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== La paix ==
 
== La paix ==
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[[File:Dekret o mire.png|thumb|right|256x352px|Dekret o mire.png]]La toute première mesure fut de lancer un appel « ''aux peuples et aux gouvernements de toutes les nations belligérantes'' » en vue d’une « ''paix démocratique juste'' », c’est-à-dire «'' immédiate, sans annexions (…) et sans réparations'' ». Le texte précise que « ''par annexion (…), le gouvernement entend (…) toute incorporation à un État, grand ou puissant, d’une nationalité petite ou faible, sans le consentement et le désir formel, clairement exprimé, de cette dernière'' ». Il rejette tous les prétextes habituellement utilisés pour justifier de telles pratiques : ancienneté de l’annexion, retard économique, archaïsme politique, etc. En effet, «'' le gouvernement estime que continuer cette guerre pour savoir comment partager entre les nations fortes et riches les peuples faibles conquis par elles serait commettre le plus grand crime contre l’humanité'' ». L’appel précise encore la décision du gouvernement soviétique d’abolir la [[diplomatie_secrète|diplomatie secrète]] et de « ''mener les pourparlers au grand jour, devant le peuple entier ''».
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[[File:Dekret o mire.png|thumb|right|256x352px|Dekret o mire.png]]La toute première mesure fut de lancer un appel « ''aux peuples et aux gouvernements de toutes les nations belligérantes'' » en vue d’une « ''paix démocratique juste'' », c’est-à-dire «'' immédiate, sans annexions (…) et sans réparations'' ». Le texte précise que « ''par annexion (…), le gouvernement entend (…) toute incorporation à un État, grand ou puissant, d’une nationalité petite ou faible, sans le consentement et le désir formel, clairement exprimé, de cette dernière'' ». Il rejette tous les prétextes habituellement utilisés pour justifier de telles pratiques : ancienneté de l’annexion, retard économique, archaïsme politique, etc. En effet, «'' le gouvernement estime que continuer cette guerre pour savoir comment partager entre les nations fortes et riches les peuples faibles conquis par elles serait commettre le plus grand crime contre l’humanité'' ». L’appel précise encore la décision du gouvernement soviétique d’abolir la [[Diplomatie_secrète|diplomatie secrète]] et de « ''mener les pourparlers au grand jour, devant le peuple entier ''».
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Le texte inclut aussi une proposition d’armistice immédiat, afin de rendre possibles des négociations immédiates. Rédigé par [[Lénine|Lénine]], il est délibérément souple, précisant que le gouvernement accepterait d’ « examiner toutes autres conditions de paix » : en cas de poursuite de la guerre, l’entière responsabilité devait en incomber aux rapaces impérialistes. Le gouvernement révolutionnaire comptait ouvertement avant tout sur l’initiative révolutionnaire du prolétariat des principaux pays impérialistes d’Europe (Angleterre, France, Allemagne) pour atteindre ces objectifs. L’expérience russe confirmait en effet que seule la conquête du pouvoir par le prolétariat, c’est-à-dire la transformation de la guerre impérialiste en guerre civile entre le prolétariat et la bourgeoisie, pouvait permettre de mettre un terme à cette guerre. Pour leur part, les [[mencheviks|mencheviks]] et les [[S-R|S-R]] au pouvoir avaient continué d’envoyer ouvriers et paysans se faire tuer pour agrandir le territoire russe vers le Sud et sauvegarder les intérêts des brigands impérialistes français et anglais. Par contre, les bolchéviks, fidèles au socialisme, ont constamment refusé de soutenir la guerre impérialiste, expliquant patiemment aux travailleurs qu’on ne pouvait mettre fin à la guerre sans prendre le pouvoir. Et, après avoir conquis le pouvoir, ils ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour réaliser ce programme, en s’appuyant sur les masses. En refusant les propositions du gouvernement ouvrier et paysan et en poursuivant la grande boucherie, toutes les bourgeoisies ont montré que leurs discours sur les horreurs de la guerre, les droits de l’homme et la paix ne sont faits que pour tromper le peuple ; la réalité, c’est l’appétit sans limite des patrons et de leurs États.
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Le texte inclut aussi une proposition d’armistice immédiat, afin de rendre possibles des négociations immédiates. Rédigé par [[Lénine|Lénine]], il est délibérément souple, précisant que le gouvernement accepterait d’ « examiner toutes autres conditions de paix » : en cas de poursuite de la guerre, l’entière responsabilité devait en incomber aux rapaces impérialistes. Le gouvernement révolutionnaire comptait ouvertement avant tout sur l’initiative révolutionnaire du prolétariat des principaux pays impérialistes d’Europe (Angleterre, France, Allemagne) pour atteindre ces objectifs. L’expérience russe confirmait en effet que seule la conquête du pouvoir par le prolétariat, c’est-à-dire la transformation de la guerre impérialiste en guerre civile entre le prolétariat et la bourgeoisie, pouvait permettre de mettre un terme à cette guerre. Pour leur part, les [[Mencheviks|mencheviks]] et les [[S-R|S-R]] au pouvoir avaient continué d’envoyer ouvriers et paysans se faire tuer pour agrandir le territoire russe vers le Sud et sauvegarder les intérêts des brigands impérialistes français et anglais. Par contre, les bolchéviks, fidèles au socialisme, ont constamment refusé de soutenir la guerre impérialiste, expliquant patiemment aux travailleurs qu’on ne pouvait mettre fin à la guerre sans prendre le pouvoir. Et, après avoir conquis le pouvoir, ils ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour réaliser ce programme, en s’appuyant sur les masses. En refusant les propositions du gouvernement ouvrier et paysan et en poursuivant la grande boucherie, toutes les bourgeoisies ont montré que leurs discours sur les horreurs de la guerre, les droits de l’homme et la paix ne sont faits que pour tromper le peuple ; la réalité, c’est l’appétit sans limite des patrons et de leurs États.
    
== Les libertés démocratiques ==
 
== Les libertés démocratiques ==
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On entend souvent dire que les bolchéviks auraient « volé » leur programme agraire aux [[S-R|S-R]]. Cela est absolument faux, pour au moins trois raisons. Premièrement, lorsque les S-R ont été au pouvoir de février à octobre, ils n’ont pas procédé au partage égalitaire des terres ; car, pour cela, il leur aurait fallu exproprier (et donc affronter) les 30 000 propriétaires fonciers qui possédaient à eux seuls autant de terres que les 10 millions de familles paysannes ; en fait, les S-R se sont même opposés aux paysans autant qu’ils le pouvaient : ils étaient révolutionnaires en paroles, mais des valets de la noblesse féodale et de la bourgeoisie en fait. Deuxièmement, ce sont dans la plupart des cas (70 % des provinces) les paysans eux-mêmes qui ont conquis les terres par leur lutte de classes en expropriant les propriétaires fonciers : les bolchéviks ont légalisé un état de fait. Troisièmement, les mesures prises par les bolchéviks dans le domaine agraire sont certes, en leur essence, simplement démocratiques-bourgeoises radicales (en effet, si la propriété privée du sol est abolie, la production en revanche reste pour l’essentiel privée, car les petits paysans auxquels les terres sont louées par l’État soviétique produisent pour vendre sur le marché) ; cependant, la bourgeoisie russe s’était révélée incapable de réaliser même partiellement une telle réforme, en raison de sa faiblesse et de ses liens avec l’aristocratie foncière. En fait, il était inévitable d’en passer par là, car «'' l'idée et les revendications de la majorité des travailleurs, ce sont les travailleurs eux mêmes qui doivent les abandonner : on ne peut ni les "annuler", ni "sauter" par dessus'' ». Pourtant, ces mesures démocratiques-bourgeoises radicales prises par le nouveau gouvernement soviétique étaient déjà, autant que le permettaient les rapports de force entre les classes, orientées vers le socialisme, c’est-à-dire l’exploitation collective du sol dans de grandes fermes modernes selon un plan fixé par les travailleurs eux-mêmes réunis dans leurs conseils : le gouvernement refuse la division des grands domaines, prévoit de privilégier la culture du sol par des communautés au lieu d’individus et décide de développer des exploitations modèles pour convaincre pratiquement les paysans de la supériorité de cette forme d’agriculture.
 
On entend souvent dire que les bolchéviks auraient « volé » leur programme agraire aux [[S-R|S-R]]. Cela est absolument faux, pour au moins trois raisons. Premièrement, lorsque les S-R ont été au pouvoir de février à octobre, ils n’ont pas procédé au partage égalitaire des terres ; car, pour cela, il leur aurait fallu exproprier (et donc affronter) les 30 000 propriétaires fonciers qui possédaient à eux seuls autant de terres que les 10 millions de familles paysannes ; en fait, les S-R se sont même opposés aux paysans autant qu’ils le pouvaient : ils étaient révolutionnaires en paroles, mais des valets de la noblesse féodale et de la bourgeoisie en fait. Deuxièmement, ce sont dans la plupart des cas (70 % des provinces) les paysans eux-mêmes qui ont conquis les terres par leur lutte de classes en expropriant les propriétaires fonciers : les bolchéviks ont légalisé un état de fait. Troisièmement, les mesures prises par les bolchéviks dans le domaine agraire sont certes, en leur essence, simplement démocratiques-bourgeoises radicales (en effet, si la propriété privée du sol est abolie, la production en revanche reste pour l’essentiel privée, car les petits paysans auxquels les terres sont louées par l’État soviétique produisent pour vendre sur le marché) ; cependant, la bourgeoisie russe s’était révélée incapable de réaliser même partiellement une telle réforme, en raison de sa faiblesse et de ses liens avec l’aristocratie foncière. En fait, il était inévitable d’en passer par là, car «'' l'idée et les revendications de la majorité des travailleurs, ce sont les travailleurs eux mêmes qui doivent les abandonner : on ne peut ni les "annuler", ni "sauter" par dessus'' ». Pourtant, ces mesures démocratiques-bourgeoises radicales prises par le nouveau gouvernement soviétique étaient déjà, autant que le permettaient les rapports de force entre les classes, orientées vers le socialisme, c’est-à-dire l’exploitation collective du sol dans de grandes fermes modernes selon un plan fixé par les travailleurs eux-mêmes réunis dans leurs conseils : le gouvernement refuse la division des grands domaines, prévoit de privilégier la culture du sol par des communautés au lieu d’individus et décide de développer des exploitations modèles pour convaincre pratiquement les paysans de la supériorité de cette forme d’agriculture.
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De juin à décembre 1918, les bolchéviks organisent des [[comités_de_paysans_pauvres|comités de paysans pauvres]] dans les campagnes<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/t_c/t_c_9.htm Terrorisme et communisme]'', 1920</ref>, pour s'appuyer sur les prolétaires et semi-prolétaires des campagnes contre les koulaks, et pousser la paysannerie moyenne à basculer du côté des ouvriers. Par la suite, des soviets sont institués dans les campagnes.
    
=== L’industrie&nbsp;: nationalisation des grandes entreprises et contrôle ouvrier ===
 
=== L’industrie&nbsp;: nationalisation des grandes entreprises et contrôle ouvrier ===
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Là encore, les menchéviks et les [[S-R|S-R]] au pouvoir n’avaient pas satisfait cette revendication essentielle des travailleurs. Les grandes lignes de la politique bolchévique en la matière sont exposées dans la proclamation de [[Chliapnikov|Chliapnikov]] (Commissaire du peuple au travail)&nbsp;: «&nbsp;''1) Extension des assurances à tous les salariés sans exception, ainsi qu’aux indigents des villes et des campagnes&nbsp;; 2) Extension des assurances à toutes les catégories d’incapacité au travail, notamment la maladie, les mutilations, l’invalidité, la vieillesse, la maternité, la perte du conjoint ou des parents, ainsi que le chômage&nbsp;; 3) Obligation pour les employeurs d’assumer la totalité des charges sociales&nbsp;; 4) Versement d’une somme au moins égale au salaire intégral en cas d’incapacité de travail ou de chômage&nbsp;; 5) Gestion entièrement autonome de toutes les caisses d’assurances par les assurés eux-mêmes.''&nbsp;» Voilà encore un exemple de ce que l’école et la presse de la bourgeoisie cachent aux masses d’aujourd’hui.
 
Là encore, les menchéviks et les [[S-R|S-R]] au pouvoir n’avaient pas satisfait cette revendication essentielle des travailleurs. Les grandes lignes de la politique bolchévique en la matière sont exposées dans la proclamation de [[Chliapnikov|Chliapnikov]] (Commissaire du peuple au travail)&nbsp;: «&nbsp;''1) Extension des assurances à tous les salariés sans exception, ainsi qu’aux indigents des villes et des campagnes&nbsp;; 2) Extension des assurances à toutes les catégories d’incapacité au travail, notamment la maladie, les mutilations, l’invalidité, la vieillesse, la maternité, la perte du conjoint ou des parents, ainsi que le chômage&nbsp;; 3) Obligation pour les employeurs d’assumer la totalité des charges sociales&nbsp;; 4) Versement d’une somme au moins égale au salaire intégral en cas d’incapacité de travail ou de chômage&nbsp;; 5) Gestion entièrement autonome de toutes les caisses d’assurances par les assurés eux-mêmes.''&nbsp;» Voilà encore un exemple de ce que l’école et la presse de la bourgeoisie cachent aux masses d’aujourd’hui.
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Là encore, les mesures économiques et sociales prises par le gouvernement dirigé par les bolchéviks n’impliquent pas encore le socialisme&nbsp;: le prolétariat ayant pris le pouvoir dans un pays sous-développé, devait inévitablement commencer par accomplir jusqu’au bout les tâches démocratiques-bourgeoises de la révolution.&nbsp;Mais, à chaque fois, les mesures sont réalisées de façon à préparer l’avenir, c’est-à-dire précisément le passage du «&nbsp;capitalisme d’État&nbsp;» soviétique au socialisme&nbsp;: en ce sens, elles sont transitoires. Ce qui distingue donc fondamentalement la Russie soviétique des États capitalistes de l’époque qui en raison des nécessités de la guerre ont aussi procédé à une série de mesures de [[nationalisations|nationalisations]], c’est la structure de l’État.
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Là encore, les mesures économiques et sociales prises par le gouvernement dirigé par les bolchéviks n’impliquent pas encore le socialisme&nbsp;: le prolétariat ayant pris le pouvoir dans un pays sous-développé, devait inévitablement commencer par accomplir jusqu’au bout les tâches démocratiques-bourgeoises de la révolution.&nbsp;Mais, à chaque fois, les mesures sont réalisées de façon à préparer l’avenir, c’est-à-dire précisément le passage du «&nbsp;capitalisme d’État&nbsp;» soviétique au socialisme&nbsp;: en ce sens, elles sont transitoires. Ce qui distingue donc fondamentalement la Russie soviétique des États capitalistes de l’époque qui en raison des nécessités de la guerre ont aussi procédé à une série de mesures de [[Nationalisations|nationalisations]], c’est la structure de l’État.
    
== Soviets, comités d’usine, milices ouvrières&nbsp;: l’État-Commune ==
 
== Soviets, comités d’usine, milices ouvrières&nbsp;: l’État-Commune ==

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