Armée rouge

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Militaires de l'Armée de Tajan.

L’Armée rouge (en russe : Красная Армия, ou plus exactement Раб'оче-крестьянская Красная Армия, Rabotche-krestianskaïa Krasnaïa Armia, « l’Armée rouge des ouvriers et paysans ») est l’armée révolutionnaire mise sur pied par les bolchéviks créée dans un contexte de défense révolutionnaire intérieure à partir de l'hiver 1918 et dans le contexte de la guerre civile russe.

Durant la révolution d’Octobre 1917, les bolchéviks constituent une Garde rouge à partir de milices ouvrières d’usine. Dès le 26 octobre 1917 le congrès des Soviets ratifie un décret de paix. Le 7 novembre 1917, en tant que commissaire du peuple aux affaires étrangères, Léon Trotsky propose à tous les belligérants une rencontre pour une paix générale démocratique : « sans annexions, sans contributions, en réservant aux peuples le droit de disposer d’eux-mêmes. ». Les Alliés (France, Grande-Bretagne, Etats Unis...) refusent. Les négociations débutent avec les Empires centraux le 9 décembre. En fait, profitant de la désorganisation complète des troupes russes, l’armée impériale allemande reprend rapidement son avance vers l’intérieur de l’URSS et s’empare de la Biélorussie, des Pays baltes, de l’Ukraine.

Le 28 janvier 1918, le Conseil des commissaires du peuple prend un décret transformant la Garde rouge en Armée rouge des ouvriers et paysans. Suivant l’exemple de la Révolution française une levée en masse est décrétée, des unités de volontaires élisent leurs officiers et marchent vers les frontières.

L’histoire a retenu plutôt le 2 février 1918 comme date de création de l’Armée rouge pour 3 raisons :

  • C’est ce jour-là que les premières levées en masse à Petrograd et Moscou permettent la formation d’unités régulières.
  • C’est ce jour-là que Trotsky, conscient des multiples attaques préparées et perpétrées par tous les pays capitalistes occidentaux, décrète la conscription pour constituer une armée rouge de masse.
  • C’est ce jour-là qu’éclate le premier combat significatif face à l’armée du Kaiser (empereur allemand).

Le service militaire est rendu obligatoire de 18 à 40 ans, par le décret du 29 mai 1918 et on crée des commissaires militaires ou voenkomat (военный комиссариат, военкомат) pour encadrer cette mobilisation. Pour pallier le manque d'expérience des cadres, on leur adjoint des spécialistes militaires ou voenspetsy ( « военный специалист »), sélectionnés par une commission spéciale dirigée par Lev Glezarov (Лев Маркович Глезаров). Ces adjoints sont souvent recrutés parmi les anciens officiers de l'armée impériale russe, libérés à cet effet, mais dont on s'assure de la loyauté par une étroite mise sous tutelle et sous contrôle de commissaires politiques. On estime que 30% des anciens officiers ont fini par être recyclés dans l'armée rouge. Un de ceux qui a joué un rôle important dans la défection de plusieurs d'entre eux fut le général Mikhail Dmitrievich Bontch-Brouïevitch, lorsque son frère Vladimir Bontch-Brouïevitch (un proche de Lénine), lui fit la proposition.

La constitution d'une Armée centralisée utilisant des « spécialistes » issus de l'ancien régime engendre une opposition militaire en 1918-1919. Celle-ci est menée par Smirnov, Vorochilov, Piatakov, Mezhlauk, Staline[1]... Le 8e Congrès du PCR (20 mars 1919) donne raison à Trotsky et Lénine.

Grâce à ce système et sa supériorité numérique, l'Armée rouge, prend définitivement l'ascendant sur les troupes blanches, malgré les interventions des puissances étrangères et sa défaite contre la Pologne. Et après l'évacuation de l'armée japonaise en octobre 1922, elle contrôle enfin l'étendue du territoire restant de l'ancienne Russie tsariste, mettant fin à la guerre civile.

Considérant la composition sociale et la base sociale de l'armée rouge, Trotsky écrit en 1920 :

« Le nombre de soldats que nous avons mobilisés pour l'Armée Rouge ces deux dernières années atteint presque le nombre des syndiqués en Russie. Mais les syndiqués sont des ouvriers, et ceux-ci ne représentent que 15 % environ de l'armée, le reste étant constitué par la masse paysanne. Et pourtant, nous savons pertinemment que le véritable organisateur et "militarisateur" de l'Armée Rouge, c'est l'ouvrier d'avant-garde désigné par les organisations syndicales et le parti. »[2]

Les bolchéviks ont également utilisé des soldats pour les affecter directement à des tâches productives, lorsque les circonstances ne permettaient pas de les envoyer au front. Des opposants menchéviks (Abramovitch...) critiquent alors cette décision comme vouée à l'échec, car l'armée serait structurellement inefficace pour réaliser des tâches dont elle n'a pas l'habitude et qu'elle n'a pas choisi. Trotsky défend ces mesures de militarisation du travail comme allant dans le sens de la planification, et tout en reconnaissant les difficultés, il pointe les progrès réalisés.[2]

Notes et sources

  1. Trotsky, Bureaucratism and Factional Groups, décembre 1923
  2. 2,0 et 2,1 Léon Trotsky, Terrorisme et communisme, 1920