Lettre ouverte à la rédaction de De Nieuwe Fakkel et de De Internationale, 21 janvier 1938

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Chers Camarades,

Vous m’avez fait plus d’une fois l’honneur de publier mes articles. C’est pourquoi je ne doute pas que vous ne refuserez pas de reproduire la courte lettre suivante.

Dès le commencement même de l’existence de votre parti, j’etais en désaccord avec ses dirigeants et, avant tout, avec le camarade Sneevliet sur toutes les questions fondamentales. En fait, la direction du R.S. A.P. a toujours été en opposition irréductible envers toutes les autres sections de la Quatrième Internationale et, durant les deux dernières années, les divergences se sont continuellement exacerbées.

En plein accord avec la majorité écrasante de notre organisation internationale, je considérais et je considère comme funeste la position de Sneevliet dans le domaine du mouvement syndical.

Je considérais et je considère absolument inadmissible l’absence dans le R.S.A.P., d’un programme d’action révolutionnaire et le caractère sans principes de son agitation, qui vient de cette absence.

Je considérais et je considère que l’attitude de la direction du R.S.A.P. envers la politique de « Front populaire »est toujours restée équivoque, c’est-à-dire obscurément et parfois même ouvertement opportuniste.

La politique du camarade Sneevliet dans la question du l’.O.U.M. s’est trouvée en opposition complète avec l’A.B.C. de la lutte des classes et a causé un tort indiscutable à la révolution espagnole et à la IVe Internationale.

La politique du camarade Sneevliet dans la question russe fut et reste essentiellement fausse et déloyale à l’égard des bolcheviks-léninistes russes.

Je considérais et je considère comme opportuniste l’activité parlementaire de Sneevliet.

Je considérais et je considère comme absolument inadmissible l’attitude inamicale de la direction du R.S.A.P. envers toutes les autres sections et envers le Secrétariat International.

Je considérais et je considère que, dans tous les conflits fondamentaux entre le camarade Sneevliet et le Secrétariat International, la justesse politique était entièrement du côté de ce dernier.

Le Secrétariat International a proposé des dizaines de fois à votre Comité central d’ouvrir une discussion honnête sur les questions en litige. Vous vous êtes obstinément refusés à remplir ce devoir élémentaires à l’égard de votre propre parti. En guise de discussion, votre Comité central a eu recours à l’exclusion de I'organisation des véritables partisans de la Quatrième Internationale. Cette mesure ne peut signifier rien d’autre qu’une préparation à la rupture avec la Quatrième Internationale et la passage dans le camp des social-démocrates « de gauche » réunis autour du Bureau de Londres.

A ma dernière lettre adressée le 2 décembre 1937 au camarade Sneevliet et qui lui demandait si votre parti avait l'intention de participer à la conférence internationale, je n’ai pas reçu de réponse. C’est un fait encore plus important que soient restées sans réponse les demandes officielles du Secrétariat International.

La présente lettre, qui tire le bilan d’une tentative de collaboration qui a duré cinq ans, d’une tentative de critique amicale, d’une tentative d’explication et de rapprochement réciproques, a pour but de dire ouvertement ce qui est. Chacun doit porter la responsabilité de sa ligne politique. Les membres de votre parti et de toutes les sections de la Quatrième Internationale jugeront.

Saluts révolutionnaires

L. Trotski

Coyoacan (D. F.), le 21 janvier 1938