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[[File:Février 1917.jpg|right|384x269px|Février 1917.jpg]]La '''révolution de Février''' marque le début de la [[Révolution_russe_(1917)|Révolution russe]] de 1917. Elle provoque en quelques jours l'abdication de l'empereur Nicolas II, la fin de l'[[Empire_russe|Empire russe]] et de la dynastie des Romanov.{{#set:Date=08-03-1917}}
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[[File:Février 1917.jpg|right|384x269px|Février 1917.jpg]]La '''révolution de Février''' marque le début de la [[Révolution_russe_(1917)|Révolution russe]] de 1917. {{#set:Date=08-03-1917}}
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Un [[Gouvernement_provisoire_(Russie)|gouvernement provisoire]] dirigé d'abord par Gueorgui Lvov remplace le régime tsariste, puis [[Alexandre_Kerensky|Alexandre Kerensky]] remplace le prince Lvov après les [[Journées_de_juillet_1917|Journées de juillet 1917]].
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Les manifestations insurrectionnelles spontanées du 23 février 1917 au 28 février 1917<ref>Jusqu'en 1918, la Russie utilisait le [[calendrier julien]], qui avait à l'époque 13 jours de retard sur le [[calendrier grégorien]]. Le 23 février de « ancien style » correspond donc au 8 mars « nouveau style ».</ref> à Petrograd provoquent l'effondrement d'un régime haï et l'abdication du tsar&nbsp;Nicolas II le 2 mars. Elles débouchent sur une situation instable de [[double_pouvoir|double pouvoir]] entre les [[soviets|soviets]] et le [[gouvernement_provisoire_(Russie)|gouvernement provisoire]], qui conduira à la [[révolution_d'Octobre|révolution d'Octobre]] et à la création de l'[[Union_des_républiques_socialistes_soviétiques|Union des républiques socialistes soviétiques]].
 
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La révolution de Février, qui s'est déroulée du 23 février 1917 au 28 février 1917<ref>Jusqu'en 1918, la Russie utilisait le [[calendrier julien]], qui avait à l'époque 13 jours de retard sur le [[calendrier grégorien]]. Le 23 février de « ancien style » correspond donc au 8 mars « nouveau style ».</ref>, a éclaté dans l'improvisation. Les tensions qui s'étaient accumulées éclatèrent en une insurrection dont l'épicentre fut [[Saint-Pétersbourg|Pétrograd]]. La même année, la [[Révolution_d'Octobre|révolution d'Octobre]] permet l'arrivée au pouvoir des [[Bolcheviks|bolcheviks]] et aboutit par la suite à la création de l'[[Union_des_républiques_socialistes_soviétiques|Union des républiques socialistes soviétiques]].
      
== Causes ==
 
== Causes ==
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Les exigences économiques (''«&nbsp;Du pain, du travail&nbsp;!&nbsp;»'') sont le déclencheur d'un mouvement revendicatif qui, au départ, n'a rien de révolutionnaire.
 
Les exigences économiques (''«&nbsp;Du pain, du travail&nbsp;!&nbsp;»'') sont le déclencheur d'un mouvement revendicatif qui, au départ, n'a rien de révolutionnaire.
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Le 23 février 1917 (8 mars, nouveau style), lors de la [[Journée_internationale_des_femmes|Journée internationale des femmes]], plusieurs cortèges de femmes (étudiantes, employées, ouvrières du textile des faubourgs de Vyborg) manifestent dans le centre-ville de Petrograd pour réclamer du pain. Leur action est soutenue par des ouvriers qui quittent le travail pour rejoindre les manifestantes. Les rangs des manifestants grossissent, les slogans prennent une tonalité plus politique. Aux cris contre la guerre, les grévistes ont mêlé des «&nbsp;Vive la [[République|République]]&nbsp;!&nbsp;» et des ovations pour un régiment de cosaques refusant d'intervenir. Le lendemain, le mouvement de protestation s'étend&nbsp;: près de 150 000 ouvriers grévistes convergent vers le centre-ville. N'ayant reçu aucune consigne précise, les [[Cosaques|cosaques]] sont débordés et ne parviennent plus à disperser la foule des manifestants.
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Le 23 février 1917 (8 mars, nouveau style), lors de la [[Journée_internationale_des_femmes|Journée internationale des femmes]], plusieurs cortèges de femmes (étudiantes, employées, ouvrières du textile des faubourgs de Vyborg) manifestent dans le centre-ville de Petrograd pour réclamer du pain. Leur action est soutenue par les ouvriers de Poutilov et d'autres qui quittent le travail pour rejoindre les manifestantes. Les rangs des manifestant.e.s grossissent, les slogans prennent une tonalité plus politique. Aux cris contre la guerre, les grévistes ont mêlé des «&nbsp;Vive la [[République|République]]&nbsp;!&nbsp;» et des ovations pour un régiment de cosaques refusant d'intervenir. Il n'y a pas de morts ce premier jour de manifestation.
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Des meetings s'improvisent et, le 25 février 1917, la grève est [[Grève_générale|générale]]. Les manifestations vont en s'amplifiant. Les slogans sont de plus en plus radicaux&nbsp;: «&nbsp;À bas la guerre&nbsp;!&nbsp;», «&nbsp;À bas l’autocratie&nbsp;!&nbsp;». Les confrontations avec les forces de l'ordre provoquent des morts et des blessés des deux côtés. Dans la soirée du 25 février 1917, Nicolas II ordonne de ''«&nbsp;faire cesser par la force, avant demain, les désordres à Petrograd&nbsp;»''. Le refus de toute négociation, de tout compromis va faire basculer le mouvement en une révolution.
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Le lendemain, le mouvement de protestation s'étend&nbsp;: près de 150 000 ouvriers grévistes convergent vers le centre-ville. N'ayant reçu aucune consigne précise, les [[Cosaques|cosaques]] sont débordés et ne parviennent plus à disperser la foule des manifestants.&nbsp;Les manifestants s’arment en pillant les postes de police. Des meetings s'improvisent.
    
A ce moment-là, du fait de la répression, il y a peu de dirigeants révolutionnaires présents à Petrograd. [[Lénine|Lénine]] et [[Julius_Martov|Martov]] sont à Zurich, [[Léon_Trotski|Trotski]] est à New York, [[Viktor_Tchernov|Tchernov]] à Paris, [[Irakli_Tsereteli|Tsereteli]], [[Fedor_Dan|Dan]] et [[Joseph_Staline|Staline]] en exil en Sibérie. Les socialistes de toute tendance ne réalisent pas immédiatement ce qui est en train de se passer. Le [[Bolchevik|bolchevik]] [[Alexandre_Chliapnikov|Chliapnikov]] (membre du [[Comité_central|comité central]] du parti) pense qu'il s'agit là plus d'une [[Émeute|émeute]] de la faim que d'une révolution en marche.
 
A ce moment-là, du fait de la répression, il y a peu de dirigeants révolutionnaires présents à Petrograd. [[Lénine|Lénine]] et [[Julius_Martov|Martov]] sont à Zurich, [[Léon_Trotski|Trotski]] est à New York, [[Viktor_Tchernov|Tchernov]] à Paris, [[Irakli_Tsereteli|Tsereteli]], [[Fedor_Dan|Dan]] et [[Joseph_Staline|Staline]] en exil en Sibérie. Les socialistes de toute tendance ne réalisent pas immédiatement ce qui est en train de se passer. Le [[Bolchevik|bolchevik]] [[Alexandre_Chliapnikov|Chliapnikov]] (membre du [[Comité_central|comité central]] du parti) pense qu'il s'agit là plus d'une [[Émeute|émeute]] de la faim que d'une révolution en marche.
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L'empereur mobilise les troupes de la garnison de la ville pour mater la rébellion. Le 11 mars (26 février), vers midi, la police et la troupe ouvrent le feu sur une colonne de manifestants. Plus de 150 personnes sont tuées, la foule reflue vers les faubourgs. Mais les soldats commencent à passer dans le camp des manifestants&nbsp;: la 4<sup>e</sup> compagnie du régiment Pavlovski ouvre le feu sur la police montée. Désemparé, n'ayant plus les moyens de gouverner, l'empereur proclame l'[[État_de_siège|état de siège]], ordonne le renvoi de la ''[[Douma|Douma]]'' et nomme un comité provisoire. L'insurrection aurait pu s'arrêter là mais, dans la nuit du 11 au 12 mars (26 -27 février), un événement fait basculer la situation&nbsp;: la [[Mutinerie|mutinerie]] de deux régiments d'élite, traumatisés d'avoir tiré sur leurs «&nbsp;frères ouvriers&nbsp;». La mutinerie se répand en l'espace de quelques heures. Au matin du 27 février 1917 soldats et ouvriers fraternisent, s'emparent de l'arsenal, distribuent des fusils à la foule et occupent les points stratégiques de la capitale. Au cours de la journée, la garnison de Petrograd (environ 150 000 hommes) est passée du côté des insurgés.
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Le 25 février 1917, la grève est [[Grève_générale|générale]]. Les manifestations vont en s'amplifiant. Les slogans sont de plus en plus repris et radicaux&nbsp;: «&nbsp;À bas la guerre&nbsp;!&nbsp;», «&nbsp;À bas l’autocratie&nbsp;!&nbsp;». Dans la soirée, Nicolas II ordonne de ''«&nbsp;faire cesser par la force, avant demain, les désordres à Petrograd&nbsp;»'' et mobilise les troupes de la garnison de la ville. Les confrontations avec les forces de l'ordre provoquent des morts et des blessés des deux côtés. Toutefois, la nuit, une partie de la troupe rejoint progressivement le camp des insurgés, qui peuvent ainsi s’armer plus convenablement.
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Le 26 février, vers midi, la police et la troupe ouvrent le feu sur une colonne de manifestants. Plus de 150 personnes sont tuées, la foule reflue vers les faubourgs. Mais les soldats commencent à passer dans le camp des manifestants&nbsp;: la 4<sup>e</sup> compagnie du régiment Pavlovski ouvre le feu sur la police montée. Désemparé, n'ayant plus les moyens de gouverner, l'empereur proclame l'[[État_de_siège|état de siège]], ordonne le renvoi de la ''[[Douma|Douma]]'' et nomme un comité provisoire.
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L'[[insurrection|insurrection]] aurait pu s'arrêter là mais, dans la nuit du 26 au 27 février, un événement fait basculer la situation&nbsp;: la [[Mutinerie|mutinerie]] de deux régiments d'élite, traumatisés d'avoir tiré sur leurs «&nbsp;frères ouvriers&nbsp;». La mutinerie se répand en l'espace de quelques heures. Au matin du 27 février 1917 soldats et ouvriers fraternisent, s'emparent de l'arsenal, distribuent des fusils à la foule et occupent les points stratégiques de la capitale. Au cours de la journée, la garnison de Petrograd (environ 150 000 hommes) est passée du côté des insurgés.
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=== L'abdication du tsar et la vague émancipatrice ===
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Pendant plusieurs jours, l'effervescence se poursuit dans le pays mais l'incertitude règne sur l'attitude qu'allaient adopter Nicolas II et les chefs militaires. Finalement, à la surprise générale, l'État-major fait pression sur l'empereur pour que celui-ci abdique ''«&nbsp;afin de sauver l'indépendance du pays et assurer la sauvegarde de la dynastie&nbsp;»''. Le général Mikhaïl Alekseïev, soutenu par les commandants des cinq fronts, le convainc en soutenant que l'abdication est le seul moyen de poursuivre la guerre contre l'Allemagne. Le 2 mars 1917 (n.s : 15 mars), Nicolas II renonce au trône en faveur de son frère, le grand-duc Mikhaïl Alexandrovitch Romanov. Devant la protestation populaire, celui-ci renonce à la couronne le lendemain. En cinq jours, sans avoir pu offrir la moindre résistance, [[tsarisme|l'Ancien Régime russe]] s'écroule comme un château de cartes.
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=== La formation d'un double pouvoir ===
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Ce premier épisode de la révolution a fait plus d'une centaine de victimes, en majorité parmi les manifestants. Mais la chute rapide et inattendue du régime, à un coût plutôt limité, suscite dans le pays une vague d'enthousiasme et d'émancipation. Une frénésie de prises de parole gagne toutes les couches de la société. Les meetings sont quotidiens et les orateurs se succèdent sans fin. Défilés et manifestations se multiplient. Des dizaines de milliers de lettres, d’adresses, de pétitions sont envoyées chaque semaine de tous les points du territoire pour faire connaître les soutiens, les doléances ou les revendications du peuple. Elles sont en particulier adressées au nouveau gouvernement provisoire et au soviet de Petrograd. Dans l’armée, le prikaze n°1 (ordre du jour) émis par le soviet de Petrograd interdit les brimades humiliantes des officiers et instaure pour les soldats les droits de réunion, de pétition et de presse. À Moscou, des travailleurs obligeaient leur patron à apprendre les fondements du futur droit ouvrier&nbsp;; à Odessa, les étudiants dictaient à leur professeur le nouveau programme d’histoire des civilisations&nbsp;; à Petrograd les acteurs se substituaient au directeur du théâtre et choisissaient le prochain spectacle. Des enfants revendiquaient même le droit d’apprendre la boxe pour pouvoir se faire entendre des grands. Dans cette période où toute forme d’autorité est rejetée, Lénine décrivait la Russie comme le ''«&nbsp;pays le plus libre du monde&nbsp;»''.
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Les militants révolutionnaires commencent à s'organiser au sein du mouvement des ouvriers et des soldats. Leur premier objectif est la création d'un [[Soviet|soviet]] pour fédérer [[Ouvrier|ouvriers]] et [[Militaire|soldats]], suivant l'expérience des soviets apparus dans la [[Révolution_russe_de_1905|révolution de 1905]].
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Ces premières semaines emplies d’espérance et de générosité sont très peu violentes, dans les villes comme dans les campagnes. Aucunes représailles ne furent par exemple exercées contre les anciens serviteurs du tsar, ce dernier étant simplement assigné à résidence&nbsp;; beaucoup peuvent librement se retirer ou partir à l’étranger, tandis que les exilés (dont Lénine) sont libres de revenir.
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Les social-démocrates ''«&nbsp;[[Interrayons|interrayons]]&nbsp;»'' de Petrograd furent parmi les plus réactifs. Le 27 février, ils saisissent une imprimerie et publient le premier tract appelant à un soulèvement armé.
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=== La formation d'un double pouvoir ===
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Le soir même, le Soviet de Petrograd se forme, et
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Les militants révolutionnaires commencent à s'organiser au sein du mouvement des ouvriers et des soldats. Leur premier objectif est la création d'un [[Soviet|soviet]] pour fédérer [[Ouvrier|ouvriers]] et [[Militaire|soldats]], suivant l'expérience des soviets apparus dans la [[Révolution_russe_de_1905|révolution de 1905]]. Les social-démocrates ''«&nbsp;[[Interrayons|interrayons]]&nbsp;»'' de Petrograd furent parmi les plus réactifs. Le 27 février, ils saisissent une imprimerie et publient le premier tract appelant à un soulèvement armé.
    
[[File:Meeting du Soviet de Petrogard.jpg|right|346x232px|Meeting du Soviet de Petrogard.jpg]]Dans l'après-midi du 27 février, une cinquantaine de militants de tendances révolutionnaires différentes — [[Bolcheviks|bolcheviks]], [[Mencheviks|mencheviks]], [[Parti_socialiste_révolutionnaire_(Russie)|socialistes-révolutionnaires]] — organisent un Comité exécutif provisoire des députés ouvriers. Ce comité décide de la création d'un journal, les ''[[Izvestia|Izvestia]]'', et appelle les ouvriers et les soldats de la garnison à élire leurs représentants. C'est l'acte de naissance du [[Soviet_de_Petrograd|Soviet de Petrograd]], assemblée de 600 personnes environ. Le Soviet est dirigé par un comité exécutif composé de 11 révolutionnaires qui se sont cooptés, et présidé par le menchevik [[Nicolas_Tchkhéidzé|Tchkhéidzé]]. Les interrayons se voient attribuer un siège, contre deux sièges pour chaque parti socialiste national&nbsp;: les <span class="mw-redirect">bolcheviks</span>, les <span class="new">mencheviks</span> et les <span class="new">socialistes-révolutionnaires</span>.
 
[[File:Meeting du Soviet de Petrogard.jpg|right|346x232px|Meeting du Soviet de Petrogard.jpg]]Dans l'après-midi du 27 février, une cinquantaine de militants de tendances révolutionnaires différentes — [[Bolcheviks|bolcheviks]], [[Mencheviks|mencheviks]], [[Parti_socialiste_révolutionnaire_(Russie)|socialistes-révolutionnaires]] — organisent un Comité exécutif provisoire des députés ouvriers. Ce comité décide de la création d'un journal, les ''[[Izvestia|Izvestia]]'', et appelle les ouvriers et les soldats de la garnison à élire leurs représentants. C'est l'acte de naissance du [[Soviet_de_Petrograd|Soviet de Petrograd]], assemblée de 600 personnes environ. Le Soviet est dirigé par un comité exécutif composé de 11 révolutionnaires qui se sont cooptés, et présidé par le menchevik [[Nicolas_Tchkhéidzé|Tchkhéidzé]]. Les interrayons se voient attribuer un siège, contre deux sièges pour chaque parti socialiste national&nbsp;: les <span class="mw-redirect">bolcheviks</span>, les <span class="new">mencheviks</span> et les <span class="new">socialistes-révolutionnaires</span>.
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À Moscou, les nouvelles de Petrograd déclenchent la [[Grève_générale|grève générale]] et provoquent l'élection d'un Comité révolutionnaire provisoire.
 
À Moscou, les nouvelles de Petrograd déclenchent la [[Grève_générale|grève générale]] et provoquent l'élection d'un Comité révolutionnaire provisoire.
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Parallèlement à la constitution de ce soviet, se met en place un autre organe de pouvoir. Un groupe de députés de la [[Douma_d'État_de_l’Empire_russe|Douma]] forme, le même jour, un Comité provisoire pour «&nbsp;le rétablissement de l'ordre gouvernemental et public&nbsp;». Pour ce comité, la priorité est au retour à l'ordre, et d'abord, au retour des soldats mutinés dans leurs baraquements. Entre ce comité et le soviet de Petrograd, de longues négociations aboutissent, le 2 mars 1917, à un compromis. Le soviet reconnaît, en attendant la convocation d'une [[Assemblée_constituante_(Russie)|Assemblée constituante]], la légitimité d'un [[Gouvernement_provisoire_(Russie)|gouvernement provisoire]] à tendance [[Libéralisme|libérale]], composé majoritairement de représentants du [[Parti_constitutionnel_démocratique|Parti constitutionnel démocratique]] (et ne comptant aucun socialiste dans ses rangs). Cependant, le [[Gouvernement_provisoire_(Russie)|gouvernement provisoire de Russie]] est sommé d'appliquer un vaste programme de réformes démocratiques, fondé sur l'octroi des [[Libertés_fondamentales|libertés fondamentales]], le [[Suffrage_universel|suffrage universel]], l'abolition de toute forme de [[Discrimination|discrimination]], la suppression de la police, la reconnaissance des droits du soldat-citoyen et une [[Amnistie|amnistie]] immédiate de tous les [[Crime_politique|prisonniers politiques]].
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Plus généralement, la quasi-totalité du pays est couvert en quelques semaines de soviets d’ouvriers, de paysans, de soldats ou de marins.
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Le compromis du 2 mars 1917 marque la naissance d'un [[Double_pouvoir|double pouvoir]], où s'opposent deux conceptions différentes de l'avenir de la société russe. D'un côté, le gouvernement provisoire est soucieux de faire de la Russie une grande puissance libérale et capitaliste et d'orienter la vie politique russe sur la voie du [[Régime_parlementaire|parlementarisme]]. De l'autre, les soviets tentent d'instaurer une autre façon de faire de la politique, en représentant de manière directe les «&nbsp;masses&nbsp;».
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Parallèlement et à la constitution du soviet de Petrograd et le même jour, se met en place un autre organe de pouvoir. Un groupe de députés de la [[Douma_d'État_de_l’Empire_russe|Douma]] forme un Comité provisoire pour «&nbsp;le rétablissement de l'ordre gouvernemental et public&nbsp;». Ils sont dirigés par Michel Rodzianko, ancien officier du Tsar, monarchiste et riche propriétaire terrien. Pour ce comité, la priorité est au retour à l'ordre, et d'abord, au retour des soldats mutinés dans leurs baraquements.
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Jusqu'à ce compromis, l'incertitude régnait sur l'attitude qu'allaient adopter Nicolas II et les chefs militaires. Finalement, à la surprise générale, l'État-major fait pression sur l'empereur pour que celui-ci abdique ''«&nbsp;afin de sauver l'indépendance du pays et assurer la sauvegarde de la dynastie&nbsp;»''. Le général Mikhaïl Alekseïev, soutenu par les commandants des cinq fronts, le convainc en soutenant que l'abdication est le seul moyen de poursuivre la guerre contre l'Allemagne. Le 2 mars 1917, Nicolas II renonce au trône en faveur de son frère, le grand-duc Mikhaïl Alexandrovitch Romanov.
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Entre ce comité et le soviet de Petrograd, de longues négociations aboutissent, le 2 mars 1917, à un compromis. Le soviet reconnaît, en attendant la convocation d'une [[Assemblée_constituante_(Russie)|Assemblée constituante]], la légitimité d'un [[Gouvernement_provisoire_(Russie)|gouvernement provisoire]] à tendance [[Libéralisme|libérale]], composé majoritairement de représentants du [[Parti_constitutionnel_démocratique|Parti constitutionnel démocratique]] (et ne comptant aucun socialiste dans ses rangs). Cependant, le [[Gouvernement_provisoire_(Russie)|gouvernement provisoire de Russie]] est sommé d'appliquer un vaste programme de réformes démocratiques, fondé sur l'octroi des [[Libertés_fondamentales|libertés fondamentales]], le [[Suffrage_universel|suffrage universel]], l'abolition de la [[peine_de_mort|peine de mort]], de l'[[antisémitisme|antisémitisme]] d'Etat et de toute forme de discrimination légale, la suppression de la [[police|police]], la reconnaissance des droits du soldat-citoyen et une [[Amnistie|amnistie]] immédiate de tous les [[Crime_politique|prisonniers politiques]]. L’Église orthodoxe, sous tutelle depuis Pierre le Grand, s'organise librement.
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Devant la protestation populaire, celui-ci renonce à la couronne le lendemain. En cinq jours, sans avoir pu offrir la moindre résistance, l'Ancien Régime russe s'écroule comme un château de cartes.
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Le compromis du 2 mars 1917 marque la naissance d'un [[Double_pouvoir|double pouvoir]], où s'opposent deux conceptions différentes de l'avenir de la société russe. D'un côté, le gouvernement provisoire est soucieux de faire de la Russie une grande puissance libérale et capitaliste et d'orienter la vie politique russe sur la voie du [[Régime_parlementaire|parlementarisme]]. De l'autre, les soviets tentent d'instaurer une autre façon de faire de la politique, en représentant de manière directe les «&nbsp;masses&nbsp;».
 
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C'est de fait la fin du tsarisme, et les premières élections au soviet des ouvriers de Petrograd. Le premier épisode de la révolution a fait des centaines de victimes, en majorité parmi les manifestants. Mais la chute rapide et inattendue du régime, à un coût plutôt limité, suscite dans le pays une vague d'enthousiasme et de libéralisation, qui témoigne de la désaffection du peuple vis-à-vis du tsarisme.
      
== Positions des social-démocrates ==
 
== Positions des social-démocrates ==
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*Marc Ferro, ''La Révolution de 1917. La chute du tsarisme et les origines d'Octobre'', Aubier, Paris, 1967.  
 
*Marc Ferro, ''La Révolution de 1917. La chute du tsarisme et les origines d'Octobre'', Aubier, Paris, 1967.  
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*Marc Ferro, ''La Révolution d’Octobre'', L’Humanité en marche, Éd. du Burrin, 1972
 
*{{Ouvrage|langue=fr |nom1=Pipes|prénom1= Richard|lien auteur1= Richard Pipes|titre= La Révolution russe |éditeur= P.U.F.|collection= Connaissance de l'Est|lieu= Paris|année=1993|pages totales=866 |numéro chapitre=8 |titre chapitre=La Révolution de Février |isbn= 978-2-130453734|id=RP|lire en ligne= }}  
 
*{{Ouvrage|langue=fr |nom1=Pipes|prénom1= Richard|lien auteur1= Richard Pipes|titre= La Révolution russe |éditeur= P.U.F.|collection= Connaissance de l'Est|lieu= Paris|année=1993|pages totales=866 |numéro chapitre=8 |titre chapitre=La Révolution de Février |isbn= 978-2-130453734|id=RP|lire en ligne= }}  
 
*{{Ouvrage|langue=fr |nom1=Figes|prénom1=Orlando|lien auteur1= Orlando Figes|titre= La Révolution russe|sous-titre=1891-1924 : la tragédie d'un peuple |traducteur=Pierre-Emmanuel Dauzat|préface=[[Marc Ferro]]|éditeur=Denoel |lieu= Paris|année=2007 |pages totales=1107 |isbn=978-2-207-25839-2 |id=OF|lire en ligne= }}  
 
*{{Ouvrage|langue=fr |nom1=Figes|prénom1=Orlando|lien auteur1= Orlando Figes|titre= La Révolution russe|sous-titre=1891-1924 : la tragédie d'un peuple |traducteur=Pierre-Emmanuel Dauzat|préface=[[Marc Ferro]]|éditeur=Denoel |lieu= Paris|année=2007 |pages totales=1107 |isbn=978-2-207-25839-2 |id=OF|lire en ligne= }}  

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