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D'autres chercheurs, comme l'historien Jason W. Moore ou l'économiste Raj Patel<ref>''Comment notre monde est devenu cheap'', Jason W. Moore, Raj Patel, 2018</ref> ont pu apporter une critique du concept d’anthropocène portant plus sur l'étymologie du terme. En effet, parler d'"époque de l'Homme" (de ''antropos,'' être humain et ''kainos,'' suffixe relatif aux époques géologiques) implique une responsabilité globale de l'être humain, en tant qu'espèce, dans les modifications de l'environnement. Or, l'analyse des données, par exemple sur les émissions de Co2, invite à relativiser ce discours :  
 
D'autres chercheurs, comme l'historien Jason W. Moore ou l'économiste Raj Patel<ref>''Comment notre monde est devenu cheap'', Jason W. Moore, Raj Patel, 2018</ref> ont pu apporter une critique du concept d’anthropocène portant plus sur l'étymologie du terme. En effet, parler d'"époque de l'Homme" (de ''antropos,'' être humain et ''kainos,'' suffixe relatif aux époques géologiques) implique une responsabilité globale de l'être humain, en tant qu'espèce, dans les modifications de l'environnement. Or, l'analyse des données, par exemple sur les émissions de Co2, invite à relativiser ce discours :  
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*Au niveau des émissions cumulées de Co2 depuis 1850, les États-Unis comptent pour près de 25%, à égalité avec les pays européens, et suivis par la Chine (10%) et la Russie (7,5%)<ref>https://www.sortirdupetrole.com/la-problematique-energie-climat/477-emissions-cumulees-de-co2-la-dette-carbone-des-etats-unis-et-de-l-europe</ref>.
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*Au niveau des émissions cumulées de Co2 depuis 1850, les États-Unis comptent pour près de 25%, à égalité avec les pays européens, et suivis par la Chine (~10%)<ref>https://decrypterlenergie.org/dereglement-climatique-les-americains-et-les-chinois-sont-ils-les-seuls-responsables</ref>.
 
*Si l'on rapporte les émissions de Co2 aux modes de consommations, on peut estimer que 50% des émissions sont imputables aux 10% des habitants les plus riches de la planète<ref>https://www-cdn.oxfam.org/s3fs-public/file_attachments/mb-extreme-carbon-inequality-021215-fr.pdf</ref>.
 
*Si l'on rapporte les émissions de Co2 aux modes de consommations, on peut estimer que 50% des émissions sont imputables aux 10% des habitants les plus riches de la planète<ref>https://www-cdn.oxfam.org/s3fs-public/file_attachments/mb-extreme-carbon-inequality-021215-fr.pdf</ref>.
 
*Si on les rapporte aux modes de productions, 100 firmes seules peuvent être reliées à près de 71% des émissions de l'ensemble des gaz à effet de serre<ref>https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/100-entreprises-responsables-de-plus-de-70-des-emissions-mondiales-de-carbone_114773</ref>.
 
*Si on les rapporte aux modes de productions, 100 firmes seules peuvent être reliées à près de 71% des émissions de l'ensemble des gaz à effet de serre<ref>https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/100-entreprises-responsables-de-plus-de-70-des-emissions-mondiales-de-carbone_114773</ref>.
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*'''Pays développés''' -> Diminution du fait d'évolutions technologiques, sociales et réglementaires
 
*'''Pays développés''' -> Diminution du fait d'évolutions technologiques, sociales et réglementaires
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Les données empiriques n'apportent malheureusement que peu de preuves de la dynamique théorisée par les adeptes des courbes de Kuznets. Par exemple, la courbe des émissions de Co2 en fonction du temps<ref>https://www.planetoscope.com/co2/821-emissions-de-co2-en-france.html</ref> de la France tient en fait plus de la ligne que la courbe en cloche.  
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Les données empiriques n'apportent malheureusement que peu de preuves de la dynamique théorisée par les adeptes des courbes de Kuznets. Par exemple, les courbe des émissions de Co2 en fonction du temps<ref>https://www.futura-sciences.com/planete/questions-reponses/gaz-effet-serre-pays-emettent-plus-co2-1178/</ref> des principaux pays émetteurs entre 1970 et 2017 ne fait apparaître cette tendance pour aucune nation, même les plus développées.
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Une seule variable liée au dioxyde de carbone semble suivre cette tendance, l'intensité Co2 c'est-à-dire le montant de Co2 libéré par unité de production<ref>https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/EN.ATM.CO2E.EG.ZS?end=2014&locations=SE&name_desc=true&start=1960&view=chart</ref>. En effet, la technologie et les normes progressant, les [[Moyens de production|moyens de production]] des pays développés deviennent plus <nowiki>''</nowiki>propres<nowiki>''</nowiki> et émettent de moins en moins de Co2 à production égale. Sauf que la production ne reste pas égale, et ne peut pas le rester puisque la course au [[profit]] dans laquelle sont investis les capitalistes leur impose d’augmenter régulièrement la production (même si ce n'est évidemment pas le seul paramètre sur lequel ils peuvent jouer pour augmenter leurs profits).  
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Une seule variable liée au dioxyde de carbone semble suivre cette tendance de baisse dans les pays développés et de hausse dans les pays en développement, l'intensité Co2 c'est-à-dire le montant de Co2 libéré par unité de production<ref>https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/EN.ATM.CO2E.EG.ZS?end=2014&locations=SE-FR-US-CN-IN&name_desc=true&start=1960&view=chart</ref>. En effet, la technologie et les normes progressant, les [[Moyens de production|moyens de production]] des pays développés deviennent plus <nowiki>''</nowiki>propres<nowiki>''</nowiki> et émettent de moins en moins de Co2 à production égale. Sauf que la production ne reste pas égale, et ne peut pas le rester puisque la course au [[profit]] dans laquelle sont investis les capitalistes leur impose d’augmenter régulièrement la production (même si ce n'est évidemment pas le seul paramètre sur lequel ils peuvent jouer pour augmenter leurs profits).  
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Si le montant de Co2 libéré par unité de production ne diminue pas assez vite pour compenser l'augmentation du nombre d'unité produites, les émissions totales de Co2 ne diminuent pas. '''La courbe de Kuznets n'est donc valable que pour l'intensité Co2 mais pas pour les émissions totales.'''
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Si le montant de Co2 libéré par unité de production ne diminue pas assez vite pour compenser l'augmentation du nombre d'unités produites, les émissions totales de Co2 ne diminuent pas. '''La courbe de Kuznets n'est donc valable que pour l'intensité Co2 mais pas pour les émissions totales.'''
    
Mais la principale faiblesse des courbes de Kuznets est surtout de ne pas tenir compte de la mobilité du capital dans une économie [[Mondialisation|mondialisée]], et des incitations pour les capitalistes à user de cette mobilité. Pour s'en convaincre, appliquons la logique des courbes de Kuznets au profit potentiellement réalisable par un capitaliste<ref>http://revueperiode.net/capital-fossile-vers-une-autre-histoire-du-changement-climatique/</ref> :
 
Mais la principale faiblesse des courbes de Kuznets est surtout de ne pas tenir compte de la mobilité du capital dans une économie [[Mondialisation|mondialisée]], et des incitations pour les capitalistes à user de cette mobilité. Pour s'en convaincre, appliquons la logique des courbes de Kuznets au profit potentiellement réalisable par un capitaliste<ref>http://revueperiode.net/capital-fossile-vers-une-autre-histoire-du-changement-climatique/</ref> :
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Cette analyse met en évidence un fait déjà bien connu (les capitalistes délocalisent leurs moyens de production pour maximiser leur profit), et le lie à la problématique de l'augmentation des émissions de Co2, en montrant que cet état de fait n'est pas un évènement ponctuel, mais bien une caractéristique structurelle du capitalisme : tant que les capitalistes en auront la possibilité, ils exploiteront la mobilité du capital pour se trouver en permanence au sommet de la courbe de Kuznets, maximisant ainsi leurs profit, mais également les émissions de Co2. De fait, les capitalistes commencent déjà à délocaliser à nouveau leurs usines installées en Chine<ref>https://www.lepoint.fr/monde/la-guerre-commerciale-pousse-des-entreprises-chinoises-a-l-exode-11-09-2018-2250232_24.php</ref>, à mesure que le niveau de vie et l'écologie progressent dans le pays.  
 
Cette analyse met en évidence un fait déjà bien connu (les capitalistes délocalisent leurs moyens de production pour maximiser leur profit), et le lie à la problématique de l'augmentation des émissions de Co2, en montrant que cet état de fait n'est pas un évènement ponctuel, mais bien une caractéristique structurelle du capitalisme : tant que les capitalistes en auront la possibilité, ils exploiteront la mobilité du capital pour se trouver en permanence au sommet de la courbe de Kuznets, maximisant ainsi leurs profit, mais également les émissions de Co2. De fait, les capitalistes commencent déjà à délocaliser à nouveau leurs usines installées en Chine<ref>https://www.lepoint.fr/monde/la-guerre-commerciale-pousse-des-entreprises-chinoises-a-l-exode-11-09-2018-2250232_24.php</ref>, à mesure que le niveau de vie et l'écologie progressent dans le pays.  
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Cette dynamique est l'une des causes de l'incompatibilité entre [[Capitalisme et écologie|capitalisme et écologie]], montrant la nécessité d'une articulation entre [[Socialisme et écologie|socialisme et écologie]] pour faire face au changement climatique.
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Cette dynamique est l'une des causes de l'incompatibilité entre [[Capitalisme et écologie|capitalisme et écologie]], montrant la nécessité d'une articulation entre [[Socialisme et écologie|socialisme et écologie]] pour faire face au changement climatique.      
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'''Références'''   
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[[Catégorie:Écologie]]
 
[[Catégorie:Écologie]]
 
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