Modifications

Aller à la navigation Aller à la recherche
m
aucun résumé des modifications
Ligne 21 : Ligne 21 :  
[[File:AIT-StMartin-1864.jpg|right|298x253px|AIT-StMartin-1864.jpg]]Le 28 septembre 1864, un congrès ouvrier européen se tient au Saint-Martin's Hall de Londres à l’initiative des ouvriers britanniques des ''Trade Unions''. La décision y est prise de créer l'Association Internationale des Travailleurs, qui unit des éléments du [[Mouvement ouvrier|mouvement ouvrier]] de divers pays.
 
[[File:AIT-StMartin-1864.jpg|right|298x253px|AIT-StMartin-1864.jpg]]Le 28 septembre 1864, un congrès ouvrier européen se tient au Saint-Martin's Hall de Londres à l’initiative des ouvriers britanniques des ''Trade Unions''. La décision y est prise de créer l'Association Internationale des Travailleurs, qui unit des éléments du [[Mouvement ouvrier|mouvement ouvrier]] de divers pays.
   −
Le meeting du Saint-Martin's Hall décide de la création d'un Conseil général (''Central Council''). Ce dernier publie en anglais, rédigés par [[Karl Marx|Karl Marx]], une Adresse inaugurale<ref>[http://www.marxists.org/francais/ait/1864/09/18640928.htm Adresse inaugurale de l'AIT], écrite entre le 21 et le 27 octobre 1864.</ref> et des statuts provisoires<ref>[http://www.marxists.org/francais/ait/1864/00/18640000.htm Statuts de l'AIT], 1864</ref> dans lesquels l'AIT affirme que «&nbsp;''l'émancipation des travailleurs doit être l'œuvre des travailleurs eux-mêmes''&nbsp;» et déclare agir «&nbsp;''pour l'émancipation définitive de la classe travailleuse, c'est-à-dire pour l'abolition définitive du salariat''&nbsp;».
+
Les courants constitutifs de l'Internationale sont très hétérogènes<ref name="freymond">Jacques Freymond (dir.), ''La Première Internationale. Recueil de documents'', Librairie Droz, Genève, 1962. 2 volumes, 454 et 499 p.</ref>&nbsp;:
 +
 
 +
*Tout d'abord, il y a les syndicalistes anglais, réformistes, modérés, qui gèrent prudemment de riches fonds de grèves. Ils travaillent à l'amélioration des conditions de vie de la classe ouvrière mais font peu référence au [[Socialisme|socialisme]]. L'Association Internationale les intéresse sur un plan corporatif si elle parvient à empêcher l'introduction en Grande-Bretagne d'ouvriers du continent venant briser les grèves ou faire tendre les salaires à la baisse<ref name="kriegel">_</ref>. Les socialistes anglais sont [[oweniste|owenistes]] ou [[chartistes|chartistes]].
 +
*Côté français, les militants qui participent à la naissance de l'AIT sont davantage issus du monde de l'[[Artisanat|artisanat]] que du [[Prolétariat|prolétariat]] moderne. Ils sont fortement influencés par [[Proudhon|Proudhon]]. Ils représentent un mouvement ouvrier qui renaît depuis peu grâce à la libéralisation de l'Empire&nbsp;: la loi du 25 mai 1864 vient de supprimer le délit de coalition en vigueur depuis la [[Révolution française|Révolution française]] (loi Le Chapelier du 14 juin 1791) et Napoléon III n'oppose aucun obstacle aux prémices de l'Internationale. Il y a également des [[blanquistes|blanquistes]] parmi les délégués français.
 +
*De nombreux représentants de la démocratie "à la mode de 1848", comme les [[Mazzini|mazziniens]], sympathisent avec la cause de l'Internationale et y adhèrent<ref name="freymond">_</ref>, mais aussi des patriotes polonais en lutte contre le trsarisme russe, des Irlandais en lutte contre la domination anglaise...
   −
Ces statuts ont fait l'objet de plusieurs traductions en français&nbsp;: une première, très défectueuse, a été effectuée dès 1864 par les militants parisiens de l'Internationale. Une seconde, en 1866, est due à [[Charles Longuet|Charles Longuet]]. Les différentes versions françaises de ces statuts auront des conséquences au moment de la scission.<ref>Les différentes versions françaises de ces statuts sont longuement détaillées par James Guillaume dans ''L'Internationale. Documents et souvenirs'', tome premier, pp.10-21 (Société nouvelle de Librairie et d'Edition, Paris, 1905), ne seront pas sans conséquence au moment de la scission.</ref>
+
Le meeting décide de la création d'un Conseil général (''Central Council'') basé à Londres.  
   −
Les courants constitutifs de l'Internationale sont très hétérogènes<ref name="freymond">Jacques Freymond (dir.), ''La Première Internationale. Recueil de documents'', Librairie Droz, Genève, 1962. 2 volumes, 454 et 499 p.</ref>&nbsp;:
+
=== Le rôle de Marx ===
   −
*Tout d'abord, il y a les syndicalistes anglais, réformistes, modérés, qui gèrent prudemment de riches fonds de grèves. Ils travaillent à l'amélioration des conditions de vie de la classe ouvrière mais font peu référence au [[Socialisme|socialisme]]. L'Association Internationale les intéresse sur un plan corporatif si elle parvient à empêcher l'introduction en Grande-Bretagne d'ouvriers du continent venant briser les grèves ou faire tendre les salaires à la baisse<ref name="kriegel">_</ref>.
+
Marx était à cette époque un réfugié politique allemand inconnu à Londres, pas impliqué dans la politique britannique, même s'il se tenait au courant, notamment du mouvement [[chartiste|chartiste]]. Ses principaux contacts étaient avec d'autres réfugiés, français, allemands... Jusqu'à environ une semaine avant la réunion du 28 septembre, il ne savait apparemment rien à propos des préparatifs du congrès ouvrier international. Il a été mis au courant par [[Victor Le Lubez|Victor Le Lubez]], un républicain radical français, qui l'invite à représenter les travailleurs allemands. Marx accepte et propose d'inviter aussi [[Johann Georg Eccarius|Johann Georg Eccarius]], un tailleur allemand vivant à Londres. Marx et Eccarius allaient s'avérer être les deux piliers de l'Internationale depuis sa création jusqu'à sa fin.
*Côté français, les militants qui participent à la naissance de l'AIT sont davantage issus du monde de l'[[Artisanat|artisanat]] que du [[Prolétariat|prolétariat]] moderne. Ils sont fortement influencés par [[Proudhon|Proudhon]]. Ils représentent un mouvement ouvrier qui renaît depuis peu grâce à la libéralisation de l'Empire&nbsp;: la loi du 25 mai 1864 vient de supprimer le délit de coalition en vigueur depuis la [[Révolution française|Révolution française]] (loi Le Chapelier du 14 juin 1791) et Napoléon III n'oppose aucun obstacle aux prémices de l'Internationale.
  −
*De nombreux représentants de la démocratie "à la mode de 1848", à commencer par les [[Mazzini|mazziniens]], sympathisent avec la cause de l'Internationale et y adhèrent<ref name="freymond">_</ref>.
      
=== Le Conseil général ===
 
=== Le Conseil général ===
   −
Le 5 octobre 1864, le Conseil général est formé avec des membres supplémentaires cooptés représentant d'autres nationalités. Il est basé au siège de la [[Ligue universelle pour l'élévation matérielle des classes industrieuses|''Ligue universelle pour l'élévation matérielle des classes industrieuses'']] au 18 Greek street. Il n'est composé que d'hommes. La question de la présence de femmes, outre qu'elle ne s'était pas encore posée, ne semblait pas aller de soi. Le compte-rendu de la session du 25 avril 1865 indique que "Une question ayant été posée sur la possibilité pour des femmes d'être membres, le citoyen Wheeler proposa, appuyé par le citoyen Bordage, que les femmes puissent être admises. Accepté à l'unanimité."
+
Marx fait partie du Conseil général nommé à la suite du meeting de St Martin's Hall. Celui-ci se réunit une semaine plus tard,&nbsp;5 octobre 1864, avec des membres supplémentaires cooptés représentant d'autres nationalités. Il est basé au siège de la [[Ligue_universelle_pour_l'élévation_matérielle_des_classes_industrieuses|''Ligue universelle pour l'élévation matérielle des classes industrieuses'']] au 18 Greek street. Lors de cette première session il est convenu de former un sous-comité pour se mettre au travail d'élaboration des statuts. Ce sous-comité se réunit chez Marx, avec également Eccarius. C'est [[Karl_Marx|Marx]] qui rédigera l'Adresse inaugurale<ref>[http://www.marxists.org/francais/ait/1864/09/18640928.htm Adresse inaugurale de l'AIT], écrite entre le 21 et le 27 octobre 1864.</ref> et les statuts provisoires<ref>[http://www.marxists.org/francais/ait/1864/00/18640000.htm Statuts de l'AIT], 1864</ref> dans lesquels l'AIT affirme que «&nbsp;''l'émancipation des travailleurs doit être l'œuvre des travailleurs eux-mêmes''&nbsp;» et déclare agir «&nbsp;''pour l'émancipation définitive de la classe travailleuse, c'est-à-dire pour l'abolition définitive du salariat''&nbsp;». Ces statuts ont fait l'objet de plusieurs traductions en français&nbsp;: une première, très défectueuse, a été effectuée dès 1864 par les militants parisiens de l'Internationale. Une seconde, en 1866, est due à [[Charles_Longuet|Charles Longuet]]. Les différentes versions françaises de ces statuts auront des conséquences au moment de la scission.<ref>Les différentes versions françaises de ces statuts sont longuement détaillées par James Guillaume dans ''L'Internationale. Documents et souvenirs'', tome premier, pp.10-21 (Société nouvelle de Librairie et d'Edition, Paris, 1905), ne seront pas sans conséquence au moment de la scission.</ref>
 +
 
 +
Le Conseil général initial n'est composé que d'hommes. La question de la présence de femmes, outre qu'elle ne s'était pas encore posée, ne semblait pas aller totalement de soi. Le compte-rendu de la session du 25 avril 1865 indique que "Une question ayant été posée sur la possibilité pour des femmes d'être membres, le citoyen Wheeler proposa, appuyé par le citoyen Bordage, que les femmes puissent être admises. Accepté à l'unanimité."
    
Lors de la réunion du Conseil général de l'AIT du 16 avril 1867, une lettre de [[Harriet Law|Harriet Law]] concernant les droits des femmes a été lue, et il a été convenu de lui demander si elle serait prête à assister aux réunions du conseil. Le 25 juin 1867 elle est ainsi la première femme siégeant au Conseil général. Elle est souvent restée silencieuse, mais est intervenue dans un certain nombre de discussions. En 1868, Marx dit que "l'oratrice bien connue Harriet Law représente le mouvement athée populaire dans le Conseil général". C'est peut-être sous son influence que Marx a commencé à parler des femmes travailleuses dans ses déclarations et adresses.<ref>Christine Fauré, [http://books.google.fr/books?id=Qfq4_2xF8uUC&pg=PA345&redir_esc=y#v=onepage&q&f=false Political and Historical Encyclopedia of Women], 2003</ref>
 
Lors de la réunion du Conseil général de l'AIT du 16 avril 1867, une lettre de [[Harriet Law|Harriet Law]] concernant les droits des femmes a été lue, et il a été convenu de lui demander si elle serait prête à assister aux réunions du conseil. Le 25 juin 1867 elle est ainsi la première femme siégeant au Conseil général. Elle est souvent restée silencieuse, mais est intervenue dans un certain nombre de discussions. En 1868, Marx dit que "l'oratrice bien connue Harriet Law représente le mouvement athée populaire dans le Conseil général". C'est peut-être sous son influence que Marx a commencé à parler des femmes travailleuses dans ses déclarations et adresses.<ref>Christine Fauré, [http://books.google.fr/books?id=Qfq4_2xF8uUC&pg=PA345&redir_esc=y#v=onepage&q&f=false Political and Historical Encyclopedia of Women], 2003</ref>
   −
Le 27 août 1867, une discussion eut lieu au Conseil général de l'AIT sur l'opportunité de renforcer la [[propagande]]. Marx exprima son opposition à la transformation de l'AIT en "club de discussion", ajoutant qu'il nétait pas opposé aux discussions sur les "grandes questions". Parmi ceux qui sont notés dans le compte-rendu comme favorables à des débats, figure Harriet Law.
+
Le 27 août 1867, une discussion eut lieu au Conseil général de l'AIT sur l'opportunité de renforcer la [[Propagande]]. Marx exprima son opposition à la transformation de l'AIT en "club de discussion", ajoutant qu'il nétait pas opposé aux discussions sur les "grandes questions". Parmi ceux qui sont notés dans le compte-rendu comme favorables à des débats, figure Harriet Law.
    
A partir de février 1868, une deuxième femme est présente au Conseil général, Mme Morgan (peut-être l'épouse de William Morgan, membre du Conseil général depuis octobre 1864 et membre de la Reform League).
 
A partir de février 1868, une deuxième femme est présente au Conseil général, Mme Morgan (peut-être l'épouse de William Morgan, membre du Conseil général depuis octobre 1864 et membre de la Reform League).

Menu de navigation