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[[File:Communist-Manifesto-Historical-Materialism.jpg|right|407x610px]]Le '''matérialisme historique''' est un outil essentiel du [[Marxisme|marxisme]]. Malgré son nom, il ne s'agit pas seulement, à travers cet outil, de comprendre le passé, le pourquoi et le comment de l'enchaînement des différents types de sociétés qu'a connu l'humanité. Le matérialisme historique permet également de comprendre quelles sont les forces sociales à l'oeuvre aujourd'hui, ce qu'elles représentent, et finalement, où il est le plus utile de concentrer l'action révolutionnaire.
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[[File:Communist-Manifesto-Historical-Materialism.jpg|right|407x610px|Communist-Manifesto-Historical-Materialism.jpg]]Le '''matérialisme historique''' est un outil essentiel du [[Marxisme|marxisme]]. Malgré son nom, il ne s'agit pas seulement, à travers cet outil, de comprendre le passé, le pourquoi et le comment de l'enchaînement des différents types de sociétés qu'a connu l'humanité. Le matérialisme historique permet également de comprendre quelles sont les forces sociales à l'oeuvre aujourd'hui, ce qu'elles représentent, et finalement, où il est le plus utile de concentrer l'action révolutionnaire.
    
== L'élaboration du matérialisme historique ==
 
== L'élaboration du matérialisme historique ==
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Deuxièmement, le rapport premier et fondamental qui exprime cette nécessité de maintenir les hommes en vie est celui de l'homme avec la nature puisque l'homme tire de cette dernière ses moyens de subsistance. Et ce rapport fondamental entre l'homme et la nature s'effectue par le travail qui est l'activité qui lui permet de produire ces moyens. Ainsi, dans cette production, dans cette activité fondamentale qu'est le travail, trois éléments se dégagent:
 
Deuxièmement, le rapport premier et fondamental qui exprime cette nécessité de maintenir les hommes en vie est celui de l'homme avec la nature puisque l'homme tire de cette dernière ses moyens de subsistance. Et ce rapport fondamental entre l'homme et la nature s'effectue par le travail qui est l'activité qui lui permet de produire ces moyens. Ainsi, dans cette production, dans cette activité fondamentale qu'est le travail, trois éléments se dégagent:
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#La [[Force_de_travail|force de travail]], qui est constituée par l'énergie humaine dépensée dans le travail, par la force musculaire et intellectuelle de l'homme;
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#La [[Force_de_travail|force de travail]], qui est constituée par l'énergie humaine dépensée dans le travail, par la force musculaire et intellectuelle de l'homme;  
#L'instrument de travail, qui est constitué par les outils, les instruments et l'infrastructure nécessaires à l'homme pour produire ses moyens de subsistance;
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#L'instrument de travail, qui est constitué par les outils, les instruments et l'infrastructure nécessaires à l'homme pour produire ses moyens de subsistance;  
#L'objet du travail, qui est la nature elle-même (matière brute ou matière première qui a déjà subi une modification).
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#L'objet du travail, qui est la nature elle-même (matière brute ou matière première qui a déjà subi une modification).  
    
L'instrument de travail et l'objet du travail forment les [[Moyens_de_production|moyens de production]].
 
L'instrument de travail et l'objet du travail forment les [[Moyens_de_production|moyens de production]].
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=== Rapports sociaux de production ===
 
=== Rapports sociaux de production ===
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Mais le rapport entre l'homme et la nature n'est pas un rapport uniquement individuel, il est également un rapport social car "l'homme ne peut survivre individuellement, ni assurer sa subsistance en dehors de la coopération avec d'autres membres de son espèce. Ses organes physiques trop peu développé ne lui permettent pas de s'approprier directement les vivres. Il doit produire ceux-ci collectivement (...) " <ref name="mandel">Ernest Mandel, " Introduction au marxisme " 1983.</ref> L'homme est donc un animal social.
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Mais le rapport entre l'homme et la nature n'est pas un rapport uniquement individuel, il est également un rapport social car "l'homme ne peut survivre individuellement, ni assurer sa subsistance en dehors de la coopération avec d'autres membres de son espèce. Ses organes physiques trop peu développé ne lui permettent pas de s'approprier directement les vivres. Il doit produire ceux-ci collectivement (...) " <ref name="mandel">Ernest Mandel, </ref> L'homme est donc un animal social.
    
La façon dont les hommes tirent leurs moyens de subsistance de la nature (forces productives) et la façon dont les hommes s'organisent entre eux pour mener à bien cette activité (rapports sociaux), Marx la désigne sous le nom de [[Rapports_sociaux_de_production|rapports sociaux de production]]. Les rapports sociaux de production sont fondamentalement constitués par le type de propriété des moyens de production qui existent à telle ou telle époque (propriété terrienne sous le [[Féodalisme|féodalisme]], propriété privé des entreprises sous le [[Capitalisme|capitalisme]]...).
 
La façon dont les hommes tirent leurs moyens de subsistance de la nature (forces productives) et la façon dont les hommes s'organisent entre eux pour mener à bien cette activité (rapports sociaux), Marx la désigne sous le nom de [[Rapports_sociaux_de_production|rapports sociaux de production]]. Les rapports sociaux de production sont fondamentalement constitués par le type de propriété des moyens de production qui existent à telle ou telle époque (propriété terrienne sous le [[Féodalisme|féodalisme]], propriété privé des entreprises sous le [[Capitalisme|capitalisme]]...).
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Les rapports sociaux de production sont avant tout déterminés par la manière dont les hommes produisent, donc par les forces productives: " Produire la vie, aussi bien la sienne propre par le travail que la vie d'autrui en procréant, nous apparaît donc dès maintenant comme un rapport double: d'une part comme un rapport naturel, d'autre part comme un rapport social (via l'action conjuguée de plusieurs individus) ". Le travail est donc le lien qui unit l'homme aussi bien à la nature qu'aux autres hommes, d'où son importance fondamentale. C'est pourquoi l'ensemble des éléments qui constituent l'activité du travail, c'est à dire les forces productives, sont l'élément essentiel qui détermine les rapports sociaux de production: " Les rapports sociaux sont intimement liés aux forces productives, les hommes changent leur mode de production, et en changeant le mode de production, la manière de produire, de gagner leur vie, ils changent tous leurs rapports sociaux (...). Suivant le caractère des moyens de production, ces rapports sociaux (...) seront tout naturellement différents " <ref name="miserephilo">[[Karl Marx]], [http://www.marxists.org/francais/marx/works/1847/06/km18470615.htm "Misère de la philosophie", 1847]</ref>.
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Les rapports sociaux de production sont avant tout déterminés par la manière dont les hommes produisent, donc par les forces productives: " Produire la vie, aussi bien la sienne propre par le travail que la vie d'autrui en procréant, nous apparaît donc dès maintenant comme un rapport double: d'une part comme un rapport naturel, d'autre part comme un rapport social (via l'action conjuguée de plusieurs individus) ". Le travail est donc le lien qui unit l'homme aussi bien à la nature qu'aux autres hommes, d'où son importance fondamentale. C'est pourquoi l'ensemble des éléments qui constituent l'activité du travail, c'est à dire les forces productives, sont l'élément essentiel qui détermine les rapports sociaux de production: " Les rapports sociaux sont intimement liés aux forces productives, les hommes changent leur mode de production, et en changeant le mode de production, la manière de produire, de gagner leur vie, ils changent tous leurs rapports sociaux (...). Suivant le caractère des moyens de production, ces rapports sociaux (...) seront tout naturellement différents " <ref name="miserephilo">[[Karl Marx]], [http://www.marxists.org/francais/marx/works/1847/06/km18470615.htm </ref>.
    
=== Classes sociales ===
 
=== Classes sociales ===
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L'origine des [[Classes_sociales|classes sociales]] démontre cette relation entre forces productives et rapports sociaux de production. L'apparition de classes sociales, c'est-à-dire de groupes d'hommes qui se distinguent au niveau des richesses, est historiquement déterminé. Lorsqu'il y a 8 000 ans d'ici, les hommes ont découvert l'agriculture et l'élevage, la production de leur moyen d'existence a été bouleversé. Lorsqu'ils commencèrent à développer des outils capables d'accroître le rendement agricole, pour la première fois, un surplus social (capacité de produire plus que ce qui est directement consommé) est apparu. Certains groupes d'hommes, par la religion, par la force ou la persuasion, se sont alors accaparé de manière permanente ce surproduit ainsi que les moyens de production. Le pouvoir économique étant ainsi acquis, ces groupes d'hommes s'approprièrent également (et par là même) un pouvoir politique, militaire et spirituel sur ceux qui furent dépossédés de tout moyens de production et qui, pour survivre, sont obligé de travailler pour le compte des propriétaires de ces moyens de production. Une [[Division_sociale_du_travail|division sociale du travail]] va donc apparaître et accentuer la différenciation entre les hommes.
 
L'origine des [[Classes_sociales|classes sociales]] démontre cette relation entre forces productives et rapports sociaux de production. L'apparition de classes sociales, c'est-à-dire de groupes d'hommes qui se distinguent au niveau des richesses, est historiquement déterminé. Lorsqu'il y a 8 000 ans d'ici, les hommes ont découvert l'agriculture et l'élevage, la production de leur moyen d'existence a été bouleversé. Lorsqu'ils commencèrent à développer des outils capables d'accroître le rendement agricole, pour la première fois, un surplus social (capacité de produire plus que ce qui est directement consommé) est apparu. Certains groupes d'hommes, par la religion, par la force ou la persuasion, se sont alors accaparé de manière permanente ce surproduit ainsi que les moyens de production. Le pouvoir économique étant ainsi acquis, ces groupes d'hommes s'approprièrent également (et par là même) un pouvoir politique, militaire et spirituel sur ceux qui furent dépossédés de tout moyens de production et qui, pour survivre, sont obligé de travailler pour le compte des propriétaires de ces moyens de production. Une [[Division_sociale_du_travail|division sociale du travail]] va donc apparaître et accentuer la différenciation entre les hommes.
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Avec les classes sociales, c'est l'[[Exploitation|exploitation]] systémique de l'homme par l'homme qui va apparaître. Les relations qu'entretiennent les hommes entre eux pour produire deviennent, à partir de ce moment-là, non plus des relations entre individus, mais des relations entre classes sociales. Ainsi, la base sur laquelle les classes sociales ont pu apparaître est donc celle d'une évolution de la production matérielle des moyens de subsistance, autrement dit d'un changement au niveau des forces productives. Ce changement a déterminé la façon dont les hommes se sont organisés (leurs rapports sociaux) pour exploiter leurs moyens de subsistance. Les classes sociales sont donc fondamentalement déterminées par la place qu'elles occupent dans le système de production sociale, "par leur rapport aux moyens de production, par leur rôle dans l'organisation sociale du travail, et donc par les moyens d'obtention et la grandeur de la part des richesses sociales dont elles disposent. Les classes sont donc des groupes d'hommes dont l'un peut s'approprier le travail de l'autre, par suite de la différence de la place qu'ils tiennent dans un régime déterminé de l'économie sociale" <ref name="lenine">[[Lénine]], [http://www.marxists.org/francais/lenin/works/1919/06/vil19190628.htm "La grande initiative", 1919]</ref>
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Avec les classes sociales, c'est l'[[Exploitation|exploitation]] systémique de l'homme par l'homme qui va apparaître. Les relations qu'entretiennent les hommes entre eux pour produire deviennent, à partir de ce moment-là, non plus des relations entre individus, mais des relations entre classes sociales. Ainsi, la base sur laquelle les classes sociales ont pu apparaître est donc celle d'une évolution de la production matérielle des moyens de subsistance, autrement dit d'un changement au niveau des forces productives. Ce changement a déterminé la façon dont les hommes se sont organisés (leurs rapports sociaux) pour exploiter leurs moyens de subsistance. Les classes sociales sont donc fondamentalement déterminées par la place qu'elles occupent dans le système de production sociale, "par leur rapport aux moyens de production, par leur rôle dans l'organisation sociale du travail, et donc par les moyens d'obtention et la grandeur de la part des richesses sociales dont elles disposent. Les classes sont donc des groupes d'hommes dont l'un peut s'approprier le travail de l'autre, par suite de la différence de la place qu'ils tiennent dans un régime déterminé de l'économie sociale" <ref name="lenine">[[Lénine]], [http://www.marxists.org/francais/lenin/works/1919/06/vil19190628.htm </ref>
    
== Évolution et liens avec la superstructure ==
 
== Évolution et liens avec la superstructure ==
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=== Dialectique ===
 
=== Dialectique ===
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Si les éléments de l'infrastructure constituent la base de toute compréhension des phénomènes historiques, car ils déterminent " en dernière instance " les autres éléments, la superstructure à son tour peut influer sur l'infrastructure. Autrement dit, si la superstructure est, au départ, le reflet de l'infrastructure, si elle est déterminée par celle-ci, elle a aussi une vie active propre, une certaine autonomie. Elle devient une force active qui peut, à son tour, exercer une influence sur l'infrastructure économique de la société. On peut même observer que la superstructure a généralement une capacité de résistance plus grande que l'infrastructure<ref>Les mentalités, lesconsciences et les coutumes - persiste encore pendant de longues années après la destruction de ses " bases matérielles " et constitue donc un obstacle à l'édification de la nouvelle société.</ref>. Un trait fondamental de toute société est donc que tout est mouvement, toutes les formes de relations sociales, à tous les niveaux, sont caractérisées par ce mouvement constitué de toutes les interactions entre les différents éléments constitutifs de la société. Et c'est de ce mouvement que naît le changement. " La société antique a donné naissance au féodalisme qui, lui-même, à donné naissance au capitalisme. L'analyse doit donc rendre compte de ce mouvement, passé, présent et futur, comprendre que tout est en devenir. Les interactions sont des conditionnements réciproques: il n'y a pas simplement action de A sur B, mais il y a en retour réaction de B sur A. Cette façon de considérer les choses et les phénomènes dans leur mouvements et leurs transformations, dans leur enchaînement et leur action réciproque est ce que l'on appelle la méthode [[Dialectique|dialectique]].
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Si les éléments de l'infrastructure constituent la base de toute compréhension des phénomènes historiques, car ils déterminent " en dernière instance " les autres éléments, la superstructure à son tour peut influer sur l'infrastructure. Autrement dit, si la superstructure est, au départ, le reflet de l'infrastructure, si elle est déterminée par celle-ci, elle a aussi une vie active propre, une certaine autonomie. Elle devient une force active qui peut, à son tour, exercer une influence sur l'infrastructure économique de la société. On peut même observer que la superstructure a généralement une capacité de résistance plus grande que l'infrastructure<ref>Les mentalités, lesconsciences et les coutumes - persiste encore pendant de longues années après la destruction de ses </ref>. Un trait fondamental de toute société est donc que tout est mouvement, toutes les formes de relations sociales, à tous les niveaux, sont caractérisées par ce mouvement constitué de toutes les interactions entre les différents éléments constitutifs de la société. Et c'est de ce mouvement que naît le changement. " La société antique a donné naissance au féodalisme qui, lui-même, à donné naissance au capitalisme. L'analyse doit donc rendre compte de ce mouvement, passé, présent et futur, comprendre que tout est en devenir. Les interactions sont des conditionnements réciproques: il n'y a pas simplement action de A sur B, mais il y a en retour réaction de B sur A. Cette façon de considérer les choses et les phénomènes dans leur mouvements et leurs transformations, dans leur enchaînement et leur action réciproque est ce que l'on appelle la méthode [[Dialectique|dialectique]].
    
=== Les contradictions ===
 
=== Les contradictions ===
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Puisque les rapports sociaux " sont transmis à chaque génération par sa devancière sous la forme d'une masse de forces productives, de capitaux et de conditions, (qui) sont modifiés par la nouvelle génération (qui prescrit à ces rapports sociaux) ses propres conditions d'existence " on peut dialectiquement conclure que " les circonstances font les hommes tout autant que les hommes font les circonstances " <ref name="ideoall">_</ref>.
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Puisque les rapports sociaux " sont transmis à chaque génération par sa devancière sous la forme d'une masse de forces productives, de capitaux et de conditions, (qui) sont modifiés par la nouvelle génération (qui prescrit à ces rapports sociaux) ses propres conditions d'existence " on peut dialectiquement conclure que " les circonstances font les hommes tout autant que les hommes font les circonstances " <ref name="ideoall" />.
    
Il n'y a donc pas de [[Fatalisme|fatalité]] historique&nbsp;! Toute réalité est faite de contradictions, sans ces dernières, il ne peut y avoir de progrès possible. Ce sont les contradictions qui expliquent le mouvement, les enchaînements entre les différents [[Modes_de_production|modes de production]] car à chaque mode de production déterminé correspondent des types de contradictions déterminées. Mais il existe une contradiction fondamentale expliquant l'évolution des modes de production. Elle réside dans le fait qu'à un moment déterminé de leur évolution historique, les [[Forces_productives|forces productives]] entrent en contradiction avec les [[Rapports_sociaux_de_production|rapports sociaux de production]]. Car les premières ont tendance à se développer, tandis que les rapports de production ont tendance à être figés par la [[Classe_dominante|classe dominante]] qui en profite. Lorsque la contradiction devient trop criante entre forces productives et rapports de production, le [[Mode_de_production|mode de production]] est menacé, et les conditions objectives d'une [[Révolution_sociale|révolution sociale]] sont en place. Les contradictions dans la [[Idéologie|sphère idéologique]] accompagnent généralement de près cette évolution matérielle...
 
Il n'y a donc pas de [[Fatalisme|fatalité]] historique&nbsp;! Toute réalité est faite de contradictions, sans ces dernières, il ne peut y avoir de progrès possible. Ce sont les contradictions qui expliquent le mouvement, les enchaînements entre les différents [[Modes_de_production|modes de production]] car à chaque mode de production déterminé correspondent des types de contradictions déterminées. Mais il existe une contradiction fondamentale expliquant l'évolution des modes de production. Elle réside dans le fait qu'à un moment déterminé de leur évolution historique, les [[Forces_productives|forces productives]] entrent en contradiction avec les [[Rapports_sociaux_de_production|rapports sociaux de production]]. Car les premières ont tendance à se développer, tandis que les rapports de production ont tendance à être figés par la [[Classe_dominante|classe dominante]] qui en profite. Lorsque la contradiction devient trop criante entre forces productives et rapports de production, le [[Mode_de_production|mode de production]] est menacé, et les conditions objectives d'une [[Révolution_sociale|révolution sociale]] sont en place. Les contradictions dans la [[Idéologie|sphère idéologique]] accompagnent généralement de près cette évolution matérielle...
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Dans les écrits du jeune Marx (1844), on trouve une grande insistance sur le fait que le communisme est un aboutissement [[Dialectique|dialectique]] de nombreuses contradictions qui traversent l'homme et la société&nbsp;:
 
Dans les écrits du jeune Marx (1844), on trouve une grande insistance sur le fait que le communisme est un aboutissement [[Dialectique|dialectique]] de nombreuses contradictions qui traversent l'homme et la société&nbsp;:
<blockquote>«&nbsp;Le communisme, abolition positive de la propriété privée (elle-même aliénation humaine de soi) et par conséquent appropriation réelle de l’essence humaine par l’homme et pour l’homme&nbsp;; donc retour total de l’homme pour-soi en tant qu’homme social, c’est-à-dire humain, retour conscient et qui s’est opéré en conservant toute la richesse du développement antérieur. Ce communisme en tant que naturalisme achevé – humanisme, en tant qu’humanisme achevé = naturalisme&nbsp;; il est la vraie solution de l’antagonisme entre l’homme et la nature, entre l’homme et l’homme, la vraie solution de la lutte entre existence et essence, entre objectivation et affirmation de soi, entre liberté et nécessité, entre individu et genre. Il est l’énigme résolue de l’histoire et se reconnaît comme cette solution.&nbsp;»<ref>Karl Marx, Manuscrits de 1844</ref></blockquote>
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<blockquote>«&nbsp;Le communisme, abolition positive de la propriété privée (elle-même aliénation humaine de soi) et par conséquent appropriation réelle de l’essence humaine par l’homme et pour l’homme&nbsp;; donc retour total de l’homme pour-soi en tant qu’homme social, c’est-à-dire humain, retour conscient et qui s’est opéré en conservant toute la richesse du développement antérieur. Ce communisme en tant que naturalisme achevé – humanisme, en tant qu’humanisme achevé = naturalisme&nbsp;; il est la vraie solution de l’antagonisme entre l’homme et la nature, entre l’homme et l’homme, la vraie solution de la lutte entre existence et essence, entre objectivation et affirmation de soi, entre liberté et nécessité, entre individu et genre. Il est l’énigme résolue de l’histoire et se reconnaît comme cette solution.&nbsp;»<ref>Karl Marx, Manuscrits de 1844</ref></blockquote>  
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Le matérialisme historique n'est pas un vulgaire [[Économisme|déterminisme économique]] qui prétendrait que tel état des forces productives implique mécaniquement tel état de conscience sociale. Il doit plutôt être considéré comme un déterminisme socio-économique, car il considère que l'[[Infrastructure_et_superstructure|infrastructure et la superstructure]] sont en intéraction permanente et [[Dialectique|dialectique]]. En revanche il est clair que nous rejetons comme [[Idéaliste|idéaliste]] -à double titre- l'idée de [[Libre-arbitre|libre-arbitre]] total.
 
Le matérialisme historique n'est pas un vulgaire [[Économisme|déterminisme économique]] qui prétendrait que tel état des forces productives implique mécaniquement tel état de conscience sociale. Il doit plutôt être considéré comme un déterminisme socio-économique, car il considère que l'[[Infrastructure_et_superstructure|infrastructure et la superstructure]] sont en intéraction permanente et [[Dialectique|dialectique]]. En revanche il est clair que nous rejetons comme [[Idéaliste|idéaliste]] -à double titre- l'idée de [[Libre-arbitre|libre-arbitre]] total.
<blockquote>"Les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas arbitrairement, dans les conditions choisies par eux, mais dans des conditions directement données et héritées du passé. La tradition de toutes les générations mortes pèse d'un poids très lourd sur le cerveau des vivants."<ref>[http://www.marxists.org/francais/marx/works/1851/12/brum3.htm Le 18 brumaire de L. Bonaparte], [[Karl Marx]], 1851</ref></blockquote>
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<blockquote>"Les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas arbitrairement, dans les conditions choisies par eux, mais dans des conditions directement données et héritées du passé. La tradition de toutes les générations mortes pèse d'un poids très lourd sur le cerveau des vivants."<ref>[http://www.marxists.org/francais/marx/works/1851/12/brum3.htm Le 18 brumaire de L. Bonaparte], [[Karl Marx]], 1851</ref></blockquote>
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Il est tentant une fois que l'on a été convaincu de l'influence globale qui existe entre l'infrastructure et la superstructure, de simplifier cette analyse. Un exemple est par exemple ce contre-exemple cité par Trotsky :
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''«&nbsp;Vouloir établir une espèce de dépendance automatique de la dictature prolétarienne à l'égard des forces techniques et des ressources d'un pays, c'est un préjugé qui dérive d'un matérialisme "économique" simplifié à l'extrême. Un tel point de vue n'a rien de commun avec le marxisme. Bien que les forces de production industrielles fussent dix fois plus développées aux Etats-Unis que chez nous, le rôle politique du prolétariat russe, son influence à venir sur la politique mondiale sont incomparablement plus grandes que le rôle et l'importance du prolétariat américain.&nbsp;»<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/staline/lt_stal23.htm Trois conceptions de la révolution russe]'', 1940</ref>''
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</blockquote>  
 
=== Historicisme&nbsp;? ===
 
=== Historicisme&nbsp;? ===
    
Le matérialisme historique est régulièrement accusé d'être un affreux [[Historicisme|historicisme]], c'est-à-dire un discours consistant pour les [[Marxisme|marxistes]] à faire dire à l'[[Histoire|histoire]] ce qui les arrange. Les mêmes considèrent souvent que l'on ne doit pas être "militant" si l'on veut contribuer objectivement à une science. L'ennui dans cette thèse est que si "l'histoire est écrite par les vainqueurs", se contenter de reprendre ce qui a été dit revient à se mouler dans l'[[Idéologie_dominante|idéologie dominante]].
 
Le matérialisme historique est régulièrement accusé d'être un affreux [[Historicisme|historicisme]], c'est-à-dire un discours consistant pour les [[Marxisme|marxistes]] à faire dire à l'[[Histoire|histoire]] ce qui les arrange. Les mêmes considèrent souvent que l'on ne doit pas être "militant" si l'on veut contribuer objectivement à une science. L'ennui dans cette thèse est que si "l'histoire est écrite par les vainqueurs", se contenter de reprendre ce qui a été dit revient à se mouler dans l'[[Idéologie_dominante|idéologie dominante]].
<blockquote>"Pas plus qu'on ne juge un individu sur l'idée qu'il se fait de lui-même, on ne saurait juger une telle époque de boule­ver­se­ment sur sa conscience de soi; il faut, au contraire, expliquer cette conscience par les contradictions de la vie matérielle"<ref>[http://www.marxists.org/francais/marx/works/1859/01/km18590100b.htm Critique de l'économie politique, Préface] [[Karl Marx]], 1859</ref></blockquote>
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<blockquote>"Pas plus qu'on ne juge un individu sur l'idée qu'il se fait de lui-même, on ne saurait juger une telle époque de boule­ver­se­ment sur sa conscience de soi; il faut, au contraire, expliquer cette conscience par les contradictions de la vie matérielle"<ref>[http://www.marxists.org/francais/marx/works/1859/01/km18590100b.htm Critique de l'économie politique, Préface] [[Karl Marx]], 1859</ref></blockquote>  
 
Cela ne signifie pas que le matérialisme historique puisse affirmer tout et n'importe quoi. En tant que modèle scientifique, il propose des explications qui ont dores et déjà montré une cohérence remarquable pour une science qui s'intéresse à un sujet aussi complexe que l'histoire des sociétés humaines. Un modèle peut être critiqué sur ses hypothèses et peut toujours être affiné, mais c'est rejeter en bloc l'idée de modèle sans rentrer des les détails qui est réactionnaire en science, pas son étude.
 
Cela ne signifie pas que le matérialisme historique puisse affirmer tout et n'importe quoi. En tant que modèle scientifique, il propose des explications qui ont dores et déjà montré une cohérence remarquable pour une science qui s'intéresse à un sujet aussi complexe que l'histoire des sociétés humaines. Un modèle peut être critiqué sur ses hypothèses et peut toujours être affiné, mais c'est rejeter en bloc l'idée de modèle sans rentrer des les détails qui est réactionnaire en science, pas son étude.
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[[Catégorie:Théorie]] [[Catégorie:Histoire]]
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