Pollution de l’air

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PollutionAir.png

La pollution de l'air est un des principaux problèmes de santé et d'environnement causé par l'industrialisation capitaliste. Les solutions préventives existent, mais les capitalistes ne les prennent que si elles leur sont imposées.

On peut distinguer la pollution atmosphérique (pollution de l'air extérieur), et la pollution de l'air intérieur.

La pollution de l’air (extérieur + intérieur) est aujourd’hui le principal risque environnemental pour la santé dans le monde. En 2012 elle a fait 7 millions de décès dans le monde (soit un décès sur huit), dont 4,3 millions à cause de la pollution intérieure.[1]

Ceci sans compter les impacts du dérèglement climatique, qui sont plus indirects.

1 Types de pollution[modifier | modifier le wikicode]

1.1 Naturelle / anthropique[modifier | modifier le wikicode]

On peut distinguer les sources de pollution naturelles et anthropiques (dues à l'activité humaine). Par exemple, le volcanisme, la foudre ou l'érosion sont des sources naturelles de polluants atmosphériques.

Mais la frontière est parfois floue. Par exemple, certains sols comme les marécages peuvent émettre des polluants comme le méthane, mais le réchauffement anthropique accélère ce phénomène.

1.2 Centrales thermiques (charbon, pétrole, fioul, gaz)[modifier | modifier le wikicode]

Les centrales produisant de l'électricité en brûlant des énergies fossiles produisent beaucoup de gaz à effet de serre, mais aussi beaucoup de gaz rendant l'air urbain toxique : monoxyde de carbone (CO), oxydes d’azote (NOx), particules fines (PM2,5)…

En 2012 la production d’électricité à partir de charbon aurait coûté à l’humanité près de 9 millions d’années de vie en bonne santé.[2] L’impact des normes sanitaires et environnementales (qui obligent par exemple à filtrer l'air avant rejet) est non négligeable, comme le montre le graphique suivant : en Inde, l'impact est très fort ; en Europe de l'Est, il est plus fort qu'en Europe de l'Ouest, etc.

Impact des centrales à charbon sur la population environnante, en DALY, unité qui estime les années de vie perdues.

1.3 Moteurs thermiques (voitures, camions, avions)[modifier | modifier le wikicode]

Pékin un jour après la pluie (gauche) et un jour de smog (droite).

De même, l'immense majorité des moteurs de voitures et camions utilisent des énergies fossiles (essence, diesel...) dont la combustion libère des gaz polluants : monoxyde de carbone (CO), oxydes d’azote (NOx), particules fines… et ils sont responsables d'environ un quart du CO2 atmosphérique, facteur majeur du changement climatique.

La pollution des avions est elle aussi un facteur majeur : ils sont moins nombreux, mais brûlent beaucoup plus de carburant (kérosène), et le libèrent beaucoup de CO2 dans la haute atmosphère où il contribue aussi à l'effet de serre d'une autre façon, par forçage radiatif (en « créant des nuages »). Un avion qui décolle produit en moyenne 14 kg d'oxyde d'azote, l'équivalent de 2 000 voitures diesel parcourant 25 km.

Le trafic routier reste une des principales sources de pollution de l'air dans les villes.

Lors de pics de pollution, les oxydes d'azote causent troubles respiratoires, inflammation et obstruction des voies respiratoires et augmentation de la sensibilité aux attaques microbiennes. Par ailleurs les particules fines s'avèrent particulièrement dangereuses : le fait d'habiter à proximité du trafic routier serait à l'origine de 15% des asthmes chez l'enfant et de l'augmentation de maladies respiratoires et cardiovasculaires chez les plus de 65 ans.[3]

1.4 Pollution photochimique[modifier | modifier le wikicode]

Principalement, il s'agit de la formation d'ozone (O3) dans l'air proche du sol (dans la troposphère, par opposition à l'ozone stratosphérique, en haute altitude). En présence de "polluants primaires", ou "précurseurs" (oxydes d'azote et COV), le rayonnement ultraviolet du soleil peut entraîner la formation d'ozone ou d'autres composés oxydants (peroxyde d'hydrogène, aldéhydes, peroxy acétyl nitrate ou PAN). Ces précurseurs sont principalement émis par le trafic routier.

L'ozone a des effets sur la santé humaine (problèmes respiratoires) et les végétaux.

Ce type de pollution (« pics d'ozone ») est fréquent en période de chaleur estivale (où il est souvent nécessaire de prendre des mesures de restriction du trafic routier), et est très lié au problème des pluies acides.

1.5 Combustion de biomasse[modifier | modifier le wikicode]

La combustion du bois peut avoir un bilan carbone neutre si la forêt est bien gérée, mais pose des problèmes importants de particules fines.

La combustion de biomasse (feux de cheminée, feux agricoles et feux de jardins) est une source importante de pollution atmosphérique carbonée. Par exemple en Europe, 50 à 70 % de la masse des aérosols carbonés relevés en hiver provient de la combustion de biomasse. Ce serait aussi aux 2/3 la source du nuage brun d'Asie.

Or de récentes études épidémiologiques ont montré que les effets sur la santé sont similaires à ceux des produits pétroliers (affection respiratoire, cancer du poumon...). Même en milieu urbain, le chauffage au bois émet souvent davantage de poussières fines et de certains autres polluants que la circulation routière.[4][5]

Selon l’OMS, dans l'Europe des 15, le chauffage domestique au bois deviendrait, à l'horizon 2020, la principale source de particules fines (PM2,5), reconnues les plus dangereuses pour la santé.[6]

1.6 Incinération de déchets[modifier | modifier le wikicode]

Une partie importante des déchets que nous produisons se retrouve dans des incinérateurs, où ils sont brûlés, à la fois pour s'en débarrasser et pour les « valoriser » en produisant de la chaleur (pour des réseaux urbains) et/ou de l'électricité.

Les effets des principaux polluants sont connus et surveillés : irritations et problèmes respiratoires, dégâts sur le système nerveux ou les reins, cancers… Mais étant donné que ces déchets contiennent des substances très diverses, le fait de les brûler engendre des fumées contenant des substances très diverses, dont de nombreux polluants. C'est pourquoi dans les incinérateurs, une énorme partie de l'espace est occupée par des systèmes de filtration, avant rejet dans les cheminées. Ces dernières années de nouveaux types de polluants ont été identifiés, comme les dioxines, furanes et HAP, qui sont émis en faible quantités mais sont persistants, et peuvent donc se bioaccumuler dans l'environnement, jusqu'à l'homme.

Seule une vingtaine de polluants sur plus de 2000 molécules recensées en sortie de cheminée sont ainsi réglementées. Des études épidémiologiques ont montré aux alentours des incinérateurs des surmortalités ou des sur-représentations de maladies comme l'endométriose.

Heureusement, les réglementations plus sévères et les filtrages plus performants des fumées ont permis de réduire les émissions des principaux polluants. Ainsi par exemple, la quantité de dioxine mesurée en moyenne dans le sang humain a nettement diminué depuis les années 1980.

1.7 Composés organiques volatils[modifier | modifier le wikicode]

Les Composés organiques volatils (COV) engendrent de nombreux problèmes de santé. En Amérique du Nord et en Europe, des contrôles plus stricts ont fait diminuer les émissions de COV issus des transports et des stations essences, mais beaucoup d'autres sources de COV sont apparues (préoccupantes surtout pour l'air intérieur) et ont presque neutralisé la diminution.

1.8 Pollution de l'air intérieur[modifier | modifier le wikicode]

Cuisson au feu de bois au Guatemala

La pollution à l'intérieur est bien inférieure à celle de l'air extérieur près des usines industrielles et des centrales thermiques ou près de routes très fréquentées. Mais en dehors de ces cas, l'air intérieur est souvent plus pollué que l'air extérieur, même en ville (parfois 10 fois plus pollué).

Cela s'explique parce que l'air stagne, et qu'il y a des sources de polluant présentes directement dans les bâtiments :

  • sources de combustion : tabagisme, cheminées, fours à bois, plaques et fours à gaz, poêles (bois, charbon fioul, mazout...),
  • sources de COV : composés relâchés par les revêtements, peintures, encre d'imprimerie, colles et adhésifs, produits de nettoyage et produits cosmétiques, isolants, parfums et produits d'hygiène du corps et nombreux autres produits de consommation courante…
  • biocontaminants : légionelles, virus, microchampignons...
  • radioactivité naturelle : radon issu du sol dans certaines régions.
La pollution de l'air à l'intérieur des logements tend à diminuer ces dernières décennies.

Dans les pays pauvres, où la cuisson et le chauffage se fait surtout en brûlant du bois ou du charbon, la pollution de l'air peut être très importante. Près de 3 milliards de personnes utilisent du bois ou du charbon pour cuisiner, ce qui causerait 4,3 millions de morts par an[7]. Sur cet aspect, le développement économique engendre une diminution de la pollution des logements.

Dans les pays riches, avec la diminution du chauffage par combustion (et son amélioration), et la diminution du tabagisme, les COV sont devenus la principale source de pollution de l'air intérieur.[8]

1.9 Trou de la couche d'ozone[modifier | modifier le wikicode]

L'ozone naturellement situé dans la stratosphère (19-30 km d'altitude) a un effet "filtre" contre le rayonnement ultraviolet du Soleil. Or, il a été observé à partir de 1980 une forte diminution de cette "couche d'ozone" au dessus du pôle Sud. Un lien a été mis en évidence avec divers produits de l'industrie, et en premier lieu les chlorofluorocarbures (CFC) utilisés dans les aérosols, les réfrigérateurs ou pour nettoyer les pièces électroniques. La baisse des concentrations d'ozone de la stratosphère pourrait avoir des effets climatiques et biologiques (cancers de la peau accrus en particulier).

L'épandage aérien est peu pratiqué en Europe, mais beaucoup aux États-Unis.

Comme les quelques multinationales commercialisant les CFC avaient déjà mis au point des produits de remplacement, la réaction a pu être "exemplaire", avec une interdiction suite à la ratification du protocole de Montréal entre 1985 et 1987. Le "trou d'ozone" est a priori en train de se refermer lentement. Une réaction aussi rapide du monde capitaliste est l'exception plutôt que la règle...

1.10 Pesticides[modifier | modifier le wikicode]

Les pesticides sont a priori cantonnés localement au niveau des champs, mais certaines substances sont des polluants persistants, qui peuvent donc se bioaccumuler et migrer lentement.

Des études ont montré que des pesticides se retrouvent dans la pluie (au-dessus des normes européennes pour l'eau potable) et les brouillards, surtout après les épandages (surtout lors des épandages par avion). Les pesticides respirés à faible dose mais de manière chronique sont suspectés d'affecter la fertilité.

1.11 Acidification et pluies acides[modifier | modifier le wikicode]

Les émissions de dioxyde de soufre (SO2), d'oxydes d'azote (NOx) ou de chlorure d'hydrogène (HCl) entraînent une augmentation de l’acidité de l’air par oxydation.

Le SO2 dans l'air provient à 87% de la combustion d'énergies fossiles, à 9% du volcanisme, et à 3% des feux de forêt.[9]

Estimation des émissions mondiales de SO2.

Cette acidification peut modifier les équilibres chimiques et biologiques et affecter gravement les écosystèmes. L'exemple connu en est le phénomène des pluies acides : des pluies avec un pH voisin de 4 à 4,5, qui sont nocifs pour la faune et la flore, et dégradent les bâtiments. En 2004, 15 % des écosystèmes naturels ou semi-naturels de l'Europe des 25 étaient impactés par des pluies acides.[10]

Le phénomène des pluies acides est en recul. Comme pour la couche d'ozone, des mesures ont été prises dans les principaux pays capitalistes dans les années 1980, et les émissions de SO2 ont diminué.

1.12 Accentuation de l'effet de serre[modifier | modifier le wikicode]

Le rejet de gaz à effet de serre est dores et déjà en train d'entraîner un changement climatique. En moyenne mondiale, ce changement se traduit par un réchauffement, mais selon la majorité des scientifiques, il est plus que probable que cela a également un grand nombre d'impacts difficiles à prévoir sur les phénomènes météorologiques. Par rapport aux conditions actuelles auxquelles sont adaptées la majorité des espèces vivantes, et à la vitesse où le phénomène se produit, cela constitue une menace de "dérèglement global".

Le problème de la hausse de l'effet de serre est le plus médiatisé. A lui seul il pourrait causer :

  • une montée des eaux, et un engloutissement des villes pauvres
  • des maladies plus virulentes grâce à la survie facilitée de micro-organismes craignant le froid
  • une hécatombe de 70% du vivant[11]
  • plus de tempêtes, de sècheresse et d'inondation

2 Prolétaires en première ligne[modifier | modifier le wikicode]

Les peintures, surtout au moment de leur application, libèrent beaucoup de COV toxiques.

Dès le début de l'ère du capitalisme industriel, les travailleurs ont été les plus touchés par les problèmes sanitaires liés à la pollution de l'air. Non seulement ils travaillaient directement sur les lieux d'émission des substances toxiques, mais les logements ouvriers étaient bien souvent sur les lieux même de production.

Dans le mouvement général pour arracher de meilleures conditions d'exploitation, les travailleurs ont obtenu plus de protections et d'application de normes minimales pour les processus polluants. Il n'en reste pas moins que de nombreux travailleurs sont directement affectés (maçon·nes et amiante, personnels de ménage et produits d'entretien, ouvrier·es manipulant des produits à des concentrations bien supérieures à celles des produits finis...).

La pollution de l'air joue son rôle, parmi d'autres nombreux facteurs, dans l'espérance de vie moindre des prolétaires par rapport aux autres couches sociales. L'adoption des normes est freinée par les lobbies, inégale selon les pays, peu respectée...

Plus largement, ce sont les prolétaires en tant que classe qui sont le plus victimes des pollutions atmosphériques. Cela peut découler de leur plus grande exposition aux sources de pollution (quartiers proches de zones industrielles...) que de la capacité des bourgeois à éviter ou compenser les effets nocifs (meilleure ventilation de leurs habitats, voyages à l'air pur de la montagne...).

En Europe, les vents dominants vont de l'Ouest vers l'Est, et pour cette raison les bourgeois ont préféré s'installer dans l'Ouest des grandes agglomérations lors de la révolution industrielle, pour ne pas être exposés à toutes les fumées des usines et de la ville.

3 Exemples[modifier | modifier le wikicode]

On peut distinguer les « risques accidentels » (explosion, libération soudaine d'un polluant dans l'air...) et les « risques chroniques » (émissions à petites doses mais permanentes de polluants, plus susceptibles de causer des cancers).

3.1 Risques chroniques[modifier | modifier le wikicode]

Gas pump lead warningSmall.jpg

Une filiale de la General Motors fit breveter en 1920 un additif à base de plomb, le PTE, qui améliorait l’efficacité des moteurs à explosion. Une substance non toxique comme l’éthanol - l’alcool ordinaire - convenait parfaitement mais General Motors ne pouvait en obtenir l’exclusivité, ce qui était son objectif unique. Très vite le PTE se révéla un dangereux poison dans les usines comme dans l’environnement. Mais la GM obtint la complicité des organismes sanitaires américains pour minimiser le danger. La GM vendit son additif plombé à toutes les compagnies pétrolières, fit des campagnes publicitaires mondiales pour généraliser son utilisation et empoisonna toute la planète pendant des décennies jusque dans les années 1970. Les preuves de la nocivité du plomb ne pouvaient plus être niées : les taux de plomb dans les os humains contemporains étaient des dizaines de fois supérieurs à ceux d’il y a 5 000 ans. General Motors inventa alors le pot catalytique qui ne supporte pas le plomb. Elle se présenta désormais comme la championne de la lutte contre la pollution atmosphérique… tout en continuant à vendre des additifs plombés dans les pays sous-développés.

Les usines sidérurgiques et pétrochimiques de la région de l’étang de Berre rejettent en permanence des gaz polluants : plus de 70 000 tonnes d’oxyde de soufre ont été rejetées dans le département des Bouches-du-Rhône en 2005. Et tous ceux qui vivent à proximité de ces usines découvrent tous les matins, autour d’eux, les traces des rejets industriels de la nuit. Cette pollution provoque des affections respiratoires ou des cancers chez les riverains (deux fois plus que la moyenne[12]) et des maladies graves - reconnues comme maladies professionnelles ou pas - chez les travailleurs des usines.[13]

En Île-de-France la pollution de l'air fait perdre environ 10 mois d’espérance de vie par adulte.[14] La majeure partie de ces polluants sont dus aux moteurs à combustion (pétrole), mais une part non négligeable est aussi due aux particules émises par les frottements des pneumatiques (ce qui pose aussi des problèmes dans les métros, confinés).[15]

3.2 Accidents[modifier | modifier le wikicode]

Manifestation en Inde 26 ans après la catastrophe de Bhopal

En Inde, à Bhopal, en 1984, une explosion dans une usine d'Union Carbide (USA) a fait officiellement 6495 morts, 25 000 selon des organisations humanitaires. Plusieurs centaines de milliers de personnes ont été victimes de gaz toxiques. C'était une usine aux ateliers délabrés, entourée d'un immense bidonville.[16]

Au Sud de l'Asie, il se forme désormais chaque hiver, de décembre à avril, un immense nuage brun de pollution. La pollution s'accumule parce qu'à cette époque, il ne peut quasiment pas pendant assez longtemps. C’est en 1999 que des scientifiques ont tiré la sonnette d’alarme : après l’avoir étudié, ils pouvaient mettre en évidence « la plus grosse pollution de l'air au monde : un nuage qui s’étend sur une surface équivalente à celle des États-Unis, avec une épaisseur variant entre 2 et 3 kilomètres »[17]

4 Tendances historiques[modifier | modifier le wikicode]

4.1 Sociétés précapitalistes[modifier | modifier le wikicode]

On peut trouver des traces de pollution de l'air même dues aux activités (mines, fonderies...) de l'Antiquité romaine.

Les villes du Moyen Age avaient connu leur lot de pollutions avec leurs rues qui ressemblaient à des cloaques et leurs rivières où se déversaient les déchets des tanneries et des abattoirs. On s'était plaint, à Londres, de la pollution de l'air, dès le 13e siècle.

4.2 Révolution industrielle[modifier | modifier le wikicode]

La ville de Widnes à la fin du 19e siècle

Mais c'est avec la Révolution industrielle du 19e siècle que la pollution de l'air est vraiment devenu un problème de grande ampleur. Premièrement, c'est le recours intensif à la combustion du charbon comme source d'énergie qui a généré une intense pollution au niveau des grandes villes industrielles. C'était également le début du problème de l'effet de serre, alors inconnu.

Les colonnes de fumées noires s'élevant des cheminées d'usines restent emblématiques de cette pollution très visible, et du 19e siècle. Mais bien qu'aujourd'hui la pollution soit globalement inodore et incolore, elle reste présente. D'autres sources de pollution de l'air sont venues s'ajouter, comme celle du transport automobile, des climatiseurs... Certains polluants de l'air ont été réduits plus ou moins drastiquement (oxydes d'azote, monoxyde de carbone, plomb, CFC...).

4.3 Corrélation avec l'industrialisation[modifier | modifier le wikicode]

Sous le capitalisme, le décollage industriel semble fortement lié à une importante pollution de l'air dans les villes. Dans les pays capitalistes riches, la situation était catastrophique dans lors de la révolution industrielle, puis s'est améliorée lentement (sous l'effet des mesures de prévention mais aussi de la désindustrialisation), tandis qu'elle tend à empirer dans les pays en croissance rapide (Chine, Inde...). C'est pourquoi on observe une mortalité due à la qualité de l'air plus importante dans les pays à revenus moyens[18].

Dans les pays industrialisés depuis longtemps, des réglementations ont été mises en place, pour prendre en compte l'inconfort causé à la bourgeoisie ou sous l'effet des luttes. En France, un décret impérial sur les « manufactures et ateliers qui répandent une odeur insalubre ou incommode »[19] est instauré en 1810, c'est le début de ce qui deviendra la réglementation sur les installations classées. Il est intéressant de noter que l’État s'est soucié du confort du voisinage (parce que les mauvaises odeurs pouvaient "incommoder" les bourgeois) bien avant de se soucier de la santé des travailleurs à l'intérieur des usines.

Des réglementations ont obligé les centrales thermiques à installer des filtres qui empêchent l'essentiel des polluants locaux de l'air de s'échapper (en revanche, pas les émissions de CO2 : la séquestration du CO2 est nettement plus chère et compliquée).

De 2000 à 2018, la qualité de l'air en France s'améliore pour quatre des cinq polluants les mieux suivis, mais pas pour l'ozone. La pollution aux particules fines reste également importante. En Europe, ce serait au moins 400 000 morts prématurées par an, dont 42 000 en France (5% des décès)[20]. Sur 11 millions de français vivant en ville, 2 786 meurent à cause de la pollution de l'air.[21] Dans environ la moitié des cas, ce sont des pneumonies qui tuent des enfants de moins de 5 ans.

En revanche, les pays qui connaissent une forte croissance voient la qualité de l'air se dégrader. Les classes dirigeantes dans ces pays ont tendance à utiliser massivement les technologies actuelles, les moins chères et les plus polluantes (surtout qu'elles sont généralement peu équipées de filtres), pour industrialiser le plus vite possible. L'Inde est sans doute le pays avec l'air le plus vicié.[22]

La Chine connaît aussi de forts problèmes de pollution de l'air.[23] Dans les années 2000, les émissions d'oxydes d'azote et de dioxyde de soufre y sont devenus 8 à 9 fois supérieures à celles des pays développés.[24] Toutefois dans les toutes dernières années, des mesures ont été prises et une baisse semble s'amorcer pour certains polluants (SO2, particules fines...)[25].

Évolution des émissions de SO2 dans le monde, en Chine et en Inde
Taux de mortalité dû à la pollution de l'air extérieur
Taux de mortalité dû à la pollution de l'air intérieur

4.4 Décarbonation[modifier | modifier le wikicode]

De manière générale, l'abandon de l'utilisation massives des énergies fossiles (pour l'énergie, les transports...) est une nécessité, à la fois pour la lutte contre le dérèglement climatique et contre la pollution de l'air des villes.

Cela nécessite des mesures sociales fortes pour diminuer la consommation d'énergie (rationalisation de la production et des transports, rapprochement des lieux de vie et de travail, investissements massifs dans les mesures d'efficacité énergétique, suppression des incitations au consumérisme...), de remplacer les centrales thermiques par des sources d'énergie décarbonées, et systématiser l'électrification (trains, voitures électriques, cuisson et chauffage électrique...).

5 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]

  1. 7 millions de décès prématurés sont liés à la pollution de l'air chaque année, Organisation mondiale de la santé.
  2. Oberschelp, C., Pfister, S., Raptis, C.E. et al. Global emission hotspots of coal power generation. Nat Sustain 2, 113–121 (2019). https://doi.org/10.1038/s41893-019-0221-6
  3. Selon l'étude Aphekom de l'Institut de Veille Sanitaire, 2011
  4. De la combustion à la salubrité de l'air, Association suisse des maîtres ramoneurs (ASMR)
  5. « Le chauffage au bois », Ministère de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (Québec)
  6. Health risks of particulate matter from long-range transboundary air pollution, OMS
  7. OMS, 7 million premature deaths annually linked to air pollution, March 2014
  8. Brian C. McDonald et al., Volatile chemical products emerging as largest petrochemical source of urban organic emissions, Science, vol. 359, no 6377,‎ 16 février 2018
  9. Berresheim, H.; Wine, P.H. and Davies D.D. (1995). "Sulfur in the Atmosphere". In Composition, Chemistry and Climate of the Atmosphere, ed. H.B. Singh. Van Nostrand Rheingold
  10. Agence européenne pour l'environnement (EEA), Air pollution in Europe 1990-2004, Copenhague, European environment agency (no 2/2007), 2007
  11. Selon le 4ème rapport du GIEC
  12. Libération, Pollution industrielle : deux fois plus de cancers autour de l’étang de Berre, 14 février 2017
  13. Écologie: nature ravagée, planète menacée par le capitalisme !, Cercle Léon Trotski
  14. ARS Île-de-France, L'impact silencieux de la pollution de l'air sur notre santé, 14 octobre 2024
  15. Le Point, Une nouvelle étude pointe la pollution de l’air dans le métro parisien, 22 mai 2023
  16. Catastrophe de Bhopal, Wikipédia
  17. L'origine du "nuage brun" d'Asie éclaircie Bulletin électronique du Ministère des Affaires étrangères et européennes.
  18. Selon l'OMS : Santé et qualité de l'air Aide-mémoire N°313, Septembre 2011
  19. Décret impérial du 15/10/1810 relatif aux Manufactures et Ateliers qui répandent une odeur insalubre ou incommode.
  20. http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/CP_-_Qualite_de_l_air.pdf
  21. Institut de veille sanitaire , juin 2002
  22. New Delhi, leader mondial de la pollution de l'air, Les Échos, 16 mars 2015.
  23. Chine : la très forte pollution suscite une irritation croissante, Le Monde, 14 janvier 2013.
  24. Liaowang Xinwen Zhoukan, Ces milliards perdus à cause de la pollution, Courrier international, no 853, 8 au 14 mars 2007
  25. Chine: la pollution de l'air poursuit son recul en 2018, Le Figaro, 11 mars 2019.