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[[File:Octoberrevolution 198.jpg|right|346x400px|Octoberrevolution 198.jpg]]Les bolchéviks consacrent leur énergie à l’agitation en faveur du pouvoir aux soviets. Les orateurs manquent (Lénine est toujours réfugié en Finlande, Kamenev et Zinoviev s’opposent à la ligne…), mais l’agitation est efficace dans les masses, et Trotsky en particulier joue un rôle clé. La [[Dualité_de_pouvoir|dualité de pouvoir]] est à un point de basculement. Dans la capitale, la question est ''« qui dirige les bandes d'hommes armées »'', c'est-à-dire le fondement de l'[[Etat|Etat]]. Le soviet de Pétrograd décide la création d’un [[Comité_militaire_révolutionnaire|Comité militaire révolutionnaire]] (avec à sa tête un jeune [[SR_de_gauche|SR de gauche]], [[Pavel_Lasimir|Lasimir]]), qui coordonne les soldats fidèles aux soviets. Une section de [[Garde_rouge|gardes rouges]] (ouvriers armés) est également créée. Le gouvernement s’inquiète, et réclame les troupes de Pétrograd pour le front. Mais la délégation du soviet tient tête et refuse.
 
[[File:Octoberrevolution 198.jpg|right|346x400px|Octoberrevolution 198.jpg]]Les bolchéviks consacrent leur énergie à l’agitation en faveur du pouvoir aux soviets. Les orateurs manquent (Lénine est toujours réfugié en Finlande, Kamenev et Zinoviev s’opposent à la ligne…), mais l’agitation est efficace dans les masses, et Trotsky en particulier joue un rôle clé. La [[Dualité_de_pouvoir|dualité de pouvoir]] est à un point de basculement. Dans la capitale, la question est ''« qui dirige les bandes d'hommes armées »'', c'est-à-dire le fondement de l'[[Etat|Etat]]. Le soviet de Pétrograd décide la création d’un [[Comité_militaire_révolutionnaire|Comité militaire révolutionnaire]] (avec à sa tête un jeune [[SR_de_gauche|SR de gauche]], [[Pavel_Lasimir|Lasimir]]), qui coordonne les soldats fidèles aux soviets. Une section de [[Garde_rouge|gardes rouges]] (ouvriers armés) est également créée. Le gouvernement s’inquiète, et réclame les troupes de Pétrograd pour le front. Mais la délégation du soviet tient tête et refuse.
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Le Comité militaire révolutionnaire (CMR) poursuit ses préparatifs, avec en particulier des mesures préventives contre les forces contre-révolutionnaires (junkers, cosaques, cent-noirs). Pendant les jours qui précèdent le Congrès des soviets (finalement repoussé au 25 octobre pour des raisons techniques), la presse bourgeoise annonce des manifestations des bolchéviks. Mais ceux-ci ne font que recenser leurs troupes en vue de l’insurrection, ils s’assurent que les masses de Pétrograd et des alentours leur sont acquises. Parfois ils s'assurent au moins de la neutralité de certaines troupes. Les meetings renforcent à la fois les masses et leurs dirigeants dans l’idée que tout est prêt pour l’insurrection. Un meeting de Trotsky finit de convaincre les soldats de la forteresse Pierre-et-Paul, jusque-là réfractaires à l’autorité du Comité militaire.
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Le Comité militaire révolutionnaire (CMR) poursuit ses préparatifs, avec en particulier des mesures préventives contre les forces contre-révolutionnaires ([[junkers|junkers]], [[cosaques|cosaques]], [[cent-noirs|cent-noirs]]). Pendant les jours qui précèdent le Congrès des soviets (finalement repoussé au 25 octobre pour des raisons techniques), la presse bourgeoise annonce des manifestations des bolchéviks. Mais ceux-ci ne font que recenser leurs troupes en vue de l’insurrection, ils s’assurent que les masses de Pétrograd et des alentours leur sont acquises. Parfois ils s'assurent au moins de la neutralité de certaines troupes. Les meetings renforcent à la fois les masses et leurs dirigeants dans l’idée que tout est prêt pour l’insurrection. Un meeting de Trotsky finit de convaincre les soldats de la forteresse Pierre-et-Paul, jusque-là réfractaires à l’autorité du Comité militaire.
    
=== L’insurrection du 24-25 octobre ===
 
=== L’insurrection du 24-25 octobre ===
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Le Congrès déclare que le pouvoir est désormais aux mains des soviets, et Lénine déclare qu'il s’agit ''« d’édifier l’ordre socialiste »''. Les premières mesures politiques du nouveau pouvoir sont prises par le Congrès lui-même, dans la nuit du 26 au 27. En 33 heures sont prises des mesures que le gouvernement provisoire n’avait pas pris en 8 mois d’existence :
 
Le Congrès déclare que le pouvoir est désormais aux mains des soviets, et Lénine déclare qu'il s’agit ''« d’édifier l’ordre socialiste »''. Les premières mesures politiques du nouveau pouvoir sont prises par le Congrès lui-même, dans la nuit du 26 au 27. En 33 heures sont prises des mesures que le gouvernement provisoire n’avait pas pris en 8 mois d’existence :
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*appel à tous les pays belligérants pour mettre fin à la guerre et discuter d’une paix juste et démocratique,  
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*appel à tous les pays belligérants pour [[Paix_de_Brest-Litovsk|mettre fin à la guerre]] et discuter d’une paix juste et démocratique,  
 
*décret qui affirme que la terre appartient à ceux qui la cultivent,  
 
*décret qui affirme que la terre appartient à ceux qui la cultivent,  
 
*décret instaurant le [[Contrôle_ouvrier|contrôle ouvrier]] dans les usines et la [[Journée_de_8_heures|journée de 8 heures]],  
 
*décret instaurant le [[Contrôle_ouvrier|contrôle ouvrier]] dans les usines et la [[Journée_de_8_heures|journée de 8 heures]],  
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== Les suites immédiates de la révolution d’Octobre ==
 
== Les suites immédiates de la révolution d’Octobre ==
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=== La question du gouvernement ===
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=== La question du gouvernement et de la Constituante ===
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{{Article détaillé|Sovnarkom|Assemblée constituante russe de 1918}}
    
Le Sovnarkom était initialement composé uniquement de bolchéviks, ce qui avait été approuvé par le <abbr title="Deuxième" class="abbr">2<sup>e</sup></abbr> Congrès des Soviets. Mais ce point a soulevé de violents débats et a failli mener à la scission le parti bolchévik. C'étaient [[Lénine|Lénine]] et [[Trotsky|Trotsky]] qui étaient les plus fermement opposés à la participation des autres partis socialistes. Le compromis trouvé est que les négociations se poursuivront, et finalement des [[SR_de_gauche|SR de gauche]] entreront au Sovnarkom en décembre. Mais après leurs attentats de juillet 1918, les SR de gauche seront interdits, et les bolchéviks seront définitivement seuls au pouvoir.
 
Le Sovnarkom était initialement composé uniquement de bolchéviks, ce qui avait été approuvé par le <abbr title="Deuxième" class="abbr">2<sup>e</sup></abbr> Congrès des Soviets. Mais ce point a soulevé de violents débats et a failli mener à la scission le parti bolchévik. C'étaient [[Lénine|Lénine]] et [[Trotsky|Trotsky]] qui étaient les plus fermement opposés à la participation des autres partis socialistes. Le compromis trouvé est que les négociations se poursuivront, et finalement des [[SR_de_gauche|SR de gauche]] entreront au Sovnarkom en décembre. Mais après leurs attentats de juillet 1918, les SR de gauche seront interdits, et les bolchéviks seront définitivement seuls au pouvoir.
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=== Que faire face à la contre-révolution&nbsp;? ===
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Par ailleurs, les élections pour la Constituante, prévues depuis juin, devaient avoir lieu le le 12 novembre (n.s. 25). Espérant une validation du système soviétique, les bolchéviks décident de maintenir le processus constituant. Le Sovnarkom élu par le Congrès des soviet d'Octobre était donc officiellement un gouvernement provisoire, jusqu'à la réunion de l'Assemblée constituante en janvier 1918.
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Dès le 12 novembre, le nouveau pouvoir doit faire échec à une tentative de reconquête de Petrograd menée par <span class="mw-redirect">Kerenski</span> et les Cosaques du général <span class="mw-disambig">Krasnov</span>. Ces derniers sont appuyés à Petrograd même par une mutinerie des élèves officiers (''junkers''), dont les SR ont pris la tête. Les ''junkers'' sont rapidement défaits par les gardes rouges. Arrivés à <span class="nowrap">20&nbsp;kilomètres</span> de la capitale, les cosaques rencontrèrent la résistance de ces derniers, et subissent des pertes importantes. Le général Krasnov est remis en liberté avec d'autres officiers contre leur parole de ne pas reprendre les armes contre le régime soviétique.
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Mais les résultats ne donnèrent qu'une minorité aux bolcheviks et SR de gauche. Malgré la nette majorité bolchévique dans les villes et parmi les soldats, les campagnes votent pour des notables SR.&nbsp;La rupture des [[SR_de_gauche|SR de gauche]] ne s'était pas encore clairement matérialisée dans bien des endroits. Lors de la réunion de la Constituante le 5 janvier (n.s. 18), ces notables SR font voter avec les menchéviks l'abolition des mesures depuis Octobre... Pourtant le 3<sup>e</sup> [[congrès_des_soviets|congrès des soviets]] qui se réunit aussi en janvier 1918 prouve que la paysannerie soutient les mesures (le [[partage_des_terres|partage des terres]] avant tout) : les SR de droite n'ont même pas 1% des délégués. Refusant la légitimité de cette Constituante réactionnaire, les bolchéviks et les SR de gauche décident alors de la dissoudre, et de faire du Congrès des Soviets l'organe dirigeant du pays.
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De son côté, le grand Quartier général (la «&nbsp;stavka&nbsp;») de l’armée russe annonce le 31 octobre sa volonté de marcher sur Petrograd «&nbsp;afin d’y rétablir l’ordre&nbsp;». Rejoint par les chefs du parti SR, [[Tchernov|Tchernov]] et Gots, il propose la création d’un «&nbsp;gouvernement de l’ordre&nbsp;». Cependant, la masse des soldats passe peu à peu aux bolcheviks, arrêtant les officiers. Le 9 novembre, Lénine appelle les soldats à s’opposer à la tentative contre-révolutionnaire des officiers, à élire des représentants et engager directement des négociations d’armistice. Le 18 novembre, l’état-major doit fuir dans le sud, le généralissime Doukhonine étant massacré par ses propres soldats.&nbsp; L'armistice avec les Empires centraux est signé le 15 décembre.
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=== Défense face à la contre-révolution ===
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[[File:Octoberrevolution 54.jpg|right|333x388px|Octoberrevolution 54.jpg]]La révolution victorieuse est généreuse&nbsp;: des représentants de la bourgeoisie, notamment des officiers et élèves-officers, faits prisonniers au moment de l’insurrection, sont libérés sur parole par le pouvoir soviétique. En échange, ils s’engagent à ne pas essayer de renverser le pouvoir soviétique. Mais la plupart, à peine libérés, trahissant leur parole, préparent, organisent ou essayent d’organiser des soulèvements armés, comme à Moscou.
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Lors de l'insurrection du 7 novembre (n.s) à Petrograd, de nombreuses régions sont encore contrôlées par des forces réactionnaires même la lutte de classe les met sur la sellette.&nbsp;La bourgeoisie par l’intermédiaire de son parti, le parti KD, et de ses relais dans l’armée et l'appareil d’État, s’efforce de rétablir son pouvoir par la violence. Les fonctionnaires de Petrograd se sont mis en grève pour protester. Le 9 novembre, Lénine appelle les soldats à s’opposer à toute tentative contre-révolutionnaire des officiers, à élire des représentants et engager directement des [[Paix_de_Brest-Litovsk|négociations d’armistice]].
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La bourgeoisie par l’intermédiaire de son parti, le parti KD, et de ses relais dans l’armée et le vieil appareil d’État, s’efforce de rétablir son pouvoir par la violence. Les fonctionnaires de Petrograd se sont mis en grève pour protester.
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Dès le 12 novembre, Kerensky tente une contre-attaque à l'aide des Cosaques du général <span class="mw-disambig">Krasnov</span>. Ces derniers sont appuyés à Petrograd même par une mutinerie des [[junkers|junkers]], avec des SR à leur tête. Les junkers sont rapidement défaits par les [[gardes_rouges|gardes rouges]]. Arrivés à <span class="nowrap">20 km</span> de la capitale, les cosaques se heurtent à leur tour aux gardes rouges et subissent de lourdes pertes.
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Le 13 novembre, le grand Quartier général (''stavka'') de l’armée russe annonce marcher sur Petrograd «&nbsp;afin d’y rétablir l’ordre&nbsp;». Rejoint par les chefs du parti SR, [[Tchernov|Tchernov]] et [[Mikhail_Gots|Gots]], il propose la création d’un «&nbsp;gouvernement de l’ordre&nbsp;». Cependant, la masse des soldats passe peu à peu aux bolcheviks, arrêtant les officiers. Le 18 novembre, l’état-major doit fuir dans le sud, le généralissime Doukhonine étant massacré par ses propres soldats.&nbsp; L'armistice avec les Empires centraux est signé le 15 décembre.
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[[File:Octoberrevolution 54.jpg|right|333x388px|Octoberrevolution 54.jpg]]La révolution victorieuse est généreuse&nbsp;: des officiers et junkers&nbsp;faits prisonniers, et même des généraux comme Krasnov, sont libérés aussitôt contre leur parole de ne pas reprendre les armes contre les soviets. Mais la plupart, à peine libérés, trahissant leur parole, préparent, organisent ou essayent d’organiser des soulèvements armés.
    
Les [[Mencheviks|mencheviks]] et les socialistes-révolutionnaires (SR) de droite, quant à eux, s’opposent au pouvoir issu de la révolution&nbsp;: après avoir quitté le II<sup>e</sup> Congrès des Soviets, où ils étaient en minorité, ils refusent d’envoyer leurs délégués au Comité exécutif central des soviets de Russie en proportion de leur représentation à ce congrès. Et ils prétendent substituer au gouvernement élu par ce dernier (conseil des commissaires du peuple) un gouvernement de coalition comprenant des bolcheviks, des mencheviks, des SR et des socialistes populistes (ces derniers étant dirigés par Kerensky, lequel, chef du gouvernement provisoire d’avant Octobre, avait multiplié les actes de répression contre les travailleurs et les soldats, ouvrant la voie à la préparation du coup d’État militaire de Kornilov). Le Comité exécutif du syndicat des cheminots, dirigé par les mencheviks, menace de bloquer le ravitaillement de la capitale si le gouvernement soviétique ne cède pas.
 
Les [[Mencheviks|mencheviks]] et les socialistes-révolutionnaires (SR) de droite, quant à eux, s’opposent au pouvoir issu de la révolution&nbsp;: après avoir quitté le II<sup>e</sup> Congrès des Soviets, où ils étaient en minorité, ils refusent d’envoyer leurs délégués au Comité exécutif central des soviets de Russie en proportion de leur représentation à ce congrès. Et ils prétendent substituer au gouvernement élu par ce dernier (conseil des commissaires du peuple) un gouvernement de coalition comprenant des bolcheviks, des mencheviks, des SR et des socialistes populistes (ces derniers étant dirigés par Kerensky, lequel, chef du gouvernement provisoire d’avant Octobre, avait multiplié les actes de répression contre les travailleurs et les soldats, ouvrant la voie à la préparation du coup d’État militaire de Kornilov). Le Comité exécutif du syndicat des cheminots, dirigé par les mencheviks, menace de bloquer le ravitaillement de la capitale si le gouvernement soviétique ne cède pas.
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[[File:Lenin 7 november 1918 speech 1year great socialist october revolution red square.jpg|right|378x251px|Lenin 7 november 1918 speech 1year great socialist october revolution red square.jpg]]Le gouvernement soviétique, au contraire, s’est efforcé d’aider les travailleurs salariés et les paysans pauvres à lutter contre les bourgeois et les paysans riches, tout en essayant d’obtenir la bienveillante neutralité du paysan moyen (celui qui peut vivre de sa terre sans employer de salarié). Dans les premiers jours qui suivent la révolution d’Octobre, la grande majorité du prolétariat est déjà ouvertement du côté du pouvoir soviétique, mais la position de la paysannerie est encore incertaine. Pour la gagner à la révolution prolétarienne, le gouvernement soviétique fait connaître dans les campagnes ses premières mesures et convoque un congrès extraordinaire des soviets de délégués paysans de Russie. Parmi les délégués, on compte 197 SR de gauche, 65 SR de droite et 37 bolcheviks. Au terme d’une âpre lutte politique, les délégués de ce congrès, tout en reprenant la revendication menchevik et SR de la formation d’un gouvernement de coalition incluant, en plus des bolcheviks et des SR de gauche, des mencheviks, des SR de droite et des socialistes-populistes, affirme que ce gouvernement devra appliquer le programme adopté par le IIe Congrès des soviets de Russie, réuni en Octobre. Il démontre ainsi que le développement de la lutte entre les classes au cours de la révolution, modelé par un combat politique acharné entre les partis qui les représentent, a fini par placer, malgré ses oscillations constantes, la majorité de la paysannerie du côté du pouvoir soviétique. Car seul ce pouvoir s’est révélé capable d’apporter à une réponse positive aux revendications paysannes, en décidant l’expropriation des propriétaires fonciers et la répartition égalitaire de la terre entre les paysans. La conquête du pouvoir par le prolétariat permet ainsi de grouper autour de lui tous les opprimés, ce qui est une condition pour la victoire finale.
 
[[File:Lenin 7 november 1918 speech 1year great socialist october revolution red square.jpg|right|378x251px|Lenin 7 november 1918 speech 1year great socialist october revolution red square.jpg]]Le gouvernement soviétique, au contraire, s’est efforcé d’aider les travailleurs salariés et les paysans pauvres à lutter contre les bourgeois et les paysans riches, tout en essayant d’obtenir la bienveillante neutralité du paysan moyen (celui qui peut vivre de sa terre sans employer de salarié). Dans les premiers jours qui suivent la révolution d’Octobre, la grande majorité du prolétariat est déjà ouvertement du côté du pouvoir soviétique, mais la position de la paysannerie est encore incertaine. Pour la gagner à la révolution prolétarienne, le gouvernement soviétique fait connaître dans les campagnes ses premières mesures et convoque un congrès extraordinaire des soviets de délégués paysans de Russie. Parmi les délégués, on compte 197 SR de gauche, 65 SR de droite et 37 bolcheviks. Au terme d’une âpre lutte politique, les délégués de ce congrès, tout en reprenant la revendication menchevik et SR de la formation d’un gouvernement de coalition incluant, en plus des bolcheviks et des SR de gauche, des mencheviks, des SR de droite et des socialistes-populistes, affirme que ce gouvernement devra appliquer le programme adopté par le IIe Congrès des soviets de Russie, réuni en Octobre. Il démontre ainsi que le développement de la lutte entre les classes au cours de la révolution, modelé par un combat politique acharné entre les partis qui les représentent, a fini par placer, malgré ses oscillations constantes, la majorité de la paysannerie du côté du pouvoir soviétique. Car seul ce pouvoir s’est révélé capable d’apporter à une réponse positive aux revendications paysannes, en décidant l’expropriation des propriétaires fonciers et la répartition égalitaire de la terre entre les paysans. La conquête du pouvoir par le prolétariat permet ainsi de grouper autour de lui tous les opprimés, ce qui est une condition pour la victoire finale.
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=== La dissolution de l'assemblée constituante ===
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== L'évolution de l'Etat soviétique ==
 
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{{Article détaillé|Assemblée constituante russe de 1918}}
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Entre avril et juillet 1917, les bolchéviks avaient revendiqué la constituante en soutenant qu'une démocratie bourgeoise (avec constituante) est meilleure qu'un régime bourgeois sans constituante, tout en maintenant leur ligne ''«&nbsp;tout le pouvoir aux soviets&nbsp;»'' et en expliquant inlassablement qu'une république soviétique serait supérieure à une république parlementaire. Le gouvernement provisoire repoussait la convocation de la constituante en prétextant les difficultés de la guerre. Finalement, en juin il annonce les élections pour novembre (la guerre est toujours en cours...). Quand à partir d'août les bolchéviks deviennent majoritaires dans les soviets, les cadets, SR et menchéviks deviennent farouchement partisans de la Constituante comme summum de la démocratie.
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Suite à l'insurrection de la nuit du 25-26 octobre (n.s. 7-8 novembre), les bolchéviks dispersent le gouvernement provisoireet mettent en place un [[Conseil_des_commissaires_du_peuple_(URSS)|Conseil des commissaires du peuple]]. Espérant une validation du système soviétique, les bolchéviks décident de maintenir les élections de la Constituante, qui ont lieu le 12 novembre (n.s. 25).
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Mais les résultats ne donnèrent qu'une minorité aux bolcheviks et SR de gauche. Malgré la nette majorité bolchévique dans les villes et parmi les soldats, les campagnes votent majoritairement pour des notables SR. La rupture des SR de gauche qui ne faisait que débuter ne s'était pas clairement matérialisée dans bien des endroits. Les élections au congrès pan-russe des soviets réuni en janvier 1918 donnent lieu à l’écrasement des SR de droite, qui n’obtiennent que 7 délégués, soit moins de 1&nbsp;%, tandis que les SR de gauche raflent plus de 30&nbsp;% des sièges.
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Lors de la réunion de la Constituante le 5 janvier (n.s. 18) , les mencheviks et les SR de droite présentèrent une motion proposant d’abolir toutes les mesures prises par le pouvoir soviétique depuis octobre (décret sur la terre, adresse internationale pour mettre fin à la guerre, décret sur le contrôle ouvrier...) et affirmant la suprématie de la Constituante sur les Soviets. Dans ces conditions, les bolchéviks, suivi des SR de gauche, quittent l'assemblée. Ils décident alors de dissoudre l'Assemblée et de faire du [[Congrès_des_Soviets|Congrès des Soviets]] l'organe dirigeant du pays.
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Par delà les formes institutionnelles, la lutte entre les Soviets et la Constituante était essentiellement au coeur de la lutte entre la révolution prolétarienne et la contre-révolution bourgeoise. Après l’échec de la voie putschiste pour en finir avec la révolution (échec du coup d’État de Kornilov fin août 1917), la bourgeoisie a cherché une autre façon de mettre un terme à la révolution, qui signifiait son expropriation et sa perte du pouvoir politique. Entre septembre 1917 et janvier 1918, elle a concentré son offensive sur la question de la Constituante en arguant du caractère sacré de la «&nbsp;démocratie&nbsp;». Dès avant l’échec de cette manœuvre, mais surtout après, la bourgeoisie russe passait à l’option militaire&nbsp;: elle déclenchait la guerre civile, avec l’appui des tous les pays capitalistes réunis dans une grande offensive contre la République des soviets (Japon, France, Angleterre, Roumanie, Allemagne, etc).
      
=== La guerre civile et le ''«&nbsp;communisme de guerre&nbsp;»'' ===
 
=== La guerre civile et le ''«&nbsp;communisme de guerre&nbsp;»'' ===

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