Différences entre les versions de « Classes sociales »

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On entend souvent dire que les classes sociales n’existent plus, que c’est une vieille notion ; que maintenant il y a les classes moyennes, les exclus, les salariés actionnaires et que donc on ne peut plus parler de classes sociales.  
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[[File:Wrongsidecapitalism.jpg|right|230x172px|Sur le muret : Tous les jours je me réveille du mauvais côté du capitalisme.]]
  
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Les '''classes sociales''' sont un groupe social qui se [[Reproduction_sociale|reproduit de génération en génération]], ce qui est à la source de l'[[Inégalités_sociales|inégalité sociale]]. Pour les [[Marxistes|marxistes]], les classes sociales sont déterminées fondamentalement par leur position par rapport aux [[Moyens_de_production|moyens de production]] (propriétaires ou dépossédés).
  
Un des meilleurs démentis à ces rengaines, ce sont les luttes qui continuent et qui même augmentent. Les patrons n’ont de cesse de remettre en cause les acquis sociaux ou tout simplement le droit des salarié(e)s pour se faire un maximum de fric. Ils ont une stratégie et ce même au niveau international. Pour s'en convaincre il suffit d’observer l’UE, le FMI, la Banque Mondiale…
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==Définition==
  
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===Classe en soi===
  
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La classe en soi est définie objectivement par les rapports de productions. Ainsi, l'appartenance à la [[Classe_ouvrière|classe ouvrière]] est basée sur le fait que l'ouvrier ne possède que sa force de production à vendre, et le bourgeois est détenteur de moyens de productions. Le mode d'acquisition des richesses compte aussi ([[Héritage|héritage]], [[Exploitation|exploitation]]...).
  
Face à cela, les travailleurs se battent et refusent de se résoudre à laisser faire. Par conséquent, deux camps dont les intérêts s’opposent continuent d’exister. <br>
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Les principales classes sociales définissables sont&nbsp;:
  
== Une classe hétérogène mais une classe quand même<br>  ==
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*[[Aristocratie_financière|l'aristocratie financière]]
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*[[Bourgeoisie_industrielle|la bourgeoisie industrielle]]
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*[[Bourgeoisie_commerçante|la bourgeoisie commerçante]]
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*[[Petite-bourgeoisie|la petite-bourgeoisie]]
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*[[Paysannerie|la paysannerie]]
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*[[Prolétariat|le prolétariat]]
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*[[Lumpenprolétariat|le lumpenprolétariat]]
  
Alors oui, contrairement à un certain discours dominant, la société est toujours divisée en classes sociales distinctes et aux intérêts divergents. Car les bases de cette division existent encore. Depuis que l’humanité a été capable de produire plus qu’il ne lui fallait pour survivre et qu’une minorité d’hommes s’est accaparée ce “surproduit social”, l’humanité a toujours été divisée entre dominants et dominés, exploités et exploiteurs. Ces derniers se rassemblent au sein de groupes plus ou moins homogènes appelé classes sociales. Ces classes sociales, à travers l’histoire (aristocratie, esclaves, serfs, bourgeois, prolétaires) sont fondamentalement définies par la place qu’elles occupent dans le système de production. Si telle ou telle classe (ou groupes de classes) détient le pouvoir économique, elle occupe également le pouvoir politique. Pour maintenir leur pouvoir, les classes dominantes ont toujours dû perpétuer coûte que coûte une domination politique et idéologique à l’égard de ceux qui sont dépossédés des moyens de produire.<br>Cette division entre exploités et exploiteurs permet d’expliquer les causes réelles et profondes des luttes, des guerres, des révolutions ou autres bouleversements qu’a connu l’histoire de l’humanité. Ce n’est pas par hasard que Marx estimait que la lutte des classes est le moteur de l’Histoire et que cette dernière était pour l’essentiel l’histoire des luttes entre les différentes classes sociales. Car de tous les temps, les opprimés et exploités se sont révoltés contre leur domination (les révoltes d’esclaves, comme celle de Spartacus, celles des serfs au Moyen Age et aujourd’hui, la lutte des travailleurs). La lutte des classes à donc une base objective, concrète, ce ne sont pas les révolutionnaires qui l’ont inventé!<br>Cela dis toutes les catégories de la classe ouvrière n'ont pas le même poids social et politique, la même place dans les luttes et la stratégie révolutionnaire (grandes concentrations ouvrières riches de traditions de luttes // petites concentrations, sans histoire de luttes).<br>Notre définition large de la classe ouvrière va de pair avec la reconnaissance de l'hétérogénéité de cette classe ouvrière et donc de la nécessiter de prendre en compte sa diversité et ses contradictions.<br>Cette unité de la classe ouvrière n’est pas pour nous (malheureusement) naturelle mais une construction consciente qui est un des objectif de notre combat politique<br>
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===Classe pour soi===
  
== A quoi correspondent les classes sociales dans le système capitaliste&nbsp;?  ==
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Spontanément, la classe ouvrière n'a pas conscience d'être une classe. Elle a d'abord tendance à penser suivant l'idéologie dominante&nbsp;: celle de la bourgeoisie. Mais cette domination idéologique n'est pas absolue et comporte bien des fragilités, qui deviennent particulièrement visibles en temps de crise.
  
Lénine distingue les classes par&nbsp;:<br>• Leur rapport vis à vis des moyens de production. En possèdent ils&nbsp;? un peu&nbsp;? Beaucoup&nbsp;? Pas du tout&nbsp;?<br>• Leur rôle dans l’organisation sociale du travail. Salariés ou propriétaires&nbsp;?<br>• Le mode d’obtention et la part de richesses sociales dont ils disposent. Ont ils hérités&nbsp;? sont ils rentiers&nbsp;?<br>
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La notion de "classe pour soi" désigne donc le processus ''conscient'' de formation de la [[Conscience_de_classe|conscience de classe]].
  
== Le prolétariat  ==
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==Origine==
  
Ce que l’on appelle la classe ouvrière, ou le prolétariat c’est l’ensemble des gens obligés de vendre leur force de travail pour vivre, qui ne deviendront jamais propriétaires des moyens de production. Et ceux et celle qui en ont vécu (retraités) et ceux qui en vivront (jeunes, chômeurs..). On distingue&nbsp;:<br>• Le prolétariat productif qui crée de la valeur nouvelle et donc de la plus-value. On le trouve dans les usines, chantiers, mines, transports, agriculture<br>• Le prolétariat non productif qui doit vendre lui aussi sa force de travail comme marchandise mais qui ne crée pas directement de la plus-value. Il y a deux catégories dans cette partie:<br>• Les employés du commerce, de l’industrie, des assurances, des banques etc… Ils permettent soit la création de valeur par d’autres prolétaires, soit la réalisation des profits, soit leur partage entre capitalistes.<br>• Les employés des administrations, services publics<br>Remarque&nbsp;: certains salariés de l'industrie, comme les ingénieurs ou les cadres ne possèdent pas non plus leur outil de travail. Mais leurs salaires et leurs fonctions dans les entreprises les rangent plus souvent dans le camp des patrons que dans celui des prolétaires. Pourtant aujourd'hui la catégorie des cadres n'est plus homogène, une partie de plus en plus grande se prolétarise. C'est-à-dire que ses conditions de travail sont régies par le capital: horaires, division et intensité du travail alors que la participation au profit est de plus en plus limitées. Par ailleurs dans des entreprise de plus en plus nombreuses la grande majorité du personnel est composée de cadres, ce qui les amène à des comportements proches de la classe ouvrière: syndicalisme, actions collectives. Seuls les cadres dits supérieurs échappent au processus.<br>
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===Origine de la division en classes===
  
== La bourgeoisie  ==
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Depuis que l’humanité a été capable de produire plus qu’il ne lui fallait pour survivre et qu’une minorité d’hommes s’est accaparée ce “surproduit social”, l’humanité a toujours été divisée entre dominants et dominés, exploités et exploiteurs. Ces derniers se rassemblent au sein de groupes plus ou moins homogènes appelé classes sociales. Ces classes sociales, à travers l’histoire (aristocratie, esclaves, serfs, bourgeois, prolétaires) sont fondamentalement définies par la place qu’elles occupent dans le système de production. Si telle ou telle classe (ou groupes de classes) détient le pouvoir économique, elle occupe également le pouvoir politique. Pour maintenir leur pouvoir, les classes dominantes ont toujours dû perpétuer coûte que coûte une domination politique et idéologique à l’égard de ceux qui sont dépossédés des moyens de produire.
  
• C’est l’ensemble des propriétaires des moyens de production<br>• C’est une classe très diversifiée. S’y rattachent les administrateurs de sociétés, cadres sup., qui ont de hauts salaires et des modes de vie identique à celui des patrons.<br>Même s’ils sont en permanence en concurrence entre eux, car ils cherchent sans cesse à être plus riche que leurs voisins bourgeois, ils savent qu’ils ont des intérêts communs qui s’opposent aux intérêts du prolétariat<br>Il existe une petite bourgeoisie&nbsp;:<br>• Les artisans, petits commerçants, petits propriétaires&nbsp;: possèdent moyens de production mais les utilisent eux-mêmes et ils n’ont que peu voire pas d’employés.<br>• Les professions libérales&nbsp;: médecins, avocats notaires<br>De la petite à la grande bourgeoisie, ils ont tous en commun de vivre de l'exploitation du travail des autres. Les uns exploitent directement leur personnel dans leur entreprise (petite ou grande), les autres récupèrent les salaires et font des bénéfices, en vendant (ou louant) aux travailleurs les produits, logements et services dont ils ont besoin pour vivre.<br>Pour nous, le concept de classe sert à identifier les forces sociales fondamentales dont le conflit constitue la force motrice de l’histoire&nbsp;: ce que l’on appelle la lutte de classes. En effet il existe de manière historique et dans notre réflexion un lien très fort entre la classe ouvrière et la lutte pour le socialisme. <br>
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===Origine du concept===
  
== La réalité de la classe ouvrière aujourd'hui ==
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La division de la société en classes dans la société issue de la révolution industrielle apparaissait clairement, y compris aux penseurs bourgeois. Marx disait lui même en 1852&nbsp;:
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«&nbsp;Ce n'est pas à moi que revient le mérite d'avoir découvert ni l'existence des classes dans la société moderne, ni leur lutte entre elles. Bien longtemps avant moi, des historiens bourgeois avaient décrit l'évolution historique de cette lutte des classes, et des économistes bourgeois en avaient analysé l'anatomie économique.&nbsp;»<ref>[[Karl Marx]], [http://www.marxists.org/francais/marx/works/1852/03/km18520305.htm Lettre à J.Weydemeyer], 5 mars 1852</ref>
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==Des classes en mouvements==
  
Depuis quelque temps certains sociologue, politologue ou journaliste voir encore plus marrant des patrons et des ténors de la droite et de la gauche libérale essayent de nous faire croire que la classe ouvrière n’existe plus. Alors est ce que la classe ouvrière a réellement disparu?<br>Les Statistiques de l’INSEE sont éclairantes même si les définitions des catégories socioprofessionnelles utilisées ne recoupent pas la définition marxiste.<br>Les ouvriers au sens le plus restrictif sont aujourd’hui environ 7 millions en France, soit a peu près 27% de la population active et les employés sont environ 7.8 millions soit 30% de la même population active. A cela s'ajoute les chômeurs et les retraités... et une bonne partie de ceux que l'INSEE classe comme «&nbsp;cadres&nbsp;» ou profession intermédiaires.<br>Au total le salariat, la classe ouvrière au sens large représente entre 70 et 80% de la population adulte. C’est donc encore de loin la force sociale majoritaire dans la société. Nous sommes donc loin de sa «&nbsp;disparition&nbsp;».<br>Alors pourquoi se sentiment d’appartenir à une classe à tendance à disparaître pour le prolétariat? Voici quelques raisons&nbsp;:<br>• D’abord, les attaques des capitalistes remettant en cause les acquis se sont multipliés et continuent. Les politiques de Reagan et Thatcher ont lancé cette vague ultra libérale et ont provoqué des luttes très dures qui ont souvent débouché sur des défaites. La montée du capitalisme a été accompagnée d’une montée de l’individualisme face à la misère et à la précarité. Ex&nbsp;: mineurs en Angleterre qui ont été réprimés de façon très virulente<br>• Aussi, en développant la flexibilité les capitalistes ont répondu à deux choses&nbsp;: à la fois, cela leur permet de faire plus de profit, mais aussi, ça empêche les travailleurs de se rencontrer et donc de s’organiser&nbsp;:Ex&nbsp;: Mac Do&nbsp;: Tu finis de bosser, on te relaye, tu ne te retrouve jamais avec tout tes collègues réunis et vu les<br>horaires d’ouverture, tu ne peux te réunir que de 1h à 8h30 du matin avec tout le monde (ce qui revient à dire jamais…)<br>• Ensuite les partis socialistes et ses partis de gouvernement (Verts, PC…) ont été intégrées au processus et ont menés des politiques antisociales ce qui a amené un brouillage important des cartes politiques. En France les politiques menés par le PS et les réformistes de la gauche pluriel ont amené autant de privatisation, d’attaque contre les immigrés etc… que des gouvernements défendant les intérêts de la bourgeoisie.<br>• L’effondrement de l’ex bloc de l’est et la mise a nu de la réalité sociale de ces pays à fait aussi disparaître pour des milliers de personnes toutes perspective de changement de monde. .<br>• Enfin, les directions syndicales n’ont pas cherché à construire un rapport de force permettant de satisfaire les revendications des travailleurs, étant de plus en plus intégrées à l’appareil d’Etat<br>Tout ceci explique que l'offensive idéologique capitaliste ait rencontré un certains succès: Quand les luttes collectives échouent, il est plus facile de persuader les gens que les solutions sont individuelles et que chacun à sa chance. De toute façon la conscience de la classe ouvrière est une construction permanente et n'est jamais définitivement acquise. Néanmoins, depuis le début des années 90&nbsp;: la conscience de classe ce reconstruit et c’est une de nos tâches essentielles que de pousser à cela. C’est par l’intermédiaire des luttes que les travailleurs prennent conscience qu’ils sont dans le même bateau.<br>Comme nous l’avons vue précédemment la classe ouvrière reste dominante dans notre société ce n'est donc pas un problème sociologique mais sociale et politique. Nous avons vu quelques raisons en voici d’autres qui reviennent souvent dans les discussions et qui provoque une division importante:<br>• Eclatement entre travailleurs secteur privé et public<br>• Eclatement entre travailleurs à statuts différents et précaires (CDI//CDDD/Intérimaires…)<br>• Eclatement entre actif et chômeur<br>• Eclatement entre travailleurs qualifié et non qualifié<br>• Eclatement entre français et immigrés<br>• Sans oublier l éclatement entre les hommes et les femmes.<br>Même si cet éclatement existait avant les années 70, la division de la classe ouvrière s’est considérablement accrue depuis. Il n’y avait pas d’âge d’or avant car elle était déjà très hétérogène mais le mouvement ouvrier (syndicat et parti) assurait son unité et une certaine identification collective. Les travailleurs avaient conscience d’appartenir à la même catégorie sociale, occupant la même place dans les rapports de production et d’exploitation. Cette conscience était porteuse d’un projet de transformation collective de la société.<br>Donc le principal problème c’est la crise du mouvement ouvrier comme expression collective du salariat, de son organisation et de son projet de transformation de la société et c’est la dessus que les socilogues et autre affabulateur s’appuie pour dire que la classe ouvrière a disparu.<br>Pour Conclure&nbsp;:<br>• Les classes sociales existent toujours, leurs intérêts s’opposent et restent inconciliables.<br>• La bourgeoisie étant organisée et ayant conscience d’avoir des intérêts communs, il est nécessaire d’organiser les salariés en reconstruisant la conscience d’être une classe, d’avoir des intérêts communs&nbsp;: C'est-à-dire la conscience de classe.<br>• Enfin, le prolétariat&nbsp;:<br>- Puisqu’il fait tourner la société en produisant toutes les richesses.<br>- Puisqu’il constitue la grande majorité de la population.<br>- Puisqu’il est concentré dans les villes ou dans une entreprise et que donc il est lié, qu’il discute de ses problèmes et se rend compte qu’il a les mêmes que ses collègues&nbsp;: il a par conséquent la capacité de s’organiser<br>• Pour toutes ces raisons, seul le prolétariat est donc capable de mener la bataille pour une transformation révolutionnaire de la société <br>
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Au cours de la période contemporaine, on a souvent pu entendre dire que les classes sociales n’existeraient plus. Au pretexte que beaucoup de changements formels seraient apparus, tout serait brouillé&nbsp;: maintenant il y a les [[Classes_moyennes|classes moyennes]], les exclus, les salariés actionnaires... Cette idée, évidemment pratique pour la stabilité du système établi, est contraire à toute analyse sérieuse des faits. Son origine est surtout dans la période "magique" 45-75 qui marque encore les esprits de toutes sortes d'illusions sur le capitalisme. Mais la réalité leur donne chaque jour un plus cruel démenti.
  
== La lutte de classe et les autres conflits structurants  ==
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==="30 Glorieuses", un compromis précaire===
  
La Lutte des classes (conflit entre le travail et le capital, lutte collective contre le patronat et l’état à son service) continue aujourd’hui de structurer les luttes politiques et sociales. Les différentes oppressions ne se réduisent pas à l’exploitation capitaliste même si ces formes d’oppressions sont largement déterminées par elle.<br>Les «&nbsp;nouveaux mouvements sociaux&nbsp;» ont imposé l’idée que la résistance au système et la lutte pour une autre société ne se limitait pas à la lutte «&nbsp;patrons-ouvriers&nbsp;» mais qui y avait d’autres champs de lutte et que donc il n’était pas juste d’établir une hiérarchie entre les luttes. Même si la lutte des classes traditionnels «&nbsp;patrons-ouvriers&nbsp;» reste celle qui détermine presque toutes les autres.<br>Cela nous a amené à ne plus penser que la révolution socialiste et la prise du pouvoir par les travailleurs était la condition nécessaire et suffisante pour en finir avec toutes les oppressions et maux de la société&nbsp;: sexisme, racisme, destruction de la terre…<br>Cette approche nous différencie du reste de l’extrême gauche repose sur 3 constats&nbsp;:<br>• Les diverses oppressions (notamment l’oppression des femmes) ne sont pas réductibles à l’exploitation capitalistes ni même à la division de la société en classes sociales.<br>• Le mouvement ouvrier s’est montré incapable de reprendre à son compte ces aspirations et ces revendications<br>• Une révolution socialiste est une condition nécessaire pour en finir avec les oppressions. Mais rien ne prouve qu’elle soit une condition suffisante. Un combat politique, idéologique, d’éducation restera nécessaire.<br>Pour autant, la lutte de classe conserve un aspect central. <br>
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La période des [[30_Glorieuses|30 Glorieuses]] , au sortir de la [[Seconde_guerre_mondiale|seconde guerre mondiale]] , a créé des conditions d'accum ulation particulièrement favorables pour le capitalisme, et dans le même temps la pression des organisations ouvrières était suffisamment forte (dans les pays occidentaux) pour exiger un minimum de répartition.<br /> Durant cette période de croissance forte et prolongée, l'idée de prolétariat a peu à peu laissé place à une vague notion de [[Classe_moyenne|classe moyenne]] et surtout à beaucoup d'illusions sur la fin des antagonismes (ascenseur social...).
  
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[[Category:Classes_sociales]][[Category:Bases_théoriques]]
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La [[Période_1970-2010|période 1970-2010]] est un peu le retour de bâtons pour tous ceux qui plaçaient de faux espoirs dans ce système. Les dirigeants sont clairement à l'offensive à l'échelle mondiale. Du côté des exploités, la [[Conscience_de_classe|conscience de classe]] est certes plus que jamais en berne. Mais qui s'aventurerait à nier l'existence de la [[Bourgeoisie|bourgeoisie]]&nbsp;? Il n'y a qu'à observer comment elle s'organise à l'échelle nationale ([[MEDEF|MEDEF]], Elysée...), à l'échelle européenne ([[Union_Européenne|UE]]...), ou encore à l'échelle mondiale ([[Organisation_Mondiale_du_Commerce|OMC]], [[Banque_Mondiale|Banque Mondiale]], [[Fond_Monétaire_International|FMI]]...) pour cadrer ses attaques sur les droits des salariés...
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Cela amène même Warren Buffet - la seconde fortune états-unienne - à dire&nbsp;:
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«&nbsp;Il y a une guere de classes, bien sûr, mais c'est ma classe, celle des riches, qui mène cette guerre, et nous sommes en train de la gagner&nbsp;» <ref>[http://www.nytimes.com/2006/11/26/business/yourmoney/26every.html?_r=1&amp;amp;amp;amp;amp;amp;amp;ex=1165554000&amp;amp;amp;amp;amp;amp;amp;en=02ed48ae1473efe0&amp;amp;amp;amp;amp;amp;amp;ei=5070 New York Times, 26 novembre 2006]</ref>
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Cependant la meilleure des répliques n'est pas dans un argumentaire mais dans la réalité&nbsp;: avec la grave [[Crise_de_2007-2010|crise mondiale de 2007-2010]], les attaques aussi bien que les répliques des salariés s'accentuent, entraînant par là une polarisation de plus en plus visible des antagonismes de classe. A tel point que les travailleur-se-s croient de moins en moins à "l'ascenseur social". Par exemple un sondage montre que les trois quart des Français de moins de 30 ans pensent que les jeunes ne sont pas égaux dans l'accès à l'emploi ou au logement.<ref>http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2014/02/27/01016-20140227ARTFIG00002-les-jeunes-ne-croient-plus-a-l-ascenseur-social.php</ref>
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''«&nbsp;Interrogés sur les causes de ces inégalités, les Français mettent en avant le déterminisme social: l'éducation reçue par les parents (84%), leur revenu (78%), l'endroit où l'on a grandi (73%) arrivent bien loin devant «les qualités ou défauts naturels des uns et des autres» (56%). Des perceptions à mettre là encore en lien avec l'enquête «Génération quoi», dans laquelle seuls 25% des 18-25 ans disent avoir la conviction que leur vie sera meilleure que celle de leurs parents.&nbsp;»''
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== Classe et caste ==
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Dans les [[Société de classe|sociétés de classe]] [[Sociétés précapitalistes|précapitalistes]], les classes ont souvent été actées par des statuts sociaux officialisés, en lien avec les [[Idéologie|idéologies]] les justifiant. C'était en particulier le cas pour les différentes formes de [[noblesse]]. Parfois les statuts (ou ordres, ou [[castes]]) étaient plus nombreux, comme le système des castes en Inde. L'appartenance à une caste est la plupart du temps liée à un statut qui se transmet héréditairement.
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Lorsque ces sociétés étaient à leur apogée, les notions de castes et de classes correspondaient globalement. Cependant plus l'[[Commerce|échange marchand]] se développe, et avec lui la [[bourgeoisie]], plus elles tendent à se disjoindre, créant des enchevêtrements complexes :
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* des nobles déchus conservent leur statut de noble, mais étant sans terre, ils ne font plus partie de la classe des propriétaires fonciers qui était le cœur du pouvoir nobiliaire (par exemple la figure du baron des Bas-Fonds de Gorki),
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* dans des circonstances où la société bourgeoise n'est pas encore hégémonique, certains grands bourgeois achètent des titres de noblesse (et certains rois en vendent parce qu'ils ont besoin de l'argent de la bourgeoisie, et cette transaction elle-même exprime l'embourgeoisement des valeurs), ces gens sociologiquement bourgeois entrent ainsi dans la caste noble,
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* en Russie jusqu'en 1917, les paysans gardaient un statut de paysan attaché à leur personne, même quand ceux-ci étaient devenus des ouvriers.
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Les [[révolutions bourgeoises]] ont généralement tendance à abolir les castes, souvent au nom du [[libéralisme politique]], la tendance historique sous-jacente étant la libération des [[forces productives]] du carcan des anciens [[rapports de production]]. C'est ce qui s'est passé [[Révolution française (1789)|en France en 1789]] (abolition du système des « trois états », noblesse, clergé, tiers état), [[Révolution russe (1917)|en Russie en 1917]]...
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Ceci est cependant loin d'être un processus s'exprimant de façon « pure » et mécanique. Ainsi la Révolution anglaise, dans un contexte où les idées républicaines sont encore largement hérétiques, maintient les statuts de la noblesse (la bourgeoisie parviendra à se développer dans une entente relativement pacifique avec la noblesse). De nombreuses formes de développement inégal et combiné sont apparues : le système des castes en Inde s'est maintenu jusqu'à aujourd'hui, bien que les rapports de production capitalistes se soient quand même développés.
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==Théories sur les classes==
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Les classes sont un phénomène si réel que seules d'invraisemblables contorsions intellectuelles permettent aux penseurs bourgeois de les travestir ou d'en gommer les traits saillants. Toutefois, des grilles d'analyses différentes peuvent être employées, et des idéologies différentes peuvent être développées.
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===Marxisme analytique===
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Erik Olin Wright, partisan du [[Marxisme_analytique|marxisme analytique]], propose une synthèse entre trois approches théoriques de la notion de classe sociale&nbsp;: la vision (stratificationniste) focalisée sur les attributs individuels, la vision (weberienne) centrée sur les mécanismes d'accaparement des opportunités, et la vision (marxiste) des rapports de domination et d'exploitation.<ref>Erik Olin Wright, [http://www.contretemps.eu/interventions/comprendre-classe-vers-approche-analytique-int%C3%A9gr%C3%A9e Comprendre la classe. Vers une approche analytique intégrée], 2009</ref>
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==Notes==
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<references />
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[[Category:Classes sociales]]  
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[[Category:Théorie]]

Version du 11 juin 2020 à 16:24

Sur le muret : Tous les jours je me réveille du mauvais côté du capitalisme.

Les classes sociales sont un groupe social qui se reproduit de génération en génération, ce qui est à la source de l'inégalité sociale. Pour les marxistes, les classes sociales sont déterminées fondamentalement par leur position par rapport aux moyens de production (propriétaires ou dépossédés).

1 Définition

1.1 Classe en soi

La classe en soi est définie objectivement par les rapports de productions. Ainsi, l'appartenance à la classe ouvrière est basée sur le fait que l'ouvrier ne possède que sa force de production à vendre, et le bourgeois est détenteur de moyens de productions. Le mode d'acquisition des richesses compte aussi (héritage, exploitation...).

Les principales classes sociales définissables sont :

1.2 Classe pour soi

Spontanément, la classe ouvrière n'a pas conscience d'être une classe. Elle a d'abord tendance à penser suivant l'idéologie dominante : celle de la bourgeoisie. Mais cette domination idéologique n'est pas absolue et comporte bien des fragilités, qui deviennent particulièrement visibles en temps de crise.

La notion de "classe pour soi" désigne donc le processus conscient de formation de la conscience de classe.

2 Origine

2.1 Origine de la division en classes

Depuis que l’humanité a été capable de produire plus qu’il ne lui fallait pour survivre et qu’une minorité d’hommes s’est accaparée ce “surproduit social”, l’humanité a toujours été divisée entre dominants et dominés, exploités et exploiteurs. Ces derniers se rassemblent au sein de groupes plus ou moins homogènes appelé classes sociales. Ces classes sociales, à travers l’histoire (aristocratie, esclaves, serfs, bourgeois, prolétaires) sont fondamentalement définies par la place qu’elles occupent dans le système de production. Si telle ou telle classe (ou groupes de classes) détient le pouvoir économique, elle occupe également le pouvoir politique. Pour maintenir leur pouvoir, les classes dominantes ont toujours dû perpétuer coûte que coûte une domination politique et idéologique à l’égard de ceux qui sont dépossédés des moyens de produire.

2.2 Origine du concept

La division de la société en classes dans la société issue de la révolution industrielle apparaissait clairement, y compris aux penseurs bourgeois. Marx disait lui même en 1852 :

« Ce n'est pas à moi que revient le mérite d'avoir découvert ni l'existence des classes dans la société moderne, ni leur lutte entre elles. Bien longtemps avant moi, des historiens bourgeois avaient décrit l'évolution historique de cette lutte des classes, et des économistes bourgeois en avaient analysé l'anatomie économique. »[1]

3 Des classes en mouvements

Au cours de la période contemporaine, on a souvent pu entendre dire que les classes sociales n’existeraient plus. Au pretexte que beaucoup de changements formels seraient apparus, tout serait brouillé : maintenant il y a les classes moyennes, les exclus, les salariés actionnaires... Cette idée, évidemment pratique pour la stabilité du système établi, est contraire à toute analyse sérieuse des faits. Son origine est surtout dans la période "magique" 45-75 qui marque encore les esprits de toutes sortes d'illusions sur le capitalisme. Mais la réalité leur donne chaque jour un plus cruel démenti.

3.1 "30 Glorieuses", un compromis précaire

La période des 30 Glorieuses , au sortir de la seconde guerre mondiale , a créé des conditions d'accum ulation particulièrement favorables pour le capitalisme, et dans le même temps la pression des organisations ouvrières était suffisamment forte (dans les pays occidentaux) pour exiger un minimum de répartition.
Durant cette période de croissance forte et prolongée, l'idée de prolétariat a peu à peu laissé place à une vague notion de classe moyenne et surtout à beaucoup d'illusions sur la fin des antagonismes (ascenseur social...).

SociétéMongolfière.png[2]

PacManVampirisation.gif


3.2 Retour net de la polarisation de classe

La période 1970-2010 est un peu le retour de bâtons pour tous ceux qui plaçaient de faux espoirs dans ce système. Les dirigeants sont clairement à l'offensive à l'échelle mondiale. Du côté des exploités, la conscience de classe est certes plus que jamais en berne. Mais qui s'aventurerait à nier l'existence de la bourgeoisie ? Il n'y a qu'à observer comment elle s'organise à l'échelle nationale (MEDEF, Elysée...), à l'échelle européenne (UE...), ou encore à l'échelle mondiale (OMC, Banque Mondiale, FMI...) pour cadrer ses attaques sur les droits des salariés...

Cela amène même Warren Buffet - la seconde fortune états-unienne - à dire :

« Il y a une guere de classes, bien sûr, mais c'est ma classe, celle des riches, qui mène cette guerre, et nous sommes en train de la gagner » [3]

Cependant la meilleure des répliques n'est pas dans un argumentaire mais dans la réalité : avec la grave crise mondiale de 2007-2010, les attaques aussi bien que les répliques des salariés s'accentuent, entraînant par là une polarisation de plus en plus visible des antagonismes de classe. A tel point que les travailleur-se-s croient de moins en moins à "l'ascenseur social". Par exemple un sondage montre que les trois quart des Français de moins de 30 ans pensent que les jeunes ne sont pas égaux dans l'accès à l'emploi ou au logement.[4]

« Interrogés sur les causes de ces inégalités, les Français mettent en avant le déterminisme social: l'éducation reçue par les parents (84%), leur revenu (78%), l'endroit où l'on a grandi (73%) arrivent bien loin devant «les qualités ou défauts naturels des uns et des autres» (56%). Des perceptions à mettre là encore en lien avec l'enquête «Génération quoi», dans laquelle seuls 25% des 18-25 ans disent avoir la conviction que leur vie sera meilleure que celle de leurs parents. »

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4 Classe et caste

Dans les sociétés de classe précapitalistes, les classes ont souvent été actées par des statuts sociaux officialisés, en lien avec les idéologies les justifiant. C'était en particulier le cas pour les différentes formes de noblesse. Parfois les statuts (ou ordres, ou castes) étaient plus nombreux, comme le système des castes en Inde. L'appartenance à une caste est la plupart du temps liée à un statut qui se transmet héréditairement.

Lorsque ces sociétés étaient à leur apogée, les notions de castes et de classes correspondaient globalement. Cependant plus l'échange marchand se développe, et avec lui la bourgeoisie, plus elles tendent à se disjoindre, créant des enchevêtrements complexes :

  • des nobles déchus conservent leur statut de noble, mais étant sans terre, ils ne font plus partie de la classe des propriétaires fonciers qui était le cœur du pouvoir nobiliaire (par exemple la figure du baron des Bas-Fonds de Gorki),
  • dans des circonstances où la société bourgeoise n'est pas encore hégémonique, certains grands bourgeois achètent des titres de noblesse (et certains rois en vendent parce qu'ils ont besoin de l'argent de la bourgeoisie, et cette transaction elle-même exprime l'embourgeoisement des valeurs), ces gens sociologiquement bourgeois entrent ainsi dans la caste noble,
  • en Russie jusqu'en 1917, les paysans gardaient un statut de paysan attaché à leur personne, même quand ceux-ci étaient devenus des ouvriers.

Les révolutions bourgeoises ont généralement tendance à abolir les castes, souvent au nom du libéralisme politique, la tendance historique sous-jacente étant la libération des forces productives du carcan des anciens rapports de production. C'est ce qui s'est passé en France en 1789 (abolition du système des « trois états », noblesse, clergé, tiers état), en Russie en 1917...

Ceci est cependant loin d'être un processus s'exprimant de façon « pure » et mécanique. Ainsi la Révolution anglaise, dans un contexte où les idées républicaines sont encore largement hérétiques, maintient les statuts de la noblesse (la bourgeoisie parviendra à se développer dans une entente relativement pacifique avec la noblesse). De nombreuses formes de développement inégal et combiné sont apparues : le système des castes en Inde s'est maintenu jusqu'à aujourd'hui, bien que les rapports de production capitalistes se soient quand même développés.

5 Théories sur les classes

Les classes sont un phénomène si réel que seules d'invraisemblables contorsions intellectuelles permettent aux penseurs bourgeois de les travestir ou d'en gommer les traits saillants. Toutefois, des grilles d'analyses différentes peuvent être employées, et des idéologies différentes peuvent être développées.

5.1 Marxisme analytique

Erik Olin Wright, partisan du marxisme analytique, propose une synthèse entre trois approches théoriques de la notion de classe sociale : la vision (stratificationniste) focalisée sur les attributs individuels, la vision (weberienne) centrée sur les mécanismes d'accaparement des opportunités, et la vision (marxiste) des rapports de domination et d'exploitation.[5]

6 Notes