Écologie

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L'écologie ou bioécologie, bionomie ou encorescience de l'environnement est une discipline scientifique qui étudie les milieux naturels et leur équilibre ainsi que les êtres vivants dans leur milieu et les interactions entre eux.

Au sens politique, le terme d'écologie renvoie à l'écologisme.

1 Déséquilibres écologiques majeurs

Par rapport à un état « stable » des écosystèmes naturels, les activités économiques humaines, et principalement depuis l’entrée dans le capitalisme, ont conduit à des déséquilibres croissants. On peut principalement distinguer les crises écologiques suivants :



Cependant, il ne faut pas voir ces domaines d’études comme des champs étanches, l’écologie faisant système. Par exemple, les différentes sources de pollutions entraînent quasi-systématiquement une destruction de la biodiversité. Bien que ces déséquilibres aient très souvent des répercussions plus larges que celles attendues initialement, certains sont relativement locaux (sol pollué sur une zone industrielle…) et d’autres d’ampleur directement mondiale (effet de serre provant provoquer de graves bouleversements climatiques, …).

2 L'écologie scientifique

2.1 Naissance au 19e siècle

Historiquement, l'écologie est d'abord une science des milieux naturels et de leurs intéractions. Cette science est complexe, puisqu'elle doit s'appuyer sur de nombreuses observations, qu'elle nécessite des progrès dans d'autres domaines (biologie, botanique, classification du vivant...) et qu'elle a une visée globalisante et pas simplement de constatation. C'est pourquoi les premiers pas de l'écologie ont eu lieu au 19e siècle, époque de nombreux progrès de la connaissance, mais aussi d'observations très nettes des effets de l'industrie capitaliste sur la nature.

En 1864, George Marsh publie Man and nature. En 1866, le terme écologie est créé par le zoologiste darwinien Ernst Haeckel, qui la définissait alors comme « la totalité de la science des relations de l'organisme avec l'environnement, comprenant, au sens large, toutes les conditions d'existence. »

2.2 Ecologie en URSS

Les écologistes russes étaient à la pointe de la science dès avant 1917 : le géochimiste Vladimir Vernadsky, le zoologiste Kozhevnikov, le botaniste Borodin, par exemple, jouissaient d’une réputation internationale. Ces savants ne voulaient pas seulement protéger des sanctuaires naturels, comme dans les parcs américains. Ils voulaient en plus comprendre le fonctionnement des écosystèmes. Mais l'ancien régime ne les avait pas écoutés.

Politiquement, ces scientifiques étaient le plus souvent des libéraux (Vernadsky était un des fondateurs du parti KD) que rien ne portait vers le parti bolchévik. Mais le nouveau pouvoir soviétique leur a, à l'origine, vraiment offert de développer leurs recherches, faisant dans les années 1920 des soviétiques les pionniers de la science écologique.

Lénine était particulièrement sensible à l'aspect scientifique de l'écologie, mais également (et c'est lié) à l'importance de la conservation de la nature, notamment parce que c'est un des facteurs productifs. Face à des économistes qui prétendaient que l'on pourrait substituer du capital aux ressources naturelles détruites, il avait écrit : « Il est aussi impossible de remplacer les forces de la nature par le travail humain que des archines (mesure de longueur) par des pouds (mesure de poids) »[1].

Le 16 janvier 1919 (en pleine guerre civile) Lénine reçoit Nikolai Podiapolskii sur recommandation de Lounatcharski (Commissaire du peuple à l’Éducation, Narkompros). Podiapolskii était un agronome, membre du Comité exécutif territorial d’Astrakhan, et venait solliciter son appui pour la création d’une réserve naturelle intégrale (zapovednik) dans le delta de la Volga. Lénine approuve aussitôt et demande même à Podiapolskii de lui rédiger un décret applicable à toute l’Union, qu'il reconnaît comme une « priorité urgente ».

Il faudra cependant attendre la fin de la guerre civile pour que le projet de Podiapolskii débouche effectivement sur un décret général. Signé le 21 septembre 1921, il confirme que la politique de conservation est placée sous la responsabilité du Narkompros. Cela permettait de la placer dans une logique scientifique, protégée des pressions court-termistes comme cela aurait pu être le cas sous l'égide du Commissariat à l’Agriculture. Dix années plus tard, les zapovedniks couvriront 40.000 km2. Par ailleurs, le Narkompros créera une commission temporaire sur la conservation. Comptant plusieurs scientifiques renommés, elle sera pilotée par un astronome membre du parti communiste : Vagran Tigran Ter-Oganesov.

En 1926, Vernadsky publie La Biosphère, étude de la vie terrestre conçue comme totalité. Elle lui vaut d’être considéré comme le père de l’écologie globale. Il s’agit en effet d’attirer l’attention « sur l’importance de l’étude quantitative de la vie dans ses rapports indissolubles avec les phénomènes chimiques de la planète ». Vernadsky met l’accent sur une dégradation inquiétante qui n’aurait de solution que dans le changement des modèles alimentaires et des sources d’énergie. De nombreux instituts de recherche et d’enseignement consacrés à l’écologie sont alors ouverts.

En 1930, le IVe congrès panrusse des zoologistes enregistre « l’extraordinaire importance de l’écologie, non seulement pour ses applications, mais aussi du point de vue théorique ». Il demande que lui soit accordée une place dans les écoles supérieures d’agronomie et de pédagogie. En 1931, D.N. Kasharov publie un manuel sur l’écologie des communautés, Environnement et communautés, et impulse la parution du Journal d’écologie et de biocénologie. Les travaux de Gause sur les niches écologiques, permettent d’étudier la structure dynamique et évolutive des communautés vivantes, dans toute la richesse des stratégies de leurs diverses populations : attaque, défense, esquive, fuite, coopération, symbiose, parasitisme, etc.

Moins connu, l’Ukrainien Vladimir Stanchisky part du fait que « la quantité de matière vivante dans la biosphère est directement dépendante de la quantité d’énergie solaire transformée par les plantes autotrophes » qui constitue « la base économique du monde vivant ». Dans un article de 1931, Stanchisky présente un modèle mathématique décrivant le bilan énergétique annuel d’une biocénose théorique. Mais Stanchisky est persécuté dès 1933 : il est limogé, emprisonné, et ses idées étouffées pour vingt ans par l’université soviétique.

Plus généralement, le stalinisme a étouffé l'écologie en URSS. Les raisons sont principalement :

  • qu'elle entrait en contradiction avec la course au productivisme engagée pour "rattraper et dépasser" les pays impérialistes (et notamment avec la frénésie stakhanoviste des années 1930)
  • qu'elle aurait obligé à penser le développement de l’économie soviétique dans les contraintes de son environnement mondial, au moment même où les idéologues du régime inventent « la construction du socialisme dans un seul pays ».
  • qu'elle aurait impliqué un véritable choix démocratique sur les priorités et le mode de développement, en contradiction absolue avec les privilèges bureaucratiques et la confiscation du pouvoir.
  • que l'idéologie officielle a (à nouveau) réduit la source des richesses au seul travail humain (érigé en « capital le plus précieux »), ce qui était contredit par les preuves de plus en plus évidentes de l’interdépendance entre l’homme et la nature

2.3 Écologie moderne

Les scientifiques du début du 20e siècle parlaient surtout de « biocénose » ou de « biogéographie » , et le mot « écologie » s'impose définitivement dans les années 1930. La biocénose (ou biocœnose) est l'ensemble des êtres vivants qui coexistent dans une zone écologique donnée, ainsi que leur organisation et intéractions. Ensemble, le biotope et la biocénose forment un écosystèmeL'écologie moderne se développe ensuite à partir des années 1940 autour de la notion d' « écosystème », proposée par Raymond Lindeman en 1942. L'écologie cesse d'être une simple branche de la biologie, et devient une sicence interdisciplinaire et systémique reconnue.

Après la tendance à l’unification disciplinaire annoncée par le concept d’écosystème, la tendance à la fragmentation en sous-disciplines l’emporte cependant à nouveau.

3 Notes et sources

  1. Lénine, La question agraire et les « critiques » de Marx, 1901