Grève

De Wikirouge
Aller à la navigation Aller à la recherche
GrèveGénérale.jpg

Une grève est un arrêt de travail par des salariés pour lutter contre un ou des patrons, voire, pour les plus massives, contre le patronat et le gouvernement bourgeois.

1 Principe

Le principe d'une grève locale est de faire perdre des profits à l'entreprise, pour faire pression sur son patron et obtenir des concessions (augmentation de salaire, annulation de licenciements...). Chaque grève, et plus généralement chaque lutte collective dans une entreprise porte en germe la question de "qui dirige ?". A priori, c'est le patron, mais les travailleurs peuvent rapidement prendre conscience de leur force collective et piétiner la propriété privée des capitaux (contrôle ouvrier, expériences d'autogestion...).

Plus les travailleurs prennent largement conscience de leurs intérêts communs, plus ils s'organisent, notamment via les syndicats, et luttent à une échelle plus large. Par exemple, les travailleurs peuvent grève dans toute une branche de métier pour obtenir des améliorations de leurs conditions de travail communes.

Une grève générale dans tout un pays est un des moyens de lutte les plus puissants des exploités. Lorsqu'une grève générale illimitée est lancée et s'élargit à des revendications politiques, elle pose rapidement la question du pouvoir au niveau de l'Etat. C'est pourquoi beaucoup de socialistes révolutionnaires ont fait de la grève générale un cheval de bataille.

2 Aspects pratiques

2.1 Le temps et l'argent

Il y a une contradiction majeure dans une grève : les travailleurs aussi bien que les capitalistes perdent de l'argent. Pour les travailleurs, les conséquences sont souvent pénibles. Il peut sembler que ce sont les travailleurs les plus aisés qui se mettent plus facilement en grève, mais c'est loin d'être aussi simple. Lorsque les conditions de vie sont déjà intenables, certains se disent qu'ils n'ont plus rien à perdre et tout à gagner. Un des moyens principaux qu'ont les travailleurs de mieux tenir dans une grève dure et longue, c'est en constituant des caisses de grève. De ce point de vue, les syndicats sont une arme. Mais un syndicat bureaucratisé et versé dans la collaboration de classe peut aussi être un frein...

Les patrons ont eux aussi des armes pour résister à des grèves. Déjà, la centralisation du capital permet à des capitalistes qui ont de nombreuses entreprises de supporter des pertes conséquentes dans une entreprise tout en engrangeant assez de profits ailleurs. Il est fréquent que des grands patrons ou directions d'entreprises étatiques imposent des reculs sociaux entreprises par entreprises pour éviter une grève d'ensemble.

Il est évident que les patrons perdent d'autant plus d'argent que la grève est longue. Ce qui inquiète le plus les capitalistes, c'est d'avoir face à eux des travailleurs prêts à faire grève jusqu'à satisfaction. C'est pourquoi les vendus qui dirigent la plupart des centrales syndicales font semblant d'organiser la défense des travailleurs en les appelant à des journées ponctuelles de grève. De son côté, le patron reconnaissant n'a qu'à attendre la fin de la journée.

2.2 L'unité et les "jaunes"

Pour être efficace, il faut qu'une grève soit suivie. Dans certains entreprises industrielles, il suffit que certains secteurs stratégiques se mettent en grève pour que la production soit arrêtée et que les profits soient bloqués. Dans les autres cas, le niveau de gêne est souvent proportionnel au nombre de grévistes.

C'est pourquoi les patrons font parfois appel à d'autres travailleurs - parfois même qui ne travaillent pas sur place - pour remplacer des grévistes. Les grévistes tentent souvent de faire appel à la solidarité de ces recrues pour qu'elles ne sapent pas la grève. Il est arrivé que des tensions assez dures éclatent entre grévistes et "briseurs de grève", aussi appelés "jaunes" (couleur symbole de trahison).

3 Débats stratégiques sur la grève

🚧 Cette section est vide, insuffisamment détaillée ou incomplète. Votre aide est la bienvenue !

Dans l'Association internationale des travailleurs (AIT, Première internationale), Marx a dû défendre l'importance du recours à l'arme de la grève par les travailleurs, face à des courants comme celui de Proudhon qui lui tournaient le dos.

Les événéments révolutionnaires en Russie à partir de fin 1905, au cours desquels les ouvriers sont entrés spontanément dans des grèves de masse, ont provoqué de larges débats dans l'Internationale ouvrière. Lénine note que « déjà en mai 1905, le Congrès [du POSDR] chargeait toutes les organisations du Parti "d’étudier le rôle des grèves politiques de masse, qui peuvent avoir une grande importance au début et dans le cours de l’insurrection" ».[1]

Après l'expérience de 1905, les bolchéviks seront plus affirmatifs :

« Pour la première fois dans l'histoire du monde, la lutte révolutionnaire atteignit un tel degré de développement et une telle puissance que l'insurrection armée coïncida avec la grève de masse, cette arme spécifiquement prolétarienne. Il est clair que cette expérience a une signification internationale pour toutes les révolutions prolétariennes. Et les bolchéviks l'ont étudiée avec la plus grande attention et la plus grande application, tant dans ses aspects politiques que dans ses aspects économiques. »[1]

Trotsky fut également un des premiers à saisir l'importance de ces grèves, et il y intervient directement en dirigeant le soviet de Pétrograd. Rosa Luxemburg, même en se basant uniquement sur les compte-rendu de presse, reconnut tout de suite l'importance majeure de ces mouvements de grèves de masse. A l'inverse, « l'immense majorité des représentants officiels des partis (...) officiels, dont les réformistes et les gens de l'espèce des futurs « kautskistes », « longuettistes », partisans de Hillquit en Amérique, etc., se montrèrent absolument incapables de comprendre la signification de cette expérience et de faire leur devoir de révolutionnaires, c'est‑à-­dire d'entreprendre l'étude et la propagande des enseignements de cette expérience »[1].

4 Exemples

4.1 En France

Les grèves de 1995 ont marqué un réveil des luttes en France : c'étaient alors les plus grandes grèves depuis Mai 68, et le nombre des jours de grève a explosé jusqu'à 6 millions en 1995, alors que le nombre moyen annuel de jours de grève de la période 1982-1994 est de 1,1 million par an.[2]

4.2 Ailleurs dans le monde

  • 1905 : Grève générale en Russie, dite "révolution de 1905"
  • 1917 : Grèves générales en Russie, jusqu'à la révolution d'Octobre
  • 1926 : Grève générale au Royaume-Uni
  • 1984 : Grèves contre Thatcher au Royaume-Uni
  • 2000 : Grèves et blocages des travailleurs au Vietnam
  • 2003 : Grève-générale en Inde contre un vaste plan de privatisation
  • 2004 : émeutes ouvrières à Dongguan suite à violences policières, grèves d'ouvrières dans le textile et l'électronique, tentatives de créer des syndicats, forte répression.
  • 2006 : Grève générale au Népal qui ébranle le pouvoir et conduira à l'abolition de la monarchie.
  • 2008 :
    • Grève d'aiguilleurs du ciel dans plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest, la grève déborde les syndicats.
    • Grève générale en Afrique du Sud contre l'augmentation brusque des prix de l'électricité (suite à privatisation).


  • 2009 :
    • Grèves de médecins au Nigéria pour de meilleures conditions de travail.
    • 44 jours de grève générale en Guadeloupe, unité syndicale et politique dans le LKP, victoire, hausse des salaires
    • Mouvement analogue (de 38 jours) Martinique



5 Notes et sources

  1. 1,0 1,1 et 1,2 Lénine, Contribution à l’histoire de la dictature, 20 octobre 1920
  2. Six fois plus de jours de grève en 1995, L'Humanité, 16 novembre 1996.