Essor du capitalisme

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L'essor du capitalisme a été un processus long, s'étendant sur plusieurs siècles.

1 Généralités

On peut considérer qu'il y a dans un premier temps l'émergence d'un capitalisme commercial initialement fragile au sein du féodalisme, puis un basculement au 17ème siècle, rapidement suivi de la révolution industrielle qui généralise le mode de production capitaliste.

La période du capitalisme commercial et le basculement, c'est-à-dire les conditions historiques ayant permis l'essor du capitalisme, sont les éléments posant le plus de débats parmi les marxistes.

2 Capitalisme commercial

2.1 Cités méditerranéennes

Venise, Gênes... Dubrovnic... Catalogne...

2.2 Ligue Hanséatique

La Hanse, ou Ligue Hanséatique, était une alliance de villes commerçantes des rivages continentaux de la Mer du Nord. Sur le modèle des Italiens, Hambourg et Lübeck avaient passé en 1241 un accord qui s’était rapidement étendu, sur la durée d’un siècle, à environ 85 villes, qui jouissaient par rapport aux puissances environnantes de privilèges concernant les libertés, et notamment celle du commerce. Pour combattre les pirates, elles développèrent une marine de guerre, puis décrétèrent pour leurs navires le monopole du commerce entrant et sortant de la Ligue. Ce qui fit rapidement de leur flotte la plus puissante du moment.

Mais la Ligue déclina ensuite progressivement, lorsque des pays entiers (Pays-Bas puis Angleterre) entèrent eux aussi résolument dans le commerce international, tout en s'appuyant sur un État plus fort. De convulsion en convulsion, elle fut dissoute en 1630.

2.3 Pays-Bas

2.4 Angleterre

L’histoire de l’expansion de l’Angleterre commence au milieu du 13ème siècle. Auparavant, il n’y avait dans ce pays qu’une agriculture peu développée. Il n’y avait pas de bétail à proprement parler, car les animaux, surtout des porcs, étaient tués chaque hiver pour la subsistance, et il n’y avait pas de fourrage d’hiver, ni d’engrais.

Cette agriculture a commencé à se transformer sous l'effet du commerce avec la Ligue Hanséatique. A partir de Henri III (1216-1272), les anglais accordent aux hanséates des privilèges de commerce croissant. Sous Edouard II (1307-1327) ils en acquièrent pratiquement le monopole, et installent des comptoirs en Angleterre. Ils achetaient aux anglais des laines, de l’étain, des peaux, du beurre, et d’autres produits de leurs mines et de leur agriculture. Ils transportaient ces matières brutes à Bruges où elles étaient échangées contre des draps ou autres objets fabriqués en Belgique ou en Italie, qu’ils revendaient aux anglais. Les rois d’Angleterre signèrent et respectèrent cet accord, non seulement pour les objets manufacturés qu’ils n’auraient pu obtenir autrement à un prix si avantageux, mais aussi en raison des droits de douanes qui affluèrent dans le trésor royal.

Pendant plus d’un siècle, ce commerce fut très bénéfique à l’Angleterre. L’agriculture se développa. Dès le début du 14ème siècle, il y avait autant de bêtes à cornes que de porcs, et les moutons étaient 15 fois plus nombreux. L’aristocratie tirait de grands profits de l’élevage du mouton et prit goût aux perfectionnements agricoles.

C’est alors qu’Edouard III (1312-1377) comprit qu’il fallait aller plus loin. Il attira de Flandres de nombreux ouvriers en drap et, lorsqu’il jugea la chose possible, il fit défense de se vêtir de vêtements en drap étranger. Ceci n’était qu’un début, puisque les hanséates étaient toujours établis en Angleterre et y importaient du drap. Les deux siècles suivants virent l’émergence de l’industrie anglaise du textile, au fur et à mesure qu’ils réussirent à évincer les concurrents par des mesures restrictives de plus en plus sévères. Edouard IV supprima les privilèges des hanséates et interdit l’importation du drap. Après quelques péripéties, cette prohibition fut confirmée par Elizabeth I (1558-1603), et un bras de fer avec la diète de la Hanse se termina à l’avantage de la reine.

Les résultats furent très rapides. Le développement de l’industrie du drap fut tel que les marchands de drap anglais se lancèrent avec succès à l’assaut des marchés étrangers. Alors qu’en 1354 l’Angleterre n’exportait que de la laine, en 1600 les draps exportés constituaient 90% des exportations et leur valeur était bien supérieure à celle de la laine. Ce développement de l’industrie transforma la société anglaise, l’aristocratie mesura son standing plus par une richesse matérielle et un dynamisme professionnel que par une nombreuse domesticité ou des privilèges terriens. Le prix des denrées alimentaires augmenta à cause de l’augmentation de la demande des populations des villes.

Mais Elizabeth n’en resta pas là. Elle interdit l’importation des métaux, des cuirs ouvrés et d’une multitude d’autres objets. Elle attira des mineurs et des forgerons allemands. Elle encouragea par des primes la construction, la pêche au hareng et à la baleine. Avec son successeur Jacques 1er (1603-1625), elle encouragea aussi fortement la construction navale. Toutes sortes d’industries se développèrent, assez souvent aidés par des prohibitions ou des droits élevés.

Le deuxième acte majeur de la royauté anglaise fut l’Acte de Navigation de 1651. La flotte anglaise avait pris suffisamment de forces pour rivaliser avec les hollandais, qui maîtrisaient la plus grande part de la pêche et du transport par mer. L’Acte de Navigation prohibait l’importation de produits de pêche étrangers et réservait au pavillon anglais tout le transport maritime entrant et sortant d’Angleterre pour le cabotage domestique, pour les colonies et entre les colonies. Pour le commerce avec d’autres pays, il devait se faire sous le pavillon anglais ou celui du pays concerné, excluant ainsi les pays tiers. Une guerre maritime s’ensuivit avec les hollandais, mais ceux-ci ne purent résister. 20 ans après l’Acte, la marine marchande anglaise avait doublé. Elle devait devenir rapidement la première du monde, et contribuer à l’extension de l’empire colonial.

Plusieurs facteurs ont sans doute joué un rôle dans le fait que le capitalisme ait connu un tel essor en Angleterre : le développement de libertés individuelles et d'institutions de démocratie bourgeoise (révolution anglaise...), la situation géographique, l'immigration de populations éduquées et industrieuses, entraînées par les guerres et conflits religieux sur le continent : tisserands flamands à plusieurs reprises, les agents de change d’Italie, les juifs d’Espagne et du Portugal, les protestants de partout en Europe, les négociants chassés de Venise, de la Hanse, de Hollande...

A partir de ce moment, l’Angleterre appliqua systématiquement le principe qui lui avait si bien réussi, d’importer des produits bruts et d’exporter des produits manufac­turés. Grâce à sa marine et ses colonies, elle put passer nombre d’accords à son avantage.

Notamment, un traité de dupes avec les portugais (traité de Methuen en 1703) permit l’importation de vins portugais contre la vente de draps. Ceci est l’exemple classique de Adam Smith puis de Ricardo, utilisé encore aujourd’hui dans les manuels d’économie internationale pour justifier le libre échange. Chacun est supposé vendre ce pour quoi il est le plus doué. Le Portugal vend donc du vin et l’Angleterre du drap, et tout le monde est censé y gagner. Certes, le vin portugais s’imposa pour longtemps en Angleterre, et la culture du raisin se développa énormément au Portugal. Mais ce qu’on dit moins, c’est qu’auparavant l’industrie portugaise du drap était suffisamment développée pour suffire aux besoins du Portugal et de ses colonies, et que l’accord avec les anglais entraîna sa ruine en peu d’années. La balance commerciale du Portugal avec l’Angleterre devint déficitaire de 1,5 million de livres, qu’ils payaient en or du nouveau monde. De son côté l’Angleterre s’ouvrait le gros marché du Portugal et ses colonies, et renforçait un peu plus son industrie.

Que faisait l’Angleterre de cet or ? Elle achetait les tissus de cotons et de soie dans ses colonies d’Orient, seule production compétitive de ces contrées, et leur vendait du drap et d’autres articles manufacturés. Mais cet échange n’était pas conforme au principe, car les tissus de soie ne sont pas des matières brutes. Alors l’Angleterre prohiba sur son territoire les étoffes de soie et de coton de ses propres colonies, sous des peines sévères. Les négociants les vendaient à bas prix sur le continent contre des matières premières. Pourquoi cela ? Pour ne pas nuire au développement de l’industrie anglaise du coton et de la soie. Cette politique offensive a abouti 150 ans plus tard à une industrie puissante et compétitive (70 millions de livres de tissus de coton et de soie en 1840[1]).

En raison du même principe, elle ne laissa pas se développer dans ses colonies américaines la moindre industrie. En 1750 le Parlement déclara toutes les fabriques coloniales «  common nuisances  », c’est-à-dire dommageables à la nation. Ces brimades ne sont pas pour rien dans la révolution américaine.

L’Angleterre en 1850 domine les mers, militairement et commercialement. Son industrie manufacturière surpasse en importance celle des autres pays. Elle qui était si pauvre en fer au 14ème siècle qu’elle dut en prohiber la sortie, au 19ème siècle elle fabrique plus d’articles en fer et en acier que tous les autres pays du monde. Elle qui ne produisait que de la laine brute, elle est le plus gros exportateur de textiles, non seulement en tissus de laines, mais aussi de coton et de lin, matières pour lesquelles elle n’avait pas de disposition particulière, et que d’autres produisaient mieux qu’elle. Des industries, dont on ne connaissait pas le nom à l’époque d’Elizabeth, représentent maintenant une portion non négligeable de la production manufacturière : la porcelaine et la faïence 5,5%, le cuivre et le laiton 2%, le papier les livres et les meubles 7%, les cuirs 5%, le coton 25%, la laine 12,5%, la soie 6% et le lin 3%. Au total on estime la production manufacturière de la Grande-Bretagne à un chiffre grossier de 200 millions de livres. Qui plus est, son agriculture, grâce à cet essor général de l’économie, produit à cette époque plus du double de cette somme.

Lorsque l’Angleterre est parvenue au sommet de sa puissance, elle a commencé à prôner le libre-échange pour s’ouvrir les marchés étrangers protégés. Après 1800, le parti libre échangiste devint en Angleterre de plus en plus puissant, et réussit progressivement à faire tomber certaines barrières. Notamment, la «  corn law  » protégeant les fermiers fut abolie en 1846, et l’Acte de Navigation fut aboli en 1850.

Cependant on ne supprime pas rapidement des habitudes séculaires. Aussi, le gouvernement Anglais utilisa un double langage. A l’extérieur et pour ouvrir les marchés étrangers il vanta la théorie du libre commerce d’Adam Smith, et à l’intérieur les protections subsistèrent encore longtemps.

3 Capitalisme industriel

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4 Notes et sources

Gabriel Galand, Comment l’Angleterre est devenue au 19ème siècle la plus puissante des nations, 2004

  1. A ce moment le PIB de la Grande-Bretagne est de 550 millions de livres. Le chiffre de 70 millions, bien que certainement approximatif, représente donc 13% du PIB, ce qui est considérable.