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== L'Union sacrée dans les différents pays ==
== L'Union sacrée dans les différents pays ==
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Dans tous les pays d'Europe il y eut une pression à l'Union nationale. Presque toutes les sections de l'Internationale ouvrière se rangèrent derrière leur bourgeoisie. Les seuls députés socialistes à voter contre les [[crédits de guerre|crédits de guerre]] furent les Russes ([[bolchéviks|bolchéviks]] et [[menchéviks|menchéviks]]), les Serbes, et les minoritaires Anglais de l'Independant Labour Party.
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Dans tous les pays d'Europe il y eut une pression à l'Union nationale. Presque toutes les sections de l'Internationale ouvrière se rangèrent derrière leur bourgeoisie. Les seuls députés socialistes à voter contre les [[Crédits_de_guerre|crédits de guerre]] furent les Russes ([[Bolchéviks|bolchéviks]] et [[Menchéviks|menchéviks]]), les Serbes, et les minoritaires Anglais de l'Independant Labour Party.
=== France ===
=== France ===
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Les intentions du gouvernement sont claires dès le 19 juillet 1913, lorsqu'il fait passer la Loi des trois ans qui instaure un service militaire de trois ans en vue de préparer l'armée française à la guerre avec l'Allemagne. Les socialistes affirment une opposition de principe, mais ne cherchent pas à mobiliser leur base ouvrière. Les directions de la [[SFIO|SFIO]] et de la [[CGT|CGT]] sont rongés par l'[[Opportunisme|opportunisme]] et le [[Réformisme|réformisme]]. Ce qui conduit des hommes foncièrement honnêtes comme [[Jean Jaurès|Jean Jaurès]] à faire du pacifisme un combat [[Idéaliste|idéaliste]], à croire qu'ils pourraient convaincre au sommet de l'[[État|État]] de "l'erreur" que représentait la guerre. L'échec fut cinglant : les socialistes furent soit traîtres soit impuissants dans cette période.
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Les intentions du gouvernement sont claires dès le 19 juillet 1913, lorsqu'il fait passer la Loi des trois ans qui instaure un service militaire de trois ans en vue de préparer l'armée française à la guerre avec l'Allemagne. Les socialistes affirment une opposition de principe, mais ne cherchent pas à mobiliser leur base ouvrière. Les directions de la [[SFIO|SFIO]] et de la [[CGT|CGT]] sont rongés par l'[[Opportunisme|opportunisme]] et le [[Réformisme|réformisme]]. Ce qui conduit des hommes foncièrement honnêtes comme [[Jean_Jaurès|Jean Jaurès]] à faire du pacifisme un combat [[Idéaliste|idéaliste]], à croire qu'ils pourraient convaincre au sommet de l'[[État|État]] de "l'erreur" que représentait la guerre. L'échec fut cinglant : les socialistes furent soit traîtres soit impuissants dans cette période.
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''« On s’est mis à la remorque du gouvernement et de sir Edward Grey et on continue »'' déplorait [[Rosmer|Rosmer]] fin juillet.
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''« On s’est mis à la remorque du gouvernement et de sir Edward Grey et on continue »'' déplorait [[Rosmer|Rosmer]] fin juillet.
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Pendant les derniers jours de juillet 1914 et les premiers jours d'août, le mot d'ordre « ''Non à la guerre'' » se transforme en celui de « ''Défense nationale d'abord'' ». Après l'assassinat de Jean Jaurès le <span class="date-lien nowrap datasortkey" data-sort-value="1914-07-31">31 juillet 1914</span>, [[Miguel Almereyda|Miguel Almereyda]] écrit dans ''[[Le Bonnet rouge|Le Bonnet rouge]]'' du 1er a<span class="date-lien nowrap datasortkey" data-sort-value="1914-08-01">oût 1914</span> : « [...] ''Bloc autour de la France menacée ! Le bloc que nous réclamions, il y a quatre mois, pour le salut de la république, nous l'appelons de tout notre cœur pour le salut de la patrie'' ». Le <span class="date-lien nowrap datasortkey" data-sort-value="1914-08-04">4 août 1914</span>, [[Léon Jouhaux|Léon Jouhaux]], secrétaire général de la CGT, sur la tombe de Jean Jaurès, prétend exprimer le sentiment de « ''la classe ouvrière au cœur meurtri'' » en rejetant la responsabilité de la guerre sur les empereurs et les aristocraties d'Allemagne et d'Autriche-Hongrie. Les ouvriers deviennent des « ''soldats de la liberté'' » appelés à défendre la patrie où naquit l'idéal <span class="mw-redirect">révolutionnaire</span>.
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Pendant les derniers jours de juillet 1914 et les premiers jours d'août, le mot d'ordre « ''Non à la guerre'' » se transforme en celui de « ''Défense nationale d'abord'' ». Après l'assassinat de Jean Jaurès le <span class="date-lien nowrap datasortkey" data-sort-value="1914-07-31">31 juillet 1914</span>, [[Miguel_Almereyda|Miguel Almereyda]] écrit dans ''[[Le_Bonnet_rouge|Le Bonnet rouge]]'' du 1er a<span class="date-lien nowrap datasortkey" data-sort-value="1914-08-01">oût 1914</span> : « [...] ''Bloc autour de la France menacée ! Le bloc que nous réclamions, il y a quatre mois, pour le salut de la république, nous l'appelons de tout notre cœur pour le salut de la patrie'' ». Le <span class="date-lien nowrap datasortkey" data-sort-value="1914-08-04">4 août 1914</span>, [[Léon_Jouhaux|Léon Jouhaux]], secrétaire général de la CGT, sur la tombe de Jean Jaurès, prétend exprimer le sentiment de « ''la classe ouvrière au cœur meurtri'' » en rejetant la responsabilité de la guerre sur les empereurs et les aristocraties d'Allemagne et d'Autriche-Hongrie. Les ouvriers deviennent des « ''soldats de la liberté'' » appelés à défendre la patrie où naquit l'idéal <span class="mw-redirect">révolutionnaire</span>.
Le terme d'union sacrée fut utilisé pour la première fois par le Président Raymond Poincaré dans son message à la Chambre des députés le 4 août 1914 :
Le terme d'union sacrée fut utilisé pour la première fois par le Président Raymond Poincaré dans son message à la Chambre des députés le 4 août 1914 :
<blockquote>« Dans la guerre qui s'engage, la France [...] sera héroïquement défendue par tous ses fils, dont rien ne brisera devant l'ennemi l'''union sacrée'' et qui sont aujourd'hui fraternellement assemblés dans une même indignation contre l'agresseur et dans une même foi patriotique »<br/></blockquote><!--cke_bookmark_96S--><!--cke_bookmark_96E-->
<blockquote>« Dans la guerre qui s'engage, la France [...] sera héroïquement défendue par tous ses fils, dont rien ne brisera devant l'ennemi l'''union sacrée'' et qui sont aujourd'hui fraternellement assemblés dans une même indignation contre l'agresseur et dans une même foi patriotique »<br/></blockquote><!--cke_bookmark_96S--><!--cke_bookmark_96E-->
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Et effectivement, l’ensemble des organisations syndicales et politiques de gauches ([[Confédération Générale du Travail|CGT]] et [[Section Française de l'Internationale Ouvrière|SFIO]] en tête) proclamèrent le soutien à l'unité de la Nation. Cette unanimité nationale persista, mis à part quelques dissidences de gauche, jusqu’à la fin du conflit. Les principaux dirigeants basculent vers le [[Social-chauvinisme|social-chauvinisme]] : [[Renaudel|Renaudel]], [[Guesde|Guesde]], [[Marcel Sembat|Sembat]], [[Gustave Hervé|Hervé]]...
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Et effectivement, l’ensemble des organisations syndicales et politiques de gauches ([[Confédération_Générale_du_Travail|CGT]] et [[Section_Française_de_l'Internationale_Ouvrière|SFIO]] en tête) proclamèrent le soutien à l'unité de la Nation. Cette unanimité nationale persista, mis à part quelques dissidences de gauche, jusqu’à la fin du conflit. Les principaux dirigeants basculent vers le [[Social-chauvinisme|social-chauvinisme]] : [[Renaudel|Renaudel]], [[Guesde|Guesde]], [[Marcel_Sembat|Sembat]], [[Gustave_Hervé|Hervé]]...
Un courant [[Centriste|centriste]] se dessina autour de Longuet (les longuettistes) et Pressmane et autour de Bourderon et Merrheim.
Un courant [[Centriste|centriste]] se dessina autour de Longuet (les longuettistes) et Pressmane et autour de Bourderon et Merrheim.
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Lors du Conseil national de la CGT, tenu du 26 novembre au 5 décembre 1914, seule une minorité se prononce contre la guerre. La guerre fait chuter les effectifs à 50 000 adhérents.
Lors du Conseil national de la CGT, tenu du 26 novembre au 5 décembre 1914, seule une minorité se prononce contre la guerre. La guerre fait chuter les effectifs à 50 000 adhérents.
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Le 3 janvier 1915, [[Pierre Monatte|Pierre Monatte]] démissionne en protestation contre le ralliement à l'Union Sacrée. [[Alfred Rosmer|Alfred Rosmer]] et Pierre Monatte sont en désaccord avec la politique de l’union sacrée. Ils refusent de soumettre à la censure [[La Vie Ouvrière|la Vie Ouvrière]] (journal de la CGT, dirigé par Monatte) qui cesse par conséquent de paraître. Rosmer est mobilisé, mais reste proche de Paris et peut poursuivre ses activités militantes. Toujours en phase avec Monatte, il devient l’âme d’un petit groupe internationaliste, le Comité pour la Reprise des Relations Internationales (CRRI), qui donnera naissance au <span class="new">Comité de la troisième Internationale</span>, avec [[Boris Souvarine|Boris Souvarine]], [[Fernand Loriot|Fernand Loriot]], [[Charles Rappoport,|Charles Rappoport,]] [[Jules Hattenberger|Jules Hattenberger]], etc. Rosmer organise la diffusion clandestine en France de l'« Au-dessus de la mêlée » publié en Suisse, par [[Romain Rolland|Romain Rolland]].
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Le 3 janvier 1915, [[Pierre_Monatte|Pierre Monatte]] démissionne en protestation contre le ralliement à l'Union Sacrée. [[Alfred_Rosmer|Alfred Rosmer]] et Pierre Monatte sont en désaccord avec la politique de l’union sacrée. Ils refusent de soumettre à la censure [[La_Vie_Ouvrière|la Vie Ouvrière]] (journal de la CGT, dirigé par Monatte) qui cesse par conséquent de paraître. Rosmer est mobilisé, mais reste proche de Paris et peut poursuivre ses activités militantes. Toujours en phase avec Monatte, il devient l’âme d’un petit groupe internationaliste, le Comité pour la Reprise des Relations Internationales (CRRI), qui donnera naissance au <span class="new">Comité de la troisième Internationale</span>, avec [[Boris_Souvarine|Boris Souvarine]], [[Fernand_Loriot|Fernand Loriot]], [[Charles_Rappoport,|Charles Rappoport,]] [[Jules_Hattenberger|Jules Hattenberger]], etc. Rosmer organise la diffusion clandestine en France de l'« Au-dessus de la mêlée » publié en Suisse, par [[Romain_Rolland|Romain Rolland]].
=== Allemagne (Burgfrieden) ===
=== Allemagne (Burgfrieden) ===
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En Allemagne, c'est l'expression "Burgfrieden" -littéralement ''paix des forteresses''- qui sera employée.
En Allemagne, c'est l'expression "Burgfrieden" -littéralement ''paix des forteresses''- qui sera employée.
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La propagande pacifiste des socialistes était encore forte en juillet 2014, ce qui d'ailleurs irritait le Kaiser Guillaume II, qui écrivit le 29 juillet :
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La propagande pacifiste des socialistes était encore forte en juillet 1914, ce qui d'ailleurs irritait le Kaiser Guillaume II, qui écrivit le 29 juillet :
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<blockquote>''«Les socialistes se livrent dans les rues à des manœuvres antimilitaristes, il ne faut pas le supporter, surtout pas ''à présent. ''Si ces troubles se répètent, je proclamerai l’état de siège et je ferai enfermer les dirigeants et tutti quanti. Nous ne pouvons permettre à l’heure actuelle aucune propagande socialiste.»''</blockquote>
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''«Les socialistes se livrent dans les rues à des manœuvres antimilitaristes, il ne faut pas le supporter, surtout pas ''à présent. ''Si ces troubles se répètent, je proclamerai l’état de siège et je ferai enfermer les dirigeants et tutti quanti. Nous ne pouvons permettre à l’heure actuelle aucune propagande socialiste.»''
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Mais le gouvernement choisit plutôt de jouer finement. Par le biais notamment d'échanges entre le chancelier Bethmann Hollweg et le "socialiste" Albert Südeküm, il connaissait assez bien l'état d'esprit des dirigeants du SPD. Le 30 juillet, à la réunion du ministère d’Etat de Prusse, le chancelier disait : ''«Il n’y avait plus trop à craindre [du SPD] »''
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Mais le gouvernement choisit plutôt de jouer finement. Par le biais notamment d'échanges entre le chancelier Bethmann Hollweg et le "socialiste" Albert Südeküm, il connaissait assez bien l'état d'esprit des dirigeants du SPD. Le 30 juillet, à la réunion du ministère d’Etat de Prusse, le chancelier disait : ''«Il n’y avait plus trop à craindre [du SPD] »''
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La direction du SPD craignait aussi l'agitation de son aile gauche. Ebert, le second président du parti écrivait le 27 juillet au comité directeur qu’au cas où une catastrophe surviendrait ''« il y aurait aussi des difficultés à l’intérieur de notre parti. La guerre et la puissante renaissance du mouvement ouvrier en Russie inspireront au groupe de Rosa de nouveaux plans…»''
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La direction du SPD craignait aussi l'agitation de son aile gauche. Ebert, le second président du parti écrivait le 27 juillet au comité directeur qu’au cas où une catastrophe surviendrait ''« il y aurait aussi des difficultés à l’intérieur de notre parti. La guerre et la puissante renaissance du mouvement ouvrier en Russie inspireront au groupe de Rosa de nouveaux plans…»''
Le 2 août, la Commission générale des syndicats allemands assurait le gouvernement de son soutien en renonçant pendant la guerre aux grèves et aux hausses de salaire.
Le 2 août, la Commission générale des syndicats allemands assurait le gouvernement de son soutien en renonçant pendant la guerre aux grèves et aux hausses de salaire.
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Le 4 août 1914, le Kaiser Guillaume II réunit les représentants de tous les partis siégeant au Reichstag et proclame :
Le 4 août 1914, le Kaiser Guillaume II réunit les représentants de tous les partis siégeant au Reichstag et proclame :
<blockquote>« Je ne connais plus de partis, je ne connais que des Allemands ! Comme preuve du fait qu'ils sont fermement décidés, sans différence de parti, d'origine ou de confession à tenir avec moi jusqu'au bout, à marcher à travers la détresse et la mort, j'engage les chefs des partis à avancer d'un pas et de me le promettre dans la main »<ref>Discours rédigé par Bethmann Hollweg.</ref><br/></blockquote>
<blockquote>« Je ne connais plus de partis, je ne connais que des Allemands ! Comme preuve du fait qu'ils sont fermement décidés, sans différence de parti, d'origine ou de confession à tenir avec moi jusqu'au bout, à marcher à travers la détresse et la mort, j'engage les chefs des partis à avancer d'un pas et de me le promettre dans la main »<ref>Discours rédigé par Bethmann Hollweg.</ref><br/></blockquote>
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Et dans la foulée le groupe parlementaire du [[Sozialdemokratische Partei Deutschlands|SPD]] vote pour les crédits militaires, ce qui porte un coup terrible à toute la social-démocratie, et par-delà, à toute la [[Classe ouvrière|classe ouvrière]] européenne car ce parti était le pilier décisif de la [[Deuxième internationale|deuxième internationale]].
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Et dans la foulée le groupe parlementaire du [[Sozialdemokratische_Partei_Deutschlands|SPD]] vote pour les crédits militaires, ce qui porte un coup terrible à toute la social-démocratie, et par-delà, à toute la [[Classe_ouvrière|classe ouvrière]] européenne car ce parti était le pilier décisif de la [[Deuxième_internationale|deuxième internationale]].
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Au nom du "socialisme", les dirigeants du SPD ([[Scheidemann|Scheidemann]], [[Legien|Legien]], [[Eduard David|Eduard David]]...) vont affirmer que la victoire de l’[[Impérialisme|impérialisme]] allemand sera un progrès, notamment dans la défaite qu’il infligerait au régime tsariste semi-féodal qui prévaut en Russie. Il renvoie l’Internationale au rang d’instrument "valable en temps de paix". Certains socialistes vont jusqu'à assimilier la forte intervention de l'État ("[[Capitalisme d'État|capitalisme d'État]]") au socialisme, comme le député [[Edmund Fischer|Edmund Fischer]] qui déclarera « ''Le socialisme est un instrument pour la conduite de la guerre'' ».
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Au nom du "socialisme", les dirigeants du SPD ([[Scheidemann|Scheidemann]], [[Legien|Legien]], [[Eduard_David|Eduard David]]...) vont affirmer que la victoire de l’[[Impérialisme|impérialisme]] allemand sera un progrès, notamment dans la défaite qu’il infligerait au régime tsariste semi-féodal qui prévaut en Russie. Il renvoie l’Internationale au rang d’instrument "valable en temps de paix". Certains socialistes vont jusqu'à assimilier la forte intervention de l'État ("[[Capitalisme_d'État|capitalisme d'État]]") au socialisme, comme le député [[Edmund_Fischer|Edmund Fischer]] qui déclarera « ''Le socialisme est un instrument pour la conduite de la guerre'' ».
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Rares sont les sociaux-démocrates qui, comme [[Rosa Luxembourg|Rosa Luxembourg]], [[Karl Liebknecht|Karl Liebknecht]], ou [[Otto Rühle|Otto Rühle]], qui refusent publiquement le ralliement à l’Union sacrée. L'[[USPD|USPD]] (Parti social-démocrate indépendant d'Allemagne) sera fondé peu de temps après.
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Rares sont les sociaux-démocrates qui, comme [[Rosa_Luxembourg|Rosa Luxembourg]], [[Karl_Liebknecht|Karl Liebknecht]], ou [[Otto_Rühle|Otto Rühle]], qui refusent publiquement le ralliement à l’Union sacrée. L'[[USPD|USPD]] (Parti social-démocrate indépendant d'Allemagne) sera fondé peu de temps après.
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[[Karl Kautsky|Karl Kautsky]] fut le représentant type du [[Centrisme|centrisme]]. Ses partisans étaient [[Hugo Haase|Hugo Haase]], [[Georg Ledebour|Georg Ledebour]]...
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[[Karl_Kautsky|Karl Kautsky]] fut le représentant type du [[Centrisme|centrisme]]. Ses partisans étaient [[Hugo_Haase|Hugo Haase]], [[Georg_Ledebour|Georg Ledebour]]...
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Liebknecht, député de Berlin, votera seul contre les crédits militaires, et sera envoyé au front avant d’aller en prison pour avoir manifesté publiquement contre la guerre, et en uniforme, clamant « ''l’ennemi principal est dans notre propre pays'' ». Luxembourg passera une grande partie de la guerre en prison pour antimilitarisme. La faillite historique de son parti social-démocrate ne pouvait que prendre le prolétariat allemand au dépourvu, le tétaniser. Que l’appareil construit pour l’émancipation de la classe ouvrière se resserre au moment décisif sur elle comme un carcan étouffant ne pouvait se surmonter d’un coup de baguette magique, ni en quelques mois, surtout pas dans la situation créée par la guerre elle-même. La trahison du puissant appareil social-démocrate créait les conditions les plus défavorables à la construction d’un nouveau [[Parti ouvrier|parti ouvrier]] et [[Parti révolutionnaire|révolutionnaire]].
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Liebknecht, député de Berlin, votera seul contre les crédits militaires, et sera envoyé au front avant d’aller en prison pour avoir manifesté publiquement contre la guerre, et en uniforme, clamant « ''l’ennemi principal est dans notre propre pays'' ». Luxembourg passera une grande partie de la guerre en prison pour antimilitarisme. La faillite historique de son parti social-démocrate ne pouvait que prendre le prolétariat allemand au dépourvu, le tétaniser. Que l’appareil construit pour l’émancipation de la classe ouvrière se resserre au moment décisif sur elle comme un carcan étouffant ne pouvait se surmonter d’un coup de baguette magique, ni en quelques mois, surtout pas dans la situation créée par la guerre elle-même. La trahison du puissant appareil social-démocrate créait les conditions les plus défavorables à la construction d’un nouveau [[Parti_ouvrier|parti ouvrier]] et [[Parti_révolutionnaire|révolutionnaire]].
=== Russie ===
=== Russie ===
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L’Union Sacrée se forme en Russie lorsque la Douma vote des crédits de guerre, même si une opposition à la guerre se développe dans les milieux libéraux et révolutionnaires. Les socialistes russes sont divisés entre le ralliement et le [[Défaitisme révolutionnaire|défaitisme révolutionnaire]].
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L’Union Sacrée se forme en Russie lorsque la Douma vote des crédits de guerre, même si une opposition à la guerre se développe dans les milieux libéraux et révolutionnaires. Les socialistes russes sont divisés entre le ralliement et le [[Défaitisme_révolutionnaire|défaitisme révolutionnaire]].
Social-chauvins : [[Plékhanov|Plékhanov]], Potressov
Social-chauvins : [[Plékhanov|Plékhanov]], Potressov
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Centristes : le parti du Comité d'Organisation, [[Axelrod|Axelrod]], [[Martov|Martov]], [[Tchkhéidzé|Tchkhéidzé]], [[Tsérétéli (1914)|Tsérétéli]]
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Centristes : le parti du Comité d'Organisation, [[Axelrod|Axelrod]], [[Martov|Martov]], [[Tchkhéidzé|Tchkhéidzé]], [[Tsérétéli_(1914)|Tsérétéli]]
=== Autriche ===
=== Autriche ===
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Centristes : [[Victor Adler|Victor Adler]], un proche de Kautsky
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Centristes : [[Victor_Adler|Victor Adler]], un proche de Kautsky
Internationalistes : les jeunes amis de gauche de Friedrich Adler, qui ont milité dans une certaine mesure à Vienne au club « Karl Marx », aujourd'hui fermé par le gouvernement ultra‑réactionnaire d'Autriche
Internationalistes : les jeunes amis de gauche de Friedrich Adler, qui ont milité dans une certaine mesure à Vienne au club « Karl Marx », aujourd'hui fermé par le gouvernement ultra‑réactionnaire d'Autriche
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=== Roumanie ===
=== Roumanie ===
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[[Christian Rakovsky|Christian Rakovsky]], leader de la social-démocratie roumaine, défendit l'internationalisme.<ref>Voir notamment : Kristian Rakovsky, [Les socialistes et la guerre http://www.marxists.org/francais/rakovsky/works/soc_guerre/index.htm], 1915</ref>
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[[Christian_Rakovsky|Christian Rakovsky]], leader de la social-démocratie roumaine, défendit l'internationalisme.<ref>Voir notamment : Kristian Rakovsky, [Les socialistes et la guerre http://www.marxists.org/francais/rakovsky/works/soc_guerre/index.htm], 1915</ref>
=== Angleterre ===
=== Angleterre ===
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La majorité du [[Travaillisme|mouvement travailliste]] (Hyndman, les [[Fabiens|fabiens]]...) et la centrale syndicale [[Trade Union Congress|Trade Union Congress]] soutiennent la guerre. Seul s'y oppose l'[[Independent Labour Party|Independent Labour Party]] (Philip Snowden, Ramsay MacDonald...) un parti [[Centrisme|centriste]].
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La majorité du [[Travaillisme|mouvement travailliste]] (Hyndman, les [[Fabiens|fabiens]]...) et la centrale syndicale [[Trade_Union_Congress|Trade Union Congress]] soutiennent la guerre. Seul s'y oppose l'[[Independent_Labour_Party|Independent Labour Party]] (Philip Snowden, Ramsay MacDonald...) un parti [[Centrisme|centriste]].
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Internationalistes : le journal ''The Trade‑Unionist'' et ''une partie'' des membres du [[Parti socialiste britannique|Parti socialiste britannique]] et de l'Independent Labour Party (William Russel, par exemple, qui a appelé ouvertement à rompre avec les chefs ''traîtres'' au socialisme)
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Internationalistes : le journal ''The Trade‑Unionist'' et ''une partie'' des membres du [[Parti_socialiste_britannique|Parti socialiste britannique]] et de l'Independent Labour Party (William Russel, par exemple, qui a appelé ouvertement à rompre avec les chefs ''traîtres'' au socialisme)
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En Ecosse, le leader ouvrier [[John MacLean|John MacLean]] refuse le ralliement à la guerre. Condamné aux ''travaux forcés'' pour sa lutte révolutionnaire contre la guerre
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En Ecosse, le leader ouvrier [[John_MacLean|John MacLean]] refuse le ralliement à la guerre. Condamné aux ''travaux forcés'' pour sa lutte révolutionnaire contre la guerre
=== Suède ===
=== Suède ===
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Social-chauvins : Branting
Social-chauvins : Branting
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[[Zett Höglund|Zett Höglund]], dirigeant socialiste suédois (notamment dans la jeunesse), fera partie des internationalistes, avec Lindhagen, Ture Nerman, Karlsson, Strőm... En mai 1917, ils formèrent le Parti social‑démocrate suédois de gauche.
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[[Zett_Höglund|Zett Höglund]], dirigeant socialiste suédois (notamment dans la jeunesse), fera partie des internationalistes, avec Lindhagen, Ture Nerman, Karlsson, Strőm... En mai 1917, ils formèrent le Parti social‑démocrate suédois de gauche.
=== Pays-Bas ===
=== Pays-Bas ===
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=== États-Unis ===
=== États-Unis ===
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Le leader socialiste [[Eugene Debs|Eugene Debs]] restera opposé à la guerre.
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Le leader socialiste [[Eugene_Debs|Eugene Debs]] restera opposé à la guerre.
Social-chauvins : Victor Berger
Social-chauvins : Victor Berger
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=== Bulgarie ===
=== Bulgarie ===
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Internationalistes : le [[Parti ouvrier social‑démocrate révolutionnaire de Bulgarie|Parti ouvrier social‑démocrate révolutionnaire]] (les « Etroits ») constitué en 1903, après la scission du Parti social-démocrate. Le fondateur et le chef des « étroits » fut D. Blagoïev, dont les disciples, Kh. [https://www.marxists.org/francais/bios/rakovsky.htm Rakovsky], G. [https://www.marxists.org/francais/bios/dimitrov.htm Dimitrov], V. Kolarov, etc., prirent par la suite la direction du parti.
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Internationalistes : le [[Parti_ouvrier_social‑démocrate_révolutionnaire_de_Bulgarie|Parti ouvrier social‑démocrate révolutionnaire]] (les « Etroits ») constitué en 1903, après la scission du Parti social-démocrate. Le fondateur et le chef des « étroits » fut D. Blagoïev, dont les disciples, Kh. [https://www.marxists.org/francais/bios/rakovsky.htm Rakovsky], G. [https://www.marxists.org/francais/bios/dimitrov.htm Dimitrov], V. Kolarov, etc., prirent par la suite la direction du parti.
== Fin de l'Union sacrée ==
== Fin de l'Union sacrée ==