Élection présidentielle française de 2017

De Wikirouge
Révision datée du 21 mai 2017 à 14:33 par Utherpendragon57 (discussion | contributions) (Page créée avec « Les '''élections présidentielles françaises de 2017 '''fûrent présentées comme un évènement important de la vie politique française, bien qu'elles ne présentent... »)
(diff) ← Version précédente | Voir la version actuelle (diff) | Version suivante → (diff)
Aller à la navigation Aller à la recherche

Les élections présidentielles françaises de 2017 fûrent présentées comme un évènement important de la vie politique française, bien qu'elles ne présentent aucun intérêt pour les travailleurs.

1 Contexte

1.1 Crise économique et crise sociale

🔍 Voir : Crise de 2010.

La crise économique frappe maintenant les vieilles métropoles impérialistes depuis le « nouveau millénaire ». Cette crise, symptômatique du vieillissement du capitalisme, est particulièrement marquée en France, où le nombre de chômeurs ne cesse d'augmenter malgré les diverses tentatives de camouflage de la part des divers gouvernements successifs, malgré l'amorce d'une reprise à partir de 2015.

Évolution du taux de chômage en France (en %).[1]
2016 9,7
2015 9,9
2014 10,0
2013 9,7
2012 9,4
2000 8,7

Cette montée du chômage a générée une paupérisation croissante des masses populaires, déjà marquées par de dures conditions de vie à l'issue de la période de croissance illusoire intitulée « les Trente Glorieuses ».

Les gouvernements bourgeois ont tenté de remédier à l'effondrement du système bancaire (initié aux États-Unis par la crise dessubprimes) en injectant de l'argent frais dans leurs banques, mettant ainsi de factofin à la politique néolibérale initiée au Royaume-Uni sous Thatcher et permettant de sauver le système (« Too big to fail »), mais augmentant considérablement la dette publique des États. En France, cela s'est traduit par une politique d'austérité budgétaire, marquée par des mesures extrêmement anti-ouvrières (comme la réforme des retraites sous Sarkozy ou plus récemment la loi Travail[2]) et par des coupes dans les services publiques (non-remplacement de fonctionnaires, fermeture d'hôpitaux jugés « pas assez rentables »au mépris du personnel médical et des patients...). 

La crise sociale a aussi engendrée une montée de la violence et de l'insécurité urbaine, une hausse croissante des incivilités, mais aussi du terrorisme : la France connaît ainsi trois vagues d'attentats extrêment meurtriers commandités par l'État Islamique[3][4].

À cela, s'ajoute la crise migratoire, toujours en cours et qui souligne l'inhumanité exceptionnelle des gouvernements européens (faisant tout pour contenir ou refouler les migrants) mais aussi de la droite et de l'extrême-droite, qui surfe sur les préjugés latents (engendrés par les attentats) pour faire payer la crise aux étrangers en usant d'une démagogie honteuse mais de plus en plus partagée au sein de la population.

1.2 Montée du populisme

1.2.1 Désintégrement des formations politiques traditionnelles

La campagne commence en avril. La droite traditionnelle, regroupant des éléments petits-bourgeois modérés et libéraux, gaullistes mais aussi chrétiens-radicaux conservateurs (qui soutiendront plus tard le Front National face à Macron au second tour) incarnée par « Les Républicains » (ex-UMP), officiellement allié à l'UDI (qui navigue dans la sphère républicaine), est sûre de remporter face à un Parti Socialiste décadent au bilan désastreux, ayant toutefois préparé le terrain pour les attaques futures. Lors des primaires de la droite, François Fillon, ancien Premier ministre sous Sarkozy, a été élu. S'appuyant sur la frange la plus réactionnaire, petite-bourgeoise et chrétienne de l'électorat de droite, Fillon balaie Juppé qui était alors donné gagnant. Fillon garantit d'emmener la droite au pouvoir, et de combattre le Front National - alors qu'en fait, il utilise les mêmes arguments à peine déformés.

Toutefois, la campagne de Fillon est pulvérisée par une série de scandales le compromettant lui et sa famille, et dévoilés successivement par le Canard Enchaîné à la suite de l'élection de Fillon aux primaires[5]. Bien que Fillon crie au « scandale d'État »[6], sa côte de popularité décroît sensiblement au bénéfice du Front National, mais aussi de l'ancien ministre de l'Économie, Emmanuel Macron, avec son mouvement "ni droite ni gauche" En marche !.

Le Front de Gauche croît aussi en puissance, profitant quant à lui du désintégrement du Parti Socialiste ayant choisi Benoît Hamon comme représentant aux présidentielles mais s'effondrant dans les sondages en raison du bilan calamiteux de cinq années de pouvoir socialiste. Se parant d'un verni social, la politique du Front de Gauch incarnée par Mélanchon ne diffère au fond de celle de Mitterrand, scrupuleusement respectueuse de l'ordre capitaliste.

1.2.2 Un second tour opposant Le Pen et Macron

Au soir du premier tour, les résultats sont dévoilés : sans grande surprise, le Front National et En marche ! passent au second tour.

Macron lors d'un meeting.
Drapeau d'un militant frontiste.
Candidats Voix
Nombre  % des inscrits  % des exprimés
M. Nicolas DUPONT-AIGNAN 1 695 186 3,56 4,70
Mme Marine LE PEN 7 679 493 16,14 21,30
M. Emmanuel MACRON 8 657 326 18,19 24,01
M. Benoît HAMON 2 291 565 4,82 6,36
Mme Nathalie ARTHAUD 232 428 0,49 0,64
M. Philippe POUTOU 394 582 0,83 1,09
M. Jacques CHEMINADE 65 598 0,14 0,18
M. Jean LASSALLE 435 365 0,91 1,21
M. Jean-Luc MÉLENCHON 7 060 885 14,84 19,58
M. François ASSELINEAU 332 588 0,70 0,92
M. François FILLON 7 213 797 15,16 20,01
Total 36 058 813 75,78 100,00%

Alors que Marine Le Pen promet de remettre la France « en ordre », le discours de Macron diffère à peine, promettant de la... « remettre en marche ». En ordre ou en marche pour les capitalistes français, certes... mais absolument rien pour les travailleurs ! Entre la peste et le choléra, une majorité de votants décide de soutenir Macron appliquant en cela la stratégie du « moins pire ». C'est ainsi que Macron est intrônisé plus jeune président de la République avec plus des deux tiers des voix le 7 mai.

2 Commentaires

2.1 Impasse des élections bourgeoises

Les élections, au sein de la démocratie capitaliste, ne servent, comme le disait Marx, qu'à « décider une fois tous les trois ou six ans quel membre de la classe dirigeante (va) représenter et fouler aux pieds le peuple »[7]. La classe laborieuse est ici dépourvue de toutes perspectives la concernant, et ne peut donc accepter que les futurs sacrifices que lui imposeront le futur gouvernement qui poursuivra sa fuite en avant libérale ; en l'occurence, ici Macron.

Macron, qui promettait un mouvement incarnant le renouveau, ne fait en fait que recycler de nombreux élus des Républicains, du MODEM et du PS tenant à profiter de la nouvelle dynamique politicienne pour conserver voire gagner de nouveaux postes[8]. La nomination d'Édouard Philippe comme Premier Ministre ou de Bruno Le Maire comme Ministre de l'Économie, tous deux ténors de la droite, témoigne de l'orientation libérale de la politique de Macron.

2.2 Rapport du Courant Communiste International

Le CCI (luxemburgiste), dans un article, publie dans le n°463 de sa revue en ligne Révolution Internationale dans son article « Élections et démocratie: l’avenir de l’humanité ne passe pas par les urnes »[9] :

La bourgeoisie exerce le pouvoir non dans son ensemble mais en le déléguant à une fraction minoritaire en son sein, regroupée dans les partis politiques. Cela est valable aussi bien dans les démocraties (concurrence entre plusieurs partis) que dans les régimes totalitaires fascistes ou staliniens (parti unique). Ce pouvoir d’une minorité de spécialistes de la politique n’est pas seulement le reflet de la position minoritaire de la bourgeoisie au sein de la société ; il est également nécessaire pour préserver les intérêts généraux du capital national face aux intérêts divergents et concurrents des différentes fractions de cette bourgeoisie. Ce mode de pouvoir par délégation est donc inhérent à la société bourgeoise et se reflète dans chacune de ses institutions et principalement dans le suffrage universel. [...] La réponse aux contradictions de ce système et aux souffrances croissantes qu’il engendre ne peut être apportée que par la dimension internationale de la lutte du prolétariat et sa pratique mondiale de la solidarité. Afin de libérer la société des conséquences destructrices de la production capitaliste, le communisme doit abolir les classes et la propriété privée, ce qui entraîne un dépérissement de l’État et de la démocratie [capitaliste].

3 Notes et sources