Interventions à la réunion du comité central du POSDR(b) du 24 février 1918

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Procès-verbal de séance du comité central du P.O.S.D.R.(b) du 24 février 1918

1. La discussion porte sur l’envoi d’une délégation à Brest-Litovsk pour signer le traité de paix.

Lénine estime qu’il faut maintenir la continuité avec la délégation précédente et que, comme il serait insuffisant d’envoyer le seul camarade Karakhan, il serait très désirable que les camarades Ioffé et Zinoviev soient du voyage.

2. A. Ioffé refuse catégoriquement de partir et déclare que « la signature du traité de paix, c’est la mort de toute la politique de Brest-Litovsk ».

Lénine dit qu’il n’insiste pas pour que Ioffé parte en qualité de plénipotentiaire chargé de signer le traité, mais qu’il tient pour nécessaire le départ du camarade Ioffé en qualité d’expert. Certes, les Allemands ont envoyé leur réponse sous la forme d’un ultimatum dans la crainte d’une opposition de notre part, mais, nous voyant d’accord pour signer la paix, ils peuvent consentir à des négociations. C’est pourquoi un expert connaissant l’ensemble de la question est nécessaire. S’il apparaît qu’il n’y a qu’à signer, alors, naturellement, à quoi bon discuter, et l’expert n’assistera même pas à la séance.

3. Lénine dit que Radek, adversaire de la signature de la paix, avait cependant accepté de partir, mais que les Polonais lui ont interdit le voyage.

4. L. Trotski déclare dans la suite du débat qu’à Brest-Litovsk il n’y aura qu’à signer la paix et que la présence de A. Ioffé sera superflue, la réponse des Allemands donnant déjà la formulation des questions les plus importantes.

Lénine estime qu’il a tort, car des spécialistes sont sans aucun doute nécessaires pour la signature du traité, et nous n’en avons pas, ne serait-ce que pour le traité de commerce. On aurait pu envoyer Krassine, mais il est parti pour Stockholm, où il restera quelque temps. Nous signons le traité les dents serrées, ce que la délégation déclarera, mais nous ne connaissons pas la situation, nous ne savons pas ce qui peut arriver d’ici là, au moment où la délégation arrivera à Brest-Litovsk, et c’est pourquoi la présence de Ioffé en qualité d’expert est nécessaire. D’une façon générale, il ne faut pas perdre de vue que nous chargeons la délégation d’engager des pourparlers si la moindre possibilité s’en présente.

5. Dans la suite de la discussion, les candidatures de G. Zinoviev et de G. Sokolnikov sont présentées. Sokolnikov propose d’envoyer Zinoviev, Zinoviev propose d’envoyer Sokolnikov.

Lénine estime qu’il faut les envoyer tous les deux et que, s’il est uniquement question de signer la paix, ils pourront immédiatement repartir après s’être mis d’accord pour la suite avec Tchitchérine.

6. G. Sokolnikov déclare qu’il n’ira pas à Brest-Lltovsk et que, s’il y a une décision dans ce sens, il démissionnera du Comité central.

Lénine prie les camarades de ne pas s’énerver et indique que le camarade Pétrovski peut faire partie de la délégation en qualité de commissaire du peuple.

7. Le Comité central examine ensuite la déclaration de Trotski indiquant qu’il quitte le Commissariat du Peuple aux Affaires étrangères.

Lénine dit que c’est inacceptable, qu’un changement de politique c’est la crise. Qu’un questionnaire sur la politique a été envoyé dans les provinces[1] et qu’un peu de polémique n’a rien de nuisible.

Il fait une proposition pratique : le Comité central demande au camarade Trotski de différer sa déclaration jusqu’à la séance suivante du Comité central, c’est-à-dire jusqu’à mardi. (Amendement : jusqu’au retour de la délégation de Brest-Litovsk.)

8. Lénine propose la mise aux voix de la motion suivante : le C.C., n’estimant pas pouvoir accepter en ce moment la démission du camarade Trotski, lui demande de différer sa décision jusqu’au retour de la délégation de Brest-Litovsk ou jusqu’à un changement de la situation de fait.

Adopté avec trois abstentions.

9. Après l’adoption de cette proposition, L. Trotski déclare « qu’il a présenté sa démission, qu’elle n’a pas été acceptée et qu’il se voit par couséquent obligé de s’abstenir de paraître dans les services officiels ».

Lénine propose de voter ceci : le Comité central, ayant entendu la déclaration du camarade Trotski et acceptant l’absence du camarade Trotski lorsque le Conseil des Commissaires du Peuple aura à prendre des décisions relatives aux affaires étrangères, demande au camarade Trotski de ne pas se tenir à l’écart des autres décisions.

Adopté.

10. Le Comité central discute ensuite de la démission de G. Lomov, M. Ouritski, V. Smirnov, G. Piatakov et d’autres, qui ont déclaré quitter leurs postes responsables au sein du parti et des Soviets.

Lénine propose d’adopter la motion suivante : le Comité central demande aux camarades démissionnaires de différer leur décision jusqu’au moment où la délégation sera rentrée de Brest-Litovsk et de discuter cette motion du Comité central au sein de leur groupe.

11. Lénine fait deux propositions :

1. Reconnaissant comme légitime la demande des quatre, le Comité central les invite à examiner la proposition du Comité central et à différer leur démission, tant en raison de la proximité du congrès qu’en raison de la gravité de la situation politique.

2. Garantissant à ces camarades que leurs déclarations seront publiées dans la Pravda, le Comité central leur demande de réexaminer leur décision et de voir s’ils n’estiment pas possible de rester à leurs postes de responsabilité ainsi qu’au Comité central.

Les propositions de Lénine sont adoptées.

  1. Lénine fait allusion à un questionnaire télégraphique adressé à tous les Soviets de provinces et de districts, à tous les Comités ruraux de provinces, de districts et de cantons, sur leur position envers les nouvelles conditions de paix. Le questionnaire fut envoyé le 25 février 1918 par le Conseil des Commissaires du Peuple, ainsi que par le Comité Exécutif Central de Russie, aux termes d’une décision du C.C. du P.O.S.D.R.(b) adoptée sur proposition de Lénine le 23 février 1918.