Douma

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La Douma d'État de l’Empire russe était l’Assemblée législative de l'Empire russe. Elle se réunissait au palais de Tauride, à Saint-Pétersbourg. Créée sur la fin de l'Empire en tant que concession libérale, elle ne changea pas réellement la nature autoritaire du tsarisme.

La participation ou non à la Douma causa des divergences tactiques dans le mouvement révolutionnaire.

1 Historique

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1.1 Première Douma

Sous l'effet de la révolution de 1905, le tsar Nicolas II promet de convoquer une Douma représentative et en confie la tâche au ministre de l’Intérieur Boulyguine.

L'élan révolutionnaire semble pouvoir aller plus loin, et dans ce contexte la Douma apparaît pour les partis révolutionnaires comme une diversion. Les social-démocrates (POSDR) décident de boycotter, tout comme le parti socialiste-révolutionnaire (SR). Les élections doivent être reportées du fait de la grève générale d'octobre 1905.[1]

La première Douma fut finalement convoquée le 27 avril 1906 par le tsar. Une minorité de SR scissionne et se présente tout de même aux élections, le Parti troudovik. Ceux sont donc les libéraux bourgeois du Parti constitutionnel démocratique (KD) qui obtiennent le plus grand nombre de sièges, suivis par les troudoviks.

Cette Douma constituait la Chambre basse de l'Empire russe, tandis que le Conseil d'État de l'Empire russe en devenait la Chambre haute. La Russie devient une monarchie constitutionnelle mais non parlementaire (et très peu démocratique en pratique), puisque le ministre, nommé par l'empereur, ne dépend pas de l'Assemblée.

1.2 Deuxième Douma

Lors des élections à la 2e Douma (janvier 1907), les partis socialistes participent, et déplacent le centre de gravité vers la gauche. Les KD obtiennent moins de voix que les troudoviks, et les social-démocrates (dominés alors par les menchéviks), obtiennent un résultat non négligeable.

Le gouvernement tsariste (dirigé par le premier ministre Stolypine) entre en conflit avec la Douma, dans un contexte où le reflux des luttes favorise la réaction. Le 1er juin 1907, Stolypine accuse les social-démocrates de fomenter une insurrection et exige leur démission. Quand son ultimatum expire et que la Douma refuse, il dissout la Douma par oukase (« coup de juin 1907 »).

Stolypine et le tsar font alors passer une réforme électorale qui défavorise les partis socialistes dans les élections à la 3e Douma, en donnant plus de poids aux propriétaires terriens et moins aux paysans, accusés d'être « mal dirigés ».

1.3 Troisième Douma

Aux élections à la 3e Douma (novembre 1907), un groupe de bolcheviks (notamment Bogdanov, Pokrovsky, Lounatcharsky, Boubnov) prône le boycott et dénonce tout essai de parlementarisme révolutionnaire en Russie comme une trahison. Il prônait à la place des tentatives d'insurrections. Après l'élection de députés bolchéviks, ce groupe prône leur rappel, suite à quoi on les qualifiera d'otzovistes (« rappel » se dit en russe « otzyv »). Ce groupe scissionnera et finira dans la marginalité, certains rejoingnant les bolchéviks.

La courte majorité derrière Lénine considérait au contraire qu'il fallait participer malgré le tournant réactionnaire :

« Pourquoi la tactique du boycott de la Ill° Douma était-elle erronée ? Parce qu'elle s'appuyait seulement sur l'“éclat” du mot d'ordre de boycott et sur le dégoût provoqué par le caractère très grossièrement réactionnaire de l'“écurie” du 3 juin. Mais la situation objective était que, d'une part, la révolution connaissait un déclin très marqué et continuait à décliner. Pour la relever, un soutien parlementaire (même de l'intérieur d'une “ écurie 3 ”) acquérait une énorme importance politique ; car il n'existait presque plus de moyens de diffusion, de propagande, d'organisation extra parlementaires, ou bien ils étaient extrêmement faibles. D'autre part, le caractère très grossièrement réactionnaire de la Ill° Douma ne l'empêchait pas d'être l'expression des rapports réels entre les classes, à savoir : l'expression de l'alliance réalisée à la Stolypine entre la monarchie et la bourgeoisie. Ce nouveau rapport des classes, le pays devait l'éliminer. »[1]

1.4 Quatrième Douma

L'opposition libérale à la Douma, regroupée dans un "bloc progressiste" autour du Parti constitutionnel démocratique (KD), critiquait non pas la guerre mais l'incapacité du gouvernement tsariste. Elle multipliait donc les appels à un gouvernement de coalition.

En 1912, les bolchéviks deviennent définitivement un parti distinct des menchéviks. Lénine insiste pour que les députés social-démocrates à la Douma forment deux groupes distincts.

Aussitôt après la révolution de Février 1917, c'est un groupe de députés de la Douma (dominé par les libéraux du parti KD) qui forme le gouvernement provisoire. Il est alors convenu de ne plus réunit la Douma, dans l'attente de la constitution des nouvelles institutions.

La Douma d'Etat n'est plus reconnue par la plupart des partis, mais certains de ses membres continuent de se réunir.[2]

La Douma est officiellement dissoute le 6 octobre, en lien avec la préparation officielle des élections à l'Assemblée constituante.

Lénine s'appuira par la suite sur l'expérience des débats autour des Douma lorsqu'il défendra le boycott du pré-parlement, en septembre 1917.[1]

2 Composition

Parti 1ère Douma 2e Douma 3e Douma 4e Douma
Parti ouvrier social-démocrate de Russie 18 (mencheviks) 47 (mencheviks) 19 (bolcheviks) 15 (bolcheviks)
Parti socialiste révolutionnaire 37
Parti du travail 136 104 13 10
Parti progressiste 27 28 28 41
Parti constitutionnel démocratique 179 92 52 57
Groupe national non-russe 121 26 21
Parti du centre 33
Octobristes 17 42 154 95
Nationalistes 60 93 26 22
Conservateurs 8 10 147 154
Total 566 453 465 448

Liste des présidents de la Douma :

Liste des vice-présidents de la Douma :











3 Élections

4 Références

  1. 1,0 1,1 et 1,2 Lénine, Notes d'un publiciste, 1917
  2. Trotsky, Histoire de la révolution russe, 1930