Le Bureau Socialiste International et la guerre (Résolution de Kienthal)

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La conférence a voté à l'unanimité la résolution suivante :

Considérant que le Comité du Bureau socialiste international a gravement manqué à son devoir, le plus nettement et le plus explicitement établi par les résolutions des congrès internationaux, en se refusant obstinément de convoquer la réunion plénière du Bureau, malgré les instances répétées des différentes sections nationales :

Que, de cette manière, le Comité exécutif non seulement n'a rien fait pour remédier à la crise profonde traversée par l'Internationale mais au contraire l'a approfondie, en se faisant le complice du reniement des principes, de la politique de la soi‑disant défense nationale et de l'« union sacrée » qui a réduit l'Internationale à un état de dispersion et de honteuse impuissance;

Que cette complicité du Comité exécutif a trouvé son expression la plus frappante dans le fait que son président a cru pouvoir cumuler en sa personne la qualité de ministre d'État d'une puissance belligérante et celle de président du B.S.I., abaissant par là l'organe central de l'Internationale ouvrière au rôle indigne d'un instrument servile, d'un otage d'une des coalitions impérialistes;

Considérant que ce n'est qu'après vingt mois de guerre, devant l'indignation croissante des masses se libérant du cauchemar chauviniste, que le Comité exécutif s'est avisé de la nécessité de convoquer le Bureau;

Considérant que cette tentative est accompagnée de la sanction donnée d'avance à la lutte fratricide des peuples, justifiée par la soi‑disant défense nationale;

Que le Comité exécutif, tout en accordant l'absolution à tous ceux qui ont abandonné le drapeau socialiste, s'acharne en même temps à combattre les éléments révolutionnaires de l'Internationale qui se sont retrouvés dans la mêlée et se sont tendu la main pour inaugurer la lutte contre la guerre impérialiste;

Que, de la sorte, cette tentative de reprendre les relations entre les sections nationales revêt le caractère d'une paix séparée entre les social‑nationalistes;

Qu'étant donnés les contacts totalement contraires aux principes du socialisme qui se sont établis pendant la guerre dans la plupart des pays belligérants entre les gouvernements et les dirigeants du socialisme nationaliste, il est à craindre que le Comité exécutif du B.S.I. pourrait, dans certaines conditions, convoquer le Bureau au moment où cette convocation correspondrait aux visées politiques de l'une ou des deux coalitions impérialistes,

La seconde conférence socialiste internationale de Zimmerwald

  • Invite les sections affiliées à la Commission socialiste internationale de Berne à suivre avec une attention soutenue les démarches du Comité exécutif ;
  • Exprime sa profonde conviction que l'Internationale ne pourra se relever comme véritable puissance poli e de la débâcle qu'à mesure que le prolétariat mondial, se libérant des influences impérialistes et chauvines, reprendra la voie de la lutte sociale et de l'action des masses.

1.

Pour le cas où la séance plénière du Bureau serait convoquée, les délégués des partis adhérant à Zimmerwald devront dévoiler les intentions réelles des représentants du socialisme nationaliste tendant à détourner le prolétariat de ses buts, et opposer à cette duperie concertée les principes fondamentaux sur la base desquels l'opposition internationaliste s'est constituée dans tous les pays.

2.

Au cas où le Comité exécutif convoquerait une réunion du Bureau, la C.S.I. de Berne devrait s'efforcer de réunir la Commission élargie pour se concerter au sujet d'une attitude identique des zimmerwaldiens.

3.

La Conférence reconnaît le droit des sections socialistes nationales adhérant à Zimmerwald de demander la convocation du Bureau socialiste international.