Différences entre les versions de « Capitalisme vert »

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=== Solutions par le marché  ===
 
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La plupart des prétendues lois ou dispositifs censés freiner les émissions de GES reposent presque toujours sur le marché. Le principe est assez intuitif : il s’agit de responsabiliser les entreprises en leur faisant porter des coûts qui en temps normal sont « externalisés ». L’exemple type c’est le marché des [[Droits à polluer|droits à polluer]].  
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La plupart des prétendues lois ou dispositifs censés freiner les émissions de GES reposent presque toujours sur le marché. Le principe est assez intuitif : il s’agit de responsabiliser les "acteurs" en leur faisant porter des coûts qui en temps normal sont « externalisés ».
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L’exemple type c’est le marché des [[Droits à polluer|droits à polluer]] (''cap and trade''). Ce système a été testé dans l'Union européenne et n’a pas permis de réduire les émissions de GES. Théoriquement, le terme cap désigne un plafond d’émission (or, il intervient plutôt comme un plancher puisque dès qu’un individu ou une entreprise émet moins de CO<span class="Style3">2</span>, un autre peut sans problème en émettre davantage aussi longtemps que la limite fixée n’est pas dépassée).
  
 
C’est aussi le principe de la taxe carbone&nbsp;: taxer les marchandises en fonction des émissions de GES qu’il a fallu pour les produire ou les transporter. Ainsi, les industriels seraient incités à produire plus «&nbsp;vert&nbsp;» et les acheteurs à «&nbsp;consommer responsable&nbsp;». Sauf que les capitalistes sont surtout enclins à se contenter de répercuter les coûts à la vente, et très peu à investir, surtout dans la période de [[Suraccumulation|suraccumulation]] actuelle. Peut-être qu’une taxe élevée aurait un effet plus net, mais elle serait socialement intenable. Car dans une société de classes, une taxe sur la consommation, comme la [[TVA|TVA]], est une taxe injuste<span style="mso-spacerun:yes"> </span>qui pénalise les plus pauvres. Une (petite) taxe carbone a donc en vérité un intérêt bien différent de l’affichage&nbsp;: augmenter un peu les impôts, sans freiner la compétitivité capitaliste. C’est bien pour cela que le gouvernement SPD-Verts de Schröder a fait passer une taxe carbone au milieu de ses [[Réformes Hartz|lois anti-sociales Hartz]].<br>  
 
C’est aussi le principe de la taxe carbone&nbsp;: taxer les marchandises en fonction des émissions de GES qu’il a fallu pour les produire ou les transporter. Ainsi, les industriels seraient incités à produire plus «&nbsp;vert&nbsp;» et les acheteurs à «&nbsp;consommer responsable&nbsp;». Sauf que les capitalistes sont surtout enclins à se contenter de répercuter les coûts à la vente, et très peu à investir, surtout dans la période de [[Suraccumulation|suraccumulation]] actuelle. Peut-être qu’une taxe élevée aurait un effet plus net, mais elle serait socialement intenable. Car dans une société de classes, une taxe sur la consommation, comme la [[TVA|TVA]], est une taxe injuste<span style="mso-spacerun:yes"> </span>qui pénalise les plus pauvres. Une (petite) taxe carbone a donc en vérité un intérêt bien différent de l’affichage&nbsp;: augmenter un peu les impôts, sans freiner la compétitivité capitaliste. C’est bien pour cela que le gouvernement SPD-Verts de Schröder a fait passer une taxe carbone au milieu de ses [[Réformes Hartz|lois anti-sociales Hartz]].<br>  
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D'ors et déjà, l'injection du CO<sub>2</sub> généré dans le sol est à l'essai (séquestration géologique du carbone), alors que l'on sait qu'il y d'énormes risques en cas de fuite, et que l'on ne sait même pas quels peuvent êtres les effets sur les sous-sols.  
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D'ors et déjà, l'injection du CO<sub>2</sub> généré dans le sol est à l'essai (séquestration géologique du carbone), alors que l'on sait qu'il y a d'énormes risques en cas de fuite, et que l'on ne sait même pas quels peuvent êtres les effets sur les sous-sols.  
  
 
Certains préconisent de verser de la limaille de fer dans les océans pour stimuler la production d’algues, ce qui à son tour permettrait une meilleure absorption du CO<sub>2</sub> ... Mais de telles mesures pourraient également avoir pour conséquence le développement de zones mortes dans nos océans (anoxie des océans).  
 
Certains préconisent de verser de la limaille de fer dans les océans pour stimuler la production d’algues, ce qui à son tour permettrait une meilleure absorption du CO<sub>2</sub> ... Mais de telles mesures pourraient également avoir pour conséquence le développement de zones mortes dans nos océans (anoxie des océans).  

Version du 5 juillet 2012 à 19:50

Le capitalisme vert est le mythe d'un capitalisme qui ne causerait plus de crises écologiques.

1 Greenwashing

Le "degré zéro" de cette idéologie bourgeoise du capitalisme vert est celui qui consiste à faire de pures campagnes de communication pour faire passer pour "écologique" ce qui ne l'est pas. Ce que les écologistes critiques appellent le greenwashing ("passer à la machine pour rendre vert"). Cela a l'avantage de permettre aux capitalistes en question de surfer sur la "conscience écologique" des consommateurs, et donc de se placer sur un créneau qui justifie souvent des prix un peu plus élevés.

2 Solutions inefficaces ou insuffisantes

Mais bien souvent, le discours du business écolo se base sur quelques éléments de vérité qui le rendent plus efficace.

2.1 Produits moins polluants, éfficacité énergétique...

Le premier de ces discours est qu'il y a des investisseurs qui parient sur des produits moins polluants ou moins gourmands en énergie, et qu'il suffit d'acheter ces produits pour faire avancer la cause de l'écologie. En réalité rien n'avance.

Par exemple, il est tout à fait vrai qu'une voiture récente consomme moins d'énergie qu'un modèle ancien. Mais il y a tellement de voitures produites que le bilan s'aggrave en permanence : consommation de pétrole exponentielle, plus les coûts énergétiques de la production, les carcasses qui s'accumulent...

L’économiste William Stanley Jevons constatait déjà en 1860 que chaque nouveau modèle de machine à vapeur était plus efficace que le précédent et qu’on avait besoin de moins de charbon pour atteindre le même niveau de production. Il s’étonnait par conséquent de voir que la demande mondiale de charbon continuait d’augmenter. Cela était dû au fait que chaque nouvelle amélioration de l’efficacité engendrait automatiquement une plus grande accumulation.

Même s'il est possible de réduire la consommation d’énergie par unité produite, le capitalisme continue d'entraîner la production de toujours plus de marchandises, ce qui anéantit les avantages des économies d’énergie par unité.

2.2 Dématérialisation de la croissance

Généralisation des thèmes précédants, certains discours d'économistes ou écologistes pro-capitalistes expliquent que l'on peut tendre graduellement vers un capitalisme qui pèserait moins sur les ressources naturelles. Ils mettent en avant la baisse de "l'intensité énergétique de la croissance" (énergie consommée pour une augmentation d'un point du PIB), ou la baisse de "l'intensité carbone de l'énergie" (émissions de CO2 pour une production d'énergie donnée). Mais là encore on peut généraliser le contre-argument suivant : un point de PIB en plus, c'est tellement plus de marchandises en plus que le bilan est mauvais (la consommation d'énergie continue d'augmenter), et le total des émissions de gaz à effet de serre (GES) augmente aussi.

Certains vont jusqu'à prétendre que le capitalisme serait entré ou pourrait entrer dans une nouvelle révolution industrielle où il serait "dématérialisé" : la croissance dans le secteur informatique serait sobre en énergie, etc... C'est un mythe total : l'industrie informatique est très gourmande, notamment en raison du gaspillage capitaliste, mais elle ne fait que s'ajouter à toute l'industrie existante (même si celle-ci est partiellement délocalisée)...

2.3 Solutions par le marché

La plupart des prétendues lois ou dispositifs censés freiner les émissions de GES reposent presque toujours sur le marché. Le principe est assez intuitif : il s’agit de responsabiliser les "acteurs" en leur faisant porter des coûts qui en temps normal sont « externalisés ».

L’exemple type c’est le marché des droits à polluer (cap and trade). Ce système a été testé dans l'Union européenne et n’a pas permis de réduire les émissions de GES. Théoriquement, le terme cap désigne un plafond d’émission (or, il intervient plutôt comme un plancher puisque dès qu’un individu ou une entreprise émet moins de CO2, un autre peut sans problème en émettre davantage aussi longtemps que la limite fixée n’est pas dépassée).

C’est aussi le principe de la taxe carbone : taxer les marchandises en fonction des émissions de GES qu’il a fallu pour les produire ou les transporter. Ainsi, les industriels seraient incités à produire plus « vert » et les acheteurs à « consommer responsable ». Sauf que les capitalistes sont surtout enclins à se contenter de répercuter les coûts à la vente, et très peu à investir, surtout dans la période de suraccumulation actuelle. Peut-être qu’une taxe élevée aurait un effet plus net, mais elle serait socialement intenable. Car dans une société de classes, une taxe sur la consommation, comme la TVA, est une taxe injuste qui pénalise les plus pauvres. Une (petite) taxe carbone a donc en vérité un intérêt bien différent de l’affichage : augmenter un peu les impôts, sans freiner la compétitivité capitaliste. C’est bien pour cela que le gouvernement SPD-Verts de Schröder a fait passer une taxe carbone au milieu de ses lois anti-sociales Hartz.

3 Perspectives

3.1 Socialisme...

3.2 ou fuite en avant

Toujours pour éviter toute remise en question des rapports de production, et au contraire donner des débouchés à l'industrie capitaliste, certains ingénieurs ou scientifiques échaffaudent des pseudo-solutions technologiques pour régler les problèmes environnementaux.

C'est la problème du changement climatique qui alimente le plus de scénarios de ce genre :

D'ors et déjà, l'injection du CO2 généré dans le sol est à l'essai (séquestration géologique du carbone), alors que l'on sait qu'il y a d'énormes risques en cas de fuite, et que l'on ne sait même pas quels peuvent êtres les effets sur les sous-sols.

Certains préconisent de verser de la limaille de fer dans les océans pour stimuler la production d’algues, ce qui à son tour permettrait une meilleure absorption du CO2 ... Mais de telles mesures pourraient également avoir pour conséquence le développement de zones mortes dans nos océans (anoxie des océans).

Le météorologue et prix Nobel de chimie Paul Crutzen suggère de déverser du soufre dans l’atmosphère au moyen de canons ou d’avions. Les vapeurs sulfureuses pourraient capter une partie des rayons solaires et freiner le réchauffement de la terre. Mais si le capitalisme continue de sévir, il nous faudra chaque année augmenter de façon exponentielle la quantité de souffre déversée dans l’air sans avoir la moindre idée des conséquences que pourrait avoir cette intervention au niveau de l’atmosphère terrestre.

D'autres parlent d'augmenter la réflexion des rayons solaires dans l’espace (par la création d’îles blanches ou par des satellites).

4 Notes et sources

Écologie et socialisme : une interview de John Bellamy Foster