Différences entre les versions de « Boycott »

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À l'origine, le boycott est le choix de ne pas acheter des produits dont les conditions de production ne sont pas jugées [[Justice|justes]]. Le terme vient du nom de [[Charles_Cunningham_Boycott|Charles Cunningham Boycott]] ([[1832|1832]]-[[1897|1897]]), intendant d'un riche propriétaire terrien du [[Comté_de_Mayo|comté de Mayo]], en [[Irlande_(île)|Irlande]] de l'Ouest, durant le XIX<sup>e</sup> siècle&nbsp;: comme il traitait mal ses fermiers, il subit un [[Exclusion_sociale|ostracisme]] et un [[Blocus|blocus]] de leur part pendant le 17 septembre [[1879|1879]]. Le mot boycott se répandit par voie de presse et «&nbsp;boycottage&nbsp;» fit son entrée en France en [[1881|1881]], officialisant une pratique qui existait depuis des siècles, puis est devenu «&nbsp;boycott&nbsp;» récemment, comme dans le reste du monde francophone, à cause de la redondance du suffixe<ref>{{ouvrage|auteur=[[Alain Rey]]|titre=[[Dictionnaire historique de la langue française]]|éditeur=Le Robert|date=1998|passage=406|isbn=|lire en ligne=}}</ref>.
 
À l'origine, le boycott est le choix de ne pas acheter des produits dont les conditions de production ne sont pas jugées [[Justice|justes]]. Le terme vient du nom de [[Charles_Cunningham_Boycott|Charles Cunningham Boycott]] ([[1832|1832]]-[[1897|1897]]), intendant d'un riche propriétaire terrien du [[Comté_de_Mayo|comté de Mayo]], en [[Irlande_(île)|Irlande]] de l'Ouest, durant le XIX<sup>e</sup> siècle&nbsp;: comme il traitait mal ses fermiers, il subit un [[Exclusion_sociale|ostracisme]] et un [[Blocus|blocus]] de leur part pendant le 17 septembre [[1879|1879]]. Le mot boycott se répandit par voie de presse et «&nbsp;boycottage&nbsp;» fit son entrée en France en [[1881|1881]], officialisant une pratique qui existait depuis des siècles, puis est devenu «&nbsp;boycott&nbsp;» récemment, comme dans le reste du monde francophone, à cause de la redondance du suffixe<ref>{{ouvrage|auteur=[[Alain Rey]]|titre=[[Dictionnaire historique de la langue française]]|éditeur=Le Robert|date=1998|passage=406|isbn=|lire en ligne=}}</ref>.
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== Intérêts et inconvénients ==
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La faiblesse et la force du boycott reposent sur la communication, domaine où excellent les sociétés (dans la plupart des cas, les boycottés sont des entreprises). {{Qui|On}} reproche parfois au boycott de renforcer le pouvoir du [[Consommateur|consommateur]] par rapport au pouvoir du [[Citoyen|citoyen]] et donc d'être finalement un outil de domination économique&nbsp;; à cette vision, d'autres répondent que ces pouvoirs ne s'opposent pas mais se complètent.
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Le phénomène du boycott augmente du fait de l’évolution des consciences et des nouvelles facilités de communication. Grâce à l'[[Internet|Internet]], des consommateurs sensibilisés à certaines causes peuvent désormais se relier et partager un même mot d’ordre face à la même marque et ceci, d’un bout à l’autre du globe. Cela se vérifie aux États-Unis, où le boycott fait partie de la culture économique mais aussi en Asie, où ce phénomène connaît beaucoup de succès, et même en France, où 70&nbsp;% des consommateurs se disent prêts à participer à des campagnes de boycott.
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Le boycott est un mode de protestation assez adapté à quelques tendances de notre société actuelle&nbsp;: individualiste mais solidaire. Le face-à-face Syndicat / Patronat fait place à un face-à-face [[Consom'acteur|Consom'acteurs]] / Multinationales avec la montée en puissance de celles-ci<ref>Voir par exemple le film ''[[The Corporation]]''.</ref>. Les «&nbsp;consom'acteurs&nbsp;» utilisent, en tant que citoyens, leur pouvoir d’achat comme une sorte de droit de vote pour compenser leur impuissance en tant qu’électeurs. Ce vote ne respecte certes pas le principe un homme, une voix, mais n'en constitue pas moins un [[Contre-pouvoir|contre-pouvoir]]. Les multinationales sont en expansion. Or elles sont, par définition, moins astreintes au contre-pouvoir du politique et des élus d’un pays, donc aussi à celui de leurs électeurs. En l’absence de vote efficace, les citoyens utilisent alors leur seul autre moyen d’exercer un contre-pouvoir&nbsp;: le boycott ou chantage au non-achat<ref>Une contre-mesure possible pour les entreprises concernées est de s'assurer un degré de contrôle des médias, soit en les possédant, soit en orientant leur budget publicitaire vers ceux qui sont dociles, et d'orienter ce boycott vers leurs principaux concurrents. Voir [[John Kenneth Galbraith]].</ref>.
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Les syndicats se sont montrés réservés concernant le boycott. Habitués à négocier au niveau de la production, en interne, ils voient en effet en celui-ci à une arme «&nbsp;démagogique&nbsp;» menaçant les ventes et donc les emplois. Par ailleurs, hormis quelques expériences (par exemple ''FO-consommation''), ils préfèrent ne pas s'impliquer dans des conflits d'intérêts entre producteurs et consommateurs, ce qui les fait s'éloigner de leur rôle historique. Le relais est donc pris par les mouvements [[Altermondialiste|altermondialistes]], qui acceptent le boycott comme moyen idéal de faire pression sur les multinationales. Ce relais d’une culture militante par une autre a été flagrant au moment de l’affaire [[Danone|Danone]].
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Le boycott est un phénomène que les entreprises doivent prendre en considération pour ne pas être pénalisées par une baisse de demande<ref>[[Caroline Fourest]], ''Face au boycott. L'entreprise face au défi de la consommation citoyenne'', Paris, Dunod, 2005, 176 p.</ref>. Le boycott est d'autant plus efficace que l'entreprise a de grands frais fixes, et qu'une baisse d'à peine 5&nbsp;% de la demande pourrait par exemple faire baisser son bénéfice de plus de moitié. L'appel au boycott peut donc avoir un énorme impact. Il peut être la goutte d’eau qui va définitivement déstabiliser un marché si celui-ci est déjà en difficulté. Pour le coup, le législateur a déjà mis en place dans certains pays, dont la France, quelques lois anti-boycott<ref>[Discussion sur le boycott http://linuxfr.org/~fpolux/26209.html]</ref>.
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Le boycott peut à l'occasion fonctionner dans l'autre sens&nbsp;: entreprises refusant d'intervenir chez un particulier, à la suite d'un conflit entre le dit particulier et une des entreprises. Un exemple typique fut dans les années 1970 celui des membres actifs d'associations de locataires dont quelques sociétés gérant les immeubles concernés ne renouvelèrent pas le bail.

Version du 21 février 2016 à 22:22

Le boycott ou boycottage est le refus systématique de consommer les produits ou services d'une entreprise ou d'une nation. La pratique du boycott peut s'appliquer également à des élections ou à des événements.

1 Histoire

À l'origine, le boycott est le choix de ne pas acheter des produits dont les conditions de production ne sont pas jugées justes. Le terme vient du nom de Charles Cunningham Boycott (1832-1897), intendant d'un riche propriétaire terrien du comté de Mayo, en Irlande de l'Ouest, durant le XIXe siècle : comme il traitait mal ses fermiers, il subit un ostracisme et un blocus de leur part pendant le 17 septembre 1879. Le mot boycott se répandit par voie de presse et « boycottage » fit son entrée en France en 1881, officialisant une pratique qui existait depuis des siècles, puis est devenu « boycott » récemment, comme dans le reste du monde francophone, à cause de la redondance du suffixe[1].

2 Intérêts et inconvénients

La faiblesse et la force du boycott reposent sur la communication, domaine où excellent les sociétés (dans la plupart des cas, les boycottés sont des entreprises). On[Qui ?] reproche parfois au boycott de renforcer le pouvoir du consommateur par rapport au pouvoir du citoyen et donc d'être finalement un outil de domination économique ; à cette vision, d'autres répondent que ces pouvoirs ne s'opposent pas mais se complètent.

Le phénomène du boycott augmente du fait de l’évolution des consciences et des nouvelles facilités de communication. Grâce à l'Internet, des consommateurs sensibilisés à certaines causes peuvent désormais se relier et partager un même mot d’ordre face à la même marque et ceci, d’un bout à l’autre du globe. Cela se vérifie aux États-Unis, où le boycott fait partie de la culture économique mais aussi en Asie, où ce phénomène connaît beaucoup de succès, et même en France, où 70 % des consommateurs se disent prêts à participer à des campagnes de boycott.

Le boycott est un mode de protestation assez adapté à quelques tendances de notre société actuelle : individualiste mais solidaire. Le face-à-face Syndicat / Patronat fait place à un face-à-face Consom'acteurs / Multinationales avec la montée en puissance de celles-ci[2]. Les « consom'acteurs » utilisent, en tant que citoyens, leur pouvoir d’achat comme une sorte de droit de vote pour compenser leur impuissance en tant qu’électeurs. Ce vote ne respecte certes pas le principe un homme, une voix, mais n'en constitue pas moins un contre-pouvoir. Les multinationales sont en expansion. Or elles sont, par définition, moins astreintes au contre-pouvoir du politique et des élus d’un pays, donc aussi à celui de leurs électeurs. En l’absence de vote efficace, les citoyens utilisent alors leur seul autre moyen d’exercer un contre-pouvoir : le boycott ou chantage au non-achat[3].

Les syndicats se sont montrés réservés concernant le boycott. Habitués à négocier au niveau de la production, en interne, ils voient en effet en celui-ci à une arme « démagogique » menaçant les ventes et donc les emplois. Par ailleurs, hormis quelques expériences (par exemple FO-consommation), ils préfèrent ne pas s'impliquer dans des conflits d'intérêts entre producteurs et consommateurs, ce qui les fait s'éloigner de leur rôle historique. Le relais est donc pris par les mouvements altermondialistes, qui acceptent le boycott comme moyen idéal de faire pression sur les multinationales. Ce relais d’une culture militante par une autre a été flagrant au moment de l’affaire Danone.

Le boycott est un phénomène que les entreprises doivent prendre en considération pour ne pas être pénalisées par une baisse de demande[4]. Le boycott est d'autant plus efficace que l'entreprise a de grands frais fixes, et qu'une baisse d'à peine 5 % de la demande pourrait par exemple faire baisser son bénéfice de plus de moitié. L'appel au boycott peut donc avoir un énorme impact. Il peut être la goutte d’eau qui va définitivement déstabiliser un marché si celui-ci est déjà en difficulté. Pour le coup, le législateur a déjà mis en place dans certains pays, dont la France, quelques lois anti-boycott[5].

Le boycott peut à l'occasion fonctionner dans l'autre sens : entreprises refusant d'intervenir chez un particulier, à la suite d'un conflit entre le dit particulier et une des entreprises. Un exemple typique fut dans les années 1970 celui des membres actifs d'associations de locataires dont quelques sociétés gérant les immeubles concernés ne renouvelèrent pas le bail.

  1. Alain Rey, Dictionnaire historique de la langue française, Le Robert, , p. 406
  2. Voir par exemple le film The Corporation.
  3. Une contre-mesure possible pour les entreprises concernées est de s'assurer un degré de contrôle des médias, soit en les possédant, soit en orientant leur budget publicitaire vers ceux qui sont dociles, et d'orienter ce boycott vers leurs principaux concurrents. Voir John Kenneth Galbraith.
  4. Caroline Fourest, Face au boycott. L'entreprise face au défi de la consommation citoyenne, Paris, Dunod, 2005, 176 p.
  5. [Discussion sur le boycott http://linuxfr.org/~fpolux/26209.html]