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| Dans le Lancashire, au début des années 1930, il côtoie de près les ouvriers de la ville « rouge » de Nelson<ref>{{harvsp|Renault|2015|p=47}}</ref> et évolue rapidement vers la gauche. Se retrouvant à Paris pour faire de la recherche pour son livre sur [[Toussaint Louverture]], il est témoin des [[Crise du 6 février 1934|événements de février 1934]], et devient convaincu que l'[[Internationale communiste]] sous [[Staline]] est une force contre-révolutionnaire. | | Dans le Lancashire, au début des années 1930, il côtoie de près les ouvriers de la ville « rouge » de Nelson<ref>{{harvsp|Renault|2015|p=47}}</ref> et évolue rapidement vers la gauche. Se retrouvant à Paris pour faire de la recherche pour son livre sur [[Toussaint Louverture]], il est témoin des [[Crise du 6 février 1934|événements de février 1934]], et devient convaincu que l'[[Internationale communiste]] sous [[Staline]] est une force contre-révolutionnaire. |
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− | D'abord membre du [[Parti travailliste (Royaume-Uni)|parti travailliste]], il rejoint rapidement un petit groupe [[Trotskisme|trotskiste]], le Marxist Group, qui pratique l'entrisme dans l'[[Parti travailliste indépendant|Independent Labour Party]]. En 1937, il publie ''World Revolution, 1917-1936: The Rise and Fall of the Communist International'', une étude remarquée, entre autres, par [[Léon Trotsky]] et [[George Orwell]] (lui-même pendant un temps membre de l'Independent Labour Party). Après avoir quitté l'ILP, le groupe de James fusionne en 1938 avec d'autres organisations pour former la « Revolutionary Socialist League ». | + | D'abord membre du [[Parti travailliste (Royaume-Uni)|parti travailliste]], il rejoint rapidement un petit groupe [[Trotskisme|trotskiste]], le Marxist Group, qui pratique l'entrisme dans l'[[Parti travailliste indépendant|Independent Labour Party]]. En 1937, il publie ''World Revolution, 1917-1936: The Rise and Fall of the Communist International'', une étude remarquée, entre autres, par [[Léon Trotski]] et [[George Orwell]] (lui-même pendant un temps membre de l'Independent Labour Party). Après avoir quitté l'ILP, le groupe de James fusionne en 1938 avec d'autres organisations pour former la « Revolutionary Socialist League ». |
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| Pendant ces années, il se fait remarquer en tant que défenseur des droits des peuples colonisés. En 1935, il devient président d'une association de défense de l'indépendance de l'[[Abyssinie]] (actuellement l'Éthiopie), victime de l'agression de l'[[Fascisme italien|Italie mussolinienne]]. Il est également actif au sein de l'« International African Service Bureau ». | | Pendant ces années, il se fait remarquer en tant que défenseur des droits des peuples colonisés. En 1935, il devient président d'une association de défense de l'indépendance de l'[[Abyssinie]] (actuellement l'Éthiopie), victime de l'agression de l'[[Fascisme italien|Italie mussolinienne]]. Il est également actif au sein de l'« International African Service Bureau ». |
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| ===La question noire aux États-Unis=== | | ===La question noire aux États-Unis=== |
− | En 1938, James part militer aux [[États-Unis]], devenant un spécialiste de la « question noire » au sein du mouvement trotskiste<ref>{{harvsp|Renault|2015|p=87}}</ref> (notamment via ses débats avec [[Léon Trotsky]] qu'il rencontra en avril 1939 sur ce thème<ref>{{harvsp|Renault|2015|p=84}})</ref>). En avril 1940, il rompt avec le principal groupe trotskiste américain, le [[Parti socialiste des travailleurs (États-Unis)|Socialist Workers Party]] (SWP) et adhère au Workers Party (WP) de [[Max Shachtman]], formant la [[tendance Johnson-Forest]] avec [[Raya Dunayevskaya]], ex-secrétaire de Trotsky. À cette époque, il développe une version de la théorie selon laquelle l'[[Union soviétique]] n'était pas un « [[État ouvrier dégénéré]] » (position défendue par les trotskistes orthodoxes) ou un [[collectivisme bureaucratique]] mais une forme de « [[capitalisme d'État]] »<ref>{{harvsp|Renault|2015|p=102}}</ref>, analyse qui avait été proposée initialement par [[Boris Souvarine]] dans sa biographie sur Staline publiée en 1935 et dont James avait assuré la traduction en langue anglaise en 1939<ref>{{harvsp|Renault|2015|p=55}}</ref>. | + | En 1938, James part militer aux [[États-Unis]], devenant un spécialiste de la « question noire » au sein du mouvement trotskiste<ref>{{harvsp|Renault|2015|p=87}}</ref> (notamment via ses débats avec [[Léon Trotski]] qu'il rencontra en avril 1939 sur ce thème<ref>{{harvsp|Renault|2015|p=84}})</ref>). En avril 1940, il rompt avec le principal groupe trotskiste américain, le [[Parti socialiste des travailleurs (États-Unis)|Socialist Workers Party]] (SWP) et adhère au Workers Party (WP) de [[Max Shachtman]], formant la [[tendance Johnson-Forest]] avec [[Raya Dunayevskaya]], ex-secrétaire de Trotski. À cette époque, il développe une version de la théorie selon laquelle l'[[Union soviétique]] n'était pas un « [[État ouvrier dégénéré]] » (position défendue par les trotskistes orthodoxes) ou un [[collectivisme bureaucratique]] mais une forme de « [[capitalisme d'État]] »<ref>{{harvsp|Renault|2015|p=102}}</ref>, analyse qui avait été proposée initialement par [[Boris Souvarine]] dans sa biographie sur Staline publiée en 1935 et dont James avait assuré la traduction en langue anglaise en 1939<ref>{{harvsp|Renault|2015|p=55}}</ref>. |
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| Jugeant le WP {{citation|de plus en plus imprégné par le « conservatisme » et le « pragmatisme »}}<ref name="Renault 110">{{harvsp|Renault|2015|p=110}}</ref>, le groupe de James ré-adhère au SWP en 1947. Trois ans plus tard, alors que le mouvement trotskiste international est en crise, la tendance Johnson-Forest critique la notion de parti d'[[avant-garde]] et affirme que {{citation|le « parti léniniste en 1950 » doit être la pure « expression de la mobilisation prolétarienne de masse »}}<ref>{{harvsp|Renault|2015|p=116-117}}</ref>. | | Jugeant le WP {{citation|de plus en plus imprégné par le « conservatisme » et le « pragmatisme »}}<ref name="Renault 110">{{harvsp|Renault|2015|p=110}}</ref>, le groupe de James ré-adhère au SWP en 1947. Trois ans plus tard, alors que le mouvement trotskiste international est en crise, la tendance Johnson-Forest critique la notion de parti d'[[avant-garde]] et affirme que {{citation|le « parti léniniste en 1950 » doit être la pure « expression de la mobilisation prolétarienne de masse »}}<ref>{{harvsp|Renault|2015|p=116-117}}</ref>. |