Procès-verbal de la réunion (de la commission du SI) du 18 septembre 1932

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Procès-verbal de la réunion (de la commission du S.I.) du 18 septembre 1932

Ordre du jour : mise en place de la commission

Camarade Trotski

La commission se donne pour tâche de traiter des affaires courantes de l'Opposition de Gauche Internationale par une série de discussions et dans la mesure du possible, d'aider le Secrétariat International à préparer la conférence internationale. Il s'agit d'abord de faire des propositions sur l'ordre du jour de la conférence internationale et par là même sur le contenu des travaux préparatoires, sur les thèses, les résolutions et les projets de programme.

Camarade Field

La conférence internationale aura d'abord à fixer les conditions d'adhésion des sections nationales. Les actuelles conditions sont trop lâches.

Camarade Trotski

Ces conditions concernent-elles chacun des membres ou bien les sections ?

Camarade Field

Les deux. Parmi les conditions, il faut citer avant tout les suivantes :

1) Reprise des 21 conditions du Comintern d'une part, et d'autre part une vision claire de nos divergences avec la direction actuelle du Comintern.

2) Les principes d'organisation, la question de la Révolution mondiale et celle du socialisme dans un seul pays.

3) Nos relations avec le Parti, notre position en tant que fraction. Jusqu'où peuvent aller les divergences au sein de la fraction tout en restant au sein du mouvement ?

4) Le travail de l'Opposition : quelles sont ses tâches? Rapport entre la propagande et le travail de masse ; l'éducation des cadres ; les propositions en direction du Parti.

Camarade Trotski

Propose pour être concret, qu'un camarade soit chargé de se procurer les 21 conditions et les résolutions des quatre premiers congrès et de travailler dessus. Notre point n°1 devra être à peu près le suivant : l'Opposition de Gauche reconnaît les 21 conditions et les résolutions de principes fondamentales des quatre premiers congrès mondiaux. Mais cela ne suffit pas. Il nous faut énumérer les résolutions que nous considérons comme déterminantes, car il y a également des résolutions secondaires qui n'entrent pas en ligne de compte aujourd'hui. Il faut charger une petite commission ou un camarade seul de mener les travaux préparatoires, de présenter les résolutions concernées, de les énumérer et de les retranscrire, car elles doivent figurer dès l'abord dans la résolution de la conférence internationale.

Décision

A l'unanimité, le camarade Frankel est chargé de cette tâche.

Camarade Trotski

Il faut par ailleurs [?] précisément non divergences avec les staliniens et les épigones en général. Dans le texte que nous projetons, la dénomination sera : "Critique des résolutions des 5ème et 6ème congrès mondiaux et plénums qui les ont suivis".

Il faut rassembler les résolutions de ces congrès et plénums en une sorte de catalogue des erreurs de la direction épigone.

Décision

A l'unanimité, le camarade Otto est chargé de cette tâche. Les camarades Frankel et Otto forment une commission chargée de travailler sur l'ensemble des congrès mondiaux etc.

Camarade Trotski

Je crois qu'il serait bon d'éclairer les questions à la lumière d'un exemple critique, et cet exemple s'impose de lui-même : l'Espagne. Il nous faudra aussi préciser de façon générale, mais I'Espagne nous offre un exemple d'actualité qui a fait resurgir toutes les questions. Si la situation actuelle en Espagne se maintient encore longtemps, nous risquons de perdre notre section nationale.

Nos tâches : d'abord, élaborer la partie programmatique : étudier la structure sociale de l'Espagne, les projets de programmes du Parti et de l'Opposition de Gauche, et présenter nos propres propositions.

Autre aspect de la question : étudier les résolutions de la section espagnole et ses parutions dont nous disposons ici, et à propos des questions ne posant pas de problèmes, comme par exemple la question des rapports avec le Parti, la fraction, le travail de la fraction, faire apparaître ce qu'il y a d'erroné dans l'activité de la section espagnole. Il faudrait commencer cela dès maintenant, et à une allure rapide.

Décision

Une commission comprenant les camarades Field, Frank et Frankel est élue à l'unanimité pour travailler sur la question espagnole.

Camarade Trotski

Il faut porter à la connaissance des membres de la section espagnole et de I'Opposition de Gauche internationale des extraits de la correspondance avec la direction de la section d'Espagne. Il faut tirer les enseignements des erreurs et des expériences espagnoles. La commission Espagne doit mener de front deux on trois tâches :

1) les questions politiques de principe

2) les questions internes

3) les questions de personnes et d'organisation.

Lorsque le travail préparatoire aura été mené à bien, notre proposition d'organisation devra aboutir à proposer à la section espagnole la convocation d'une nouvelle conférence nationale, afin qu'il soit pris position sur les propositions du Secrétariat International. La conférence doit se dérouler en présence de camarades délégués par le Secrétariat International. Le dernier numéro de la Pravda de Moscou publie un article sur I'Espagne dans lequel on peut lire :

"Après la désintégration de la grève de masse de janvier, les Trotskistes et autres renégats du communisme ont déclaré que la révolution était anéantie et que s'ouvrait une période de déclin. Les nouvelles vagues qui se sont produites depuis lors ont démontré à plusieurs reprises l'erreur des renégats. La facilité avec laquelle a été liquidée la rébellion des généraux atteste que les forces de la révolution ne sont pas brisées" etc...

L'article contient donc l'affirmation que les Trotskistes espagnols auraient déclaré la révolution terminée. C'est ce qu'indique également le camarade Weisbord dans une lettre sur I'Espagne,

On peut prendre cette question comme point de départ d'une partie de notre travail sur I'Espagne. On peut poser des questions aux espagnols, etc.

Sur cette question, il faut faire une distinction très nette. Même durant le cours d'une révolution apparaissent des oscillations et des crises. Cette question est également traitée, bien que de façon insuffisante dans la seconde brochure sur l'Espagne, et mesurée surtout à l'échelle de la révolution russe et de la grande révolution française. La révolution russe a mis 8 mois pour atteindre son apogée, alors que la grande révolution française a commencé à la mi-1789 pour n'atteindre son apogée qu'en 1793, c'est-à-dire presque 4 ans plus tard. Certaines particularités de l'Espagne rendent sa situation peut-être plus proche de celle de la France de l'Ancien Régime. En tout état de cause il est indiqué dans la brochure qu'il est fort possible que la révolution espagnole espagnole se développe durant plusieurs années avant d'atteindre son point le plus élevé, notamment en raison de l'impréparation du prolétariat espagnol. Durant la grande révolution française, c'est un cours d'un long combat que furent élaborés les programmes et les objectifs. Il en alla tout autrement en Russie, où un parti révolutionnaire préexistait depuis des dizaines d'années. Lorsque le camarade Nin dit, après la grève de masse de janvier "nous entrons maintenant dans une période de dépression" cela ne veut rien dire en soi, Il faut déterminer précisément le caractère de cette dépression.

Voici une autre question, mais qui concerne plutôt les staliniens : l'article de la "Pravda" sus-mentionné indique que les positions du Parti ont été justes en général, mais il poursuit à peu près ainsi :

"Les échelons du Parti, ses organisations provinciales ne sont pas tous parvenus à faire triompher les vues du Parti Communiste et à les opposer aux manoeuvres des social-fascistes et des républicains, alors que se présentait l'occasion de montrer que le Parti combat non seulement contre les monarchistes mais également contre le gouvernement républicain qui couvre les monarchistes." etc.

Il s'est donc avéré que le Parti a été surpris par les événements et que la théorie du social-fascisme dans son ensemble a été réduite à néant. Le Parti ne s'est pas démarqué des socialistes, ni même des républicains. L'article exprime ici, même si c'est sous une forme connarde, la banqueroute typiquement opportuniste des ultra-gauches devant la réalité, Il est pour nous de la plus haute importance de rassembler les faits et de les mettre en forme. Pour nous, cela aura valeur d'exemple classique. Je veux tenter, sur la base de l'article de la "Pravda" d'écrire au camarade Nin une lettre en forme d'interrogation.

Camarade Field

Il nous faut en outre déterminer dans ses grandes lignes le contenu de la plate-forme de l'Opposition de Gauche internationale.

Camarade Trotski

Il faudra commencer par l'analyse de la situation mondiale actuelle et par le tracé des perspectives et des tâches stratégiques du prolétariat, ainsi que des conséquences qui en découlent pour les différents pays.

Camarade Frankel

Le Secrétariat International doit proposer aux différentes sections nationales de lui faire parvenir un rapport politique et organisationnel. Il est absolument indispensable que le camarade Trotski rédige des directives pour ce travail.

Camarade Trotski

C'est seulement au cours des discussions que ces directives doivent être élaborées. Il est possible de proposer à chaque section une rapide esquisse de la situation générale et des perspectives.

Il est important de tirer les leçons des luttes internes qui ont eu lieu jusqu'à présent.

A traiter par la suite :

Camarade Field

Il faut traiter de la Révolution russe dans le cadre de la Révolution permanente.

Camarade Trotski

Cela fait plus on moins partie de la plate-forme générale. Le projet de plate-forme russe n'a pas encore été discuté. En ce moment, les choses vont très mal en Russie. Les journaux récents donnent des informations très inquiétantes et la situation économique est la plus mauvaise possible ; maintenant tout s'accumule.

Camarade Frankel

Nous devons discuter ici du projet de plate-forme russe.

Camarade Field

Ainsi que de la première plate-forme de l'Opposition russe.

Camarade Schussler

Il faudrait en outre aborder le mot d'ordre des Etats-Unis soviétiques d'Europe ainsi que celui de Fédération soviétique des états balkaniques.

Il faut que d'autres camarades collaborent à ce travail, par exemple les camarades Schürer et Neurath. Le camarade Schürer à propos de la question des brandlériens, de leur évolution au cours des dernières années, à la lumière des événements et des citations.

Camarade Frank

Propose de traiter la question italienne.

Camarade Trotski

Une proposition pratique : que le Secrétariat International constitue un "fonds de la conférence internationale" pour financer les délégations.

La prochaine réunion traitera de la question espagnole.