Différences entre les versions de « Pouvoir des travailleur·ses »

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[[File:NousSommesLePouvoirOuvrier.jpg|right|291x201px|NousSommesLePouvoirOuvrier.jpg]]La '''dictature du prolétariat '''est une formule militante employée par [[Karl_Marx|Marx]] à l'encontre de la dictature du capital sous ses différentes façades ([[Démocratie_bourgeoise|démocratie bourgeoise]], [[Fascisme|dictature fasciste]]...). Il s'agirait de la formation d'un nouvel Etat, dit [[Etat_ouvrier|Etat_ouvrier]], où les travailleurs joueraient un rôle actif dans la construction du [[Socialisme|socialisme]] et dans la marche vers le [[Communisme|communisme]].
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[[File:NousSommesLePouvoirOuvrier.jpg|right|291x201px|NousSommesLePouvoirOuvrier.jpg]]La '''dictature du prolétariat '''est une formule militante employée par [[Karl_Marx|Marx]] à l'encontre de la dictature du capital sous ses différentes façades ([[Démocratie_bourgeoise|démocratie bourgeoise]], [[Fascisme|dictature fasciste]]...). Il s'agirait de la formation d'un nouvel Etat, dit [[Etat_ouvrier|Etat ouvrier]], où les travailleurs joueraient un rôle actif dans la construction du [[Socialisme|socialisme]] et dans la marche vers le [[Communisme|communisme]].
  
 
== Origine du thème ==
 
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== Pourquoi la dictature du prolétariat ? ==
 
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Dans son pamphlet ''La Guerre Civile en France'', Karl Marx a renforcé l'idée que l'[[État_bourgeois|État bourgeois]] ne se réforme pas mais doit être brisé et remplacé par d'autres institutions. Après la [[Révolution_socialiste|révolution socialiste]], les travailleurs doivent constituer un nouvel État aux structures pleinement démocratiques, qui coordonneront le pays.
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Dans les premières années de sa vie politique, [[Karl_Marx|Karl Marx]] une vision du rôle historique que peut jouer la classe ouvrière pour renverser la bourgeoisie, mais n'a pas encore d'idée arrêtée sur la forme que prendrait une [[révolution_socialiste|révolution socialiste]], et donc sur son impact sur l'Etat.
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Marx remarque ensuite qu'au travers de la [[Révolution_de_1848_(France)|révolution de 1848]] puis du coup d'Etat de Napoléon III, la machine bureaucratique d'Etat s'est perfectionnée toujours plus. Il soutient que seule la classe ouvrière pourra et devra la ''«&nbsp;briser&nbsp;»''.<ref>Karl Marx, ''[https://www.marxists.org/francais/marx/works/1851/12/brum.htm Le 18 brumaire de L. Bonaparte]'', 1851</ref>
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Dans son pamphlet ''La Guerre Civile en France'', il revient à chaud sur l'expérience de la [[Commune_de_Paris_(1871)|Commune de 1871]], et proclame que l'embryon d'auto-gouvernement de la classe ouvrière à Paris est ''«&nbsp;la forme politique enfin trouvée&nbsp;»''<ref>Karl Marx, ''[https://www.marxists.org/francais/ait/1871/05/km18710530c.htm La guerre civile en France]'', 1871</ref> de la dictature du prolétariat. Pour lui il devient alors très clair que l'[[État_bourgeois|État bourgeois]] ne se réforme pas mais doit être brisé et remplacé par d'autres institutions. Après la [[Révolution_socialiste|révolution socialiste]], les travailleurs doivent constituer un nouvel État aux structures pleinement démocratiques, qui coordonneront le pays.
  
 
Pourquoi&nbsp;? Pour empêcher la [[Bourgeoisie|bourgeoisie]] de s’opposer à la transformation de la société. Il est naïf de croire que la bourgeoisie ne bougera pas le petit doigt quand la [[Classe_ouvrière|classe ouvrière]] procédera à son expropriation. Cette dictature contre les anciennes classes dominantes, cet État sera au service des classes exploitées, dont le fonctionnement sera le fait du plus grand nombre.
 
Pourquoi&nbsp;? Pour empêcher la [[Bourgeoisie|bourgeoisie]] de s’opposer à la transformation de la société. Il est naïf de croire que la bourgeoisie ne bougera pas le petit doigt quand la [[Classe_ouvrière|classe ouvrière]] procédera à son expropriation. Cette dictature contre les anciennes classes dominantes, cet État sera au service des classes exploitées, dont le fonctionnement sera le fait du plus grand nombre.
  
Mais la victoire des forces socialistes ne peut être qu'imminente, et signera dès lors la fin des exploitations et la mise en place, à proprement parler, du [[Communisme|communisme]], sans Etat, ni monnaie ni exploitation. L'égalité sociale, enfin atteinte, signera la fin de la misère dans le monde.
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La victoire de la classe ouvrière signifie la victoire du [[socialisme|socialisme]], c'est-à-dire d'un système dans lequel les grands [[moyens_de_production|moyens de production]] sont gérés démocratiquement par la collectivité, et où la [[planification|planification]] remplace le marché.
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Etant donné que la raison d'être de l'Etat est de maintenir les rapports d'exploitation de la classe dominante, dans le contexte du socialisme, on assiste à une [[extinction_de_l'État|extinction de l'Etat]]. [[Engels|Engels]] reprenait l'idée de [[Saint-Simon|Saint-Simon]] que l'on passe du ''«&nbsp;gouvernement des hommes à l'administration des choses&nbsp;»''.<ref>Friedrich Engels, ''[https://www.marxists.org/francais/marx/80-utopi/utopi-1.htm Socialisme utopique et socialisme scientifique]'', 1878</ref>&nbsp; [[Lénine|Lénine]] disait que l'[[Etat_ouvrier|Etat ouvrier]] n'est plus qu'un ''«&nbsp;[[demi-Etat|demi-Etat]]&nbsp;»''.
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Le socialisme tend de lui-même vers une phase supérieure, le [[communisme|communisme]]. C'est-à-dire une société mondiale sans [[Classe_sociale|classe]], sans [[exploitation|exploitation]], sans [[impérialisme|impérialisme]], sans [[Etat|Etat]].
  
 
== La révolution russe de 1917 ==
 
== La révolution russe de 1917 ==
  
La [[Révolution_russe_(1917)|révolution d'Octobre 1917]] rétablit la première dictature du prolétariat de l'Histoire.
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Après l'expérience de la [[Commune_de_Paris_(1871)|Commune de Paris de 1871]], la [[Révolution_russe_(1917)|révolution d'Octobre 1917]] est la première dictature du prolétariat de l'Histoire qui s'étend à tout un pays.
  
 
Lénine écrivit&nbsp;:
 
Lénine écrivit&nbsp;:
<blockquote>«&nbsp;La démocratie prolétarienne est un million de fois plus démocratique que n'importe quelle démocratie bourgeoise&nbsp;; le pouvoir des [[Soviets|soviets]] est des millions de fois plus démocratique que la plus démocratique des républiques bourgeoises... Parmi les pays bourgeois les plus démocratiques, en est-il un seul dans le monde où, dans sa masse, l'ouvrier moyen, le salarié agricole moyen ou, en général, le semi-prolétaire des campagnes, c'est-à-dire le représentant de la masse opprimée, de l'énorme majorité de la population, jouissent, ne serait-ce qu'à peu près, d'une liberté aussi grande qu'en Russie soviétique d'organiser des réunions, dans les meilleurs locaux, d'une liberté aussi grande d'avoir, pour exprimer leurs idées, défendre leurs intérêts, les plus grandes imprimeries et les meilleurs stocks de papier&nbsp;; d'une liberté aussi grande d'appeler justement des hommes de leur classe à gouverner et à "policer" l'État&nbsp;?&nbsp;»<br/></blockquote>
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<blockquote>«&nbsp;La démocratie prolétarienne est un million de fois plus démocratique que n'importe quelle démocratie bourgeoise&nbsp;; le pouvoir des [[Soviets|soviets]] est des millions de fois plus démocratique que la plus démocratique des républiques bourgeoises... Parmi les pays bourgeois les plus démocratiques, en est-il un seul dans le monde où, dans sa masse, l'ouvrier moyen, le salarié agricole moyen ou, en général, le semi-prolétaire des campagnes, c'est-à-dire le représentant de la masse opprimée, de l'énorme majorité de la population, jouissent, ne serait-ce qu'à peu près, d'une liberté aussi grande qu'en Russie soviétique d'organiser des réunions, dans les meilleurs locaux, d'une liberté aussi grande d'avoir, pour exprimer leurs idées, défendre leurs intérêts, les plus grandes imprimeries et les meilleurs stocks de papier&nbsp;; d'une liberté aussi grande d'appeler justement des hommes de leur classe à gouverner et à "policer" l'État&nbsp;?&nbsp;»<ref>Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1918/11/vl19181110c.htm La révolution prolétarienne et le rénégat Kautsky]'', 1918</ref><br/></blockquote>
Sous [[Lénine|Lénine]], c'était bien la dictature du prolétariat qui était établi. Cette dictature se présentait comme une démocratie large, riche, complète pour le prolétariat, qui disposait alors de tous les moyens pour exercer tout le pouvoir.&nbsp;Mais, par la suite, le régime soviétique a vu apparaître, dans ses organes dirigeants, une caste de bureaucrates
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Sous [[Lénine|Lénine]], c'était bien la dictature du prolétariat qui était établi. Cette dictature se présentait comme une démocratie large, riche, complète pour le prolétariat, qui disposait alors de tous les moyens pour exercer tout le pouvoir.&nbsp;Mais, par la suite, le régime soviétique a vu apparaître, dans ses organes dirigeants, une caste de bureaucrates.
  
 
Il n'y eut plus aucune liberté pour la classe ouvrière ni pour personne sous la [[Stalinisme|dictature stalinienne]].
 
Il n'y eut plus aucune liberté pour la classe ouvrière ni pour personne sous la [[Stalinisme|dictature stalinienne]].

Version du 8 avril 2016 à 23:48

NousSommesLePouvoirOuvrier.jpg

La dictature du prolétariat est une formule militante employée par Marx à l'encontre de la dictature du capital sous ses différentes façades (démocratie bourgeoise, dictature fasciste...). Il s'agirait de la formation d'un nouvel Etat, dit Etat ouvrier, où les travailleurs joueraient un rôle actif dans la construction du socialisme et dans la marche vers le communisme.

1 Origine du thème

Il s'agit d'une formulation militante de Marx. Le prolétariat est la classe sociale qui ne possède pas d'instruments de travail pour vivre. Quant au thème de dictature, Marx l'emploie non pas au sens moderne (nazisme, stalinisme, etc...), mais dans le sens employé sous l'empire romain : Marx disait que la démocratie des citoyens romains, comme la dictature d'un empereur sur les citoyens romains, reposaient l'une et l'autre, de toute façon, sur la dictature - démocratique ou autocratique - des esclavagistes sur les esclaves.

2 Pourquoi la dictature du prolétariat ?

Dans les premières années de sa vie politique, Karl Marx une vision du rôle historique que peut jouer la classe ouvrière pour renverser la bourgeoisie, mais n'a pas encore d'idée arrêtée sur la forme que prendrait une révolution socialiste, et donc sur son impact sur l'Etat.

Marx remarque ensuite qu'au travers de la révolution de 1848 puis du coup d'Etat de Napoléon III, la machine bureaucratique d'Etat s'est perfectionnée toujours plus. Il soutient que seule la classe ouvrière pourra et devra la « briser ».[1]

Dans son pamphlet La Guerre Civile en France, il revient à chaud sur l'expérience de la Commune de 1871, et proclame que l'embryon d'auto-gouvernement de la classe ouvrière à Paris est « la forme politique enfin trouvée »[2] de la dictature du prolétariat. Pour lui il devient alors très clair que l'État bourgeois ne se réforme pas mais doit être brisé et remplacé par d'autres institutions. Après la révolution socialiste, les travailleurs doivent constituer un nouvel État aux structures pleinement démocratiques, qui coordonneront le pays.

Pourquoi ? Pour empêcher la bourgeoisie de s’opposer à la transformation de la société. Il est naïf de croire que la bourgeoisie ne bougera pas le petit doigt quand la classe ouvrière procédera à son expropriation. Cette dictature contre les anciennes classes dominantes, cet État sera au service des classes exploitées, dont le fonctionnement sera le fait du plus grand nombre.

La victoire de la classe ouvrière signifie la victoire du socialisme, c'est-à-dire d'un système dans lequel les grands moyens de production sont gérés démocratiquement par la collectivité, et où la planification remplace le marché.

Le socialisme transforme en profondeur l'humanité, faisant disparaître les classes sociales. Les différences d'intérêt majeures disparaissent, les individus et les collectifs s'épanouissent librement. Dans un contexte où les mentalités atteignent un stade supérieur, et où l'abondance relative de biens matériels est assurée, la distribution des biens peut se détacher de tout critère méritocratique. Concrètement, les services et les biens sont distribués de plus en plus en fonction des besoins, et non plus en fonction du travail accompli (chacun contribuant à hauteur de ses capacités). C'est ce que Marx synthétisait dans la formule « de chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins ».

Etant donné que la raison d'être de l'Etat est de maintenir les rapports d'exploitation de la classe dominante, dans le contexte du socialisme, on assiste à une extinction de l'Etat. Engels reprenait l'idée de Saint-Simon que l'on passe du « gouvernement des hommes à l'administration des choses ».[3]  Lénine disait que l'Etat ouvrier n'est plus qu'un « demi-Etat ».

Le socialisme tend de lui-même vers une phase supérieure, le communisme. C'est-à-dire une société mondiale sans classe, sans exploitation, sans impérialisme, sans Etat.

3 La révolution russe de 1917

Après l'expérience de la Commune de Paris de 1871, la révolution d'Octobre 1917 est la première dictature du prolétariat de l'Histoire qui s'étend à tout un pays.

Lénine écrivit :

« La démocratie prolétarienne est un million de fois plus démocratique que n'importe quelle démocratie bourgeoise ; le pouvoir des soviets est des millions de fois plus démocratique que la plus démocratique des républiques bourgeoises... Parmi les pays bourgeois les plus démocratiques, en est-il un seul dans le monde où, dans sa masse, l'ouvrier moyen, le salarié agricole moyen ou, en général, le semi-prolétaire des campagnes, c'est-à-dire le représentant de la masse opprimée, de l'énorme majorité de la population, jouissent, ne serait-ce qu'à peu près, d'une liberté aussi grande qu'en Russie soviétique d'organiser des réunions, dans les meilleurs locaux, d'une liberté aussi grande d'avoir, pour exprimer leurs idées, défendre leurs intérêts, les plus grandes imprimeries et les meilleurs stocks de papier ; d'une liberté aussi grande d'appeler justement des hommes de leur classe à gouverner et à "policer" l'État ? »[4]

Sous Lénine, c'était bien la dictature du prolétariat qui était établi. Cette dictature se présentait comme une démocratie large, riche, complète pour le prolétariat, qui disposait alors de tous les moyens pour exercer tout le pouvoir. Mais, par la suite, le régime soviétique a vu apparaître, dans ses organes dirigeants, une caste de bureaucrates.

Il n'y eut plus aucune liberté pour la classe ouvrière ni pour personne sous la dictature stalinienne.

4 Notes et sources