Différences entre les versions de « Boris Souvarine »

De Wikirouge
Aller à la navigation Aller à la recherche
(Page créée avec « '''Boris Souvarine''', de son vrai nom '''Boris Lifschitz''', né en 1895 à Kiev et mort le Date_fin::1 novembre 1984 à Paris, est un militant politique, Journalis... »)
 
m
Ligne 1 : Ligne 1 :
'''Boris Souvarine''', de son vrai nom '''Boris Lifschitz''', né en 1895 à Kiev et mort le [[Date_fin::1 novembre 1984]] à Paris, est un militant politique, [[Journaliste|journaliste]], [[Historien|historien]] et [[Essai|essayiste]], russe et français.
+
'''[[File:Boris Souvarine.jpg|right|Boris Souvarine.jpg]]Boris Souvarine''' (1895-1984), de son vrai nom '''Boris Lifschitz''', est un militant et intellectuel, russe et français.{{#set:Date=05-11-1895|Date fin=01-11-1984}}
  
 
Militant [[Communisme|communiste]], exclu du [[Parti_communiste_français|PCF]] en 1924, il est dès les années 1920 un des grands critiques du [[Stalinisme|stalinisme]], auteur en 1935 d'une biographie pionnière de [[Joseph_Staline|Staline]].
 
Militant [[Communisme|communiste]], exclu du [[Parti_communiste_français|PCF]] en 1924, il est dès les années 1920 un des grands critiques du [[Stalinisme|stalinisme]], auteur en 1935 d'une biographie pionnière de [[Joseph_Staline|Staline]].
Ligne 7 : Ligne 7 :
 
=== Origines familiales et jeunesse ===
 
=== Origines familiales et jeunesse ===
  
Boris Souvarine est issu d'une famille [[Juifs|juive]] d'[[Ukraine|Ukraine]], pays qui en 1895 faisait partie de l'Empire russe&nbsp;; il est le fils de Kalman<ref>La page russe indique : « сын Константина (Калмана) » (« fils de Konstantin (Kalman) » ; la page anglaise lui donne le nom à la russe : « Boris Konstantinovitch Lifschitz ». « Kalman » semble donc être un équivalent de « Constantin »</ref> Lifschitz, ouvrier joaillier<ref>Maitron. Un « Kalman Lifchitz » est inscrit à la préfecture de la Seine comme « orfèvre, fabricant joaillier » à la date du 5 janvier 1899. Cf. [http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/marque_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_2=AUTR&VALUE_2=LIFCHITZ%20KALMAN Notice Palissy] sur le site du ministère de la Culture.</ref>, et de Mina Steinberg<ref>Souvarine a affirmé, et cela a été signalé par des biographes (par exemple, Jean-Louis Panné, ''Boris Souvarine'', Robert Laffont, 1993), que sa famille était d'origine [[Karaïsme|karaïte]] (une obédience particulière du judaïsme) ; les noms de ses parents sont cependant des noms ashkénazes.</ref><sup>,</sup><ref>[http://books.google.fr/books?id=L7takb1G93IC&pg=PA370&dq=souvarine+juif&hl=fr&sa=X&ei=PeqSUJCHLs6a0QWR2IHYCQ&ved=0CC4Q6AEwAA#v=onepage&q=souvarine%20juif&f=false Une vie révolutionnaire, 1883-1940: Les mémoires de Charles Rappoport], de Marc Lagana, page 370</ref><sup>,</sup><ref>[http://books.google.fr/books?id=_xqmaoUt2-8C&pg=PT48&dq=boris+souvarine+juif&hl=fr&sa=X&ei=9-iSUNDOO-aj0QWAsoHYDA&ved=0CDMQ6AEwAg#v=onepage&q&f=false Dora Maar], d'Alicia Dujovne Ortiz</ref>. En 1897, la famille Lifschitz quitte la Russie pour la France&nbsp;; elle obtient la nationalité française par naturalisation en 1906<ref>Maitron.</ref>.
+
Boris Lifschitz naît à Kiev le 5 novembre 1895 dans une famille [[Juifs|juive]] d'Ukraine, pays qui faisait alors partie de l'Empire russe. Il est le fils de Konstantin (Kalman) Lifschitz, ouvrier joaillier<ref>Un « Kalman Lifchitz » est inscrit à la préfecture de la Seine comme « orfèvre, fabricant joaillier » à la date du 5 janvier 1899. Cf. [http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/marque_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_2=AUTR&VALUE_2=LIFCHITZ%20KALMAN Notice Palissy] sur le site du ministère de la Culture.</ref>, et de Mina Steinberg. Souvarine a affirmé que sa famille était d'origine [[Karaïsme|karaïte]] (une obédience particulière du judaïsme), même si les noms de ses parents sont ashkénazes. Il a un frère aîné, Léon, né en 1893, et il aura une soeur, Jeanne, née en 1904.
  
Après le certificat d'études, Boris entre à l'[[Enseignement_primaire_supérieur|École primaire supérieure]] de la [[Rue_Colbert_(Paris)|rue Colbert]]<ref>Devenue lycée Colbert. Cf. [http://www.ac-paris.fr/serail/jcms/s2_309039/lycee-colbert-historique Histoire du lycée Colbert] sur le site de l'académie de Paris.</ref> (2<sup>e</sup> arr.), mais ne peut terminer le cycle. Il devient apprenti dans une usine d'aviation, tout en acquérant une culture générale et politique assez étendue, grâce à l'université populaire «&nbsp;Coopérative des idées&nbsp;», à la lecture des journaux socialistes, ainsi que celle des classiques du socialisme et de la littérature. Il participe aussi à de nombreux meetings et est marqué par la personnalité de Jean Jaurès. Il obtient un diplôme d'ouvrier d'art de la Ville de Paris<ref name="Maitron">Maitron</ref>.
+
En 1897, la famille Lifschitz quitte la Russie pour la France&nbsp;; elle obtient la nationalité française par naturalisation en 1906.
 +
 
 +
Après le certificat d'études, Boris entre à l'École primaire supérieure de la rue Colbert<ref>Devenue [http://www.ac-paris.fr/serail/jcms/s2_309039/lycee-colbert-historique lycée Colbert]</ref> (2<sup>e</sup> arr.), mais ne peut terminer le cycle. Il devient apprenti dans une usine d'aviation, tout en acquérant une culture générale et politique assez étendue, grâce à l'université populaire «&nbsp;Coopérative des idées&nbsp;», à la lecture des journaux socialistes, ainsi que celle des classiques du socialisme et de la littérature. Il participe aussi à de nombreux meetings et est marqué par la personnalité de [[Jean_Jaurès|Jean Jaurès]]. Il obtient un diplôme d'ouvrier d'art de la Ville de Paris.
  
 
=== La Première Guerre mondiale et ses suites ===
 
=== La Première Guerre mondiale et ses suites ===
  
En 1913, il est appelé sous les drapeaux avec deux ans d'avance en raison d'une erreur de date<ref>Ce paragraphe est repris sur la notice du Maitron. Certains points demanderaient à être éclaircis.</ref> et envoyé à Commercy ([[155e_régiment_d'infanterie|{{155e|régiment}} d'infanterie]])&nbsp;; son frère aîné (Léon, né en 1893)<ref>Il a aussi une sœur, Jeanne, née en 1904.</ref> est tué au front en mars 1915&nbsp;; il est muté à Paris au service de l'Intendance, puis réformé en 1916.
+
En 1913, il est appelé sous les drapeaux avec deux ans d'avance en raison d'une erreur de date et envoyé à Commercy (155<sup>e</sup> d'infanterie)&nbsp;; son frère aîné Léon est tué au front en mars 1915&nbsp;; il est muté à Paris au service de l'Intendance, puis réformé en 1916.
  
Il adhère alors à la [[Section_française_de_l'Internationale_ouvrière|SFIO]] et se rapproche des socialistes «&nbsp;minoritaires&nbsp;», hostiles à l'[[Union_sacrée_et_socialistes|Union sacrée]] et au jusqu'auboutisme. Il est notamment en contact avec l'équipe du journal ''[[Le_Populaire|Le Populaire]]'' ([[Paul_Faure|Paul Faure]], [[Henri_Barbusse|Henri Barbusse]], [[Jean_Longuet|Jean Longuet]]). Il entre aussi au Comité de défense du socialisme internationaliste (CDSI).
+
Il adhère alors à la [[Section_française_de_l'Internationale_ouvrière|SFIO]] et se rapproche des socialistes «&nbsp;minoritaires&nbsp;», hostiles à l'[[Union_sacrée_et_socialistes|Union sacrée]] et au jusqu'auboutisme. Il est notamment en contact avec l'équipe du journal ''[[Le_Populaire|Le Populaire]]'' ([[Paul_Faure|Paul Faure]], [[Henri_Barbusse|Henri Barbusse]], [[Jean_Longuet|Jean Longuet]]). Il entre aussi au [[Comité_de_défense_du_socialisme_internationaliste|Comité de défense du socialisme internationaliste]] (CDSI).
  
C'est dans ''Le Populaire'' qu'il utilise pour la première fois son pseudonyme. Le nom «&nbsp;Souvarine&nbsp;» vient du roman d'[[Émile_Zola|Émile Zola]] ''[[Germinal_(roman)|Germinal]]''. Le Souvarine de Zola est un immigré russe, anarchiste voire nihiliste, travaillant dans une mine de charbon du nord de la France. Il y a évidemment quelques analogies entre le personnage fictif et le personnage historique.
+
C'est dans ''Le Populaire'' qu'il utilise pour la première fois son pseudonyme. Le nom «&nbsp;Souvarine&nbsp;» vient du roman d'[[Émile_Zola|Émile Zola]] ''Germinal''. Le Souvarine de Zola est un immigré russe, [[anarchiste|anarchiste]] voire [[nihiliste|nihiliste]], travaillant dans une mine de charbon du nord de la France.
  
Son article le plus notable, à cette époque, est «&nbsp;À nos amis socialistes en Suisse&nbsp;», qui suscite une réponse de [[Vladimir_Ilitch_Lénine|Lénine]]<ref name="Maitron" />, dont les positions sont beaucoup plus radicales. Par la suite, avec Charles Rappoport, Souvarine quitte le CDSI et se rapproche des [[Bolcheviks|bolcheviks]] en s'intègrant au Comité pour la reconstruction des relations internationales (CRRI) qui, après la création de l'Internationale communiste (mars 1919), devient le Comité pour la {{IIIe}} Internationale.
+
Son article le plus notable, à cette époque, est «&nbsp;À nos amis socialistes en Suisse&nbsp;», qui suscite une réponse de [[Vladimir_Ilitch_Lénine|Lénine]], dont les positions sont beaucoup plus radicales. Par la suite, avec [[Charles_Rappoport|Charles Rappoport]], Souvarine quitte le CDSI et se rapproche des [[Bolcheviks|bolcheviks]] en s'intègrant au Comité pour la reconstruction des relations internationales (CRRI) qui, après la création de l'[[Internationale_communiste|Internationale communiste]] (mars 1919), devient le Comité pour la III<sup>e</sup> Internationale.
  
À partir de [[1920|1920]], Boris Souvarine est un des animateurs de ce comité, avec [[Fernand_Loriot|Fernand Loriot]], [[Pierre_Monatte|Pierre Monatte]] et [[Charles_Rappoport|Charles Rappoport]]. Ils militent pour que la SFIO quitte la [[Internationale_ouvrière|Deuxième Internationale]], ce qui est acquis au congrès de Strasbourg en février 1920, puis adhère à la [[Internationale_communiste|Troisième Internationale]]. Peu après le [[17e_congrès_national_de_la_SFIO|congrès de Strasbourg]], Loriot, Monatte et lui sont arrêtés en liaison avec la [[Grève_générale_des_cheminots_en_1920|grève des cheminots de 1920]] et sont incarcérés à la [[Prison_de_la_Santé|prison de la Santé]], bénéficiant cependant d'un régime de détention qui leur permet de communiquer largement avec l'extérieur.
+
À partir de 1920, Boris Souvarine est un des animateurs de ce comité, avec [[Fernand_Loriot|Fernand Loriot]], [[Pierre_Monatte|Pierre Monatte]] et [[Charles_Rappoport|Charles Rappoport]]. Ils militent pour que la SFIO quitte la [[Internationale_ouvrière|Deuxième Internationale]], ce qui est acquis au congrès de Strasbourg en février 1920, puis adhère à la [[Internationale_communiste|Troisième Internationale]]. Peu après le [[17e_congrès_national_de_la_SFIO|congrès de Strasbourg]], Loriot, Monatte et lui sont arrêtés en liaison avec la [[Grève_générale_des_cheminots_en_1920|grève des cheminots de 1920]] et sont incarcérés à la prison de la Santé, bénéficiant cependant d'un régime de détention qui leur permet de communiquer largement avec l'extérieur.
  
 
=== Au Parti communiste (1920-1924) ===
 
=== Au Parti communiste (1920-1924) ===
  
La création du PCF
+
==== La création du PCF ====
  
À la suite du congrès de Strasbourg, deux dirigeants centristes, [[Ludovic-Oscar_Frossard|Ludovic-Oscar Frossard]] et [[Marcel_Cachin|Marcel Cachin]] sont envoyés durant l'été 1920 à [[Moscou|Moscou]], dont ils reviennent en ayant accepté (dans l'ensemble) les conditions d'entrée dans l'[[Internationale_communiste|Internationale communiste]]. Au [[Congrès_de_Tours_(SFIO)|congrès de Tours]] en décembre, une large majorité approuve donc l'entrée dans l'IC, en votant la motion rédigée pour l'essentiel par les prisonniers de la Santé, mais acceptable pour les centristes.
+
À la suite du congrès de Strasbourg, deux dirigeants centristes, [[Ludovic-Oscar_Frossard|Ludovic-Oscar Frossard]] et [[Marcel_Cachin|Marcel Cachin]] sont envoyés durant l'été 1920 à Moscou, dont ils reviennent en ayant accepté (dans l'ensemble) les conditions d'entrée dans l'[[Internationale_communiste|Internationale communiste]]. Au [[Congrès_de_Tours_(SFIO)|congrès de Tours]] en décembre, une large majorité approuve donc l'entrée dans l'IC, en votant la motion rédigée pour l'essentiel par les prisonniers de la Santé, mais acceptable pour les centristes.
  
Le parti prend le nom de Parti socialiste Section française de l'Internationale communiste (SFIC), devenant un peu plus tard le [[Parti_communiste_français|Parti communiste français]], le secrétariat général restant à Frossard. La minorité ([[Léon_Blum|Léon Blum]], [[Paul_Faure|Paul Faure]]) refuse de s'incliner et décide de maintenir la SFIO.
+
Le parti prend le nom de Parti socialiste - Section française de l'Internationale communiste (SFIC), devenant un peu plus tard le [[Parti_communiste_français|Parti communiste français]], le secrétariat général restant à Frossard. La minorité ([[Léon_Blum|Léon Blum]], [[Paul_Faure|Paul Faure]]) décide de maintenir la SFIO.
  
Souvarine dans le PCF et dans l'Internationale communiste
+
==== Souvarine dans le PCF et dans l'Internationale communiste ====
  
Souvarine est élu au premier comité directeur de la SFIC, et fait partie, en 1921, des délégués français au {{3e|congrès}} de l'[[Internationale_communiste|Internationale communiste]] (IC, «&nbsp;Komintern&nbsp;»)&nbsp;; il est élu à la fois au comité exécutif et au Praesidium qui compte alors 7 membres. Le 17 juillet 1921, il entre au secrétariat de l'IC. Aucun Français n'y exercera de fonctions aussi élevées.
+
Souvarine est élu au premier comité directeur de la SFIC, et fait partie, en 1921, des délégués français au 3<sup>e</sup> congrès de l'[[Internationale_communiste|Internationale communiste]] (IC, «&nbsp;Komintern&nbsp;»)&nbsp;; il est élu à la fois au comité exécutif et au Praesidium qui compte alors 7 membres. Le 17 juillet 1921, il entre au secrétariat de l'IC. Aucun Français n'y exercera de fonctions aussi élevées.
  
 
À cette époque, Souvarine vit principalement à Moscou, mais est également engagé dans la vie du parti français&nbsp;: il s'oppose au «&nbsp;centre&nbsp;», formé autour du Premier Secrétaire, Ludovic-Oscar Frossard et de Marcel Cachin. Il perd son siège au comité directeur au congrès de Marseille en décembre 1921, mais, après le départ (janvier 1923) de Frossard et de ses proches, qui regagnent la SFIO, le conseil national de Boulogne marque la victoire de l'aile gauche pro-bolchévique&nbsp;; Souvarine revient au comité directeur, puis entre au bureau politique.
 
À cette époque, Souvarine vit principalement à Moscou, mais est également engagé dans la vie du parti français&nbsp;: il s'oppose au «&nbsp;centre&nbsp;», formé autour du Premier Secrétaire, Ludovic-Oscar Frossard et de Marcel Cachin. Il perd son siège au comité directeur au congrès de Marseille en décembre 1921, mais, après le départ (janvier 1923) de Frossard et de ses proches, qui regagnent la SFIO, le conseil national de Boulogne marque la victoire de l'aile gauche pro-bolchévique&nbsp;; Souvarine revient au comité directeur, puis entre au bureau politique.
  
La crise de 1923-1924
+
==== La crise de 1923-1924 ====
  
 
En 1923 éclatent entre les dirigeants bolcheviques les conflits qui couvent depuis le début de la maladie de Lénine. Souvarine, qui prend le parti de l’esprit critique face à la direction, et relaie donc parfois les points de vue de [[Léon_Trotski|Léon Trotski]], s'oppose en France à [[Albert_Treint|Albert Treint]] qui a les faveurs de [[Grigori_Zinoviev|Grigori Zinoviev]] et de la direction de l'Internationale.
 
En 1923 éclatent entre les dirigeants bolcheviques les conflits qui couvent depuis le début de la maladie de Lénine. Souvarine, qui prend le parti de l’esprit critique face à la direction, et relaie donc parfois les points de vue de [[Léon_Trotski|Léon Trotski]], s'oppose en France à [[Albert_Treint|Albert Treint]] qui a les faveurs de [[Grigori_Zinoviev|Grigori Zinoviev]] et de la direction de l'Internationale.
  
En janvier 1924, au congrès de Lyon, Souvarine sort vainqueur de la confrontation, mais Treint, avec l'appui de [[Dmitri_Manouïlski|Dmitri Manouïlski]] et de tous les envoyés de l'IC, fait basculer le Comité directeur courant mars. Dans un texte de mars 1924, Souvarine dénonce le «&nbsp;centralisme mécanique, bureaucratique, et irresponsable&nbsp;» au sein de la SFIC. La publication par Souvarine d'un texte de Trotski, «&nbsp;''Cours nouveau''&nbsp;», dans une brochure financée par souscriptions (notamment du jeune [[Maurice_Thorez|Maurice Thorez]]), sert de prétexte à son éviction de l'IC et donc de la SFIC, annoncée par ''[[L'Humanité|L'Humanité]]'' le 19 juillet 1924. Son exclusion est une conséquence de son opposition à la «&nbsp;bolchevisation&nbsp;» de la SFIC (en fait «&nbsp;stalinisation&nbsp;»).
+
En janvier 1924, au congrès de Lyon, Souvarine sort vainqueur de la confrontation, mais Treint, avec l'appui de [[Dmitri_Manouïlski|Dmitri Manouïlski]] et de tous les envoyés de l'IC, fait basculer le Comité directeur courant mars. Dans un texte de mars 1924, Souvarine dénonce le ''«&nbsp;centralisme mécanique, bureaucratique, et irresponsable&nbsp;»'' au sein de la SFIC. La publication par Souvarine d'un texte de Trotski, «&nbsp;''Cours nouveau''&nbsp;», dans une brochure financée par souscriptions (notamment du jeune [[Maurice_Thorez|Maurice Thorez]]), sert de prétexte à son éviction de l'IC et donc de la SFIC, annoncée par ''[[L'Humanité|L'Humanité]]'' le 19 juillet 1924. Son exclusion est une conséquence de son opposition à la ''«&nbsp;[[bolchevisation]]&nbsp;»'' de la SFIC (en fait «&nbsp;stalinisation&nbsp;»).
  
 
=== Le communiste oppositionnel (1924-1940) ===
 
=== Le communiste oppositionnel (1924-1940) ===
  
Les périodiques de Souvarine (1925-1934)
+
==== Les périodiques de Souvarine (1925-1934) ====
  
 
De 1925 à 1933, il refait paraître ''Le Bulletin communiste'', organe du Cercle Communiste Marx et Lénine qu'il fonde avec nombre de signataires de la Lettre des 250 (octobre 1925), et qui en 1930 prend le nom de [[Cercle_communiste_démocratique|Cercle communiste démocratique]]. À partir de 1931, il publie avec l'aide (en particulier financière) de [[Colette_Peignot|Colette Peignot]], la revue ''La Critique sociale'' («&nbsp;revue des idées et des livres&nbsp;»), qui comptera onze numéros jusqu'en 1934, mais qui n'est pas officiellement l'organe du Cercle communiste démocratique. À cette revue de haut niveau intellectuel, participent notamment [[Raymond_Queneau|Raymond Queneau]], [[Michel_Leiris|Michel Leiris]], [[Georges_Bataille|Georges Bataille]] et [[Simone_Weil|Simone Weil]].
 
De 1925 à 1933, il refait paraître ''Le Bulletin communiste'', organe du Cercle Communiste Marx et Lénine qu'il fonde avec nombre de signataires de la Lettre des 250 (octobre 1925), et qui en 1930 prend le nom de [[Cercle_communiste_démocratique|Cercle communiste démocratique]]. À partir de 1931, il publie avec l'aide (en particulier financière) de [[Colette_Peignot|Colette Peignot]], la revue ''La Critique sociale'' («&nbsp;revue des idées et des livres&nbsp;»), qui comptera onze numéros jusqu'en 1934, mais qui n'est pas officiellement l'organe du Cercle communiste démocratique. À cette revue de haut niveau intellectuel, participent notamment [[Raymond_Queneau|Raymond Queneau]], [[Michel_Leiris|Michel Leiris]], [[Georges_Bataille|Georges Bataille]] et [[Simone_Weil|Simone Weil]].
  
La Fédération communiste de l'Est (1932-1934)
+
==== La Fédération communiste de l'Est (1932-1934) ====
  
En 1932, le CCD établit une liaison avec un groupe oppositionnel du Doubs, formé par des exclus ou démissionnaires du PCF (Louis Renard, Lucien Hérard, Marcel Ducret, Jules Carrez), qui, quoique tous instituteurs, sont liés au monde ouvrier local (l'entreprise [[Peugeot|Peugeot]]) à travers la coopérative ouvrière ''La Fraternelle'' de [[Valentigney|Valentigney]]. En liaison avec un exclu récent du Territoire de Belfort, [[Paul_Rassinier|Paul Rassinier]], ils forment en novembre 1932 la Fédération communiste indépendante de l'Est, dont l'organe ''Le Travailleur'', géré par Rassinier, accueille jusqu'en avril 1934 quelques articles de Souvarine et de Colette Peignot<ref>Sur cet épisode non négligeable de la vie de Souvarine, voir le livre de Nadine Fresco, ''Fabrication d'un antisémite'', Seuil, 1999, pages 243-250 (l'antisémite en l'occurrence est Paul Rassinier)</ref>. La coopération entre le groupe de Paris et Rassinier est du reste difficile&nbsp;; dans les semaines qui suivent le 6 février 1934, celui-ci se retire sans la moindre concertation, ce qui met fin à la publication du ''Travailleur'' et de facto à l'existence de la FCIE, qui ne vivait que par son journal&nbsp;; la plupart de ses responsables rejoignent un peu plus tard la SFIO.
+
En 1932, le CCD établit une liaison avec un groupe oppositionnel du Doubs, formé par des exclus ou démissionnaires du PCF (Louis Renard, Lucien Hérard, Marcel Ducret, Jules Carrez), qui, quoique tous instituteurs, sont liés au monde ouvrier local (l'entreprise [[Peugeot|Peugeot]]) à travers la coopérative ouvrière ''La Fraternelle'' de Valentigney. En liaison avec un exclu récent du Territoire de Belfort, [[Paul_Rassinier|Paul Rassinier]], ils forment en novembre 1932 la Fédération communiste indépendante de l'Est, dont l'organe ''Le Travailleur'', géré par Rassinier, accueille jusqu'en avril 1934 quelques articles de Souvarine et de Colette Peignot<ref>Sur cet épisode non négligeable de la vie de Souvarine, voir le livre de Nadine Fresco, ''Fabrication d'un antisémite'', Seuil, 1999, pages 243-250 (l'antisémite en l'occurrence est Paul Rassinier)</ref>. La coopération entre le groupe de Paris et Rassinier est du reste difficile&nbsp;; dans les semaines qui suivent le 6 février 1934, celui-ci se retire sans la moindre concertation, ce qui met fin à la publication du ''Travailleur'' et de facto à l'existence de la FCIE, qui ne vivait que par son journal&nbsp;; la plupart de ses responsables rejoignent un peu plus tard la SFIO.
  
Le combat contre le stalinisme
+
==== Le combat contre le stalinisme ====
  
L'activité essentielle de Souvarine, en 1933-1934, est la rédaction de sa biographie de Staline, qui est publiée en 1935 sous le titre de ''Staline. Aperçu historique du bolchevisme'' chez Plon, seul éditeur à avoir accepté de la publier. Souvarine y démonte les mécanismes des mensonges développés autour de la réalité du régime soviétique, régime qu'il considère comme étant une «&nbsp;négation du socialisme et du communisme&nbsp;» et comme un [[Capitalisme_d'État|capitalisme d'État]] (en mars [[1985|1985]], peu après la mort de Souvarine, le réalisateur [[Jean_Aurel|Jean Aurel]] adaptera cette biographie de Staline sous la forme d'un documentaire pour le cinéma, simplement intitulé ''Staline'').
+
L'activité essentielle de Souvarine, en 1933-1934, est la rédaction de sa biographie de [[Staline|Staline]], qui est publiée en 1935 sous le titre de ''Staline. Aperçu historique du bolchevisme'' chez Plon, seul éditeur à avoir accepté de la publier. Souvarine y démonte les mécanismes des mensonges développés autour de la réalité du régime soviétique, régime qu'il considère comme étant une ''«&nbsp;négation du socialisme et du communisme&nbsp;»'' et comme un [[Capitalisme_d'État|capitalisme d'État]] (en mars 1985, peu après la mort de Souvarine, le réalisateur [[Jean_Aurel|Jean Aurel]] adaptera cette biographie de Staline sous la forme d'un documentaire pour le cinéma, simplement intitulé ''Staline'').
  
 
Pour rendre plus concrète sa lutte contre le [[Stalinisme|stalinisme]], il fonde en 1935 l'[[Institut_d'histoire_sociale|Institut d'histoire sociale]] qui rassemble une importante documentation sur le communisme, l'[[Union_des_républiques_socialistes_soviétiques|Union soviétique]] et le [[Mouvement_ouvrier|mouvement ouvrier]] en général. Il crée ''Les Amis de la vérité sur l'URSS'', collectif qui publie plusieurs brochures à ''La librairie du travail''. En 1936, sous le pseudonyme de Motus, Souvarine publie le livre ''À travers le Pays des Soviets.''
 
Pour rendre plus concrète sa lutte contre le [[Stalinisme|stalinisme]], il fonde en 1935 l'[[Institut_d'histoire_sociale|Institut d'histoire sociale]] qui rassemble une importante documentation sur le communisme, l'[[Union_des_républiques_socialistes_soviétiques|Union soviétique]] et le [[Mouvement_ouvrier|mouvement ouvrier]] en général. Il crée ''Les Amis de la vérité sur l'URSS'', collectif qui publie plusieurs brochures à ''La librairie du travail''. En 1936, sous le pseudonyme de Motus, Souvarine publie le livre ''À travers le Pays des Soviets.''
  
La mort de Colette Peignot (1938)
+
==== La mort de Colette Peignot (1938) ====
  
Cette période est par ailleurs marquée par sa rupture avec Colette Peignot et par la mort de cette dernière en 1938, évoquée avec émotion par Souvarine, en 1983, dans son introduction à la réédition de ''La Critique sociale''&nbsp;: «&nbsp;Le 8 novembre 1938, son frère Charles vint me faire part du décès de notre chère... Araxe.... Alors je n'ai plus rien à dire, ce que j'éprouve est trop personnel pour être partagé.&nbsp;»<ref>Cité par Fresco, 1999, p. 642.</ref>.
+
Cette période est par ailleurs marquée par sa rupture avec Colette Peignot et par la mort de cette dernière en 1938, évoquée avec émotion par Souvarine, en 1983, dans son introduction à la réédition de ''La Critique sociale''&nbsp;: ''«&nbsp;Le 8 novembre 1938, son frère Charles vint me faire part du décès de notre chère... Araxe.... Alors je n'ai plus rien à dire, ce que j'éprouve est trop personnel pour être partagé.&nbsp;»''<ref>Cité par Fresco, 1999, p. 642.</ref>.
  
 
=== La Seconde Guerre mondiale et après ===
 
=== La Seconde Guerre mondiale et après ===
  
Réfugié à Marseille, il y est arrêté en 1940 sur l'ordre du [[Régime_de_Vichy|gouvernement de Vichy]], mais est libéré grâce à l'intervention d'un officier, son ami [[Henri_Rollin_(militaire)|Henri Rollin]]. Il réussit alors à partir aux [[États-Unis|États-Unis]].
+
Réfugié à Marseille, il y est arrêté en 1940 sur l'ordre du [[Régime_de_Vichy|gouvernement de Vichy]], mais est libéré grâce à l'intervention d'un officier, son ami [[Henri_Rollin_(militaire)|Henri Rollin]]. Il réussit alors à partir aux États-Unis.
  
 
Après la guerre, il reprend son combat contre le stalinisme, écrivant dans la revue ''Est & Ouest'', revue d'information sur le communisme mondial aussi bien soviétique que chinois ou autres. En 1957, il crée la revue ''Le Contrat social'', qui paraît jusqu'en 1968.
 
Après la guerre, il reprend son combat contre le stalinisme, écrivant dans la revue ''Est & Ouest'', revue d'information sur le communisme mondial aussi bien soviétique que chinois ou autres. En 1957, il crée la revue ''Le Contrat social'', qui paraît jusqu'en 1968.
Ligne 71 : Ligne 73 :
 
=== Jugements sur Boris Souvarine ===
 
=== Jugements sur Boris Souvarine ===
  
[[Branko_Lazitch|Branko Lazitch]] résume ainsi son parcours&nbsp;: ''«&nbsp;il traita au cours de sa vie d'un seul sujet, du communisme. Il l'aborda en tant que leader communiste-révolutionnaire (1917-1923), en tant que communiste opposant et dissident (1924-1934) et finalement en tant qu'[[Anticommunisme|anticommuniste]]&nbsp;»''<ref>Préface à ''Chroniques du mensonge communiste'', recueil d'articles de Boris Souvarine, Commentaire/Plon, 1998.</ref>. Par contre, Souvarine refusait pour sa part le terme anticommuniste&nbsp;: «&nbsp;Si une seule publication au monde a souligné constamment des incompatibilités essentielles entre marxisme et léninisme, entre léninisme et stalinisme, c’est bien la nôtre, donc tout le contraire de l’anticommunisme.&nbsp;»<ref>[http://www.critique-sociale.info/index.php/histoire/55-les-vies-de-boris-souvarine Les Vies de Boris Souvarine], ''Le Contrat social'', volume VIII n°1, janvier 1964, p. 66-67.</ref> Il dénonçait ce qu'il appelait le «&nbsp;pseudo-communisme&nbsp;», considérant que les régimes du bloc de l'est représentaient ''«&nbsp;«&nbsp;la plus hideuse caricature du communisme&nbsp;»''<ref>[http://www.critique-sociale.info/index.php/histoire/55-les-vies-de-boris-souvarine Les Vies de Boris Souvarine], ''Le Contrat social'', volume VIII n°1, janvier 1964, p. 66-67</ref>. L'historienne [[Ariane_Chebel_d'Appollonia|Ariane Chebel d'Appollonia]] note néanmoins que la critique du régime soviétique, que Souvarine a poursuivie sa vie durant, lui a donné le statut d'un ''«&nbsp;spécialiste incontesté de l'anticommunisme&nbsp;»''<ref>Ariane Chebel d'Appollonia, ''Histoire politique des intellectuels en France'', Tome II, Complexe, 1991, page 89</ref>.
+
[[Branko_Lazitch|Branko Lazitch]] résume ainsi son parcours&nbsp;: ''«&nbsp;il traita au cours de sa vie d'un seul sujet, du communisme. Il l'aborda en tant que leader communiste-révolutionnaire (1917-1923), en tant que communiste opposant et dissident (1924-1934) et finalement en tant qu'[[Anticommunisme|anticommuniste]]&nbsp;»''<ref>Préface à ''Chroniques du mensonge communiste'', recueil d'articles de Boris Souvarine, Commentaire/Plon, 1998.</ref>. Par contre, Souvarine refusait pour sa part le terme anticommuniste&nbsp;: ''«&nbsp;Si une seule publication au monde a souligné constamment des incompatibilités essentielles entre marxisme et léninisme, entre léninisme et stalinisme, c’est bien la nôtre, donc tout le contraire de l’anticommunisme.&nbsp;»''<ref>[http://www.critique-sociale.info/index.php/histoire/55-les-vies-de-boris-souvarine Les Vies de Boris Souvarine], ''Le Contrat social'', volume VIII n°1, janvier 1964, p. 66-67.</ref> Il dénonçait ce qu'il appelait le ''«&nbsp;pseudo-communisme&nbsp;»'', considérant que les régimes du bloc de l'est représentaient ''«&nbsp;«&nbsp;la plus hideuse caricature du communisme&nbsp;»''<ref>[http://www.critique-sociale.info/index.php/histoire/55-les-vies-de-boris-souvarine Les Vies de Boris Souvarine], ''Le Contrat social'', volume VIII n°1, janvier 1964, p. 66-67</ref>. L'historienne [[Ariane_Chebel_d'Appollonia|Ariane Chebel d'Appollonia]] note néanmoins que la critique du régime soviétique, que Souvarine a poursuivie sa vie durant, lui a donné le statut d'un ''«&nbsp;spécialiste incontesté de l'anticommunisme&nbsp;»''<ref>Ariane Chebel d'Appollonia, ''Histoire politique des intellectuels en France'', Tome II, Complexe, 1991, page 89</ref>.
  
Boris Souvarine écrivait en 1981&nbsp;: «&nbsp;J'ai, dès 1960, voulu démontrer que «&nbsp;pour qui s'avère capable de discernement, le marxisme est une chose, d'ailleurs complexe et variable, le léninisme en est une autre, plus simple, et le marxisme-léninisme une troisième qui contraste avec les précédentes par des différences profondes malgré les similitudes verbales&nbsp;». De nos jours, j'accentuerais fortement tous les adjectifs car, depuis, une incompatibilité absolue s'est affirmée davantage, entre ces notions troubles et captieuses.&nbsp;»<ref>Boris Souvarine, ''Autour du congrès de Tours'', [[Champ Libre]], 1981, p. 73 et 74.</ref>
+
Boris Souvarine écrivait en 1981&nbsp;: ''«&nbsp;J'ai, dès 1960, voulu démontrer que «&nbsp;pour qui s'avère capable de discernement, le marxisme est une chose, d'ailleurs complexe et variable, le léninisme en est une autre, plus simple, et le marxisme-léninisme une troisième qui contraste avec les précédentes par des différences profondes malgré les similitudes verbales&nbsp;». De nos jours, j'accentuerais fortement tous les adjectifs car, depuis, une incompatibilité absolue s'est affirmée davantage, entre ces notions troubles et captieuses.&nbsp;»''<ref>Boris Souvarine, ''Autour du congrès de Tours'', [[Champ Libre]], 1981, p. 73 et 74.</ref>
  
 
== Œuvres ==
 
== Œuvres ==
  
*''Staline, aperçu historique du bolchévisme'', Paris, [[Plon|Plon]], 1935 (rééditions [[Champ_libre|Champ libre]] 1978 et 1985, puis [[Champ_libre|éditions Ivrea]] 1992).  
+
*''Staline, aperçu historique du bolchévisme'', Paris, Plon, 1935 (rééditions Champ libre 1978 et 1985, puis éditions Ivrea 1992).  
 
*Sous le pseudonyme de Motus, ''À travers le pays des Soviets'', Paris, Éd. de France, 1936.  
 
*Sous le pseudonyme de Motus, ''À travers le pays des Soviets'', Paris, Éd. de France, 1936.  
 
*''[http://atheles.org/agone/memoiressociales/cauchemarenurss Cauchemar en URSS]'', Paris, Revue de Paris, 1937 (réédition [[Éditions_Agone|Éditions Agone]], 2001).  
 
*''[http://atheles.org/agone/memoiressociales/cauchemarenurss Cauchemar en URSS]'', Paris, Revue de Paris, 1937 (réédition [[Éditions_Agone|Éditions Agone]], 2001).  
Ligne 111 : Ligne 113 :
  
 
*Anne Roche (dir.), ''Boris Souvarine et la critique sociale'', Paris, La Découverte, 1990  
 
*Anne Roche (dir.), ''Boris Souvarine et la critique sociale'', Paris, La Découverte, 1990  
*Jean-Louis Panné, ''Boris Souvarine&nbsp;: prémices d'un itinéraire politique (1895-1919)'', mémoire de maîtrise sous la direction de [[Jean-Louis_Robert|Jean-Louis Robert]], [[Université_Panthéon-Sorbonne|Université Paris I]], 1992 (disponible&nbsp;: Paris I-CHS)  
+
*Jean-Louis Panné, ''Boris Souvarine&nbsp;: prémices d'un itinéraire politique (1895-1919)'', mémoire de maîtrise sous la direction de Jean-Louis Robert, Université Paris I, 1992 (disponible&nbsp;: Paris I-CHS)  
 
*Jean-Louis Panné, ''Boris Souvarine Le premier désenchanté du communisme'', Paris, Robert Laffont, 1993  
 
*Jean-Louis Panné, ''Boris Souvarine Le premier désenchanté du communisme'', Paris, Robert Laffont, 1993  
*Charles Jacquier, ''Boris Souvarine, un intellectuel antistalinien de l'entre-deux-guerres (1924-1940)'', thèse de doctorat de sociologie sous la direction d'[[Annie_Kriegel|Annie Kriegel]], [[Université_Paris_Ouest_Nanterre_La_Défense|Université Paris X]] (Nanterre), 1994, dactylographiée (disponible&nbsp;: Paris X-BU, Paris I-CHS, Rennes IEP).  
+
*Charles Jacquier, ''Boris Souvarine, un intellectuel antistalinien de l'entre-deux-guerres (1924-1940)'', thèse de doctorat de sociologie sous la direction d'Annie Kriegel, Université Paris X (Nanterre), 1994, dactylographiée (disponible&nbsp;: Paris X-BU, Paris I-CHS, Rennes IEP).  
  
 
Histoire du Parti communiste
 
Histoire du Parti communiste
Ligne 125 : Ligne 127 :
 
*Gilles Candar, [http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/xxs_0294-1759_1994_num_42_1_3058_t1_0142_0000_2 Recension de l'ouvrage de Jean-Louis Panné], ''Vingtième-siècle'', 1994, n°42, p. 142  
 
*Gilles Candar, [http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/xxs_0294-1759_1994_num_42_1_3058_t1_0142_0000_2 Recension de l'ouvrage de Jean-Louis Panné], ''Vingtième-siècle'', 1994, n°42, p. 142  
  
&nbsp;
+
[[Category:Marxistes]] [[Category:France]]
 
 
[[Category:Marxistes]][[Category:France]]
 

Version du 2 novembre 2016 à 22:48

Boris Souvarine (1895-1984), de son vrai nom Boris Lifschitz, est un militant et intellectuel, russe et français.

Militant communiste, exclu du PCF en 1924, il est dès les années 1920 un des grands critiques du stalinisme, auteur en 1935 d'une biographie pionnière de Staline.

1 Biographie

1.1 Origines familiales et jeunesse

Boris Lifschitz naît à Kiev le 5 novembre 1895 dans une famille juive d'Ukraine, pays qui faisait alors partie de l'Empire russe. Il est le fils de Konstantin (Kalman) Lifschitz, ouvrier joaillier[1], et de Mina Steinberg. Souvarine a affirmé que sa famille était d'origine karaïte (une obédience particulière du judaïsme), même si les noms de ses parents sont ashkénazes. Il a un frère aîné, Léon, né en 1893, et il aura une soeur, Jeanne, née en 1904.

En 1897, la famille Lifschitz quitte la Russie pour la France ; elle obtient la nationalité française par naturalisation en 1906.

Après le certificat d'études, Boris entre à l'École primaire supérieure de la rue Colbert[2] (2e arr.), mais ne peut terminer le cycle. Il devient apprenti dans une usine d'aviation, tout en acquérant une culture générale et politique assez étendue, grâce à l'université populaire « Coopérative des idées », à la lecture des journaux socialistes, ainsi que celle des classiques du socialisme et de la littérature. Il participe aussi à de nombreux meetings et est marqué par la personnalité de Jean Jaurès. Il obtient un diplôme d'ouvrier d'art de la Ville de Paris.

1.2 La Première Guerre mondiale et ses suites

En 1913, il est appelé sous les drapeaux avec deux ans d'avance en raison d'une erreur de date et envoyé à Commercy (155e d'infanterie) ; son frère aîné Léon est tué au front en mars 1915 ; il est muté à Paris au service de l'Intendance, puis réformé en 1916.

Il adhère alors à la SFIO et se rapproche des socialistes « minoritaires », hostiles à l'Union sacrée et au jusqu'auboutisme. Il est notamment en contact avec l'équipe du journal Le Populaire (Paul Faure, Henri Barbusse, Jean Longuet). Il entre aussi au Comité de défense du socialisme internationaliste (CDSI).

C'est dans Le Populaire qu'il utilise pour la première fois son pseudonyme. Le nom « Souvarine » vient du roman d'Émile Zola Germinal. Le Souvarine de Zola est un immigré russe, anarchiste voire nihiliste, travaillant dans une mine de charbon du nord de la France.

Son article le plus notable, à cette époque, est « À nos amis socialistes en Suisse », qui suscite une réponse de Lénine, dont les positions sont beaucoup plus radicales. Par la suite, avec Charles Rappoport, Souvarine quitte le CDSI et se rapproche des bolcheviks en s'intègrant au Comité pour la reconstruction des relations internationales (CRRI) qui, après la création de l'Internationale communiste (mars 1919), devient le Comité pour la IIIe Internationale.

À partir de 1920, Boris Souvarine est un des animateurs de ce comité, avec Fernand Loriot, Pierre Monatte et Charles Rappoport. Ils militent pour que la SFIO quitte la Deuxième Internationale, ce qui est acquis au congrès de Strasbourg en février 1920, puis adhère à la Troisième Internationale. Peu après le congrès de Strasbourg, Loriot, Monatte et lui sont arrêtés en liaison avec la grève des cheminots de 1920 et sont incarcérés à la prison de la Santé, bénéficiant cependant d'un régime de détention qui leur permet de communiquer largement avec l'extérieur.

1.3 Au Parti communiste (1920-1924)

1.3.1 La création du PCF

À la suite du congrès de Strasbourg, deux dirigeants centristes, Ludovic-Oscar Frossard et Marcel Cachin sont envoyés durant l'été 1920 à Moscou, dont ils reviennent en ayant accepté (dans l'ensemble) les conditions d'entrée dans l'Internationale communiste. Au congrès de Tours en décembre, une large majorité approuve donc l'entrée dans l'IC, en votant la motion rédigée pour l'essentiel par les prisonniers de la Santé, mais acceptable pour les centristes.

Le parti prend le nom de Parti socialiste - Section française de l'Internationale communiste (SFIC), devenant un peu plus tard le Parti communiste français, le secrétariat général restant à Frossard. La minorité (Léon Blum, Paul Faure) décide de maintenir la SFIO.

1.3.2 Souvarine dans le PCF et dans l'Internationale communiste

Souvarine est élu au premier comité directeur de la SFIC, et fait partie, en 1921, des délégués français au 3e congrès de l'Internationale communiste (IC, « Komintern ») ; il est élu à la fois au comité exécutif et au Praesidium qui compte alors 7 membres. Le 17 juillet 1921, il entre au secrétariat de l'IC. Aucun Français n'y exercera de fonctions aussi élevées.

À cette époque, Souvarine vit principalement à Moscou, mais est également engagé dans la vie du parti français : il s'oppose au « centre », formé autour du Premier Secrétaire, Ludovic-Oscar Frossard et de Marcel Cachin. Il perd son siège au comité directeur au congrès de Marseille en décembre 1921, mais, après le départ (janvier 1923) de Frossard et de ses proches, qui regagnent la SFIO, le conseil national de Boulogne marque la victoire de l'aile gauche pro-bolchévique ; Souvarine revient au comité directeur, puis entre au bureau politique.

1.3.3 La crise de 1923-1924

En 1923 éclatent entre les dirigeants bolcheviques les conflits qui couvent depuis le début de la maladie de Lénine. Souvarine, qui prend le parti de l’esprit critique face à la direction, et relaie donc parfois les points de vue de Léon Trotski, s'oppose en France à Albert Treint qui a les faveurs de Grigori Zinoviev et de la direction de l'Internationale.

En janvier 1924, au congrès de Lyon, Souvarine sort vainqueur de la confrontation, mais Treint, avec l'appui de Dmitri Manouïlski et de tous les envoyés de l'IC, fait basculer le Comité directeur courant mars. Dans un texte de mars 1924, Souvarine dénonce le « centralisme mécanique, bureaucratique, et irresponsable » au sein de la SFIC. La publication par Souvarine d'un texte de Trotski, « Cours nouveau », dans une brochure financée par souscriptions (notamment du jeune Maurice Thorez), sert de prétexte à son éviction de l'IC et donc de la SFIC, annoncée par L'Humanité le 19 juillet 1924. Son exclusion est une conséquence de son opposition à la « bolchevisation » de la SFIC (en fait « stalinisation »).

1.4 Le communiste oppositionnel (1924-1940)

1.4.1 Les périodiques de Souvarine (1925-1934)

De 1925 à 1933, il refait paraître Le Bulletin communiste, organe du Cercle Communiste Marx et Lénine qu'il fonde avec nombre de signataires de la Lettre des 250 (octobre 1925), et qui en 1930 prend le nom de Cercle communiste démocratique. À partir de 1931, il publie avec l'aide (en particulier financière) de Colette Peignot, la revue La Critique sociale (« revue des idées et des livres »), qui comptera onze numéros jusqu'en 1934, mais qui n'est pas officiellement l'organe du Cercle communiste démocratique. À cette revue de haut niveau intellectuel, participent notamment Raymond Queneau, Michel Leiris, Georges Bataille et Simone Weil.

1.4.2 La Fédération communiste de l'Est (1932-1934)

En 1932, le CCD établit une liaison avec un groupe oppositionnel du Doubs, formé par des exclus ou démissionnaires du PCF (Louis Renard, Lucien Hérard, Marcel Ducret, Jules Carrez), qui, quoique tous instituteurs, sont liés au monde ouvrier local (l'entreprise Peugeot) à travers la coopérative ouvrière La Fraternelle de Valentigney. En liaison avec un exclu récent du Territoire de Belfort, Paul Rassinier, ils forment en novembre 1932 la Fédération communiste indépendante de l'Est, dont l'organe Le Travailleur, géré par Rassinier, accueille jusqu'en avril 1934 quelques articles de Souvarine et de Colette Peignot[3]. La coopération entre le groupe de Paris et Rassinier est du reste difficile ; dans les semaines qui suivent le 6 février 1934, celui-ci se retire sans la moindre concertation, ce qui met fin à la publication du Travailleur et de facto à l'existence de la FCIE, qui ne vivait que par son journal ; la plupart de ses responsables rejoignent un peu plus tard la SFIO.

1.4.3 Le combat contre le stalinisme

L'activité essentielle de Souvarine, en 1933-1934, est la rédaction de sa biographie de Staline, qui est publiée en 1935 sous le titre de Staline. Aperçu historique du bolchevisme chez Plon, seul éditeur à avoir accepté de la publier. Souvarine y démonte les mécanismes des mensonges développés autour de la réalité du régime soviétique, régime qu'il considère comme étant une « négation du socialisme et du communisme » et comme un capitalisme d'État (en mars 1985, peu après la mort de Souvarine, le réalisateur Jean Aurel adaptera cette biographie de Staline sous la forme d'un documentaire pour le cinéma, simplement intitulé Staline).

Pour rendre plus concrète sa lutte contre le stalinisme, il fonde en 1935 l'Institut d'histoire sociale qui rassemble une importante documentation sur le communisme, l'Union soviétique et le mouvement ouvrier en général. Il crée Les Amis de la vérité sur l'URSS, collectif qui publie plusieurs brochures à La librairie du travail. En 1936, sous le pseudonyme de Motus, Souvarine publie le livre À travers le Pays des Soviets.

1.4.4 La mort de Colette Peignot (1938)

Cette période est par ailleurs marquée par sa rupture avec Colette Peignot et par la mort de cette dernière en 1938, évoquée avec émotion par Souvarine, en 1983, dans son introduction à la réédition de La Critique sociale : « Le 8 novembre 1938, son frère Charles vint me faire part du décès de notre chère... Araxe.... Alors je n'ai plus rien à dire, ce que j'éprouve est trop personnel pour être partagé. »[4].

1.5 La Seconde Guerre mondiale et après

Réfugié à Marseille, il y est arrêté en 1940 sur l'ordre du gouvernement de Vichy, mais est libéré grâce à l'intervention d'un officier, son ami Henri Rollin. Il réussit alors à partir aux États-Unis.

Après la guerre, il reprend son combat contre le stalinisme, écrivant dans la revue Est & Ouest, revue d'information sur le communisme mondial aussi bien soviétique que chinois ou autres. En 1957, il crée la revue Le Contrat social, qui paraît jusqu'en 1968.

1.6 Jugements sur Boris Souvarine

Branko Lazitch résume ainsi son parcours : « il traita au cours de sa vie d'un seul sujet, du communisme. Il l'aborda en tant que leader communiste-révolutionnaire (1917-1923), en tant que communiste opposant et dissident (1924-1934) et finalement en tant qu'anticommuniste »[5]. Par contre, Souvarine refusait pour sa part le terme anticommuniste : « Si une seule publication au monde a souligné constamment des incompatibilités essentielles entre marxisme et léninisme, entre léninisme et stalinisme, c’est bien la nôtre, donc tout le contraire de l’anticommunisme. »[6] Il dénonçait ce qu'il appelait le « pseudo-communisme », considérant que les régimes du bloc de l'est représentaient « « la plus hideuse caricature du communisme »[7]. L'historienne Ariane Chebel d'Appollonia note néanmoins que la critique du régime soviétique, que Souvarine a poursuivie sa vie durant, lui a donné le statut d'un « spécialiste incontesté de l'anticommunisme »[8].

Boris Souvarine écrivait en 1981 : « J'ai, dès 1960, voulu démontrer que « pour qui s'avère capable de discernement, le marxisme est une chose, d'ailleurs complexe et variable, le léninisme en est une autre, plus simple, et le marxisme-léninisme une troisième qui contraste avec les précédentes par des différences profondes malgré les similitudes verbales ». De nos jours, j'accentuerais fortement tous les adjectifs car, depuis, une incompatibilité absolue s'est affirmée davantage, entre ces notions troubles et captieuses. »[9]

2 Œuvres

  • Staline, aperçu historique du bolchévisme, Paris, Plon, 1935 (rééditions Champ libre 1978 et 1985, puis éditions Ivrea 1992).
  • Sous le pseudonyme de Motus, À travers le pays des Soviets, Paris, Éd. de France, 1936.
  • Cauchemar en URSS, Paris, Revue de Paris, 1937 (réédition Éditions Agone, 2001).
  • Ouvriers et paysans en URSS, Paris, Librairie du travail, 1937 (réédition Agone, 2001).
  • Un Pot-pourri de Khrouchtchev : à propos de ses souvenirs, Paris, Éditions Spartacus, 1971.
  • Le Stalinisme, Paris, Spartacus, 1972.
  • Autour du congrès de Tours, Paris, Champ libre, 1981.
  • L'observateur des deux mondes et autres textes, Paris, La Différence, 1982.
  • La Critique Sociale – 1931-1934, Paris, La Différence, 1983.
  • Souvenirs sur Isaac Babel, Panaït Istrati, Pierre Pascal - suivi de Lettre à Alexandre Soljenitsyne, Paris, éditions Gérard Lebovici, 1985.
  • À contre-courant (recueil de textes de 1925 à 1939), Paris, Denoël, 1985.
  • Controverse avec Soljenitsyne, Paris, Éditions Allia, 1990.
  • Chroniques du mensonge communiste, textes choisis par Branko Lazitch et Pierre Rigoulot, Plon, 1998.
  • Sur Lénine, Trotsky et Staline (1978-79), entretiens avec Branko Lazitch et Michel Heller, précédé de Boris par Michel Heller, Allia, 1990, nouvelle édition précédée de La Controverse sur Lénine, la révolution et l'histoire par Michel Heller, Paris, Allia, 2007.
  • Feu le Comintern, Éditions le Passager clandestin, 2015.
  • Boris Souvarine a également écrit (anonymement) une des trois parties de Vers l'autre flamme, publié sous le seul nom de Panaït Istrati en 1929. Réédition : L'URSS en 1930, présenté par Charles Jacquier, Paris, éditions Ivrea, 1997.

3 Notes et références

  1. Un « Kalman Lifchitz » est inscrit à la préfecture de la Seine comme « orfèvre, fabricant joaillier » à la date du 5 janvier 1899. Cf. Notice Palissy sur le site du ministère de la Culture.
  2. Devenue lycée Colbert
  3. Sur cet épisode non négligeable de la vie de Souvarine, voir le livre de Nadine Fresco, Fabrication d'un antisémite, Seuil, 1999, pages 243-250 (l'antisémite en l'occurrence est Paul Rassinier)
  4. Cité par Fresco, 1999, p. 642.
  5. Préface à Chroniques du mensonge communiste, recueil d'articles de Boris Souvarine, Commentaire/Plon, 1998.
  6. Les Vies de Boris Souvarine, Le Contrat social, volume VIII n°1, janvier 1964, p. 66-67.
  7. Les Vies de Boris Souvarine, Le Contrat social, volume VIII n°1, janvier 1964, p. 66-67
  8. Ariane Chebel d'Appollonia, Histoire politique des intellectuels en France, Tome II, Complexe, 1991, page 89
  9. Boris Souvarine, Autour du congrès de Tours, Champ Libre, 1981, p. 73 et 74.

4 Voir aussi

4.1 Bibliographie

Notices

Ouvrages sur Boris Souvarine

  • Anne Roche (dir.), Boris Souvarine et la critique sociale, Paris, La Découverte, 1990
  • Jean-Louis Panné, Boris Souvarine : prémices d'un itinéraire politique (1895-1919), mémoire de maîtrise sous la direction de Jean-Louis Robert, Université Paris I, 1992 (disponible : Paris I-CHS)
  • Jean-Louis Panné, Boris Souvarine Le premier désenchanté du communisme, Paris, Robert Laffont, 1993
  • Charles Jacquier, Boris Souvarine, un intellectuel antistalinien de l'entre-deux-guerres (1924-1940), thèse de doctorat de sociologie sous la direction d'Annie Kriegel, Université Paris X (Nanterre), 1994, dactylographiée (disponible : Paris X-BU, Paris I-CHS, Rennes IEP).

Histoire du Parti communiste

  • Philippe Robrieux, Histoire intérieure du parti communiste, tomes I et IV, Paris, Fayard, 1984.

4.2 Liens externes