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La '''jeunesse''' tient une place importante dans la pratique politique des [[Communistes révolutionnaires|communistes révolutionnaires]], en tant que potentielle force d'entraînement de la [[Classe ouvrière|classe ouvrière]].
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La '''jeunesse''' tient une place importante dans la pratique politique des [[Communistes_révolutionnaires|communistes révolutionnaires]], en tant que potentielle force d'entraînement de la [[Classe_ouvrière|classe ouvrière]].
    
== Généralités ==
 
== Généralités ==
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La jeunesse n'est pas une [[Classe sociale|classe sociale]]. Un jeune employé de caisse n'a aucun intérêt commun avec le jeune adjoint au PDG de sa chaîne d'hypermarché. Une jeune fonctionnaire n'a aucun intérêt commun avec la jeune adjointe d'un cabinet ministériel qui applique l'[[Austérité|austérité]], etc.
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La jeunesse n'est pas une [[Classe_sociale|classe sociale]]. Un jeune employé de caisse n'a aucun intérêt commun avec le jeune adjoint au PDG de sa chaîne d'hypermarché. Une jeune fonctionnaire n'a aucun intérêt commun avec la jeune adjointe d'un cabinet ministériel qui applique l'[[Austérité|austérité]], etc.
    
L'influence que parvient à avoir un parti dans la jeunesse est lié à sa radicalité. C'est ce qui faisait dire à [[Lénine|Lénine]] le parti ouvrier serait toujours le parti de la jeunesse :
 
L'influence que parvient à avoir un parti dans la jeunesse est lié à sa radicalité. C'est ce qui faisait dire à [[Lénine|Lénine]] le parti ouvrier serait toujours le parti de la jeunesse :
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=== Fondation ===
 
=== Fondation ===
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Au sein de la social-démocratie allemande, [[Karl Liebknecht|Karl Liebknecht]] s'engagea pour que les jeunes puissent être militants à part entière.
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Au sein de la social-démocratie allemande, [[Karl_Liebknecht|Karl Liebknecht]] s'engagea pour que les jeunes puissent être militants à part entière.
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L'''Union Internationale des Organisations de Jeunesse Socialiste'' (UIOJS) fut fondée les 24-27 avril 1907 à Stuttgart, par 20 délégués jeunes représentant 13 pays, en tant que section de jeunesse de la [[Deuxième Internationale|<span class="mw-redirect">Deuxième Internationale</span>]]. Le bureau international fut basé à Vienne (l'Union internationale de la jeunesse socialiste occupe toujours ces locaux depuis). Dirigée par [[Hendrik de Man|<span class="mw-redirect">Hendrik de Man</span>]] au moment de sa fondation, l’UIOJS est ensuite présidée de 1908 à 1925 par [[Robert Danneberg|Robert Danneberg]], un militant autrichien alors proche de l’[[Antimilitarisme|antimilitarisme]] radical de [[Karl Liebknecht|Karl Liebknecht]].
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L'''Union Internationale des Organisations de Jeunesse Socialiste'' (UIOJS) fut fondée les 24-27 avril 1907 à Stuttgart, par 20 délégués jeunes représentant 13 pays, en tant que section de jeunesse de la [[Deuxième_Internationale|<span class="mw-redirect">Deuxième Internationale</span>]]. Le bureau international fut basé à Vienne (l'Union internationale de la jeunesse socialiste occupe toujours ces locaux depuis). Dirigée par [[Hendrik_de_Man|<span class="mw-redirect">Hendrik de Man</span>]] au moment de sa fondation, l’UIOJS est ensuite présidée de 1908 à 1925 par [[Robert_Danneberg|Robert Danneberg]], un militant autrichien alors proche de l’[[Antimilitarisme|antimilitarisme]] radical de [[Karl_Liebknecht|Karl Liebknecht]].
    
=== La Première guerre mondiale ===
 
=== La Première guerre mondiale ===
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En 1914, le déclenchement de la [[Première Guerre mondiale|Première Guerre mondiale]] met un terme au travail de l’UIOJS. Le conflit et le soutien apporté par les différents partis socialistes des pays belligérants à leurs gouvernements ([[Union sacrée|Union sacrée]]) empêchent en effet toute coopération internationale et l’UIOJS cesse d’exister dans les faits.
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En 1914, le déclenchement de la [[Première_Guerre_mondiale|Première Guerre mondiale]] met un terme au travail de l’UIOJS. Le conflit et le soutien apporté par les différents partis socialistes des pays belligérants à leurs gouvernements ([[Union_sacrée|Union sacrée]]) empêchent en effet toute coopération internationale et l’UIOJS cesse d’exister dans les faits.
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[[File:JungendInternationale.jpg|right|340x443px|JungendInternationale.jpg]]Les opposants à la guerre basés en Suisse tentent alors d’unifier les jeunes socialistes européens sur des bases nouvelles. Sous l’impulsion de [[Willi Münzenberg|Willi Münzenberg]], ils appellent à la tenue d’une conférence internationale antimilitariste des sections de jeunes qui se tient à Berne en avril 1915. Si cette conférence ne suit pas encore les appels de [[Lénine|<span class="mw-redirect">Lénine</span>]] à la guerre civile révolutionnaire, elle entérine le principe du «&nbsp;socialisme révolutionnaire&nbsp;» et appelle à la recréation du mouvement des jeunes socialistes indépendamment des différents partis socialistes «&nbsp;chauvins&nbsp;». La conférence de Berne décide aussi d’une nouvelle publication intitulée ''Die Jugendinternationale'' (La Jeune Internationale) et de la mise en place d’un Bureau International de la jeunesse basé à Zurich. Willi Münzenberg est élu à la tête de cette UIOJS reconstitué. [[Lénine|Lénine]] critiquera certaines positions de ces jeunes, mais estimait très important de dialoguer avec eux.<ref name="LenineInter">Lénine, [https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1916/12/vil19161200b.htm L’Internationale de la jeunesse], déc. 1916</ref>
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[[File:JungendInternationale.jpg|right|340x443px|JungendInternationale.jpg]]Les opposants à la guerre basés en Suisse tentent alors d’unifier les jeunes socialistes européens sur des bases nouvelles. Sous l’impulsion de [[Willi_Münzenberg|Willi Münzenberg]], ils appellent à la tenue d’une conférence internationale antimilitariste des sections de jeunes qui se tient à Berne en avril 1915. Si cette conférence ne suit pas encore les appels de [[Lénine|<span class="mw-redirect">Lénine</span>]] à la guerre civile révolutionnaire, elle entérine le principe du «&nbsp;socialisme révolutionnaire&nbsp;» et appelle à la recréation du mouvement des jeunes socialistes indépendamment des différents partis socialistes «&nbsp;chauvins&nbsp;». La conférence de Berne décide aussi d’une nouvelle publication intitulée ''Die Jugendinternationale'' (La Jeune Internationale) et de la mise en place d’un Bureau International de la jeunesse basé à Zurich. Willi Münzenberg est élu à la tête de cette UIOJS reconstitué. [[Lénine|Lénine]] critiquera certaines positions de ces jeunes, mais estimait très important de dialoguer avec eux.<ref name="LenineInter">Lénine, [https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1916/12/vil19161200b.htm L’Internationale de la jeunesse], déc. 1916</ref>
    
En 1918, toutes les organisations de jeunesse socialistes d’Europe – à l’exception des allemands, français et néerlandais – avaient adhéré à l’UIOJS reconstituée.
 
En 1918, toutes les organisations de jeunesse socialistes d’Europe – à l’exception des allemands, français et néerlandais – avaient adhéré à l’UIOJS reconstituée.
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Bien qu’antimilitariste, l’UIOJS reconstituée est néanmoins partagée sur la manière de mettre fin au conflit. La faction centriste souhaite l'établissement d'un arbitrage contraignant tandis que l’aile gauche, influencée par la <span class="mw-redirect">révolution russe</span>, appelle à une révolution internationale pour combattre la guerre capitaliste. Cette division est à mettre en parallèle avec les divergences apparues lors de la [[Conférence de Zimmerwald|Conférence de Zimmerwald]] entre une majorité pacifiste et une gauche révolutionnaire.
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Bien qu’antimilitariste, l’UIOJS reconstituée est néanmoins partagée sur la manière de mettre fin au conflit. La faction centriste souhaite l'établissement d'un arbitrage contraignant tandis que l’aile gauche, influencée par la <span class="mw-redirect">révolution russe</span>, appelle à une révolution internationale pour combattre la guerre capitaliste. Cette division est à mettre en parallèle avec les divergences apparues lors de la [[Conférence_de_Zimmerwald|Conférence de Zimmerwald]] entre une majorité pacifiste et une gauche révolutionnaire.
    
=== L'Internationale des Jeunes Communistes ===
 
=== L'Internationale des Jeunes Communistes ===
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[[File:InternationaleJeunesCommunistes.png|right|InternationaleJeunesCommunistes.png]]En mars 1919, l'[[Internationale communiste|Internationale communiste]] est créée à Moscou à l’initiative de [[Lénine|Lénine]]. Le 20 novembre 1919, l’UIOJS tient sa première conférence d’après-guerre à Berlin. La conférence se tient clandestinement dans une brasserie (l’interdiction du parti communiste en Allemagne ne sera levée qu’en décembre) et réunie 19 délégués représentant 14 pays. La décision est prise au cours de ce congrès de renommer l’organisation «&nbsp;Internationale des jeunes communistes&nbsp;» (IJC). Le congrès de Berlin est ainsi de fait le dernier de l’UIOJS et le premier de l’IJC.
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[[File:InternationaleJeunesCommunistes.png|right|InternationaleJeunesCommunistes.png]]En mars 1919, l'[[Internationale_communiste|Internationale communiste]] est créée à Moscou à l’initiative de [[Lénine|Lénine]]. Le 20 novembre 1919, l’UIOJS tient sa première conférence d’après-guerre à Berlin. La conférence se tient clandestinement dans une brasserie (l’interdiction du parti communiste en Allemagne ne sera levée qu’en décembre) et réunie 19 délégués représentant 14 pays. La décision est prise au cours de ce congrès de renommer l’organisation «&nbsp;Internationale des jeunes communistes&nbsp;» (IJC). Le congrès de Berlin est ainsi de fait le dernier de l’UIOJS et le premier de l’IJC.
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Il est décidé que l’IJC aurait son siège à Berlin et un programme politique est adopté. Un comité exécutif de cinq membres est aussi mis en place. Il est constitué de [[Leo Flieg|Leo Flieg]] (Allemagne), Willi Münzenberg (Allemagne), [[Luigi Polano|Luigi Polano]] (Italie), Oskar Samuelson (Suède), [[Lazar Sackin|Lazar Sackin]] (Russie) et Willi Münzenberg (Allemagne), qui en prend la direction.
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Il est décidé que l’IJC aurait son siège à Berlin et un programme politique est adopté. Un comité exécutif de cinq membres est aussi mis en place. Il est constitué de [[Leo_Flieg|Leo Flieg]] (Allemagne), Willi Münzenberg (Allemagne), [[Luigi_Polano|Luigi Polano]] (Italie), Oskar Samuelson (Suède), [[Lazar_Sackin|Lazar Sackin]] (Russie) et Willi Münzenberg (Allemagne), qui en prend la direction.
    
En URSS, les jeunesses communistes ("komsomol") deviennent un grand appareil du parti pour formater la jeunesse.
 
En URSS, les jeunesses communistes ("komsomol") deviennent un grand appareil du parti pour formater la jeunesse.
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[[File:Komsomol1933.jpg|none|316x414px]]L’organisation interne de la JC, remodelée en 1924-1925, se compose à la base de la cellule formée dans les usines. Elle a pour but de défendre les jeunes travailleurs et se réunit une fois par semaine. Émanant de cette cellule, un bureau tient des assemblées générales et fixe les actions, la propagande et le recrutement. À l’étage supérieur de la pyramide, le rayon rassemble l’ensemble des cellules existant sur un territoire délimité. Ces cellules et rayons sont regroupés en régions, chargées, entre autres, de relayer les informations prises au niveau national. L’encadrement des adultes se veut discret et n’est pas inscrit dans les statuts officiels de la JC.
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[[File:Komsomol1933.jpg|none|316x414px|Komsomol1933.jpg]]L’organisation interne de la JC, remodelée en 1924-1925, se compose à la base de la cellule formée dans les usines. Elle a pour but de défendre les jeunes travailleurs et se réunit une fois par semaine. Émanant de cette cellule, un bureau tient des assemblées générales et fixe les actions, la propagande et le recrutement. À l’étage supérieur de la pyramide, le rayon rassemble l’ensemble des cellules existant sur un territoire délimité. Ces cellules et rayons sont regroupés en régions, chargées, entre autres, de relayer les informations prises au niveau national. L’encadrement des adultes se veut discret et n’est pas inscrit dans les statuts officiels de la JC.
    
En 1932, la JC est une organisation satellite aux effectifs stagnants, avoisinant les 4 000 adhérents. Pendant ses dix premières années d'existence, la JC ne sera pas vraiment une priorité du PC. Vers 1933, la direction de l'Internationale donne pour consigne d'y remédier, ce qui est aussitôt relayé. Lors du comité central de juillet 1933, Jacques Duclos reconnait que «&nbsp;''le Parti a délaissé ce travail et a laissé disparaître des cellules de jeunesses communistes ''»
 
En 1932, la JC est une organisation satellite aux effectifs stagnants, avoisinant les 4 000 adhérents. Pendant ses dix premières années d'existence, la JC ne sera pas vraiment une priorité du PC. Vers 1933, la direction de l'Internationale donne pour consigne d'y remédier, ce qui est aussitôt relayé. Lors du comité central de juillet 1933, Jacques Duclos reconnait que «&nbsp;''le Parti a délaissé ce travail et a laissé disparaître des cellules de jeunesses communistes ''»
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En 1943, l’IJC est dissoute, en même temps que le [[Komintern|Komintern]], par [[Staline|Staline]] qui souhaitait ainsi détendre ses relations avec les alliés.
 
En 1943, l’IJC est dissoute, en même temps que le [[Komintern|Komintern]], par [[Staline|Staline]] qui souhaitait ainsi détendre ses relations avec les alliés.
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[[File:Logo FMJD.png|right|Logo FMJD.png]]À la sortie de la [[Seconde Guerre mondiale|Seconde Guerre mondiale]], les vainqueurs réunissent en novembre 1945 à Londres une «&nbsp;conférence mondiale de la jeunesse&nbsp;». Elle débouche sur la création le 8 novembre de la Fédération mondiale de la jeunesse démocratique (FMJD), organisation à laquelle adhèrent les mouvements de jeunesse communistes mais que les staliniens essaient de rendre le plus large possible. La FMJD se veut une organisation «&nbsp;anti-impérialiste de gauche&nbsp;». Son siège est à Paris, et son président, un Français, [[Guy de Boysson|Guy de Boysson]], jeune communiste futur dirigeant de la banque soviétique en France. Mais lors du début de la [[Guerre froide|guerre froide]] en 1947 puis du [[Coup de Prague|coup de Prague]] (1948), beaucoup d'organisations pro-américaines se sont retirés de la FMJD.
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[[File:Logo FMJD.png|right|Logo FMJD.png]]À la sortie de la [[Seconde_Guerre_mondiale|Seconde Guerre mondiale]], les vainqueurs réunissent en novembre 1945 à Londres une «&nbsp;conférence mondiale de la jeunesse&nbsp;». Elle débouche sur la création le 8 novembre de la Fédération mondiale de la jeunesse démocratique (FMJD), organisation à laquelle adhèrent les mouvements de jeunesse communistes mais que les staliniens essaient de rendre le plus large possible. La FMJD se veut une organisation «&nbsp;anti-impérialiste de gauche&nbsp;». Son siège est à Paris, et son président, un Français, [[Guy_de_Boysson|Guy de Boysson]], jeune communiste futur dirigeant de la banque soviétique en France. Mais lors du début de la [[Guerre_froide|guerre froide]] en 1947 puis du [[Coup_de_Prague|coup de Prague]] (1948), beaucoup d'organisations pro-américaines se sont retirés de la FMJD.
    
=== L'Internationale des Jeunes Socialistes ===
 
=== L'Internationale des Jeunes Socialistes ===
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En 1930 les JS en France comptent 8 168 membres, et connaissent une progression jusqu'à 11 685 membres en 1932.
 
En 1930 les JS en France comptent 8 168 membres, et connaissent une progression jusqu'à 11 685 membres en 1932.
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Après la [[Seconde Guerre mondiale|Seconde Guerre mondiale]], elle prend le nom d'Union internationale de la jeunesse socialiste lors du congrès du 30 septembre 1946 à Paris.
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Après la [[Seconde_Guerre_mondiale|Seconde Guerre mondiale]], elle prend le nom d'Union internationale de la jeunesse socialiste lors du congrès du 30 septembre 1946 à Paris.
    
=== Quatrième internationale ===
 
=== Quatrième internationale ===
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Les organisations issues du [[Trotskisme|trotskisme]] tentent de mettre sur pied à leur échelle des organisations de jeunesse. Par exemple avec les Rencontres internationales de jeunes de la [[Quatrième internationale (Secrétariat-Unifié)|Quatrième internationale (Secrétariat-Unifié)]].
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Les organisations issues du [[Trotskisme|trotskisme]] tentent de mettre sur pied à leur échelle des organisations de jeunesse. Par exemple avec les Rencontres internationales de jeunes de la [[Quatrième_internationale_(Secrétariat-Unifié)|Quatrième internationale (Secrétariat-Unifié)]].
    
== Autres organisations ==
 
== Autres organisations ==
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=== Jeunesse ouvrière chrétienne ===
 
=== Jeunesse ouvrière chrétienne ===
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[[File:AfficheJOC.jpg|right|AfficheJOC.jpg]]En 1925, un abbé belgé créé la [[Jeunesse ouvrière chrétienne|Jeunesse ouvrière chrétienne]], qui deviendra rapidement une organisation de masse, bien implantée des les usines et les quartiers populaires. Elle se prétendait apolitique et était active pour défendre des revendications spécifiques pour les jeunes travailleur-se-s.
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[[File:AfficheJOC.jpg|right|AfficheJOC.jpg]]En 1925, un abbé belgé créé la [[Jeunesse_ouvrière_chrétienne|Jeunesse ouvrière chrétienne]], qui deviendra rapidement une organisation de masse, bien implantée des les usines et les quartiers populaires. Elle se prétendait apolitique et était active pour défendre des revendications spécifiques pour les jeunes travailleur-se-s.
    
Elle devient la première organisation de jeunes (120 à 130 000 sympathisants en 1937 contre 100 000 pour la JC), ce qui préoccupait les Jeunesses communistes&nbsp;:
 
Elle devient la première organisation de jeunes (120 à 130 000 sympathisants en 1937 contre 100 000 pour la JC), ce qui préoccupait les Jeunesses communistes&nbsp;:
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Les premières années de l’IJC sont marquées par la question des relations entre les mouvements de jeunesse et les partis communistes qui apparaissent dans chaque pays.
 
Les premières années de l’IJC sont marquées par la question des relations entre les mouvements de jeunesse et les partis communistes qui apparaissent dans chaque pays.
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Lors du Congrès fondateur, [[Lazar Sackin|Lazar Sackin]], le délégué russe, défend l’idée que les mouvements de jeunesse doivent être placés sous la direction et le contrôle direct des partis. Cette conception est combattue par les délégués d’Europe occidentale qui conçoivent les organisations de jeunesse comme des mouvements indépendants ayant un rôle d’avant-garde. Le compromis trouvé lors de ce Congrès affirme que l’IJC n’est pas une organisation «&nbsp;sœur&nbsp;» du [[Komintern|Komintern]] mais constitue une «&nbsp;partie&nbsp;» de celui-ci. Les organisations de jeunesse membres de l’IJC doivent soit suivre le programme du parti membre de l’Internationale communiste dans leur pays soit suivre directement le programme de l’Internationale communiste.
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Lors du Congrès fondateur, [[Lazar_Sackin|Lazar Sackin]], le délégué russe, défend l’idée que les mouvements de jeunesse doivent être placés sous la direction et le contrôle direct des partis. Cette conception est combattue par les délégués d’Europe occidentale qui conçoivent les organisations de jeunesse comme des mouvements indépendants ayant un rôle d’avant-garde. Le compromis trouvé lors de ce Congrès affirme que l’IJC n’est pas une organisation «&nbsp;sœur&nbsp;» du [[Komintern|Komintern]] mais constitue une «&nbsp;partie&nbsp;» de celui-ci. Les organisations de jeunesse membres de l’IJC doivent soit suivre le programme du parti membre de l’Internationale communiste dans leur pays soit suivre directement le programme de l’Internationale communiste.
    
Malgré cette décision, l’IJC reste divisée entre les tenants d’une ligne indépendante (menés par les allemands) et les partisans d’un contrôle étroit du mouvement de jeunesse par le Komintern (menés par les pro-russes).
 
Malgré cette décision, l’IJC reste divisée entre les tenants d’une ligne indépendante (menés par les allemands) et les partisans d’un contrôle étroit du mouvement de jeunesse par le Komintern (menés par les pro-russes).
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=== Étudiants ===
 
=== Étudiants ===
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Au XIXe siècle et durant une bonne partie du XXe siècle, jusqu’aux années 1960 environ, les étudiants n’étaient, quant à eux, pas socialement liés à la [[Classe ouvrière|classe ouvrière]]. Ils étaient au contraire une très faible minorité des classes d’âge concernées, issus très généralement de la moyenne et de la grande [[Bourgeoisie|bourgeoisie]]. Mais la prolongation même de leurs études contribuait à aiguiser leur esprit critique. Dès lors, ils se trouvèrent fréquemment à l’initiative de mouvements insurrectionnels, liés non à des revendications économiques, mais à des objectifs politiques et démocratiques, lorsqu’il s’agissait de lutter contre un régime autocratique, pour la conquête et la défense de certaines libertés. Les étudiants participèrent ainsi aux grandes révolutions européennes du XIXe siècle. En France, lors des journées de juillet 1830 qui mirent à bas la monarchie restaurée, celle de Charles&nbsp;X, les étudiants participèrent au pillage d’armureries, donnèrent les premiers coups de feu contre l’armée du roi et aidèrent à dresser les premières barricades&nbsp;; dans les quartiers populaires de l’Est parisien, étudiants républicains et ouvriers participèrent ensemble à la résistance armée, puis à l’offensive finalement victorieuse. En février 1848, ils furent aussi très présents parmi les insurgés qui renversèrent le régime de Louis-Philippe et proclamèrent la République, mais aussi parmi les révolutionnaires du «&nbsp;[[Printemps des peuples|printemps des peuples]]&nbsp;» un peu partout en Europe. Dans chacun de ces moments révolutionnaires, le rôle de la classe ouvrière a été moteur et véritablement déterminant&nbsp;; mais les étudiants ont souvent concouru à déclencher les mouvements.
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Au XIXe siècle et durant une bonne partie du XXe siècle, jusqu’aux années 1960 environ, les étudiants n’étaient, quant à eux, pas socialement liés à la [[Classe_ouvrière|classe ouvrière]]. Ils étaient au contraire une très faible minorité des classes d’âge concernées, issus très généralement de la moyenne et de la grande [[Bourgeoisie|bourgeoisie]]. Mais la prolongation même de leurs études contribuait à aiguiser leur esprit critique. Dès lors, ils se trouvèrent fréquemment à l’initiative de mouvements insurrectionnels, liés non à des revendications économiques, mais à des objectifs politiques et démocratiques, lorsqu’il s’agissait de lutter contre un régime autocratique, pour la conquête et la défense de certaines libertés. Les étudiants participèrent ainsi aux grandes révolutions européennes du XIXe siècle. En France, lors des journées de juillet 1830 qui mirent à bas la monarchie restaurée, celle de Charles&nbsp;X, les étudiants participèrent au pillage d’armureries, donnèrent les premiers coups de feu contre l’armée du roi et aidèrent à dresser les premières barricades&nbsp;; dans les quartiers populaires de l’Est parisien, étudiants républicains et ouvriers participèrent ensemble à la résistance armée, puis à l’offensive finalement victorieuse. En février 1848, ils furent aussi très présents parmi les insurgés qui renversèrent le régime de Louis-Philippe et proclamèrent la République, mais aussi parmi les révolutionnaires du «&nbsp;[[Printemps_des_peuples|printemps des peuples]]&nbsp;» un peu partout en Europe. Dans chacun de ces moments révolutionnaires, le rôle de la classe ouvrière a été moteur et véritablement déterminant&nbsp;; mais les étudiants ont souvent concouru à déclencher les mouvements.
    
Cette sensibilité particulière des étudiants à la défense des libertés démocratiques leur a souvent fait rejoindre les ouvriers en lutte. Le cas de la Russie au début du XXe siècle est à cet égard frappant. Subissant directement les contraintes d’un régime particulièrement oppressif, les étudiants se soulevèrent à maintes reprises contre le tsarisme. C’est pourquoi, dès 1901, Lénine en appelait à la jonction des travailleurs et des étudiants&nbsp;:
 
Cette sensibilité particulière des étudiants à la défense des libertés démocratiques leur a souvent fait rejoindre les ouvriers en lutte. Le cas de la Russie au début du XXe siècle est à cet égard frappant. Subissant directement les contraintes d’un régime particulièrement oppressif, les étudiants se soulevèrent à maintes reprises contre le tsarisme. C’est pourquoi, dès 1901, Lénine en appelait à la jonction des travailleurs et des étudiants&nbsp;:
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=== Au sein des partis ouvriers ===
 
=== Au sein des partis ouvriers ===
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La [[Deuxième internationale|Deuxième internationale]] était sous la surface [[Marxiste|marxiste]] gangrenée par l'[[Opportunisme|opportunisme]], surtout dans les sphères des dirigeants des syndicats et des partis (de fait dominés par des membres plus agés). La jeunesse était plus radicale, et elle était notamment influencée par les positions de [[Karl Liebknecht|Karl Liebknecht]]. Après l'éclatement de la guerre, dès avril 1915, de nombreux jeunes social-démocrates participent à une conférence internationale antimilitariste à Berne.
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La [[Deuxième_internationale|Deuxième internationale]] était sous la surface [[Marxiste|marxiste]] gangrenée par l'[[Opportunisme|opportunisme]], surtout dans les sphères des dirigeants des syndicats et des partis (de fait dominés par des membres plus agés). La jeunesse était plus radicale, et elle était notamment influencée par les positions de [[Karl_Liebknecht|Karl Liebknecht]]. Après l'éclatement de la guerre, dès avril 1915, de nombreux jeunes social-démocrates participent à une conférence internationale antimilitariste à Berne.
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A propos de la [[Révolution russe (1917)|révolution russe]], voici ce que [[Trotsky|Trotsky]] explique du rôle essentiel des jeunes au sein du [[Parti bolchevik|parti bolchevik]]&nbsp;:
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A propos de la [[Révolution_russe_(1917)|révolution russe]], voici ce que [[Trotsky|Trotsky]] explique du rôle essentiel des jeunes au sein du [[Parti_bolchevik|parti bolchevik]]&nbsp;:
 
<blockquote>«&nbsp;''Tout parti révolutionnaire trouve de prime abord un appui dans la jeune génération de la classe montante. La sénilité politique s’exprime par la perte de la capacité d’entraîner la jeunesse. Les partis de la démocratie bourgeoise, éliminés de la scène, sont contraints d’abandonner la jeunesse à la révolution ou au fascisme. Le bolchevisme, dans l’illégalité, fut toujours le parti des jeunes ouvriers. Les mencheviks s’appuyaient sur des milieux supérieurs et plus âgés de la classe ouvrière, non sans en tirer une certaine fierté et considéraient de haut les bolcheviks. Les événements montrèrent impitoyablement leur erreur&nbsp;: au moment décisif, la jeunesse entraîna les hommes d’âge mûr et jusqu’aux vieillards''&nbsp;»<ref>Trotsky, [http://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/revtrahie/frodcp7.htm La Révolution trahie, VII], 1936</ref></blockquote>
 
<blockquote>«&nbsp;''Tout parti révolutionnaire trouve de prime abord un appui dans la jeune génération de la classe montante. La sénilité politique s’exprime par la perte de la capacité d’entraîner la jeunesse. Les partis de la démocratie bourgeoise, éliminés de la scène, sont contraints d’abandonner la jeunesse à la révolution ou au fascisme. Le bolchevisme, dans l’illégalité, fut toujours le parti des jeunes ouvriers. Les mencheviks s’appuyaient sur des milieux supérieurs et plus âgés de la classe ouvrière, non sans en tirer une certaine fierté et considéraient de haut les bolcheviks. Les événements montrèrent impitoyablement leur erreur&nbsp;: au moment décisif, la jeunesse entraîna les hommes d’âge mûr et jusqu’aux vieillards''&nbsp;»<ref>Trotsky, [http://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/revtrahie/frodcp7.htm La Révolution trahie, VII], 1936</ref></blockquote>
[[File:JeunesGardesSocialistes1937.jpg|right|375x517px|JeunesGardesSocialistes1937.jpg]]En 1934, l'aile gauche de la social‑démocratie belge était représentée entre autre par les Jeunes Gardes socialistes, organisation de jeunesse du [[Parti ouvrier belge|POB]], en principe «&nbsp;[[Autonomie de la jeunesse|autonome]]&nbsp;» depuis 1926. Elle avait triplé ses effectifs en deux ans, atteignant 25 000 membres en 1933, sous la direction d'un militant de la «&nbsp;gauche&nbsp;», son secrétaire général Fernand Godefroid.
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[[File:JeunesGardesSocialistes1937.jpg|right|375x517px|JeunesGardesSocialistes1937.jpg]]En 1934, l'aile gauche de la social‑démocratie belge était représentée entre autre par les Jeunes Gardes socialistes, organisation de jeunesse du [[Parti_ouvrier_belge|POB]], en principe «&nbsp;[[Autonomie_de_la_jeunesse|autonome]]&nbsp;» depuis 1926. Elle avait triplé ses effectifs en deux ans, atteignant 25 000 membres en 1933, sous la direction d'un militant de la «&nbsp;gauche&nbsp;», son secrétaire général Fernand Godefroid.
    
Les Jeunes Gardes socialistes du Nord-Pas-de-Calais étaient influencés par leurs camarades belges. En témoigne par exemple cette affiche pour une fête à Phalempin, municipalité socialiste du Nord. Un an après la victoire du Front populaire, la gauche de la SFIO et en particulier la jeunesse veut réaffirmer qu'elle a une visée révolutionnaire. Cette affiche et, plus généralement, le port de l’uniforme et les défilés à dimension paramilitaire des JGS suscitent une vive opposition dans la majorité du parti.
 
Les Jeunes Gardes socialistes du Nord-Pas-de-Calais étaient influencés par leurs camarades belges. En témoigne par exemple cette affiche pour une fête à Phalempin, municipalité socialiste du Nord. Un an après la victoire du Front populaire, la gauche de la SFIO et en particulier la jeunesse veut réaffirmer qu'elle a une visée révolutionnaire. Cette affiche et, plus généralement, le port de l’uniforme et les défilés à dimension paramilitaire des JGS suscitent une vive opposition dans la majorité du parti.
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A la même époque, la jeunesse dans la [[SFIO|SFIO]] connaissait aussi une dynamique de radicalisation vers la gauche. En particulier au sein des Jeunesses socialistes de la Seine influencées par le groupe de [[Marceau Pivert|Marceau Pivert]] et les [[Trotskystes|trotskystes]] qui y pratiquaient l’[[Entrisme|entrisme]] dans les années 1930.
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A la même époque, la jeunesse dans la [[SFIO|SFIO]] connaissait aussi une dynamique de radicalisation vers la gauche. En particulier au sein des Jeunesses socialistes de la Seine influencées par le groupe de [[Marceau_Pivert|Marceau Pivert]] et les [[Trotskystes|trotskystes]] qui y pratiquaient l’[[Entrisme|entrisme]] dans les années 1930.
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Au début des années 1960, une majorité de jeunes socialistes allèrent rejoindre des partis tout nouvellement fondés, qui se disaient anticapitalistes et revendiquaient l’indépendance de l’Algérie&nbsp;: le [[Parti socialiste autonome|Parti socialiste autonome]] (PSA) puis le [[Parti socialiste unifié|Parti socialiste unifié]] (PSU).
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Au début des années 1960, une majorité de jeunes socialistes allèrent rejoindre des partis tout nouvellement fondés, qui se disaient anticapitalistes et revendiquaient l’indépendance de l’Algérie&nbsp;: le [[Parti_socialiste_autonome|Parti socialiste autonome]] (PSA) puis le [[Parti_socialiste_unifié|Parti socialiste unifié]] (PSU).
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C’est bien souvent des jeunes qu’est venue la contestation contre les bureaucraties dans le mouvement ouvrier. Ce fut le cas par exemple au sein du [[PCF|PCF]] lors de la crise de 1931, dite du groupe «&nbsp;Barbé-Célor&nbsp;», dirigeants des Jeunesses communistes accusés par l’appareil [[Stalinien|stalinien]] de tenir des réunions fractionnelles clandestines au sein du parti et taxés de «&nbsp;[[Gauchisme|gauchisme]]&nbsp;»&nbsp;; ce fut encore le cas pendant la guerre d’Algérie lors de la crise dite «&nbsp;Servin-Canova&nbsp;», et ses rebondissements en 1965 quand, à l’issue d’un travail d’opposition puis de fraction à l’intérieur de l’[[Union des étudiants communistes|Union des étudiants communistes]] (UEC), une centaine de jeunes militants (parmi lesquels Alain Krivine) furent exclus et fondèrent la [[Jeunesse communiste révolutionnaire|Jeunesse communiste révolutionnaire]] (JCR).
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C’est bien souvent des jeunes qu’est venue la contestation contre les bureaucraties dans le mouvement ouvrier. Ce fut le cas par exemple au sein du [[PCF|PCF]] lors de la crise de 1931, dite du groupe «&nbsp;Barbé-Célor&nbsp;», dirigeants des Jeunesses communistes accusés par l’appareil [[Stalinien|stalinien]] de tenir des réunions fractionnelles clandestines au sein du parti et taxés de «&nbsp;[[Gauchisme|gauchisme]]&nbsp;»&nbsp;; ce fut encore le cas pendant la guerre d’Algérie lors de la crise dite «&nbsp;Servin-Canova&nbsp;», et ses rebondissements en 1965 quand, à l’issue d’un travail d’opposition puis de fraction à l’intérieur de l’[[Union_des_étudiants_communistes|Union des étudiants communistes]] (UEC), une centaine de jeunes militants (parmi lesquels Alain Krivine) furent exclus et fondèrent la [[Jeunesse_communiste_révolutionnaire|Jeunesse communiste révolutionnaire]] (JCR).
    
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Revue du Centre d'histoire de Science Po, [http://www.histoire-politique.fr/index.php?numero=04&rub=dossier Les jeunes, sujets et enjeux politiques (France, XXe siècle)]
 
Revue du Centre d'histoire de Science Po, [http://www.histoire-politique.fr/index.php?numero=04&rub=dossier Les jeunes, sujets et enjeux politiques (France, XXe siècle)]
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