Différences entre les versions de « Fascisme »

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[[Image:TheThirdReich.jpg|right|300px]]Le '''fascisme''' est un mouvement [[Politique|politique]] conduisant à un [[Etat|Etat]] fort et répressif permettant à la [[Bourgeoisie|bourgeoisie]] d’écraser un [[Mouvement ouvrier|mouvement ouvrier]] menaçant et de surmonter une situation de [[Crise|crise]]. C’est principalement [[Trotski|Trotski]] qui a analysé la montée du fascisme des années 1930, mais la compréhension de ce phénomène est extrêmement important et actuel pour les [[Communistes révolutionnaires|communistes révolutionnaires]].  
  
 
== Processus menant au fascisme  ==
 
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=== Crise du capitalisme vieillissant  ===
 
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La cause première d’une montée du fascisme de grande ampleur est une [[crise économique|crise économique]] et sociale majeure, comme le [[capitalisme|capitalisme]] [[Vieillissement_du_capitalisme|vieillissant]] en génère périodiquement. La [[Grande_dépression_(1929-1939)|Grande dépression des années 1930]] était typiquement le cas, et il est fort probable que nous soyons en ce moment au début d’une telle période. Historiquement la prise du pouvoir par les fascistes a pour fonction essentielle de recréer les conditions de la reproduction du grand [[capital|capital]]. Cela se fait par une fuite en avant [[militarisme|militariste]] qui transforme la société tant à l’échelle nationale qu’internationale. Le premier effet est la mise au pas du [[prolétariat|prolétariat]], la destruction de ses organisations propres et son ralliement partiel dans une union nationaliste, ce qui permet aux [[capitalistes|capitalistes]] d’opérer de profondes restructurations. Egalement et de façon liée, l’accroissement global des tensions inter-impérialistes est source de débouchés guerriers et de grandes destructions / dévalorisations de capital qui permettent un nouveau cycle d’accumulation.  
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La cause première d’une montée du fascisme de grande ampleur est une [[Crise économique|crise économique]] et sociale majeure, comme le [[Capitalisme|capitalisme]] [[Vieillissement du capitalisme|vieillissant]] en génère périodiquement. La [[Grande dépression (1929-1939)|Grande dépression des années 1930]] était typiquement le cas, et il est fort probable que nous soyons en ce moment au début d’une telle période. Historiquement la prise du pouvoir par les fascistes a pour fonction essentielle de recréer les conditions de la reproduction du grand [[Capital|capital]]. Cela se fait par une fuite en avant [[Militarisme|militariste]] qui transforme la société tant à l’échelle nationale qu’internationale. Le premier effet est la mise au pas du [[Prolétariat|prolétariat]], la destruction de ses organisations propres et son ralliement partiel dans une union nationaliste, ce qui permet aux [[Capitalistes|capitalistes]] d’opérer de profondes restructurations. Egalement et de façon liée, l’accroissement global des tensions inter-impérialistes est source de débouchés guerriers et de grandes destructions / dévalorisations de capital qui permettent un nouveau cycle d’accumulation.  
  
 
=== Base sociale et idéologie petite-bourgeoise  ===
 
=== Base sociale et idéologie petite-bourgeoise  ===
  
C’est au sein de la [[petite-bourgeoisie|petite-bourgeoisie]] que la montée du fascisme trouve d’abord sa base sociale. En effet, avec les petits patrons ruinés ou pressurés par l’[[inflation|inflation]] et le manque de débouchés, les jeunes diplômés ou les cadres au [[chômage|chômage]], cette [[Classe_sociale|classe]] intermédiaire se voit menacée et devient alors un terreau pour les [[idéologies|idéologies]][[réactionnaires|réactionnaires]]. Le contenu peut varier, par exemple la forme particulière qu’a pris le [[nazisme|nazisme]] de Hitler avec son [[racialisme|racialisme]] systématisé n’était écrite dans aucune « loi » du capitalisme. Mais dans le cadre des Etats-nations d’aujourd’hui et du bain ambiant de l’[[idéologie bourgeoise|idéologie bourgeoise]], cela prend des formes récurrentes. La constante est un [[nationalisme|nationalisme]] extrême avec stigmatisation d’ennemis intérieurs et extérieurs. Les discours haineux s’en prennent à tous ceux qui sont supposés causer la « décadence du pays », ce qui engendre à la fois une [[démagogie|démagogie]] contre les [[syndicats|syndicats]] et les [[salariés|salariés]] [[grève|grévistes]], et des formes ambigües et partielles d’[[anticapitalisme|anticapitalisme]]. Par exemple les diatribes peuvent cibler "l'asservissement aux prêteurs", les grands magasins, le capital "accapareur" en opposition au capital "créateur", etc. mais la propriété privée en tant que telle et le pouvoir du patron dans l'entreprise ne sont jamais remis en question. Ce genre de mouvement, même s’il peut reprendre des termes à connotation [[progressiste|progressiste]] (socialisme…) rejette fondamentalement le [[socialisme scientifique|socialisme scientifique]] en même temps qu’il méprise le prolétariat. De plus, les couches sociales déjà victimes d’oppression (homosexuels, nomades, féministes…) sont très souvent écrasées par le fascisme.  
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C’est au sein de la [[Petite-bourgeoisie|petite-bourgeoisie]] que la montée du fascisme trouve d’abord sa base sociale. En effet, avec les petits patrons ruinés ou pressurés par l’[[Inflation|inflation]] et le manque de débouchés, les jeunes diplômés ou les cadres au [[Chômage|chômage]], cette [[Classe sociale|classe]] intermédiaire se voit menacée et devient alors un terreau pour les [[Idéologies|idéologies]][[Réactionnaires|réactionnaires]]. Le contenu peut varier, par exemple la forme particulière qu’a pris le [[Nazisme|nazisme]] de Hitler avec son [[Racialisme|racialisme]] systématisé n’était écrite dans aucune « loi » du capitalisme. Mais dans le cadre des Etats-nations d’aujourd’hui et du bain ambiant de l’[[Idéologie bourgeoise|idéologie bourgeoise]], cela prend des formes récurrentes. La constante est un [[Nationalisme|nationalisme]] extrême avec stigmatisation d’ennemis intérieurs et extérieurs. Les discours haineux s’en prennent à tous ceux qui sont supposés causer la « décadence du pays », ce qui engendre à la fois une [[Démagogie|démagogie]] contre les [[Syndicats|syndicats]] et les [[Salariés|salariés]] [[Grève|grévistes]], et des formes ambigües et partielles d’[[Anticapitalisme|anticapitalisme]]. Par exemple les diatribes peuvent cibler "l'asservissement aux prêteurs", les grands magasins, le capital "accapareur" en opposition au capital "créateur", etc. mais la propriété privée en tant que telle et le pouvoir du patron dans l'entreprise ne sont jamais remis en question. Ce genre de mouvement, même s’il peut reprendre des termes à connotation [[Progressiste|progressiste]] (socialisme…) rejette fondamentalement le [[Socialisme scientifique|socialisme scientifique]] en même temps qu’il méprise le prolétariat. De plus, les couches sociales déjà victimes d’oppression (homosexuels, nomades, féministes…) sont très souvent écrasées par le fascisme.  
  
 
=== Duel avec le mouvement ouvrier  ===
 
=== Duel avec le mouvement ouvrier  ===
  
Dès que surviennent des attaques violentes contre les [[salariés|salariés]], un mouvement fasciste est né. L'arène politique commence alors à se polariser très fortement entre le camp du [[Progrès_social|progrès]] et celui de la [[réaction|réaction]]. En premier lieu ce sont ces les partis "classiques" de [[droite|droite]] ([[conservateurs|conservateurs]]...) puis du centre ([[libéraux|libéraux]]...) qui sont très diminués au profit de l'[[extrême-droite|extrême-droite]]. Mais une telle situation ne signifie pas que cette dernière ait la victoire acquise. La force et surtout la politique que vont mener les différents [[parti ouvrier|partis]] et [[syndicats|syndicats]] des travailleurs va être cruciale.
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Dès que surviennent des attaques violentes contre les [[Salariés|salariés]], un mouvement fasciste est né. L'arène politique commence alors à se polariser très fortement entre le camp du [[Progrès social|progrès]] et celui de la [[Réaction|réaction]]. En premier lieu ce sont ces les partis "classiques" de [[Droite|droite]] ([[Conservateurs|conservateurs]]...) puis du centre ([[Libéraux|libéraux]]...) qui sont très diminués au profit de l'[[Extrême-droite|extrême-droite]]. Mais une telle situation ne signifie pas que cette dernière ait la victoire acquise. La force et surtout la politique que vont mener les différents [[Parti ouvrier|partis]] et [[Syndicats|syndicats]] des travailleurs va être cruciale.  
  
Initialement, c'est principalement parmi les éléments déclassés et enragés de la [[petite-bourgeoisie|petite-bourgeoisie]] que les bandes fascistes recrutent leurs nervis.&nbsp;La masse des petits bourgeois ainsi que la partie peu consciente et inorganisée des salariés, surtout des jeunes, oscillera normalement entre les deux camps, ayant tendance à se ranger du côté de celui qui manifestera le plus d'audace et d'esprit d'initiative. Ironiquement, une telle situation fournit une occasion majeure aux [[communistes révolutionnaires|communistes révolutionnaires]], car le [[mouvement ouvrier|mouvement ouvrier]] ne peut sortir par le haut qu'en se battant pour le [[socialisme|socialisme]]. Mais la sanction en cas d'échec est également terrible si celui-ci est vaincu et démoralisé.<br>
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Initialement, c'est principalement parmi les éléments déclassés et enragés de la [[Petite-bourgeoisie|petite-bourgeoisie]] que les bandes fascistes recrutent leurs nervis.&nbsp;La masse des petits bourgeois ainsi que la partie peu consciente et inorganisée des salariés, surtout des jeunes, oscillera normalement entre les deux camps, ayant tendance à se ranger du côté de celui qui manifestera le plus d'audace et d'esprit d'initiative. Ironiquement, une telle situation fournit une occasion majeure aux [[Communistes révolutionnaires|communistes révolutionnaires]], car le [[Mouvement ouvrier|mouvement ouvrier]] ne peut sortir par le haut qu'en se battant pour le [[Socialisme|socialisme]]. Mais la sanction en cas d'échec est également terrible si celui-ci est vaincu et démoralisé.<br>  
  
Finalement, la grande bourgeoisie a une influence décisive. Car un tel mouvement a besoin d'un soutien financier et politique d'une bonne partie du grand capital pour parvenir au pouvoir et s'y maintenir. Mais ce soutien présente un risque et les capitalistes n'ont pas intérêt à le faire à le donner à la légère, car cela peut être le déclencheur d'une situation [[révolution socialiste|révolutionnaire]] si le mouvement ouvrier réagit aussitôt.<br>
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Finalement, la grande bourgeoisie a une influence décisive. Car un tel mouvement a besoin d'un soutien financier et politique d'une bonne partie du grand capital pour parvenir au pouvoir et s'y maintenir. Mais ce soutien présente un risque et les capitalistes n'ont pas intérêt à le faire à le donner à la légère, car cela peut être le déclencheur d'une situation [[Révolution socialiste|révolutionnaire]] si le mouvement ouvrier réagit aussitôt.<br>  
  
 
=== Victoire… du grand capital  ===
 
=== Victoire… du grand capital  ===
  
Lorsqu'un mouvement fasciste est victorieux et que ses dirigeants se sont rapprochés de la [[bourgeoisie|bourgeoisie]], il se [[bureaucratisation|bureaucratise]] et se fond dans l'appareil d'[[État bourgeois|État bourgeois]], en même temps qu'il renforce et centralise ce dernier. A ce stade, les formes de [[démagogie|démagogie]] [[plébéienne|plébéienne]] les plus radicales ont été lissées et neutralisées pour rassurer les possédants.
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Lorsqu'un mouvement fasciste est victorieux et que ses dirigeants se sont rapprochés de la [[Bourgeoisie|bourgeoisie]], il se [[Bureaucratisation|bureaucratise]] et se fond dans l'appareil d'[[État bourgeois|État bourgeois]], en même temps qu'il renforce et centralise ce dernier. A ce stade, les formes de [[Démagogie|démagogie]] [[Plébéienne|plébéienne]] les plus radicales ont été lissées et neutralisées pour rassurer les possédants.  
  
Si le mouvement ouvrier est vaincu et si les conditions de reproduction du capital à l'intérieur du pays se sont modifiées dans un sens qui est fondamentalement favorable à la grande bourgeoisie, son intérêt politique se confond avec la nécessité d'un changement identique au niveau du marché mondial. La banqueroute menaçante de l'État y pousse également. La politique de quitte ou double du fascisme est reportée au niveau de la sphère financière, attise une inflation permanente, et, finalement, ne laisse pas d'autre issue que l'aventure militaire à l'extérieur. Une telle évolution ne favorise nullement un renforcement du rôle de la petite bourgeoisie dans l'économie et la politique intérieure&nbsp;; mais au contraire, elle provoque une détérioration de ses positions (à l'exception de la frange qui peut être nourrie avec les prébendes de l'appareil d'État autonomisé). Ce n'est pas la fin de l'"asservissement aux prêteurs", mais au contraire l'accélération de la [[concentration du capital|concentration du capital]].  
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Si le mouvement ouvrier est vaincu et si les conditions de reproduction du capital à l'intérieur du pays se sont modifiées dans un sens qui est fondamentalement favorable à la grande bourgeoisie, son intérêt politique se confond avec la nécessité d'un changement identique au niveau du marché mondial. La banqueroute menaçante de l'État y pousse également. La politique de quitte ou double du fascisme est reportée au niveau de la sphère financière, attise une inflation permanente, et, finalement, ne laisse pas d'autre issue que l'aventure militaire à l'extérieur. Une telle évolution ne favorise nullement un renforcement du rôle de la petite bourgeoisie dans l'économie et la politique intérieure&nbsp;; mais au contraire, elle provoque une détérioration de ses positions (à l'exception de la frange qui peut être nourrie avec les prébendes de l'appareil d'État autonomisé). Ce n'est pas la fin de l'"asservissement aux prêteurs", mais au contraire l'accélération de la [[Concentration du capital|concentration du capital]].  
  
C'est ici que se révèle le caractère de classe de la dictature fasciste, qui ne correspond pas au mouvement fasciste de masse. Elle défend non pas les intérêts historiques de la petite bourgeoisie, mais ceux du capital monopoliste. Une fois cette tendance réalisée, la base de masse active et consciente du fascisme se rétrécit nécessairement. La dictature fasciste tend elle-même à détruire et à réduire sa base de masse. Les bandes fascistes deviennent des appendices de la police. Dans sa phase de déclin, le fascisme se transforme à nouveau en une forme particulière de [[bonapartisme|bonapartisme]].  
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C'est ici que se révèle le caractère de classe de la dictature fasciste, qui ne correspond pas au mouvement fasciste de masse. Elle défend non pas les intérêts historiques de la petite bourgeoisie, mais ceux du capital monopoliste. Une fois cette tendance réalisée, la base de masse active et consciente du fascisme se rétrécit nécessairement. La dictature fasciste tend elle-même à détruire et à réduire sa base de masse. Les bandes fascistes deviennent des appendices de la police. Dans sa phase de déclin, le fascisme se transforme à nouveau en une forme particulière de [[Bonapartisme|bonapartisme]].  
  
 
== Démocratie bourgeoise et fascisme  ==
 
== Démocratie bourgeoise et fascisme  ==
  
A l’époque [[impérialiste|impérialiste]], la domination capitaliste et donc la forme de l’[[Etat|Etat]] tend à revêtir la forme de la [[démocratie|démocratie]] parlementaire. Celle-ci a l’avantage d’associer les différents secteurs de la bourgeoisie aux orientations politiques, de pouvoir désamorcer bon nombre de crises par des réformes sociales, de faciliter l’intégration de l’[[aristocratie ouvrière|aristocratie ouvrière]] et la marginalisation des [[communistes|communistes]]. Mais en régime capitaliste, cette démocratie conquise avec peine est toujours dans un équilibre instable. La bourgeoisie peut donc être amenée à renoncer au pouvoir politique au profit d’une centralisation du pouvoir exécutif, si celui-ci est le seul à fournir une issue positive pour elle. Et en effet, cette centralisation du pouvoir, qui va de pair avec la destruction des organisations du [[mouvement ouvrier|mouvement ouvrier]] (que [[Trotski|Trotski]] appelle les "germes de démocratie prolétarienne dans le cadre de la démocratie bourgeoise"), seul un mouvement de masse comme le fascisme peut le réaliser. Un Etat policier ou une dictature ne suffirait pas à atomiser une classe si nombreuse au point de neutraliser temporairement la [[lutte de classe|lutte de classe]].  
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A l’époque [[Impérialiste|impérialiste]], la domination capitaliste et donc la forme de l’[[Etat|Etat]] tend à revêtir la forme de la [[Démocratie|démocratie]] parlementaire. Celle-ci a l’avantage d’associer les différents secteurs de la bourgeoisie aux orientations politiques, de pouvoir désamorcer bon nombre de crises par des réformes sociales, de faciliter l’intégration de l’[[Aristocratie ouvrière|aristocratie ouvrière]] et la marginalisation des [[Communistes|communistes]]. Mais en régime capitaliste, cette démocratie conquise avec peine est toujours dans un équilibre instable. La bourgeoisie peut donc être amenée à renoncer au pouvoir politique au profit d’une centralisation du pouvoir exécutif, si celui-ci est le seul à fournir une issue positive pour elle. Et en effet, cette centralisation du pouvoir, qui va de pair avec la destruction des organisations du [[Mouvement ouvrier|mouvement ouvrier]] (que [[Trotski|Trotski]] appelle les "germes de démocratie prolétarienne dans le cadre de la démocratie bourgeoise"), seul un mouvement de masse comme le fascisme peut le réaliser. Un Etat policier ou une dictature ne suffirait pas à atomiser une classe si nombreuse au point de neutraliser temporairement la [[Lutte de classe|lutte de classe]].  
  
== Cas historiques<br> ==
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=== Italie ===
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=== Espagne ===
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En Espagne, la réponse au putsch militaire fasciste de juillet 1936 fut le soulèvement révolutionnaire de la classe ouvrière, qui, en quelques jours, infligea aux fascistes une écrasante défaite militaire dans les grandes villes et les districts ouvriers, et les força à se replier dans les campagnes arriérées du pays. Le fait que les fascistes, à la suite d'une guerre civile acharnée pendant plus de trois ans, aient finalement réussi à s'emparer du pouvoir, s'explique autant par l'intervention de facteurs extérieurs que par le rôle funeste de la direction du parti et du gouvernement de la gauche, qui empêchèrent les travailleurs d'achever rapidement la révolution commencée avec succès&nbsp;; en particulier, une réforme agraire radicale et la proclamation de l'indépendance du Maroc auraient supprimé le dernier bastion du pouvoir de Franco parmi les paysans arriérés et les mercenaires d'Afrique du Nord.
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En Espagne, la réponse au putsch militaire fasciste de juillet 1936 fut le soulèvement révolutionnaire de la classe ouvrière, qui, en quelques jours, infligea aux fascistes une écrasante défaite militaire dans les grandes villes et les districts ouvriers, et les força à se replier dans les campagnes arriérées du pays. Le fait que les fascistes, à la suite d'une guerre civile acharnée pendant plus de trois ans, aient finalement réussi à s'emparer du pouvoir, s'explique autant par l'intervention de facteurs extérieurs que par le rôle funeste de la direction du parti et du gouvernement de la gauche, qui empêchèrent les travailleurs d'achever rapidement la révolution commencée avec succès&nbsp;; en particulier, une réforme agraire radicale et la proclamation de l'indépendance du Maroc auraient supprimé le dernier bastion du pouvoir de Franco parmi les paysans arriérés et les mercenaires d'Afrique du Nord.  
  
=== Allemagne ===
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Ce mouvement de masse peut, par ses propres méthodes adaptées aux exigences de la psychologie des masses arriver non seulement à ce qu'un appareil gigantesque de gardiens d'immeubles, de policiers, de cellules du NSBO (Nationalsozialistische Betriebsorganisation&nbsp;: organisation du parti nazi (NSAP) dans les entreprises) et de simples mouchards, soumette les salariés conscients politiquement à une surveillance permanente, mais aussi à ce que la partie la moins consciente des ouvriers et, surtout, des employés soit influencée idéologiquement et partiellement réintégrée dans une collaboration de classes effective.
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Ce mouvement de masse peut, par ses propres méthodes adaptées aux exigences de la psychologie des masses arriver non seulement à ce qu'un appareil gigantesque de gardiens d'immeubles, de policiers, de cellules du NSBO (Nationalsozialistische Betriebsorganisation&nbsp;: organisation du parti nazi (NSAP) dans les entreprises) et de simples mouchards, soumette les salariés conscients politiquement à une surveillance permanente, mais aussi à ce que la partie la moins consciente des ouvriers et, surtout, des employés soit influencée idéologiquement et partiellement réintégrée dans une collaboration de classes effective.  
  
 
== Notes et sources  ==
 
== Notes et sources  ==
  
<references />
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[http://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/cvf/cvf.htm Comment Vaincre le Fascisme], [[Trotski|Trotski]], 1930-1933<br>
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[http://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/cvf/cvf.htm Comment Vaincre le Fascisme], [[Trotski|Trotski]], 1930-1933<br>  
  
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[[Category:Capitalisme]] [[Category:Bases_théoriques]] [[Category:Actualité]] [[Category:Analyse_historique]]

Version du 18 juin 2011 à 19:16

TheThirdReich.jpg

Le fascisme est un mouvement politique conduisant à un Etat fort et répressif permettant à la bourgeoisie d’écraser un mouvement ouvrier menaçant et de surmonter une situation de crise. C’est principalement Trotski qui a analysé la montée du fascisme des années 1930, mais la compréhension de ce phénomène est extrêmement important et actuel pour les communistes révolutionnaires.

1 Processus menant au fascisme

La dynamique du fascisme repose sur un ensemble de facteurs faisant système.

1.1 Crise du capitalisme vieillissant

La cause première d’une montée du fascisme de grande ampleur est une crise économique et sociale majeure, comme le capitalisme vieillissant en génère périodiquement. La Grande dépression des années 1930 était typiquement le cas, et il est fort probable que nous soyons en ce moment au début d’une telle période. Historiquement la prise du pouvoir par les fascistes a pour fonction essentielle de recréer les conditions de la reproduction du grand capital. Cela se fait par une fuite en avant militariste qui transforme la société tant à l’échelle nationale qu’internationale. Le premier effet est la mise au pas du prolétariat, la destruction de ses organisations propres et son ralliement partiel dans une union nationaliste, ce qui permet aux capitalistes d’opérer de profondes restructurations. Egalement et de façon liée, l’accroissement global des tensions inter-impérialistes est source de débouchés guerriers et de grandes destructions / dévalorisations de capital qui permettent un nouveau cycle d’accumulation.

1.2 Base sociale et idéologie petite-bourgeoise

C’est au sein de la petite-bourgeoisie que la montée du fascisme trouve d’abord sa base sociale. En effet, avec les petits patrons ruinés ou pressurés par l’inflation et le manque de débouchés, les jeunes diplômés ou les cadres au chômage, cette classe intermédiaire se voit menacée et devient alors un terreau pour les idéologiesréactionnaires. Le contenu peut varier, par exemple la forme particulière qu’a pris le nazisme de Hitler avec son racialisme systématisé n’était écrite dans aucune « loi » du capitalisme. Mais dans le cadre des Etats-nations d’aujourd’hui et du bain ambiant de l’idéologie bourgeoise, cela prend des formes récurrentes. La constante est un nationalisme extrême avec stigmatisation d’ennemis intérieurs et extérieurs. Les discours haineux s’en prennent à tous ceux qui sont supposés causer la « décadence du pays », ce qui engendre à la fois une démagogie contre les syndicats et les salariés grévistes, et des formes ambigües et partielles d’anticapitalisme. Par exemple les diatribes peuvent cibler "l'asservissement aux prêteurs", les grands magasins, le capital "accapareur" en opposition au capital "créateur", etc. mais la propriété privée en tant que telle et le pouvoir du patron dans l'entreprise ne sont jamais remis en question. Ce genre de mouvement, même s’il peut reprendre des termes à connotation progressiste (socialisme…) rejette fondamentalement le socialisme scientifique en même temps qu’il méprise le prolétariat. De plus, les couches sociales déjà victimes d’oppression (homosexuels, nomades, féministes…) sont très souvent écrasées par le fascisme.

1.3 Duel avec le mouvement ouvrier

Dès que surviennent des attaques violentes contre les salariés, un mouvement fasciste est né. L'arène politique commence alors à se polariser très fortement entre le camp du progrès et celui de la réaction. En premier lieu ce sont ces les partis "classiques" de droite (conservateurs...) puis du centre (libéraux...) qui sont très diminués au profit de l'extrême-droite. Mais une telle situation ne signifie pas que cette dernière ait la victoire acquise. La force et surtout la politique que vont mener les différents partis et syndicats des travailleurs va être cruciale.

Initialement, c'est principalement parmi les éléments déclassés et enragés de la petite-bourgeoisie que les bandes fascistes recrutent leurs nervis. La masse des petits bourgeois ainsi que la partie peu consciente et inorganisée des salariés, surtout des jeunes, oscillera normalement entre les deux camps, ayant tendance à se ranger du côté de celui qui manifestera le plus d'audace et d'esprit d'initiative. Ironiquement, une telle situation fournit une occasion majeure aux communistes révolutionnaires, car le mouvement ouvrier ne peut sortir par le haut qu'en se battant pour le socialisme. Mais la sanction en cas d'échec est également terrible si celui-ci est vaincu et démoralisé.

Finalement, la grande bourgeoisie a une influence décisive. Car un tel mouvement a besoin d'un soutien financier et politique d'une bonne partie du grand capital pour parvenir au pouvoir et s'y maintenir. Mais ce soutien présente un risque et les capitalistes n'ont pas intérêt à le faire à le donner à la légère, car cela peut être le déclencheur d'une situation révolutionnaire si le mouvement ouvrier réagit aussitôt.

1.4 Victoire… du grand capital

Lorsqu'un mouvement fasciste est victorieux et que ses dirigeants se sont rapprochés de la bourgeoisie, il se bureaucratise et se fond dans l'appareil d'État bourgeois, en même temps qu'il renforce et centralise ce dernier. A ce stade, les formes de démagogie plébéienne les plus radicales ont été lissées et neutralisées pour rassurer les possédants.

Si le mouvement ouvrier est vaincu et si les conditions de reproduction du capital à l'intérieur du pays se sont modifiées dans un sens qui est fondamentalement favorable à la grande bourgeoisie, son intérêt politique se confond avec la nécessité d'un changement identique au niveau du marché mondial. La banqueroute menaçante de l'État y pousse également. La politique de quitte ou double du fascisme est reportée au niveau de la sphère financière, attise une inflation permanente, et, finalement, ne laisse pas d'autre issue que l'aventure militaire à l'extérieur. Une telle évolution ne favorise nullement un renforcement du rôle de la petite bourgeoisie dans l'économie et la politique intérieure ; mais au contraire, elle provoque une détérioration de ses positions (à l'exception de la frange qui peut être nourrie avec les prébendes de l'appareil d'État autonomisé). Ce n'est pas la fin de l'"asservissement aux prêteurs", mais au contraire l'accélération de la concentration du capital.

C'est ici que se révèle le caractère de classe de la dictature fasciste, qui ne correspond pas au mouvement fasciste de masse. Elle défend non pas les intérêts historiques de la petite bourgeoisie, mais ceux du capital monopoliste. Une fois cette tendance réalisée, la base de masse active et consciente du fascisme se rétrécit nécessairement. La dictature fasciste tend elle-même à détruire et à réduire sa base de masse. Les bandes fascistes deviennent des appendices de la police. Dans sa phase de déclin, le fascisme se transforme à nouveau en une forme particulière de bonapartisme.

2 Démocratie bourgeoise et fascisme

A l’époque impérialiste, la domination capitaliste et donc la forme de l’Etat tend à revêtir la forme de la démocratie parlementaire. Celle-ci a l’avantage d’associer les différents secteurs de la bourgeoisie aux orientations politiques, de pouvoir désamorcer bon nombre de crises par des réformes sociales, de faciliter l’intégration de l’aristocratie ouvrière et la marginalisation des communistes. Mais en régime capitaliste, cette démocratie conquise avec peine est toujours dans un équilibre instable. La bourgeoisie peut donc être amenée à renoncer au pouvoir politique au profit d’une centralisation du pouvoir exécutif, si celui-ci est le seul à fournir une issue positive pour elle. Et en effet, cette centralisation du pouvoir, qui va de pair avec la destruction des organisations du mouvement ouvrier (que Trotski appelle les "germes de démocratie prolétarienne dans le cadre de la démocratie bourgeoise"), seul un mouvement de masse comme le fascisme peut le réaliser. Un Etat policier ou une dictature ne suffirait pas à atomiser une classe si nombreuse au point de neutraliser temporairement la lutte de classe.

3 Cas historiques

3.1 Italie

3.2 France

3.3 Espagne

En Espagne, la réponse au putsch militaire fasciste de juillet 1936 fut le soulèvement révolutionnaire de la classe ouvrière, qui, en quelques jours, infligea aux fascistes une écrasante défaite militaire dans les grandes villes et les districts ouvriers, et les força à se replier dans les campagnes arriérées du pays. Le fait que les fascistes, à la suite d'une guerre civile acharnée pendant plus de trois ans, aient finalement réussi à s'emparer du pouvoir, s'explique autant par l'intervention de facteurs extérieurs que par le rôle funeste de la direction du parti et du gouvernement de la gauche, qui empêchèrent les travailleurs d'achever rapidement la révolution commencée avec succès ; en particulier, une réforme agraire radicale et la proclamation de l'indépendance du Maroc auraient supprimé le dernier bastion du pouvoir de Franco parmi les paysans arriérés et les mercenaires d'Afrique du Nord.

3.4 Allemagne

Ce mouvement de masse peut, par ses propres méthodes adaptées aux exigences de la psychologie des masses arriver non seulement à ce qu'un appareil gigantesque de gardiens d'immeubles, de policiers, de cellules du NSBO (Nationalsozialistische Betriebsorganisation : organisation du parti nazi (NSAP) dans les entreprises) et de simples mouchards, soumette les salariés conscients politiquement à une surveillance permanente, mais aussi à ce que la partie la moins consciente des ouvriers et, surtout, des employés soit influencée idéologiquement et partiellement réintégrée dans une collaboration de classes effective.

4 Notes et sources


Comment Vaincre le Fascisme, Trotski, 1930-1933