Lettre à Henri Lacroix, 7 juillet 1931. Contre la critique de Nin

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Cher camarade Lacroix,

Votre dernière lettre m'étonne. Vous me reprochez d'avoir créé une situation spéciale pour le c-de Nin au détriment du Comité Central de l'Opposition espagnole. Je ne comprends pas à vrai dire le contenu de ce reproche.

Le c-de Nin que je connais (depuis) une dizaine d'années, restait fidèle à l'Opposition russe malgré les pires persécutions. Je l'attendais à l'étranger avec la plus grande impatience, en espérant - d'ailleurs avec tous les camarades ??? (illisible -NDE) - qu'il aille donner un beau coup de main à l'Opposition en Espagne. Tous les camarades furent d'accord qu'il entre dans le Bureau International. A ce moment-ci, l'Opposition de gauche en Espagne n'existait pratiquement pas. Personnellement, je ne connaissais pas les autres camarades de l'Opposition. J'étais, je l'avoue, bien étonné, que l'Opposition espagnole piétinait si longtemps. Je m'en suis expliqué maintes fois avec le c-de Nin. Je trouvais qu'il perd trop de temps en essayant d'influence personnellement Maurin et autres au lieu de se consacrer ouvertement au développement de l'Opposition de gauche. D'ailleurs, je ne connaissais pas le niveau de la confusion abominable de cette équipe petite-bourgeoise Maurin et Cie.

Quand je parle dans ma lettre du manque de netteté, je vise surtout "La lutte de Classes" et "La Vérité", où il y avait des articles et des correspondances trop bienveillants pour la fédération catalane.

Vous me reprochez d'avoir envoyé ma critique au c-de Nin et à "Communismo", pas au Comité Central. C'est un malentendu complet. J'ai envoyé le texte russe au S.I. pour le faire traduire et envoyer aux sections nationales, celle d'Espagne naturellement en premier lieu. J'ai envoyé le texte au c-de Nin parce qu'il connaît le russe et parce que la question le touche de près. J'ai envoyé aussi une copie russe à la rédaction de "Communismo" avec l'espoir vague qu'elle trouve quelqu'un dans son entourage qui connaît le russe. D'ailleurs, "Communismo", c'est l'organe du Comité Central, n'est-ce-pas ?

Votre attaque un peu brusquée est d'autant moins compréhensible, cher camarade, qu'elle se déclenche au moment où le c-de Nin vient de commencer à participer au travail de l'Opposition, et où, moi-même, je viens de formuler la critique que vous trouvez tout à fait d'accord avec la vôtre.

Alors ?

Cher camarade, je n'ai rien contre votre critique. Au contraire, elle fait honneur à votre tempérament. Ce qui me préoccupe, c'est la collaboration étroite et sincère entre Madrid et Barcelone. Cette collaboration est inaugurée. Il s'agit de ne pas sacrifier l'avenir, même partiellement aux réminiscences tout à fait fraîches.

Quant à moi, je vous serai toujours gré de m'adresser la critique la plus rigoureuse.