Différences entre les versions de « Cent-noirs »

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Ces groupes vont aider la police et l'armée à réprimer les foyers de contestation et multiplier les exécutions (principalement de Juifs, d'intellectuels et de progressistes)<ref name="Riasanovsky" />. Les Cent-Noirs participent ainsi au pogrom de Bialystok où entre 81 et 88 juifs sont tués. Ils exécutent les députés Grigori Iollos et Mikhaïl Herzenstein, tous deux juifs et membres du [[Parti_constitutionnel_démocratique|Parti constitutionnel démocratique]] (ou parti Cadet).
 
Ces groupes vont aider la police et l'armée à réprimer les foyers de contestation et multiplier les exécutions (principalement de Juifs, d'intellectuels et de progressistes)<ref name="Riasanovsky" />. Les Cent-Noirs participent ainsi au pogrom de Bialystok où entre 81 et 88 juifs sont tués. Ils exécutent les députés Grigori Iollos et Mikhaïl Herzenstein, tous deux juifs et membres du [[Parti_constitutionnel_démocratique|Parti constitutionnel démocratique]] (ou parti Cadet).
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Le mouvement tente de regrouper ses différentes composantes sous le nom «&nbsp;Unification du peuple russe&nbsp;» mais échoue et son importance diminue à partir de 1907. Les Cent-Noirs participent à la [[Révolution_de_Février_1917|révolution de Février 1917]] en soutien à l'Empire mais leur influence est limitée.
  
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Version du 3 janvier 2017 à 00:30

Les Cent-Noirs ou Centurie noire (en russe Чёрная сотня, Черносо́тенцы) sont un mouvement nationaliste et monarchiste d'extrême-droite apparu dans l'Empire russe pendant la révolution de 1905.

Lors de la révolution d'octobre 1905, les mouvements radicaux et modérés, unis, arrivent à obtenir des libertés et des droits de l'empereur Nicolas II. À la fin de l'année, les deux mouvements se séparent sur les avancées obtenues. Les radicaux, jugeant les concessions accordées insuffisantes continuent la lutte. Au même moment, plusieurs groupes se forment avec la même idéologie : nationalisme, anti-sémitisme et soutien intégral à l'empereur et à la monarchie. Les groupes les plus importants sont l'Union du peuple russe, l'Union des Russes et le Parti monarchiste de Russie. L'ensemble de ces groupes est appelé Cent-Noirs. Les effectifs du mouvement sont majoritairement issus de la paysannerie aisée et de la petite bourgeoisie urbaine[1]. L'historien Nicholas Riasanovsky le décrit comme un mouvement « pré-fasciste »[1].

Ces groupes vont aider la police et l'armée à réprimer les foyers de contestation et multiplier les exécutions (principalement de Juifs, d'intellectuels et de progressistes)[1]. Les Cent-Noirs participent ainsi au pogrom de Bialystok où entre 81 et 88 juifs sont tués. Ils exécutent les députés Grigori Iollos et Mikhaïl Herzenstein, tous deux juifs et membres du Parti constitutionnel démocratique (ou parti Cadet).

Le mouvement tente de regrouper ses différentes composantes sous le nom « Unification du peuple russe » mais échoue et son importance diminue à partir de 1907. Les Cent-Noirs participent à la révolution de Février 1917 en soutien à l'Empire mais leur influence est limitée.

À partir de mars 1917 et en prévision de l'Assemblée constituante qui doit se tenir cette année, le parti Cadet essaie d'augmenter ses effectifs pour avoir plus de poids à l'Assemblée. Seul organisé du pays, il reçoit le soutien de la droite, en particulier des Octobristes, monarchistes et Cent-Noirs qui veulent s'opposer aux révolutionnaires. Mais l'arrivée de ces éléments fait fuir d'autres membres, plus modérés et le parti Cadet échoue à rassembler largement l'opposition aux révolutionnaires[2]. Les Cent-Noirs participent à la révolution d'Octobre au côté des Armées blanches. Après la défaite, ils critiquent les Russes blancs, les jugeant sous l'influence des franc-maçons et des libéraux et pas assez monarchistes.

Après la révolution d'Octobre, les bolchéviks tendent à étendre le terme de Cent-Noirs à l'ensemble des contre-révolutionnaires Blancs, et au clergé russe.

Notes et références

  1. 1,0 1,1 et 1,2 Nicholas Riasanovsky, Histoire de la Russie, Robert Laffont, p. 441
  2. Marc Ferro, La révolution de 1917, Albin Michel, p. 523