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[[File:Gardes rouges finlandais.jpg|right|301x392px|Gardes rouges finlandais.jpg]]La '''Finlande fut touchée par l'onde de choc révolutionnaire partie de la Russie en 1917'''. La Finlande était un des pays les plus avancés du monde. Ses mœurs, son éducation politique analogue à celles des démocraties les plus [[Progressistes|progressistes]] de l’Occident, les victoires de son [[Mouvement_ouvrier|mouvement ouvrier]] et jusqu’à sa structure industrielle, tout concourait, semblait-il, à y rendre aisée la victoire du [[Socialisme|socialisme]].
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[[File:Gardes rouges finlandais.jpg|right|301x392px|Gardes rouges finlandais.jpg]]En 1918, la '''Finlande fut touchée par l'onde de choc révolutionnaire partie de la Russie en 1917'''. La Finlande était un des pays les plus avancés du monde. Ses mœurs, son éducation politique analogue à celles des démocraties les plus [[Progressistes|progressistes]] de l’Occident, les victoires de son [[Mouvement_ouvrier|mouvement ouvrier]] et jusqu’à sa structure industrielle, tout concourait, semblait-il, à y rendre aisée la victoire du [[Socialisme|socialisme]].{{#set:Date=1918}}
    
== La Finlande de 1809 à 1917 : un grand-duché intégré à la Russie ==
 
== La Finlande de 1809 à 1917 : un grand-duché intégré à la Russie ==
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La [[Dictature_du_prolétariat|dictature du prolétariat]] était-elle possible ? S’imposait-elle ? Les dirigeants du mouvement ne le pensaient pas, bien que l’industrie occupât 500 000 personnes environ sur une population de 3 millions. Prolétaires et journaliers agricoles formaient une masse d’un demi-million d’hommes. Les agriculteurs petits et moyens, en majorité dans les campagnes, pouvaient être conquis à la révolution ou neutralisés par elle. Par malheur, « ''jusqu’à la défaite, la plupart des dirigeants ne se rendirent pas nettement compte des buts de la révolution'' » ([[Otto_Wille_Kuusinen|Kuussinen]]). Ils entendaient établir, sans [[Expropriation|expropriation]] des [[Classes_possédantes|possédants]] ni [[Etat_ouvrier|Etat ouvrier]], une démocratie parlementaire au sein de laquelle le [[Prolétariat|prolétariat]] eût été la classe politiquement dirigeante.
 
La [[Dictature_du_prolétariat|dictature du prolétariat]] était-elle possible ? S’imposait-elle ? Les dirigeants du mouvement ne le pensaient pas, bien que l’industrie occupât 500 000 personnes environ sur une population de 3 millions. Prolétaires et journaliers agricoles formaient une masse d’un demi-million d’hommes. Les agriculteurs petits et moyens, en majorité dans les campagnes, pouvaient être conquis à la révolution ou neutralisés par elle. Par malheur, « ''jusqu’à la défaite, la plupart des dirigeants ne se rendirent pas nettement compte des buts de la révolution'' » ([[Otto_Wille_Kuusinen|Kuussinen]]). Ils entendaient établir, sans [[Expropriation|expropriation]] des [[Classes_possédantes|possédants]] ni [[Etat_ouvrier|Etat ouvrier]], une démocratie parlementaire au sein de laquelle le [[Prolétariat|prolétariat]] eût été la classe politiquement dirigeante.
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[[File:CarteGuerreCivileFinlande.png|right|365x452px]]Les principales mesures appliquées par le Conseil des mandataires du peuple furent la journée de huit heures, le paiement obligatoire des salaires des journées de grève révolutionnaire, l’émancipation des domestiques et valets de ferme (loués à l’année par les agriculteurs et soumis à un statut d’une extrême sévérité), l’abolition de la [[Peine_de_mort|peine de mort]] (très rarement appliquée auparavant), l’exonération fiscale des pauvres (le minimum de revenu taxé fut désormais de 2400 marks dans les villes et de 1400 marks dans les campagnes au lieu de 800 et 400 marks, un impôt spécial frappa les revenus de plus de 20 000 marks), l’impôt sur les logements de plus d’une pièce ; la libération de la presse encore soumise à d’anciennes réglementations, le contrôle des usines par les ouvriers.
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[[File:CarteGuerreCivileFinlande.png|right|365x452px|CarteGuerreCivileFinlande.png]]Les principales mesures appliquées par le Conseil des mandataires du peuple furent la journée de huit heures, le paiement obligatoire des salaires des journées de grève révolutionnaire, l’émancipation des domestiques et valets de ferme (loués à l’année par les agriculteurs et soumis à un statut d’une extrême sévérité), l’abolition de la [[Peine_de_mort|peine de mort]] (très rarement appliquée auparavant), l’exonération fiscale des pauvres (le minimum de revenu taxé fut désormais de 2400 marks dans les villes et de 1400 marks dans les campagnes au lieu de 800 et 400 marks, un impôt spécial frappa les revenus de plus de 20 000 marks), l’impôt sur les logements de plus d’une pièce ; la libération de la presse encore soumise à d’anciennes réglementations, le contrôle des usines par les ouvriers.
    
D’autres mesures s’imposèrent un peu plus tard au cours de la guerre civile, telles que les réquisitions du blé et des pommes de terre, la fermeture des journaux bourgeois, l'interdiction de l’exportation des valeurs, l’obligation générale du travail pour tous les adultes valides de 18 à 55 ans. Cette révolution ouvrière se poursuivit au nom d’une démocratie idéale dont la conception fut précisée dès la fin de février par un projet de constitution appelé à faire au printemps l’objet d’un référendum.
 
D’autres mesures s’imposèrent un peu plus tard au cours de la guerre civile, telles que les réquisitions du blé et des pommes de terre, la fermeture des journaux bourgeois, l'interdiction de l’exportation des valeurs, l’obligation générale du travail pour tous les adultes valides de 18 à 55 ans. Cette révolution ouvrière se poursuivit au nom d’une démocratie idéale dont la conception fut précisée dès la fin de février par un projet de constitution appelé à faire au printemps l’objet d’un référendum.
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== Contre-révolution et intervention impérialiste ==
 
== Contre-révolution et intervention impérialiste ==
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La bourgeoisie faisait preuve d’un réalisme beaucoup plus grand. Elle mit promptement sur pied une petite [[armée_blanche|armée blanche]] de 5000 hommes environ, dont le Schutzkorps, le 27e bataillon de chasseurs de l’armée allemande, une brigade de volontaires suédois et des volontaires recrutés dans la jeunesse bourgeoise et [[Petite-bourgeoises|petite-bourgeoise]]. Un ancien général de l’armée russe, d’origine suédoise, Mannerheim, accepta le commandement de ces troupes et promit d’abord de « ''rétablir l’ordre en quinze jours'' ». Le butin de quelques agressions heureuses contre les garnisons russes du Nord, perpétrées avec la complicité du commandement de celles-ci, compléta l’armement des blancs.
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La bourgeoisie faisait preuve d’un réalisme beaucoup plus grand. Elle mit promptement sur pied une petite [[Armée_blanche|armée blanche]] de 5000 hommes environ, dont le Schutzkorps, le 27e bataillon de chasseurs de l’armée allemande, une brigade de volontaires suédois et des volontaires recrutés dans la jeunesse bourgeoise et [[Petite-bourgeoises|petite-bourgeoise]]. Un ancien général de l’armée russe, d’origine suédoise, Mannerheim, accepta le commandement de ces troupes et promit d’abord de « ''rétablir l’ordre en quinze jours'' ». Le butin de quelques agressions heureuses contre les garnisons russes du Nord, perpétrées avec la complicité du commandement de celles-ci, compléta l’armement des blancs.
    
Les gardes rouges ne comprenaient, au début des hostilités, que 1500 hommes environ, d’ailleurs mal armés. L’initiative appartint aux blancs qui, maîtres des cités du golfe de Botnie, Uleåborg, Vasa, Kuopio, et de la Finlande agraire (au Sud), formèrent un front continu du golfe de Botnie au lac Lagoda.
 
Les gardes rouges ne comprenaient, au début des hostilités, que 1500 hommes environ, d’ailleurs mal armés. L’initiative appartint aux blancs qui, maîtres des cités du golfe de Botnie, Uleåborg, Vasa, Kuopio, et de la Finlande agraire (au Sud), formèrent un front continu du golfe de Botnie au lac Lagoda.
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Il y avait des garnisons russes à Sveaborg, Vyborg, Tammerfors, ville située au cœur du pays. Une partie de la flotte de la Baltique se trouvait à Helsingfors. Des bolchéviks ([[Antonov-Ovseïenko|Antonov-Ovseïenko]], [[Pavel_Dybenko|Dybenko]], [[Ivar_Smilga|Smilga]]) avaient créé des cellules parmi ces troupes et ces équipages. La garnison russe de Tammerfors, commandée par un officier révolutionnaire, [[Mikhail_Stepanovich_Svetchnikov|Svetchnikov]], repoussa les premières attaques de Mannerheim. Protégées par les Russes, les gardes rouges finlandais purent s’armer et achever de s’organiser.
 
Il y avait des garnisons russes à Sveaborg, Vyborg, Tammerfors, ville située au cœur du pays. Une partie de la flotte de la Baltique se trouvait à Helsingfors. Des bolchéviks ([[Antonov-Ovseïenko|Antonov-Ovseïenko]], [[Pavel_Dybenko|Dybenko]], [[Ivar_Smilga|Smilga]]) avaient créé des cellules parmi ces troupes et ces équipages. La garnison russe de Tammerfors, commandée par un officier révolutionnaire, [[Mikhail_Stepanovich_Svetchnikov|Svetchnikov]], repoussa les premières attaques de Mannerheim. Protégées par les Russes, les gardes rouges finlandais purent s’armer et achever de s’organiser.
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La [[paix_de_Brest-Litovsk|paix de Brest-Litovsk]] imposa sur ces entrefaites à la [[Russie_des_Soviets|Russie des Soviets]] le retrait des troupes russes de Finlande&nbsp;; il n’en resta qu’un millier de volontaires, incorporés aux gardes rouges et dont beaucoup ne demandaient au fond qu’à rentrer chez eux. Un socialiste finlandais, [[Ero_Happolainen|Ero Happolainen]], et Svetchnikov dirigèrent les opérations. Une offensive générale des rouges, déclenchée au début de mars, échoua, mais les confirma dans la conviction de vaincre. Du 15 janvier au 1<sup>er</sup> avril, l’effort organisateur du [[gouvernement_ouvrier|gouvernement ouvrier]] aboutit à la formation d’une force de 60 000 hommes (dont 30 000 environ à l’arrière) et à de nombreux succès partiels au front.
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La [[Paix_de_Brest-Litovsk|paix de Brest-Litovsk]] imposa sur ces entrefaites à la [[Russie_des_Soviets|Russie des Soviets]] le retrait des troupes russes de Finlande&nbsp;; il n’en resta qu’un millier de volontaires, incorporés aux gardes rouges et dont beaucoup ne demandaient au fond qu’à rentrer chez eux. Un socialiste finlandais, [[Ero_Happolainen|Ero Happolainen]], et Svetchnikov dirigèrent les opérations. Une offensive générale des rouges, déclenchée au début de mars, échoua, mais les confirma dans la conviction de vaincre. Du 15 janvier au 1<sup>er</sup> avril, l’effort organisateur du [[Gouvernement_ouvrier|gouvernement ouvrier]] aboutit à la formation d’une force de 60 000 hommes (dont 30 000 environ à l’arrière) et à de nombreux succès partiels au front.
    
Le chef du gouvernement blanc, Swinhufwud, obtint l’appui de Guillaume II. Une troupe de 20 000 Allemands commandée par von der Goltz débarqua à Hangoe, Helsingfors et Loviza, prenant les troupes rouges à revers. La prise de Helsingfors, après une âpre bataille de rues au cours de laquelle les Allemands et les blancs firent marcher devant eux des femmes et des enfants d’ouvriers (il en périt une centaine), fut suivie d’atroces représailles. L’artillerie bombarda la Maison ouvrière. Un journal suédois publia l’information suivante&nbsp;: «&nbsp;''Quarante femmes rouges qui avaient, dit-on, des armes, ont été conduites sur la glace et fusillées sans jugement.&nbsp;''»<ref>Cité dans « La terreur blanche en Finlande » C. D. Kataia</ref> On ramassa plus de trois cent morts dans les rues.
 
Le chef du gouvernement blanc, Swinhufwud, obtint l’appui de Guillaume II. Une troupe de 20 000 Allemands commandée par von der Goltz débarqua à Hangoe, Helsingfors et Loviza, prenant les troupes rouges à revers. La prise de Helsingfors, après une âpre bataille de rues au cours de laquelle les Allemands et les blancs firent marcher devant eux des femmes et des enfants d’ouvriers (il en périt une centaine), fut suivie d’atroces représailles. L’artillerie bombarda la Maison ouvrière. Un journal suédois publia l’information suivante&nbsp;: «&nbsp;''Quarante femmes rouges qui avaient, dit-on, des armes, ont été conduites sur la glace et fusillées sans jugement.&nbsp;''»<ref>Cité dans « La terreur blanche en Finlande » C. D. Kataia</ref> On ramassa plus de trois cent morts dans les rues.
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Au gouvernement ouvrier, la tendance modérée représentée par [[Väinö_Tanner|Väinö Tanner]] était si forte que l’on n’adopta des mesures de rigueur contre les blancs de l’intérieur que lorsqu’il fut trop tard. Les tribunaux condamnaient souvent les contre-révolutionnaires à l’amende ou à des peines bénignes d’emprisonnement. S’il y eut des exécutions sommaires, elles furent dues à l’initative des gardes rouges.
 
Au gouvernement ouvrier, la tendance modérée représentée par [[Väinö_Tanner|Väinö Tanner]] était si forte que l’on n’adopta des mesures de rigueur contre les blancs de l’intérieur que lorsqu’il fut trop tard. Les tribunaux condamnaient souvent les contre-révolutionnaires à l’amende ou à des peines bénignes d’emprisonnement. S’il y eut des exécutions sommaires, elles furent dues à l’initative des gardes rouges.
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L’irrésolution du gouvernement, les divergences de vues des chefs, leur refus de pousser la révolution plus avant, le caractère timoré des [[réforme_agraire|réformes agraires]], l’impression du traité de Brest-Litovsk affaiblissaient les rouges. Le débarquement des Allemands produisit l’effet le plus démoralisant&nbsp;; la puissance germanique atteignait à ce moment son apogée.
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L’irrésolution du gouvernement, les divergences de vues des chefs, leur refus de pousser la révolution plus avant, le caractère timoré des [[Réforme_agraire|réformes agraires]], l’impression du traité de Brest-Litovsk affaiblissaient les rouges. Le débarquement des Allemands produisit l’effet le plus démoralisant&nbsp;; la puissance germanique atteignait à ce moment son apogée.
    
== La terreur blanche ==
 
== La terreur blanche ==
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C’est à Tavastehus, entre Tammerfors et Helsingfors, que se livra la bataille décisive. Près de 25 000 rouges se concentraient vers ce point, refoulés du nord au sud par Mannerheim et du sud au nord par von der Goltz, la retraite vers l’est coupée. Ils emmenaient, malgré les ordres du commandement, leurs familles et, souvent, tout leur mince avoir&nbsp;; c’était une migration de peuple plutôt qu’un mouvement d’armée. Ces masses, qui devenaient facilement des cohues, ne pouvaient guère manœuvrer. Les blancs les arrosèrent de schrapnells. Cernées, elles se battirent héroïquement deux jours avant de capituler. Quelques milliers d’hommes s’ouvrirent un chemin vers l’est. La capitulation fut suivie d’un massacre. Le massacre des blessés était de règle. Il resta 10 000 prisonniers que l’on interna à Rikhimiaki. Vyborg tomba le 12 mai. Quelques milliers de gardes rouges se réfugièrent en Russie.
 
C’est à Tavastehus, entre Tammerfors et Helsingfors, que se livra la bataille décisive. Près de 25 000 rouges se concentraient vers ce point, refoulés du nord au sud par Mannerheim et du sud au nord par von der Goltz, la retraite vers l’est coupée. Ils emmenaient, malgré les ordres du commandement, leurs familles et, souvent, tout leur mince avoir&nbsp;; c’était une migration de peuple plutôt qu’un mouvement d’armée. Ces masses, qui devenaient facilement des cohues, ne pouvaient guère manœuvrer. Les blancs les arrosèrent de schrapnells. Cernées, elles se battirent héroïquement deux jours avant de capituler. Quelques milliers d’hommes s’ouvrirent un chemin vers l’est. La capitulation fut suivie d’un massacre. Le massacre des blessés était de règle. Il resta 10 000 prisonniers que l’on interna à Rikhimiaki. Vyborg tomba le 12 mai. Quelques milliers de gardes rouges se réfugièrent en Russie.
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Les vainqueurs massacraient les vaincus. On sait depuis l’Antiquité que les guerres de classes sont les plus effroyables. Il n’est pas de plus sanglantes, de plus atroces victoires que celles des [[classe_réactionnaire|classes réactionnaires]]. Depuis la saignée infligée à la [[Commune_de_Paris_(1871)|Commune de Paris]] par la bourgeoisie française, le monde n’avait rien vu de comparable à l’horreur de ce qui se passa en Finlande.
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Les vainqueurs massacraient les vaincus. On sait depuis l’Antiquité que les guerres de classes sont les plus effroyables. Il n’est pas de plus sanglantes, de plus atroces victoires que celles des [[Classe_réactionnaire|classes réactionnaires]]. Depuis la saignée infligée à la [[Commune_de_Paris_(1871)|Commune de Paris]] par la bourgeoisie française, le monde n’avait rien vu de comparable à l’horreur de ce qui se passa en Finlande.
    
== Bibliographie ==
 
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