rouge|Armée rouge]], dirigée par [[Trotsky|Trotsky]].
 
Il organise d'abord la fusion des groupes de [[Gardes_rouges|gardes rouges]] largement spontanés en une puissante [[Armée_rouge|Armée rouge]], dirigée par [[Trotsky|Trotsky]].
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En août 1918, [[Martov|Martov]] publie une brochure à Moscou pour dénoncer l'utilisation de la peine de mort par les bolchéviks, qui l'avaient toujours combattue dans l'opposition.<ref>Julius Martov, ''[https://www.marxists.org/francais/martov/works/1918/08/martov_19180800.htm A bas la peine de mort !]'', 1918</ref>
 
En août 1918, [[Martov|Martov]] publie une brochure à Moscou pour dénoncer l'utilisation de la peine de mort par les bolchéviks, qui l'avaient toujours combattue dans l'opposition.<ref>Julius Martov, ''[https://www.marxists.org/francais/martov/works/1918/08/martov_19180800.htm A bas la peine de mort !]'', 1918</ref>
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[[Kaustky|Kaustky]] reproche au pouvoir bolchevique d'être une dictature plus [[Blanquiste|blanquiste]] que marxiste, dont il estime la politique arbitraire et anti-démocratique. Deux de ses livres anti-bolchéviks conduisent à des contre-attaques notables&nbsp;: en 1918 Lénine écrit [[La_Révolution_prolétarienne_et_le_renégat_Kautsky|''La Révolution prolétarienne et le renégat Kautsky'']] et en 1920 Trotsky écrit [[Terrorisme_et_communisme|''Terrorisme et communisme'']]<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/t_c/t_c.htm Terrorisme et communisme]'', 1920</ref> (sous-titré ''L'Anti-Kautsky'').
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[[Kautsky|Kautsky]] reproche au pouvoir bolchevique d'être une dictature plus [[Blanquiste|blanquiste]] que marxiste, dont il estime la politique arbitraire et anti-démocratique. Deux de ses livres anti-bolchéviks conduisent à des contre-attaques notables&nbsp;: en 1918 Lénine écrit [[La_Révolution_prolétarienne_et_le_renégat_Kautsky|''La Révolution prolétarienne et le renégat Kautsky'']] et en 1920 Trotsky écrit [[Terrorisme_et_communisme|''Terrorisme et communisme'']]<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/t_c/t_c.htm Terrorisme et communisme]'', 1920</ref> (sous-titré ''L'Anti-Kautsky'').
    
Un certain nombre de calomnies circulent sur les bolchéviks, et Kautsky n'hésite pas à les reprendre. Trotsky montre par exemple comment une accusation de ''«&nbsp;socialisation des femmes&nbsp;»'' par des soldats de l'Armée rouge est de toute évidence un faux.<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/t_c/t_c_9.htm Terrorisme et communisme - 8. La classe ouvrière et sa politique soviétique]'', 1920</ref>
 
Un certain nombre de calomnies circulent sur les bolchéviks, et Kautsky n'hésite pas à les reprendre. Trotsky montre par exemple comment une accusation de ''«&nbsp;socialisation des femmes&nbsp;»'' par des soldats de l'Armée rouge est de toute évidence un faux.<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/t_c/t_c_9.htm Terrorisme et communisme - 8. La classe ouvrière et sa politique soviétique]'', 1920</ref>
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Les historiens ne s’accordent pas sur le nombre de morts, évalué entre 8 et 20 millions, mais la saignée est énorme, bien supérieure à celle de la [[Première_guerre_mondiale|guerre mondiale]]. En 1922, 4 500 000 enfants russes n’ont ni père ni mère ni famille les prenant en charge. Des bandes d'orphelins errants, les ''bespryzorniki'', vont sillonner les routes de Russie pendant des années. La famine de 1920-1921 fait elle-même plusieurs millions de morts parmi des paysans déjà très éprouvés par la guerre et par la violence des collectes forcées. L'épidémie très meurtrière de typhus ajoute au drame. On assiste à des cas de cannibalisme.
 
Les historiens ne s’accordent pas sur le nombre de morts, évalué entre 8 et 20 millions, mais la saignée est énorme, bien supérieure à celle de la [[Première_guerre_mondiale|guerre mondiale]]. En 1922, 4 500 000 enfants russes n’ont ni père ni mère ni famille les prenant en charge. Des bandes d'orphelins errants, les ''bespryzorniki'', vont sillonner les routes de Russie pendant des années. La famine de 1920-1921 fait elle-même plusieurs millions de morts parmi des paysans déjà très éprouvés par la guerre et par la violence des collectes forcées. L'épidémie très meurtrière de typhus ajoute au drame. On assiste à des cas de cannibalisme.
 
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«&nbsp;Si mes études et mes observations de jeunesse ne m’avaient pas convertie à la philosophie matérialiste, ma vie en cette période de «&nbsp;communisme de guerre&nbsp;» aurait suffi à le faire. Je pus constater à quel point, du jour au lendemain, les besoins matériels pouvaient transformer – et défigurer – les êtres humains, et rogner les ailes de la révolution elle-même. (…) J’ai vu des individus qui avaient lutté de toutes leurs forces pour l’abolition de la propriété privée courir chez eux avec un peu de farine ou un morceau de hareng en prenant bien soin de les camoufler sous leur manteau pour éviter les regards d’envie de camarades affamés.&nbsp;»<ref>A. Balabanova, ''Ma vie de rebelle'', 1938</ref>
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La guerre civile, à la suite de la [[Guerre_de_1914-1918|guerre de 1914-1917]], avait ruiné le pays, paralysé son industrie et ses transports. La production industrielle était seulement d’un cinquième de celle de 1913 et la production agricole était descendue de moitié. L’économiste bolchevik L Kritsman décrivait la situation comme un effondrement ''«&nbsp;sans équivalent dans l’histoire de l’humanité&nbsp;»''. Le [[Marché_noir|marché noir]] est florissant, et la [[Monnaie|monnaie]] qui ne vaut plus rien a presque disparu et on assiste au retour du [[Troc|troc]].
 
La guerre civile, à la suite de la [[Guerre_de_1914-1918|guerre de 1914-1917]], avait ruiné le pays, paralysé son industrie et ses transports. La production industrielle était seulement d’un cinquième de celle de 1913 et la production agricole était descendue de moitié. L’économiste bolchevik L Kritsman décrivait la situation comme un effondrement ''«&nbsp;sans équivalent dans l’histoire de l’humanité&nbsp;»''. Le [[Marché_noir|marché noir]] est florissant, et la [[Monnaie|monnaie]] qui ne vaut plus rien a presque disparu et on assiste au retour du [[Troc|troc]].
    
La [[Classe_ouvrière|classe ouvrière]] elle-même s'était disloquée&nbsp;: Moscou était passée de 2 000 000 d'habitants à 1 200 000, et Pétrograd de 2 200 000 à 700 000. Les ouvriers étaient soit devenus fonctionnaires du nouvel Etat, soit soldats de l'[[Armée_rouge|Armée rouge]], soit étaient partis à la campagne en raison du manque de ravitaillement.
 
La [[Classe_ouvrière|classe ouvrière]] elle-même s'était disloquée&nbsp;: Moscou était passée de 2 000 000 d'habitants à 1 200 000, et Pétrograd de 2 200 000 à 700 000. Les ouvriers étaient soit devenus fonctionnaires du nouvel Etat, soit soldats de l'[[Armée_rouge|Armée rouge]], soit étaient partis à la campagne en raison du manque de ravitaillement.
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En 1917, le parti Bolchevik était un parti à dominante prolétarienne. En 1920, ces ouvriers étaient devenus officiers de l’Armée Rouge et de la Tcheka ou fonctionnaires. En 1922, plus des deux tiers des membres du parti étaient administrateurs d’une façon ou d’une autre. Dans le même temps, la lutte contre l’invasion impérialiste et les Blancs avaient conduit à resserrer les rangs. Les discussions internes au parti périclitaient et le plus souvent, les postes des élus locaux étaient assignés par le secrétaire du parti sur la base de l’autorité et du prestige.
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En 1917, le parti [[Bolchevik|Bolchevik]] était un parti à dominante prolétarienne. En 1920, ces ouvriers étaient devenus officiers de l’Armée Rouge et de la Tcheka ou fonctionnaires. En 1922, plus des deux tiers des membres du parti étaient administrateurs d’une façon ou d’une autre. Dans le même temps, la lutte contre l’invasion impérialiste et les Blancs avaient conduit à resserrer les rangs. Les discussions internes au parti périclitaient et le plus souvent, les postes des élus locaux étaient assignés par le secrétaire du parti sur la base de l’autorité et du prestige. La situation de et les multiples attaques (des [[Armées_blanches|Blancs]] et des [[Intervention_alliée_pendant_la_guerre_civile_russe|impérialistes]]) développent ce que certains ont appelé un «&nbsp;complexe de citadelle assiégée&nbsp;».<ref>Serge BERSTEIN et Pierre MILZA, ''Histoire du XX<sup>e</sup> siècle, la fin du monde européen, 1900-1945 tome 1'', Initial, Hatier Paris, 1996, p. 84</ref>
    
Comme le reconnurent plus tard [[Lénine|Lénine]], [[Boukharine|Boukharine]] et d’autres chefs bolcheviks, ils avaient conservé le pouvoir d’Etat mais avaient perdu le prolétariat.
 
Comme le reconnurent plus tard [[Lénine|Lénine]], [[Boukharine|Boukharine]] et d’autres chefs bolcheviks, ils avaient conservé le pouvoir d’Etat mais avaient perdu le prolétariat.
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== Notes et références ==
 
== Notes et références ==
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Jean-Jacques Marie, [https://www.cairn.info/la-guerre-civile-russe-1917-1922--9782746706248.htm ''La guerre civile russe (1917-1922)''], 2005
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*Jean-Jacques Marie, [https://www.cairn.info/la-guerre-civile-russe-1917-1922--9782746706248.htm ''La guerre civile russe (1917-1922)''], 2005  
 
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*Jacques Serieys, [https://www.gauchemip.org/spip.php?article1023 Guerre civile russe. Pourquoi les Rouges ont-ils gagné&nbsp;?]  
Jacques Serieys, [https://www.gauchemip.org/spip.php?article1023 Guerre civile russe. Pourquoi les Rouges ont-ils gagné&nbsp;?]
      
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[[Category:Histoire]] [[Category:Révolution]] [[Category:Russie / URSS]]
 
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