Féminisme socialiste

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Cette page traite des courants féministes qui s'inscrivent dans la perspective socialiste, quelles que soient les dénominations que l'on peut retrouver : féminisme socialiste, féminisme marxiste, féminisme lutte de classe...

1 Historique des différents courants

1.1 Féminisme des premiers socialistes

Les socialistes utopiques développaient non seulement des projets pour la fin de la pauvreté ouvrière, mais également pour mettre fin à la domination des femmes par les hommes.

Charles Fourier

1.2 Féminisme de Marx et Engels

Karl Marx et Friedrich Engels pensaient que le capitalisme soutenait l'oppression patriarcale, et que le communisme pourrait ainsi assurer l'émancipation des femmes. C'est notamment ce qu'écrit Engels dans L'origine de la famille.

Eleanor Marx, fille de Karl Marx, s'est intéressée à la question du sexisme.

1.3 Féminisme de la Deuxième Internationale (1889-1914)

Les premières féministes au sein du mouvement ouvrier rejetaient le terme de féminisme, car il était alors associé à un mouvement de femmes bourgeoises pour obtenir des droits égaux.

L'Internationale socialiste des femmes (ISF) a été créée en 1907 comme organisation sœur de l'Internationale ouvrière. Sa première conférence eut lieu le 17 août 1907 à Stuttgart (Allemagne). Elle établit un secrétariat international sous la direction de Clara Zetkin, et adopte une résolution pour le droit de vote des femmes, qui fut le départ d'une campagne active des organisations socialistes de femmes, dans la société, mais aussi au sein de leurs propres partis.

En 1910, la deuxième conférence de l'ISF, à Copenhague en 1910 adopta la résolution d'une Journée internationale des Femmes fixée au 8 mars de chaque année. Elle adopta aussi une résolution pour la Paix. Lors de la conférence de Bâle de l'Internationale ouvrière de 1912, Clara Zetkin prononça un discours enflammé pour la Paix et la nécessité des femmes socialistes de lutter contre la guerre qui touche principalement les « fils » du prolétariat.

Avec la Première Guerre mondiale, les activités de l'ISF connurent un temps d'arrêt. Cependant, une conférence se tint à Berne en mars 1915 ; ce fut d'ailleurs la première conférence socialiste internationale depuis le début de la guerre (avant la conférence de Zimmerwald).

1.4 Révolution bolchévique de 1917

Les premières mesures des bolchéviks ont été :

  • l'égalité des droits et de nouveaux droits spécifiques : droit au divorce, droit à l'avortement... bien avant que ces droits soient obtenus dans les pays capitalistes occidentaux. Le droit de vote était bien sûr aussi donné aux femmes dans les soviets, mais les soviets sont rapidement devenus virtuels.
  • la tentative d'instaurer des services publics visant à socialiser les tâches réalisées dans les foyers principalement par les femmes, tentative freinée par la misère de la jeune URSS

Alexandra Kollontaï fut nommée commissaire du peuple à l'Assistance publique [Santé] de novembre 1917 à mars 1918. Elle organise de nombreuses conférences (Conférences sur la libération des femmes) ainsi que le 1er congrès panrusse des ouvrières.

Trotsky revient sur les mesures des bolchéviks, leur impact et la limite matérielle qui selon lui a été déterminante :

« La révolution a tenté héroïquement de détruire l'ancien "foyer familial" croupissant, institution archaïque, routinière, étouffante, dans laquelle la femme des classes laborieuses est vouée aux travaux forcés, de l'enfance jusqu'à la mort. A la famille, considérée comme une petite entreprise fermée, devait se substituer, dans l'esprit des révolutionnaires, un système achevé de services sociaux: maternités, crèches, jardins d'enfants, restaurants, blanchisseries, dispensaires, hôpitaux, sanatoriums,  organisations sportives, cinémas, théâtres, etc. L'absorption complète des fonctions économiques de la famille par la société socialiste, liant toute une génération par la solidarité et l'assistance mutuelle, devait apporter à la femme, et dès lors au couple, une véritable émancipation du joug séculaire.  [...]

On n'avait pas réussi à prendre d'assaut l'ancienne famille. Ce n'était pas faute de bonne volonté. Ce n'était pas non plus qu'elle eût une si ferme assise dans les coeurs. Au contraire, après une courte période de défiance envers l'Etat, ses crèches, ses jardins d'enfants, ses divers établissements, les ouvrières et après elles les paysannes les plus avancées apprécièrent les immenses avantages de l'éducation collective et de la socialisation de l'économie familiale. Par malheur, la société se révéla trop pauvre et trop peu civilisée. Les ressources réelles de l'Etat ne correspondaient pas aux plans et aux intentions du parti communiste. La famille ne peut pas être abolie: il faut la remplacer. L'émancipation véritable de la femme est impossible sur le terrain de la "misère socialisée". L'expérience confirma bientôt cette dure vérité formulée par Marx quatre-vingt ans auparavant. » [1]

La fin du rationnement strict, combinée au fait que les services publics étaient très peu développés et de mauvaise qualité a provoqué un retour du travail domestique féminin :

« les ouvriers les mieux payés commencèrent à revenir à la table familiale. [...] La même conclusion s'impose en ce qui concerne les blanchisseries socialisées où l'on vole et abîme le linge plus qu'on ne le lessive. Retour au foyer! Mais la cuisine et la lessive à la maison [...] signifient le retour des femmes aux casseroles et aux baquets, c'est-à-dire au vieil esclavage. »

Il explique également que la socialisation plus faible dans les campagnes rurales (où le travail repose fortement sur le lopin de terre familial) induit une plus grande pression sur les femmes paysannes. On retrouve par ailleurs une fracture de classe entre femmes :

« La condition de la mère de famille, communiste respectée, qui a une bonne, un téléphone pour passer ses commandes, une auto pour ses déplacements, etc., a peu de rapport avec celle de l'ouvrière qui court les boutiques, fait son dîner, ramène ses gosses du jardin d'enfants à la maison — quand il y a pour elle un jardin d'enfants. Aucune étiquette socialiste ne peut cacher ce contraste social, non moins grand que celui qui distingue en tout pays d'Occident la dame bourgeoise de la prolétaire. »

Il ajoute que l'on peut observer un retour de la prostitution (et de la répression des prostituées...), et une réaction au niveau des droits (retrait du droit à l'avortement, taxe sur les divorces...).

« L'histoire nous apprend bien des choses sur l'asservissement de la femme à l'homme, et des deux à l'exploiteur, et sur les efforts des travailleurs qui, cherchant au prix du sang à secouer le joug, n'arrivaient en réalité qu'à changer de chaînes. [...] Mais comment libérer effectivement l'enfant, la femme, l'homme, voilà ce sur quoi nous manquons d'exemples positifs. Toute l'expérience du passé est négative et elle impose avant tout aux travailleurs la méfiance envers les tuteurs privilégiés et incontrôlés. »


1.5 Féminisme de la Troisième Internationale (1919-1943)

Luttes féministes menées par le jeune parti communiste en France.

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1.6 Féminisme des partis réformistes dégénérés

Un féminisme qui tend à se réduire au féminisme bourgeois réclamant seulement l'égalité des droits dans le système.

1.7 Courant féministe lutte de classe dans le MLF

1.8 Féminisme marxiste actuel

Lise Vogel

Tithi Bhattacharya

Josette Trat

2 Débats particuliers

2.1 Travail domestique

Le travail domestique effectué au sein du foyer (majoritairement par les femmes) n'a pas de valeur d'échange, et donc pas de survaleur au sens capitaliste. Il existe néanmoins clairement un travail. La nature de ce travail fait débat.

2.2 La nécessité du socialisme

« L'absorption complète des fonctions économiques de la famille par la société socialiste, liant toute une génération par la solidarité et l'assistance mutuelle, devait apporter à la femme, et dès lors au couple, une véritable émancipation du joug séculaire. [...]
La famille ne peut pas être abolie: il faut la remplacer. L'émancipation véritable de la femme est impossible sur le terrain de la "misère socialisée". [...]
Tant que la société n'est pas en état d'assumer les charges matérielles de la famille, la mère ne peut s'acquitter avec succès d'une fonction sociale qu'à la condition de disposer d'une esclave blanche, nourrice bonne cuisinière ou autre. »[1]

2.3 Cadres non mixtes

2.4 Mouvement autnome et front larges ?

Josette Trat :

« La question est donc : comment lutter pour éradiquer les inégalités structurelles de genre, de « race » et de classe liées entre elles par un système économique et social global qui reprend à son profit des inégalités qui, pour certaines, relèvent d’autres formations sociales ? La réponse nécessite d’articuler les luttes sur ces différents fronts dans la perspective de les faire converger sur une contestation globale d’un système qui n’a de cesse de diviser les opprimé·es et les exploité·es. Cela passe par des processus d’auto-organisation spécifiques, mais aussi par la participation dans des associations, syndicats, partis où tous ceux et toutes celles qui veulent changer la société puissent se retrouver indépendamment de leurs origines respectives. C’est cette orientation que nous avons défendue obstinément dans le mouvement féministe et que nous continuons à défendre. »

2.5 Système patriarcal ?

3 Notes et sources

  1. 1,0 et 1,1 Trotsky, La Révolution trahie - Thermidor au foyer, 1936 Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : le nom « Trahie » est défini plusieurs fois avec des contenus différents.