Écologisme

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L'écologisme, ou environnementalisme est un courant de pensée philosophique et politique qui s'attache à la sauvegarde de l'équilibre écologique de la planète et/ou des milieux naturels locaux.

1 Histoire de l'écologisme

1.1 Racines antiques et médiévales

1.1.1 Protection et crainte de la nature

Dès que les forces productives ont commencé à se développer, le travail humain a commencé à avoir des impacts visibles sur les écosystèmes. Les décisions prises pour protéger des milieux naturels remontent jusqu'aux premières sociétés sédentaires. Parfois, cela répondait à une tentative de préservation des ressources naturelles vitales pour la production.

Par exemple, le développement agricole en Mésopotamie, rapide au regard du temps préhistorique après la Révolution néolithique, a conduit à une dramatique déforestation, qui en retour a détruit des civilisations entières, notamment au Sud de la Jordanie vers -6000[1]. D'après certains, la catastrophe que cela représentant pourrait être à l'origine du mythe du jardin d'Eden[2].

« Les gens qui, en Mésopotamie, en Grèce, en Asie mineure et autres lieux essartaient les forêts pour gagner de la terre arable, étaient loin de s'attendre à jeter par là les bases de l'actuelle désolation de ces pays, en détruisant avec les forêts les centres d'accumulation et de conservation de l'humidité. »[3]

C'est probablement pour cela que l'on peut trouver vers -2700 à Ur (Irak) des lois de protections des forêts[1]. En 1720, en Inde, des centaines de Bishnoï ont empêché les soldats du maharaja de Jodhpur de détruire des arbres.

Plus généralement, le respect mêlé de terreur que l'on peut trouver dans les premières religions vis à vis de la nature tient beaucoup à la faiblesse de la compréhension et de la maîtrise de l'homme sur elle.

1.1.2 Contemplation des dominants

En dehors des stricts besoins de préservation de la société, il n'était pas rare, déjà, que parmi les classes dominantes des individus s'adonnent à la contemplation de la nature. En fonction de leur pouvoir, ils pouvaient être les auteurs de règles protectrices.

Exemples :

  • -256 : En Inde, l'Empereur Ashoka, imprégné de principes bouddhistes, ordonne la protection des animaux
  • Quelques décennies plus part, au Sri Lanka, est créée ce qui est en quelques sortes la première « réserve naturelle »
  • 676 : sur l'île de Farne (Royaume-Uni), le religieux Cuthbert fait protéger les oiseaux, dont il s'est épris

1.2 Vers les écologismes modernes

1.2.1 Dégâts massifs et environnementalisme naissant

C'est avec le développement de forces productives plus puissantes, ayant un impact plus fort sur la nature et permettant à des communautés plus nombreuses de s'étendre, que les questions d'écologie ont pris peu à peu une ampleur sociale.

Dans des écosystèmes plus préservés que l'Europe, les effets de l'arrivée massive de colons a des effets dès l'Époque moderne, et incite à des mesures protectrices. Aux XVIIème et XVIIIème siècles en Amérique du Nord, l'abattage du bois, la jachère ou encore la chasse sont règlementés. En 1710, le gouverneur de l'île Maurice décide la préservation des forêts afin de lutter contre l'érosion des sols et garantir des microclimats favorables.

Des habitants menés par Benjamin Franklin déposent en 1739 une pétition à l'assemblée de Pennsylvanie pour faire stopper les décharges des déchets des tanneries (du district commercial de Philadelphie) : les entreprises parlent de violation de leurs droits tandis que Franklin fait mention de « public rights » (« droit public, des citoyens »). Par la suite, de 1762 à 1769, un comité essaie de réguler et contrôler la pollution des eaux et les déchets.

A mesure que se généralise la Révolution industrielle, au 19e siècle, les premiers courants "écologistes" se développent en Europe et aux États-Unis. 

1.2.2 Le conservationnisme

Une des premières tendances à émerger fut ce que l'on pourraît appeler le "conservationnisme", par anglicisme à partir de "nature conservation". Il s'agissait alors de sociétés bourgeoises qui se formaient pour protéger tel ou tel milieu naturel menacé localement par des activités économiques. De grandes considérations spirituelles sont parfois invoquées, mais ce sont les arguments pratiques du "conservationnisme", préservant les profits de demain, qui ont pesé le plus dans l'adoption des quelques lois environnementales.

Plus généralement, tout une sensibilité se développe parmi les priviligiés à la fin du 18e siècle, de rejet des villes, de leur pollution, de leur "surpopulation", de la laideur des miséreux, etc. C'étaient parfois les mêmes riches bourgeois qui pouvaient s'offrir la beauté de propriétés dans la campagne, avec arbres, parc et lacs, grâce au profit tiré de leurs forges qui avaient dénudé les paysages un peu plus loin.

  • En 1815 est créé au Royaume-Uni la Commons Open Spaces & Footpaths preservation society.
  • En 1854 en France avec la Société impériale zoologique d'acclimatation.
  • Aux États-Unis, la création du premier grand parc naturel Yellowstone remonte à 1872 tandis que la naissance de la première grande ONG de défense de la nature, le Sierra Club remonte à 1892.
  • En 1948, l'Union internationale pour la conservation de la nature est fondée en Suisse.

1.2.3 L'écologie

L'écologie est d'abord - historiquement - une science des milieux naturels et de leurs intéractions. Cette science est complexe, puisqu'elle doit s'appuyer sur de nombreuses observations, qu'elle nécessite des progrès dans d'autres domaines (biologie, botanique, classification du vivant...) et qu'elle a une visée globalisante et pas simplement de constatation. C'est pourquoi les premiers pas de l'écologie ont eu lieu au 19e siècle, époque de nombreux progrès de la connaissance, mais aussi d'observations très nette des effets de l'industrie capitaliste sur la nature.

Certains, notamment dans le domaine scientifique, vont pousser à une généralisation de l'étude de l'impact de la société humaine moderne sur l'environnement. Le premier pas notable dans ce sens est la publication en 1864 du livre de George Marsh, Man and nature. En 1866, le terme écologie est créé par le zoologiste allemand Ernst Haeckel, partisan de Darwin. Haeckel la définissait alors comme « la totalité de la science des relations de l'organisme avec l'environnement, comprenant, au sens large, toutes les conditions d'existence. » Les scientifiques parlent surtout de « biocénose » ou de « biogéographie » , et le mot « écologie » s'impose définitivement dans les années 1930. L'écologie moderne se développe ensuite à partir des années 1940 autour de la notion d' « écosystème ».

Dès 1861, l'effet potentiel du CO2 sur l'effet de serre planétaire était présenté par John Tyndall. Le chimiste Justus von Liebig publia une étude très critique sur l'agriculture intensive anglaise, accusée de voler les nutriments des campagnes et des autres pays, tout en provoquant la pollution des villes.

Les fondateurs du matérialisme dialectique étaient intéressés par tous les types d'études scientifiques, et n'hésitaient pas à dire que le capitalisme engendrait des déséquilibres profondes dans la nature.

1.2.4 Une règlementation minimale inévitable

Pour l'Angleterre moderne, une des premières lois de contrôle de la pollution est le British River Pollution Control Act de 1876 qui rend illégal tout déversement d'égouts dans les rivières ou autres courants, qui fait pendant à une loi de 1388 interdisant de jeter les ordures dans les fossés, rivières ...

En France, un décret impérial sur les « manufactures et ateliers qui répandent une odeur insalubre ou incommode »[4] est instauré en 1810, c'est le début de ce qui deviendra la réglementation sur les installations classées.

1.3 L'essor écologiste des années 1970

Un certain nombre de faits commencent à s'accumuler dans les années 1950, qui servent de base pour une prise de conscience. La destruction causée par les bombes de Hiroshima et de Nagasaki et la découverte des nombreux effets secondaires de la radiocativité ont été une toile de fond, contribuant à installer le doute sur le « progrès » aux mains des capitalistes. En 1953, les expériences nucléaires dans le Névada entraînèrent des retombées radioactives sur New York. En 1952, à Londres, des brouillards épais mêlés de fumées industrielles (le « smog » ) avaient causé la mort de 4 000 personnes en cinq jours. Aux USA, une ville comme Los Angeles connaissait une pollution atmosphérique analogue.

Mais une préoccupation plus massive pour les questions écologiques nécessitait aussi une base sociale plus large en mesure de s'y intéresser. Vers la fin des « 30 glorieuses », des mouvements écologistes relativement conséquents émergent, en particulier parmi la jeunesse de la petite et moyenne bourgeoisie.

Les sujets de mobilisations sont multiples : manifestations pour la défense du plateau du Larzac contre les projets d'extension du camp militaire, contestation anti-nucléaire, contre les extensions d'autoroutes ou les implantations d'incinérateurs...

Plusieurs livres d'intellectuels portant sur l'avenir incertain de la planète commencent à paraître. En 1968 est créé le Club de Rome, qui devient célèbre pour la publication en 1972 de The limits to growth. En 1972 a lieu à Stockholm la première Conférence mondiale sur l'environnement. En 1972, le journal La Gueule ouverte, créé par un journaliste de Charlie-Hebdo, lançait un appel à « changer sa vie ». Le « retour à la terre » devint à la mode. En 1974, René Dumont est le premier candidat écologiste aux élections présidentielles.

Les militant-e-s qui se se retrouvent dans ces mouvements sont très divers : des courants bourgeois « apolitiques » jusqu'aux générations d'activistes orientés à gauche issus de la contestation étudiante de Mai 1968.

Le premier parti écologiste au monde a été fondé en 1972 en Nouvelle-Zélande. 1971 avait été l'année du premier ministère de l'Environnement dans un gouvernement français.

2 Les impasses écologistes

2.1 Le capitalisme vert

Un certain écologisme s'est retrouvé peu à peu intégré au discours politique dominant. Certes, pour cela, il a été expurgé de tous ses aspects subversifs pour ne plus être qu'une sorte de hochet servant aux politiciens, principalement ceux de gauche, à prouver leur profond soucis de l'intérêt général, de l'avenir de nos enfants, d'une gestion raisonnable de nos activités économiques, etc... C'est principalement sous la forme de l'idéologie bien-pensante du développement durable que s'est faite cette assimilation par la classe dominante d'une "conscience écologique" parmi les citoyens.

Cette idéologie lénifiante revenant à l'illusion/mensonge d'un capitalisme vert est le dénominateur commun entre le PCF, le PS, les Verts et l'UMP. Il pose un cadre commun de débat entre des entrepreneurs désireux d'investir un marché vert (réel ou "greenwashed"), des politiciens électoralistes brassant de l'air, et des écologistes sincères mais profondément bernés. En réalité, non seulement les seules mesures possibles à obtenir dans le cadre du capitalisme sont socialement réactionnaires (comme la taxe carbone, les droits à polluer, la hausse du prix de l'énergie...), mais elles sont totalement insuffisantes pour faire face à la situation de crise écologique globale que nous traversons.

L'incapacité des bourgeois et de ceux qui les suivent à résoudre les problèmes écologiques se concentre en un point fondamental : la volonté de ne pas toucher à la propriété privée des moyens de production et d'échange.

2.2 Les "partis verts"

Plusieurs courants de l'écologisme font une critique insufisante du capitalisme et défendent de ce fait des perspectives vaines.

Le premier d'entre eux est le courant rassemblé principalement autour de partis comme Europe Écologie - Les Verts. Leur idée est de réguler le capitalisme via l'électoralisme et la participation au parlementarisme et aux gouvernements bourgeois. La direction de ces partis est prompte à négocier des postes politiques avec les autres formations. Le plus souvent, il s'agit de partis de la gauche bourgeoise, qui intègrent une des références sociales dans leurs programme, même s'il y a des exceptions. Il existe aussi des partis comme le Parti de Gauche, qui intègrent la thématique écologiste dans leurs axes politiques, et dont l'écologisme répond sensiblement aux mêmes critères.

2.3 L'écologisme du mouvement autonome

Un autre courant bien plus diffus est "l'écologisme radical" que l'on peut trouver dans certains milieux autonomes. Pour ces activistes, une grande partie du combat pour l'écologie repose sur des choix individuels, comme le végétarisme, l'art de la récupe, le "freeganisme", le refus de conduire une voiture ou de prendre un TGV... Quand aux actions collectives courantes chez les autonomes, comme le détournement publicitaire, le cass de vitrines de multinationales notoirement éco-irresponsables... elles souffrent des limites propres à ces modes de lutte : absence de généralisation des luttes, abandon du terrain du travail et de la lutte des classes, opprobre de la société...

Le dénominateur commun à ces impasses de l'écologisme est souvent l'absence de critique des fondements du capitalisme (salariat et propriété privée des moyens de production). Des illusions petite-bourgeoises se combinent souvent à ces limites pratiques : tendance à idéaliser la petite-propriété et la petite-production face au grand capital financiarisé et ses multinationales, promotion d'un "bon sens" et d'une gestion "en bon père de famille" plutôt qu'une analyse rationnelle des potentialités des forces productives actuelles...

3 Socialisme et écologie

Le terme d'écologie n'existait pas du temps de Marx, et aucun courant politique organisé ne luttait pour l'environnementalisme. Cependant les grandes transformations que le capitalisme engendrait apparaissaient déjà, ainsi que certains de leurs conséquences. Les deux fondateurs du socialisme scientifique, Karl Marx et Friedrich Engels n'étaient pas ignorants de ces questions, qu'ils ont abordées plusieurs fois.

Mais pendant longtemps, les marxistes n'ont pas approfondi ce domaine. C'est principalement parce que les crises écologiques ont mis du temps à être comprises dans toute leur profondeur, et aussi sans doute parce que la lutte de classe apparaissait d'une activité bien plus brûlante. Beaucoup d'écologistes, dans la période récente, ont alors affirmé que le marxisme n'avait rien d'intéressant à dire sur l'écologie, et que les études de Marx sur le sujet n'ont été que marginales. Les fondateurs du socialisme scientifique sont souvent taxés de "productivistes", ils seraient prisonniers du "prométhéisme" (un terme généralement utilisé pour décrire un engagement extrême en faveur de l’industrialisation, quels qu’en soient les coûts)...

C'est pourtant méconnaître l'analyse marxiste : en assistant à la transition du féodalisme au capitalisme, Marx et Engels ont perçu une contradiction entre le capital et la nature. La plupart des analyses d'aujourd'hui sont beaucoup plus superficielles, puisqu'elles se contentent souvent de placer l'opposition entre technologie et nature.

Marx suivait attentivement les travaux de Justus Von Liebig à partir des années 1860. Ce chimiste analysait de façon très critique la façon dont l'agriculture intensive volait littéralement les nutriments des sols vers les villes, sans se soucier du retour de ces nutriments vers les terres. Cela brise les cycles naturels et pollue les villes. Marx parlera d'une grave rupture dans le métabolisme entre l'homme et la nature causée par l'aménagement capitalisme. Engels écrivait en 1876 que le mode de production capitaliste générait toute une série de retours de bâton écologiques à cause de la logique de profit à court terme :

« Là où des capitalistes individuels produisent et échangent pour le profit immédiat, on ne peut prendre en considération au premier chef que les résultats les plus proches, les plus immédiats. Pourvu qu'individuellement le fabricant ou le négociant vende la marchandise produite ou achetée avec le petit profit d'usage, il est satisfait et ne se préoccupe pas de ce qu'il advient ensuite de la marchandise et de son acheteur. Il en va de même des effets naturels de ces actions. Les planteurs espagnols à Cuba qui incendièrent les forêts sur les pentes et trouvèrent dans la cendre assez d'engrais pour une génération d'arbres à café extrêmement rentables. Que leur importait que, par la suite, les averses tropicales emportent la couche de terre superficielle désormais sans protection, ne laissant derrière elle que les rochers nus ? Vis à vis de la nature comme de la société, on ne considère principalement, dans le mode de production actuel, que le résultat le plus proche, le plus tangible ; et ensuite on s'étonne encore que les conséquences lointaines des actions visant à ce résultat immédiat soient tout autres, le plus souvent tout à fait opposées ».[3]

Dans le cadre de leur analyse de la rupture métabolique, Marx et Engels ne s’en sont pas tenus au cycle des nutriments de la terre, ou aux relations entre villes et campagnes. À divers moments de leur travail, ils ont évoqué des problèmes comme ceux de la déforestation, de la désertification, du changement climatique, de la disparition des cerfs des forêts, de la marchandisation des espèces, de la pollution, des déchets industriels, du relâchement de substances toxiques, du recyclage, de l’épuisement des mines de charbon, des maladies, de la surpopulation et de l’évolution (ou de la coévolution) des espèces.

4 Socialisme et féminisme

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La féministe radicale Shulamith Firestone associait féminisme et écologie, notamment parce qu'elle pensait que la surpopulation était un des principaux dangers, et donc considérait que le contrôle de leur fécondité par les femmes était la solution

Par ailleurs dans sa vision très empreinte de l'idée de maîtrise de la nature par la technique, il est inconcevable de résoudre les crises écologiques par un retour à « l'équilibre naturel » au sens d'antérieur à l'humanité :

« Il est certainement trop tard pour conserver, pour tenter de redresser l’équilibre naturel. Ce qui est nécessaire, c’est un programme écologique révolutionnaire qui essaie d’établir un équilibre « artificiel » humain (fait de main d’homme) au lieu de l’équilibre « naturel », réalisant ainsi le but originel de la science empirique : la maîtrise de la matière par l’homme. »[5]

Beaucoup de courants revendiquant un lien entre féminisme et écologie ont été regroupés sous le nom d'écoféminisme.

Parmi eux, certains ont une tendance au différentialisme, par exemple en considérant que les femmes sont la solution parce qu'elles seraient plus liées à la nature tandis que les hommes seraient associés à la modernité et ses dégâts.

5 Progressisme ou réaction ?

Les courants écologistes sont divers, et on ne peut pas caractériser l'écologisme dans son ensemble.

5.1 « Naturalisme » ou « humanisme » ?

Du point de vue historique, les avancées dans la désacralisation de la nature, permettant de mieux la comprendre et de moins la subir ont été des progrès à de nombreux égards (scientifiques, humanistes...) permettant tendanciellement de faire reculer l'aliénation humaine.

Mais la science s'est développée dans des sociétés de classes, et de ce fait n'est pas collectivement maîtrisée. Malgré ses progrès relatifs, elle tend à être déformée et utilisée au profit des classes dominantes. Mais la classe dominante elle-même n'en a pas une maîtrise absolue car un système économique s'impose à elle, particulièrement depuis l'essor du mode de production capitaliste.

Dans les années 1920, l'écologie scientifique s'est fortement développée en URSS, tendant vers une compréhension globale, et esquissant des questionnements sur la production, le mode de vie... Le stalinisme qui a étouffé ces recherches s'est drapé dans le productivisme et était clairement le camp réactionnaire face aux écologues / écologistes.

La naissance de l'écologie et de la notion d'éco-systèmes et d'éco-système global (la biosphère) est source de progrès scientifiques. Mais des tendances naturalistes réactionnaires se sont aussi appuyées dessus, parfois en revêtant un discours religieux (re-divinisation de la nature en réaction à la réification capitaliste).

Par exemple, la personnalisation que fait Lovelock de la biosphère avec son "hypothèse Gaïa" a alimenté bien des visées mystiques. Même si lui même se défend d'avoir une telle vision (et il a été surpris de recevoir tant de courriers de lecteurs mystiques), il tend aussi vers une vision anti-humaniste :

« Notre sollicitude humaniste envers les pauvres des quartiers paupérisés des grandes villes ou du tiers-monde et notre obsession quasi obscène de la mort, de la souffrance et de la douleur – comme si en tant que telles elles étaient malfaisantes –, toutes ces pensées détournent l’esprit du problème de notre domination rude et excessive du monde naturel. »[6]

Plus généralement, la dénonciation de "la liberté humaine" (sans voir qu'elle est conditionnée par le capitalisme) comme facteur perturbateur de l’écosystème peut conduire à des tentations autoritaires de contrôle étatique des naissances, de stérilisation forcée, de rejet des techniques procréatives au nom de la nature opposée à l’artifice, des remises en cause de la contraception ou du droit à l’avortement au nom de la naturalité des fonctions maternelles...

5.2 L'écologie et l'extrême droite

Selon le type de discours qui est développé, l'écologisme peut être marié avec des courants de tout bord politique.

L'écologisme qui s'est développé dans les années 1970 était marqué à gauche, se réclamant souvent d'idées généreuses de solidarité sans frontière, Par contre-coup, les conservateurs et l'extrême droite l'ont rejeté (aux Etats-Unis le mouvement climatosceptique est fortement ancré dans le camp Républicain).

Mais il existe aussi une tendance passéiste de l'extrême droite, qui affirme son attachement à la terre, sa haine des changements sociaux engendrés par l'industrie et la modernité. Par exemple en France, le vieux fond pétainiste et son thème « La terre, elle, ne ment pas ».

La tendance au « national-écologisme » connaît un certain renouveau à mesure que s'affaiblit le courant de gauche. Par exemple, Bruno Mégret, alors l'un des dirigeants du Front national, déclarait que « les partis écolos-gauchistes sont une espèce en voie d'extinction », et prôner un retour « à une éthique et une esthétique de la vie qui raniment le sens du sacré et de la durée, et permettent à l'homme de retrouver la conscience de ses racines et de son identité », préconisant de mettre « la science humaine au service des lois naturelles et de la nature », car pour ces individus « défendre la faune, la flore, les sites, le patrimoine, c'est défendre ce que l'on est, c'est défendre son identité », contre « l'écologisme cosmopolite »... Il « pose comme essentielle la préservation du milieu ethnique, culturel et naturel de notre peuple ».

6 Notes et sources

Environmental history timeline

John Bellamy Foster, Bonnes feuilles de Marx écologiste