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[[File:Février 1917.jpg|right|384x269px|Février 1917.jpg]]La '''révolution de Février''' marque le début de la [[Révolution_russe_(1917)|Révolution russe]] de 1917. {{#set:Date=08-03-1917}}
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[[File:Février 1917.jpg|right|384x269px|Février 1917.jpg]]{{InfoCalendrierJulien}}La '''révolution de Février''' marque le début de la [[Révolution_russe_(1917)|Révolution russe]] de 1917. {{#set:Date=08-03-1917}}
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Les manifestations insurrectionnelles spontanées du 23 février 1917 au 28 février 1917<ref>Jusqu'en 1918, la Russie utilisait le [[calendrier julien]], qui avait à l'époque 13 jours de retard sur le [[calendrier grégorien]]. Le 23 février de « ancien style » correspond donc au 8 mars « nouveau style ».</ref> à Petrograd provoquent l'effondrement d'un régime haï et l'abdication du tsar&nbsp;Nicolas II le 2 mars. Elles débouchent sur une situation instable de [[double_pouvoir|double pouvoir]] entre les [[soviets|soviets]] et le [[gouvernement_provisoire_(Russie)|gouvernement provisoire]], qui conduira à la [[révolution_d'Octobre|révolution d'Octobre]] et à la création de l'[[Union_des_républiques_socialistes_soviétiques|Union des républiques socialistes soviétiques]].
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Les manifestations insurrectionnelles spontanées du 23 février 1917 au 28 février 1917<ref>Jusqu'en 1918, la Russie utilisait le [[calendrier julien]], qui avait à l'époque 13 jours de retard sur le [[calendrier grégorien]]. Le 23 février de « ancien style » correspond donc au 8 mars « nouveau style ».</ref> à Petrograd provoquent l'effondrement d'un régime haï et l'abdication du tsar&nbsp;Nicolas II le 2 mars (n.s. 15 mars). Elles débouchent sur une situation instable de [[Double_pouvoir|double pouvoir]] entre les [[Soviets|soviets]] et le [[Gouvernement_provisoire_(Russie)|gouvernement provisoire]], qui conduira à la [[Révolution_d'Octobre|révolution d'Octobre]] et à la création de l'[[Union_des_républiques_socialistes_soviétiques|Union des républiques socialistes soviétiques]].
    
== Causes ==
 
== Causes ==
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Le 26 février, vers midi, la police et la troupe ouvrent le feu sur une colonne de manifestants. Plus de 150 personnes sont tuées, la foule reflue vers les faubourgs. Mais les soldats commencent à passer dans le camp des manifestants&nbsp;: la 4<sup>e</sup> compagnie du régiment Pavlovski ouvre le feu sur la police montée. Désemparé, n'ayant plus les moyens de gouverner, l'empereur proclame l'[[État_de_siège|état de siège]], ordonne le renvoi de la ''[[Douma|Douma]]'' et nomme un comité provisoire.
 
Le 26 février, vers midi, la police et la troupe ouvrent le feu sur une colonne de manifestants. Plus de 150 personnes sont tuées, la foule reflue vers les faubourgs. Mais les soldats commencent à passer dans le camp des manifestants&nbsp;: la 4<sup>e</sup> compagnie du régiment Pavlovski ouvre le feu sur la police montée. Désemparé, n'ayant plus les moyens de gouverner, l'empereur proclame l'[[État_de_siège|état de siège]], ordonne le renvoi de la ''[[Douma|Douma]]'' et nomme un comité provisoire.
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L'[[insurrection|insurrection]] aurait pu s'arrêter là mais, dans la nuit du 26 au 27 février, un événement fait basculer la situation&nbsp;: la [[Mutinerie|mutinerie]] de deux régiments d'élite, traumatisés d'avoir tiré sur leurs «&nbsp;frères ouvriers&nbsp;». La mutinerie se répand en l'espace de quelques heures. Au matin du 27 février 1917 soldats et ouvriers fraternisent, s'emparent de l'arsenal, distribuent des fusils à la foule et occupent les points stratégiques de la capitale. Au cours de la journée, la garnison de Petrograd (environ 150 000 hommes) est passée du côté des insurgés.
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L'[[Insurrection|insurrection]] aurait pu s'arrêter là mais, dans la nuit du 26 au 27 février, un événement fait basculer la situation&nbsp;: la [[Mutinerie|mutinerie]] de deux régiments d'élite, traumatisés d'avoir tiré sur leurs «&nbsp;frères ouvriers&nbsp;». La mutinerie se répand en l'espace de quelques heures. Au matin du 27 février 1917 soldats et ouvriers fraternisent, s'emparent de l'arsenal, distribuent des fusils à la foule et occupent les points stratégiques de la capitale. Au cours de la journée, la garnison de Petrograd (environ 150 000 hommes) est passée du côté des insurgés.
    
=== L'abdication du tsar et la vague émancipatrice ===
 
=== L'abdication du tsar et la vague émancipatrice ===
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Pendant plusieurs jours, l'effervescence se poursuit dans le pays mais l'incertitude règne sur l'attitude qu'allaient adopter Nicolas II et les chefs militaires. Finalement, à la surprise générale, l'État-major fait pression sur l'empereur pour que celui-ci abdique ''«&nbsp;afin de sauver l'indépendance du pays et assurer la sauvegarde de la dynastie&nbsp;»''. Le général Mikhaïl Alekseïev, soutenu par les commandants des cinq fronts, le convainc en soutenant que l'abdication est le seul moyen de poursuivre la guerre contre l'Allemagne. Le 2 mars 1917 (n.s : 15 mars), Nicolas II renonce au trône en faveur de son frère, le grand-duc Mikhaïl Alexandrovitch Romanov. Devant la protestation populaire, celui-ci renonce à la couronne le lendemain. En cinq jours, sans avoir pu offrir la moindre résistance, [[tsarisme|l'Ancien Régime russe]] s'écroule comme un château de cartes.
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Pendant plusieurs jours, l'effervescence se poursuit dans le pays mais l'incertitude règne sur l'attitude qu'allaient adopter Nicolas II et les chefs militaires. Finalement, à la surprise générale, l'État-major fait pression sur l'empereur pour que celui-ci abdique ''«&nbsp;afin de sauver l'indépendance du pays et assurer la sauvegarde de la dynastie&nbsp;»''. Le général Mikhaïl Alekseïev, soutenu par les commandants des cinq fronts, le convainc en soutenant que l'abdication est le seul moyen de poursuivre la guerre contre l'Allemagne. Le 2 mars 1917 (n.s&nbsp;: 15 mars), Nicolas II renonce au trône en faveur de son frère, le grand-duc Mikhaïl Alexandrovitch Romanov. Devant la protestation populaire, celui-ci renonce à la couronne le lendemain. En cinq jours, sans avoir pu offrir la moindre résistance, [[Tsarisme|l'Ancien Régime russe]] s'écroule comme un château de cartes.
    
Ce premier épisode de la révolution a fait plus d'une centaine de victimes, en majorité parmi les manifestants. Mais la chute rapide et inattendue du régime, à un coût plutôt limité, suscite dans le pays une vague d'enthousiasme et d'émancipation. Une frénésie de prises de parole gagne toutes les couches de la société. Les meetings sont quotidiens et les orateurs se succèdent sans fin. Défilés et manifestations se multiplient. Des dizaines de milliers de lettres, d’adresses, de pétitions sont envoyées chaque semaine de tous les points du territoire pour faire connaître les soutiens, les doléances ou les revendications du peuple. Elles sont en particulier adressées au nouveau gouvernement provisoire et au soviet de Petrograd. Dans l’armée, le prikaze n°1 (ordre du jour) émis par le soviet de Petrograd interdit les brimades humiliantes des officiers et instaure pour les soldats les droits de réunion, de pétition et de presse. À Moscou, des travailleurs obligeaient leur patron à apprendre les fondements du futur droit ouvrier&nbsp;; à Odessa, les étudiants dictaient à leur professeur le nouveau programme d’histoire des civilisations&nbsp;; à Petrograd les acteurs se substituaient au directeur du théâtre et choisissaient le prochain spectacle. Des enfants revendiquaient même le droit d’apprendre la boxe pour pouvoir se faire entendre des grands. Dans cette période où toute forme d’autorité est rejetée, Lénine décrivait la Russie comme le ''«&nbsp;pays le plus libre du monde&nbsp;»''.
 
Ce premier épisode de la révolution a fait plus d'une centaine de victimes, en majorité parmi les manifestants. Mais la chute rapide et inattendue du régime, à un coût plutôt limité, suscite dans le pays une vague d'enthousiasme et d'émancipation. Une frénésie de prises de parole gagne toutes les couches de la société. Les meetings sont quotidiens et les orateurs se succèdent sans fin. Défilés et manifestations se multiplient. Des dizaines de milliers de lettres, d’adresses, de pétitions sont envoyées chaque semaine de tous les points du territoire pour faire connaître les soutiens, les doléances ou les revendications du peuple. Elles sont en particulier adressées au nouveau gouvernement provisoire et au soviet de Petrograd. Dans l’armée, le prikaze n°1 (ordre du jour) émis par le soviet de Petrograd interdit les brimades humiliantes des officiers et instaure pour les soldats les droits de réunion, de pétition et de presse. À Moscou, des travailleurs obligeaient leur patron à apprendre les fondements du futur droit ouvrier&nbsp;; à Odessa, les étudiants dictaient à leur professeur le nouveau programme d’histoire des civilisations&nbsp;; à Petrograd les acteurs se substituaient au directeur du théâtre et choisissaient le prochain spectacle. Des enfants revendiquaient même le droit d’apprendre la boxe pour pouvoir se faire entendre des grands. Dans cette période où toute forme d’autorité est rejetée, Lénine décrivait la Russie comme le ''«&nbsp;pays le plus libre du monde&nbsp;»''.
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Parallèlement et à la constitution du soviet de Petrograd et le même jour, se met en place un autre organe de pouvoir. Un groupe de députés de la [[Douma_d'État_de_l’Empire_russe|Douma]] forme un Comité provisoire pour «&nbsp;le rétablissement de l'ordre gouvernemental et public&nbsp;». Ils sont dirigés par Michel Rodzianko, ancien officier du Tsar, monarchiste et riche propriétaire terrien. Pour ce comité, la priorité est au retour à l'ordre, et d'abord, au retour des soldats mutinés dans leurs baraquements.
 
Parallèlement et à la constitution du soviet de Petrograd et le même jour, se met en place un autre organe de pouvoir. Un groupe de députés de la [[Douma_d'État_de_l’Empire_russe|Douma]] forme un Comité provisoire pour «&nbsp;le rétablissement de l'ordre gouvernemental et public&nbsp;». Ils sont dirigés par Michel Rodzianko, ancien officier du Tsar, monarchiste et riche propriétaire terrien. Pour ce comité, la priorité est au retour à l'ordre, et d'abord, au retour des soldats mutinés dans leurs baraquements.
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Entre ce comité et le soviet de Petrograd, de longues négociations aboutissent, le 2 mars 1917, à un compromis. Le soviet reconnaît, en attendant la convocation d'une [[Assemblée_constituante_(Russie)|Assemblée constituante]], la légitimité d'un [[Gouvernement_provisoire_(Russie)|gouvernement provisoire]] à tendance [[Libéralisme|libérale]], composé majoritairement de représentants du [[Parti_constitutionnel_démocratique|Parti constitutionnel démocratique]] (et ne comptant aucun socialiste dans ses rangs). Cependant, le [[Gouvernement_provisoire_(Russie)|gouvernement provisoire de Russie]] est sommé d'appliquer un vaste programme de réformes démocratiques, fondé sur l'octroi des [[Libertés_fondamentales|libertés fondamentales]], le [[Suffrage_universel|suffrage universel]], l'abolition de la [[peine_de_mort|peine de mort]], de l'[[antisémitisme|antisémitisme]] d'Etat et de toute forme de discrimination légale, la suppression de la [[police|police]], la reconnaissance des droits du soldat-citoyen et une [[Amnistie|amnistie]] immédiate de tous les [[Crime_politique|prisonniers politiques]]. L’Église orthodoxe, sous tutelle depuis Pierre le Grand, s'organise librement.
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Entre ce comité et le soviet de Petrograd, de longues négociations aboutissent, le 2 mars 1917, à un compromis. Le soviet reconnaît, en attendant la convocation d'une [[Assemblée_constituante_(Russie)|Assemblée constituante]], la légitimité d'un [[Gouvernement_provisoire_(Russie)|gouvernement provisoire]] à tendance [[Libéralisme|libérale]], composé majoritairement de représentants du [[Parti_constitutionnel_démocratique|Parti constitutionnel démocratique]] (et ne comptant aucun socialiste dans ses rangs). Cependant, le [[Gouvernement_provisoire_(Russie)|gouvernement provisoire de Russie]] est sommé d'appliquer un vaste programme de réformes démocratiques, fondé sur l'octroi des [[Libertés_fondamentales|libertés fondamentales]], le [[Suffrage_universel|suffrage universel]], l'abolition de la [[Peine_de_mort|peine de mort]], de l'[[Antisémitisme|antisémitisme]] d'Etat et de toute forme de discrimination légale, la suppression de la [[Police|police]], la reconnaissance des droits du soldat-citoyen et une [[Amnistie|amnistie]] immédiate de tous les [[Crime_politique|prisonniers politiques]]. L’Église orthodoxe, sous tutelle depuis Pierre le Grand, s'organise librement.
    
Le compromis du 2 mars 1917 marque la naissance d'un [[Double_pouvoir|double pouvoir]], où s'opposent deux conceptions différentes de l'avenir de la société russe. D'un côté, le gouvernement provisoire est soucieux de faire de la Russie une grande puissance libérale et capitaliste et d'orienter la vie politique russe sur la voie du [[Régime_parlementaire|parlementarisme]]. De l'autre, les soviets tentent d'instaurer une autre façon de faire de la politique, en représentant de manière directe les «&nbsp;masses&nbsp;».
 
Le compromis du 2 mars 1917 marque la naissance d'un [[Double_pouvoir|double pouvoir]], où s'opposent deux conceptions différentes de l'avenir de la société russe. D'un côté, le gouvernement provisoire est soucieux de faire de la Russie une grande puissance libérale et capitaliste et d'orienter la vie politique russe sur la voie du [[Régime_parlementaire|parlementarisme]]. De l'autre, les soviets tentent d'instaurer une autre façon de faire de la politique, en représentant de manière directe les «&nbsp;masses&nbsp;».

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