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Cette page développe les '''premières mesures prises par le gouvernement bolchévik''' au lendemain de la [[Révolution_d'Octobre|Révolution d'Octobre 1917]].
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Cette page développe les '''premières mesures prises par le gouvernement soviétique''' au lendemain de la [[Révolution_d'Octobre|Révolution d'Octobre 1917]].
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Les toutes premières mesures ont été prises par le 2<sup>e</sup> [[congrès_des_soviets|congrès des soviets]] au lendemain de l'insurrection (25 octobre, n.s : 7 novembre), donc par des délégués [[bolchéviks|bolchéviks]], [[SR_de_gauche|SR de gauche]] et [[menchéviks_internationalistes|menchéviks internationalistes]]. Parmi elles il y eut la mise en place du nouveau gouvernement, le [[Soviet_des_commissaires_du_peuple|Soviet des commissaires du peuple]].
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Ce gouvernement est d'abord composé uniquement de bolchéviks, puis à partir de décembre 1917 intègre des SR de gauche. Après leurs attentats de juillet 1918, les SR de gauche seront interdits.
    
== La paix ==
 
== La paix ==
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[[File:Dekret o mire.png|thumb|right|256x352px|Dekret o mire.png]]La toute première mesure fut de lancer un appel «&nbsp;''aux peuples et aux gouvernements de toutes les nations belligérantes''&nbsp;» en vue d’une «&nbsp;''paix démocratique juste''&nbsp;», c’est-à-dire «''&nbsp;immédiate, sans annexions (…) et sans réparations''&nbsp;». Le texte précise que «&nbsp;''par annexion (…), le gouvernement entend (…) toute incorporation à un État, grand ou puissant, d’une nationalité petite ou faible, sans le consentement et le désir formel, clairement exprimé, de cette dernière''&nbsp;». Il rejette tous les prétextes habituellement utilisés pour justifier de telles pratiques&nbsp;: ancienneté de l’annexion, retard économique, archaïsme politique, etc. En effet, «''&nbsp;le gouvernement estime que continuer cette guerre pour savoir comment partager entre les nations fortes et riches les peuples faibles conquis par elles serait commettre le plus grand crime contre l’humanité''&nbsp;». L’appel précise encore la décision du gouvernement soviétique d’abolir la [[Diplomatie_secrète|diplomatie secrète]] et de «&nbsp;''mener les pourparlers au grand jour, devant le peuple entier&nbsp;''».
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[[File:Dekret o mire.png|thumb|right|256x352px|Dekret o mire.png]]La toute première mesure, prise par le [[Congrès_des_soviets|Congrès des soviets]], fut de lancer un appel «&nbsp;''aux peuples et aux gouvernements de toutes les nations belligérantes''&nbsp;» en vue d’une «&nbsp;''paix démocratique juste''&nbsp;», c’est-à-dire «''&nbsp;immédiate, sans annexions (…) et sans réparations''&nbsp;». Le texte précise que «&nbsp;''par annexion (…), le gouvernement entend (…) toute incorporation à un État, grand ou puissant, d’une nationalité petite ou faible, sans le consentement et le désir formel, clairement exprimé, de cette dernière''&nbsp;». Il rejette tous les prétextes habituellement utilisés pour justifier de telles pratiques&nbsp;: ancienneté de l’annexion, retard économique, archaïsme politique, etc. En effet, «''&nbsp;le gouvernement estime que continuer cette guerre pour savoir comment partager entre les nations fortes et riches les peuples faibles conquis par elles serait commettre le plus grand crime contre l’humanité''&nbsp;». L’appel précise encore la décision du gouvernement soviétique d’abolir la [[Diplomatie_secrète|diplomatie secrète]] et de «&nbsp;''mener les pourparlers au grand jour, devant le peuple entier&nbsp;''».
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Le texte inclut aussi une proposition d’armistice immédiat, afin de rendre possibles des négociations immédiates. Rédigé par [[Lénine|Lénine]], il est délibérément souple, précisant que le gouvernement accepterait d’&nbsp;«&nbsp;examiner toutes autres conditions de paix&nbsp;»&nbsp;: en cas de poursuite de la guerre, l’entière responsabilité devait en incomber aux rapaces [[impérialistes|impérialistes]]. Le gouvernement révolutionnaire comptait ouvertement avant tout sur l’initiative révolutionnaire du prolétariat des principaux pays impérialistes d’Europe (Angleterre, France, Allemagne) pour atteindre ces objectifs. L’expérience russe confirmait en effet que seule la conquête du pouvoir par le prolétariat, c’est-à-dire la transformation de la [[guerre_impérialiste|guerre impérialiste]] en [[guerre_civile|guerre civile]] entre le prolétariat et la bourgeoisie, pouvait permettre de mettre un terme à cette guerre. Pour leur part, les [[Mencheviks|mencheviks]] et les [[S-R|S-R]] au pouvoir avaient continué d’envoyer ouvriers et paysans se faire tuer pour agrandir le territoire russe vers le Sud et sauvegarder les intérêts des impérialistes [[impérialisme_français|français]] et [[impérialisme_anglais|anglais]]. En refusant les propositions du gouvernement ouvrier et paysan et en poursuivant la guerre, les gouvernements bourgeois ont montré que leurs discours sur les horreurs de la guerre, les droits de l’homme et la paix ne sont faits que pour tromper le peuple&nbsp;; la réalité, c’est l’appétit sans limite des patrons et de leurs États.
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Le texte inclut aussi une proposition d’armistice immédiat, afin de rendre possibles des négociations immédiates. Rédigé par [[Lénine|Lénine]], il est délibérément souple, précisant que le gouvernement accepterait d’&nbsp;«&nbsp;examiner toutes autres conditions de paix&nbsp;»&nbsp;: en cas de poursuite de la guerre, l’entière responsabilité devait en incomber aux rapaces impérialistes. Le gouvernement révolutionnaire comptait ouvertement avant tout sur l’initiative révolutionnaire du prolétariat des principaux pays impérialistes d’Europe (Angleterre, France, Allemagne) pour atteindre ces objectifs. L’expérience russe confirmait en effet que seule la conquête du pouvoir par le prolétariat, c’est-à-dire la transformation de la guerre impérialiste en guerre civile entre le prolétariat et la bourgeoisie, pouvait permettre de mettre un terme à cette guerre. Pour leur part, les [[Mencheviks|mencheviks]] et les [[S-R|S-R]] au pouvoir avaient continué d’envoyer ouvriers et paysans se faire tuer pour agrandir le territoire russe vers le Sud et sauvegarder les intérêts des brigands impérialistes français et anglais. Par contre, les bolchéviks, fidèles au socialisme, ont constamment refusé de soutenir la guerre impérialiste, expliquant patiemment aux travailleurs qu’on ne pouvait mettre fin à la guerre sans prendre le pouvoir. Et, après avoir conquis le pouvoir, ils ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour réaliser ce programme, en s’appuyant sur les masses. En refusant les propositions du gouvernement ouvrier et paysan et en poursuivant la grande boucherie, toutes les bourgeoisies ont montré que leurs discours sur les horreurs de la guerre, les droits de l’homme et la paix ne sont faits que pour tromper le peuple&nbsp;; la réalité, c’est l’appétit sans limite des patrons et de leurs États.
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Au prix de débats tendus dans le parti bolchévik et d'une trahison des SR de gauche, cela a finalement abouti à la [[paix_de_Brest-Litovsk|paix de Brest-Litovsk]].
    
== Les libertés démocratiques ==
 
== Les libertés démocratiques ==
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=== La libération des nationalités opprimées ===
 
=== La libération des nationalités opprimées ===
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Appliquant à la Russie elle-même ce qu’il exigeait formellement de tous les pays (c’est-à-dire en réalité ce qu’il appelait tous les prolétariats et paysanneries d’Europe à réaliser par leur lutte révolutionnaire), le gouvernement soviétique décréta «&nbsp;''l’égalité et la souveraineté de tous les peuples de Russie''&nbsp;», c’est-à-dire le «&nbsp;''droit des peuples de Russie à disposer librement d’eux-mêmes, y compris le droit de sécession et de formation d’un État indépendant''&nbsp;», «&nbsp;''l’abolition de tout privilège et restriction de caractère national ou religieux&nbsp;''» et «&nbsp;''le libre développement des minorités nationales et groupes ethniques peuplant le territoire russe''&nbsp;». En conséquence, la Finlande proclame son indépendance le 6 décembre 1917, l’Ukraine le 22 janvier 1918, la Pologne le 11 novembre 1918. On objecte souvent que le gouvernement soviétique a accordé l’indépendance à des peuples à peu de frais, car il n’occupait plus ces territoires du fait de l’avance allemande. Mais, si l’indépendance (même formelle) de la plupart de ces pays a été reconnue à la fin de la guerre par les puissances impérialistes, c’est avant tout par la crainte que la frustration du sentiment national de ces peuples ne donne un nouveau souffle à la vague révolutionnaire qui déferle sur l’Europe à partir d’octobre 1917. Par ailleurs, le gouvernement ouvrier et paysan supprima totalement à l’intérieur même de ses frontières toute discrimination en fonction de la nationalité ou de la religion — alors qu’à cette époque, dans bien des États bourgeois&nbsp;, de telles restrictions étaient encore légales, y compris les restrictions pour l’accès à certains métiers pour les Juifs par exemple.
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Appliquant à la Russie elle-même ce qu’il exigeait formellement de tous les pays, le gouvernement soviétique décréta «&nbsp;''l’égalité et la souveraineté de tous les peuples de Russie''&nbsp;», c’est-à-dire le «&nbsp;''droit des peuples de Russie à disposer librement d’eux-mêmes, y compris le droit de sécession et de formation d’un État indépendant''&nbsp;», «&nbsp;''l’abolition de tout privilège et restriction de caractère national ou religieux&nbsp;''» et «&nbsp;''le libre développement des minorités nationales et groupes ethniques peuplant le territoire russe''&nbsp;». En conséquence, la Finlande proclame son indépendance le 6 décembre 1917, l’Ukraine le 22 janvier 1918, la Pologne le 11 novembre 1918. On objecte souvent que le gouvernement soviétique a accordé l’indépendance à des peuples à peu de frais, car il n’occupait plus ces territoires du fait de l’avancée allemande. Mais, si l’indépendance (même formelle) de la plupart de ces pays a été reconnue à la fin de la guerre par les puissances impérialistes, c’est avant tout par la crainte que la frustration du sentiment national de ces peuples ne donne un nouveau souffle à la [[Vague_révolutionnaire_de_1917-1923|vague révolutionnaire qui déferle sur l’Europe]] à partir d’octobre 1917. Par ailleurs, le gouvernement soviétique supprima à l’intérieur de ses frontières toute discrimination en fonction de la nationalité ou de la religion — alors qu’à cette époque, dans bien des États bourgeois&nbsp;, de telles restrictions étaient encore légales, y compris les restrictions pour l’accès à certains métiers pour les Juifs par exemple.
    
Au cours des années suivant la révolution d'Octobre, 5 états indépendants furent créés, et au sein de la fédération russe 17 républiques autonomes et régions furent établies.
 
Au cours des années suivant la révolution d'Octobre, 5 états indépendants furent créés, et au sein de la fédération russe 17 républiques autonomes et régions furent établies.
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Le gouvernement soviétique prit toutes les mesures démocratiques radicales dans le domaine politique, assurant l’égalité formelle de tous les citoyens&nbsp;: les ordres ([[Noblesse|noblesse]], [[Clergé|clergé]], etc.) et les privilèges qui y étaient liés sont abolis, ainsi que tous les titres nobiliaires et qualifications&nbsp;; les biens de ces privilégiés sont immédiatement confisqués.
 
Le gouvernement soviétique prit toutes les mesures démocratiques radicales dans le domaine politique, assurant l’égalité formelle de tous les citoyens&nbsp;: les ordres ([[Noblesse|noblesse]], [[Clergé|clergé]], etc.) et les privilèges qui y étaient liés sont abolis, ainsi que tous les titres nobiliaires et qualifications&nbsp;; les biens de ces privilégiés sont immédiatement confisqués.
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La loi accorde exactement les mêmes droits aux femmes qu’aux hommes, y compris le droit de vote (alors que, dans la plupart des pays capitalistes, cela ne viendra qu’après la révolution russe, voire après la [[Seconde_Guerre_mondiale|Seconde Guerre mondiale]], comme en France…) et égalité totale des droits dans le mariage (alors que, en France, par exemple, les inégalités de droits entre la femme et l’homme ne seront intégralement supprimées que dans les années 1960&nbsp;!). Ainsi que l’expliquait un législateur le mariage «&nbsp;''devait cesser d’être une cage dans laquelle mari et femme vivent comme des condamnés''&nbsp;».
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La loi accorde exactement les mêmes droits aux femmes qu’aux hommes, y compris le droit de vote (alors que, dans la plupart des pays capitalistes, cela ne viendra qu’après la révolution russe, voire après la [[Seconde_Guerre_mondiale|Seconde Guerre mondiale]], comme en France…) et égalité totale des droits dans le [[mariage|mariage]] (alors que, en France, par exemple, les inégalités de droits entre la femme et l’homme ne seront intégralement supprimées que dans les années 1960&nbsp;!). Ainsi que l’expliquait un législateur le mariage «&nbsp;''devait cesser d’être une cage dans laquelle mari et femme vivent comme des condamnés''&nbsp;».
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Fin de la discrimination à l’égard des enfants illégitimes. Dépénalisation de l'homosexualité. Légalisation de l'avortement en 1920.
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Fin de la discrimination à l’égard des enfants illégitimes. Dépénalisation de l'[[homosexualité|homosexualité]]. Légalisation de l'[[avortement|avortement]] en 1920.
    
{{Voir|Condition des femmes en URSS}}
 
{{Voir|Condition des femmes en URSS}}
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=== L’industrie&nbsp;: nationalisation des grandes entreprises et contrôle ouvrier ===
 
=== L’industrie&nbsp;: nationalisation des grandes entreprises et contrôle ouvrier ===
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Dès le 27 octobre 1917, le pouvoir soviétique instaure la [[journée_de_8_heures|journée de 8 heures]], mais aussi la généralisation du [[contrôle_ouvrier|contrôle ouvrier]]. Celui-ci portait sur la production, la conservation, l’achat et la vente de tous les produits et de toutes les matières premières dans toutes les entreprises employant au moins 5 salariés et réalisant un bénéfice d’au moins 10 000 roubles. Il devait être exercé, selon la taille de l’entreprise, soit directement par les ouvriers, soit par l’intermédiaire de leurs représentants. Le décret précisait que «&nbsp;''tous les livres de comptabilité et les documents, sans exception, ainsi que tous les stocks et dépôts de matériaux, outils et produits, sans aucune exception, doivent être ouverts aux représentants élus par les ouvriers et les employés''&nbsp;» et que «''&nbsp;les décisions des représentants élus par les ouvriers et les employés sont obligatoires pour les propriétaires des entreprises et ne peuvent être annulées, sauf par les syndicats et par les congrès syndicaux''&nbsp;». L’objectif de ces mesures est double&nbsp;: d’une part, il s’agit pour le gouvernement soviétique d’assurer le plus vite possible le fonctionnement le plus efficace possible de l’économie, ce qui implique avant tout de se doter de tous les moyens nécessaires pour combattre le sabotage probable de la part des capitalistes et de nombreux spécialistes liés à la bourgeoisie&nbsp;; d’autre part, le but est de permettre aux ouvriers de se former ainsi peu à peu à la gestion d’une entreprise. En ce sens, la contrôle ouvrier est une mesure transitoire dirigée vers la gestion ouvrière directe.
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Dès le 27 octobre 1917, le pouvoir soviétique instaure la [[Journée_de_8_heures|journée de 8 heures]], mais aussi la généralisation du [[Contrôle_ouvrier|contrôle ouvrier]]. Celui-ci portait sur la production, la conservation, l’achat et la vente de tous les produits et de toutes les matières premières dans toutes les entreprises employant au moins 5 salariés et réalisant un bénéfice d’au moins 10 000 roubles. Il devait être exercé, selon la taille de l’entreprise, soit directement par les ouvriers, soit par l’intermédiaire de leurs représentants. Le décret précisait que «&nbsp;''tous les livres de comptabilité et les documents, sans exception, ainsi que tous les stocks et dépôts de matériaux, outils et produits, sans aucune exception, doivent être ouverts aux représentants élus par les ouvriers et les employés''&nbsp;» et que «''&nbsp;les décisions des représentants élus par les ouvriers et les employés sont obligatoires pour les propriétaires des entreprises et ne peuvent être annulées, sauf par les syndicats et par les congrès syndicaux''&nbsp;». L’objectif de ces mesures est double&nbsp;: d’une part, il s’agit pour le gouvernement soviétique d’assurer le plus vite possible le fonctionnement le plus efficace possible de l’économie, ce qui implique avant tout de se doter de tous les moyens nécessaires pour combattre le sabotage probable de la part des capitalistes et de nombreux spécialistes liés à la bourgeoisie&nbsp;; d’autre part, le but est de permettre aux ouvriers de se former ainsi peu à peu à la gestion d’une entreprise. En ce sens, la contrôle ouvrier est une mesure transitoire dirigée vers la gestion ouvrière directe.
    
Ensuite, peu à peu, au cours de l’année 1918, le gouvernement [[Nationalisation|nationalise]] les principaux trusts et les grandes entreprises&nbsp;: elles deviennent la propriété de l’État soviétique&nbsp;; leur gestion est assurée par les représentants élus des ouvriers de l’usine en question, sous la direction du pouvoir soviétique. À cet effet est créé un organisme spécial, le [[Conseil_supérieur_de_l’économie_nationale|Conseil supérieur de l’économie nationale]], composé essentiellement de délégués des syndicats ouvriers. Cette institution a pour but d’organiser rationnellement la production à l’échelle de l’ensemble de la République selon les décisions politiques prises par le pouvoir soviétique. Un institut national de statistiques est mis en place pour contribuer à la réalisation de cette tâche.
 
Ensuite, peu à peu, au cours de l’année 1918, le gouvernement [[Nationalisation|nationalise]] les principaux trusts et les grandes entreprises&nbsp;: elles deviennent la propriété de l’État soviétique&nbsp;; leur gestion est assurée par les représentants élus des ouvriers de l’usine en question, sous la direction du pouvoir soviétique. À cet effet est créé un organisme spécial, le [[Conseil_supérieur_de_l’économie_nationale|Conseil supérieur de l’économie nationale]], composé essentiellement de délégués des syndicats ouvriers. Cette institution a pour but d’organiser rationnellement la production à l’échelle de l’ensemble de la République selon les décisions politiques prises par le pouvoir soviétique. Un institut national de statistiques est mis en place pour contribuer à la réalisation de cette tâche.
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En effet, l’ensemble du pays est gouverné par les [[Soviets|soviets]] d’ouvriers, de paysans et de soldats&nbsp;: ce sont des conseils regroupant des délégués élus à intervalles réguliers. Les soviets locaux élisent en leur sein un comité exécutif, ainsi que les délégués formant, avec des délégués d’autres soviets, le soviet de l’échelon immédiatement supérieur (district, province et région). Les délégués de l’ensemble des soviets régionaux forment le Congrès pan-russe des soviets, qui élit un Comité Exécutif de 200 membres et le [[Conseil_des_commissaires_du_peuple_(URSS)|Conseil des commissaires du peuple]] (chaque commissaire est flanqué de cinq adjoints, qui peuvent faire appel de ses décisions devant le Comité Exécutif). Le système de représentation donne proportionnellement cinq fois plus de délégués aux [[Ouvriers|ouvriers]] et aux soldats qu’aux [[Paysans|paysans]]. Les soviets agissent à chaque échelon de façon autonome, dans le cadre fixé par le soviet de niveau supérieur, sous la direction générale du Conseil des commissaires du peuple.
 
En effet, l’ensemble du pays est gouverné par les [[Soviets|soviets]] d’ouvriers, de paysans et de soldats&nbsp;: ce sont des conseils regroupant des délégués élus à intervalles réguliers. Les soviets locaux élisent en leur sein un comité exécutif, ainsi que les délégués formant, avec des délégués d’autres soviets, le soviet de l’échelon immédiatement supérieur (district, province et région). Les délégués de l’ensemble des soviets régionaux forment le Congrès pan-russe des soviets, qui élit un Comité Exécutif de 200 membres et le [[Conseil_des_commissaires_du_peuple_(URSS)|Conseil des commissaires du peuple]] (chaque commissaire est flanqué de cinq adjoints, qui peuvent faire appel de ses décisions devant le Comité Exécutif). Le système de représentation donne proportionnellement cinq fois plus de délégués aux [[Ouvriers|ouvriers]] et aux soldats qu’aux [[Paysans|paysans]]. Les soviets agissent à chaque échelon de façon autonome, dans le cadre fixé par le soviet de niveau supérieur, sous la direction générale du Conseil des commissaires du peuple.
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Entre octobre 1917 et juillet 1918, c’est-à-dire jusqu’au déclenchement de la guerre entre la Russie et les principales puissances impérialistes, ainsi que la guerre civile, les ouvriers, les paysans et les soldats réussirent à organiser quatre congrès pan-russes des soviets (octobre 1917, janvier, mars et juillet 1918). C’est donc à bon droit que les bolchéviks ont affirmé que la démocratie soviétique était une forme de démocratie supérieure à celle de la république bourgeoise. De fait, ce système de gouvernement permet aux ouvriers, aux paysans et aux soldats de contrôler de façon permanente l’activité de ceux qu’ils ont élus pour les représenter&nbsp;: ils ont plusieurs fois par an la possibilité de les remplacer si leurs positions ne leur semblent plus conformes à leurs intérêts. C’est ainsi que les bolchéviks, qui n’avaient que 13&nbsp;% des délégués en juin 1917, obtinrent 51&nbsp;% des délégués cinq mois plus tard au IIe congrès pan-russe des soviets&nbsp;: entre-temps, les masses avaient pu faire l’expérience du gouvernement des [[Menchéviks|menchéviks]] et des [[S-R|S-R]]. Les bolchéviks progressent continuellement par la suite&nbsp;: ils ont 61&nbsp;% des délégués en janvier 1918, 64&nbsp;% en mars 1918 et 66&nbsp;% en juillet 1918. C’est la preuve que les masses approuvent fondamentalement leur politique. De même, les S-R de gauche, c’est-à-dire ceux parmi les S-R qui ont soutenu la révolution d’Octobre et participent au gouvernement soviétique, sont majoritaires de façon écrasante sur les S-R de droite, qui ont condamné la révolution d’Octobre&nbsp;: ils obtiennent 125 délégués au Comité exécutif élu par le Congrès des soviets en janvier 1918. Quant aux S-R de droite, qui condamnent la démocratie soviétique, ils n’en bénéficient pas moins de cette démocratie&nbsp;: ils peuvent librement défendre leurs positions et obtiennent 7 délégués au Comité exécutif élu par le Congrès.
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Entre octobre 1917 et juillet 1918, c’est-à-dire jusqu’à [[Guerre_civile_russe|l'agression des impérialistes et des armées blanches]], les ouvriers, les paysans et les soldats réussirent à organiser quatre [[congrès_pan-russes_des_soviets|congrès pan-russes des soviets]] (octobre 1917, janvier, mars et juillet 1918). Dans cette période d'intense [[auto-organisation|auto-organisation]] ouvrière et paysanne, la [[démocratie_soviétique|démocratie soviétique]] était réellement supérieure à toute démocratie bourgeoise, les exploités votent tous les 5 ans pour leurs exploiteurs. Les électeurs sentent enfin le changement radical venu renforcent nettement la majorité bolchévique, et parmi les SR, ceux qui se sont opposés à la révolution s'effondrent (SR de droite).
    
Parmi les toutes premières mesures du nouveau gouvernement, il y eut également l’appel à la constitution par chaque soviet d’une milice propre. À l’opposé de l’État bourgeois où l’armée et la police sont des détachements spéciaux d’hommes armés, servant les besoins de répression du mécontentement ou du soulèvement populaire, l’État soviétique dirigé par les bolcheviks est caractérisé par le fait que le pouvoir est détenu par le peuple en armes&nbsp;: c’est la seule garantie sérieuse que la violence soit toujours utilisée dans l’intérêt des ouvriers et des paysans et non contre eux.
 
Parmi les toutes premières mesures du nouveau gouvernement, il y eut également l’appel à la constitution par chaque soviet d’une milice propre. À l’opposé de l’État bourgeois où l’armée et la police sont des détachements spéciaux d’hommes armés, servant les besoins de répression du mécontentement ou du soulèvement populaire, l’État soviétique dirigé par les bolcheviks est caractérisé par le fait que le pouvoir est détenu par le peuple en armes&nbsp;: c’est la seule garantie sérieuse que la violence soit toujours utilisée dans l’intérêt des ouvriers et des paysans et non contre eux.
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La Russie révolutionnaire connut une effervescence d’innovations et d’expérimentations dans les domaines de la littérature, de la peinture et du cinéma. La position de l’artiste dans la société était transformée. Comme le dit le poète Maïakovski&nbsp;: «&nbsp;''Les rues plutôt que des pinceaux nous utiliserons /Nos palettes, les places et leurs espaces grand ouverts''&nbsp;» (Ordre à l’armée des arts, 1918).
 
La Russie révolutionnaire connut une effervescence d’innovations et d’expérimentations dans les domaines de la littérature, de la peinture et du cinéma. La position de l’artiste dans la société était transformée. Comme le dit le poète Maïakovski&nbsp;: «&nbsp;''Les rues plutôt que des pinceaux nous utiliserons /Nos palettes, les places et leurs espaces grand ouverts''&nbsp;» (Ordre à l’armée des arts, 1918).
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Le [[Sovnarkom|Sovnarkom]] abolira à nouveau la [[peine_de_mort|peine de mort]] (abolie [[Révolution_de_Février_1917|en février]], mais rétablie par [[Kerensky|Kerensky]] en [[Journées_de_juillet_1917|juillet]]), malgré la réticence de Lénine qui la jugeait indispensable pendant la guerre civile. Celle-ci fut rétablie pendant la [[Guerre_civile_russe|guerre civile]].
    
== Postérité ==
 
== Postérité ==

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