Déclaration à propos de la conférence de Gênes

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Londres 7 mai (par téléphone de notre correspondant particulier)

Interviewé par un représentant de l'Associated Press, Trotski a déclaré qu'il était démontré que les principaux diplomates de l'Europe ne comprenaient pas la situation.

Ils ne peuvent s'imaginer que la révolution russe signifie une nouvelle époque historique dans le monde : ils pensent que c'est un événement ordinaire qui peut être éliminé par les forces armées.

A Gênes ils proposent de rétablir le droit des propriétaires privés. C'est aussi ridicule que si nous demandions aux capitalistes européens de livrer leurs usines ou leurs mines aux ouvriers.

A Gênes, la conciliation est possible, non par le sacrifice des principes, mais par une combinaison pratique donnant des avantages aux deux parties. Si les pourparlers échouent la reconstruction russe sera beaucoup plus lente et la destruction de l'Europe beaucoup plus rapide.

La France approche rapidement d'une catastrophe commençant par une crise financière et sa politique est dictée par le désespoir. Personne ne la suivra.

L'Amérique se tient à distance de Gênes; elle est ainsi en meilleure posture pour prendre des décisions.

Certes, nous refusons les conseils de M. Hughes pour rétablir les droits des propriétaires et les privilèges; ce n'est pas pour cela que sommes allés à eux. Nous espérons que le bon sens triomphera d'abord en Amérique.

Gênes n'est pas le dernier mot des négociations. Si la conférence est brisée maintenant, les pourparlers reprendront vite.

Trotski dit en terminant qu'il espère que l'échec de Gênes ne signifierait pas une reprise des hostilités contre la Russie, laquelle a proposé le désarmement, qui a été repoussé par les puissances capitalistes.

Nous refusons de payer de fortes indemnités aux capitalistes étrangers qui ont amassé des fortunes en exploitant le peuple russe.

Peut-on entrevoir une victoire pour n'importe quel gouvernement qui attaquerait la Russie pour le punir d'avoir désiré la paix ? Trotski ne croit pas à une intervention, mais si elle se produisait, l'armée ferait tout son devoir.

L'Humanité 9 mai 1922, page 3