Différences entre les versions de « Classes sociales »

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La classe en soi est définie objectivement par les rapports de productions. Ainsi, l'appartenance à la [[Classe_ouvrière|classe ouvrière]] est basée sur le fait que l'ouvrier ne possède que sa force de production à vendre, et le bourgeois est détenteur de moyens de productions. Le mode d'acquisition des richesses compte aussi ([[Héritage|héritage]], [[Exploitation|exploitation]]...).
  
La classe en soi est définie objectivement par les rapports de productions. Ainsi, l'appartenance à la [[Classe ouvrière|classe ouvrière]] est basée sur le fait que l'ouvrier ne possède que sa force de production à vendre, et le bourgeois est détenteur de moyens de productions.
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*[[La bourgeoisie industrielle|la bourgeoisie industrielle]]
 
*[[La bourgeoisie commerçante|la bourgeoisie commerçante]]
 
*[[La petite bourgeoisie|la petite bourgeoisie]]
 
*[[La paysannerie|la paysannerie]]
 
*[[Le prolétariat|le prolétariat]]
 
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Spontanément, la classe ouvrière n'a pas conscience d'être une classe. Elle a d'abord tendance à penser suivant l'idéologie dominante&nbsp;: celle de la bourgeoisie. Mais cette domination idéologique n'est pas absolue et comporte bien des fragilités, qui deviennent particulièrement visibles en temps de crise.
  
Lénine distingue les classes par&nbsp;:
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La notion de "classe pour soi" désigne donc le processus ''conscient'' de formation de la [[Conscience_de_classe|conscience de classe]].
  
*Leur rapport vis à vis des moyens de production. En possèdent ils&nbsp;? un peu&nbsp;? Beaucoup&nbsp;? Pas du tout&nbsp;?
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*Leur rôle dans l’organisation sociale du travail. Salariés ou propriétaires&nbsp;?<br>
 
*Le mode d’obtention et la part de richesses sociales dont ils disposent. Ont ils hérités&nbsp;? sont ils rentiers&nbsp;?<br>
 
  
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===Origine de la division en classes===
  
Spontanément, la classe ouvrière n'a pas conscience d'être une classe. Elle a d'abord tendance à penser suivant l'idéologie dominante&nbsp;: celle de la bourgeoisie. Mais cette domination idéologique n'est pas absolue et comporte bien des fragilités, qui deviennent particulièrement visibles en temps de crise.  
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Depuis que l’humanité a été capable de produire plus qu’il ne lui fallait pour survivre et qu’une minorité d’hommes s’est accaparée ce “surproduit social”, l’humanité a toujours été divisée entre dominants et dominés, exploités et exploiteurs. Ces derniers se rassemblent au sein de groupes plus ou moins homogènes appelé classes sociales. Ces classes sociales, à travers l’histoire (aristocratie, esclaves, serfs, bourgeois, prolétaires) sont fondamentalement définies par la place qu’elles occupent dans le système de production. Si telle ou telle classe (ou groupes de classes) détient le pouvoir économique, elle occupe également le pouvoir politique. Pour maintenir leur pouvoir, les classes dominantes ont toujours dû perpétuer coûte que coûte une domination politique et idéologique à l’égard de ceux qui sont dépossédés des moyens de produire.
  
La notion de "classe pour soi" désigne donc le processus ''conscient'' de formation de la [[Conscience de classe|conscience de classe]].<br>
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«&nbsp;Ce n'est pas à moi que revient le mérite d'avoir découvert ni l'existence des classes dans la société moderne, ni leur lutte entre elles. Bien longtemps avant moi, des historiens bourgeois avaient décrit l'évolution historique de cette lutte des classes, et des économistes bourgeois en avaient analysé l'anatomie économique.&nbsp;»<ref>[[Karl Marx]], [http://www.marxists.org/francais/marx/works/1852/03/km18520305.htm Lettre à J.Weydemeyer], 5 mars 1852</ref>
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==Des classes en mouvements==
  
=== Origine de la division en classes<br>  ===
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Au cours de la période contemporaine, on a souvent pu entendre dire que les classes sociales n’existeraient plus. Au pretexte que beaucoup de changements formels seraient apparus, tout serait brouillé&nbsp;: maintenant il y a les [[Classes_moyennes|classes moyennes]], les exclus, les salariés actionnaires... Cette idée, évidemment pratique pour la stabilité du système établi, est contraire à toute analyse sérieuse des faits. Son origine est surtout dans la période "magique" 45-75 qui marque encore les esprits de toutes sortes d'illusions sur le capitalisme. Mais la réalité leur donne chaque jour un plus cruel démenti.
  
Depuis que l’humanité a été capable de produire plus qu’il ne lui fallait pour survivre et qu’une minorité d’hommes s’est accaparée ce “surproduit social”, l’humanité a toujours été divisée entre dominants et dominés, exploités et exploiteurs. Ces derniers se rassemblent au sein de groupes plus ou moins homogènes appelé classes sociales. Ces classes sociales, à travers l’histoire (aristocratie, esclaves, serfs, bourgeois, prolétaires) sont fondamentalement définies par la place qu’elles occupent dans le système de production. Si telle ou telle classe (ou groupes de classes) détient le pouvoir économique, elle occupe également le pouvoir politique. Pour maintenir leur pouvoir, les classes dominantes ont toujours dû perpétuer coûte que coûte une domination politique et idéologique à l’égard de ceux qui sont dépossédés des moyens de produire.
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=== Origine du concept  ===
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La période des [[30_Glorieuses|30 Glorieuses]] , au sortir de la [[Seconde_guerre_mondiale|seconde guerre mondiale]] , a créé des conditions d'accum ulation particulièrement favorables pour le capitalisme, et dans le même temps la pression des organisations ouvrières était suffisamment forte (dans les pays occidentaux) pour exiger un minimum de répartition.<br /> Durant cette période de croissance forte et prolongée, l'idée de prolétariat a peu à peu laissé place à une vague notion de [[Classe_moyenne|classe moyenne]] et surtout à beaucoup d'illusions sur la fin des antagonismes (ascenseur social...).
  
La division de la société en classes dans la société issue de la révolution industrielle apparaissait clairement, y compris aux penseurs bourgeois. Marx disait lui même en 1852&nbsp;:  
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<blockquote>«&nbsp;Ce n'est pas à moi que revient le mérite d'avoir découvert ni l'existence des classes dans la société moderne, ni leur lutte entre elles. Bien longtemps avant moi, des historiens bourgeois avaient décrit l'évolution historique de cette lutte des classes, et des économistes bourgeois en avaient analysé l'anatomie économique.&nbsp;»<ref>[[Karl Marx]], [http://www.marxists.org/francais/marx/works/1852/03/km18520305.htm Lettre à J.Weydemeyer], 5 mars 1852</ref><br> </blockquote>
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La [[Période_1970-2010|période 1970-2010]] est un peu le retour de bâtons pour tous ceux qui plaçaient de faux espoirs dans ce système. Les dirigeants sont clairement à l'offensive à l'échelle mondiale. Du côté des exploités, la [[Conscience_de_classe|conscience de classe]] est certes plus que jamais en berne. Mais qui s'aventurerait à nier l'existence de la [[Bourgeoisie|bourgeoisie]]&nbsp;? Il n'y a qu'à observer comment elle s'organise à l'échelle nationale ([[MEDEF|MEDEF]], Elysée...), à l'échelle européenne ([[Union_Européenne|UE]]...), ou encore à l'échelle mondiale ([[Organisation_Mondiale_du_Commerce|OMC]], [[Banque_Mondiale|Banque Mondiale]], [[Fond_Monétaire_International|FMI]]...) pour cadrer ses attaques sur les droits des salariés...
  
La période des [[30 Glorieuses|30 Glorieuses]] , au sortir de la [[Seconde guerre mondiale|seconde guerre mondiale]] , a créé des conditions d'accum ulation particulièrement favorables pour le capitalisme, et dans le même temps la pression des organisations ouvrières était suffisamment forte (dans les pays occidentaux) pour exiger un minimum de répartition. <br> Durant cette période de croissance forte et prolongée, l'idée de prolétariat a peu à peu laissé place à une vague notion de [[Classe moyenne|classe moyenne]] et surtout à beaucoup d'illusions sur la fin des antagonismes (ascenseur social...).<br>  
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«&nbsp;Il y a une guere de classes, bien sûr, mais c'est ma classe, celle des riches, qui mène cette guerre, et nous sommes en train de la gagner&nbsp;» <ref>[http://www.nytimes.com/2006/11/26/business/yourmoney/26every.html?_r=1&amp;amp;amp;amp;amp;amp;amp;ex=1165554000&amp;amp;amp;amp;amp;amp;amp;en=02ed48ae1473efe0&amp;amp;amp;amp;amp;amp;amp;ei=5070 New York Times, 26 novembre 2006]</ref>
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Cependant la meilleure des répliques n'est pas dans un argumentaire mais dans la réalité&nbsp;: avec la grave [[Crise_de_2007-2010|crise mondiale de 2007-2010]], les attaques aussi bien que les répliques des salariés s'accentuent, entraînant par là une polarisation de plus en plus visible des antagonismes de classe. A tel point que les travailleur-se-s croient de moins en moins à "l'ascenseur social". Par exemple un sondage montre que les trois quart des Français de moins de 30 ans pensent que les jeunes ne sont pas égaux dans l'accès à l'emploi ou au logement.<ref>http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2014/02/27/01016-20140227ARTFIG00002-les-jeunes-ne-croient-plus-a-l-ascenseur-social.php</ref>
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''«&nbsp;Interrogés sur les causes de ces inégalités, les Français mettent en avant le déterminisme social: l'éducation reçue par les parents (84%), leur revenu (78%), l'endroit où l'on a grandi (73%) arrivent bien loin devant «les qualités ou défauts naturels des uns et des autres» (56%). Des perceptions à mettre là encore en lien avec l'enquête «Génération quoi», dans laquelle seuls 25% des 18-25 ans disent avoir la conviction que leur vie sera meilleure que celle de leurs parents.&nbsp;»''
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'''Société en mongolfière (1955-1975)'''<ref name="ALipietz">Représentation de la stratification sociale en France selon Alain Lipietz.</ref>
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== Classe et caste ==
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Dans les [[Société de classe|sociétés de classe]] [[Sociétés précapitalistes|précapitalistes]], les classes ont souvent été actées par des statuts sociaux officialisés, en lien avec les [[Idéologie|idéologies]] les justifiant. C'était en particulier le cas pour les différentes formes de [[noblesse]]. Parfois les statuts (ou ordres, ou [[castes]]) étaient plus nombreux, comme le système des castes en Inde. L'appartenance à une caste est la plupart du temps liée à un statut qui se transmet héréditairement.
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Lorsque ces sociétés étaient à leur apogée, les notions de castes et de classes correspondaient globalement. Cependant plus l'[[Commerce|échange marchand]] se développe, et avec lui la [[bourgeoisie]], plus elles tendent à se disjoindre, créant des enchevêtrements complexes :
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* des nobles déchus conservent leur statut de noble, mais étant sans terre, ils ne font plus partie de la classe des propriétaires fonciers qui était le cœur du pouvoir nobiliaire (par exemple la figure du baron des Bas-Fonds de Gorki),
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* dans des circonstances où la société bourgeoise n'est pas encore hégémonique, certains grands bourgeois achètent des titres de noblesse (et certains rois en vendent parce qu'ils ont besoin de l'argent de la bourgeoisie, et cette transaction elle-même exprime l'embourgeoisement des valeurs), ces gens sociologiquement bourgeois entrent ainsi dans la caste noble,
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* en Russie jusqu'en 1917, les paysans gardaient un statut de paysan attaché à leur personne, même quand ceux-ci étaient devenus des ouvriers.
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Les [[révolutions bourgeoises]] ont généralement tendance à abolir les castes, souvent au nom du [[libéralisme politique]], la tendance historique sous-jacente étant la libération des [[forces productives]] du carcan des anciens [[rapports de production]]. C'est ce qui s'est passé [[Révolution française (1789)|en France en 1789]] (abolition du système des « trois états », noblesse, clergé, tiers état), [[Révolution russe (1917)|en Russie en 1917]]...
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Ceci est cependant loin d'être un processus s'exprimant de façon « pure » et mécanique. Ainsi la Révolution anglaise, dans un contexte où les idées républicaines sont encore largement hérétiques, maintient les statuts de la noblesse (la bourgeoisie parviendra à se développer dans une entente relativement pacifique avec la noblesse). De nombreuses formes de développement inégal et combiné sont apparues : le système des castes en Inde s'est maintenu jusqu'à aujourd'hui, bien que les rapports de production capitalistes se soient quand même développés.
  
=== Retour net de la polarisation de classe<br>  ===
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==Théories sur les classes==
  
La [[Période 1970-2010|période 1970-2010]] est un peu le retour de bâtons pour tous ceux qui plaçaient de faux espoirs dans ce système. Les dirigeants sont clairement à l'offensive à l'échelle mondiale. Du côté des exploités, la [[Conscience de classe|conscience de classe]] est certes plus que jamais en berne. Mais qui s'aventurerait à nier l'existence de la [[Bourgeoisie|bourgeoisie]]&nbsp;? Il n'y a qu'à observer comment elle s'organise à l'échelle nationale ([[MEDEF|MEDEF]], Elysée...), à l'échelle européenne ([[Union Européenne|UE]]...), ou encore à l'échelle mondiale ([[Organisation Mondiale du Commerce|OMC]], [[Banque Mondiale|Banque Mondiale]], [[Fond Monétaire International|FMI]]...) pour cadrer ses attaques sur les droits des salariés...<br>
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Les classes sont un phénomène si réel que seules d'invraisemblables contorsions intellectuelles permettent aux penseurs bourgeois de les travestir ou d'en gommer les traits saillants. Toutefois, des grilles d'analyses différentes peuvent être employées, et des idéologies différentes peuvent être développées.
  
Cela amène même Warren Buffet -la seconde fortune états-unienne- à dire&nbsp;:<br>
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===Marxisme analytique===
<blockquote>«&nbsp;Il y a une guere de classes, bien sûr, mais c'est ma classe, celle des riches, qui mène cette guerre, et nous sommes en train de la gagner&nbsp;» <ref>[http://www.nytimes.com/2006/11/26/business/yourmoney/26every.html?_r=1&amp;amp;amp;amp;amp;ex=1165554000&amp;amp;amp;amp;amp;en=02ed48ae1473efe0&amp;amp;amp;amp;amp;ei=5070 New York Times, 26 novembre 2006]</ref></blockquote>
 
Cependant la meilleure des répliques n'est pas dans un argumentaire mais dans la réalité&nbsp;: avec la grave [[Crise actuelle|crise mondiale actuelle]], les attaques aussi bien que les répliques des salariés<ref>Voir [[Luttes sociales récentes en France|luttes en France]], [[Luttes sociales récentes à l'international|luttes à l'international]].</ref> s'accentuent, entraînant par là une polarisation de plus en plus visible des antagonismes de classe.<br>
 
  
'''Société en sablier (1975 à nos jours)'''<ref name="ALipietz" />
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Erik Olin Wright, partisan du [[Marxisme_analytique|marxisme analytique]], propose une synthèse entre trois approches théoriques de la notion de classe sociale&nbsp;: la vision (stratificationniste) focalisée sur les attributs individuels, la vision (weberienne) centrée sur les mécanismes d'accaparement des opportunités, et la vision (marxiste) des rapports de domination et d'exploitation.<ref>Erik Olin Wright, [http://www.contretemps.eu/interventions/comprendre-classe-vers-approche-analytique-int%C3%A9gr%C3%A9e Comprendre la classe. Vers une approche analytique intégrée], 2009</ref>
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==Notes==
  
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<references />
  
[[Category:Classes_sociales]] [[Category:Bases_théoriques]]
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[[Category:Classes sociales]]  
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[[Category:Théorie]]

Version du 11 juin 2020 à 16:24

Sur le muret : Tous les jours je me réveille du mauvais côté du capitalisme.

Les classes sociales sont un groupe social qui se reproduit de génération en génération, ce qui est à la source de l'inégalité sociale. Pour les marxistes, les classes sociales sont déterminées fondamentalement par leur position par rapport aux moyens de production (propriétaires ou dépossédés).

1 Définition

1.1 Classe en soi

La classe en soi est définie objectivement par les rapports de productions. Ainsi, l'appartenance à la classe ouvrière est basée sur le fait que l'ouvrier ne possède que sa force de production à vendre, et le bourgeois est détenteur de moyens de productions. Le mode d'acquisition des richesses compte aussi (héritage, exploitation...).

Les principales classes sociales définissables sont :

1.2 Classe pour soi

Spontanément, la classe ouvrière n'a pas conscience d'être une classe. Elle a d'abord tendance à penser suivant l'idéologie dominante : celle de la bourgeoisie. Mais cette domination idéologique n'est pas absolue et comporte bien des fragilités, qui deviennent particulièrement visibles en temps de crise.

La notion de "classe pour soi" désigne donc le processus conscient de formation de la conscience de classe.

2 Origine

2.1 Origine de la division en classes

Depuis que l’humanité a été capable de produire plus qu’il ne lui fallait pour survivre et qu’une minorité d’hommes s’est accaparée ce “surproduit social”, l’humanité a toujours été divisée entre dominants et dominés, exploités et exploiteurs. Ces derniers se rassemblent au sein de groupes plus ou moins homogènes appelé classes sociales. Ces classes sociales, à travers l’histoire (aristocratie, esclaves, serfs, bourgeois, prolétaires) sont fondamentalement définies par la place qu’elles occupent dans le système de production. Si telle ou telle classe (ou groupes de classes) détient le pouvoir économique, elle occupe également le pouvoir politique. Pour maintenir leur pouvoir, les classes dominantes ont toujours dû perpétuer coûte que coûte une domination politique et idéologique à l’égard de ceux qui sont dépossédés des moyens de produire.

2.2 Origine du concept

La division de la société en classes dans la société issue de la révolution industrielle apparaissait clairement, y compris aux penseurs bourgeois. Marx disait lui même en 1852 :

« Ce n'est pas à moi que revient le mérite d'avoir découvert ni l'existence des classes dans la société moderne, ni leur lutte entre elles. Bien longtemps avant moi, des historiens bourgeois avaient décrit l'évolution historique de cette lutte des classes, et des économistes bourgeois en avaient analysé l'anatomie économique. »[1]

3 Des classes en mouvements

Au cours de la période contemporaine, on a souvent pu entendre dire que les classes sociales n’existeraient plus. Au pretexte que beaucoup de changements formels seraient apparus, tout serait brouillé : maintenant il y a les classes moyennes, les exclus, les salariés actionnaires... Cette idée, évidemment pratique pour la stabilité du système établi, est contraire à toute analyse sérieuse des faits. Son origine est surtout dans la période "magique" 45-75 qui marque encore les esprits de toutes sortes d'illusions sur le capitalisme. Mais la réalité leur donne chaque jour un plus cruel démenti.

3.1 "30 Glorieuses", un compromis précaire

La période des 30 Glorieuses , au sortir de la seconde guerre mondiale , a créé des conditions d'accum ulation particulièrement favorables pour le capitalisme, et dans le même temps la pression des organisations ouvrières était suffisamment forte (dans les pays occidentaux) pour exiger un minimum de répartition.
Durant cette période de croissance forte et prolongée, l'idée de prolétariat a peu à peu laissé place à une vague notion de classe moyenne et surtout à beaucoup d'illusions sur la fin des antagonismes (ascenseur social...).

SociétéMongolfière.png[2]

PacManVampirisation.gif


3.2 Retour net de la polarisation de classe

La période 1970-2010 est un peu le retour de bâtons pour tous ceux qui plaçaient de faux espoirs dans ce système. Les dirigeants sont clairement à l'offensive à l'échelle mondiale. Du côté des exploités, la conscience de classe est certes plus que jamais en berne. Mais qui s'aventurerait à nier l'existence de la bourgeoisie ? Il n'y a qu'à observer comment elle s'organise à l'échelle nationale (MEDEF, Elysée...), à l'échelle européenne (UE...), ou encore à l'échelle mondiale (OMC, Banque Mondiale, FMI...) pour cadrer ses attaques sur les droits des salariés...

Cela amène même Warren Buffet - la seconde fortune états-unienne - à dire :

« Il y a une guere de classes, bien sûr, mais c'est ma classe, celle des riches, qui mène cette guerre, et nous sommes en train de la gagner » [3]

Cependant la meilleure des répliques n'est pas dans un argumentaire mais dans la réalité : avec la grave crise mondiale de 2007-2010, les attaques aussi bien que les répliques des salariés s'accentuent, entraînant par là une polarisation de plus en plus visible des antagonismes de classe. A tel point que les travailleur-se-s croient de moins en moins à "l'ascenseur social". Par exemple un sondage montre que les trois quart des Français de moins de 30 ans pensent que les jeunes ne sont pas égaux dans l'accès à l'emploi ou au logement.[4]

« Interrogés sur les causes de ces inégalités, les Français mettent en avant le déterminisme social: l'éducation reçue par les parents (84%), leur revenu (78%), l'endroit où l'on a grandi (73%) arrivent bien loin devant «les qualités ou défauts naturels des uns et des autres» (56%). Des perceptions à mettre là encore en lien avec l'enquête «Génération quoi», dans laquelle seuls 25% des 18-25 ans disent avoir la conviction que leur vie sera meilleure que celle de leurs parents. »

SociétéSablier.png[2]
PacManVampirisation.gif

4 Classe et caste

Dans les sociétés de classe précapitalistes, les classes ont souvent été actées par des statuts sociaux officialisés, en lien avec les idéologies les justifiant. C'était en particulier le cas pour les différentes formes de noblesse. Parfois les statuts (ou ordres, ou castes) étaient plus nombreux, comme le système des castes en Inde. L'appartenance à une caste est la plupart du temps liée à un statut qui se transmet héréditairement.

Lorsque ces sociétés étaient à leur apogée, les notions de castes et de classes correspondaient globalement. Cependant plus l'échange marchand se développe, et avec lui la bourgeoisie, plus elles tendent à se disjoindre, créant des enchevêtrements complexes :

  • des nobles déchus conservent leur statut de noble, mais étant sans terre, ils ne font plus partie de la classe des propriétaires fonciers qui était le cœur du pouvoir nobiliaire (par exemple la figure du baron des Bas-Fonds de Gorki),
  • dans des circonstances où la société bourgeoise n'est pas encore hégémonique, certains grands bourgeois achètent des titres de noblesse (et certains rois en vendent parce qu'ils ont besoin de l'argent de la bourgeoisie, et cette transaction elle-même exprime l'embourgeoisement des valeurs), ces gens sociologiquement bourgeois entrent ainsi dans la caste noble,
  • en Russie jusqu'en 1917, les paysans gardaient un statut de paysan attaché à leur personne, même quand ceux-ci étaient devenus des ouvriers.

Les révolutions bourgeoises ont généralement tendance à abolir les castes, souvent au nom du libéralisme politique, la tendance historique sous-jacente étant la libération des forces productives du carcan des anciens rapports de production. C'est ce qui s'est passé en France en 1789 (abolition du système des « trois états », noblesse, clergé, tiers état), en Russie en 1917...

Ceci est cependant loin d'être un processus s'exprimant de façon « pure » et mécanique. Ainsi la Révolution anglaise, dans un contexte où les idées républicaines sont encore largement hérétiques, maintient les statuts de la noblesse (la bourgeoisie parviendra à se développer dans une entente relativement pacifique avec la noblesse). De nombreuses formes de développement inégal et combiné sont apparues : le système des castes en Inde s'est maintenu jusqu'à aujourd'hui, bien que les rapports de production capitalistes se soient quand même développés.

5 Théories sur les classes

Les classes sont un phénomène si réel que seules d'invraisemblables contorsions intellectuelles permettent aux penseurs bourgeois de les travestir ou d'en gommer les traits saillants. Toutefois, des grilles d'analyses différentes peuvent être employées, et des idéologies différentes peuvent être développées.

5.1 Marxisme analytique

Erik Olin Wright, partisan du marxisme analytique, propose une synthèse entre trois approches théoriques de la notion de classe sociale : la vision (stratificationniste) focalisée sur les attributs individuels, la vision (weberienne) centrée sur les mécanismes d'accaparement des opportunités, et la vision (marxiste) des rapports de domination et d'exploitation.[5]

6 Notes