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*Aller vers des regroupements pharmacies / cabinets de médecine dans des pôles santé bien répartis géographiquement et bien dotés en moyens de diagnostic et spécialistes. Décloisonner les spécialités et favoriser le croisement des avis de médecins pour les diagnostics. Humaniser l’accueil grâce au plus grand nombre de médecins.
 
*Aller vers des regroupements pharmacies / cabinets de médecine dans des pôles santé bien répartis géographiquement et bien dotés en moyens de diagnostic et spécialistes. Décloisonner les spécialités et favoriser le croisement des avis de médecins pour les diagnostics. Humaniser l’accueil grâce au plus grand nombre de médecins.
 
*Encourager des rapports soignant·es-soigné·es plus égalitaires en sensibilisant les médecins et en diffusant des connaissances médicales de qualité dans la population.
 
*Encourager des rapports soignant·es-soigné·es plus égalitaires en sensibilisant les médecins et en diffusant des connaissances médicales de qualité dans la population.
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*Faire des efforts conséquents dans la prise en charge des troubles psychiques et psychiatriques, à la fois en termes de moyens et de vigilance sur la formation des soignant·es (à la fois sur l'évaluation des méthodes et sur la lutte contre les rapports de domination sur les personnes en situation de fragilité). L’internement d’individus doit être le dernier recours.
 
*Surveiller les allégations mensongères en terme de “médecines parallèles”. Les médecines non reconnues ne doivent pas forcément être interdites (sauf si mise en danger grave) mais bien distinguées du système socialisé, et non remboursées.</div>
 
*Surveiller les allégations mensongères en terme de “médecines parallèles”. Les médecines non reconnues ne doivent pas forcément être interdites (sauf si mise en danger grave) mais bien distinguées du système socialisé, et non remboursées.</div>
  
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*Supprimer les préfets. Fusionner les préfectures et les conseils régionaux, en retenant le principe d’élections locales et de direction collégiale.
 
*Supprimer les préfets. Fusionner les préfectures et les conseils régionaux, en retenant le principe d’élections locales et de direction collégiale.
 
*Assemblée nationale composée de délégué·es des conseils régionaux ; suppression du sénat
 
*Assemblée nationale composée de délégué·es des conseils régionaux ; suppression du sénat
*suppression du Président (le [[principe de collégialité]] doit être la norme, du comité d’entreprise jusqu’au gouvernement)</div>
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*Suppression du Président (le [[principe de collégialité]] doit être la norme, du comité d’entreprise jusqu’au gouvernement)</div>
  
 
===La justice sociale pour une vraie justice===
 
===La justice sociale pour une vraie justice===
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===Une nouvelle police organiquement liée à la population===
 
===Une nouvelle police organiquement liée à la population===
<div class="section-expandable">[[Fichier:Barricade18March1871.jpg|droite|sans_cadre|271x271px|link=]]La police actuelle, imprégnée d’éléments [[Fascisme|fascistes]] et de culture de la violence contre les populations, doit être démantelée. Il y a bien entendu une fonction de police qui est en elle-même utile (gestion des conflits de voisinage divers, des agressions sexistes, homophobes…), et l’[[idéologie dominante]] utilise la confusion autour de cette fonction pour masquer la fonction répressive au service de l’ordre capitaliste. Pourtant, la conscience que la police est foncièrement partiale progresse, et il apparaît toujours plus nettement qu’en terme de [[racisme]] ou de [[sexisme]], elle fait plus partie du problème que de la solution. C’est le fruit d’une institution séparée de la population et profondément habituée à justifier son positionnement réactionnaire par les idéologies les plus fascisantes.
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<div class="section-expandable">[[Fichier:Barricade18March1871.jpg|droite|sans_cadre|271x271px|link=]]La police actuelle, imprégnée d’éléments [[Fascisme|fascistes]] et de culture de la violence contre les populations, doit être démantelée. Il y a bien entendu une fonction de police qui est en elle-même utile (gestion des conflits de voisinage divers, des agressions sexistes, homophobes…), et l’[[idéologie dominante]] utilise la confusion autour de celle-ci pour masquer son rôle répressif au service de l’ordre capitaliste. Pourtant, la conscience que la police est foncièrement partiale progresse, et il apparaît toujours plus nettement qu’en terme de [[racisme]] ou de [[sexisme]], elle fait plus partie du problème que de la solution. C’est le fruit d’une institution séparée de la population et profondément habituée à justifier son positionnement réactionnaire par les idéologies les plus fascisantes.
  
 
Il faut donc soutenir toutes les campagnes de désarmement et de définancement de la police, tout en soutenant des formes d’auto-organisation et auto-défense populaire, jusqu’à ce que nous soyons en mesure de remplacer totalement la police. En particulier les BAC, dont les anciens membres doivent être surveillés pour prévenir toute radicalisation. Des éléments de l’ancienne police pourront demander à intégrer certaines nouvelles structures (par exemple dans la police scientifique, des brigades d’enquête…).
 
Il faut donc soutenir toutes les campagnes de désarmement et de définancement de la police, tout en soutenant des formes d’auto-organisation et auto-défense populaire, jusqu’à ce que nous soyons en mesure de remplacer totalement la police. En particulier les BAC, dont les anciens membres doivent être surveillés pour prévenir toute radicalisation. Des éléments de l’ancienne police pourront demander à intégrer certaines nouvelles structures (par exemple dans la police scientifique, des brigades d’enquête…).

Version du 21 avril 2021 à 01:34

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Coin-rouge.png

Nous avons d’immenses ressources. Dans ces conditions tout·e licencié·e qui vit une descente aux enfers ou tout·e SDF qui meurt de froid dans la rue ne sont pas victimes d’un triste sort, mais d’un sacrifice criminel. Même le journal Capital est obligé d’admettre que si tous les revenus étaient répartis à égalité stricte en France… chacun·e aurait plus de 2 300 € par mois. Et encore, cette estimation ne veut pas dire grand-chose, faisant comme si la production actuelle (dont dépendent les revenus) était la seule « économiquement possible ». En réalité c’est la logique de ce système absurde qui décide dans quels secteurs et à quel niveau les capitalistes vont investir. Rien ne serait plus simple que d’utiliser des ressources accumulées inutilement pour développer des moyens de production ou des services publics supplémentaires. La sortie du carcan de la rentabilité ouvrirait un vaste champ des possibles.

1 Transformer la façon de vivre et de travailler

1.1 Reprendre le contrôle

Workers-not-slaves.png
La société capitaliste oblige l’immense majorité d’entre nous à quémander un emploi pour vivre (et à y passer la plupart de notre temps éveillé), mais laisse le marché décider de combien et quel types d’emplois sont disponibles. Laissant au passage d’innombrables autres personnes dans la galère du chômage ou de petits boulots, alors qu’une infime minorité s’enrichie sur notre dos. Une des priorités est donc de reprendre le contrôle de l’économie, des embauches, du travail, ce qui implique le contrôle des moyens de production, des entreprises. La vie ne se résume pas au travail, mais le capitalisme fait du travail le nœud de nos vies,  et c’est parce que nous aspirons à plus de contrôle sur les nôtres que nous devons reprendre le contrôle du travail. C'est la clé de bien des changements.

La logique de la production capitaliste repose sur la profitabilité, mais pourquoi ne pas mettre au centre de la logique de production, la satisfaction des besoins humains ? Pour cela, celles et ceux qui font tourner les entreprises ou les services doivent avoir le pouvoir de décision. Le principe démocratique doit s’étendre et pénétrer enfin les entreprises, renversant les rapports hiérarchiques. Il ne s’agit pas seulement de nationaliser ou étatiser les entreprises, tout en conservant un État surplombant la société, mais d’ancrer un fonctionnement nouveau dans lequel les salarié·es dirigent au moyen de réunions décisionnelles. C'est ce que nous appelons la socialisation, qui vise à associer l'autogestion à la base (décisions collectives sur les lieux de vie, de travail, d'étude...) et la planification de l'économie (pour que les entités autogérées se coordonnent hors de rapports marchands).

1.2 Répartir le travail, abolir le chômage et la précarité

Travaillons-moins.png

Dès maintenant, nous devons nous opposer aux mesures qui nous demandent des sacrifices (licenciements, dégradation des conditions de travail avec le manque de moyens, les salaires trop bas, les attaques sur le code du travail et les conventions collectives…), alors que l’humanité dispose d’une productivité sans précédent et qui continue à croître. D’autant plus que ces sacrifices n’ont jamais de fin : il y aura toujours quelque part quelqu’un·e de plus exploité·e, et un patron qui voudra en profiter pour nous mettre en concurrence. Si l’on continue tête baissée, ils nous feront nous détester entre nous alors que nous pourrions toutes et tous vivre dignement et confortablement.

C’est pourquoi il nous faut résister la tête haute, en assumant d’être à contre courant de leurs critères de rentabilité. Leur économie repose sur une mécanique incontrôlable et mortifère qui régulièrement provoque des crises impactant le monde entier, et plus particulièrement les plus pauvres. Nous pouvons la reconfigurer pour qu'elle soit au service de nos besoins. Parmi les premiers actes de libération du carcan capitaliste :

  • Diminution générale du temps de travail sans annualisation ni flexibilité, sans baisse de salaire, avec embauches correspondantes.
  • Dans un premier temps, abaissement à 32h pour la durée standard. Abaissement supplémentaire pour les secteurs où le travail exige une attention soutenue : BTP, transport, industrie, services à la personne...
  • Embauches massives dans les services publics qui le nécessitent (voir plus bas).
  • Étendre au maximum les horaires d’ouvertures des services publics, en embauchant.
  • Travail de nuit limité au maximum, sur la base du volontariat avec des aménagements pour compenser la pénibilité du rythme (de nombreux repos, des temps de travail courts comme 4h au lieu de 8h…)
  • À ce stade, il ne devrait plus y avoir réellement de chômage. Sinon, poursuivre la démarche de partage du temps de travail.

Concernant les nombreux métiers qui ont été externalisés (sous-traitance, freelance…), il faudra adopter des solutions au cas par cas, selon les souhaits des premier·ères concerné·es :

  • Ré-internalisation ;
  • Pérennisation d’une entreprise « sous-traitante » socialisée, sans les rapports de domination qui caractérisent le capitalisme ;
  • Statut d’intermittence sur le modèle des intermittent·es du spectacle.

Par exemple dans le nettoyage, les travailleur·ses aspirent à être ré-internalisé·es pour ne plus être baladé·es et pour faire partie du même collectif que les autres travailleur·ses du site. Pour aller plus loin dans cette intégration, il faudra encourager la redéfinition des postes et le partage des tâches (formation des personnels anciennement cantonnés au nettoyage, rotation des tâches de nettoyage sur tous les travailleur·ses du site…).

Ce renversement de paradigme mettrait fin à la précarité subie, tout en donnant à chacun·e une flexibilité choisie, qui n’existe que pour une poignée de privilégiés sous le capitalisme.

  • Le regroupement des entreprises au sein d’une même sphère socialisée (entreprises aussi bien que services publics) créera de vastes possibilités de changements de postes et de régions. Une liste des postes disponibles pourrait être diffusée à toutes et tous par un véritable service public de l'emploi.
  • Cette situation mettra fin aux cas de personnes choisissant des postes par défaut, et facilitera la découverte de nouvelles activités en fonction des intérêts de chacun·e.
  • En règle générale, les postes de travail seront stables (puisque non soumis au marché). Des postes pourraient être supprimés si l’AG d’entreprise en décide ainsi, mais cela se ferait en accord avec des salarié·es qui voudraient changer de poste. Il pourra également y avoir à l’échelle nationale des décisions d’arrêter un secteur d’activité, mais dans tous les cas tout·e travailleur·se de la sphère socialisée aura la garantie de pouvoir conserver un travail, sans être forcé à déménager.

1.3 Vers l’égalité et la sécurité matérielle

Poignée-de-mains-rouge.jpg
Plus personne ne défend aujourd’hui de façon crédible les écarts de revenu qui ont atteint des records (en 5 min Bernard Arnault gagne un SMIC annuel). La méritocratie, qui ne peut pas être abolie du jour au lendemain, se retourne contre le capitalisme tant ces écarts deviennent aberrants. Il faut donc porter un coup très net à la hiérarchie de revenus actuelle.
  • Pas un revenu en dessous de 1700 €. Rehausser le SMIC à 1700 € net, et en faire un vrai minimum (pas d’apprentis payés en dessous, etc.).
  • Ré-indexer les revenus sur les prix (échelle mobile des salaires).
  • Supprimer tout écart de salaire pour un même poste entre hommes et femmes.
  • Augmenter nettement les bas salaires, baisser les salaires des cadres supérieurs. Limiter l’écart de revenu de 1 à 3 : donc salaire maximum de 5 100 €, cet écart ne menace que les 5% les plus riches.
  • Une grille des salaires unifiée dans les entreprises socialisées.

Cette révolution dans les revenus ne peut être réalisée qu’à la source, pas par l’illusion d’un État qui redistribuerait a posteriori par la fiscalité. Ce n’est pas l’État qui taxerait les revenus de Bernard Arnault au dessus de 5 100 €, c’est le collectif des employé·es de LVMH qui aurait cessé de distribuer des revenus pareils.

Les écarts de revenus qui resteraient seraient liés  :

  • aux choix de temps de travail (certain·es pourraient toujours travailler à mi-temps et être payé·es 50%) ;
  • à l’ancienneté (même si la refonte de la refonte des salaires doit être l’occasion de tasser cet écart de le questionner) ;
  • aux qualifications différentes, liées aux durées d’études différentes (cependant la qualification des métiers plus manuels doit être prise en compte et nettement revalorisée). Cet écart devra aussi être questionné, et le monde qui change de base se débarrassera vite des restes d'idéologie méritocratique.

Le droit au départ à la retraite au bout de 37,5 annuités doit être rétabli, avec maintien du dernier salaire à 100%. Parmi celles et ceux déjà en retraite, aucune pension ne doit être inférieure à 1700 €.

Une allocation conséquente doit être versée pour chaque enfant, considérée comme attachée à la personne. Elle serait versée dans un premier temps aux parents, puis au jeune à partir de 16 ans. Elle pourrait être de 1000 € d'abord, puis de 1700 € à partir de 16 ans. Cette somme remplacerait les autres modalités de prise en compte des enfants, trop dispersées et insuffisantes pour les plus pauvres (allocations familiales, de rentrée scolaire, SFT...) et trop généreuses avec les plus riches (quotient familial...).

Une fois amorcée, cette avancée vers la sécurité matérielle apparaîtra certainement de plus en plus largement comme allant de soi, et à ce titre pourra être organisée de façon plus simple. Ainsi, les communistes pourront défendre le modèle du salaire à vie, ou a minima l’introduction d’une part de revenu inconditionnel, suffisant pour vivre modestement, versé à tout·e citoyen·ne de sa naissance à sa mort par la collectivité :

  • Dans les entreprises socialisées et services publics, devenus la majeure partie des emplois, le salaire versé directement serait diminué d’autant (transféré).
  • Pour les petites entreprises, cela permettrait un bol d’air, car tant que le marché subsistera comme facteur de régulation des prix / distribution de marchandises, celles-ci tendront à se retrouver beaucoup plus chères que les entreprises socialisées.
  • Cela donnerait également des conditions favorables à des personnes (seules ou en collectif) voulant se lancer dans l’écriture d’un morceau de musique, d’un roman, d’une vidéo youtube, d’une BD, d’une thèse, etc.
Dans une société où l’on n’a plus la sensation de se battre pour des ressources limitées, où l’on utilise de plus en plus de services gratuits et où l’on ne s’aliène plus au travail, la déconnexion revenu / travail a toutes les chances de progresser jusqu’à une quasi-égalité matérielle.

2 Reconfigurer lieux de vie et de travail

2.1 Des logements pour toutes et tous

Batiment logement.jpg
Tous les jours, on s’habitue à l’intolérable : des gens autour de nous vivent dans la rue. Les causes de ces situations sont multiples, mais une chose apparaît clairement : le logement livré au marché est foncièrement injuste. Plus la demande monte (pour des tas de raisons - emplois concentrés au même endroit, etc.) plus les propriétaires peuvent louer cher, de façon totalement déconnectée d’un quelconque coût réel. Cela crée des rentiers d'un côté, et des mal logé·es de l'autre. La morale socialiste va contre l’idée de se faire de l’argent en louant. Il faut viser la sortie de l’immobilier du marché.

Parmi les premières mesures :

  • Appliquer l’ordonnance de réquisition des logements vides et exproprier les gros bailleurs privés (par exemple ceux qui louent plus de deux logements) et convertir en logements les nombreux locaux de bureaux maintenus vides pour cause de spéculation.
  • Interdire progressivement la possession de plus de deux logements.
  • Cesser toute vente de logement social.
  • Créer un office public national du logement, avec une plateforme internet permettant de visualiser les logements et les demandes, avec des critères justes et transparents. Atteindre une offre suffisamment importante pour que les emménagements / déménagements soient flexibles et rapides.
  • Plafonner les loyers dans le parc privé. Mais dans ces conditions le recours au parc privé s’éteindra de lui-même, faute de locataires assez généreux pour payer des rentiers.
  • Proposer aux notaires et agents immobiliers des reconversions.
  • Rénover les logements insalubres, et engager un plan de réhabilitation (voir « BTP et urbanisme »)

2.2 Rapprocher lieux de vie et de travail

Bouchons-voitures.png
Les aller-retour domicile-travail nous prennent de 1 à 2 h par jour, et presque les trois quart d’entre nous doivent prendre leur voiture. Lorsque les transports en commun sont développés, comme en Ile-de-France, 60% les utilisent. Mais au prix de trajets souvent plus longs. Ces trajets quotidiens sont un point central à transformer, à la fois pour réduire le recours à la voiture et augmenter notre temps libre.

Aujourd’hui le temps de trajet est élevé (et augmente ces dernières décennies) à cause de l’équation “rareté des emplois + rareté des logements abordables + entreprises qui ferment et qui ouvrent n’importe où en fonction du foncier”. Reprendre le contrôle de l’économie permettrait une reconfiguration radicale :

  • Rapprocher les entreprises des villes, implanter côte-à-côte des entreprises qui s’échangent des produits intermédiaires, implanter près des voies ferrées pour permettre à la fois le fret et les déplacements de voyageur·ses…
  • Réduire la peur fondée que suscite la proximité d’usines en mettant tous les moyens qu’il faut pour réduire les risques et nuisances. Réduire les peurs infondées grâce à la démocratisation (comités d’usine ouverts au voisinage) et l’information scientifique.
  • Développer des transports en commun de qualité, et desservant plus de destinations. La fin de l’immobilier privé mettra fin au phénomène de montée des prix autour des gares de tram / métro / train.
  • Renationalisation des autoroutes. Il n’y a aucune raison de payer des rentiers comme Vinci. En revanche il ne s’agira pas forcément de baisser les prix, mais de réaffecter les recettes au développement des alternatives à la voiture.

2.3 BTP et urbanisme

Lunch atop a Skyscraper.jpg
  • Expropriation des groupes du BTP (Bouygues, Vinci…) et création d’un service public du bâtiment (construction / rénovation), mettant fin aux marchés publics et aux partenariats public privés (sources de nombreux cadeaux aux capitalistes).
  • Dans les projets, un effort sera fait pour inclure les petites entreprises locales.
  • Incitations des petites entreprises à s’intégrer au réseau socialisé.
  • N’étant plus soumis à la logique de profit, ce réseau socialisé aura pour priorité la rénovation (réhabilitation, isolation thermique, isolation acoustique…). Les habitants ou les collectivités feront remonter les demandes, et les priorités seront définies démocratiquement.
  • L’urbanisme sera défini démocratiquement dans les collectivités, avec l’appui de spécialistes, ce qui convergera sans doute vers une lutte contre l’étalement urbain, des politiques de densification dans le périurbain pavillonnaire, de réhabilitation dans les zones de grands ensembles… Une des pistes serait aussi de désengorger la région parisienne en déplaçant des postes de travail vers des villes moyennes déjà desservies en transports, dont le cadre de vie est agréable mais où beaucoup de logements sont vacants faute d’emplois.

3 Des services publics efficaces et inclusifs

Depuis les dernières décennies nous n’avons connu que le discours selon lequel nos services publics sont trop dépensiers, trop inefficaces, et doivent donc subir des coupes sévères voire être privatisés. Mais l’accumulation d’expériences de privatisations montre que la plupart du temps, le bilan est catastrophique (hausse des prix, baisse de la sécurité, coupes dans les secteurs non rentables malgré des usager·es en situation de besoin…). Il donc faut non seulement défendre les services publics existants, qui ont été imposés à l’État capitaliste, mais il faut aussi les étendre et les démocratiser comme l’ensemble de la société. C’est par ailleurs le meilleur moyen d’éviter les dysfonctionnements constatés dans certains services publics.

3.1 La santé parmi les premières priorités

  • Bannir l’argent du système de santé : plus de tarification à l’acte ni de tarification tout court, gratuité des médicaments prescrits.
  • Socialisation de l’industrie pharmaceutique. Des moyens abondants versés pour la recherche sur les maladies, les vaccins, et les causes du vieillissement.
  • Expropriation et intégration des cliniques privées et cabinets de médecins et des pharmacies au système socialisé (remboursement des crédits éventuels pour les petits cabinets).
  • Aller vers des regroupements pharmacies / cabinets de médecine dans des pôles santé bien répartis géographiquement et bien dotés en moyens de diagnostic et spécialistes. Décloisonner les spécialités et favoriser le croisement des avis de médecins pour les diagnostics. Humaniser l’accueil grâce au plus grand nombre de médecins.
  • Encourager des rapports soignant·es-soigné·es plus égalitaires en sensibilisant les médecins et en diffusant des connaissances médicales de qualité dans la population.
  • Faire des efforts conséquents dans la prise en charge des troubles psychiques et psychiatriques, à la fois en termes de moyens et de vigilance sur la formation des soignant·es (à la fois sur l'évaluation des méthodes et sur la lutte contre les rapports de domination sur les personnes en situation de fragilité). L’internement d’individus doit être le dernier recours.
  • Surveiller les allégations mensongères en terme de “médecines parallèles”. Les médecines non reconnues ne doivent pas forcément être interdites (sauf si mise en danger grave) mais bien distinguées du système socialisé, et non remboursées.

3.2 Une éducation / formation avec les moyens qu’il faut

Ecole - Salle de Classe 2.jpg
  • Gratuité totale de l’éducation, y compris des livres scolaires, des inscriptions à l’université...
  • Diminuer nettement le nombre d’élèves par classe, pour favoriser au maximum le suivi de chaque élève.
  • De larges moyens pour les voyages et sorties scolaires. Des aménagements adaptés permettant l’accueil des enfants en situation de handicap.
  • Plus de place pour les expérimentations pédagogiques et la possibilité de prendre des initiatives en cours d’année (en fonction des questionnements des élèves…)
  • Expropriation des écoles privées, ou redéfinition de leur rôle hors du champ scolaire
  • Expropriation des organismes de formation professionnelle, et extension de l’alternance (dans les entreprises socialisées).
  • Respect des croyances de chaque élève ou enseignant·e qui n’empêchent pas de faire cours. Levée de toute interdiction sans fondement, comme celles portant sur le voile.
  • Organisation régulières de débats démocratiques sur le contenu des enseignements.
  • Sortir de l’idéologie du mérite individuel, des notations, des classements…
  • Sortir de la logique des concours des grandes écoles qui permettent d’obtenir un “rang social” qui propulse cadre supérieur ou haut fonctionnaire dès la sortie d’école. Au contraire, aller vers une formation qui intègre l’expérience (les ingénieur·es formé·es parmi celles·ceux qui sont déjà technicien·es, les chef·fes de chantier parmi les ouvrier·ères du bâtiment…).
  • Limiter au maximum la séparation des fonctions qui sont du pur encadrement. La coordination de différent·es salarié·es restera nécessaire, mais les personnes en charge de cette coordination doivent être élues par le collectif, leur légitimité venant de la reconnaissance de leurs qualités humaines ou techniques, au lieu d’un concours qui acte surtout la reproduction sociale. Par ailleurs, la coordination peut et doit se faire par des assemblées collégiales, ce qui n’est pas naturel pour nous qui héritons de mentalités qui intègrent profondément la hiérarchie, mais qui s’apprendra rapidement en période de transformation sociale.
  • Pour beaucoup de postes, la barrière à l’entrée pourrait être abaissée, en favorisant l’apprentissage sur le tas, éventuellement avec une étape d’alternance.
  • Pour les métiers où la compétence est une question de sécurité (électricien, médecin…), il faudra toujours des examens de validation avant d’exercer.
  • Tout jeune aurait droit à un nombre d’années d’études rémunérées, par exemple 12 ans + 1 an supplémentaire pour 3 années travaillées. Ce critère pourrait basculer vers la liberté totale de reprendre des études à mesure que la société se stabilise avec un haut niveau de développement.

3.3 Extension et amélioration des services publics

Kindergarten is fun (2908834379).jpg
  • Socialisation de toutes les maisons de retraites dans un réseau public gratuit et efficace, avec du personnel qui ne soit pas sous pression. Le tout intégré dans un service public du grand âge, incluant l’aide à domicile.
  • Expropriation des crèches et développement d’un réseau abondant de crèches publiques. Possibilité offerte de scolariser les enfants dès 2 ans.
  • Développement de cantines de qualité à bon marché (par exemple à partir de grands restaurants expropriés). Avec abonnement et pourquoi pas à terme la gratuité.

L’extension des différents services publics permettra d’agrandir la sphère de la gratuité, ce qui développera de nouvelles mentalités et des espaces plus conviviaux.

Mesures pour aller vers un accueil décloisonné et inclusif :

  • Unifier au maximum les services publics, d’autant plus que la socialisation doit diminuer la bureaucratisation dans une certaine mesure (moins de besoin d’aides a posteriori, moins de critères complexes pour y avoir accès…).
  • Dans chaque lieu d’accueil de service public, aménager des espaces avec ordinateurs et des personnes disponibles pour aider les personnes à utiliser les services disponibles par internet, quel que soit le domaine (ne pas avoir à répondre à un·e usager·ère que ce n’est pas le bon bureau et que personne ici ne peut rien faire).
  • Accélérer les travaux pour rendre accessibles les bâtiments et la voirie aux personnes en situation de handicap.

3.4 Donner les meilleures conditions à la recherche

Collaborating on Research (9955278615).jpg
  • Suite à la socialisation des grands groupes, rendre public ce qui est aujourd'hui de la recherche privée
  • Exproprier les rentiers de la publication scientifique (type Elsevier).
  • Sortir du “publish or perish”. Redonner des moyens stables aux équipes pour assurer la capacité à mener des recherches de long terme.
  • Ouvrir massivement des postes. Définir à la fois des priorités nationales et laisser une marge aux laboratoires pour des initiatives de recherche.
  • Dédier certains postes à la réplication des études, avec publication y compris des négatifs, et aux méta-analyses.
  • Dédier certains postes à la vulgarisation de qualité, notamment à l’alimentation des médias ouverts (type wikipédia, youtube…).
  • Le fait que la sphère de la production soit socialisée supprimera à la racine les biais liés aux conflits d’intérêt.

3.5 Des médias avec la liberté la plus large

WTUL Microphone.jpg
La nouvelle organisation sociale devra viser à une grande liberté de la presse, liberté effective, qui implique à la fois de sortir de la main mise des capitalistes, et de mettre en place des mécanismes garantissant un réel pluralisme.
  • Expropriation des grands groupes capitalistes auxquels appartiennent actuellement les médias, et transfert du pouvoir aux AG des rédactions
  • Création d’un Conseil national des médias (à la place du CSA) renouvelé régulièrement à la proportionnelle des courants représentés à l’assemblée nationale
  • Création d’un statut d’entreprise médiatique autonome, à but non lucratif, à côté du service public officiel. Les comptes seraient vérifiés par le Conseil national des médias, et sur la base de critères transparents d’audience, des subventions seraient accordées ainsi que l’accès aux différents canaux de diffusion (chaînes de télévision, diffusion des imprimés…).
  • Organisation du service public de médias de façon transparente : avec possibilités d’expression régulière des forces politiques dépassant un certain seuil de représentativité, organisation de débats, consultation large de la population sur les souhaits de programme…
  • Il faut avoir en tête qu’en ayant plus de temps libre et une décorrélation de plus en plus grande du revenu et du travail, la population aura de bien meilleures conditions pour participer à la presse officielle ou autonome, pour s’informer...

4 Transformer la façon de produire et l’économie

4.1 Une base productive planifiée en fonction des besoins

B1 machining.jpg
  • Expropriation de toutes les grandes entreprises, en lien avec les collectifs de salarié·es, et en encourageant fortement leur mise en place dans les cas où ils n’existent pas.
  • Création de caisses d’investissement alimentées par les cotisations versées par les entreprises socialisées (la partie de ce qui était auparavant du profit et qui reste après amélioration des conditions de vie des salarié·es). Caisses servant à payer les investissements dans les secteurs qui doivent être étendus, entretenus, modernisés…

Aucune économie ne peut basculer du jour au lendemain du marché à la planification intégrale, pour des raisons politiques (les petits patrons ne le soutiendront pas) et économiques (l’existences de nombreuses petites entreprises rend impossible de connaître de manière centralisée toute la production). Sous le capitalisme, une part de planification existe dans les flux de marchandises intra-firmes (ces flux sont gérés par des inventaires tenus entre les différentes branches), mais leur aiguillon reste le profit réalisé via le marché. Avec la socialisation des grandes entreprises, le nouvel État (l’ensemble des organes d’autogestion coordonnées) peut mettre en place une planification au sein du secteur socialisé, en étendant les méthodes d’inventaire déjà utilisées, s’aidant notamment de l’informatique moderne (outils de monitoring et API ouvertes).

Le marché conserve un rôle pour déterminer le prix des biens qui restent des marchandises, les transactions à l’international et entre secteur socialisé, petites entreprises et particuliers. En effet il n’est pas possible ni souhaitable que la planification englobe la distribution à l’échelle micro (le nombre de grille-pains à produire à l’unité près…). Les particuliers continuent à utiliser ‘librement’ (au sens d’imprévu) la part en argent de leur revenu.

Les grands choix de production (supprimer un type de produit, par exemple pour des raisons écologiques) seraient décidés démocratiquement au niveau de la société. Les choix plus mineurs seraient décidés par les AG des usines, même si des mécanismes de consultation larges par internet pourraient être mis en place.

A terme, la tendance dans tous les domaines sera à la réduction de la place du marché :

  • La part des services publics gratuit a vocation à s’étendre, et l’argent n’y est plus nécessaire : logements, santé…
  • L’abondance atteinte dans certaines productions peut conduire à dé-marchandiser sans risque certains biens. Par exemple, si les pommes de terre basculaient “en libre-service”, cela ne génèrerait pas de ruée vers les pommes de terre.
  • Plus rarement, des systèmes de quotas pourraient être établis pour certains biens très demandés, mais rares (ou à protéger) : produits de la pêche, voyages en avion...

Les petits patrons composent de fait une large partie de la population et un bloc idéologique en faveur de la révolution ne peut se faire que s’ils sont alliés. Il sera inévitable de combattre certaines de leurs tendances idéologiques (naturalisation du marché, rapports paternalistes/méprisants avec les travailleur·ses pauvres...), mais il faut mettre en avant :

  • La possibilité d’annulation des dettes auprès des banques privées socialisées et la possibilité d’obtenir des crédits bon marché.
  • La mise en place de réseaux de fournisseurs et de centrales d’achat socialisées, sans marge.
  • Les possibilités de négocier des formes intermédiaires d’intégration au réseau socialisé : maintien du pouvoir de décision du petit patron si consentement des employés.

4.2 Une fiscalité qui accompagne la transformation sociale

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  • Il n’est pas nécessaire ni souhaitable de trop augmenter la fiscalité sur les entreprises, pour ne pas écraser les petites entreprises. Le profit des grandes entreprises, lui, doit être récupéré à la source en socialisant.
  • Supprimer la TVA.
  • Augmenter la progressivité de l’impôt sur le revenu, avec un taux de 100% pour la tranche supérieure à 5 100 €. Pour les travailleur·ses du secteur socialisé, il est prélevé à la source et assimilé aux cotisations sociales.
  • Réintroduire et augmenter l’ISF.
  • Augmenter la progressivité des droits de succession pour les gros héritages (pour contribuer à mettre fin à la reproduction sociale).
  • Supprimer le quotient familial, injuste et porteur d'une vision dépassée de la famille.
L’arrivée au pouvoir d’une force politique décidée à s’en prendre aux capitalistes provoquerait forcément des tentatives de fuite massive, auxquelles il faudra répondre immédiatement. L’important sera de conserver la partie physique et productive des capitaux : les entreprises avec leurs machines, les savoir-faire des travailleur·ses etc. Peu importe si les individus qui personnifient le capital sont trop misérables pour se sentir capables de vivre dans une société égalitaire et s’en vont. Ils feront probablement immédiatement des transferts d’argent scriptural à l’étranger, ce qui n’est pas non plus un réel problème. Pour un compte d’entreprise expropriée par exemple, la banque socialisée pourra décider de “recréditer” la somme expatriée, considérant que ces signes monétaires correspondent à une richesse bien présente.

4.3 Une finance amputée de la spéculation

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  • Fusion de toutes les banques en une seule banque socialisée, centrée sur la fonction de banque de dépôt.
  • Annulation des dettes des ménages surendettés.
  • Fermeture des fonds d’investissements, des activités spéculatives des banques, et des marchés financiers en général. Ils ne sont plus nécessaires : les entreprises ne sont plus cotées en bourse, elles n’ont plus d’actions qui s’échangent. Il n’y a plus qu’à l'échelle internationale qu’il existe encore un cours des matières premières et marchandises auquel doit s’adapter l’économie.
  • Répudiation de la dette publique, tout en garantissant que les petits épargnants ne seraient pas impactés.

4.4 La question de l’innovation

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L’innovation est dévoyée dans le capitalisme en servant de justification idéologique à la liberté d’entreprendre, c’est-à-dire la précarité pour les employé·es et d’innombrables gaspillages. Mais nous ne prônons pas à l’inverse une société figée, bien au contraire.
  • L’avancée vers plus de sécurité matérielle, de temps libre et d’accès aux formations permettra à bien plus de monde qu’aujourd’hui de penser à de nouveaux concepts.
  • Pour les gens réellement intéressés par un domaine (production de vêtements, de meubles, de jeux vidéos…) il sera plus facile qu’aujourd’hui d’y trouver un poste, et donc d’y exercer une influence, de proposer des idées… Le revenu étant largement décorrélé du poste, une bonne partie du corporatisme sera évitée.
  • Evidemment, plus une idée nécessite de mettre en mouvement des moyens de production lourds (à fort impact énergétique), plus il faudra convaincre un collectif nombreux. Mais production planifiée ne veut pas dire uniformisée et figée.

La socialisation des grands groupes et la sortie de la logique de concurrence permettra de mettre fin au secret industriel (qui freine la recherche en la cachant aux regards de la communauté scientifique) et aux brevets (qui freinent la mise en application des résultats de recherche par d'autres). On nous répète que ces dispositifs de propriété intellectuelle sont nécessaires pour que les innovateurs soient récompensés, mais en réalité ils protègent avant tout les profits des grands groupes. Les chercheur·ses, de leur côté, ont bien d'autres motivations et émulations que la course à l'argent, comme les nombreuses équipes de recherche sous-payées du public le prouvent constamment.

4.5 Pour une socialisation qui s’étend à l’international

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Le passage à un nouveau type d’économie crée nécessairement une interface conflictuelle avec la zone restée dans un fonctionnement capitaliste.

La première des priorités sera de soutenir les forces politiques alliées dans les autres pays, contre leurs gouvernements. Dans le même temps, il sera nécessaire de continuer à s’approvisionner en certains biens indispensables à l’étranger, parfois avec ces mêmes gouvernements.

Une des mesures qui s'imposent sera de contrôler démocratiquement le commerce extérieur pour empêcher la spéculation.

Avec les pays alliés la coopération pourra aller plus loin, l’objectif étant de mutualiser le plus possible et faire converger les économies :

  • Faire du transfert de technologies sans compter
  • Pour les pays voisins, se mettre d’accord lorsque c’est pertinent sur une répartition de certaines productions. Ex: l’un, qui fait déjà de bons lave-linges, abandonne la production de lave-vaisselle que le pays voisin fait mieux, et les deux pays échangent. Cette répartition ne se fait pas “spontanément par le marché” (c’est-à-dire en réalité de façon impérialiste), mais de façon planifiée et équitable en termes de moyens de production et de richesses produites.
  • Viser la convergence des économies, avec en priorité une aide aux moins développées. Lorsque celles-ci sont suffisamment imbriquées, des institutions communes peuvent être instaurées (monnaie, parlements…).
L’échelle européenne appelle “naturellement” une telle coopération, étant donné la petite taille des pays qui la composent comparée à l’extension actuelle des chaînes de production. Mais l’institution “Union européenne” est une institution qui acte le marché capitaliste, et à cause de cela, elle met en concurrence les travailleur·ses, accentue les inégalités nationales au lieu de les résorber, et attise plus la xénophobie que le sentiment pro-européen. Il faut donc rompre avec l’Union européenne, prendre immédiatement des mesures qui sont incompatibles avec elle (sortie du marché international donc du marché de l’UE, sortie des règles de libéralisation des services, nouvelle monnaie non spéculative donc sortie de l’euro…). Dès le premier acte de rupture, la force qui l’engage devra en même temps lancer un appel fort aux classes populaires d’Europe, par dessus les gouvernements, pour la solidarité et la transformation de tout le continent. Le but étant que les gouvernements subissent une pression qui les empêche de prendre des mesures de rétorsion, ou qu’en cas de telles mesures cela précipite leur renversement.

5 Transformer les produits, la distribution et la consommation

Démocratiser la production, cela permettrait non seulement de la rationaliser, mais aussi d'avoir des leviers pour agir sur les modes de consommation. La production sur-détermine largement la consommation. En tant que consommateurs atomisés, nous sommes poussés à consommer de façon non durable. Mais en tant que producteurs mis face aux choix de production et donc face aux données (techniques et écologiques) du problème, nous aurions la possibilité de faire des choix majeurs pour influer sur la consommation. Dans de nombreux cas, si l’on concevait démocratiquement le cahier des charges de tel ou tel produit, il serait très différent de ce qu’il est aujourd’hui. Par exemple, les voitures sont conçues pour aller bien plus vite que les limitations de vitesse. Empêcher cela permettrait de diminuer à la fois les accidents et la pollution. Arrêter de produire des SUV et produire plutôt des véhicules légers (cf. section écologie plus bas).

5.1 Produits durables et réparables

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Une des premières choses à faire sera de limiter le plus possible les produits jetables. Arrêter l’utilisation de produits jetables, dans les entreprises, restaurants et autres lieux publics : remplacer les serviettes en papier par des serviettes en tissu, les sèche-mains avec papiers par des sèche-mains avec tissus ou électriques, pailles inox...…

Arrêter de produire des rasoirs jetables, des piles non rechargeables, des brosses à dents non recyclables, des machines à café fonctionnant avec des dosettes, des cotons-tige (→cure-oreille)… Certaines de ces alternatives sont équivalentes en terme de confort / praticité, d’autres demandent un léger effort, mais il fait peu de doute que si le choix était fait collectivement et au niveau de la production, la transition se ferait sans difficulté.

La pression à produire le moins cher pousse à des produits qui sont très peu durables. Paradoxalement l’ingénierie moderne donne les moyens à la fois de produire durable et de produire des objets dimensionnés a minima, c’est-à-dire qui seront moins chers mais tiendront seulement pour quelques utilisations, ce qui engendre une obsolescence accélérée. Certains produits sont tellement fragiles qu’ils sont quasi jetables (parapluies bas de gamme…).

Les produits sont par ailleurs de moins en moins réparables, pour toute une série de raisons structurelles : des conceptions prévues avant tout pour l’économie avec des points de rupture (moulages plastiques fins…), concurrence entre différentes marques de produits qui empêchent la diffusion des plans de fabrication et l’existence de pièces détachées adaptables…

Il faudra au contraire :

  • Concevoir des produits durables
  • Concevoir des produits facilitant la réparation (y compris par chacun·e d’entre nous).
  • Mettre en place, en lien avec les fabricants et les réseaux d'auto-réparation (types fablab...), un réseau de centres de réparation, en assurant des tarifs plus abordables que le rachat d’un nouveau produit.
  • Limiter l’obsolescence due à la course à la nouveauté.

5.2 Des magasins socialisés

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  • Socialisation des chaînes de supermarchés (Auchan, Carrefour etc.) et unification en un réseau de magasins socialisés
  • Un fonctionnement familier et commun à tout le réseau : des espaces pour le tri et pour la consigne, avec des bouteilles et récipients variés mis à disposition
  • Refonte des implantations : vers un abandon des hypermarchés et un maillage plus fin, des supermarchés mieux desservis par les transports publics, un modèle de supérettes accessibles à pied. Relocaliser les grandes magasins et entrepôts à proximité des ports et gares pour réduire le fret routier.
  • Fonctionnement : Les magasins passent des commandes à la production (sphère planifiée) de manière à avoir suffisamment de stock. Pour l’évolution des modes de consommation, les modifications au niveau de l’offre ont un rôle déterminant (décisions d’arrêter de produire certains objets, de produire bon marché certains autres…). Mais la demande a encore un rôle, permettant de confirmer la satisfaction vis-à-vis des choix de production ou les préférences entre produits. En effet, même si des consultations étaient rendues possibles sur chaque nouvelle ligne de produit, il n’y aura jamais suffisamment de participation pour obtenir des avis représentatifs sur tous les produits, et certains avis ne peuvent réellement émerger qu’a posteriori, à l’usage. Les magasins feront donc en permanence des retours précieux aux usines.

Par rapport à la vente en ligne type Amazon :

  • Intégration au réseau socialisé de la distribution, avec les magasins.
  • Dissuader la livraison à domicile en raison de son impact carbone. L’amélioration des conditions de travail des employé·es renchérira déjà le service.
  • En revanche, favoriser la livraison en point relais à partir duquel le retrait peut se faire à pied (tout magasin deviendrait un point relais). Ce fonctionnement est plus économe que faire déplacer les particuliers en voiture.
  • Rationaliser les emballages : éviter le vide (en moyenne 24 % d’un colis, ce qui cause l’équivalent des émissions de l’Argentine chaque année) et réutiliser les papiers bulles / mousses (faisable sur place vu que les magasins deviendraient des points relais s’échangeant entre eux).

5.3 Désinciter la consommation et favoriser la sobriété

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Supprimer les publicités commerciales. Supprimer la plupart des emplacements publicitaires, et tous les supports motorisés. Développer des supports à encre électronique.

Limiter les messages publicitaires à :

  • des œuvres ou événements culturels (avec peu de restriction sur ce qui peut avoir accès à la diffusion)
  • des messages de prévention ou de sensibilisation, à condition d’être décidés démocratiquement
  • éventuellement pour informer le grand public qu’un nouveau produit est fabriqué, qui serait qualitativement nouveau

Autres idées : supprimer les produits en têtes de gondole, les bonbons disposés juste à la caisse pendant la queue…

Concernant l’eau / l’électricité, instaurer la gratuité des premiers m3 / kWh, en même temps qu’une tarification progressive (il serait plus cher de remplir une piscine mais ce serait neutre pour les couches populaires).

Généraliser les compteurs individuels dans les logements (eau / chaleur…) pour que chacun·e connaisse sa consommation, et diffuser largement des informations permettant la comparaison avec la moyenne, des conseils de sobriété, etc.

Les chaînes de production étant rationalisées, intégrées et rendues transparents, les évaluations de l'empreinte écologique (en tout cas l'empreinte carbone pour commencer) des produits pourraient être établies et affichées de façon harmonisée.

5.4 Réduire les emballages

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Une des premières choses à faire est de redévelopper la consigne pour les emballages. Le verre est recyclable en le faisant fondre à nouveau, mais cela consomme 15 fois moins d’énergie de laver et réutiliser les bouteilles. Il est donc très important de systématiser la consigne pour le verre. Le verre réutilisé a par ailleurs trois fois moins d’impact que les canettes en aluminium.

Un des obstacles à la consigne est la multiplication des formes de bouteilles en fonction des marques. Il faudra réduire la diversité, en fonction des volumes concernés, sans forcément tout uniformiser. Par exemple conserver la forme caractéristique des bouteilles de coca, mais donner une même forme à toutes les bouteilles de jus d’orange. On peut envisager de remplacer la diversité des marques par une diversité associée à un produit : une forme de bouteille associée aux jus d’orange, une forme associée aux jus de pomme…

Les usagers se rendraient dans les supérettes collectivisées avec leurs bouteilles vides et pourraient les déposer, pour qu’elles soient collectées, lavées et réutilisées. Pour certains types de produits très répandus (par exemple la fabrique socialisée de jus d’orange), on pourrait même remplir ses bouteilles directement dans les supérettes avec des robinets (ce qui permet de supprimer les transports de ces bouteilles-là, et de passer à des transports massifiés - plus économes - pour ces liquides-là).

Renforcer la qualité de l’eau du robinet (déjà très correcte dans un pays comme la France), promouvoir sa consommation plutôt que celles d’eaux en bouteille largement inutiles, supprimer les bouteilles en plastique fragile (jetable) et ne produire plus que des bouteilles consignées. Pour les besoins d’eau à emporter (pique-nique, randonnées…), des sortes de gourdes en plastique léger mais durable pourraient être vendues, mais consignées.

Pistes à envisager pour les pique-nique : de la vaisselle en plastique solide à disposition dans les cantines / restaurants, que l’on peut y ramener pour qu’elle soit lavée.

Autres mesures :

  • Remplacer les emballages plastiques jetables par des matériaux biodégradables.
  • Favoriser le vrac, facilité par la mise à disposition de contenants standardisés et consignés)
  • Stopper la tendance au suremballage (emballages individuels…)
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5.5 Informatique et logiciels

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L’informatique, les logiciels et internet permettent beaucoup de choses et ont un fort potentiel pour rendre plus efficace l’organisation de la société et dématérialiser en partie l’économie. Mais cela implique de limiter son impact écologique bien réel, et de récupérer les profits de ce secteur.
  • Pour les ordinateurs ou les consoles, ainsi que pour la connectique, espacer les sorties entre deux générations (moins fréquentes, et avec de vrais sauts qualitatifs entre elles).
  • Réduire la consommation des data center (data center refroidis à l’eau, récupération de chaleur pour des réseaux de chaleur…)
  • Créer un secteur socialisé du logiciel, produisant des logiciels sous licence libre. De cette façon les logiciels lourds qui nécessitent un temps de travail important seront produits, mais sans générer de rente. Les passionné·es sur leur temps libre pourront toujours faire des modifications et/ou rejoindre les entreprises socialisées.

6 Retrouver au plus vite un équilibre écologique

6.1 Energie : enrayer le dérèglement climatique

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Pour s’attaquer en urgence au problème le plus préoccupant, celui du dérèglement climatique, il faut actionner trois leviers : 1/ Rationaliser la production en passant du marché capitaliste à la planification. 2/ Décider collectivement de désinciter le consumérisme et les usages les plus polluants. 3/ Sortir au plus vite des énergies fossiles.

La priorité serait d’arrêter au plus vite l’utilisation des énergies fossiles, qui en France ne sont quasiment pas dues à la production d’électricité, mais au transport et au chauffage. Un grand service public de l'énergie doit être (re)créé en socialisant EDF, Engie, Total, Orano etc. Cependant la priorité serait à la réduction de l’utilisation d’énergie, qui dépend de tout le reste de l’organisation de la société.

Concernant les transports, beaucoup de points ont déjà été abordés plus haut (rapprochement des lieux de vie et de travail…) car ils touchent à tous les aspects de la production et de la consommation. Quelques points supplémentaires :

  • diminuer le nombre de camions en développant le fret fluvial et ferroviaire (ce qui serait facilité par la relocalisation des usines, et par la fin de la tendance néolibérale au flux tendu et à l’instabilité / flexibilité de la production)
  • diminuer le nombre de navires cargos (relocalisation partielle), diminuer leur vitesse, et les convertir massivement à des techniques moins polluantes avec les meilleures pistes actuelles (rotors Flettner, lubrification pneumatique…)
  • diminuer le nombre de voitures en améliorant les réseaux de transports en commun et en les rendant gratuits ; accélérer le développement des pistes cyclables
  • développement d’un service public de véhicules partagés efficace sur tout le territoire et encouragement à la location plutôt qu’à la possession, permettant de diminuer le nombre de véhicules et l’emprise au sol (parkings…) ; limiter de préférence la voiture aux trajets ponctuels (vacances…)
  • éco-conception des véhicules pour qu’ils soient durables et modulables (changement aisé de batteries, et batteries recyclables) ; développement de plusieurs types de véhicules plus légers (vélos / scooters / vélo-cargos / voitures légères consommant moins de 3 litre au 100 km…) pour éviter les véhicules roulant quasi à vide
  • en parallèle de cette réduction des véhicules routiers, accélérer la transition vers des véhicules électriques
  • Stopper l’utilisation de véhicules à hydrogène tant que celui-ci est produit à partir de l’industrie pétrolière. Continuer la recherche sur la filière hydrogène (électrolyse, power-to-gas-to-power…), et de manière générale toutes les solutions d'énergies et de moteurs expérimentaux pouvant être intéressants à l'avenir.

Concernant le chauffage / climatisation :

  • développer massivement le chauffage urbain, le solaire thermique, la géothermie, les pompes à chaleur, la cogénération de chaleur nucléaire (récupération de la chaleur aujourd’hui perdue) et l’énergie maréthermique ;
  • interdire la pose de nouvelles chaudières gaz et fioul et inciter fortement au remplacement des existantes ;
  • dissuader les chaudières bois dans les zones urbaines denses (responsables de pollutions aux particules fines) ; les favoriser dans les zones rurales si cela vient en remplacement de chauffage carboné (fioul) ;
  • lancer une campagne massive d’isolation des bâtiments, en commençant par les bâtiments les plus énergivores, et “gratuitement” (en socialisant les coûts, ne plus laisser ça aux mécanismes de crédits d’impôts, à l’impact très faible et ne profitant qu’aux plus aisés).

Concernant l’industrie :

  • Produire moins : Comme abordé plus haut, l’éco-conception (produits durables, réparables) sera intégrée au coeur de l’appareil productif.
  • Produire plus efficacement : De meilleures conceptions permettent d’augmenter l’efficacité de la production, en limitant le gâchis de matières (ou en trouvant des débouchés aux sous-produits) et d’énergie. Cela permet de produire une même quantité à partir de moins de ressources naturelles. Cependant, les meilleures techniques sont souvent couvertes par des brevets, et sont souvent plus chères, ce qui fait que de nombreux capitalistes utilisent des procédés dépassés. En généralisant les meilleures techniques, on pourrait réduire de plus de 25% les émissions mondiales de gaz à effet de serre.
  • De façon subordonnée aux efforts d’éco-conception, développer les filières de recyclage. Fermer progressivement les décharges et les incinérateurs.
  • Développer les bioraffineries pour les usages actuels du pétrole qui perdureraient (les usages hors transports et production d’électricité représentent de très faibles volumes).

Concernant les forêts :

  • la déforestation doit être stoppée au plus vite, en cessant d’importer du bois et des produits agricoles des pays concernés ;
  • de vastes zones doivent être reforestées pour stocker du carbone et préserver la biodiversité ;
  • développer la filière bois pour l'ameublement et le bâtiment, en subordonnant toutefois ce développement à la pérennité et à la biodiversité des forêts ;
  • les forêts en France sont trop morcelées en différents propriétaires, pour mieux les gérer il faut les regrouper sous gestion collective, avec un ONF renforcé.

Concernant la production d’électricité :

  • fermer au plus vite les centrales thermiques, charbon et pétrole en priorité, gaz ensuite ;
  • conserver le parc nucléaire public français (mode de production décarboné et pilotable dont on ne peut pas se passer dans l’urgence de la transition énergétique), poursuivre les efforts internationaux sur la fusion nucléaire ;
  • aider au développement de l’hydraulique de lac à l’international (en France, la capacité maximale est quasiment atteinte) notamment des STEPs ;
  • freiner les projets d’énergies intermittentes (éolien et surtout photovoltaïque) tant que le problème majeur de l’intégration au réseau n’a pas de solution pratique (poursuivre les recherches pour de meilleurs rendements et surtout sur des solutions de stockage).
De manière générale, la production à grande échelle de nouveaux types d’énergie ou de procédés industriels ne devra être lancée qu’après analyse du cycle de vie montrant un réel intérêt énergétique.

6.2 Vers une agriculture écologique

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Donner de larges moyens à la recherche agronomique, y compris pour l’expérimentation en plein champ. Explorer différentes pistes sans a priori et sans dogmatisme : lutte biologique avec sols “vivants”, agriculture raisonnée avec phytosanitaires ou lutte combinée, utilisation de plantes OGM, cultures hors-sol (hydroponie, aéroponie), agriculture cellulaire… Réunir de nombreux scientifiques de façon transparente pour dégager des consensus sur les rendements, les impacts écologiques et la durabilité, et in fine les meilleurs choix. Quelles que soient les solutions, cela implique de socialiser les grandes exploitations agricoles, et les gérer collectivement et scientifiquement (outils de monitoring, machines agricoles…).

Développer des filières d’engrais à partir des excreta humains afin d’éviter la déplétion des ressources minérales.

Réduire au minimum le gaspillage alimentaire :

  • en amont : cesser de jeter les fruits et légumes “moins beaux”, les utiliser par exemple en priorité pour les produits transformés (confitures, etc.)
  • en aval : mettre moins de produits en rayon pour éviter des dépassements de dates de péremption, reculer les dates de péremption / DLUO abusivement courtes (yaourts…) et sensibiliser les citoyen·nes au gâchis

Enfin, il est possible et souhaitable de décider collectivement de favoriser une alimentation d'origine végétale. Cela pourrait commencer par des campagnes de sensibilisations (à commencer par l’école) sur l’impact carbone élevé de la viande (autour de 15% des émissions mondiales de gaz à effet de serre) et sur le fait que l’apport en protéines des Européen·nes dépasse largement les besoins. La diminution de l’élevage diminuerait aussi en cascade les cultures dédiées à l’alimentation animale, permettant d’éviter la déforestation (tourteaux de soja du Brésil…) et de reforester. Cela diminuerait aussi la pollution aux nitrates.

Assurer dans les cantines le choix entre plusieurs plats végétariens / végétaliens, et diminuer la ration moyenne de viande servie dans les plats non végétariens.

Instaurer un affichage standardisé pour les produits végétariens / végétaliens, et un logo rouge “contient de la viande”. Développer et soutenir le fromage sans présure animale, ainsi que les produits laitiers d’origine végétale.

Soutenir la recherche sur la viande de synthèse et son développement (s’assurer qu’elle soit moins chère que la viande d’animaux), ainsi que sur le lait de synthèse.

6.3 Pollutions locales

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De nombreuses pollutions ont lieu à cause de fuites (sur des cuves de produits dangereux, des oléoducs…) ou d’accidents (naufrages de pétroliers, explosions, accidents sur des camions-citernes…). Dans la plupart des cas, on peut remonter à une cause principale : les économies que font les capitalistes au détriment de l’entretien et des mesures de prévention. Sortir du marché c’est sortir de cette pression vers le risque. Les divers métiers d’inspecteurs de l’environnement ne seront vite plus nécessaires en tant que tels, et pourront évoluer vers un rôle de conseil pour l’harmonisation par le haut des bonnes pratiques.

Concernant les rejets de polluants dans l’eau ou l’air : si certains sont difficilement évitables, il y a là encore une grande marge de manœuvre en fonction des techniques utilisées (au niveau des procédés industriels, des filtrations des rejets des usines ou des stations d’épuration…). Au niveau mondial, de très nombreux transports de marchandises sont inutiles, et de plus en plus depuis la libéralisation et les délocalisations de ces dernières années. Les chaînes de production sont éclatées (les composants d’un jean font plusieurs fois le tour de la Terre, etc.) et une rationalisation de ces chaînes permettrait de diminuer d’autant les transports et les risques qui vont avec.

La pollution lumineuse pourra être largement réduite en passant à des luminaires qui éclairent seulement vers le bas, des surfaces moins réfléchissantes, des détecteurs de mouvements pour éviter d’éclairer des rues désertes...

7 Transformer le pouvoir politique

7.1 Un pouvoir de délégué·es sous contrôle

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Une société introduisant une démocratie réelle au cœur du monde du travail ne peut pas se contenter d’une démocratie vaguement représentative consistant à choisir tous les 5 ans parmi des gens vivant dans un autre monde. Le plus gros du changement vers une démocratie réelle n’est pas une innovation dans les formes institutionnelles, mais découle des autres bouleversements :
  • les catégories populaires ont plus de temps pour s’intéresser à la politique, et le fait de débattre et prendre des décisions à l’échelle de l’entreprise amène à avoir un avis sur la politique nationale
  • le milieu bourgeois se retrouve déclassé, aussi bien côté patronal que politicien
  • la fin du règne du marché, donc de l’austérité et du dumping social, donne toute sa place à la politique au bon sens du terme (délibérations rationnelles et choix entre les meilleures options possibles)

Des mesures peuvent quand même conforter le pouvoir populaire et limiter les risques d’arbitraire :

  • tenue d’assemblées générales régulières dans chaque entreprise et localité,
  • délégations élues à à la proportionnelle lorsqu’il y a des plateformes différentes
  • pouvoir de révoquer chaque élu·e sur pétition d’un nombre minimal de signatures
  • pouvoir de convoquer un référendum d’initiative populaire (qui devrait cependant peu servir, si le gouvernement est lui-même une réelle émanation de la population)
  • mesures pour éviter des élu·es inamovibles tout en permettant une transmission des connaissances des dossiers, par exemple : non cumul des mandats, limitation à deux mandats successifs de 1 an, renouvellement par moitié des délégations chaque année
  • revenu des élu·es fixé au revenu médian de la population

7.2 Articulation entre pouvoir local et national

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Un pouvoir n’est pas par nature autoritaire parce qu’il est à une échelle nationale et démocratique à l’échelle locale. Cependant, dans une société divisée en classes, la sélection sociale (économique et culturelle) fait que les « représentants » nationaux sont les plus éloignés de la population. Réussir une transformation de la société implique donc des mesures fortes pour empêcher l’autonomisation des mandaté·es au pouvoir central, surtout dans les premiers temps où l’héritage de la division en classes est encore fort.

Dans le même temps, le partage des ressources (inégalement réparties) et l’organisation des grands moyens de production / transport implique des arbitrages nationaux et internationaux, ce qui passe par des mandaté·es assurant une communication régulière dans les deux sens : la voix de toute la localité doit être entendue et doit pouvoir peser dans une décision extérieure qui l’implique, et cette décision, prise démocratiquement, doit s’appliquer à l’échelle locale.

Par ailleurs il faut garder en tête que la sphère du pouvoir économique, qui aujourd’hui dans les entreprises privées est de fait très centralisé (même à l’échelle mondiale pour les multinationales), doit être intégré à cette réorganisation des pouvoirs. Une part d’autonomie doit être donnée aux différents comités d’entreprises, mais pour sortir effectivement de la concurrence, il faut néanmoins que les grandes décisions soient prises à des échelles qui dépassent les entreprises.

Quelques pistes pour articuler ces différentes nécessités :

  • Les échelons locaux (dans une commune, dans un comité d’entreprise) doivent détenir une part de pouvoir. Pour la plupart de la population, ils seront au départ le seul lieu d’apprentissage de l’auto-gouvernement. Pour que cet apprentissage se généralise, ils ne doivent jamais être dessaisis de cette part d’autogestion.
  • Les décisions strictement locales doivent être laissées à l’échelle locale.
  • Les communes continueraient à recevoir des dotations nationales et à avoir un budget propre. Un comité d’entreprise aurait un pouvoir de décision sur des questions de gestion courante et d’organisation du travail, tout en devant faire remonter le surplus dégagé aux caisses d’investissement.
  • Fédérer les régies municipales, en leur donnant l’appui technique des entreprises socialisées (de l’eau, de l’énergie…).
  • Il pourrait être utile de simplifier les différents niveaux de collectivités territoriales (tout en densifiant le maillage des services publics qu’elles gèrent actuellement), pour rendre les différents mandatements plus lisibles. L'échelon des département pourrait par exemple être supprimé, mais en redéfinissant les régions par des processus d'auto-détermination populaires.
  • Supprimer les préfets. Fusionner les préfectures et les conseils régionaux, en retenant le principe d’élections locales et de direction collégiale.
  • Assemblée nationale composée de délégué·es des conseils régionaux ; suppression du sénat
  • Suppression du Président (le principe de collégialité doit être la norme, du comité d’entreprise jusqu’au gouvernement)

7.3 La justice sociale pour une vraie justice

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La transformation sociale réduira à la source la plupart des infractions :
  • La délinquance des politiciens et grands patrons (détournements d’argent public, évasion fiscale, corruption…) n’aura plus de base matérielle suite à leur expropriation.
  • Le fait de toutes et tous avoir une place utile dans la société, d’en tirer de la reconnaissance sociale et un niveau de vie digne, supprimera la plupart des vols et petits trafics divers, et la plupart des comportements agressifs qui sont aujourd’hui si souvent “naturalisés” par la pensée dominante.

Dans les cas où elle restera nécessaire, il faut repenser totalement la répression :

  • Limiter au maximum la prison, n'incarcérer que ceux qui présentent un danger réel, avant de trouver une solution. Orienter vers des soins ceux qui ont des problèmes psychiatriques.
  • Généraliser les jurés populaires, accompagnés de magistrats pour assurer l’équité de la procédure et sa conformité au droit en cours dans le pays.
  • Socialiser les cabinets d’avocats
Réfléchir aux mécanismes assurant une relative “séparation des pouvoirs” entre judiciaire et exécutif

7.4 Une nouvelle police organiquement liée à la population

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La police actuelle, imprégnée d’éléments fascistes et de culture de la violence contre les populations, doit être démantelée. Il y a bien entendu une fonction de police qui est en elle-même utile (gestion des conflits de voisinage divers, des agressions sexistes, homophobes…), et l’idéologie dominante utilise la confusion autour de celle-ci pour masquer son rôle répressif au service de l’ordre capitaliste. Pourtant, la conscience que la police est foncièrement partiale progresse, et il apparaît toujours plus nettement qu’en terme de racisme ou de sexisme, elle fait plus partie du problème que de la solution. C’est le fruit d’une institution séparée de la population et profondément habituée à justifier son positionnement réactionnaire par les idéologies les plus fascisantes.

Il faut donc soutenir toutes les campagnes de désarmement et de définancement de la police, tout en soutenant des formes d’auto-organisation et auto-défense populaire, jusqu’à ce que nous soyons en mesure de remplacer totalement la police. En particulier les BAC, dont les anciens membres doivent être surveillés pour prévenir toute radicalisation. Des éléments de l’ancienne police pourront demander à intégrer certaines nouvelles structures (par exemple dans la police scientifique, des brigades d’enquête…).

Une nouvelle police doit être mise en place de la façon la plus autogestionnaire possible :

  • une police de proximité avec des membres non permanents (et de préférence ne faisant pas que de la police à plein temps), élus parmi la population locale devant des assemblées plénières,
  • pas de patrouilles en armes, les armes seraient stockées en lieu sécurisé et utilisées seulement en réponse proportionnée en cas d’agression armée
  • une police dont les locaux sont au sein de l’hôtel de ville et dont l’institution est organiquement subordonnée à la démocratie locale et limitée au dernier recours
parler de l’armée quelque part...

7.5 Se battre pour une réelle solidarité internationale

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Les rapports entre pays aujourd'hui sont à l'image des rapports entre les classes sociales : des discours humanistes hypocrites, mais une minorité de pays impérialistes dominent les autres et leur imposent leurs conditions. Sortir du capitalisme, c'est créer les conditions pour une réelle solidarité internationale. La France fait partie de ces pays capitalistes dominants, avec des multinationales qui pompent des profits sur le dos des populations. Entamer une révolution des rapports sociaux dans un pays comme la France, cela aurait forcément des répercussions importantes ailleurs dans le monde.

Parmi les mesures qui pourraient être prises pour transformer les rapports entre pays :

  • Retrait des troupes françaises en intervention à l’étranger
  • Cesser toute vente d’armes
  • Dans les pays dominés, remettre les branches étrangères des entreprises françaises dans les mains des pays locaux, en lien avec des mouvements progressistes (éviter qu’ils ne tombent entre les mains d’une puissance impérialiste) et pousser à l’autogestion et à la coopération internationale. Ex: rendre les ports de Bolloré à l’Afrique de l’Ouest, ainsi que les actifs de Total, Orano (ex Areva), Orange...
  • Annuler les dettes de pays dominés détenues par des entités françaises.
  • En France, régularisation de tous les sans papiers, et application du droit du sol intégral pour la citoyenneté. Droit de vote des migrant·es à toutes les élections. Suppression des centres de rétention administratifs (CRA).
  • Avec les autres pays, négocier. L’objectif est de démanteler la compétition internationale, donc d’aller vers une gestion la plus locale possible et une coopération internationale. Mais si par exemple une entreprise est implantée aux Etats-Unis et que ces derniers refusent cet objectif, il peut être plus judicieux de récupérer les moyens de production plutôt que de les céder.
  • Soutenir les mouvements des minorités nationales opprimées dans le monde et défendre le droit à l'autodétermination, ainsi que les mouvements s'opposant à l'impérialisme sous toutes ses formes (colonialisme, commerce inégal, domination par la dette et « plans d'ajustement structurels »...).
  • Sortie de l’OTAN et engagement actif pour la paix entre nations, et le plus tôt possible pour le désarmement.

8 Pour une société débarrassée des oppressions

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Trop d'entre nous ont à subir des violences, des intimidations ou des discriminations. La moitié de l'humanité, les femmes, sont toujours dévalorisées et reléguées à une seconde position. Dans chaque pays, des franges entières de la population sont rejetées comme « étrangers », même lorsqu'elles vivent sur place depuis des générations. Et les personnes qui veulent vivre hors du modèle hétérosexuel classique ou qui veulent s'écarter du genre que la société leur a attribué à la naissance, se heurtent quotidiennement à des violences ouvertes ou implicites. Même dans les pays où des droits et des avancées ont été conquises, la résistance à l'évolution vers une pleine égalité reste très forte. Et la montée des forces d'extrême droite menace à tout moment d'un déchaînement de violence les diverses minorités, et peut conduire à de brusques reculs.

Ces oppressions ont des origines lointaines et ne se réduisent pas à des phénomènes économiques, loin de là. Mais les sociétés divisées en classes sont de lourdes entraves à l'émancipation de toutes et tous. L'exploitation de groupes humains par d'autres rend la société violente, méfiante, et intolérante. Elle conduit à créer des justifications pour toutes sortes de hiérarchies entre groupes et des valeurs conservatrices, qui s'opposent aux changements. Le capitalisme provoque un double mouvement : d'un côté il a tendance à transformer les sociétés à un rythme jamais vu auparavant, ce qui donne naissance à de nombreux mouvements libérateurs, de l'autre, il détruit tellement les solidarités économiques les plus élémentaires qu'il fait sombrer des pans entiers de la population dans le désespoir. Il y a ensuite un terreau favorable aux discours les plus haineux qui prétendent souder des communautés illusoires contre des bouc émissaires.

C'est pourquoi le mouvement communiste n'a de sens qu'aux côtés des luttes de tout·es les opprimé·es : créer une société dont la base économique est égalitaire est une condition pour réellement dépasser les oppressions, et pour commencer à créer cette société il faut créer un front de celles et ceux qui sont exploité·es. Un front dans lequel chacun·e commence à relever la tête et à s'émanciper, c'est-à-dire dans lequel on combat les tendances réactionnaires et toute oppression.

Parmi les revendications que les communistes doivent porter :

  • Pour l'égalité des salaires à poste fixe : celle-ci est la norme dans les grilles de salaires de l'économie socialisée. Pour le reste de l'économie, application stricte des lois contre les discriminations.
  • Retrait de toutes les lois racistes comme les lois visant les femmes portant un voile.
  • De vrais moyens pour les centres d'accueil pour femmes victimes de violences.
  • La « double journée de travail » pesant sur les femmes travailleuses (elles effectuent l'essentiel des tâches domestiques) doit être allégée immédiatement par les mesures déjà citées (réduction du temps de travail, extensions des services publics comme les crèches et les cantines...), et encore combattue par le militantisme pour l'égalité dans les tâches domestiques.
  • Droit à l'avortement (jusqu'à 24 semaines) protégé en droit et surtout dans la pratique avec des financements suffisants dans les centres IVG.
  • Accès à la procréation médicalement assistée (PMA) pour toutes et tous. Autorisation encadrée de la GPA (GPA altruiste, soit anonyme soit par des proches). Augmenter les congés parentaux et favoriser l'égalité des temps d'arrêt entre parents.
  • Gratuité totale des protections menstruelles et des moyens de contraception.
  • Lutte contre les violences gynécologiques.
  • Fin des réassignations forcées des personnes intersexes.
  • Retirer la mention du sexe sur les documents d'état civil. Facilitation des changements de noms.
  • Achever la dépsychiatrisation de la transidentité, tout en offrant une possibilité de soutien psychologique facultative.
  • Des campagnes publiques contre le racisme, le sexisme, les LGBTIphobies, dans la rue comme à la maison, et plus généralement contre les attitudes ou comportements stigmatisant des minorités. Des communications publiques et des programmes scolaires qui s'assurent de véhiculer le moins possible de stéréotypes.
  • Création d'un organisme spécial pouvant être saisi facilement et agissant rapidement en cas de plainte contre les manifestations d'oppressions émanant d'organes publics.

9 Des combats quotidiens jusqu'à la fin du capitalisme

Les mesures qui sont proposées ici se veulent les plus applicables possibles en partant de l'état actuel de la société. Certaines sont possibles à atteindre à court terme en menant des luttes, mais dans l'ensemble, le capitalisme en crise menace de tout reprendre aussitôt, ce qui impose de nous unir pour nous en débarrasser au plus vite. La sortie du capitalisme est une marche difficile à franchir, qui impose une réelle prise de pouvoir par la classe exploitée, prise de pouvoir économique et politique, une révolution sociale. Les mesures centrales qui sont proposées ici découlent de l'expropriation des grandes entreprises et de la généralisation d'organes d'autogestion populaires remplaçant les anciennes hiérarchies. Nous ne croyons pas aux promesses des politiciens, même de « gauche », de nous offrir des réformes sociales, en étant simplement élus dans le respect du système actuel. Gouverner en laissant les grands patrons diriger l'économie, c'est en réalité gouverner à leur service, avec les haut fonctionnaires qui n'ont fait que ça de leur vie. A chaque fois ces politiciens, comme un Mitterrand hier ou peut-être un Mélenchon demain, se retrouvent très vite une fois élus à rétropédaler et à annoncer un « tournant de la rigueur ».

La seule solution dans laquelle nous pouvons avoir confiance passe par un profond mouvement dans lequel les exploité·es relèvent la tête et prennent conscience de leur propre force, celle du nombre et de la solidarité. Ce mouvement, il est en embryon dans toutes les luttes où des salarié·es se réunissent, rompent avec les logiques de division et entament un bras de fer avec « ceux d'en haut », que ce soit une grève contre leur patron, jusqu'à une grève générale et des manifestations massives contre le gouvernement. C'est dans ces moments que des années de résignation peuvent se transformer très rapidement en une énergie formidable pour se « politiser » dans le bon sens du terme. Nous tenons donc particulièrement à favoriser cette façon directe de lutter, sans procuration, et nous ferons passer l'intérêt de ces luttes avant les différentes convictions que les un·es et les autres peuvent avoir.

Si par ailleurs, des expériences politiques doivent être faites à une échelle de masse, nous ne devons jamais leur sacrifier les capacités d'autogestion qui ont été acquises. Si par exemple un élan très fort se dégage dans un moment historique pour une nouvelle formation politique progressiste, voire une coalition électorale, nous ne serons pas ses adversaires, nous pouvons même y participer si les débats y sont ouverts, mais dans tous les cas, notre ligne rouge doit toujours rester le maintien du maximum d'autogestion populaire. C'est la meilleure garantie que les mouvements politiques quels qu'ils soient restent sous contrôle, et qu'ils seront poussés de l'avant ou dépassés. Pour défendre la perspective générale de ce programme et de cette ligne politique prête à se battre pour le rendre applicable, nous avons besoin de nous regrouper dans une organisation communiste, qui reste à construire.