Fusillade de Fourmies

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La fusillade de Fourmies est un évènement qui s'est déroulé le 1er mai 1891. Ce jour-là, la troupe met fin dans le sang à une manifestation pacifique d'ouvriers clamant : « C'est les huit heures qu'il nous faut ! ». Le bilan est de neuf morts et de 35 blessés. Cet événement fournit un écho national aux socialistes.

1 L'importance de la fusillade dans le mouvement ouvrier

Ce 1er mai, journée de lutte internationale des travailleurs, décrétée par l'Internationale_ouvrière en 1889, faisait suite cette année-là à une série de grèves dans les filatures de Fourmies et à la création des premiers syndicats et groupes du Parti Ouvrier dans cette localité. Les journées des ouvriers étaient fréquemment de onze heures, le travail des filatures de laine très insalubre et dangereux, les patrons venaient de réduire les salaires. Et surtout la classe ouvrière se manifestait de plus en plus, à Fourmies comme partout ailleurs, ses organisations et sa conscience grandissant. En avril Paul Lafargue, un dirigeant socialiste, était venu faire des conférences à Fourmies et aux alentours, réunissant plusieurs centaines d'ouvriers et renforçant encore le moral de la poignée de militants locaux. La grève du 1er mai fut quasi générale dans les filatures de la ville.

Dans ces conditions la fusillade, loin de briser le moral des ouvriers comme l'escomptaient les patrons, les jeta dans la grève. Le 4 mai, des milliers d'ouvriers, venus à pied de toutes les communes environnantes, convergèrent vers Fourmies pour les funérailles. Ce jour-là le drapeau rouge fut arboré pour la première fois dans les rues de la ville.

La grève continua encore quelques jours, dans une ville mise en état de siège par l'armée. Les travailleurs, encore mal organisés, reprirent atelier par atelier sans avoir rien obtenu. Rien, sauf le plus important : la conscience de classe, qu'ils manifestèrent en adhérant dès lors en grand nombre au syndicat et au Parti Ouvrier.

La journée internationale de lutte du prolétariat, au-delà des revendications immédiates des travailleurs, au premier rang desquelles les huit heures, était à cette époque une démonstration politique de l'Internationale ouvrière et de ses partis. Ainsi l'appel à manifester publié par le Parti Ouvrier en avril affirmait : « Le 1er mai, les frontières se trouveront effacées et dans l'univers entier on verra uni ce qui doit être uni, et séparé ce qui doit être séparé : d'un côté les producteurs de toute richesse, que sous couleur de patriotisme on cherche à jeter les uns contre les autres ; de l'autre les exploiteurs de tout ordre. » À Fourmies, le 1er mai 1891, la séparation fut nette et sanglante.

Le massacre souleva une vague d'indignation. D'autant plus que le gouvernement républicain ne trouva rien à redire à l'officier qui avait commandé le feu, au sous-préfet qui lui avait tenu la main et au patronat local qui avait exigé que des troupes fussent envoyées à Fourmies. En revanche Culine, le fondateur du Parti Ouvrier et des syndicats à Fourmies, et Lafargue, l'orateur socialiste, furent arrêtés et condamnés respectivement à six ans et un an de prison pour incitation à l'émeute.

Il fallut douze années pour obtenir l'autorisation d'ériger un monument en mémoire des fusillés de Fourmies. Le 3 mai 1903, jour de l'inauguration, des milliers de travailleurs vinrent rendre hommage aux leurs. Tous les partis de l'Internationale étaient représentés. Le journal « Le Socialiste », organe central du Parti Socialiste, rapporte ainsi l'intervention de Vaillant, ancien communard et dirigeant socialiste : il « rappela les massacres accomplis par les bourgeois depuis les journées de juin 1848 et la Commune. Contre la puissance que donne à la classe dominante le pouvoir politique, l'organisation ouvrière ne suffit pas. Il faut que le prolétariat s'empare de ce pouvoir pour en user dans son intérêt. »

A Fourmies comme ailleurs, auraient avantage à se souvenir non seulement des conditions de vie de leurs anciens et de la fusillade qui accueillit leurs revendications, mais encore du texte de l'appel à manifester et des conclusions que Vaillant tira du massacre. Ils sont toujours d'actualité.

2 Bibliographie

2.1 Articles

2.2 Ouvrages généraux

2.3 Ouvrages spécialisés

  • Le secret de Fourmies, édouard Drumont, Paris (1892)
  • La Fusillade De Fourmies : premier mai 1891 ; André Pierrard, Jean-Louis Chappat ; Paris : Maxima (1991) (ISBN 2-84003-000-4)
  • Fourmies et les premier mai ; Colloque Fourmies 1891/1991 (1991), Madeleine Rebérioux ; De l'Atelier (1994) (ISBN 2-7082-3077-8)