Lettre à Charles Curtiss, 17 janvier 1939. Comme modèle de réponse à Diego Rivera

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Ce qu'il faut répondre

Cher Camarade,

Votre lettre du 7 janvier annonçant votre désir de démissionner de la IVe Internationale, a été pour nous un coup tout à fait inattendu et injustifié.

Vous indiquez que le comité pan-américain n’a pas défini le caractère de votre travail et que ceci a contribué à votre « inactivité totale », ce qui, à son tour, a créé des malentendus qui peuvent être exploités par nos ennemis

Permettez-moi de dire, cher camarade, que tout ceci est loin de correspondre à la réalité. L’unique malentendu qu’aurait pu produire la formulation trop générale de la décision vous concernant a été éliminé par l’interprétation officielle qu’en a donné le comité pan-américain, publiée dans notre presse. Cette interprétation indiquait que notre congrès était loin de l’idée de vous priver de votre droit de participer au mouvement mexicain. Il dépendait entièrement de vous d’utiliser ou non ce droit dans la période de transition actuelle.

Vous avez été également d’accord avec la délégation du S.W.P. sur le fait que le camarade Curtiss, proposé à votre initiative, collaborerait avec vous aussi étroitement que possible. Nous considérions cette collaboration comme le levier le plus important pour la reconstruction de notre section mexicaine.

Finalement, avec votre plein accord, vous, avec d’autres camarades, avez été délégué comme notre représentant au comité de rédaction de Clave. Il n’est pas nécessaire d’indiquer ici l’importance de cette revue pour tous les pays de langue espagnole et pour l’ensemble de la IVe Internationale. Vous pouvez constater avec une entière satisfaction que, loin d’avoir été d’une « inactivité totale », vous avez contribué à Clave par de très importantes thèses, articles et notes.

Si le caractère de votre participation pratique au travail quotidien ne vous paraît pas satisfaisant, nous pouvons vous proposer toute modification que vous estimez raisonnable. Inutile de vous dire que nous accorderons une grande attention à vos propositions.

Étant donné ces faits et ces circonstances, nous pouvons voir comment nos ennemis peuvent exploiter votre participation ultérieure à la IVe Internationale, l’unique organisation révolutionnaire, qui vit aujourd’hui sous les coups et les persécutions d’ennemis innombrables. Il est par ailleurs tout à fait clair qu’une démission donnerait à ces ennemis des munitions pour leurs calomnies et leurs intrigues.

Une démission d’une organisation révolutionnaire n’est justifiable que dans un unique cas, celui de divergences de principe insurmontables. Même dans ce cas, cependant, la séparation devrait être précédée d’une discussion amicale sur les points de divergence, avec, des deux côtés, un désir sincère d’assurer une collaboration autant qu’il est humainement possible. Nous voyons d’après votre lettre avec beaucoup de satisfaction et de plaisir que vous demeurez « en complète sympathie avec la IVe Internationale ». Dans ces conditions, nous ne pouvons considérer votre démission que comme un total malentendu, provoqué par des épisodes de second ordre.

Cher camarade Rivera, nous n’acceptons pas votre démission. Nous continuons à être « en complète sympathie » avec vous, non seulement en tant que grand peintre, mais en tant que combattant pour la IVe Internationale.