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=== Précurseurs, continuité et rupture ===
 
=== Précurseurs, continuité et rupture ===
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L'[[Internationalisme|Internationalisme]] dans son acception moderne se place dans la continuité idéologique des [[Printemps des peuples|mouvements révolutionnaires de 1848]]<ref name="kriegel">Annie Kriegel, L'Association internationale des Travailleurs (1864-1876), dans Histoire générale du socialisme, volume 1 (Des origines à 1875), Jacques Droz (dir.), P.U.F., 1972, pp.603-634.</ref>. À partir du milieu du 19<sup>ème</sup> siècle, différentes organisations fortement marquées par les idéaux démocratiques et pacifistes de la bourgeoisie progressiste voient le jour.
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L'[[Internationalisme|Internationalisme]] dans son acception moderne se place dans la continuité idéologique des [[Printemps_des_peuples|mouvements révolutionnaires de 1848]]<ref name="kriegel">Annie Kriegel, L'Association internationale des Travailleurs (1864-1876), dans Histoire générale du socialisme, volume 1 (Des origines à 1875), Jacques Droz (dir.), P.U.F., 1972, pp.603-634.</ref>. À partir du milieu du 19<sup>ème</sup> siècle, différentes organisations fortement marquées par les idéaux démocratiques et pacifistes de la bourgeoisie progressiste voient le jour.
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En 1834, la ''Jeune Europe'' de [[Giuseppe Mazzini|Giuseppe Mazzini]] se veut la préfiguration d'une fédération républicaine à l'échelle européenne.
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En 1834, la ''Jeune Europe'' de [[Giuseppe_Mazzini|Giuseppe Mazzini]] se veut la préfiguration d'une fédération républicaine à l'échelle européenne.
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Avec une orientation [[Socialiste|socialiste]] plus marquée, l'[[Association Internationale|Association Internationale]]<ref name="lehning">Arthur Lehning, ''De Buonarroti à Bakounine : études sur le socialisme international'', Champ libre, Paris, 1977.</ref>, est fondée à Londres en 1855 par des proscrits socialistes français, allemands, polonais, anglais et belges. Elle dure quatre ans mais reste embryonnaire. Elle est dissoute suite aux dissensions de certains membres souhaitant l'abolition du comité permanent<ref name="maitron">Jean Maitron, ''Le mouvement anarchiste en France'', Gallimard, coll. « Tel », 1992. </ref>.
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Avec une orientation [[Socialiste|socialiste]] plus marquée, l'[[Association_Internationale|Association Internationale]]<ref name="lehning">Arthur Lehning, ''De Buonarroti à Bakounine : études sur le socialisme international'', Champ libre, Paris, 1977.</ref>, est fondée à Londres en 1855 par des proscrits socialistes français, allemands, polonais, anglais et belges. Elle dure quatre ans mais reste embryonnaire. Elle est dissoute suite aux dissensions de certains membres souhaitant l'abolition du comité permanent<ref name="maitron">Jean Maitron, ''Le mouvement anarchiste en France'', Gallimard, coll. « Tel », 1992. </ref>.
    
En 1867, en réaction aux menaces de guerre entre la France et la Prusse, la Ligue de la Paix et de la Liberté, à laquelle Victor Hugo, entre autres, a appartenu, milite pour la création des États-Unis d'Europe<ref name="kriegel">_</ref>.
 
En 1867, en réaction aux menaces de guerre entre la France et la Prusse, la Ligue de la Paix et de la Liberté, à laquelle Victor Hugo, entre autres, a appartenu, milite pour la création des États-Unis d'Europe<ref name="kriegel">_</ref>.
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=== Fondation de l'AIT ===
 
=== Fondation de l'AIT ===
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En 1862, du 19 juillet au 15 octobre, des ouvriers français sont envoyés à Londres lors de l'Exposition universelle pour étudier les produits et procédés de l'industrie anglaise. Des échanges entre ouvriers anglais et français, il naît l'idée d'une grande association de travailleurs<ref name="delpit">Martial Delpit, ''Enquête parlementaire sur l'insurrection du 18 mars'', Paris, 1872.</ref>. D'autres contacts sont noués, le 22 juillet 1863, entre syndicalistes anglais (dont [[George Potter|George Potter]] et [[George Odger|George Odger]]) et parisiens (parmi lesquels figure [[Henri Tolain|Henri Tolain]]), à l'occasion d'un meeting organisé à Londres en soutien aux Polonais réprimés. Ces rencontres aboutissent à la rédaction d'une adresse des ouvriers britanniques à leurs homologues français<ref name="kriegel">Annie Kriegel, ''L'Association internationale des Travailleurs (1864-1876)'', dans ''Histoire générale du socialisme'', volume 1 (Des origines à 1875), Jacques Droz (dir.), P.U.F., 1972, pp.603-634.</ref>.
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En 1862, du 19 juillet au 15 octobre, des ouvriers français sont envoyés à Londres lors de l'Exposition universelle pour étudier les produits et procédés de l'industrie anglaise. Des échanges entre ouvriers anglais et français, il naît l'idée d'une grande association de travailleurs<ref name="delpit">Martial Delpit, ''Enquête parlementaire sur l'insurrection du 18 mars'', Paris, 1872.</ref>. D'autres contacts sont noués, le 22 juillet 1863, entre syndicalistes anglais (dont [[George_Potter|George Potter]] et [[George_Odger|George Odger]]) et parisiens (parmi lesquels figure [[Henri_Tolain|Henri Tolain]]), à l'occasion d'un meeting organisé à Londres en soutien aux Polonais réprimés. Ces rencontres aboutissent à la rédaction d'une adresse des ouvriers britanniques à leurs homologues français<ref name="kriegel">Annie Kriegel, ''L'Association internationale des Travailleurs (1864-1876)'', dans ''Histoire générale du socialisme'', volume 1 (Des origines à 1875), Jacques Droz (dir.), P.U.F., 1972, pp.603-634.</ref>.
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[[File:AIT-StMartin-1864.jpg|right|298x253px|AIT-StMartin-1864.jpg]]Le 28 septembre 1864, un congrès ouvrier européen se tient au Saint-Martin's Hall de Londres à l’initiative des ouvriers britanniques des ''Trade Unions''. La décision y est prise de créer l'Association Internationale des Travailleurs, qui unit des éléments du [[Mouvement ouvrier|mouvement ouvrier]] de divers pays.
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[[File:AIT-StMartin-1864.jpg|right|298x253px|AIT-StMartin-1864.jpg]]Le 28 septembre 1864, un congrès ouvrier européen se tient au Saint-Martin's Hall de Londres à l’initiative des ouvriers britanniques des ''Trade Unions''. La décision y est prise de créer l'Association Internationale des Travailleurs, qui unit des éléments du [[Mouvement_ouvrier|mouvement ouvrier]] de divers pays.
    
Les courants constitutifs de l'Internationale sont très hétérogènes<ref name="freymond">Jacques Freymond (dir.), ''La Première Internationale. Recueil de documents'', Librairie Droz, Genève, 1962. 2 volumes, 454 et 499 p.</ref>&nbsp;:
 
Les courants constitutifs de l'Internationale sont très hétérogènes<ref name="freymond">Jacques Freymond (dir.), ''La Première Internationale. Recueil de documents'', Librairie Droz, Genève, 1962. 2 volumes, 454 et 499 p.</ref>&nbsp;:
    
*Tout d'abord, il y a les syndicalistes anglais, réformistes, modérés, qui gèrent prudemment de riches fonds de grèves. Ils travaillent à l'amélioration des conditions de vie de la classe ouvrière mais font peu référence au [[Socialisme|socialisme]]. L'Association Internationale les intéresse sur un plan corporatif si elle parvient à empêcher l'introduction en Grande-Bretagne d'ouvriers du continent venant briser les grèves ou faire tendre les salaires à la baisse<ref name="kriegel">_</ref>. Les socialistes anglais sont [[Oweniste|owenistes]] ou [[Chartistes|chartistes]].
 
*Tout d'abord, il y a les syndicalistes anglais, réformistes, modérés, qui gèrent prudemment de riches fonds de grèves. Ils travaillent à l'amélioration des conditions de vie de la classe ouvrière mais font peu référence au [[Socialisme|socialisme]]. L'Association Internationale les intéresse sur un plan corporatif si elle parvient à empêcher l'introduction en Grande-Bretagne d'ouvriers du continent venant briser les grèves ou faire tendre les salaires à la baisse<ref name="kriegel">_</ref>. Les socialistes anglais sont [[Oweniste|owenistes]] ou [[Chartistes|chartistes]].
*Côté français, les militants qui participent à la naissance de l'AIT sont davantage issus du monde de l'[[Artisanat|artisanat]] que du [[Prolétariat|prolétariat]] moderne. Ils sont fortement influencés par [[Proudhon|Proudhon]]. Ils représentent un mouvement ouvrier qui renaît depuis peu grâce à la libéralisation de l'Empire&nbsp;: la loi du 25 mai 1864 vient de supprimer le délit de coalition en vigueur depuis la [[Révolution française|Révolution française]] (loi Le Chapelier du 14 juin 1791) et Napoléon III n'oppose aucun obstacle aux prémices de l'Internationale. Il y a également des [[Blanquistes|blanquistes]] parmi les délégués français.
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*Côté français, les militants qui participent à la naissance de l'AIT sont davantage issus du monde de l'[[Artisanat|artisanat]] que du [[Prolétariat|prolétariat]] moderne. Ils sont fortement influencés par [[Proudhon|Proudhon]]. Ils représentent un mouvement ouvrier qui renaît depuis peu grâce à la libéralisation de l'Empire&nbsp;: la loi du 25 mai 1864 vient de supprimer le délit de coalition en vigueur depuis la [[Révolution_française|Révolution française]] (loi Le Chapelier du 14 juin 1791) et Napoléon III n'oppose aucun obstacle aux prémices de l'Internationale. Il y a également des [[Blanquistes|blanquistes]] parmi les délégués français.
 
*De nombreux représentants de la démocratie "à la mode de 1848", comme les [[Mazzini|mazziniens]], sympathisent avec la cause de l'Internationale et y adhèrent<ref name="freymond">_</ref>, mais aussi des patriotes polonais en lutte contre le trsarisme russe, des Irlandais en lutte contre la domination anglaise...
 
*De nombreux représentants de la démocratie "à la mode de 1848", comme les [[Mazzini|mazziniens]], sympathisent avec la cause de l'Internationale et y adhèrent<ref name="freymond">_</ref>, mais aussi des patriotes polonais en lutte contre le trsarisme russe, des Irlandais en lutte contre la domination anglaise...
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=== Le rôle de Marx ===
 
=== Le rôle de Marx ===
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Marx était à cette époque un réfugié politique allemand inconnu à Londres, pas impliqué dans la politique britannique, même s'il se tenait au courant, notamment du mouvement [[Chartiste|chartiste]]. Ses principaux contacts étaient avec d'autres réfugiés, français, allemands... Jusqu'à environ une semaine avant la réunion du 28 septembre, il ne savait apparemment rien à propos des préparatifs du congrès ouvrier international. Il a été mis au courant par [[Victor Le Lubez|Victor Le Lubez]], un républicain radical français, qui l'invite à représenter les travailleurs allemands. Marx accepte et propose d'inviter aussi [[Johann Georg Eccarius|Johann Georg Eccarius]], un tailleur allemand vivant à Londres. Marx et Eccarius allaient s'avérer être les deux piliers de l'Internationale depuis sa création jusqu'à sa fin. Marx sera présent quasiment à toutes les sessions du Conseil général.
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Marx était à cette époque un réfugié politique allemand inconnu à Londres, pas impliqué dans la politique britannique, même s'il se tenait au courant, notamment du mouvement [[Chartiste|chartiste]]. Ses principaux contacts étaient avec d'autres réfugiés, français, allemands... Jusqu'à environ une semaine avant la réunion du 28 septembre, il ne savait apparemment rien à propos des préparatifs du congrès ouvrier international. Il a été mis au courant par [[Victor_Le_Lubez|Victor Le Lubez]], un républicain radical français, qui l'invite à représenter les travailleurs allemands. Marx accepte et propose d'inviter aussi [[Johann_Georg_Eccarius|Johann Georg Eccarius]], un tailleur allemand vivant à Londres. Marx et Eccarius allaient s'avérer être les deux piliers de l'Internationale depuis sa création jusqu'à sa fin. Marx sera présent quasiment à toutes les sessions du Conseil général.
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Face aux autres conceptions qui pouvaient être foncièrement différentes de la sienne, comme celle des mutuellistes, Marx n'a pas cherché à faire passer ses idées coûte que coûte dans l'Internationale :
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''«&nbsp;J'ai limité à dessein ce programme aux points qui permettent d'obtenir un accord immédiat et une action commune des ouvriers, de manière à donner un aliment et une impulsion directe aux exigences de la lutte de classe et à l’organisation des ouvriers en classe.&nbsp;»<ref>K. Marx, ''[https://www.marxists.org/francais/marx/works/00/parti/kmpc054.htm#ftn7 Lettre à Kugelmann du 9 octobre 1866]''</ref>''
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=== Le Conseil général ===
 
=== Le Conseil général ===
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Marx fait partie du Conseil général nommé à la suite du meeting de St Martin's Hall. Celui-ci se réunit une semaine plus tard,&nbsp;5 octobre 1864, avec des membres supplémentaires cooptés représentant d'autres nationalités. Il est basé au siège de la [[Ligue universelle pour l'élévation matérielle des classes industrieuses|''Ligue universelle pour l'élévation matérielle des classes industrieuses'']] au 18 Greek street. Lors de cette première session il est convenu de former un sous-comité pour se mettre au travail d'élaboration des statuts. Ce sous-comité se réunit chez Marx, avec également Eccarius. C'est [[Karl Marx|Marx]] qui rédigera l'Adresse inaugurale<ref>[http://www.marxists.org/francais/ait/1864/09/18640928.htm Adresse inaugurale de l'AIT], écrite entre le 21 et le 27 octobre 1864.</ref> et les statuts provisoires<ref>[http://www.marxists.org/francais/ait/1864/00/18640000.htm Statuts de l'AIT], 1864</ref> dans lesquels l'AIT affirme que «&nbsp;''l'émancipation des travailleurs doit être l'œuvre des travailleurs eux-mêmes''&nbsp;» et déclare agir «&nbsp;''pour l'émancipation définitive de la classe travailleuse, c'est-à-dire pour l'abolition définitive du salariat''&nbsp;». Ces statuts ont fait l'objet de plusieurs traductions en français&nbsp;: une première, très défectueuse, a été effectuée dès 1864 par les militants parisiens de l'Internationale. Une seconde, en 1866, est due à [[Charles Longuet|Charles Longuet]]. Les différentes versions françaises de ces statuts auront des conséquences au moment de la scission.<ref>Les différentes versions françaises de ces statuts sont longuement détaillées par James Guillaume dans ''L'Internationale. Documents et souvenirs'', tome premier, pp.10-21 (Société nouvelle de Librairie et d'Edition, Paris, 1905), ne seront pas sans conséquence au moment de la scission.</ref>
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Marx fait partie du Conseil général nommé à la suite du meeting de St Martin's Hall. Celui-ci se réunit une semaine plus tard,&nbsp;5 octobre 1864, avec des membres supplémentaires cooptés représentant d'autres nationalités. Il est basé au siège de la [[Ligue_universelle_pour_l'élévation_matérielle_des_classes_industrieuses|''Ligue universelle pour l'élévation matérielle des classes industrieuses'']] au 18 Greek street. Lors de cette première session il est convenu de former un sous-comité pour se mettre au travail d'élaboration des statuts. Ce sous-comité se réunit chez Marx, avec également Eccarius. C'est [[Karl_Marx|Marx]] qui rédigera l'Adresse inaugurale<ref>[http://www.marxists.org/francais/ait/1864/09/18640928.htm Adresse inaugurale de l'AIT], écrite entre le 21 et le 27 octobre 1864.</ref> et les statuts provisoires<ref>[http://www.marxists.org/francais/ait/1864/00/18640000.htm Statuts de l'AIT], 1864</ref> dans lesquels l'AIT affirme que «&nbsp;''l'émancipation des travailleurs doit être l'œuvre des travailleurs eux-mêmes''&nbsp;» et déclare agir «&nbsp;''pour l'émancipation définitive de la classe travailleuse, c'est-à-dire pour l'abolition définitive du salariat''&nbsp;». Ces statuts ont fait l'objet de plusieurs traductions en français&nbsp;: une première, très défectueuse, a été effectuée dès 1864 par les militants parisiens de l'Internationale. Une seconde, en 1866, est due à [[Charles_Longuet|Charles Longuet]]. Les différentes versions françaises de ces statuts auront des conséquences au moment de la scission.<ref>Les différentes versions françaises de ces statuts sont longuement détaillées par James Guillaume dans ''L'Internationale. Documents et souvenirs'', tome premier, pp.10-21 (Société nouvelle de Librairie et d'Edition, Paris, 1905), ne seront pas sans conséquence au moment de la scission.</ref>
    
Le Conseil général initial n'est composé que d'hommes. La question de la présence de femmes, outre qu'elle ne s'était pas encore posée, ne semblait pas aller totalement de soi. Le compte-rendu de la session du 25 avril 1865 indique que "Une question ayant été posée sur la possibilité pour des femmes d'être membres, le citoyen Wheeler proposa, appuyé par le citoyen Bordage, que les femmes puissent être admises. Accepté à l'unanimité."
 
Le Conseil général initial n'est composé que d'hommes. La question de la présence de femmes, outre qu'elle ne s'était pas encore posée, ne semblait pas aller totalement de soi. Le compte-rendu de la session du 25 avril 1865 indique que "Une question ayant été posée sur la possibilité pour des femmes d'être membres, le citoyen Wheeler proposa, appuyé par le citoyen Bordage, que les femmes puissent être admises. Accepté à l'unanimité."
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Lors de la réunion du Conseil général de l'AIT du 16 avril 1867, une lettre de [[Harriet Law|Harriet Law]] concernant les droits des femmes a été lue, et il a été convenu de lui demander si elle serait prête à assister aux réunions du conseil. Le 25 juin 1867 elle est ainsi la première femme siégeant au Conseil général. Elle est souvent restée silencieuse, mais est intervenue dans un certain nombre de discussions. En 1868, Marx dit que "l'oratrice bien connue Harriet Law représente le mouvement athée populaire dans le Conseil général". C'est peut-être sous son influence que Marx a commencé à parler des femmes travailleuses dans ses déclarations et adresses.<ref>Christine Fauré, [http://books.google.fr/books?id=Qfq4_2xF8uUC&pg=PA345&redir_esc=y#v=onepage&q&f=false Political and Historical Encyclopedia of Women], 2003</ref>
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Lors de la réunion du Conseil général de l'AIT du 16 avril 1867, une lettre de [[Harriet_Law|Harriet Law]] concernant les droits des femmes a été lue, et il a été convenu de lui demander si elle serait prête à assister aux réunions du conseil. Le 25 juin 1867 elle est ainsi la première femme siégeant au Conseil général. Elle est souvent restée silencieuse, mais est intervenue dans un certain nombre de discussions. En 1868, Marx dit que "l'oratrice bien connue Harriet Law représente le mouvement athée populaire dans le Conseil général". C'est peut-être sous son influence que Marx a commencé à parler des femmes travailleuses dans ses déclarations et adresses.<ref>Christine Fauré, [http://books.google.fr/books?id=Qfq4_2xF8uUC&pg=PA345&redir_esc=y#v=onepage&q&f=false Political and Historical Encyclopedia of Women], 2003</ref>
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Le 27 août 1867, une discussion eut lieu au Conseil général de l'AIT sur l'opportunité de renforcer la [[Propagande]]. Marx exprima son opposition à la transformation de l'AIT en "club de discussion", ajoutant qu'il nétait pas opposé aux discussions sur les "grandes questions". Parmi ceux qui sont notés dans le compte-rendu comme favorables à des débats, figure Harriet Law.
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Le 27 août 1867, une discussion eut lieu au Conseil général de l'AIT sur l'opportunité de renforcer la [[Propagande|Propagande]]. Marx exprima son opposition à la transformation de l'AIT en "club de discussion", ajoutant qu'il nétait pas opposé aux discussions sur les "grandes questions". Parmi ceux qui sont notés dans le compte-rendu comme favorables à des débats, figure Harriet Law.
    
A partir de février 1868, une deuxième femme est présente au Conseil général, Mme Morgan (peut-être l'épouse de William Morgan, membre du Conseil général depuis octobre 1864 et membre de la Reform League).
 
A partir de février 1868, une deuxième femme est présente au Conseil général, Mme Morgan (peut-être l'épouse de William Morgan, membre du Conseil général depuis octobre 1864 et membre de la Reform League).
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Le développement de l'Internationale est encore modeste. Soixante délégués (dont 15 en observateurs) représentent 25 sections et 11 sociétés adhérentes provenant de France, de Suisse, d'Allemagne et d'Angleterre<ref name="freymond">_</ref>. Pour la France, seules trois grandes cités ouvrières sont représentées&nbsp;: Paris (par Henri Tolain, Zéphyrin Camélinat, Benoit Malon, Eugène Varlin, Édouard Fribourg...), Rouen et Lyon. Les Suisses sont en grand nombre, ils viennent de Genève (Jean-Philippe Becker...), Lausanne, Montreux, Neuchâtel (James Guillaume), La Chaux-de-Fonds, Saint-Imier (Adhémar Schwitzguébel), Bienne, Zurich et Bâle. Pour l'Allemagne&nbsp;: Stuttgart, Magdeburg et Cologne. Pour l'Angleterre, les tailleurs londoniens envoient un délégué tandis que la section française de Londres est représentée par Eugène Dupont. Enfin, le Conseil général a délégué cinq de ses membres, parmi lesquels figurent George Odger, Hermann Jung ou encore Johann Georg Eccarius. Les discussions sont dominées par les délégués proudhoniens de Paris. Six blanquistes de Paris viennent dénoncer les délégués comme "émissaires de Bonaparte" mais ils sont évacués.
 
Le développement de l'Internationale est encore modeste. Soixante délégués (dont 15 en observateurs) représentent 25 sections et 11 sociétés adhérentes provenant de France, de Suisse, d'Allemagne et d'Angleterre<ref name="freymond">_</ref>. Pour la France, seules trois grandes cités ouvrières sont représentées&nbsp;: Paris (par Henri Tolain, Zéphyrin Camélinat, Benoit Malon, Eugène Varlin, Édouard Fribourg...), Rouen et Lyon. Les Suisses sont en grand nombre, ils viennent de Genève (Jean-Philippe Becker...), Lausanne, Montreux, Neuchâtel (James Guillaume), La Chaux-de-Fonds, Saint-Imier (Adhémar Schwitzguébel), Bienne, Zurich et Bâle. Pour l'Allemagne&nbsp;: Stuttgart, Magdeburg et Cologne. Pour l'Angleterre, les tailleurs londoniens envoient un délégué tandis que la section française de Londres est représentée par Eugène Dupont. Enfin, le Conseil général a délégué cinq de ses membres, parmi lesquels figurent George Odger, Hermann Jung ou encore Johann Georg Eccarius. Les discussions sont dominées par les délégués proudhoniens de Paris. Six blanquistes de Paris viennent dénoncer les délégués comme "émissaires de Bonaparte" mais ils sont évacués.
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À Genève est notamment adoptée la revendication de la limitation du temps de travail journalier à 8 heures maximum. Le refus du travail des femmes est également voté à l'initiative des [[Mutuellisme (théorie économique)|mutuellistes]] [[Pierre Joseph Proudhon|proudhoniens]]. Par exemple pour [[Henri Tolain|Tolain]], [[Édouard Fribourg|Fribourg]] ou Chemalé, «''le travail des femmes doit être énergiquement condamné comme principe de dégénérescence pour la race et un des agents de démoralisation de la classe capitaliste''&nbsp;».<ref>Cité dans Michèle Riot-Sarcey, ''Histoire du féminisme'', La Découverte, Paris, 2008, p. 53.</ref>
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À Genève est notamment adoptée la revendication de la limitation du temps de travail journalier à 8 heures maximum. Le refus du travail des femmes est également voté à l'initiative des [[Mutuellisme_(théorie_économique)|mutuellistes]] [[Pierre_Joseph_Proudhon|proudhoniens]]. Par exemple pour [[Henri_Tolain|Tolain]], [[Édouard_Fribourg|Fribourg]] ou Chemalé, «''le travail des femmes doit être énergiquement condamné comme principe de dégénérescence pour la race et un des agents de démoralisation de la classe capitaliste''&nbsp;».<ref>Cité dans Michèle Riot-Sarcey, ''Histoire du féminisme'', La Découverte, Paris, 2008, p. 53.</ref>
    
=== Le développement de l’Internationale ===
 
=== Le développement de l’Internationale ===
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Dans les luttes quotidiennes, l’AIT soutient les mouvements et luttes des travailleurs, les luttes pour le [[Suffrage universel|suffrage universel]], pour la réduction du temps de travail, contre le travail des enfants.
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Dans les luttes quotidiennes, l’AIT soutient les mouvements et luttes des travailleurs, les luttes pour le [[Suffrage_universel|suffrage universel]], pour la réduction du temps de travail, contre le travail des enfants.
    
Sa presse était principalement développée au Royaume-Uni, en Suisse, et en Belgique - de façon moindre en France et en Allemagne du fait de la censure et de la limitation, voire de l’interdiction, du droit de réunion. Plusieurs procès eurent lieu contre des militants de l’Internationale, par exemple en France où quinze membres de l’AIT furent condamnés à 100 francs d’amende chacun pour «&nbsp;constitution interdite d’association de plus de vingt personnes&nbsp;».
 
Sa presse était principalement développée au Royaume-Uni, en Suisse, et en Belgique - de façon moindre en France et en Allemagne du fait de la censure et de la limitation, voire de l’interdiction, du droit de réunion. Plusieurs procès eurent lieu contre des militants de l’Internationale, par exemple en France où quinze membres de l’AIT furent condamnés à 100 francs d’amende chacun pour «&nbsp;constitution interdite d’association de plus de vingt personnes&nbsp;».
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=== Le congrès de Lausanne (1867) ===
 
=== Le congrès de Lausanne (1867) ===
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Le deuxième congrès s'ouvrit à Lausanne le 2 septembre 1867. Il y avait 71 délégués présents, dont la majorité (38) de Suisses, 18 Français (dont Tolain et Longuet), 6 Allemands (dont le médecin Louis Kugelmann et le philosophe Ludwig Büchner), 2 Anglais et 2 Italiens, et un Belge, auxquels s'ajoutaient 4 membres du Conseil général, dirigés par [[Johann Eccarius|Johann Eccarius]]. Chaque délégué avait une voix égale, quel que soit le nombre de membres qu'il représentait. Marx, alors en train de travailler sur les dernières pages du [[Le Capital|Capital]], n'y assiste pas.
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Le deuxième congrès s'ouvrit à Lausanne le 2 septembre 1867. Il y avait 71 délégués présents, dont la majorité (38) de Suisses, 18 Français (dont Tolain et Longuet), 6 Allemands (dont le médecin Louis Kugelmann et le philosophe Ludwig Büchner), 2 Anglais et 2 Italiens, et un Belge, auxquels s'ajoutaient 4 membres du Conseil général, dirigés par [[Johann_Eccarius|Johann Eccarius]]. Chaque délégué avait une voix égale, quel que soit le nombre de membres qu'il représentait. Marx, alors en train de travailler sur les dernières pages du [[Le_Capital|Capital]], n'y assiste pas.
    
Les proudhoniens parviennent à infléchir dans leur sens l'AIT sur un certain nombre de questions, notamment sur le crédit et les coopératives. Toutefois le congrès réaffirme l'importance de la grève et de la liberté politique, votant une résolution affirmant que «&nbsp;''l'émancipation sociale des travailleurs est inséparable de leur émancipation politique''&nbsp;». Les&nbsp;proudhoniens ne parviennent pas à prendre la direction de l'Internationale, le Conseil général sortant étant réélu.
 
Les proudhoniens parviennent à infléchir dans leur sens l'AIT sur un certain nombre de questions, notamment sur le crédit et les coopératives. Toutefois le congrès réaffirme l'importance de la grève et de la liberté politique, votant une résolution affirmant que «&nbsp;''l'émancipation sociale des travailleurs est inséparable de leur émancipation politique''&nbsp;». Les&nbsp;proudhoniens ne parviennent pas à prendre la direction de l'Internationale, le Conseil général sortant étant réélu.
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Un débat a lieu au sujet de la participation à la conférence de la ''[[Ligue de la paix et de la liberté|Ligue de la paix et de la liberté]]'', dont le congrès de fondation se tient à Lausanne au même moment. Le congrès de l'AIT envoya une délégation à cette conférence (dominée par la gauche bourgeoise), malgré l'avis de Marx relayé par le conseil général&nbsp;:
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Un débat a lieu au sujet de la participation à la conférence de la ''[[Ligue_de_la_paix_et_de_la_liberté|Ligue de la paix et de la liberté]]'', dont le congrès de fondation se tient à Lausanne au même moment. Le congrès de l'AIT envoya une délégation à cette conférence (dominée par la gauche bourgeoise), malgré l'avis de Marx relayé par le conseil général&nbsp;:
<blockquote>«&nbsp;Il est souhaitable que le plus grand nombre de délégués pour qui cela est possible assistent au Congrès de la paix à titre individuel; mais il serait peu judicieux de prendre part officiellement en tant que représentants de l'Association internationale. Le Congrès de l'Internationale des Travailleurs était en soi un congrès de paix, car l'union de la classe ouvrière des différents pays doit en fin de compte rendre les guerres entre pays impossibles. Si les promoteurs du Congrès de la Paix de Genève l'avaient vraiment compris, ils auraient rejoint l'Association internationale.» Journal [[The Bee-Hive|The Bee-Hive]], 17 août 1867</blockquote>
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<blockquote>«&nbsp;Il est souhaitable que le plus grand nombre de délégués pour qui cela est possible assistent au Congrès de la paix à titre individuel; mais il serait peu judicieux de prendre part officiellement en tant que représentants de l'Association internationale. Le Congrès de l'Internationale des Travailleurs était en soi un congrès de paix, car l'union de la classe ouvrière des différents pays doit en fin de compte rendre les guerres entre pays impossibles. Si les promoteurs du Congrès de la Paix de Genève l'avaient vraiment compris, ils auraient rejoint l'Association internationale.» Journal [[The_Bee-Hive|The Bee-Hive]], 17 août 1867</blockquote>
 
=== Répression et basculement en France ===
 
=== Répression et basculement en France ===
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Dès la fin de l'année 1867, le gouvernement français décide de contrer le développement de l'Internationale. Lors des premières poursuites (février 1868), Henri Tolain et la commission parisienne démissionnent. Ils personnifiaient le mutuellisme [[Pierre Joseph Proudhon|proudhonien]] méfiant à l'égard des [[Grève|grèves]], hostile aux institutions étatiques, favorable au maintien de la femme au foyer - base de la famille... Ceux qui vont prendre le relais, avec [[Eugène Varlin|Eugène Varlin]] à leur tête, prétendent dépasser le mutuellisme qui, selon eux, se doit de déboucher sur le [[Collectivisme|collectivisme]] et le [[Syndicalisme|syndicalisme]]. Dans la section française, un [[Collectivisme|collectivisme]] anti-étatique succède au mutuellisme.
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Dès la fin de l'année 1867, le gouvernement français décide de contrer le développement de l'Internationale. Lors des premières poursuites (février 1868), Henri Tolain et la commission parisienne démissionnent. Ils personnifiaient le mutuellisme [[Pierre_Joseph_Proudhon|proudhonien]] méfiant à l'égard des [[Grève|grèves]], hostile aux institutions étatiques, favorable au maintien de la femme au foyer - base de la famille... Ceux qui vont prendre le relais, avec [[Eugène_Varlin|Eugène Varlin]] à leur tête, prétendent dépasser le mutuellisme qui, selon eux, se doit de déboucher sur le [[Collectivisme|collectivisme]] et le [[Syndicalisme|syndicalisme]]. Dans la section française, un [[Collectivisme|collectivisme]] anti-étatique succède au mutuellisme.
    
=== Le congrès de Bruxelles (1868) ===
 
=== Le congrès de Bruxelles (1868) ===
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En 1868, [[Bakounine|Bakounine]] adhère à la section suisse de l’AIT, et en 1869 l’AIT intègre les membres de son Alliance démocratique sociale (qui déclare s’auto-dissoudre afin d’intégrer l’Internationale). Bakounine écrit à Marx le 22 décembre 1868&nbsp;:
 
En 1868, [[Bakounine|Bakounine]] adhère à la section suisse de l’AIT, et en 1869 l’AIT intègre les membres de son Alliance démocratique sociale (qui déclare s’auto-dissoudre afin d’intégrer l’Internationale). Bakounine écrit à Marx le 22 décembre 1868&nbsp;:
 
<blockquote>«&nbsp;Ma patrie maintenant, c’est l’Internationale, dont tu es l’un des principaux fondateurs. Tu vois donc, cher ami, que je suis ton disciple, et je suis fier de l’être&nbsp;».</blockquote>
 
<blockquote>«&nbsp;Ma patrie maintenant, c’est l’Internationale, dont tu es l’un des principaux fondateurs. Tu vois donc, cher ami, que je suis ton disciple, et je suis fier de l’être&nbsp;».</blockquote>
L’AIT, qui regroupe alors les différentes tendances du [[Socialisme|socialisme]], va progressivement se trouver divisée entre "[[Marxisme|marxistes]]" et "[[Anarchisme|anarchistes]]" de tendance [[Bakounine|bakouniniste]]. [[Errico Malatesta|Errico Malatesta]] commentera ainsi plus tard cette division&nbsp;:
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L’AIT, qui regroupe alors les différentes tendances du [[Socialisme|socialisme]], va progressivement se trouver divisée entre "[[Marxisme|marxistes]]" et "[[Anarchisme|anarchistes]]" de tendance [[Bakounine|bakouniniste]]. [[Errico_Malatesta|Errico Malatesta]] commentera ainsi plus tard cette division&nbsp;:
 
<blockquote>«&nbsp;Nous voulions, par une action consciente, imprimer au mouvement ouvrier la direction qui nous semble la meilleure, contre ceux qui croient au miracle de l'automatisme et aux vertus de la masse travailleuse... Nous qui dans l'Internationale, étions désignés sous le nom de bakouninistes, et étions membres de l'Alliance, nous criions très fort contre Marx et les marxistes parce qu'ils tentaient de faire triompher dans l'Internationale leur programme particulier&nbsp;; mais à part la loyauté des moyens employés et sur lesquels il est maintenant inutile d'insister, nous faisions comme eux, c'est-à-dire que nous cherchions à nous servir de l'Internationale pour atteindre nos buts de parti.&nbsp;» (Volonta, 1914)</blockquote>
 
<blockquote>«&nbsp;Nous voulions, par une action consciente, imprimer au mouvement ouvrier la direction qui nous semble la meilleure, contre ceux qui croient au miracle de l'automatisme et aux vertus de la masse travailleuse... Nous qui dans l'Internationale, étions désignés sous le nom de bakouninistes, et étions membres de l'Alliance, nous criions très fort contre Marx et les marxistes parce qu'ils tentaient de faire triompher dans l'Internationale leur programme particulier&nbsp;; mais à part la loyauté des moyens employés et sur lesquels il est maintenant inutile d'insister, nous faisions comme eux, c'est-à-dire que nous cherchions à nous servir de l'Internationale pour atteindre nos buts de parti.&nbsp;» (Volonta, 1914)</blockquote>
 
[[File:AIT-CongresBale-Bakounine.png|right|359x264px|Les bakouninistes au congrès de Bâle]]
 
[[File:AIT-CongresBale-Bakounine.png|right|359x264px|Les bakouninistes au congrès de Bâle]]
    
A partir de cette période, Marx et Bakounine, qui se connaissaient depuis de nombreuses années, commencent à se méfier l’un de l’autre.
 
A partir de cette période, Marx et Bakounine, qui se connaissaient depuis de nombreuses années, commencent à se méfier l’un de l’autre.
<blockquote>«&nbsp;Ce russe, cela est clair, veut devenir le dictateur du mouvement ouvrier européen. Qu'il prenne garde à lui, sinon il sera excommunié&nbsp;» (lettre du 27 juillet 1869 de Marx à [[Friedrich Engels|Friedrich Engels]]). «&nbsp;Il pourrait arriver et même dans un très bref délai, que j'engageasse une lutte avec lui [Marx]... pour une question de principe, à propos du communisme d'État... Alors, ce sera une lutte à mort&nbsp;» (lettre du 28 octobre 1869 de Bakounine à Herzen)</blockquote>
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<blockquote>«&nbsp;Ce russe, cela est clair, veut devenir le dictateur du mouvement ouvrier européen. Qu'il prenne garde à lui, sinon il sera excommunié&nbsp;» (lettre du 27 juillet 1869 de Marx à [[Friedrich_Engels|Friedrich Engels]]). «&nbsp;Il pourrait arriver et même dans un très bref délai, que j'engageasse une lutte avec lui [Marx]... pour une question de principe, à propos du communisme d'État... Alors, ce sera une lutte à mort&nbsp;» (lettre du 28 octobre 1869 de Bakounine à Herzen)</blockquote>
 
Il faut cependant remarquer que dans la même lettre, Bakounine écrit à propos de Marx&nbsp;:
 
Il faut cependant remarquer que dans la même lettre, Bakounine écrit à propos de Marx&nbsp;:
 
<blockquote>«&nbsp;Nous ne saurions méconnaître, moi du moins, les immenses services rendus par lui à la cause du socialisme, qu’il sert avec intelligence, énergie et sincérité depuis près de vingt cinq ans, en quoi il nous a indubitablement tous surpassés.&nbsp;»</blockquote>
 
<blockquote>«&nbsp;Nous ne saurions méconnaître, moi du moins, les immenses services rendus par lui à la cause du socialisme, qu’il sert avec intelligence, énergie et sincérité depuis près de vingt cinq ans, en quoi il nous a indubitablement tous surpassés.&nbsp;»</blockquote>
La guerre de 1870 et [[Commune de Paris (1871)|la Commune]] n'allaient que retarder le dénouement de cette opposition. En effet, les événements empêchent la tenue du 5<sup>ème</sup> congrès qui devait s'ouvrir à Paris en septembre 1870.
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La guerre de 1870 et [[Commune_de_Paris_(1871)|la Commune]] n'allaient que retarder le dénouement de cette opposition. En effet, les événements empêchent la tenue du 5<sup>ème</sup> congrès qui devait s'ouvrir à Paris en septembre 1870.
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En France, les militants de l’Internationale participent activement à [[Commune de Paris (1871)|la Commune]], et nombre d’entre eux sont tués lors de la répression sanglante qui suit la défaite. De très nombreux militants de l’AIT sont exécutés, de nombreux survivants condamnés à l’exil.
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En France, les militants de l’Internationale participent activement à [[Commune_de_Paris_(1871)|la Commune]], et nombre d’entre eux sont tués lors de la répression sanglante qui suit la défaite. De très nombreux militants de l’AIT sont exécutés, de nombreux survivants condamnés à l’exil.
    
Dans le même temps, en avril 1870, lors du congrès régional de la fédération romande, va se produire une scission&nbsp;: les délégués suisses vont se diviser sur l'attitude à adopter à l'égard des gouvernements et des partis politiques. Quelques phrases extraites des deux résolutions divergentes expriment bien cette opposition qui, de locale, allait gagner tout le mouvement. Pour les bakouninistes,
 
Dans le même temps, en avril 1870, lors du congrès régional de la fédération romande, va se produire une scission&nbsp;: les délégués suisses vont se diviser sur l'attitude à adopter à l'égard des gouvernements et des partis politiques. Quelques phrases extraites des deux résolutions divergentes expriment bien cette opposition qui, de locale, allait gagner tout le mouvement. Pour les bakouninistes,
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Dans ''Les Prétendues scissions dans l'Internationale'', le conseil général dénonce les méthodes des «&nbsp;jurassiens&nbsp;», membres de l’Alliance démocratique sociale&nbsp;:
 
Dans ''Les Prétendues scissions dans l'Internationale'', le conseil général dénonce les méthodes des «&nbsp;jurassiens&nbsp;», membres de l’Alliance démocratique sociale&nbsp;:
<blockquote>«&nbsp;Tous les socialistes entendent par anarchie ceci&nbsp;: le but du mouvement prolétaire, l’abolition des classes, une fois atteint, le pouvoir de l’État qui sert à maintenir la grande majorité productrice sous le joug d’une minorité exploitante peu nombreuse, disparaît et les fonctions gouvernementales se transforment en de simples fonctions administratives. L’Alliance prend la chose au rebours. Elle proclame l’Anarchie dans les rangs prolétaires comme le moyen le plus infaillible de briser la puissante concentration des forces sociales et politiques entre les mains des exploiteurs. Sous ce prétexte, elle demande à l’Internationale, au moment où le vieux monde cherche à l’écraser, de remplacer son organisation par l’Anarchie.&nbsp;» (''Les Prétendues scissions dans l'Internationale'', texte adopté par le conseil général, essentiellement rédigé par [[Karl Marx|Karl Marx]]. Publié à Genève, 1872).</blockquote>
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<blockquote>«&nbsp;Tous les socialistes entendent par anarchie ceci&nbsp;: le but du mouvement prolétaire, l’abolition des classes, une fois atteint, le pouvoir de l’État qui sert à maintenir la grande majorité productrice sous le joug d’une minorité exploitante peu nombreuse, disparaît et les fonctions gouvernementales se transforment en de simples fonctions administratives. L’Alliance prend la chose au rebours. Elle proclame l’Anarchie dans les rangs prolétaires comme le moyen le plus infaillible de briser la puissante concentration des forces sociales et politiques entre les mains des exploiteurs. Sous ce prétexte, elle demande à l’Internationale, au moment où le vieux monde cherche à l’écraser, de remplacer son organisation par l’Anarchie.&nbsp;» (''Les Prétendues scissions dans l'Internationale'', texte adopté par le conseil général, essentiellement rédigé par [[Karl_Marx|Karl Marx]]. Publié à Genève, 1872).</blockquote>
La scission aura lieu début septembre 1872 lors du 8<sup>ème</sup> congrès, à La Haye. Le lieu du congrès suscite déjà des oppositions (nombre de fédérations pensaient qu'il se tiendrait en Suisse). Les jurassiens mandatent impérativement [[James Guillaume|James Guillaume]] et [[Adhémar Schwitzguebel|Adhémar Schwitzguebel]] pour présenter leur motion «&nbsp;anti-autoritaire&nbsp;» au congrès officiel et se retirer en cas de vote négatif. Le congrès regroupe 65 délégués d'une dizaine de pays. Du fait du maintien officieux de leur structure internationale autonome (l’Alliance démocratique sociale), Bakounine et Guillaume sont exclus. Le conseil général est transféré à New York. Des militants et des fédérations se solidarisent avec les exclus et quittent alors l'AIT. Les "marxistes" étaient majoritaires dans les pays où il était possible de participer à la vie politique et de réaliser des améliorations des conditions de vie des travailleurs, tandis que l'anarchisme était majoritaire dans les pays où les interdictions étaient plus fortes.
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La scission aura lieu début septembre 1872 lors du 8<sup>ème</sup> congrès, à La Haye. Le lieu du congrès suscite déjà des oppositions (nombre de fédérations pensaient qu'il se tiendrait en Suisse). Les jurassiens mandatent impérativement [[James_Guillaume|James Guillaume]] et [[Adhémar_Schwitzguebel|Adhémar Schwitzguebel]] pour présenter leur motion «&nbsp;anti-autoritaire&nbsp;» au congrès officiel et se retirer en cas de vote négatif. Le congrès regroupe 65 délégués d'une dizaine de pays. Du fait du maintien officieux de leur structure internationale autonome (l’Alliance démocratique sociale), Bakounine et Guillaume sont exclus. Le conseil général est transféré à New York. Des militants et des fédérations se solidarisent avec les exclus et quittent alors l'AIT. Les "marxistes" étaient majoritaires dans les pays où il était possible de participer à la vie politique et de réaliser des améliorations des conditions de vie des travailleurs, tandis que l'anarchisme était majoritaire dans les pays où les interdictions étaient plus fortes.
    
Après l’affaiblissement dû à la répression qui suit l’échec de La Commune, cette scission sera fatale à la Première Internationale, qui va s'éteindre progressivement.
 
Après l’affaiblissement dû à la répression qui suit l’échec de La Commune, cette scission sera fatale à la Première Internationale, qui va s'éteindre progressivement.
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=== La dislocation de l’AIT ===
 
=== La dislocation de l’AIT ===
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Une Internationale dite «&nbsp;anti-autoritaire&nbsp;» va naître. La [[Fédération jurassienne|Fédération jurassienne]] sera le point de regroupement des fédérations hostiles au conseil général. C'est autour d'elle que va mûrir l'idéologie [[Anarchiste|anarchiste]] qui se revendique alors du nom de «&nbsp;collectivisme révolutionnaire&nbsp;», se voulant le promoteur d'un système économique autogéré en dehors de toute autorité, de toute centralisation, de tout état. La constitution de cette nouvelle internationale a lieu à Saint-Imier le 15 septembre 1872. Y sont représentées les fédérations espagnoles, italiennes et jurassiennes, plusieurs sections françaises et deux sections d'Amérique. Le [[Congrès de Saint-Imier|Congrès de Saint-Imier]] se donne comme objectif «&nbsp;la destruction de tout pouvoir politique par la grève révolutionnaire&nbsp;».
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Une Internationale dite «&nbsp;anti-autoritaire&nbsp;» va naître. La [[Fédération_jurassienne|Fédération jurassienne]] sera le point de regroupement des fédérations hostiles au conseil général. C'est autour d'elle que va mûrir l'idéologie [[Anarchiste|anarchiste]] qui se revendique alors du nom de «&nbsp;collectivisme révolutionnaire&nbsp;», se voulant le promoteur d'un système économique autogéré en dehors de toute autorité, de toute centralisation, de tout état. La constitution de cette nouvelle internationale a lieu à Saint-Imier le 15 septembre 1872. Y sont représentées les fédérations espagnoles, italiennes et jurassiennes, plusieurs sections françaises et deux sections d'Amérique. Le [[Congrès_de_Saint-Imier|Congrès de Saint-Imier]] se donne comme objectif «&nbsp;la destruction de tout pouvoir politique par la grève révolutionnaire&nbsp;».
    
L'Internationale «&nbsp;officielle&nbsp;» dénonce cette scission. Le conseil général convoque un congrès général le 8 septembre 1873, à Genève. Les trente délégués qui y assistent ne représentent presque qu'eux-mêmes. «&nbsp;Le fiasco du congrès de Genève était inévitable…. Les événements et l’inévitable évolution et involution des choses pourvoiront d’eux-mêmes à une résurrection de l’Internationale&nbsp;» (lettre de Marx à Friedrich Sorge du 27 septembre 1873 - Marx était lui-même absent à ce congrès, comme à quasiment tous les congrès de l’AIT). «&nbsp;La vieille internationale est complètement finie et a cessé d'exister&nbsp;» (lettre d'Engels à Sorge du 12 septembre 1873). Le 15 juillet 1876, le congrès réunit à Philadelphie décide l'auto-dissolution de l’Internationale.
 
L'Internationale «&nbsp;officielle&nbsp;» dénonce cette scission. Le conseil général convoque un congrès général le 8 septembre 1873, à Genève. Les trente délégués qui y assistent ne représentent presque qu'eux-mêmes. «&nbsp;Le fiasco du congrès de Genève était inévitable…. Les événements et l’inévitable évolution et involution des choses pourvoiront d’eux-mêmes à une résurrection de l’Internationale&nbsp;» (lettre de Marx à Friedrich Sorge du 27 septembre 1873 - Marx était lui-même absent à ce congrès, comme à quasiment tous les congrès de l’AIT). «&nbsp;La vieille internationale est complètement finie et a cessé d'exister&nbsp;» (lettre d'Engels à Sorge du 12 septembre 1873). Le 15 juillet 1876, le congrès réunit à Philadelphie décide l'auto-dissolution de l’Internationale.
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Un «&nbsp;VIIème congrès de l'Internationale&nbsp;» se réunit à Bruxelles du 7 au 12 septembre 1874. On en retiendra que l'Italie, disant suivre en cela les recommandations de Bakounine, décide de se préparer à passer aux actes. À l'opposé, sous l'influence de la section belge, un rapprochement est estimé utile avec les partis démocratiques et [[Socialiste|socialistes]]. Ce débat va se clarifier peu à peu durant les trois années suivantes. Il aboutira de fait à la dislocation de cette nouvelle Internationale.
 
Un «&nbsp;VIIème congrès de l'Internationale&nbsp;» se réunit à Bruxelles du 7 au 12 septembre 1874. On en retiendra que l'Italie, disant suivre en cela les recommandations de Bakounine, décide de se préparer à passer aux actes. À l'opposé, sous l'influence de la section belge, un rapprochement est estimé utile avec les partis démocratiques et [[Socialiste|socialistes]]. Ce débat va se clarifier peu à peu durant les trois années suivantes. Il aboutira de fait à la dislocation de cette nouvelle Internationale.
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C'est ainsi que durant le «VIIIème congrès&nbsp;» (26/27 octobre 1876 à Berne), César De Paepe et la section belge font admettre le projet de convocation d'un congrès socialiste auquel assisteraient des représentants des organisations [[Communiste|communistes]]. Les italiens, quant à eux, ont décidé de passer à l'action en utilisant la tactique du «&nbsp;fait insurrectionnel&nbsp;». Ce sera l'épopée du Bénévent en avril 1877 et son échec&nbsp;: une trentaine d'anarchistes armés occupent deux villages, en brûlent les archives et «&nbsp;décrètent&nbsp;» la révolution. Une semaine plus tard, les insurgés, transis et affamés seront capturés sans offrir de résistance. Mais cet échec ne fut pas sans lendemain. Au mois de juin de la même année, Costa et Paul Brousse définissent et expliquent ce que sera la «&nbsp;[[Propagande par le fait|Propagande par le fait]]&nbsp;». Le courant [[Anarcho-syndicaliste|anarcho-syndicaliste]] était alors trop faible pour mettre en avant ses théories d'actions auto-gestionnaires ou communalistes.
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C'est ainsi que durant le «VIIIème congrès&nbsp;» (26/27 octobre 1876 à Berne), César De Paepe et la section belge font admettre le projet de convocation d'un congrès socialiste auquel assisteraient des représentants des organisations [[Communiste|communistes]]. Les italiens, quant à eux, ont décidé de passer à l'action en utilisant la tactique du «&nbsp;fait insurrectionnel&nbsp;». Ce sera l'épopée du Bénévent en avril 1877 et son échec&nbsp;: une trentaine d'anarchistes armés occupent deux villages, en brûlent les archives et «&nbsp;décrètent&nbsp;» la révolution. Une semaine plus tard, les insurgés, transis et affamés seront capturés sans offrir de résistance. Mais cet échec ne fut pas sans lendemain. Au mois de juin de la même année, Costa et Paul Brousse définissent et expliquent ce que sera la «&nbsp;[[Propagande_par_le_fait|Propagande par le fait]]&nbsp;». Le courant [[Anarcho-syndicaliste|anarcho-syndicaliste]] était alors trop faible pour mettre en avant ses théories d'actions auto-gestionnaires ou communalistes.
    
À l'inverse, la minorité anarchiste politiquement pure et dure, s'affirmait. Elle avait pour elle la caution des derniers messages de Bakounine qu'elle interprétait souvent étroitement&nbsp;; elle s'appuyait aussi sur l'attrait qu'exerçaient alors en Europe, les pratiques violentes des [[Nihilisme|nihilistes]] russes. Ces divergences sur la stratégie à adopter vont aboutir à des prises de positions extrêmes. Lorsque les fédérations belges, hollandaises et anglaises s'accordent pour revenir à une conception plus politique, plus légaliste de l'action, [[Kropotkine|Kropotkine]] affirme qu'il est nécessaire de promouvoir «&nbsp;la révolte permanente par la parole, par l'écrit, par le poignard, le fusil, la dynamite...&nbsp;» (Le Révolté N°22).
 
À l'inverse, la minorité anarchiste politiquement pure et dure, s'affirmait. Elle avait pour elle la caution des derniers messages de Bakounine qu'elle interprétait souvent étroitement&nbsp;; elle s'appuyait aussi sur l'attrait qu'exerçaient alors en Europe, les pratiques violentes des [[Nihilisme|nihilistes]] russes. Ces divergences sur la stratégie à adopter vont aboutir à des prises de positions extrêmes. Lorsque les fédérations belges, hollandaises et anglaises s'accordent pour revenir à une conception plus politique, plus légaliste de l'action, [[Kropotkine|Kropotkine]] affirme qu'il est nécessaire de promouvoir «&nbsp;la révolte permanente par la parole, par l'écrit, par le poignard, le fusil, la dynamite...&nbsp;» (Le Révolté N°22).
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Le «&nbsp;IXème congrès&nbsp;» tenu à Verviers en 1877, regroupe en fait onze délégations acquises aux nouvelles idées radicales. Les représentants des fédérations d'Italie, de France, d'Allemagne, de Suisse, d'Égypte et de Grèce ne vont s'entendre que pour s'opposer négativement à la tendance qui avait prôné le rapprochement vis-à-vis des partis&nbsp;: «&nbsp;Tous les partis forment une masse réactionnaire... il s'agit de les combattre tous&nbsp;». L'entente était donc impossible avec les trente cinq délégués «&nbsp;marxistes&nbsp;» et socialistes qui se réunissent quelques jours après à Gand lors du congrès socialiste universel. Les délégués du congrès de Verviers y sont minoritaires. Ils voient la fédération belge et les sections flamandes quitter leur internationale, considérée comme annexée par les anarchistes, pour se rallier au marxisme. «&nbsp;Le congrès de Gand a eu au moins cela de bon que Guillaume et compagnie ont été totalement abandonnés par leurs anciens alliés&nbsp;». (lettre de Marx à Sorge 27.09.1877).
 
Le «&nbsp;IXème congrès&nbsp;» tenu à Verviers en 1877, regroupe en fait onze délégations acquises aux nouvelles idées radicales. Les représentants des fédérations d'Italie, de France, d'Allemagne, de Suisse, d'Égypte et de Grèce ne vont s'entendre que pour s'opposer négativement à la tendance qui avait prôné le rapprochement vis-à-vis des partis&nbsp;: «&nbsp;Tous les partis forment une masse réactionnaire... il s'agit de les combattre tous&nbsp;». L'entente était donc impossible avec les trente cinq délégués «&nbsp;marxistes&nbsp;» et socialistes qui se réunissent quelques jours après à Gand lors du congrès socialiste universel. Les délégués du congrès de Verviers y sont minoritaires. Ils voient la fédération belge et les sections flamandes quitter leur internationale, considérée comme annexée par les anarchistes, pour se rallier au marxisme. «&nbsp;Le congrès de Gand a eu au moins cela de bon que Guillaume et compagnie ont été totalement abandonnés par leurs anciens alliés&nbsp;». (lettre de Marx à Sorge 27.09.1877).
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Les militants anarchistes les plus actifs se tournent vers un type d'actions individuelles, la [[Propagande par le fait|Propagande par le fait]], qui va les couper du [[Mouvement ouvrier|mouvement ouvrier]]. La [[Fédération jurassienne|Fédération jurassienne]], encore la plus active, estime même inutile de préparer le congrès prévu en 1878.
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Les militants anarchistes les plus actifs se tournent vers un type d'actions individuelles, la [[Propagande_par_le_fait|Propagande par le fait]], qui va les couper du [[Mouvement_ouvrier|mouvement ouvrier]]. La [[Fédération_jurassienne|Fédération jurassienne]], encore la plus active, estime même inutile de préparer le congrès prévu en 1878.
    
=== Postérité de la Première Internationale ===
 
=== Postérité de la Première Internationale ===
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Au moment même de sa disparition, l'Internationale inspire [[L'Internationale (chanson)|la chanson bien connue du même nom]] à [[Eugène Pottier|Eugène Pottier]]. Celui-ci l'écrit dans sa prison après la répression de la [[Commune de Paris (1871)|Commune]].
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Au moment même de sa disparition, l'Internationale inspire [[L'Internationale_(chanson)|la chanson bien connue du même nom]] à [[Eugène_Pottier|Eugène Pottier]]. Celui-ci l'écrit dans sa prison après la répression de la [[Commune_de_Paris_(1871)|Commune]].
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Quelques années après la disparition de l'AIT, les partis sociaux-démocrates se regroupent dans l'[[Internationale ouvrière|Internationale ouvrière]] (dite «&nbsp;Deuxième Internationale&nbsp;»), sous l'impulsion notamment de [[Friedrich Engels|Friedrich Engels]].
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Quelques années après la disparition de l'AIT, les partis sociaux-démocrates se regroupent dans l'[[Internationale_ouvrière|Internationale ouvrière]] (dite «&nbsp;Deuxième Internationale&nbsp;»), sous l'impulsion notamment de [[Friedrich_Engels|Friedrich Engels]].
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Les organisations syndicales le feront quelques années plus tard au sein de la [[Fédération syndicale internationale|Fédération syndicale internationale]].
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Les organisations syndicales le feront quelques années plus tard au sein de la [[Fédération_syndicale_internationale|Fédération syndicale internationale]].
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Certains [[Anarcho-syndicalisme|anarcho-syndicalistes]] se regroupent au sein d'une nouvelle [[Association internationale des travailleurs (anarcho-syndicaliste)|Association internationale des travailleurs]], fondée en 1923 à Berlin.
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Certains [[Anarcho-syndicalisme|anarcho-syndicalistes]] se regroupent au sein d'une nouvelle [[Association_internationale_des_travailleurs_(anarcho-syndicaliste)|Association internationale des travailleurs]], fondée en 1923 à Berlin.
    
== Implantation ==
 
== Implantation ==
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=== Espagne ===
 
=== Espagne ===
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En Espagne l'AIT n'a au départ aucun impact, jusqu'à l'arrivée de Fanelli, envoyé par la tendance anarchiste de l'Internationale, et qui créé un groupe à Barcelone. La tendance marxiste est introduite par [[Paul Lafargue|Paul Lafargue]], et s'implante à Madrid et plus tard sur la côte cantabrique. Les anarchistes étaient majoritaires en Espagne.
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En Espagne l'AIT n'a au départ aucun impact, jusqu'à l'arrivée de Fanelli, envoyé par la tendance anarchiste de l'Internationale, et qui créé un groupe à Barcelone. La tendance marxiste est introduite par [[Paul_Lafargue|Paul Lafargue]], et s'implante à Madrid et plus tard sur la côte cantabrique. Les anarchistes étaient majoritaires en Espagne.
    
=== Belgique ===
 
=== Belgique ===
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=== Angleterre ===
 
=== Angleterre ===
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Le journal ''[[The Bee-Hive|The Bee-Hive]]'' ("la ruche") publié par les syndicats anglais, devint l'organe officiel de l'AIT en Angleterre en novembre 1864. Suite au [[réformisme|réformisme]] et au [[chauvinisme|chauvinisme]] de plus en plus marqué du journal, l'AIT rompit avec ''The Bee-Hive'' en mai 1870, sous l'impulsion de Marx.
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Le journal ''[[The_Bee-Hive|The Bee-Hive]]'' ("la ruche") publié par les syndicats anglais, devint l'organe officiel de l'AIT en Angleterre en novembre 1864. Suite au [[Réformisme|réformisme]] et au [[Chauvinisme|chauvinisme]] de plus en plus marqué du journal, l'AIT rompit avec ''The Bee-Hive'' en mai 1870, sous l'impulsion de Marx.
    
=== Autriche ===
 
=== Autriche ===
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== Bibliographie ==
 
== Bibliographie ==
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*Marx-Engels, [https://www.marxists.org/francais/marx/works/00/parti/kmpc054.htm ''Le parti de classe'']
 
*Jacques Droz (dir.), ''Histoire générale du socialisme'', t.1, ''Des origines à 1875'', PUF, 1972.
 
*Jacques Droz (dir.), ''Histoire générale du socialisme'', t.1, ''Des origines à 1875'', PUF, 1972.
 
*''Rapport sur le 4<sup>ème</sup> Congrès de l'Association internationale des Travailleurs, tenu à Bâle (Suisse) au mois de septembre 1869.'' Gabriel Mollin. Paris, Imprimerie D. Jouaust, Le Chevalier, 1870.
 
*''Rapport sur le 4<sup>ème</sup> Congrès de l'Association internationale des Travailleurs, tenu à Bâle (Suisse) au mois de septembre 1869.'' Gabriel Mollin. Paris, Imprimerie D. Jouaust, Le Chevalier, 1870.
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<references />
 
<references />
[[Category:Mouvement ouvrier|Category:Mouvement_ouvrier]]
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