Accumulation primitive du capital

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L'accumulation primitive du capital est le processus historique qui a conduit la bourgeoisie à se créer par les rapines et la violence son capital, qui a permis la révolution industrielle, et le salariat. On l'appelle accumulation primitive car elle s'opère dans un cadre pré-capitaliste et c'est elle qui met en place les rapports de production capitaliste, qui rendent possible l'accumulation du capital par l'exploitation du travail.

1 Généralités

Puisque pour être capitaliste et accumuler du capital, il faut déjà en avoir, la question de l'origine du capital se pose. Lorsqu'il n'y avait pas de salariat à exploiter, il a bien fallu par un quelconque procédé que la classe bourgeoise concentre des biens.

En étudiant cette genèse, Marx rappelle que le capital arrive au monde « suant le sang et la boue par tous les pores »[1].

2 Expropriations

2.1 Spoliations anglicanes

La Réforme protestante a joué un grand rôle en Angleterre dans l'accumulation primitive du capital. Elle permet la spoliation des biens de l'Église catholique dès le XVIème siècle.

2.2 Enclosures

La bourgeoisie anglaise a aussi aliéné des domaines de l'État, pillé et enclos les terrains communaux pour se les approprier. Des champs pâturages communs et champs ouverts au glanage ont été récupérés et clôturés par de riches propriétaires de troupeaux de moutons pour le commerce de la laine alors en pleine expansion. La population rurale s'appauvrit et des mouvements de révolte éclatent, comme dans les Midlands en 1607. Expropriés, bon nombre de paysans ou bergers sont contraints à l'exode vers les villes ou au vagabondage. À la fin du XVIIème siècle, le droit bourgeois pérennise cette évolution, et le parlement ratifie les enclosures, ce qui délégitime toute contestation.

Les conséquences sociales de l'Enclosure ont été décriées dès le XVIème siècle par des auteurs anglais tels que Thomas More.

2.3 Fermages augmentés

Parallèlement, les contrats d'affermage entre cultivateurs et propriétaires deviennent plus défavorables aux premiers. Les fermages augmentent voire doublent. Nombreux sont ceux qui ne peuvent pas suivre et n'ont plus assez avec leurs récoltes. Cela contribuera à accentuer l'exode rural.

3 Révolution agricole

Les cultivateurs expropriés sont ensuite transformés en salariés par une deuxième vague, la révolution agricole, qui enrichit les propriétaires terriens, désormais capables d’investir dans des activités nouvelles, mais qui nécessitent moins de bras. Une partie des ruraux n’a plus sa place dans les villages, selon Marx. Parallèlement, les lois condamnant le vagabondage se succèdent, promettant les hommes errants à la torture, à l'emprisonnement, à l'esclavage et même parfois à la mort. Devenus des marchandises, ces vagabonds se regroupent dans les villes et forment pour le capital industriel, son « armée de réserve », acceptant des salaires d’autant plus bas que des lois les fixent, sous peine d'emprisonnement de l'ouvrier en cas de dépassement.

4 Commercial colonial

Dans les colonies, les plantations de tabac puis de sucre dégagent une très forte rentabilité, grâce à l’exploitation d’une main d’œuvre gratuite, les esclaves, que leurs maîtres épuisent à la tâche pour obtenir une très forte productivité. Le coût de ces esclaves diminue d’autant plus que la traite négrière bénéfice de capacités de transport croissantes, avec la concurrence entre armateurs hollandais, anglais, français et portugais, effective dès les années 1670 et renforcée dans les années 1720 par l’augmentation de la taille des navires.

Le commerce colonial va créer une grande bourgeoisie commerciale dès la fin du XVIIème siècle, via le commercie triangulaire : c'est à la fois la traite négrière et le produit des colonies, surtout les plantations, qui dégage du profit. Les grands bourgeois sont d'ailleurs souvent à la fois armateurs et propriétaires de plantations. Les armateurs nantais[2] retirent des profits énormes - 80% en moyenne, mais investissent surtout dans la terre.

Mais ce commerce a eu aussi l'effet indirect de favoriser l'industrialistion de certains ports et de tout l'arrière-pays alentour, comme Liverpool et Bordeaux. "Bordeaux étend son influence jusqu'à Montauban", note l'historien Jean-Pierre Rioux.

5 Sources

Marx, Le Capital, Huitième section : l'accumulation primitive


  1.   Le secret de l'accumulation primitive
  2.   L'expropriation de la population campagnarde
  3.   La législation sanguinaire contre les exprorpiés à partir de la fin du XV° siècle. - Lois sur les salaires.
  4.   Genèse des fermiers capitalistes
  5.   Contrecoup de la révolution agricole sur l'industrie. Etablissement du marché intérieur pour le capital industriel.
  6.   Genèse du capitaliste industriel
  7.   Tendance historique de l'accumulation capitaliste.
  8.   La théorie moderne de la colonisation

6 Notes et sources

  1. http://www.marxists.org/francais/marx/works/1867/Capital-I/kmcapI-31.htm
  2. Avec des hommes comme Antoine Walsh, Jean Stapleton, d'autres irlandais de Nantes ou Guillaume Grou et Antoine Crozat.