Différences entre les versions de « Entreprise »

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Une '''entreprise''' est, au sens économique du terme, un organisme privé où les revenus acquis sont principalement redistribués aux principaux dirigeants, les subordonnés salariés n'en recevant qu'une part maigre, voire minime, à la différence d'une '''entreprise collectivisée'''.
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[[Fichier:Feuille de travail de l'entreprise Surmont, Wasquehal.jpg|vignette|435x435px|Exemple d'entreprise]]
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Une '''entreprise''' est, au sens économique du terme, un organisme privé où les revenus acquis sont principalement redistribués aux principaux dirigeants, les subordonnés [[salariés|salariés]] n'en recevant qu'une part maigre, voire minime, à la différence d'une '''entreprise collectivisée'''.
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Étant donné que l'entreprise est au cœur du [[Idéologie bourgeoise|dispositif idéologique de la bourgeoisie]], ce terme en est venu à englober des structures qui n'ont pas grand chose à voir entre elles : [[multinationales]], [[Artisanat|artisan]] employant 3 salarié·es, « [[auto-entrepreneur]] »...
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==Classification en France==
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===Selon la taille===
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*[[Très_petites_entreprises|Très petites entreprises]] (TPE) : les PME qui ont moins de 20 salarié-e-s
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*[[Petites_et_moyennes_entreprises|Petites et moyennes entreprises]] (PME) : entreprises de moins de 150 salarié-e-s
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*[[Entreprises_de_taille_intermédiaire|Entreprises de taille intermédiaire]] (ETI) : entreprises comprenant entre 250 et 5000 salarié-e-s
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*[[Grandes_entreprises|Grandes entreprises]] : entreprises de plus de 5000 salarié-e-s
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==Évolution de la taille des entreprises==
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Depuis la [[révolution industrielle]], le [[capital]] a enclenché un processus d'[[Accumulation du capital|accumulation]] (croissance du capital d'un même patron) et de [[Centralisation du capital|centralisation]] (fusion de capitaux en capitaux plus massifs). Ces processus conduisent à une tendance à l'augmentation de la taille des entreprises.
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Un exemple emblématique : en 1966 commence la construction de ce qui est aujourd'hui encore la plus grande entreprise du monde (398000 m²), l'usine Boeing d'Everett (dans l'Etat de Washington, au Nord-Ouest des Etats-Unis). Il s'agit littéralement d'une ville à elle seule : environ 30 000 personnes travaillent sur ce site, sur lequel on trouve un musée, des restaurants, une caserne de pompiers (gérée par Boeing), un théâtre, des cafés... Un tunnel piéton long de 3,7 km passe sous l'usine.<ref>World Atlas, ''[https://www.worldatlas.com/articles/the-largest-factories-in-the-world.html The Largest Factories in the World]'', janvier 2019</ref>
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Cependant, depuis approximativement le [[Néolibéralisme|tournant néolibéral]] des années 1980, cette tendance s'est inversée dans les vieux [[pays impérialistes]] (États-Unis, Europe, Japon).
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*augmentation de la [[Productivité du travail|productivité]] (robotisation, [[automatisation]]...), particulièrement dans l'[[industrie]] qui était traditionnellement le secteur des entreprises gigantesques ;
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*externalisation de nombreuses activités vers des [[Sous-traitance|sous-traitants]] (par recherche d'une baisse des coûts fixes et d'une [[Flexibilité du travail|flexibilité]] plus grande), qui diminue le nombre de salarié·es d'une grande entreprise donnée (sans diminuer en réalité le nombre de travailleurs qui en dépendent).
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En revanche il semble que cette tendance se poursuive dans les pays dits émergents, qui sont les pays d'accueil des délocalisations et qui voient également se développer leur capitalisme national à grande vitesse.
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Ainsi l'usine de Foxconn à Longhua (Shenzhen), qui fabrique du matériel informatique pour les grandes marques (Apple, Sony, Samsung, Microsoft...) emploie environ 450 000 salariés.
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[[Fichier:Libre-entreprise-1947.jpg|vignette|356x356px|Brochure éditée par l’Association de la libre entreprise, en 1947]]
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Dans l'opinion populaire, une différence intuitive est souvent perçue entre « les patrons », « ceux qui ont une entreprises », et les autres. Cela est toutefois contrebalancé par le discours idéologique de la bourgeoisie, et par la présence de nombreux petits patrons, qui eux s'identifient davantage aux patrons en général, et influencent la classe ouvrier par de nombreux liens populaires.
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La [[bourgeoisie]], qui compte en son sein les [[PDG]] et les [[actionnaires]] [[capitalistes]], a intérêt à gommer les frontières entre [[Petites et moyennes entreprises|petites]] et [[grandes entreprises]], et à présenter l'entreprise comme un modèle général, bon pour tous les [[citoyens]]. D'où les discours [[Méritocratie|méritocratiques]] et volontaristes : ''« créez votre propre emploi ! », « quand on veut on peut ! »''... D'où aussi les discours et mêmes les législations favorisant l'extension du statut d'entreprise aux individus : EURL en 1985, auto-entrepreneur en 2008, EIRL / AERL en 2011...
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Ainsi un des concepteurs du statut d'auto-entrepreneur, Hervé Novelli (ancien [[fasciste]] farouchement anti-communiste), prétend ainsi <q>exalter l'esprit d'entreprise</q>, et va même beaucoup plus loin :<blockquote>« Cela abolit, d'une certaine manière, la lutte des classes. Il n'y a plus d'exploiteurs et d'exploités. Seulement des entrepreneurs : Marx doit s'en retourner dans sa tombe. »<ref>''[https://www.monde-diplomatique.fr/2017/12/MARTIN/58192 Microentreprise, une machine à fabriquer des pauvres]'', ''Le Monde diplomatique'',‎ 1<sup>er</sup> décembre 2017 </ref></blockquote>
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==Notes et sources==
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[[Category:Économie]]

Version du 23 avril 2020 à 01:09

Exemple d'entreprise

Une entreprise est, au sens économique du terme, un organisme privé où les revenus acquis sont principalement redistribués aux principaux dirigeants, les subordonnés salariés n'en recevant qu'une part maigre, voire minime, à la différence d'une entreprise collectivisée.

Étant donné que l'entreprise est au cœur du dispositif idéologique de la bourgeoisie, ce terme en est venu à englober des structures qui n'ont pas grand chose à voir entre elles : multinationales, artisan employant 3 salarié·es, « auto-entrepreneur »...

1 Classification en France

1.1 Selon la taille

2 Évolution de la taille des entreprises

Depuis la révolution industrielle, le capital a enclenché un processus d'accumulation (croissance du capital d'un même patron) et de centralisation (fusion de capitaux en capitaux plus massifs). Ces processus conduisent à une tendance à l'augmentation de la taille des entreprises.

Un exemple emblématique : en 1966 commence la construction de ce qui est aujourd'hui encore la plus grande entreprise du monde (398000 m²), l'usine Boeing d'Everett (dans l'Etat de Washington, au Nord-Ouest des Etats-Unis). Il s'agit littéralement d'une ville à elle seule : environ 30 000 personnes travaillent sur ce site, sur lequel on trouve un musée, des restaurants, une caserne de pompiers (gérée par Boeing), un théâtre, des cafés... Un tunnel piéton long de 3,7 km passe sous l'usine.[1]

Cependant, depuis approximativement le tournant néolibéral des années 1980, cette tendance s'est inversée dans les vieux pays impérialistes (États-Unis, Europe, Japon).

Usines-USA-employés.png

Cela est dû à plusieurs facteurs :

  • augmentation de la productivité (robotisation, automatisation...), particulièrement dans l'industrie qui était traditionnellement le secteur des entreprises gigantesques ;
  • délocalisations d'une part de plus en plus élevée de l'industrie dans des pays où le coût salarial unitaire est plus bas ;
  • externalisation de nombreuses activités vers des sous-traitants (par recherche d'une baisse des coûts fixes et d'une flexibilité plus grande), qui diminue le nombre de salarié·es d'une grande entreprise donnée (sans diminuer en réalité le nombre de travailleurs qui en dépendent).

En revanche il semble que cette tendance se poursuive dans les pays dits émergents, qui sont les pays d'accueil des délocalisations et qui voient également se développer leur capitalisme national à grande vitesse.

Ainsi l'usine de Foxconn à Longhua (Shenzhen), qui fabrique du matériel informatique pour les grandes marques (Apple, Sony, Samsung, Microsoft...) emploie environ 450 000 salariés.

3 Aspects idéologiques

Brochure éditée par l’Association de la libre entreprise, en 1947

Dans l'opinion populaire, une différence intuitive est souvent perçue entre « les patrons », « ceux qui ont une entreprises », et les autres. Cela est toutefois contrebalancé par le discours idéologique de la bourgeoisie, et par la présence de nombreux petits patrons, qui eux s'identifient davantage aux patrons en général, et influencent la classe ouvrier par de nombreux liens populaires.

La bourgeoisie, qui compte en son sein les PDG et les actionnaires capitalistes, a intérêt à gommer les frontières entre petites et grandes entreprises, et à présenter l'entreprise comme un modèle général, bon pour tous les citoyens. D'où les discours méritocratiques et volontaristes : « créez votre propre emploi ! », « quand on veut on peut ! »... D'où aussi les discours et mêmes les législations favorisant l'extension du statut d'entreprise aux individus : EURL en 1985, auto-entrepreneur en 2008, EIRL / AERL en 2011...

Ainsi un des concepteurs du statut d'auto-entrepreneur, Hervé Novelli (ancien fasciste farouchement anti-communiste), prétend ainsi exalter l'esprit d'entreprise, et va même beaucoup plus loin :

« Cela abolit, d'une certaine manière, la lutte des classes. Il n'y a plus d'exploiteurs et d'exploités. Seulement des entrepreneurs : Marx doit s'en retourner dans sa tombe. »[2]

4 Notes et sources

  1. World Atlas, The Largest Factories in the World, janvier 2019
  2. Microentreprise, une machine à fabriquer des pauvres, Le Monde diplomatique,‎ 1er décembre 2017