Coopération

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Le terme de « coopération », dérivé du latin « co-operare » (signifiant œuvrer, travailler ensemble) recouvre différentes significations.

1 Coopération des travailleur-se-s sous le capitalisme

1.1 Origine

A l’origine de la production manufacturière, le fait de réunir en un même lieu un grand nombre d’ouvriers permettait d’augmenter leur efficacité. L’efficacité totale du travail en commun d’un grand nombre est plus grande que la somme de chaque capacité de travail particulière. Ce gain de productivité, le capitaliste l’a gratis car il ne paye que chaque travail individuel, la force collective n’étant pas rémunérée. C’est une pure valeur d’usage qui est liée à la force productive de la coopération pour peu qu’aucune force de travail supplémentaire ne soit pas requise pour l’organiser. C’est ainsi que Marx considère la force productive du travail en commun. Paradoxalement, c'est la mise en place de la coopération sous la férule du capital qui a permis la naissance de ce que Marx appelait le despotisme d'usine.

1.2 Organisation de la coopération

De nos jours la coopération des travailleurs au sein d’une même unité de production est gérée par un appareil administratif relativement complexe, par un encadrement dont une partie de l’activité n’est pas technique mais consiste à disposer les travailleurs à leur place respective, sans compter une frange de gardes chiourmes qui a connu son apogée aux belles heures du taylorisme. Une force de travail est requise pour organiser la coopération. Elle a donc un coût qui est fonction, non de l’efficacité collective de la communauté ouvrière (valeur d’usage), mais de la rémunération de l’encadrement et de l’administration de l’usine, ce personnel étant, comme les ouvriers de fabrication, une marchandise acquise sur le marché du travail.

La partie du travail non payée - c’est à dire la différence entre la valeur supplémentaire que le travail transmet aux marchandises produites et le prix de la force de travail - sera partiellement ou totalement réinvestie sous forme de moyens de production supplémentaires. S’il s’agit d’achat d’une plus grande quantité de force de travail, avec les matières premières et le matériel nécessaire à sa mise en œuvre, nous sommes en présence d’un développement extensif des capacités de production qui peut capter dans certaines circonstances des forces productives supplémentaire issues de la coopération.

1.3 Coopératives

🔍 Voir : Coopératives.

1.4 Perspective historique

Dans une perspective historique, la coopération était le premier des trois grands stades de l'accroissement de la productivité du travail par le capitalisme :

  1. la coopération simple
  2. la division du travail et la manufacture
  3. les machines et la grande industrie

L'organisation par les patrons de cette coopération des salarié-e-s est constitutive des rapports de production capitalistes. On peut considérer que ceux-ci se mettent en place en deux temps : d'abord ce sont les rapports de propriété qui s'établissent, puis la capital transforme et s'approprie profondément la production.

  • Le rapport de propriété économique : qui possède les moyens de production.
    L'organisation des moyens de production est encore proche de celles des anciens rapports de production, mais ces moyens appartiennent à un unique propriétaire capitaliste, qui s'approprie ainsi le surtravail des travailleurs. La finalité de la production devient la plus-value (et non la valeur d’usage) et est imposé de l’extérieur à un procès de travail préexistant.  C’est le stade de la subordination (ou subsomption) formelle du travail au capital. 
  • Le rapport d’appropriation réelle : qui met réellement en œuvre les moyens de production, qui organise la production.
    Le capitalisme en arrive ensuite à transformer complètement le procès de production. Ce sont les bourgeois qui achètent et mettent en place un nouveau machinisme, un encadrement, ce sont eux (ou leurs cadres, qui sont leurs fondés de pouvoir) qui organisent les moyens de production... Les travailleurs sont effectivement dépossédés des moyens de production, et les bourgeois se présentent désormais comme les "donneurs de travail" face aux "preneurs d'emploi". Le capital imprime sa marque aux forces productives : c’est le stade de la subordination réelle du travail au capital ou « mode de production capitaliste » proprement dit.

2 Notes et sources

ESSF, Forces productives et progrès dans la pensée de Karl Marx, 1992