Où sont les traîtres ?

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Le procès des S.R. a commencé par un épisode extrêmement intéressant.

Le citoyen Vandervelde – qui d’ailleurs semble avoir oublié qu’il avait déclaré n’être rien qu’un avocat et ne pas vouloir devant le tribunal s’occuper de politique – eut l’audace d’insulter le groupe d’accusés qui sont passés à la révolution. Il alla jusqu’à insinuer que Konopieva, Semenov, la couturière Stavskaia, qui a derrière elle 9 années de travaux forcés en Sibérie, se seraient, au moyen de la trahison, attirés la faveur du parti communiste.

Quelle est la réalité ? Les anciens sociaux-révolutionnaires passés à la révolution sont aujourd’hui devant les juges. Une partie d’entre eux est en prison. Ils ont besoin d’être défendus. D’où vient la haine furibonde du citoyen Vandervelde contre ces derniers ?

C’est bien simple. Ce n’est pas la haine de l’adversaire politique. Quiconque passe d’une classe à l’autre trahit dans un certain sens sa classe d’origine. Lorsque Marx, issu d’une famille bourgeoise, passa à la classe ouvrière, il trahit la bourgeoisie. Lorsque Engels, fils de fabricant, devint un des chefs du prolétariat révolutionnaire, il trahit également la classe dont il était issu. Et c’est grâce à cette trahison que la classe ouvrière a pu être armée de la doctrine marxiste.

Mais il y a d’autres trahisons. Quand par exemple un socialiste qui a juré à Stuttgart et à Bâle de lutter par tous les moyens contre la guerre impérialiste devient l’organisateur de cette même guerre, ministre d’un roi et signe le plus infâme de tous les traités, le traité de Versailles, il commet une trahison contre la classe ouvrière. Sa trahison ne ressemble en rien à celle des deux fondateurs du marxisme. Car ce n’est pas le passage au prolétariat, mais le retour à la bourgeoisie.

Entre ces deux sortes de trahison, il y a même différence de forme : quand des intellectuels issus de la bourgeoisie se rangent du coté du prolétariat, ils le font au grand jour. Par contre ceux qui du prolétariat passent à la bourgeoisie craignent d’avouer leur trahison. Devenus ministres royaux, pour rien au monde ils ne veulent perdre leur titre de socialistes. Ils peuvent même avoir approuvé la boucherie impérialiste, ils n’en continuent pas moins de répéter opiniâtrement les phrases les plus pompeuses sur l’Internationale et la solidarité des peuples.

Cette sorte de trahison politique n’est pas familière qu’au citoyen Vandervelde. La Centrale du parti S.R. sait bien comment, « au nom du socialisme » elle s’allia naguère avec presque tous les Etats capitalistes contre les masses ouvrières russes.

Hypocrisie qui conduit encore à une autre sorte de trahison, au reniement de ses propres actes, à la trahison de ses propres frères de parti. Lorsque M. Gotz et consorts après avoir incité les travailleurs à des attentats contre les communistes, après avoir joué la vie de soldats de leur parti, les livrent ensuite, les nient et tirent soigneusement une ligne de démarcation « entre ces “criminels” et les membres du Comité Central », c’est là une politique de généraux qui abandonnent leurs soldats dans une position difficile. Cette sorte de trahison est familière aux dirigeants du part S.R.

Et quand le citoyen Vandervelde, invoquant le socialisme et la classe ouvrière, accuse de trahison des gens qui ont retrouvé la voie vers le socialisme et la classe ouvrière, nous pouvons lui dire : « la classe ouvrière toute entière salue ces hommes, mais elle saura aussi châtier ceux qui l’ont trahie au cours des années sanglantes de la guerre et sont passés au camp des Versaillais pour étouffer la grande Commune prolétarienne.