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Avec une orientation [[Socialiste|socialiste]] plus marquée, l'[[Association_Internationale|Association Internationale]]<ref name="lehning">Arthur Lehning, ''De Buonarroti à Bakounine : études sur le socialisme international'', Champ libre, Paris, 1977.</ref>, est fondée à Londres en 1855 par des proscrits socialistes français, allemands, polonais, anglais et belges. Elle dure quatre ans mais reste embryonnaire. Elle est dissoute suite aux dissensions de certains membres souhaitant l'abolition du comité permanent<ref name="maitron">Jean Maitron, ''Le mouvement anarchiste en France'', Gallimard, coll. « Tel », 1992. </ref>.
 
Avec une orientation [[Socialiste|socialiste]] plus marquée, l'[[Association_Internationale|Association Internationale]]<ref name="lehning">Arthur Lehning, ''De Buonarroti à Bakounine : études sur le socialisme international'', Champ libre, Paris, 1977.</ref>, est fondée à Londres en 1855 par des proscrits socialistes français, allemands, polonais, anglais et belges. Elle dure quatre ans mais reste embryonnaire. Elle est dissoute suite aux dissensions de certains membres souhaitant l'abolition du comité permanent<ref name="maitron">Jean Maitron, ''Le mouvement anarchiste en France'', Gallimard, coll. « Tel », 1992. </ref>.
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En 1867, en réaction aux menaces de guerre entre la France et la Prusse, la Ligue de la Paix et de la Liberté, à laquelle Victor Hugo, entre autres, a appartenu, milite pour la création des États-Unis d'Europe<ref name="kriegel">_</ref>.
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En 1867, en réaction aux menaces de guerre entre la France et la Prusse, la Ligue de la Paix et de la Liberté, à laquelle Victor Hugo, entre autres, a appartenu, milite pour la création des États-Unis d'Europe<ref name="kriegel" />.
    
L'Association Internationale des Travailleurs adopte un point de vue tout différent&nbsp;: composée de [[Prolétaire|prolétaires]], elle se donne pour objectif de les unir dans la lutte qu'ils mènent pour leur émancipation, au-delà des divisions artificielles créées par les frontières des [[État|États]]. La fondation de la Première Internationale marque ainsi la rupture du mouvement socialiste avec le [[Républicanisme|républicanisme]] et constitue à ce titre une étape importante de l'histoire du [[Socialisme|socialisme]].
 
L'Association Internationale des Travailleurs adopte un point de vue tout différent&nbsp;: composée de [[Prolétaire|prolétaires]], elle se donne pour objectif de les unir dans la lutte qu'ils mènent pour leur émancipation, au-delà des divisions artificielles créées par les frontières des [[État|États]]. La fondation de la Première Internationale marque ainsi la rupture du mouvement socialiste avec le [[Républicanisme|républicanisme]] et constitue à ce titre une étape importante de l'histoire du [[Socialisme|socialisme]].
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Les courants constitutifs de l'Internationale sont très hétérogènes<ref name="freymond">Jacques Freymond (dir.), ''La Première Internationale. Recueil de documents'', Librairie Droz, Genève, 1962. 2 volumes, 454 et 499 p.</ref>&nbsp;:
 
Les courants constitutifs de l'Internationale sont très hétérogènes<ref name="freymond">Jacques Freymond (dir.), ''La Première Internationale. Recueil de documents'', Librairie Droz, Genève, 1962. 2 volumes, 454 et 499 p.</ref>&nbsp;:
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*Tout d'abord, il y a les syndicalistes anglais, réformistes, modérés, qui gèrent prudemment de riches fonds de grèves. Ils travaillent à l'amélioration des conditions de vie de la classe ouvrière mais font peu référence au [[Socialisme|socialisme]]. L'Association Internationale les intéresse sur un plan corporatif si elle parvient à empêcher l'introduction en Grande-Bretagne d'ouvriers du continent venant briser les grèves ou faire tendre les salaires à la baisse<ref name="kriegel">_</ref>. Les socialistes anglais sont [[Oweniste|owenistes]] ou [[Chartistes|chartistes]].
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*Tout d'abord, il y a les syndicalistes anglais, réformistes, modérés, qui gèrent prudemment de riches fonds de grèves. Ils travaillent à l'amélioration des conditions de vie de la classe ouvrière mais font peu référence au [[Socialisme|socialisme]]. L'Association Internationale les intéresse sur un plan corporatif si elle parvient à empêcher l'introduction en Grande-Bretagne d'ouvriers du continent venant briser les grèves ou faire tendre les salaires à la baisse<ref name="kriegel" />. Les socialistes anglais sont [[Oweniste|owenistes]] ou [[Chartistes|chartistes]].  
*Côté français, les militants qui participent à la naissance de l'AIT sont davantage issus du monde de l'[[Artisanat|artisanat]] que du [[Prolétariat|prolétariat]] moderne. Ils sont fortement influencés par [[Proudhon|Proudhon]]. Ils représentent un mouvement ouvrier qui renaît depuis peu grâce à la libéralisation de l'Empire&nbsp;: la loi du 25 mai 1864 vient de supprimer le délit de coalition en vigueur depuis la [[Révolution_française|Révolution française]] (loi Le Chapelier du 14 juin 1791) et Napoléon III n'oppose aucun obstacle aux prémices de l'Internationale. Il y a également des [[Blanquistes|blanquistes]] parmi les délégués français.
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*Côté français, les militants qui participent à la naissance de l'AIT sont davantage issus du monde de l'[[Artisanat|artisanat]] que du [[Prolétariat|prolétariat]] moderne. Ils sont fortement influencés par [[Proudhon|Proudhon]]. Ils représentent un mouvement ouvrier qui renaît depuis peu grâce à la libéralisation de l'Empire&nbsp;: la loi du 25 mai 1864 vient de supprimer le délit de coalition en vigueur depuis la [[Révolution_française|Révolution française]] (loi Le Chapelier du 14 juin 1791) et Napoléon III n'oppose aucun obstacle aux prémices de l'Internationale. Il y a également des [[Blanquistes|blanquistes]] parmi les délégués français.  
*De nombreux représentants de la démocratie "à la mode de 1848", comme les [[Mazzini|mazziniens]], sympathisent avec la cause de l'Internationale et y adhèrent<ref name="freymond">_</ref>, mais aussi des patriotes polonais en lutte contre le trsarisme russe, des Irlandais en lutte contre la domination anglaise...
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*De nombreux représentants de la démocratie "à la mode de 1848", comme les [[Mazzini|mazziniens]], sympathisent avec la cause de l'Internationale et y adhèrent<ref name="freymond" />, mais aussi des patriotes polonais en lutte contre le trsarisme russe, des Irlandais en lutte contre la domination anglaise...  
    
Le meeting décide de la création d'un Conseil général (''Central Council'') basé à Londres, qui se réunit toutes les semaines.
 
Le meeting décide de la création d'un Conseil général (''Central Council'') basé à Londres, qui se réunit toutes les semaines.
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Face aux autres conceptions qui pouvaient être foncièrement différentes de la sienne, comme celle des mutuellistes, Marx n'a pas cherché à faire passer ses idées coûte que coûte dans l'Internationale&nbsp;:
 
Face aux autres conceptions qui pouvaient être foncièrement différentes de la sienne, comme celle des mutuellistes, Marx n'a pas cherché à faire passer ses idées coûte que coûte dans l'Internationale&nbsp;:
<blockquote>''«&nbsp;J'ai limité à dessein ce programme aux points qui permettent d'obtenir un accord immédiat et une action commune des ouvriers, de manière à donner un aliment et une impulsion directe aux exigences de la lutte de classe et à l’organisation des ouvriers en classe.&nbsp;»<ref>K. Marx, ''[https://www.marxists.org/francais/marx/works/00/parti/kmpc054.htm#ftn7 Lettre à Kugelmann du 9 octobre 1866]''</ref>''</blockquote>
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<blockquote>''«&nbsp;J'ai limité à dessein ce programme aux points qui permettent d'obtenir un accord immédiat et une action commune des ouvriers, de manière à donner un aliment et une impulsion directe aux exigences de la lutte de classe et à l’organisation des ouvriers en classe.&nbsp;»<ref>K. Marx, ''[https://www.marxists.org/francais/marx/works/00/parti/kmpc054.htm#ftn7 Lettre à Kugelmann du 9 octobre 1866]''</ref>''</blockquote>  
 
=== Le Conseil général ===
 
=== Le Conseil général ===
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Marx fait partie du Conseil général nommé à la suite du meeting de St Martin's Hall. Celui-ci se réunit une semaine plus tard,&nbsp;5 octobre 1864, avec des membres supplémentaires cooptés représentant d'autres nationalités. Il est basé au siège de la [[Ligue_universelle_pour_l'élévation_matérielle_des_classes_industrieuses|''Ligue universelle pour l'élévation matérielle des classes industrieuses'']] au 18 Greek street. Lors de cette première session il est convenu de former un sous-comité pour se mettre au travail d'élaboration des statuts. Ce sous-comité se réunit chez Marx, avec également Eccarius. C'est [[Karl_Marx|Marx]] qui rédigera l'Adresse inaugurale<ref>[http://www.marxists.org/francais/ait/1864/09/18640928.htm Adresse inaugurale de l'AIT], écrite entre le 21 et le 27 octobre 1864.</ref> et les statuts provisoires<ref>[http://www.marxists.org/francais/ait/1864/00/18640000.htm Statuts de l'AIT], 1864</ref> dans lesquels l'AIT affirme que «&nbsp;''l'émancipation des travailleurs doit être l'œuvre des travailleurs eux-mêmes''&nbsp;» et déclare agir «&nbsp;''pour l'émancipation définitive de la classe travailleuse, c'est-à-dire pour l'abolition définitive du salariat''&nbsp;». Ces statuts ont fait l'objet de plusieurs traductions en français&nbsp;: une première, très défectueuse, a été effectuée dès 1864 par les militants parisiens de l'Internationale. Une seconde, en 1866, est due à [[Charles_Longuet|Charles Longuet]]. Les différentes versions françaises de ces statuts auront des conséquences au moment de la scission.<ref>Les différentes versions françaises de ces statuts sont longuement détaillées par James Guillaume dans ''L'Internationale. Documents et souvenirs'', tome premier, pp.10-21 (Société nouvelle de Librairie et d'Edition, Paris, 1905), ne seront pas sans conséquence au moment de la scission.</ref>
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Marx fait partie du Conseil général nommé à la suite du meeting de St Martin's Hall. Celui-ci se réunit une semaine plus tard,&nbsp;5 octobre 1864, avec des membres supplémentaires cooptés représentant d'autres nationalités. Il est basé au siège de la [[Ligue_universelle_pour_l'élévation_matérielle_des_classes_industrieuses|''Ligue universelle pour l'élévation matérielle des classes industrieuses'']] au 18 Greek street. Lors de cette première session il est convenu de former un sous-comité pour se mettre au travail d'élaboration des statuts. Ce sous-comité se réunit chez Marx, avec également Eccarius. C'est [[Karl_Marx|Marx]] qui rédigera l'Adresse inaugurale<ref name="Adresse">[http://www.marxists.org/francais/ait/1864/09/18640928.htm Adresse inaugurale de l'AIT], écrite entre le 21 et le 27 octobre 1864.</ref> et les statuts provisoires<ref>[http://www.marxists.org/francais/ait/1864/00/18640000.htm Statuts de l'AIT], 1864</ref> dans lesquels l'AIT affirme que «&nbsp;''l'émancipation des travailleurs doit être l'œuvre des travailleurs eux-mêmes''&nbsp;» et déclare agir «&nbsp;''pour l'émancipation définitive de la classe travailleuse, c'est-à-dire pour l'abolition définitive du salariat''&nbsp;». Ces statuts ont fait l'objet de plusieurs traductions en français&nbsp;: une première, très défectueuse, a été effectuée dès 1864 par les militants parisiens de l'Internationale. Une seconde, en 1866, est due à [[Charles_Longuet|Charles Longuet]]. Les différentes versions françaises de ces statuts auront des conséquences au moment de la scission.<ref>Les différentes versions françaises de ces statuts sont longuement détaillées par James Guillaume dans ''L'Internationale. Documents et souvenirs'', tome premier, pp.10-21 (Société nouvelle de Librairie et d'Edition, Paris, 1905), ne seront pas sans conséquence au moment de la scission.</ref>
    
Le Conseil général initial n'est composé que d'hommes. La question de la présence de femmes, outre qu'elle ne s'était pas encore posée, ne semblait pas aller totalement de soi. Le compte-rendu de la session du 25 avril 1865 indique que "Une question ayant été posée sur la possibilité pour des femmes d'être membres, le citoyen Wheeler proposa, appuyé par le citoyen Bordage, que les femmes puissent être admises. Accepté à l'unanimité."
 
Le Conseil général initial n'est composé que d'hommes. La question de la présence de femmes, outre qu'elle ne s'était pas encore posée, ne semblait pas aller totalement de soi. Le compte-rendu de la session du 25 avril 1865 indique que "Une question ayant été posée sur la possibilité pour des femmes d'être membres, le citoyen Wheeler proposa, appuyé par le citoyen Bordage, que les femmes puissent être admises. Accepté à l'unanimité."
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[[File:AIT-CongresGeneve-1866.jpg|right|366x257px|AIT-CongresGeneve-1866.jpg]]Le premier congrès de l'AIT, d'après ses statuts provisoires, devait se tenir en Belgique en 1865<ref name="Guillaume">James Guillaume, ''L'Internationale. Documents et souvenirs'', Société nouvelle de Librairie et d'Edition, Paris, 1905, 4 tomes. Reprint en deux volumes, Editions Gérard Lebovici, 1985.</ref>. Mais le Conseil général estime que la tenue d'un congrès en 1865 serait prématurée, d'autant plus que la Belgique vient de voter une loi contre les étrangers qui risque de compromettre l'accueil des délégués. Une simple conférence se réunit à Londres du 25 au 29 septembre 1865. Celle-ci décide que le premier congrès se tiendra à Genève au printemps 1866. À la demande des Genevois, il est repoussé à l'automne et débute le 3 septembre 1866.
 
[[File:AIT-CongresGeneve-1866.jpg|right|366x257px|AIT-CongresGeneve-1866.jpg]]Le premier congrès de l'AIT, d'après ses statuts provisoires, devait se tenir en Belgique en 1865<ref name="Guillaume">James Guillaume, ''L'Internationale. Documents et souvenirs'', Société nouvelle de Librairie et d'Edition, Paris, 1905, 4 tomes. Reprint en deux volumes, Editions Gérard Lebovici, 1985.</ref>. Mais le Conseil général estime que la tenue d'un congrès en 1865 serait prématurée, d'autant plus que la Belgique vient de voter une loi contre les étrangers qui risque de compromettre l'accueil des délégués. Une simple conférence se réunit à Londres du 25 au 29 septembre 1865. Celle-ci décide que le premier congrès se tiendra à Genève au printemps 1866. À la demande des Genevois, il est repoussé à l'automne et débute le 3 septembre 1866.
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Le développement de l'Internationale est encore modeste. Soixante délégués (dont 15 en observateurs) représentent 25 sections et 11 sociétés adhérentes provenant de France, de Suisse, d'Allemagne et d'Angleterre<ref name="freymond">_</ref>. Pour la France, seules trois grandes cités ouvrières sont représentées&nbsp;: Paris (par Henri Tolain, Zéphyrin Camélinat, Benoit Malon, Eugène Varlin, Édouard Fribourg...), Rouen et Lyon. Les Suisses sont en grand nombre, ils viennent de Genève (Jean-Philippe Becker...), Lausanne, Montreux, Neuchâtel (James Guillaume), La Chaux-de-Fonds, Saint-Imier (Adhémar Schwitzguébel), Bienne, Zurich et Bâle. Pour l'Allemagne&nbsp;: Stuttgart, Magdeburg et Cologne. Pour l'Angleterre, les tailleurs londoniens envoient un délégué tandis que la section française de Londres est représentée par Eugène Dupont. Enfin, le Conseil général a délégué cinq de ses membres, parmi lesquels figurent George Odger, Hermann Jung ou encore Johann Georg Eccarius. Les discussions sont dominées par les délégués proudhoniens de Paris. Six blanquistes de Paris viennent dénoncer les délégués comme "émissaires de Bonaparte" mais ils sont évacués.
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Le développement de l'Internationale est encore modeste. Soixante délégués (dont 15 en observateurs) représentent 25 sections et 11 sociétés adhérentes provenant de France, de Suisse, d'Allemagne et d'Angleterre<ref name="freymond" />. Pour la France, seules trois grandes cités ouvrières sont représentées&nbsp;: Paris (par Henri Tolain, Zéphyrin Camélinat, Benoit Malon, Eugène Varlin, Édouard Fribourg...), Rouen et Lyon. Les Suisses sont en grand nombre, ils viennent de Genève (Jean-Philippe Becker...), Lausanne, Montreux, Neuchâtel (James Guillaume), La Chaux-de-Fonds, Saint-Imier (Adhémar Schwitzguébel), Bienne, Zurich et Bâle. Pour l'Allemagne&nbsp;: Stuttgart, Magdeburg et Cologne. Pour l'Angleterre, les tailleurs londoniens envoient un délégué tandis que la section française de Londres est représentée par Eugène Dupont. Enfin, le Conseil général a délégué cinq de ses membres, parmi lesquels figurent George Odger, Hermann Jung ou encore Johann Georg Eccarius. Les discussions sont dominées par les délégués proudhoniens de Paris. Six blanquistes de Paris viennent dénoncer les délégués comme "émissaires de Bonaparte" mais ils sont évacués.
    
À Genève est notamment adoptée la revendication de la limitation du temps de travail journalier à 8 heures maximum. Le refus du travail des femmes est également voté à l'initiative des [[Mutuellisme_(théorie_économique)|mutuellistes]] [[Pierre_Joseph_Proudhon|proudhoniens]]. Par exemple pour [[Henri_Tolain|Tolain]], [[Édouard_Fribourg|Fribourg]] ou Chemalé, «''le travail des femmes doit être énergiquement condamné comme principe de dégénérescence pour la race et un des agents de démoralisation de la classe capitaliste''&nbsp;».<ref>Cité dans Michèle Riot-Sarcey, ''Histoire du féminisme'', La Découverte, Paris, 2008, p. 53.</ref>
 
À Genève est notamment adoptée la revendication de la limitation du temps de travail journalier à 8 heures maximum. Le refus du travail des femmes est également voté à l'initiative des [[Mutuellisme_(théorie_économique)|mutuellistes]] [[Pierre_Joseph_Proudhon|proudhoniens]]. Par exemple pour [[Henri_Tolain|Tolain]], [[Édouard_Fribourg|Fribourg]] ou Chemalé, «''le travail des femmes doit être énergiquement condamné comme principe de dégénérescence pour la race et un des agents de démoralisation de la classe capitaliste''&nbsp;».<ref>Cité dans Michèle Riot-Sarcey, ''Histoire du féminisme'', La Découverte, Paris, 2008, p. 53.</ref>
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Un débat a lieu au sujet de la participation à la conférence de la ''[[Ligue_de_la_paix_et_de_la_liberté|Ligue de la paix et de la liberté]]'', dont le congrès de fondation se tient à Lausanne au même moment. Le congrès de l'AIT envoya une délégation à cette conférence (dominée par la gauche bourgeoise), malgré l'avis de Marx relayé par le conseil général&nbsp;:
 
Un débat a lieu au sujet de la participation à la conférence de la ''[[Ligue_de_la_paix_et_de_la_liberté|Ligue de la paix et de la liberté]]'', dont le congrès de fondation se tient à Lausanne au même moment. Le congrès de l'AIT envoya une délégation à cette conférence (dominée par la gauche bourgeoise), malgré l'avis de Marx relayé par le conseil général&nbsp;:
<blockquote>«&nbsp;Il est souhaitable que le plus grand nombre de délégués pour qui cela est possible assistent au Congrès de la paix à titre individuel; mais il serait peu judicieux de prendre part officiellement en tant que représentants de l'Association internationale. Le Congrès de l'Internationale des Travailleurs était en soi un congrès de paix, car l'union de la classe ouvrière des différents pays doit en fin de compte rendre les guerres entre pays impossibles. Si les promoteurs du Congrès de la Paix de Genève l'avaient vraiment compris, ils auraient rejoint l'Association internationale.» Journal [[The_Bee-Hive|The Bee-Hive]], 17 août 1867</blockquote>
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<blockquote>«&nbsp;Il est souhaitable que le plus grand nombre de délégués pour qui cela est possible assistent au Congrès de la paix à titre individuel; mais il serait peu judicieux de prendre part officiellement en tant que représentants de l'Association internationale. Le Congrès de l'Internationale des Travailleurs était en soi un congrès de paix, car l'union de la classe ouvrière des différents pays doit en fin de compte rendre les guerres entre pays impossibles. Si les promoteurs du Congrès de la Paix de Genève l'avaient vraiment compris, ils auraient rejoint l'Association internationale.» Journal [[The_Bee-Hive|The Bee-Hive]], 17 août 1867</blockquote>  
 
=== Répression et basculement en France ===
 
=== Répression et basculement en France ===
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Le congrès approuve par ailleurs la ligne de Marx concernant la ''Ligue de la paix et de la liberté''&nbsp;: ne pas s'y affilier, tout en soutenant toute action anti-militariste.
 
Le congrès approuve par ailleurs la ligne de Marx concernant la ''Ligue de la paix et de la liberté''&nbsp;: ne pas s'y affilier, tout en soutenant toute action anti-militariste.
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=== L'adhésion de Bakounine et le conflit (1868-1872) ===
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En 1868, [[Bakounine|Bakounine]] adhère à la section suisse de l’AIT, et son [[Alliance_internationale_de_la_démocratie_socialiste|Alliance internationale de la démocratie socialiste]] demande l'adhésion en bloc à l'Internationale. Dès ce moment, Marx, même s'il connaît Bakounine depuis longtemps, est méfiant : ''«&nbsp;Monsieur Bakounine – dans les coulisses de cette affaire – condescend à placer le mouvement ouvrier sous direction russe&nbsp;»''<ref>Lettre de Marx à Engels du 15 décembre 1868</ref>
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Le Conseil général de l'AIT rejette la demande d'adhésion, en considérant que les sections de l'Alliance doivent devenir des sections de l'AIT. <span>​</span><ref>Conseil général de l'AIT, ''[http://marxists.anu.edu.au/archive/marx/iwma/documents/1868/bakunin-resolution.htm Résolution sur l'Alliance internationale de la démocratie socialiste]'', 22 décembre 1868</ref><span>​</span> Après de vives discussions internes, les alliancistes reconnaissent le bien-fondé du raisonnement du Conseil Général et le Bureau central de l’Alliance est dissout en février 1869, les groupes divers dont elle était composée adhérant à l'Internationale séparément. Par courrier daté du 28 juillet 1869, [[Johann_Georg_Eccarius|Johann Georg Eccarius]], au nom du Conseil Général, accepte l'adhésion du groupe de Genève de l'Alliance comme section de l'Internationale. Bakounine écrit à Marx le 22 décembre 1868&nbsp;:
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<blockquote>«&nbsp;Ma patrie maintenant, c’est l’Internationale, dont tu es l’un des principaux fondateurs. Tu vois donc, cher ami, que je suis ton disciple, et je suis fier de l’être&nbsp;».</blockquote>
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L’AIT va rapidement se trouver divisée entre "[[Marxisme|marxistes]]" et "[[Anarchisme|anarchistes]]" de tendance [[Bakounine|bakouniniste]]. [[Errico_Malatesta|Errico Malatesta]] commentera ainsi plus tard cette division&nbsp;:
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<blockquote>«&nbsp;Nous voulions, par une action consciente, imprimer au mouvement ouvrier la direction qui nous semble la meilleure, contre ceux qui croient au miracle de l'automatisme et aux vertus de la masse travailleuse... Nous qui dans l'Internationale, étions désignés sous le nom de bakouninistes, et étions membres de l'Alliance, nous criions très fort contre Marx et les marxistes parce qu'ils tentaient de faire triompher dans l'Internationale leur programme particulier&nbsp;; mais à part la loyauté des moyens employés et sur lesquels il est maintenant inutile d'insister, nous faisions comme eux, c'est-à-dire que nous cherchions à nous servir de l'Internationale pour atteindre nos buts de parti.&nbsp;» (Volonta, 1914)</blockquote>
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[[File:AIT-CongresBale-Bakounine.png|right|359x264px|Les bakouninistes au congrès de Bâle]]
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La méfiance se renforce. Marx cherche à obtenir des informations compromettantes sur Bakounine via le jeune militant russe [[Serno-Solovievitch|Serno-Solovievitch]], mais celui-ci en informe Bakounine<ref>Lettre de Marx à Engels du 13 janvier 1869</ref>. En revanche, il trouvera dans la personne de [[Nicolas_Outine|Nicolas Outine]] un informateur dévoué, animé d’une haine tenace pour Bakounine. Dès le mois de mars 1869, Marx s’inquiète auprès d’[[Engels|Engels]] des succès rencontrés en France, en Suisse, en Italie et en Espagne par le programme de l’Alliance et des risques de scission.<ref>Lettre de Marx à Engels du 14 mars 1869</ref> Marx se doute que Bakounine entretient secrètement le réseau de l'Alliance, et se fait menaçant dans une lettre à Engels de juillet 1869 :
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<blockquote>«&nbsp;Ce russe, cela est clair, veut devenir le dictateur du mouvement ouvrier européen. Qu'il prenne garde à lui, sinon il sera excommunié&nbsp;» <ref>Lettre de Marx à Engels du 27 juillet 1869</ref></blockquote>
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De son côté [[Bakounine|Bakounine]] est persuadé que Marx maintient secrètement la Ligue des communistes, dissoute depuis longtemps, et il se prépare à un conflit ouvert :
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<blockquote>«&nbsp;Il pourrait arriver et même dans un très bref délai, que j'engageasse une lutte avec lui [Marx]... pour une question de principe, à propos du communisme d'État... Alors, ce sera une lutte à mort&nbsp;» (lettre du 28 octobre 1869 de Bakounine à Herzen)</blockquote>
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Il faut cependant remarquer que dans la même lettre, Bakounine écrit à propos de Marx&nbsp;:
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<blockquote>«&nbsp;Nous ne saurions méconnaître, moi du moins, les immenses services rendus par lui à la cause du socialisme, qu’il sert avec intelligence, énergie et sincérité depuis près de vingt cinq ans, en quoi il nous a indubitablement tous surpassés.&nbsp;»</blockquote>
 
=== Le congrès de Bâle (1869) ===
 
=== Le congrès de Bâle (1869) ===
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À partir de votes sur des motions ou amendements présentés par ces divers «&nbsp;courants&nbsp;», on peut établir le «&nbsp;rapport de force&nbsp;» comme suit&nbsp;:
 
À partir de votes sur des motions ou amendements présentés par ces divers «&nbsp;courants&nbsp;», on peut établir le «&nbsp;rapport de force&nbsp;» comme suit&nbsp;:
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*63&nbsp;% des délégués de l'AIT se regroupent sur des textes collectivistes dits «&nbsp;anti-autoritaires&nbsp;» («&nbsp;bakouninistes&nbsp;»).
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*63&nbsp;% des délégués de l'AIT se regroupent sur des textes collectivistes dits «&nbsp;anti-autoritaires&nbsp;» («&nbsp;bakouninistes&nbsp;»).  
*31&nbsp;% se regroupent sur des textes collectivistes dits «&nbsp;marxistes&nbsp;».
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*31&nbsp;% se regroupent sur des textes collectivistes dits «&nbsp;marxistes&nbsp;».  
*6&nbsp;% maintiennent leurs convictions mutuellistes (proudhoniens).
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*6&nbsp;% maintiennent leurs convictions mutuellistes (proudhoniens).  
    
Les deux premières sensibilités se retrouvent sur le principe du collectivisme, notamment sur une proposition ayant trait à la socialisation du sol. Le socialiste belge De Paepe joue un rôle décisif en faisant basculer la délégation belge, auparavant mutuelliste, du côté collectiviste.
 
Les deux premières sensibilités se retrouvent sur le principe du collectivisme, notamment sur une proposition ayant trait à la socialisation du sol. Le socialiste belge De Paepe joue un rôle décisif en faisant basculer la délégation belge, auparavant mutuelliste, du côté collectiviste.
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Mais les marxistes et les bakounistes se séparent sur la question de l'[[héritage|héritage]] :
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*Les Bakouninistes veulent inscrire la suppression du droit d’héritage dans le programme de l’Internationale, et obtiennent une majorité.
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*Pour Marx, il fallait défendre des mesures pratiques comme l'établissement d'impôts sur la succession et la limitation du droit de tester. L'héritage disparaîtrait avec le capitalisme, car il en est une conséquence et pas une cause.<ref>Voir à ce propos la Communication confidentielle, qui qualifie la proposition adoptée à Bâle de « vieillerie saint-simonienne », et les exposés de Marx sur le droit d’héritage au Conseil général en juillet 1869.</ref>
    
Enfin, et à l'unanimité, le congrès décide d'organiser les travailleurs dans des sociétés de résistance (syndicats).
 
Enfin, et à l'unanimité, le congrès décide d'organiser les travailleurs dans des sociétés de résistance (syndicats).
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=== Le conflit Marx-Bakounine ===
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En avril 1870, lors du congrès régional de la fédération romande, va se produire une scission&nbsp;: les délégués suisses vont se diviser sur l'attitude à adopter à l'égard des gouvernements et des partis politiques. Quelques phrases extraites des deux résolutions divergentes expriment bien cette opposition qui, de locale, allait gagner tout le mouvement. Pour les bakouninistes,
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<blockquote>«&nbsp;toute participation de la classe ouvrière à la politique bourgeoise gouvernementale ne peut avoir d'autre résultat que la consolidation de l'ordre des choses existant, ce qui paralyserait l'action révolutionnaire socialiste du prolétariat. Le congrès romand commande à toutes les sections de l'AIT de renoncer à toute action ayant pour but d'opérer la transformation sociale au moyen des réformes politiques nationales, et de porter toute leur activité sur la constitution fédérative de corps de métiers, seul moyen d'assurer le succès de la révolution sociale. Cette fédération est la véritable représentation du travail, qui doit avoir lieu absolument en dehors des gouvernements politiques.&nbsp;»</blockquote>
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A l'inverse, les «marxistes» affirment:
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<blockquote>«&nbsp;l'abstention politique est funeste par ses conséquences pour notre œuvre commune. Quand nous professons l'intervention politique et les candidatures ouvrières, nous voulons seulement nous servir de cette représentation comme d'un moyen d'agitation qui ne doit pas être négligé dans notre tactique. Nous croyons qu'individuellement chaque membre doit intervenir, autant que faire se peut, dans la politique.&nbsp;»</blockquote>
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Le Conseil Général de Londres va tenter d'éviter l'affrontement, et rappelle aux bakouninistes que les statuts de l’AIT considèrent l'action politique comme un moyen d'émancipation. Mais, rapidement, ce conflit va déborder les frontières suisses. Les «bakouninistes», désormais appelés «&nbsp;jurassiens&nbsp;», vont rencontrer d'actives sympathies en France, en Espagne et en Belgique. Des tentatives de conciliation au sein des sections romandes, puis à la conférence de Londres en 1871, vont échouer. Le Conseil Général de Londres enjoint alors aux jurassiens de se fondre dans la fédération agréée de Genève. Au nom du principe statutaire d’[[Autonomie|Autonomie]], les jurassiens s'obstinent, et refusent qu’il y ait une seule section suisse de l’Internationale.
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En 1868, [[Bakounine|Bakounine]] adhère à la section suisse de l’AIT, et en 1869 l’AIT intègre les membres de son Alliance démocratique sociale (qui déclare s’auto-dissoudre afin d’intégrer l’Internationale). Bakounine écrit à Marx le 22 décembre 1868&nbsp;:
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=== La Commune de Paris (1871) ===
<blockquote>«&nbsp;Ma patrie maintenant, c’est l’Internationale, dont tu es l’un des principaux fondateurs. Tu vois donc, cher ami, que je suis ton disciple, et je suis fier de l’être&nbsp;».</blockquote>
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L’AIT, qui regroupe alors les différentes tendances du [[Socialisme|socialisme]], va progressivement se trouver divisée entre "[[Marxisme|marxistes]]" et "[[Anarchisme|anarchistes]]" de tendance [[Bakounine|bakouniniste]]. [[Errico_Malatesta|Errico Malatesta]] commentera ainsi plus tard cette division&nbsp;:
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<blockquote>«&nbsp;Nous voulions, par une action consciente, imprimer au mouvement ouvrier la direction qui nous semble la meilleure, contre ceux qui croient au miracle de l'automatisme et aux vertus de la masse travailleuse... Nous qui dans l'Internationale, étions désignés sous le nom de bakouninistes, et étions membres de l'Alliance, nous criions très fort contre Marx et les marxistes parce qu'ils tentaient de faire triompher dans l'Internationale leur programme particulier&nbsp;; mais à part la loyauté des moyens employés et sur lesquels il est maintenant inutile d'insister, nous faisions comme eux, c'est-à-dire que nous cherchions à nous servir de l'Internationale pour atteindre nos buts de parti.&nbsp;» (Volonta, 1914)</blockquote>
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[[File:AIT-CongresBale-Bakounine.png|right|359x264px|Les bakouninistes au congrès de Bâle]]
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A partir de cette période, Marx et Bakounine, qui se connaissaient depuis de nombreuses années, commencent à se méfier l’un de l’autre.
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La guerre de 1870 et [[Commune_de_Paris_(1871)|la Commune]] n'allaient que retarder le dénouement de cette opposition. En effet, les événements empêchent la tenue du 5<sup>e</sup> congrès qui devait s'ouvrir à Paris en septembre 1870.
<blockquote>«&nbsp;Ce russe, cela est clair, veut devenir le dictateur du mouvement ouvrier européen. Qu'il prenne garde à lui, sinon il sera excommunié&nbsp;» (lettre du 27 juillet 1869 de Marx à [[Friedrich_Engels|Friedrich Engels]]). «&nbsp;Il pourrait arriver et même dans un très bref délai, que j'engageasse une lutte avec lui [Marx]... pour une question de principe, à propos du communisme d'État... Alors, ce sera une lutte à mort&nbsp;» (lettre du 28 octobre 1869 de Bakounine à Herzen)</blockquote>
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Il faut cependant remarquer que dans la même lettre, Bakounine écrit à propos de Marx&nbsp;:
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<blockquote>«&nbsp;Nous ne saurions méconnaître, moi du moins, les immenses services rendus par lui à la cause du socialisme, qu’il sert avec intelligence, énergie et sincérité depuis près de vingt cinq ans, en quoi il nous a indubitablement tous surpassés.&nbsp;»</blockquote>
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La guerre de 1870 et [[Commune_de_Paris_(1871)|la Commune]] n'allaient que retarder le dénouement de cette opposition. En effet, les événements empêchent la tenue du 5<sup>ème</sup> congrès qui devait s'ouvrir à Paris en septembre 1870.
      
En France, les militants de l’Internationale participent activement à [[Commune_de_Paris_(1871)|la Commune]], et nombre d’entre eux sont tués lors de la répression sanglante qui suit la défaite. De très nombreux militants de l’AIT sont exécutés, de nombreux survivants condamnés à l’exil.
 
En France, les militants de l’Internationale participent activement à [[Commune_de_Paris_(1871)|la Commune]], et nombre d’entre eux sont tués lors de la répression sanglante qui suit la défaite. De très nombreux militants de l’AIT sont exécutés, de nombreux survivants condamnés à l’exil.
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Dans le même temps, en avril 1870, lors du congrès régional de la fédération romande, va se produire une scission&nbsp;: les délégués suisses vont se diviser sur l'attitude à adopter à l'égard des gouvernements et des partis politiques. Quelques phrases extraites des deux résolutions divergentes expriment bien cette opposition qui, de locale, allait gagner tout le mouvement. Pour les bakouninistes,
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Au lendemain de la Commune, Bakounine fait encore cause commune avec Marx contre les attaques de [[Mazzini|Mazzini]].
<blockquote>«&nbsp;toute participation de la classe ouvrière à la politique bourgeoise gouvernementale ne peut avoir d'autre résultat que la consolidation de l'ordre des choses existant, ce qui paralyserait l'action révolutionnaire socialiste du prolétariat. Le congrès romand commande à toutes les sections de l'AIT de renoncer à toute action ayant pour but d'opérer la transformation sociale au moyen des réformes politiques nationales, et de porter toute leur activité sur la constitution fédérative de corps de métiers, seul moyen d'assurer le succès de la révolution sociale. Cette fédération est la véritable représentation du travail, qui doit avoir lieu absolument en dehors des gouvernements politiques.&nbsp;»</blockquote>
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A l'inverse, les «marxistes» affirment:
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A défaut de congrès, une conférence de Londres se tient en septembre 1871. Celle-ci confirme la position de Marx sur la question politique, en renvoyant à l'Adresse inaugurale de l'AIT qui disait ''«&nbsp;la conquête du pouvoir politique est devenue le premier devoir de la classe ouvrière&nbsp;»''<ref name="Adresse" />. La légitimité de cette conférence sera aussitôt attaquée par les jurassiens.
<blockquote>«&nbsp;l'abstention politique est funeste par ses conséquences pour notre œuvre commune. Quand nous professons l'intervention politique et les candidatures ouvrières, nous voulons seulement nous servir de cette représentation comme d'un moyen d'agitation qui ne doit pas être négligé dans notre tactique. Nous croyons qu'individuellement chaque membre doit intervenir, autant que faire se peut, dans la politique.&nbsp;»</blockquote>
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Le Conseil Général de Londres va tenter d'éviter l'affrontement, et rappelle aux bakouninistes que les statuts de l’AIT considèrent l'action politique comme un moyen d'émancipation. Mais, rapidement, ce conflit va déborder les frontières suisses. Les «bakouninistes», désormais appelés «&nbsp;jurassiens&nbsp;», vont rencontrer d'actives sympathies en France, en Espagne et en Belgique. Des tentatives de conciliation au sein des sections romandes, puis à la conférence de Londres en 1871, vont échouer. Le Conseil Général de Londres enjoint alors aux jurassiens de se fondre dans la fédération agréée de Genève. Au nom du principe statutaire d’[[Autonomie|Autonomie]], les jurassiens s'obstinent, et refusent qu’il y ait une seule section suisse de l’Internationale.
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=== La scission ===
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=== La scission au congrès de La Haye (1872) ===
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Dès le 6 septembre 1871, les jurassiens se mettent en marge de l'AIT en adoptant de nouveaux statuts, et en contestant le conseil général qu’ils qualifient de «&nbsp;hiérarchique et autoritaire&nbsp;».
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Dès le 6 septembre 1871, les jurassiens se mettent en marge de l'AIT en adoptant de nouveaux statuts, et en contestant le conseil général qu’ils qualifient de «&nbsp;hiérarchique et autoritaire&nbsp;». Marx et ses partisans sont alors persuadés que le but de Bakounine est de parvenir à relocaliser à Genève le Conseil général. Bakounine dément, et soutient seulement la réduction des pouvoirs du Conseil général.
    
Dans ''Les Prétendues scissions dans l'Internationale'', le conseil général dénonce les méthodes des «&nbsp;jurassiens&nbsp;», membres de l’Alliance démocratique sociale&nbsp;:
 
Dans ''Les Prétendues scissions dans l'Internationale'', le conseil général dénonce les méthodes des «&nbsp;jurassiens&nbsp;», membres de l’Alliance démocratique sociale&nbsp;:
<blockquote>«&nbsp;Tous les socialistes entendent par anarchie ceci&nbsp;: le but du mouvement prolétaire, l’abolition des classes, une fois atteint, le pouvoir de l’État qui sert à maintenir la grande majorité productrice sous le joug d’une minorité exploitante peu nombreuse, disparaît et les fonctions gouvernementales se transforment en de simples fonctions administratives. L’Alliance prend la chose au rebours. Elle proclame l’Anarchie dans les rangs prolétaires comme le moyen le plus infaillible de briser la puissante concentration des forces sociales et politiques entre les mains des exploiteurs. Sous ce prétexte, elle demande à l’Internationale, au moment où le vieux monde cherche à l’écraser, de remplacer son organisation par l’Anarchie.&nbsp;» (''Les Prétendues scissions dans l'Internationale'', texte adopté par le conseil général, essentiellement rédigé par [[Karl_Marx|Karl Marx]]. Publié à Genève, 1872).</blockquote>
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<blockquote>«&nbsp;Tous les socialistes entendent par anarchie ceci&nbsp;: le but du mouvement prolétaire, l’abolition des classes, une fois atteint, le pouvoir de l’État qui sert à maintenir la grande majorité productrice sous le joug d’une minorité exploitante peu nombreuse, disparaît et les fonctions gouvernementales se transforment en de simples fonctions administratives. L’Alliance prend la chose au rebours. Elle proclame l’Anarchie dans les rangs prolétaires comme le moyen le plus infaillible de briser la puissante concentration des forces sociales et politiques entre les mains des exploiteurs. Sous ce prétexte, elle demande à l’Internationale, au moment où le vieux monde cherche à l’écraser, de remplacer son organisation par l’Anarchie.&nbsp;» (''Les Prétendues scissions dans l'Internationale'', texte adopté par le conseil général, essentiellement rédigé par Karl Marx. Publié à Genève, 1872).</blockquote>  
La scission aura lieu début septembre 1872 lors du 8<sup>ème</sup> congrès, à La Haye. Le lieu du congrès suscite déjà des oppositions (nombre de fédérations pensaient qu'il se tiendrait en Suisse). Les jurassiens mandatent impérativement [[James_Guillaume|James Guillaume]] et [[Adhémar_Schwitzguebel|Adhémar Schwitzguebel]] pour présenter leur motion «&nbsp;anti-autoritaire&nbsp;» au congrès officiel et se retirer en cas de vote négatif. Le congrès regroupe 65 délégués d'une dizaine de pays. Du fait du maintien officieux de leur structure internationale autonome (l’Alliance démocratique sociale), Bakounine et Guillaume sont exclus. Le conseil général est transféré à New York. Des militants et des fédérations se solidarisent avec les exclus et quittent alors l'AIT. Les "marxistes" étaient majoritaires dans les pays où il était possible de participer à la vie politique et de réaliser des améliorations des conditions de vie des travailleurs, tandis que l'anarchisme était majoritaire dans les pays où les interdictions étaient plus fortes.
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La scission aura lieu début septembre 1872 lors du 8<sup>e</sup> congrès, à La Haye. Le lieu du congrès suscite déjà des oppositions (nombre de fédérations pensaient qu'il se tiendrait en Suisse). Les jurassiens mandatent impérativement [[James_Guillaume|James Guillaume]] et [[Adhémar_Schwitzguebel|Adhémar Schwitzguebel]] pour présenter leur motion «&nbsp;anti-autoritaire&nbsp;» au congrès officiel et se retirer en cas de vote négatif. Le congrès regroupe 65 délégués d'une dizaine de pays. Du fait du maintien officieux de leur structure internationale autonome (l’Alliance démocratique sociale), Bakounine et Guillaume sont exclus. Le conseil général est transféré à New York. Des militants et des fédérations se solidarisent avec les exclus et quittent alors l'AIT. Les "marxistes" étaient majoritaires dans les pays où il était possible de participer à la vie politique et de réaliser des améliorations des conditions de vie des travailleurs, tandis que l'anarchisme était majoritaire dans les pays où les interdictions étaient plus fortes.
    
Après l’affaiblissement dû à la répression qui suit l’échec de La Commune, cette scission sera fatale à la Première Internationale, qui va s'éteindre progressivement.
 
Après l’affaiblissement dû à la répression qui suit l’échec de La Commune, cette scission sera fatale à la Première Internationale, qui va s'éteindre progressivement.
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C'est au moment où il voyait ses idées triompher que Bakounine décida de se retirer&nbsp;:
 
C'est au moment où il voyait ses idées triompher que Bakounine décida de se retirer&nbsp;:
<blockquote>«&nbsp;J'ai la conviction que le temps des grands discours théoriques est passé. Dans les neuf dernières années, on a développé au sein de l'Internationale plus d'idées qu'il n'en faudrait pour sauver le monde, si les idées seules pouvaient le sauver. Ce qui importe avant tout aujourd'hui, c'est l'organisation des forces du prolétariat&nbsp;».</blockquote>
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<blockquote>«&nbsp;J'ai la conviction que le temps des grands discours théoriques est passé. Dans les neuf dernières années, on a développé au sein de l'Internationale plus d'idées qu'il n'en faudrait pour sauver le monde, si les idées seules pouvaient le sauver. Ce qui importe avant tout aujourd'hui, c'est l'organisation des forces du prolétariat&nbsp;».</blockquote>  
Un «&nbsp;VIIème congrès de l'Internationale&nbsp;» se réunit à Bruxelles du 7 au 12 septembre 1874. On en retiendra que l'Italie, disant suivre en cela les recommandations de Bakounine, décide de se préparer à passer aux actes. À l'opposé, sous l'influence de la section belge, un rapprochement est estimé utile avec les partis démocratiques et [[Socialiste|socialistes]]. Ce débat va se clarifier peu à peu durant les trois années suivantes. Il aboutira de fait à la dislocation de cette nouvelle Internationale.
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Un « 8<sup>e</sup> congrès de l'Internationale&nbsp;» se réunit à Bruxelles du 7 au 12 septembre 1874. On en retiendra que l'Italie, disant suivre en cela les recommandations de Bakounine, décide de se préparer à passer aux actes. À l'opposé, sous l'influence de la section belge, un rapprochement est estimé utile avec les partis démocratiques et [[Socialiste|socialistes]]. Ce débat va se clarifier peu à peu durant les trois années suivantes. Il aboutira de fait à la dislocation de cette nouvelle Internationale.
    
C'est ainsi que durant le «VIIIème congrès&nbsp;» (26/27 octobre 1876 à Berne), César De Paepe et la section belge font admettre le projet de convocation d'un congrès socialiste auquel assisteraient des représentants des organisations [[Communiste|communistes]]. Les italiens, quant à eux, ont décidé de passer à l'action en utilisant la tactique du «&nbsp;fait insurrectionnel&nbsp;». Ce sera l'épopée du Bénévent en avril 1877 et son échec&nbsp;: une trentaine d'anarchistes armés occupent deux villages, en brûlent les archives et «&nbsp;décrètent&nbsp;» la révolution. Une semaine plus tard, les insurgés, transis et affamés seront capturés sans offrir de résistance. Mais cet échec ne fut pas sans lendemain. Au mois de juin de la même année, Costa et Paul Brousse définissent et expliquent ce que sera la «&nbsp;[[Propagande_par_le_fait|Propagande par le fait]]&nbsp;». Le courant [[Anarcho-syndicaliste|anarcho-syndicaliste]] était alors trop faible pour mettre en avant ses théories d'actions auto-gestionnaires ou communalistes.
 
C'est ainsi que durant le «VIIIème congrès&nbsp;» (26/27 octobre 1876 à Berne), César De Paepe et la section belge font admettre le projet de convocation d'un congrès socialiste auquel assisteraient des représentants des organisations [[Communiste|communistes]]. Les italiens, quant à eux, ont décidé de passer à l'action en utilisant la tactique du «&nbsp;fait insurrectionnel&nbsp;». Ce sera l'épopée du Bénévent en avril 1877 et son échec&nbsp;: une trentaine d'anarchistes armés occupent deux villages, en brûlent les archives et «&nbsp;décrètent&nbsp;» la révolution. Une semaine plus tard, les insurgés, transis et affamés seront capturés sans offrir de résistance. Mais cet échec ne fut pas sans lendemain. Au mois de juin de la même année, Costa et Paul Brousse définissent et expliquent ce que sera la «&nbsp;[[Propagande_par_le_fait|Propagande par le fait]]&nbsp;». Le courant [[Anarcho-syndicaliste|anarcho-syndicaliste]] était alors trop faible pour mettre en avant ses théories d'actions auto-gestionnaires ou communalistes.
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Certains [[Anarcho-syndicalisme|anarcho-syndicalistes]] se regroupent au sein d'une nouvelle [[Association_internationale_des_travailleurs_(anarcho-syndicaliste)|Association internationale des travailleurs]], fondée en 1923 à Berlin.
 
Certains [[Anarcho-syndicalisme|anarcho-syndicalistes]] se regroupent au sein d'une nouvelle [[Association_internationale_des_travailleurs_(anarcho-syndicaliste)|Association internationale des travailleurs]], fondée en 1923 à Berlin.
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[[Trotsky|Trotsky]] écrira en 1914 à propos de l'AIT :
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[[Trotsky|Trotsky]] écrira en 1914 à propos de l'AIT&nbsp;:
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<blockquote>«&nbsp;De même que le Manifeste était une anticipation, de même que la 1ère Internationale était venue trop tôt pour son temps, c'est-à-dire pour pouvoir unir les travailleurs de tous les pays, de même la Commune était un épisode prématuré de la dictature du prolétariat.&nbsp;»<ref>Trotsky, [https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1914/10/lt19141031a.htm ''La guerre et l'Internationale''], 31 octobre 1914</ref></blockquote>  
«&nbsp;De même que le Manifeste était une anticipation, de même que la 1ère Internationale était venue trop tôt pour son temps, c'est-à-dire pour pouvoir unir les travailleurs de tous les pays, de même la Commune était un épisode prématuré de la dictature du prolétariat.&nbsp;»<ref>Trotsky, [https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1914/10/lt19141031a.htm ''La guerre et l'Internationale''], 31 octobre 1914</ref>
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== Implantation ==
 
== Implantation ==
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A son sommet, l'AIT a atteint près de 8 millions de membres<ref>Journal Officiel de l'AIT, 29 mai 1871</ref>, ou 5 millions selon les rapports de police<ref>Payne, Robert. "Marx: A Biography". Simon and Schuster. New York, 1968. p372</ref>. L'AIT resta cependant quasi inconnue à l'échelle mondiale jusqu'en 1871.
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A son sommet, l'AIT a atteint près de 8 millions de membres<ref>Journal Officiel de l'AIT, 29 mai 1871</ref>, ou 5 millions selon les rapports de police<ref>Payne, Robert. </ref>. L'AIT resta cependant quasi inconnue à l'échelle mondiale jusqu'en 1871.
    
=== France ===
 
=== France ===
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== Congrès de l'AIT ==
 
== Congrès de l'AIT ==
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*1864, du 25 au 29 septembre - Conférence de fondation - Londres (Royaume-Uni)
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*1864, du 25 au 29 septembre - Conférence de fondation - Londres (Royaume-Uni)  
*1866, du 3 au 8 septembre - 1<sup>er</sup> congrès - Genève (Suisse)
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*1866, du 3 au 8 septembre - 1<sup>er</sup> congrès - Genève (Suisse)  
*1867, du 2 au 8 septembre - 2<sup>ème</sup> congrès - Lausanne (Suisse)
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*1867, du 2 au 8 septembre - 2<sup>ème</sup> congrès - Lausanne (Suisse)  
*1868, septembre - 3<sup>ème</sup> congrès - Bruxelles (Belgique)
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*1868, septembre - 3<sup>ème</sup> congrès - Bruxelles (Belgique)  
*1869, septembre - 4<sup>ème</sup> congrès - Bâle (Suisse)
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*1869, septembre - 4<sup>ème</sup> congrès - Bâle (Suisse)  
*1872, du 2 au 7 septembre - 5<sup>ème</sup> congrès - La Haye (Pays-Bas)
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*1872, du 2 au 7 septembre - 5<sup>ème</sup> congrès - La Haye (Pays-Bas)  
*1876, juillet - 6<sup>ème</sup> congrès - Philadelphie (États-Unis)
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*1876, juillet - 6<sup>ème</sup> congrès - Philadelphie (États-Unis)  
    
Après la scission anarchistes, un courant se proclamant "Internationale anti-autoritaire" tente de poursuivre un moment de son côté une activité&nbsp;:
 
Après la scission anarchistes, un courant se proclamant "Internationale anti-autoritaire" tente de poursuivre un moment de son côté une activité&nbsp;:
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*1873, 27 avril - 6<sup>ème</sup> congrès - Neufchâtel (Suisse)
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*1873, 27 avril - 6<sup>ème</sup> congrès - Neufchâtel (Suisse)  
*1874, du 7 au 12 septembre - 7<sup>ème</sup> congrès - Bruxelles (Suisse)
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*1874, du 7 au 12 septembre - 7<sup>ème</sup> congrès - Bruxelles (Suisse)  
*1876, du 26 au 27 octobre - 8<sup>ème</sup> congrès - Berne (Suisse)
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*1876, du 26 au 27 octobre - 8<sup>ème</sup> congrès - Berne (Suisse)  
*1877 - 9<sup>ème</sup> congrès - Verviers (Suisse)
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*1877 - 9<sup>ème</sup> congrès - Verviers (Suisse)  
    
== Bibliographie ==
 
== Bibliographie ==
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*Marx-Engels, [https://www.marxists.org/francais/marx/works/00/parti/kmpc054.htm ''Le parti de classe'']
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*Marx-Engels, [https://www.marxists.org/francais/marx/works/00/parti/kmpc054.htm ''Le parti de classe'']  
*Jacques Droz (dir.), ''Histoire générale du socialisme'', t.1, ''Des origines à 1875'', PUF, 1972.
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*Jacques Droz (dir.), ''Histoire générale du socialisme'', t.1, ''Des origines à 1875'', PUF, 1972.  
*''Rapport sur le 4<sup>ème</sup> Congrès de l'Association internationale des Travailleurs, tenu à Bâle (Suisse) au mois de septembre 1869.'' Gabriel Mollin. Paris, Imprimerie D. Jouaust, Le Chevalier, 1870.
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*''Rapport sur le 4<sup>ème</sup> Congrès de l'Association internationale des Travailleurs, tenu à Bâle (Suisse) au mois de septembre 1869.'' Gabriel Mollin. Paris, Imprimerie D. Jouaust, Le Chevalier, 1870.  
*''A.I.T. Association Internationale des Travailleurs.'' Paris, Imprimerie impériale, 1870. réedition en 1968.
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*''A.I.T. Association Internationale des Travailleurs.'' Paris, Imprimerie impériale, 1870. réedition en 1968.  
*''Les séances officielles de l'Internationale à Paris pendant le Siège et pendant la Commune''. Paris, Lachaud, 1872.
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*''Les séances officielles de l'Internationale à Paris pendant le Siège et pendant la Commune''. Paris, Lachaud, 1872.  
*''Association internationale des travailleurs. Son origine - Son but (…). Tableau de la situation actuelle de l'Internationale en France, en Europe et en Amérique.'' Lyon, Impr. d'Aimé Vingtrinier, 1870. Oscar Testut.
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*''Association internationale des travailleurs. Son origine - Son but (…). Tableau de la situation actuelle de l'Internationale en France, en Europe et en Amérique.'' Lyon, Impr. d'Aimé Vingtrinier, 1870. Oscar Testut.  
*''Troisième procès de l'Association Internationale des Travailleurs à Paris.'' Paris, Armand Le Chevalier, 1870. réedition en 1968.
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*''Troisième procès de l'Association Internationale des Travailleurs à Paris.'' Paris, Armand Le Chevalier, 1870. réedition en 1968.  
*''La première Internationale.'' Recueil de documents publiés sous la direction de Jacques Freymond. Textes établis par Henri Burgelin, Knut Langfeldt et Miklós Molnar. Genève, Droz, 1962-1971.
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*''La première Internationale.'' Recueil de documents publiés sous la direction de Jacques Freymond. Textes établis par Henri Burgelin, Knut Langfeldt et Miklós Molnar. Genève, Droz, 1962-1971.  
*''Le livre noir de la Commune de Paris (dossier complet)'' - L'Internationale dévoilée. Paris, Office de Publicité, 1871.
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*''Le livre noir de la Commune de Paris (dossier complet)'' - L'Internationale dévoilée. Paris, Office de Publicité, 1871.  
*''Histoire de l'Internationale''. Paris, 'Bureau de l''Eclipse', 1871. Jacques Populus.''
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*''Histoire de l'Internationale''. Paris, 'Bureau de l''Eclipse', 1871. Jacques Populus.''  
*''Les théories de l'Internationale. Étude critique''. Paris, Didier et Cie, 1872. Adolphe Georges Guéroult
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*''Les théories de l'Internationale. Étude critique''. Paris, Didier et Cie, 1872. Adolphe Georges Guéroult  
*''L'Internationale et le Pangermanisme.'' Edmond Laskine. Paris, H. Floury, 1916.
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*''L'Internationale et le Pangermanisme.'' Edmond Laskine. Paris, H. Floury, 1916.  
*''Karl Marx, histoire de sa vie.'' Franz Mehring. Berlin, 1918.
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*''Karl Marx, histoire de sa vie.'' Franz Mehring. Berlin, 1918.  
*''Lettres de communards et de militants de la I<sup>ère</sup> Internationale à Marx, Engels et autres dans les journées de la Commune de Paris en 1871''. Jules Rocher. Paris, Bureau d'Édition, 1934.
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*''Lettres de communards et de militants de la I<sup>ère</sup> Internationale à Marx, Engels et autres dans les journées de la Commune de Paris en 1871''. Jules Rocher. Paris, Bureau d'Édition, 1934.  
*''La Première Internationale Ouvrière''. Numéro 8 de la revue Études de Marxologie. 1964.
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*''La Première Internationale Ouvrière''. Numéro 8 de la revue Études de Marxologie. 1964.  
*Jean Maitron, ''Le mouvement anarchiste en France'', Gallimard, coll. «Tel», 1992
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*Jean Maitron, ''Le mouvement anarchiste en France'', Gallimard, coll. «Tel», 1992  
    
== Liens externes ==
 
== Liens externes ==
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*[http://plusloin.org/plusloin/article.php3?id_article=73 Chroniques de la première Internationale] (par Maximilien Rubel)
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*[http://plusloin.org/plusloin/article.php3?id_article=73 Chroniques de la première Internationale] (par Maximilien Rubel)  
*[http://www.marxists.org/francais/ait/index.htm Quelques textes de l'AIT (1864-1871) principalement redigés par Karl Marx]
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*[http://www.marxists.org/francais/ait/index.htm Quelques textes de l'AIT (1864-1871) principalement redigés par Karl Marx]  
    
== Notes ==
 
== Notes ==
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''Cet article est adapté de ''[http://fr.wikipedia.org/wiki/Association_internationale_des_travailleurs ''la page Wikipédia correspondante'']''.''
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<references />
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<references />
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[[Category:Mouvement ouvrier|Category:Mouvement_ouvrier]]
[[Catégorie:Mouvement ouvrier|Category:Mouvement_ouvrier]]
 

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